Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STYLIS

STYLIS (E'ruat;), Ce mot, dont le sens ordinaire est petite colonne [GOLUMN6, mai, est devenu le nom d'un petit mât, dressé sur la poupe des navires grecs'. Son rôle primitif consiste à servir de support aux aplalasta, TAPLCS'TREI, mais, de bonne heure, on parait avoir pris STY '1548 STY l'habitude d'attacher une flamme â son sommet ; on croit la distinguer déjà sur des vases du Dipylon'. Grâce à cette flamme, môme quand le grand mât était baissé, les marins étaient constamment renseignés sur la force et sur la direction du vent. Comme il fallait souvent abaisser le grand mat, il n'eut pas été pratique de fixer cette banderole â son sommet' ; c'est probablement pour cela que l'on lut amené à l'attacher de préférence à la poutre qui étançonnait l'aplustre ; grâce à cette taenia qui l'ornait, stylis a pris le sens de pavillon alors qu'elle n'était, à l'origine, que le support de l'aplustre. Le pavillon proprement dit se nomme La forme de laslyli.s résulte de son rôle primitif: ellca été d'abord et est parfois restée une simple poutre verticale soutenant la retombée des aphlastes ; plus souvent, elle est munie d'une traverse sur laquelle les aphlastes semblent reposer ou même s'emboîter (fig. 6670). Cette stylis cruciforme présente de nombreuses variétés : la traverse peut être plus ou moins proche de l'extrémité de la hampe, ou fixée sur cette extrémité même; des boules peuvent orner ou le bout de la hampe ou les bouts de la traverse fig. 66711, ou les trois bouts à la fois ; fréquemment, les extrémités de la traverse sont coudées, ce qui donne à l'enseigne, au lieu de l'apparence d'un T ou d'une croix -„ la forme d'un trident; quand, entre ces bras et la pointe de la hampe, on intercale d'autres dents l'aspect devient celui d'un radeau. Il est possible que ces formes en trident ou en rateau, qui ne s'expliquent guère autrement, soient dues à la schématisation du vexillum à bord dentelé qui yaurait été attaché. Une longue flamme flotte souvent au haut de la stylis : parfois elle figure au sommet de la hampe dont la traverse porte le vexillum (fig. 6673). Pour fixer la traverse, ses extrémités pouvaient être reliées au sommet de la hampe par deux cordes (fig 6673) ; parfois ces extrémités sont richement ornées, une pigna ou de riches volutes forment celle de la hampe, des Victoires s'élançant de celles de la traverse'. La présence de ces Victoires se comprend d'autant mieux que la stylis est elle-même devenue de bonne heure un symbole des succès emportés sur mer. L'aplustre, dont elle fait partie, était comme le pavillon des navires que l'on essayait de s'arracher dans les batailles navales. Bien que l'existence de pavillons nationaux soit attestée, chez les Grecs comme chez les Perses, dès l'époque des guerres médiques" [SIGNAI, la stylis ne nous est guère connue que par les monnaies d'époque hellénistique oit elle ligure soit dans sa position naturelle à la proue d'un vaisseau, soit entre les mains d'une Nitré debout sur cette proue. On a même voulu considérer comme une stylis la hampe cruciforme que porte la Niké qui occupe le revers des statères d'or d'Alexandre, les uns la croyant copiée de l'Athéna Niké peinte sur les amphores panathénaiques de 33G-5 et de 313-2, les autres y retrouvant la hampe surmontéed un croissant, combinée ou non avec un globe, qu'Astarté porte sur des monnaies phéniciennes 7. On n'est guère mieux renseigné sur le vexillum navale s des Romains. Sur les quelques monuments qui représentent leurs navires, on peut distinguer : 1° Les hampes placées obliquement de manière à servir aussi de support à l'aplustre, et qui se combinent parfois avec une autre hampe verticale ; la hampe se termine en un bouton sculpté où s'enroule une flamme ; au-dessus, une sorte de tablette portait sans doute le nom du commandant ; quand elle est absente, c'est apparemment que le vaisseau n'est pas un vaisseau amiral (fig. 5273-4, 5278). 2° Les hampes dressées perpendiculairement à l'aplustre, elles ont de même une sorte de pigna à l'extrémité d'où part une double flamme (fig. 5372, 5273). 3° Les hampes, dressées de même sur faplustre, qui portent un morceau d'étoffe carré à franges, le vexa STY 1549 STY lurn ordinaire (fig. 1186, 1187, 5381, 5293, 5294) '. 4° Les hampes qui sont placées, non à l'arrière, mais à l'avant du navire (fig. 6672, 6673)'. Chez les Grecs comme chez les Romains la pourpre parait avoir été la couleur du pavillon de l'amiral 3 ; il en fut de même chez les Byzantins, à en croire celui qui flotte à l'arrière des navires peints sur des manuscrits'. Le drapeau amiral servait, comme de nos jours, à communiquer les ordres par des signaux [voir NAVls, SiGNUM) '. A. J.-REINACII.