Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article STYLOBATES

xprin(ç. Les architectes et les historiens modernes de l'architecture appellent souvent stylobate le soubassement tout entier de l'édifice àpéristasis, le massif à degrés qui sert de piédestal au temple'. Le mot grec aru),o6drréç avait un sens plus restreint. Il désignait tantôt le degré ou l'assise sur quoi repose directement la colonnade 2, tantôt les dalles dont se compose ce degré 3. On disait « construire le stylobate » et « tailler les stylobates 4 ». Quant à l'ensemble du soubassement à degrés, aucun texte ne permet d'affirmer qu'on lui ait appliqué le terme stylobate. Dans une inscription d'Éleusis, on appelle Tô Éarpn~uÉVOV, Tà T'(; xléaty 'Dans les comptes de l'Érechtheion c'est lui, semble-t-il, qu'on nomme xpr,Tlç'. Primitivement le mot aru).o6zTrlç ne dut se dire que de la dalle qui supportait un fût, que de la pierre qui, dans l'architecture préhellénique, servait de base à la colonne dorique. Un bloc carré s'interpose entre son fût et la terre. Telle est la disposition que nous montrent les édifices in astis représentés surie vase François (fig. 6674 et 327)'. Telle est celle qu'on observe encore dans les ruines de Troie et de Thermos, et que l'on conserva par la suite pour les ordres placés à l'intérieur des édifices'. Chaque colonne avait son stylobate. Quand on donna pour support à la colonnade, non plus des dalles isolées, mais une plate-bande continue, faite de blocs parés à joints, c'est à cet élément nouveau que passa le nom de stylobate'. Dans l'inscription d'Éleusis déjà citée, qui décrit par le détail les premiers travaux de la construction d'une colonnade, les blocs de cette plate-bande ne sont pas appelés aT' o;«-al, comme on l'attendrait, mais xaranr'tT"npeç. L'assise continue que forment ces xa-aaraT-gpeç est semble bien être exactement synonyme de aru)a . s,ç désignant un bloc du degré où pose la colonnade. Le mot EuA,vT (o(7, d'un emploi plus fréquent, est d'un sens plus large. Il se dit de toute surface aplanie, nivelée pour servir de base à la construction ". Dans sa forme la plus ancienne, alors qu'elle consiste en un simple pieu fiché dans le sol, la colonne ne comporte pas de stylobate. Mais on reconnut la nécessité de faire porter le fût en bois sur une dalle de pierre avant qu'on eût songé à le dégager entièrement du sol. Dans le vieux tnêgaron de Dhimini 11, qui nous montre l'édifice grec à colonnes sous son aspect le plus primitif, les cavités du sol qui marquent l'emplacement des fûts, contenaient des débris de pierres, ayant servi pour eux de cales ou de coussinets', A Délos, dans une ruine très archaïque récemment découverte, exemple plus clair d'une colonnade enfoncée dans le sol, des dalles rondes sont encore en place au fond des cavités circulaires Ce sont ces dalles, qui ramenées à la surface du sol, quand la colonne cesse d'être un pieu, deviennent les stylobates. A Ilissarlik dans le rnégarun à double vaisseau de la vie couche de ruines (épo(lue mycénienne), le stylobate précise et complique sa forme. Chaque bloc support de colonne se compose de deux éléments, une large dalle rectangulaire, et une rondelle saillante, qui s'en détache, n'arquant la place et l'amorce du fût 13. Le même type de socle se retrouve dans les ruines crétoises et mycéniennes. A Knossos, avec le stylobate continu, sur quoi les fûts de bois reposent directement, apparaît un modèle singulier de base avec trou d'encastrement Lt, Un long bloc rectangulaire porte à sa face supérieure une sorte de coussinet saillant et carré, mais qui est recreusé d'une cavité circulaire où le fût était maintenu comme dans une mortaise. Dans les plus anciens temples, doriques à périslasis, le degré supérieur servant de stylobate comprend des S[TB 1550 SIJB blocs de dimensions très variables, assemblés sans souci de symétrie par rapport aux colonnes qui portent sur eux. lien est ainsi à l'Héraeon d'Olympie (fig. 6675) et au temple d'Assos 2. Les architectes de Paestum et d'Égine réalisent, dès le vie siècle, le type de stylobate régulier3. Chaque colonne repose en plein centre d'une dalle carrée, de dimension constante. Les dalles intermédiaires entre celles qui supportent les fûts sont aussi semblables entre elles. A Paestum (temple de Poseidon) ces dernières sont ornées, en pourtour, d'une ciselure à leur face supérieure. Aux Propylées de l'Acropole d'Athènes les dalles où posent les colonnes sont légèrement ravalées, avec un étroit rebord, percé d'une échancrure pour l'écoulement des eaux. Jusqu'au 1v° siècle. il est exceptionnel que les tambours inférieurs des colonnes soient scellés sur le stylobate, même alors que les scellements interviennent aux autres joints du fût. Vitruve emploie, comme en grec, le mot stylobates au pluriel, pour désigner les blocs directement placés sous les colonnes. Le mot de forme similaire stereobatca, signifie chez lui le mur appareillé qui dans le temple à podium règne sur trois côtés de l'édifice, servant, par l'intermédiaire des stylobates, de soutien à trois côtés