Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STUDIIS

STUDIIS (A).Ii est probable que les citoyens riches et instruits de Rome avaient des esclaves chargés de faire pour leur compte des recherches dans les bibliothèques, sur des points de droit, de science ou de littérature' ; mais de ces studia privés aucun souvenir n'est parvenu .jusqu'à nous, et nous n'avons qu'une idée assez vague d'un service de ce genre auprès de l'Empereur 2. Le cabinet du prince s'est formé et agrandi peu à peu ; la plupart des charges qui en dépendaient se trouvent constituées sous Claude; au début de son règne apparaît l'e s'ludiis; le premier qui porta ce titre fut un de ses affranchis, Polybe, ce lettré à qui Sénèque, vers 13-44, adressa une consolatio3. Il semble qu'il ait eu en même temps les fonctions d'a libellis [LIBELLES], c'est-à-dire le devoir d'examiner les pétitions adressées à l'Empereur par des particuliers; ou bien peul-être y eutil d'abord combinaison des deux emplois, plus tard séparés. Suétone 1, en etlet, ne donne à Pol çbe que le premier titre; an moment donc oit fut rédigé le document qui a servi de source à l'historien, a studiis était son seul titre officiel, et dans le jeu de mots de Sénèque : ut te relit abducere ab occcupationibus tuis, id est a studio et a Caesare, le mol studio, venant avant Caesare, ne peut faire allusion aux études personnelles de l'affranchi. Ailleurs°, Sénèque mentionne au contraire surtout les libelli à examiner et à classer. Polybe, mis à mort en 47, eut pour successeur Calliste, qui peut-être aussi, d'aprèsl'épitre dédicatoire de ScriboniusLargus7, réunit les attributions de l'a studiis et de l'a libellis. Celles-ci, en tout cas, furent ensuite distinctes. L'a studiis était une sorte de conseiller du prince, non point tant dans ses travaux littéraires ou philosophiques que dans son activité administrative et juridique, pour laquelle il le documentait. Aussi Iladrien mit à ce poste (lad roi' F.( ) le savant L. Juli us Vestinus, d'abord direc leur du musée d'Alexandrie, bibliothécaire en chef et secrétaire du cabinet grec de l'Empereur"; de même le Sextus auquel s'adresse Martial paraît avoir cumulé la direction de la bibliothèque Palatine et les fonctions d'a studiis pour Domitien 1e. Il fallait à l'Empereur un auxiliaire au courant des publications littéraires ou scientifiques, et pouvant indiquer l'opinion des auteurs sur la question à résoudre 11, notamment en matière religieuse : un haruspice devint magister a studiis". On comprend que les Grecs soient nombreux dans ce groupe d'agents-secrétaires. Au rra siècle, on les prend parmi les all'ranchis" ; la charge est déjà assez absorbante pour qu'on voie apparai Ire un IFS Cl studiis avec son o/ficiotn'`. Mais là comme pour tout le reste de son cabinet, Hadrien donna un privilège à l'ordre équestre 15. Au me siècle, l'a studiis, pareillement à l'a co,gnitionibus, devient un PiiOcuRATOR'", et plus tard il prend régulièrement la qualification de magister" ; ses appointements atteignaient probablement ?00000 sesterces : ce grade figure dans un cursus bonorunt f 2, après celui de paon. ducenarius stationis bereditatiuni, et, bien qu'inférieur à celui d'a cngnitionibus iD, il devait être trop élevé pour un simple centenarius. Par exception, on le trouve cumulé avec la fonction d'a consilii.s 2". Au début de sa carrière, sous Dioclétien, Caelius Saturninus est dit se.ragenarius studioruin adjutor'I, et c'est bien, semble-t il, la dernière trace22 laissée par ce service des studia, qu'aura supprimé la réforme constantinienne. Plus tard, en 36:1, la formule magistri studiorunt doctoresqueii désigne simplement des professeurs2'`. On a supposé 25 que l'a naenloria dérivait de de l'a studiis ; mais les deux fonctionnaires se rencontrent simultanément, et leurs deux titres ne supposent pas le même genre de travail 2". VICTOR CHABOT. STOPPA. Étoupe [LINCôl, p. 1`263]'