Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STRUCTOR

STRUCTOR. 1 Tixsm, a eu chez les Grecs un sens général, comme tuber chez les Romains, avant de désigner pins particulièrement l'ouvrier qui travaille le bois. musée de Saint-Germain ; Duruy, Hist. des Romains, V, p. 637 ; Mieux dans Espé moellons des murs de Tirynthe ont en moyenne une longueur de 1 m. 50 à 2 mètres et une hauteur de 1 mètre'. Le linteau de la porte des Lions mesure 12 mètres cubes, celui du trésor d'Atrée 45 mètres cubes et pèse une centaine de tonnes. 3 Les Égyptiens hâlaient de même les matériaux de leurs édifices sur des plans inclinés à pente douce. Ils se servaient pour les pierres de plus petites dimensions de machines élévatoires à bascule : ce sont des cerceaux en bois, composés de deux joues en segment de cercle réunies par des traverses; on les manoeuvrait avec des Paris, déc. 1906, p. 833-4. Nous ignorons si les constructeurs de Cnossos et de Tirynthe connaissaient des machines de ce genre. 4 On travailla d'abord les pierres tendres (gypse à Cnossos, tuf à Athènes) en se servant du mémo outillage CAEMENTUM, e[c]. Nous reprendrons ici l'étude de la construction et, pour cela, nous suivrons pas à pas le travail de l'entrepreneur, depuis le moment où il reçoit les instructions de l'architecte jusqu'à celui où il livre le monument achevé aux fonctionnaires chargés de la réception. GRÈCE. I. Période primitive. Les procédés de construction s'expliquent par l'insuffisance de l'outillage. On emploie les matériaux faciles à travailler, l'argile, qui, mélangée à de la paille hachée, sert à la fabrication des briques crues [LATEB], le bois qu'on débite avec la hache et la scie [LIGNA]. En combinant ces deux éléments, on obtient la construction en « brique crue armée n. Pour la construction en pierre, on utilise les éclats de rocher, ou bien on extrait des blocs en introduisant des coins dans les fissures naturelles des bancs de carrière et en les chassant à coups de masses'. Les moellons restent à. l'état brut ou sont sommairement dégrossis sur leur face externe. Les interstices entre les gros blocs sont remplis par de petites pierres. Le tout est lié par du mortier de terre [Muaus]. La construction se réduit à un empilement de blocs. La seule difficulté résulte des dimensions des matériaux': les pierres étaient sans doute montées sur des rouleaux de bois et poussées sur de longs plans inclinés jusqu'à la place qu'elles devaient occuper. On suppléait à l'absence de machines par le nombre de travailleurs Les perfectionnements de l'outillage et, en particulier, la substitution des outils de fer [FERRUM] à ceux de bronze permirent de travailler la pierre 4 et d'établir des faces de joint pour assurer la parfaite adhérence des moellons entre eux'. La construction appareillée sera dès lors le type classique de la construction grecque. Il. Période hellénique. 1° Préparation des travaux. Lorsqu'une cité veut élever un monument 6, et que le peuple a voté la mise en adjudication des travaux', l'architecte officiel [ARCRITECTUS] établit un devis détaillé et minutieux sous la forme d'un contrat (cuyypapii), passé entre la ville et l'entrepreneur [EBGOLABOS]. Au devis 8 sont joints des croquis, des plans cotés (ûnoYoap'l 9, FORMA), des modèles en relief (napxiEty1oe) 10 L'entrepreneur doit se conformer exactement aux que pour le bois. Cf. pour les oeuvres de sculpture, Leehat, Au Musée de l'Acropole, passim. 6 Une des variétés les plus intéressantes au point de vue du travail est l'appareil polygonal à joints courbes (mur de la terrasse du temple de Delphes). 6 Pour les travaux des particuliers, celui qui faisait construire passait sans doute un contrat analogue avec le directeur des travaux qui, le plus souvent, devait être à la fois l'architecte et l'entrepreneur. Plat. Lep. XI, 920. 7 Les marchés d'entreprise sont régis par une loi générale, comme celle de Tégée; Le Bas-Foucart, 340 e. Sur les entreprises de travaux publics, 8 Comme exemples de devis, voir celui de l'arsenal (nesastgxs,) du Pirée ou celui du dallage du temple de Lébadée (inscr. gr. VIl, 307:3); Dareste, Ann. de mpn;p t be6,sixsus, devis de Lébadée, 1. 94-96. A Délos, un modèle de la porte du Propylée est fait d'une tablette en bois de palmier, Bull. corr. hell. XIV. (1890), p. 393, 1. 74-5. On établit des modèles en cire pour certains ornements (1879), p. 140 et la note) recommande d'établir pour la taille des pierres des gabarits de bois (is.3sâsrç tâxwo,) qui permettront aux ouvriers de „ travailler bien et vite s. 193 STR 1537 STR indications données (UzEtôoicotc)v) : tout est prévu dans le devis, mesures, matériaux, méthodes de travail, outils. Le choix des matériaux est dicté par la nature des constructions. Pour les habitations privées, on use de la maçonnerie à petits éléments, et on continue la technique de la brique crue armée2. On réserve aux édifices publics les matériaux les plus solides et les plus beaux. Les parties non apparentes, les fondations, sont construites en matériaux moins précieux que le reste de l'édifice : le Parthénon a des substructions en tuf (aü,poç), le temple d'Athéna Aléa à Tégée des fondations en conglomérat et en calcaire tendre'. On utilise les matériaux légers et moins résistants pour les refends et pour les murs de l'étage qui supportent une charge moindre'. De plus, on a préféré, selon les époques, telle ou telle pierre de construction ; le choix des matériaux peut souvent fournir un indice chronologique pour dater le monument. Ainsi, à Athènes, on employa d'abord le calcaire de l'Acropole et des collines voisines, le tuf jaunâtre ou poros de la presqu'île d'Akté (âx-c(ti-fis ) )loç) ; au vie siècle, la pierre de Kara, travertin dur, gris bleu, de l'Hymette est en faveur° ; pendant la période classique, le marbre du Pentélique élimine à peu près tous les autres matériaux"; à l'époque hellénistique, on emploie le marbre gris bleuâtre de l'Hymette; à l'époque romaine, la pierre de Kara est de nouveau En principe, on choisit les matériaux que l'on trouve sur place pour éviter les frais de transport'. Les carrières de Saraki, à une heure d'Olympie, ont fourni le calcaire coquillier du temple de Zeus ; celles de Doliana, à deux heures et demie de Tégée, le marbre tirant sur le gris bleu du temple d'Athéna Aléa; celles de SaintÉlie, à huit heures de Delphes, le calcaire bleuté du temple d'Apollon. Les carrières de Kara sont à environ 6 kilomètres, celles du Pentélique à environ 17 kilomètres d'Athènes. A Délos, une centaine de carrières ont fourni les gneiss et les granits qui ont servi à l'édification de la ville 10 ; souvent on a extrait les matériaux d'une maison du sol même qui allait la porter. Au besoin, on fait venir des matériaux de l'étranger: ainsi des marbres de Paros sont apportés à Délos, des tufs de Corinthe à Delphes1l. Dans ce cas, les achats ne se font pas sur échantillon ; mais on envoie au pays d'origine une commission chargée de faire la commande". Les travaux sont exécutés sous la surveillance de Par chitecte et de commissions nommées à cet effet. Ils avancent lentement. Périclès, qui disposait de ressources considérables en argent et en hommes, pouvait en treize ans faire construire le Parthénon. Mais souvent des difficultés de tout genre, des embarras financiers faisaient traîner l'entreprise en longueur et obligeaient parfois à laisser le monument inachevé 13. Afin de jouir le plus tôt possible de l'aspect général de l'édifice, on exécute d'abord les parties les plus apparentes: à Ségeste, la colonnade exterieure est élevée avant la cella ; au grand temple de Sélinonte, on commence par la façade principale 14; à l'arsenal du Pirée, on part de l'extrémité qui regarde le propylée de l'agora, c'est-à-dire du point qui est le plus en vue, et on avance par tronçons, en établissant la toiture à mesure que la galerie s'allongeas 2° De la carrière au chantier. Le premier travail est fait dans la carrière. Une fois extrait, le bloc de pierre est sommairement dégrossi et reçoit la forme générale de ce qu'il doit étre, architrave, tambour de colonne, chapiteau, statue: on allège ainsi la masse à 1,a carrière est desservie par des chemins spécialement aménagés pour le transport des pierres. Au Pentélique, la carrière ouvre sur une piste dallée; les blocs, montés sur des rouleaux de bois, glissaient sur les dalles et étaient retenus par des câbles, qu'on roulait autour de gros pieux plantés de distance en distance 17. Sur les chemins qui menaient au chantier, on se servait de chariots'", ou de machines spéciales (p.r.av"j ),tOxymybc) ", comme celles que Chersiphron et Métagénès avaient inventées pour le transport des colonnes et des architraves [MACHINA, fig. 4753, 4754]. Par suite du mauvais état des routesG°, les charrois étaient longs, difficiles et coûteux. Pour mener du Pentélique à Éleusis (40 kilomètres environ) un tambour de colonne qui mesure au plus 2 mètres cubes, il faut un attelage de 37 à 4u paires de bêtes de trait, le voyage dure de 2 jours et demi à 3 jours, la dépense s'élève de 230 à 400 drachmes". Le transport de Kirrha à Delphes d'un bloc de tuf, qui a coûté 61 drachmes, revient à 240 drachmes, soit près de quatre fois le prix d'achat22. Il fallait des voies aisées et bien entretenues pour que le coût du transport descendit à 25 drachmes, comme pour les blocs menés du port au hiéron d'Épidaure 23. Les transports par mer étaient moins coûteux et on y avait recours chaque fois que la chose était possible 24. STR -1a38STR Le chantier de construction est réservé aux ouvriers et isolé du publie : un chantier de Délos est entouré d'un mur en briques crues que l'on démolit à la fin des travaux'. On établit des ateliers (pyaaT p1x), où travaillent tailleurs de pierre et sculpteurs. On montrait à Olympie l'atelier de Phidias, dont toutes les dispositions correspondaient à celles de la cella du temple et qui avait permis, disait-on, à l'artiste de juger l'effet produit par sa statue avant la mise en placet. Près du Parthénon, un bitument allongé, divisé en plusieurs salles, est peut-être l'atelier établi pour la construction de l'ancien temple et utilisé pour les travaux ultérieurs3. A Delphes, l'atelier est, établi assez loin du temple en construction, dans le faubourg de euïat' A l'atelier, les travailleurs sont groupés par équipes ". Bien que la division du travail ne soit pas poussée'aussi loin que de nos jours, les ouvriers ont le plus souvent une spécialité : au Didymeion, ils se divisent en deux catégories d'après la nature des matériaux qu'ils travaillent, les uns ne taillant que les carreaux de marbre qui forment les parements du mur, les autres que les blocs de pierre qui en constituent le noyau central'. Les ouvriers sont sous la surveillance de l'architecte et des épimélètes qui suivent l'exécution des travaux : à Lébadée', l'ouvrier, convaincu de manacon, est expulsé du chantier, et, s'il refuse d'obéir, it est passible d'amende, ainsi que l'entrepreneur. Les pierres, dégrossies à la carrière, sont taillées à l'atelier. Les lignes à suivre sont tracées en battant sur la pierre une corde frottée de couleur[LINEA]; les angles sont vérifiés avec l'équerre MA]. Les blocs sont débités à la scie, 17p((0v ÀLOo7tc(aTr,ç" [SERRA], attaqués avec un marteau courbe et tranchant, Tuxoç [ASCIA, DOLABRA], aplanis avec le ciseau (çoiç,y),apiç, etc), chassé à coups de maillet [LAI'ICIDA, CAELUM, MALLEUS]. Le travail de taille, exécuté à l'atelier, n'est pas définitif. Le principe est: « ne s'exposer jamais par un ravalement anticipé aux risques d'une épaufrure ; ajourner les ravalements autant que les exigences du chantier le permettent 10 ».Les parties qui resteront visibles et même la face supérieure du bloc sont seulement ébauchées; seules la face inférieure et les faces verticales de joint sont achevées. Au vie siècle, les joints sont aplanis sur toute leur étendue; puis, au v5 siècle, pour éviter les accidents que pourrait produire l'interposition de corps durs entre les deux moellons, on évide la partie centrale et on se contente d'aplanir le rebord du lit. De même les tambours de colonne ne portent que par les bords et par le cintre. Les opérations de la taille sont nettement définies dans le devis de Lébadée (fig. 6656). La face inférieure et les faces verticales de chaque dallé comprennent une partie centrale grossièrement taillée (v, g) avec un haut Iliai), torr. Oeil. XXVI (1902), p. 57), le transport par mer de Lechaeon à Kirrha revient à 224 drachmes : cette somme élevée comprend sans doute des frais accessoires qu'il nous est impossible d'évaluer. 1 Bail. corn. Oeil. XIV (1890) III, p. 565. Un bâtiment situé entre le Parthénon et le mur de Cimon a pu de p_ 401); une des pièces a les dimensions de la cella du Parthénon, 3 Ka ,verau, ibecs)sts, pour les travaux de l'É;rceb theion, Insu. gr., I, suppl. p. 74, no 321, qui travaillent aux cannelures des colonnes de l'Erechtheion sont par groupes de 5 à XXIX (1905), p. 254. 7 Devis de Lébadée, 1. 19-22. Nous reproduisons ce texte outil à grosses dents (;v'çyapax'r Tpa'Eix") et un encadrement soigneusement ciselé (a, b, ni, n), dressé avec la laie fine à dents serrées (]ç yaoxx'c auxv-il 7 rxov~p:v5 "), le taillant à profil en biseau ( oiç âpT(rsso~os 13), avec le ciseau sans dents (I,E(vTpLOV )(E)OV f7t'éét9VTIU.é'OV "). Les faces verticales d'attente des anciennes dalles avaient été laissées brutes ; le ravalement n'en est faitqu'au moment de la pose du nouveau dallage et exécuté sur le mémo modèle avec une partie centrale ébauchée (a', b') et un cadre bien dressé (v'). Pour vérifier les surfaces de joint (TplµyaTO).oym(v'3), on use du procédé dit « dressage au rouge» ((J.tÀTOÀoyEïv 16). On présente contre la surface à dresser un plateau ou une règle de marbre (xavela, )(01v02), que l'on a enduit de sanguine délayée dans de l'huile. Tous les points où la sanguine décalque sont en saillie et doivent être retaillés '. Le dressage au rouge s'applique aux pièces de charpente, comme aux pierres'". Dans le chantier, il est utile de pouvoir reconnaître facilement les pierres. De là, les marques qu'elles portent et qui leur constituent une sorte d'état civil. Les unes permettent de savoir par qui a été fait le travail. Au Didymeion, les carreaux portent soit le nom de l'enpreneur ou de l'ouvrier qui les a livrés, soit la mention tt7éa, c'est-à-dire fourni par les esclaves du dieu t0. Il est impossible le plus souvent de dire à quel travail se rapporte l'inscription, extraction de matériaux dans la carrière ou taille de pierres sur le chantier: on retrouve sur des pierres du temple de Delphes le nom d'entrepreneurs qui ont fait faire la taille dans la carrière 20. D'autres marques sont destinées à faciliter la mise en place, en indiquant où doit se poser chaque pierre. Dans l'appareil isodomon, les moellons de même dimension peuvent être remplacés indifféremment les uns par les autres : les carreaux ou les parpaings des murs du Parthénon sont interchangeables. Il n'en était pas de même dans un édifice comme le trésor des Athéniens à Delphes, où les assises n'ont pas exactement la même hauteurs'. 9 Aristoph. Ac. 113S, et schol. 10 Choisy, Gt. épigr., p. 207. Il Devis 17 A Lébadée les règles dont on se sert sont comparées à une règle étalon déposée dans le temple, devis de Lébadée, I. 121-5. 18 Bull. corn. hell. XXIX p. 253. A Délos, deux pierres du Petit Portique portent l'une l'inscription 273as' l'autre une indication de mesure semblable et un nom d'entrepreneur (Bull. Congrès interta d'esrchéol., Athènes, 1905, p. 167. Les différences d'épais. STR 1539 STR Il importait en ce cas de ranger séparément sur le chantier les pierres appartenant à une même assise. On eut assez tard l'idée de graver sur la pierre des marques d'assemblage': tantôt on inscrit la même lettre sur les deux blocs qui doivent être contigus ', tantôt comme au portique de Philippe, à Délos, on donne un numéro d'ordre à chacun des membres de la construction. Avant d'être mises en place, les pierres doivent être acceptées par l'architecte et les épimélètes. A Lébadée, on vérifie par le son si les plaques de dallage n'ont ni défaut, ni fêlure'. Au Parthénon, des tambours de colonne ont été refusés et enfouis comme rebuts dans les remblais. 3° Le gros oeuvre. Les murs peuvent être construits soit en pierres appareillées, soit en pierres non appareillées, soit en briques et en terre. Nous étudierons surtout le premier type, auquel appartiennent la plupart des monuments publics. Après avoir établi les fondations (irro)oyO, on construit le corps (7r)Atu? ) de la muraille [PARIES]. A mesure que la construction s'élève au-dessus du sol, il est nécessaire oEïov". En cas de besoin, on établit des constructions provisoires pour faciliter le travail : au temple deDelphes, on bâtit, entre les deux jambages de la grande porte, un mur provisoire qui aide à la mise en place des grosses pièces d'architecture'. On prend des dispositions pour protéger des chocs et des dégradations les parties déjà construites : ainsi on habille de planches les chambranles d'une porte pendant la pose de statues'. Dans les travaux de réparation, on soutient par des étais ('ry, p(c) les parties voisines°. Les échafaudages servent non seulement à porter les ouvriers [MACHINA, fig. 47581, mais aussi à soutenir les machines employées au levage des pierres. Pendant longtemps, on continue à user du plan incliné : au temple d'Éphèse, au vl° siècle, Chersiphron fait rouler les architraves sur des plans inclinés faits de sacs de sable 10. Mais les progrès de la mécanique font adopter des machines élévatoires, chèvres ou grues'', comme celles que décrit Vitruve [MACUINA, fig. 4714,4751j. On use de divers procédés pour lever les blocs". Le plus simple est de lier la pierre par des élingues; pour faciliter l'attache des cordes on ménage des tenons saillants (fig. 6657), que le ravalement fera disparaître13. Un procédé plus perfectionné consiste à creuser dans les faces de joints des rainures par oit passeront les câbles : telles les rainures en U que présentent les triglyphes et, les chapiteau' du grand temple d'Agrigente"4. Un chapiteau trouvé sur l'Acropole nous fournit l'exemple (fig. 6659) d'un conduit creusé dans l'épaisseur de l'abaque" ; il est difficile de dire s'il était destiné à recevoir une corde ou les deux branches des tenailles de fer, xxpxlvot 1R, dont on se servait aussi pour soulever les pierres jrollCGPS, fig. 3167]. Enfin la pierre pouvait être soulevée au moyen d'une louve (fig. 6660), coin en fer calé dans une mortaise, dont le fond va en s'évasait.". Avant de poser les pierres d'une nouvelle assise, on doit achever de dresser la face supérieure de l'assise précédente. Ainsi à Lébadée, la face de lit des sub structions (fig. 6656, A) est laissée brute et n'est ravalée qu'au moment de la pose des nouvelles dalles' "; à l'Érectltheion, le lit. supérieur exige un ravalement sur tas, avant, de recevoir une nouvelle assise10. Pour que le contact. soit aussi parfait que possible, les deux, joints sont travaillés selon les mêmes procédés et avec les mêmes outils'°. Pour les colonnes du Parthénon on a, semhie t-il, imprimé aux tambours un mouvement de rotation sur une couche de sable fin, afin d'obtenir par usure des faces de lit bien planes 21. Une fois le ravalement exécuté, on vérifie l'horizontalité du lit avec le niveau, 3tséiiTrlç22; le devis de Lébadée invite les fonctionnaires chargés de la vérification à se méfier des procédés de calage, qui dispenseraient l'entrepreneur de dresser exactement les surfaces23. La pierre est généralement posée sur lit de carrière toutefois, lorsqu'elle doit porter une lourde charge, elle est posée en délit. On diminue les chances de rupture d'une architrave en remplaçant le bloc unique par plusieurs dalles accolées : l'accident arrivé à l'un des en contact '; le tailloir du chapiteau présente aux quatre angles des prismes rectangulaires qui protègent les arêtes'. On protège encore les parties saillantes du chapiteau en ménageant un vide entre l'abaque et l'architrave, qui repose sur une partie surélevée (1 1 _ 1 on a ménagé une ciselure tout le long de l'arête, sauf aux angles, qu'une réserve cubique préserve des chocs (fig. 6664) ; les blocs de l'architrave ont des bourrelets protecteurs en bordure partout où ils doivent être mis STR 1510 STR éléments n'entraîne pas la ruine de l'ensemble 1. Les appareils de levage permettent rarement de poser du premier coup une pierre à sa place définitive. On doit l'y amener et la serrer contre la pierre voisine au moyen de pin ces et de le viers2. Aussi adopte-t-on diverses dispositions qui puissent donner prise plus facilement à ces outils. Ainsi l'assise inférieure présente des encoches où s'engage la pince (fig. 6661); ou bien le bloc porte un tenon où vient s'appuyer le levier et qu'il faudra faire disparaître après la pose (fig. 6662) ; ou, si l'on veut éviter ce dernier travail, on ménage à la partie inférieure de la pierre une cavité qui recevra l'extrémité du levier (fig. 6663). Pour la mise en place, on est parfois guidé par des lignes de repère : dans les maisons de Délos, on trouve, tracés sur les dalles du péristyle, des traits qui correspondent à d'autres traits sur les tambours inférieurs des colonnes 3. Durant toutes les opérations de levage et de pose, il faut veiller à ce que la pierre ne subisse aucune dégradation ; les parties les plus exposées aux accidents sont les arêtes, où l'intervention du moindre corps dur peut faire éclater la pierre. De là les précautions prises au moyen de certains artifices de taille. A /iii Ségeste, pour les blocs du stylobate, Malgré les précautions, des accidents arrivent et endommagent la pierre. De là des réparations, qui con sistent le plus souvent en protection. pièces rapportées par incrus tation. Ainsi, au portique nord de l'Érechtheion, les caissons du plafond nous fournissent plusieurs exemples d'ornements sculptés sur une baguette de marbre et glissés dans une rainure en queue d'aronde. Dans la construction appareillée, les carreaux sont posés les uns sur les autres à joints vifs, sans interposition de mortier [PARIES]. Pour assurer la parfaite cohésion de toutes les parties de l'édifice, on les lie les unes aux autres (cuvleïv) 6 par des scellements de fer. Les uns sont des crampons (aecr.â) réunissant les pierres d'une même assise horizontale, les autres des goujons (ydErvot) réunissant verticalement les pierres d'une assise à celles de l'assise supérieure. La forme en varie selon les époques. A Athènes, les scellements en Z sont de la plus ancienne époque et se rencontrent jusqu'au vie siècle ; du vie au Ive siècle, on emploie les crampons en Z, à l'époque hellénistique ceux en n, dont les deux pointes s'enfoncent verticalement dans les pierres. Les tenons en queue d'aronde (7re),exïvoç) ° sont faits primitivement de métal, plus tard de bois et rarement de pierres'. Les scellements de fer sont noyés dans un bain de plomb (av Ip.onu6aoyeio) : des rainures sont creusées sur la face de lit pour permettre la coulée du plomb de l'extérieur aux cavités où sont placés les tenons 10. Les tambours de colonne sont le plus souvent réunis simplement par des crapaudines de bois (ütpic L1) ; dans les colonnes ioniques ou corinthiennes, qui sont plus grêles, on y ajoute souvent des cramponsf2. La construction en pierres appareillées est celle des grands édifices publics et sacrés. Les murs (les maisons sont faits le plus souvent en pierres non appareillées, en moellons de dimensions variables f3, reliés par un mortier de terre et de sable, sans chaux" [PARIES, MURES]. La construction non appareillée exige moins de soins. Les moellons sont grossièrement taillés, disposés en assises plus ou moins régulièrement parallèles, de han STR 15/44 STR STEM I5i2 STR pour effet d'atténuer l'éclat du marbre et de lui donner un ton analogue à celui de l'ivoire. Dans les murs de maçonnerie, l'appareil grossier de la construction était masqué par des stucs, destinés à imiter tant bien que mal la construction de marbre. Les procédés de stucage seront étudiés à l'article TECTORIL'M. RomE. Les populations primitives de l'Italie élevaient, des constructions analogues u celles de la plus haute antiquité grecque. Les villages sur pilotis des Terra-more étaient formés de huttes rondes, aux murs de branchage et de pisé, telles que nous les représentent les urnes cinéraires' h otus, fig. 2508-2510',. Les murs d'enceinte rappellent les murailles cyclopéennes: l'appareil polygonal se rencontre à Norba, à Alatri ; il devient de plus en plus régulier (murailles de Volterra) et aboutit aux assises bien réglées des murs de Faléries, d'Ardée. Les Étrusques construisent à Cervetri, à Orvieto, des voîttes en encorbellement, semblables à celle du trésor d'Atrée; ils connaissent la voûte à claveaux, mais n'en usent que rarement, dans les aqueducs, les ponts, les portes de ville [roRxlx], Les Romains appliquent les mêmes modes de construction. La cabane de Romulus, que l'on conservait pieusement sur le Palatin, était une « paillette » analogue à celles des Terraniare. Les architectes étrusques, appelés par les rois, avaient appris aux Romains à construire des v otites appareillées, comme celle de la Cloaca Maxima [CLOACA], et des murs de grand appareil en assises bien réglées, comme le mur de la lImitta quadrata du Palatin 3, ou celui de Servius Tullius'. A l'époque républicaine, les édifices privés et publics restent très simples : on ne connait guère d'autres matériaux que le tuf du sol romain ", le pépérin des monts Aibains' [LAPIDES], et surtout la brique cruel; on fait grand usage de la charpente. Vitruve$ énumère les matériaux employés dans les maisons: pierres pour les fondations (pilae lapideae), briques pour les murs (structurae testaceae), éclats de pierre pour les refends (parietes caenzenticii), bois pour les planchers et la charpente (contignationes), Les progrès de l'architecture romaine sont dus à l'influence de la Grèce. Les architectes grecs transmettent aux Romains leurs types architectoniques, leurs matériaux e, leurs procédés techniques. Ainsi naît et se développe l'architecture gréco-romaine de l'Empire. C'est surtout dans les monuments de l'époque impériale que nous pouvons étudier les méthodes de construction des Romains. Nous n'insisterons que sur les procédés qui leur sont propres. La construction romaine diffère de la 1 Pour Voack (Oraihrms mut Palast in Kreta), les palais crétois dérivent d'une maison primitive ovale. A ce type se rattachent peut rire les sanctuaires archaïques circulaires, comlue ceux de Thermos, d'Égine cl, à l'époque classique, les tons,. /Moro del suol, di Routa. Les n , r s de la Renia quadrata et ceux de Servius Tullius sont en blocs de tuf, assemblés sans mortier. Les blocs portent des marques de Rom ion .4lterth. I, p. 259. 5 Par exemple à la Cloaca Maxima. Le travertin de Tibur est employé è la fin de la République et très estimé. Sur les pierres de construction, voir Vitruv. II77. 7 Les briques cuites ne deviennent d'un usage courant. qu'à l'époque d'Auguste. On continue curante à cette époque à construire hors de Rome des murs de briques crues, pro-Mies latericii, x Vitruv. Il, 8, 17, o Sur les marbres grecs apportés à Rome, voir Bruzza, Ann, d. Istit, ar dans le monde romain. On continue cependant de se servir pour le gros oeuvre des matériaux d'autrefois. Auguste se vantail d'avoir trouvé une ville de brique et construction grecque par la technique. Les Grecs préfèrent la construction appareillée, où les pierres sont superposées à joints vifs ; les Romains emploient plus volontiers la maçonnerie faite de petits éléments et donnent une importance spéciale au mortier de chaux, « sorte de gangue plastique, propre à réunir des cailloux en une agglomération artificielle» 10 [sienus]. Les Grecs disposent les éléments de la construction en platesbandes ; les Romains font de la voûte de multiples applications et s'en servent couramment pour couvrir leurs édifices [FORMA]. La construction romaine diffère encore de la construction grecque par les méthodes de travail et les préoccupations de l'entrepreneur. Les Grecs ont su donner à tout ce qu'ils faisaient un caractère artistique et ont toujours recherché le fini de l'exécution, la perfection du travail. Les Romains, plus ingénieurs qu'artistes, demandent surtout à leurs monuments d'être solides et durables. Ils veulent que l'exécution en soit aussi facile, aussi rapide, aussi peu coûteuse que possible. Ils recherchent les procédés les plus simples et évitent systématiquement tout ce qui n'est que provisoire, tout ce qui peut ralentir le travail, tout ce qui ne mène pas directement au but qu'ils ont en vue". Ils restreignent, autant que possible, les travaux qui exigeraient des ouvriers spécialisés et expérimentés: ils peuvent, pour leurs constructions simples et grossières, se contenter de n'importe quels manoeuvres ; les corvées de provinciaux, les légions fourniront par tout pays une maind'oeuvre peu habile, mais abondante et à bon marché. 1° La construction de grand appareil. -C'est celle qui rappelle le plus la construction grecque. Les murs sont faits de blocs réguliers, de dimensions à peu près constantes (2 pieds en hauteur et en profondeur sur 4 en longueur), disposés en assises alternées de carreaux et de boutisses. A l'époque républicaine, on ne se sert que des pierres du pays, tufs calcaires ou volcaniques, très faciles à débiter 'z, mais peu résistants, parfois gélifs et attaquables même par la pluie 13. Sous l'Empire, on utilise les marbres italiens et grecs [MARAIOR]. Dans les constructions les plus anciennes, on trouve parfois, entre deux assises, une couche de mortier, destinée non à lier entre eux les blocs, mais à égaliser les surfaces de joint et leslits 1b, Lorsqu'on sut mieux tailler la pierre, on n'eut plus besoin de recourir à cet expédient; sous l'empire, les pierres sont à joints vifs et scellées le plus souvent1U les unes aux autres, comme en Grèce 16, par des goujons et des crampons de métal d en avoir laissé une do marbre (Suet. Aug. 28); toutefois ses architectescoustrui'aient l'enceinte du forum d'Auguste en gros blocs de Lui et de travertin, • sfIlns d'mt placage de marbre (Ilursari, 11. 1oro d'Auguste, p. 402). 10 Choisy, Art der balte dei les Rohe., p, 115. Aux nmrs de pierre, il conviendrait de joindre les murs de bois, employés dans les cloisons et les refends (Vitruv, 11, v); la construction, qui se rapprocherait plutôt de la charpente, n'en présente aucun caractère spécial, 11 Ibid. p. 20, 12 Les tufs blanchàtres de l'On,heie, du Picenum, de la Vénétie, étaient assez tendres pour se couper a la scie, comme du bois, Vitruv. II, 7 ; Plin. Il. nul, XXXVI, 48. 13 Vitruv. II, 7, 1-2. A Pompéi, les murs anciens sont construits en gros blocs de calcaire ou de tut' (Overbeck-Mau, Poinpei, p. 300, 502); la façade d'une maison présente un travail extrêmement soigné, avec des moellons de tuf soigneusement encadrés de refends ciselés (Ibid. p. 502), 1$ Par exemple au temple de Jupiter Stator, sur le Palatin, ou dans le mur de pépérin, au pied du Tabularimn (Middleton, de l'arc de Titus ne sont pas liées par des scellements, Valadier, Narras-Mile le Les Étrusques n'ont pas connu l'usage des scellements; Choisy, Hist. de STR 15%3 STR noyés dans du plomb (fig. 6665). Les scellements sont en forme de I ou den [Manus, fig. 51971. On en trouve aussi en queue d'aronde, faits de métal, de bois ou mème de marbre'. (o La construction en blocage. La construction appareillée présentait aux yeux des Romains l'inconvénient d'exiger trop de soins et de nécessiter des travailleurs habiles, tailleurs de pierre et maçons. Aussi lui préférait-on la construction en blocage, sorte de matière plastique, qui s'élevait au gré de l'architecte, sans qu'il fallût recourir à des ouvriers spéciaux. Les éléments dont est constitué le blocage sont de petites dimensions, éclats de pierre ou morceaux de brique. On utilise les déchets que l'on trouve sur placet. On emploie même des vases de terre cuite hors d'usage que l'on noie dans le blocage'. La liaison de tous les éléments est assurée par le mortier. Tandis que Ies Grecs n'ont, sauf de rares exceptions, connu que le mortier de terre 4, les Romains ont employé de très bonne heure le mortier de sable et de chaux 3. Pour fabriquer ce mortier, on se sert soit du sable « fossile », soit du sable de rivière, soit du sable marin. On préfère le sable « fossile », dont il existe quatre sortes, distinguées par la couleur, et qui est sans doute une sorte de pouzzolane [ACuxA] ; il a l'avantage de sécher rapidement, mais il doit être employé dès qu'il est extrait du sol, sinon il perd ses qualités. Le sable marin est long à sécher, et le sel qu'il contient détériore les enduits ; aussi vaut-il mieux le laver à grande eau avant de l'utiliser. Le bon sable ne doit pas contenir de terre et se reconnaît à ce qu'il crépite lorsqu'il est frotté dans la main'. On connaît aussi l'usage de la pouzzolane, qui donne un mortier particulièrement résistant et qu'on emploie dans les constructions élevées sous l'eau '. La chaux est fabriquée avec les pierres calcaires Celles qu'on extrait des carrières donne de la chaux meilleure que celles qu'on prend sur les bords des fleuves La meilleure chaux provient de la pierre meulière'° ; celle qui est faite avec les pierres denses et dures est meilleure et utilisée pour la construction ; celle que donnent les pierres poreuses sert pour les enduits". La chaux devient meilleure à mesure qu'elle vieillit ; d'anciennes lois interdisaient à l'entrepreneur d'employer de la chaux qui eût moins de trois ans f3. Le mortier se fait en mélangeant '2 ou 3 parties de sable pour t de chaux. Lorsqu'on emploie du sable de rivière ou du sable marin, on peut ajouter de la brique pilée et passée au tamis13. Pour la construction des citernes, on prépare le mortier avec 5 parties de sable, '2 de chaux et des fragments de silex t'`. On verse le sable et la chaux dans un auget fMOR'rARl[SI, LACUS, et on gâche le mortier avec un outil fait d'un fer recourbé et d'un manche, que l'on appelle ascia, parce qu'on s'en sert comme de l'ascia pour le bois ou la pierre [ASCLA, fig. 563, 564]. Pour la confection du blocage, le mortier est étalé à la pelle; lorsqu'on veut crépir les murailles, on se sert de la truelle f 3 Les Romains ne mélangent pas à l'avance les pierres et le mortier pour en faire un béton, qu'il suffit ensuite de couler dans des formes. Ils connaissent pourtant cette méthode qu'ils emploient pour les monuments construits en mer. Mais, pour les murs ordinaires, ils estiment que la fabrication du béton est une perte de temps et accroît sans profit le nombre des travailleurs. Aussi évitent-ils ce surcroît de besogne et de dépenses ". Le mortier et les pierres sont posés séparément à mesure que la bâtisse avance. Le mélange et la liaison en sont faits selon deux procédés: ou bien la maçonnerie est établie par compression 1FAHTORA, CAEMEHTUM(, ou bien elle est établie sans compression, par lits alternatifs de mortier et de moellons. La maçonnerie par compression s'exécute entre deux parois rigides, qui constituent comme un moule, une forme, où le blocage est versé et se prend. Entre les deux parois, on commence par étendre une épaisse couche de mortier, puis on verse à la pelle des fragments de pierre, de façon à obtenir une seconde couche de même hauteur que la première On soumet le tout à un battage énergique, sans doute avec l'appareil en forme de pilon, appelé FISTFCA 17. Pour éviter que le mortier n'adhère aux instruments ou aux pieds des travailleurs, on a soin de saupoudrer le tout de poussière de pierre 18. La maçonnerie par compression a l'avantage d'être aussi simple que possible et peut être exécutée par n'importe quels manoeuvres. Mais le pilonnage a l'inconvénient d'exercer de fortes poussées latérales. Si l'on veut y avoir recours, il faut d'abord établir un châssis de bois, capable de résister aux efl'orts. C'est ce qu'on fait pour les murs de terre, fornaacei mari [FORMA]. Mais le plus souvent, on cherche à éviter ces travaux supplémentaires, assez difficiles à bien exécuter, et on réserve l'emploi de STR 174 STR la maçonnerie par compression aux seuls cas oùl'on dispose déjà d'une enceinte très résistante pour recevoir le blocage. Les architectes romains réduisent ces cas à deux : entre deux parements de pierre' ; dans les fondations 2. Le premier type est assez fréquent et associe à un noyau en blocage des parements de pierres appareillées 3. Dans les parements, on fait alterner une assise de carreaux et une assise soit de boutisses seules, soit de boutisses et de carreaux mélangés Les boutisses, en pénétrant dans la masse du blocage (fig. 6666), assurent la liaison des deux parties du mur, sans toutefois morceler à l'excès le mortier puisqu'elles ne reparaissent que de deux en deux assises. La maçonnerie par compression s'emploie encore dans les fondations. On creuse une tranchée à parois verticales; mais, bien que ce travail soit facile dans les tufs qui composent le sous-sol de Rome, on est souvent obligé de soutenir les bords de la tranchée en les habillant d'un revêtement de planches et de poutres. Des traces de ce blindage se voient nettement dans certaines substructions du Palatin'. Dans la plupart des cas, les Romains ont recours à la maçonnerie sans compression, au blocage ordinaire, où alternent régulièrement un lit de mortier et un lit de pierres. Le travail est presque aussi facile et marche aussi rapidement que dans la maçonnerie par compression. Une équipe d'ouvriers répand àla pelle une couche de mortier, une autre équipe pose au fur et à mesure les moellons ; on se sert du pilon pour renfoncer les pierres dans le mortier et établir l'horizontalité du lit6. L'épaisseur de la couche de mortier varie selon les époques : en général, plus le lit est mince, plus la construction est ancienne ; au nu siècle, dans les murs de brique, la couche de mortier est plus haute que la brique ellemême'. Comme dans la maçonnerie par compression, les éléments constitutifs du blocage sont de petites dimensions. Tandis que clans notre maçonnerie moderne la quantité de mortier est, très inférieure à celle de la pierre de taille, dans les murs romains mortier et moellons sont mélangés à peu près à volume égal. Les architectes romains voulaient éviter que les pierres, souvent poreuses, dont ils se servaient, absorbassent aussitôt l'humidité du mortier et, en le desséchant, ne le réduisissent en une poussière incapable d'assurer la liaison. On prévenait cet inconvénient en augmentant la masse du mortier. « Les murs pénétrés dans toutes leurs parties et comme abreuvés de mortier de chaux et de sable, dit Vitruve, se conservent plus longtemps". » Dans cette maçonnerie de petits éléments, il importe d'assurer la liaison de l'ensemble. Or les murs, construits sans compression, n'ont pas de parements où les boutisses puissent jouer ce rôle. Le parement n'est qu'une enveloppe protectrice, un revêtement de pierres et de briques disposées plus ou moins régulièrement'. Pour liaisonner le blocage, on établit à divers niveaux des assises isolées de très grandes briques. Celles dont Vitruve recommande l'emploi, soit carrées, soit oblongues, ont 30 centimètres environ sur leur plus grand côté'°. Un autre procédé de Raisonnement consiste à introduire dans l'épaisseur du mur des pieux de bois; Vitruve conseille l'usage des pieux d'olivier, passés au feu, qui sont très résistants et ne se corrompent ni dans la terre, ni dans l'eau On peut aussi pour cela abandonner dans la maconnerie les traverses des échafaudages (fig. 6667) : au lieu de les retirer, au risque d'ébranler la construction, on les scie au ras du mur à mesure qu'elles deviennent inutiles, et ces poutres en formant soit parpaingssoit boutisses", contribuent à lier les divers éléments du mur 1". La maçonnerie présente toujours un aspect grossier et peu artistique ; aussi est-elle rnasquée soit par des placages de marbre, soit par des stucs peints [TECTORIUM], ou sculptés. 3° La voûte. Pour couvrir leurs édi fices, les Romains ont fréquemment recours à la charpente ; ils inaugurent des procédés plus perfectionnés que ceux des Grecs, comme la ferme à tirant, et savent même déjà remplacer le bois par le métal" [TECTUM]. Mais ils ont encore un autre système de couverture, la voûte, dont ils semblent avoir emprunté le principe aux Étrusques, mais dont ils ont beaucoup étendu l'emploi [FOxr x]. 11s usent de la voûte en berceau pour couvrir les surfaces rectangulaires, de la coupole pour les surfaces carrées ". Les voûtes romaines sont construites selon deux méthodes : ou STR 1545 STR bien ce sont des voûtes appareillées, où chaque claveau doit être soigneusement taillé et s'adapter exactement aux claveaux voisins; ou bien ce sont des voûtes non appareillées, construites comme les murs, par concrétion, constituant une agglomération de cailloux et de mortier, telle que a la voûte fait corps avec le mur et les deux ensemble ne sont pour ainsi dire qu'un monolithe » Le problème qui se pose pour la construction des voûtes est celui du cintrage, c'est-à-dire de l'armature de bois qui doit soutenir tes matériaux pendant la construction. Bien que les voûtes romaines soient faites autant que possible de pierres légères', elles exercent une pesée qui nécessite l'établissement de cintres solides et indéformables. En particulier, dans les voûtes par concrétion, qui n'ont pas de claveaux appareillés, la masse, tant qu'elle n'est pas solidifiée, repose uniquement sur le cintre, dont le moindre fléchissement entrainerait des ruptures et la ruine de l'édifice'. Les cintres sont donc nécessaires et doivent être établis avec le plus grand soin. Mais ce sont là, précisément, de ces ouvrages temporaires qui répugnent à l'esprit pratique des Romains ; ils sont difficiles à établir, exigent des ouvriers spéciaux, des charpentiers très habiles ; ils causent une perte de temps et un surcroît de dépense. Aussi la préoccupation constante des architectes romains sera-t-elle d'échapper, dans la mesure du possible, à «la sujétion des cintres provisoires » On essaie de construire les petites voûtes sans cintre. Dans un aqueduc d'Éleusis la voûte est formée de trois briques en forme de secteur circulaire : les deux premières se posent facilement à la naissance de la voûte, et, dès que le mortier en assure l'adhérence aux murs qui les portent, la troisième, faisant clef de voûte, est posée dans l'intervalle laissé vide (fig. 6668). Mais ce procédé se prête à de trop rares emplois; il faut bien en venir au cintrage. On en retarde la pose autant que possible : on continue à élever le mur et la voûte di rec terrent, aussi longtemps que la résistance du mortier peut contrebalancer la pesanteur et que les pierres restent en surplomb sans tomber(FORNixl. Au Pont du Gard, on ne cintre que la partie haute de la voûte, et l'on dispose à certaine hauteur des voussoirs saillants pour recevoir le cintrage 6. On réduit au minimum la charpente du cintre Et surtout, on établit rapidement une armature faite d'arcs de pierre ou de brique, qui formeront comme la carcasse de la voûte, et sup VIII. pléeront aux cintres de bois en soutenant eux-mêmes la masse de la voûte et en empêchant la maconnerie de peser sur la char pente provisoire. Ce procédé "e, employé dans les voûtes appareillées. Au Pont du Gard, la voûte est formée d'arceaux étroits juxtaposés : on a pu, pour chaque tronçon, ou bien réemployer successivement le même cintre', ou plutôt réduire le cintrage à des fermes posées au joint entre deux arceaux, de facon que chaque claveau s'appuie directement par ses deux extrémités sur deux fermes successives'. Une simplification consiste à espacer les arceaux, qui jouent alors le rôle de nervures et supportent des dalles clavées (fig. 6669; voy. roRxix, Le même procédé est plus utile encore et plus souvent employé dans les voûtes par concrétion. L'ossature en est constituée par des arcs de brique dont les joints sont convergents, comme dans une voûte appareillée, tandis que la maçonnerie de remplissage est établie, comme dans les murs, par lits horizontaux Ce système avait le double avantage de soulager les cintres de bois et de simplifier le travail : seuls les arcs nécessitaient l'emploi d'ouvriers habiles, le corps de la voûte pouvait être exécuté par les mêmes manoeuvres que les simples murailles. L'armature la plus complète consiste en une séries d'arcs, espacés de deux pieds d'axe en axe, et reliés deux à deux par de grandes briques carrées'". Par économie on en vient à substituer au réseau continu de simples nervures engagées dans la maçonnerie'`. Un autre procédé consiste à constituer une armature ininterrompue avec des briques de grand échantillon, (de 0 m. 45 à 0 m. 60 de côté), posées à plat, et formant comme un dallage courbe'. Sur les fermes du cintre, on cloue des tringles espacées selon la dimension des briques, et on y pose le dallage à grands carreaux15. On peut même se dispenser du cintrage et exécuter le travail directement dans le vide : on commence par les quatre coins et on avance par redans, de façon que chaque brique se trouve toujours maintenue par deux côtés aux briques déjà posées 18. On se sert pour sceller les briques d'excellent plâtre ou d'un mortier à prise rapide. On double le dallage d'une seconde enveloppe semblable en briques de plus petites dimensions, soudées aux premières par un lit de plâtre ou de mortier. Dans l'épaisseur de ce carrelage, on fiche d'autres briques debout, qui pénètrent dans le blocage et assurent laliaison entre le dallage et la maçonnerie17. Outre les voûtes de maçonnerie, les Romains construi 194 STU lh'6 STU sent des voûtes légères oit la carcasse est faite soit de solives réunies par des lits de roseaux', soit de bandes et d'arceaux de métal', et recouverte ensuite de mortier STRUPPI0S,STROPPUS(du grecoTCdço;).-I. Cordon, lacs, bandeau. Tel le bandeau, simple ou garni de feuillages et de fleurs, dont on se couronnait dans les cérémonies, et les faisceaux qui remplaçaient dans le lectisterneles têtes desdi eux [LECTISTERVIUM, p.1010 ets.]'. II. Le même mot désignait une courroie servant aux porteurs d'une litière LLL'IICA12 et sans doute encore d'autres fardeaux [SARCIyA, fig. 609T. On le trouve aussi appliqué à la corde qui attache un aviron à son tolets. E. SAiLle.