Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ANTAE

ANTAE, Hzp«atâôEç. Antes, piliers quadrangulaires qui décorent et fortifient les extrémités d'un mur, et particulièrement, dans la disposition des temples grecs et romains, les têtes des murs latéraux de la cella prolongés jusque sur la façade (fig. 32à). Ces antes participent de la fonction du mur, qui clôt l'édifice, et de celle des colonnes, qui soutiennent l'entablement et sur la ligne desquelles elles se trouvent placées : double caractère qui se fait sentir dans leur décoration. Comme le mur, elles présentent des surfaces planes, des assises horizontales y sont marquées et contrastent avec ANT 281 ANT les cannelures des colonnes; comme les colonnes, elles ont des chapiteaux et parfois une base ; mais bases et chapiteaux diffèrent de ceux des colonnes ; elles en ont nécessairement la hauteur; enfin il y a entre leur hauteur et leur largeur un rapport qui, sans être celui de la colonne, s'en rapproche sensiblement. Le temple à antes' (aedes in (iritis, 7.upae-mlatv) est décrit par Vitruve 2 dans sa classification des temples antiques. Les détails qu'il donne en différents passages' et les ruines qui subsistent, tant en Grèce qu'en Italie, attestent que les antes eurent primitivement la destination que nous avons indiquée. En Grèce il nous reste un exemple de ce genre de temples dans celui de Thémis à Ilhamnus (ffg.325 et 326)'`. Nous retrouvons encore dans les propylées de Minerve à Sunium ', dans ceux du temple de Cérès', dans le temple amphiprostyle de Diane à Éleusis', différentes variétés de la décoration in antis,Quelque développement que prirent les temples, l'ante resta toujours employée de la même manière aux extrémités des murs, ainsi qu'on peut le remarquer à Athènes, au portique de l'Érechthéion', au temple amphiprostyle de la Victoire Aptère 9, dans le temple périptère du Parthénon 10 et dans le temple plus ancien de Thésée 11. L'emploi des antes chez les Grecs nous suggère encore les remarques suivantes. Les antes ont le plus souvent trois faces principales qui sont rarement égales entre elles; les unes, correspondant aux colonnes, sont généralement plus étroites que le diamètre inférieur de ces colonnes, et plus larges que leur diamètre supérieur ; les autres varient ordinairement entre la moitié et le tiers des précédentes. Parmi les exceptions on peut citer les propylées du temple de Minerve à Sunium 12, dont chaque ante a deux faces d'égale largeur. Il en est de même du temple de Thémis 13, avec cette particularité que, suivant les préceptes de Vitruve ", les antes sont exactement de la même grosseur que la partie 1. inférieure des colonnes. C'est ce principe qu'adopte Vitruve. Les antes offrent ordinairement très-peu de saillie sur les parois des murs auxquels elles appartiennent. Le Mt de l'ante ne diminue pas, sauf en de rares exceptions, telles que le temple de Diane à Éleusis et le monument ciao ragique de Thrasyllus à Athènes 1'. La diminution s'opère quelquefois par le fait de l'inclinaison d'une seule arête suivant que les faces qui engendrent cette arête participent de la forme pyramidale extérieure; on en trouve un exemple à la pinacothèque de l'acropole d'Athènes. Les antes sont rarement pourvues de bases, si ce n'est quand le mur sur lequel elles se trouvent en est luimême orné ", comme au temple de Thésée ; cependant à la porte de l'enceinte du temple de Cérès à Éleusis, les hases sont semblables à celles des colonnes, dont l'ordonnance est corinthienne, et elles ne se continuent pas sur les murs 1B. Les chapiteaux des antes diffèrent toujours de ceux des colonnes ; ils adoptent facilement, quand il s'en trouve, les moulures qui, au-dessous de l'architrave, contournent l'édifice ; ils sont composés, soit de moulures simples, comme au Parthénon et aux Propylées, soit de moulures sculptées et de frises décorées, comme à l'Érechthéion, soit enfin de feuilles, d'allégories, d'animaux chimériques, comme à la porte de l'enceinte du temple de Cérès à Éleusis. L'ante ne fut pas employée seulement dans la construction des temples. Le célèbre vase François, de la galerie de Florence, qui paraît avoir été peint dans la première moitié du ve siècle, nous offre un curieux exemple d'un édifice d'ordre dorique, dont l'entrée présente la disposition du temple à antes (fig. 327) : c'est la demeure de Thétis, dont les noces sont représentées sur ce vase. La prostas ou parastas de beaucoup de maisons grecques devait être semblable f9. Au temps de Périclès, l'ante servait aussi à décorer les angles des édifices, à la rencontre des surfaces extérieures des murs (antae angulares) ; elle subissait alors une modi fication, c'est-à-dire qu'elle n'avait plus que deux faces principales souvent égales entre elles; la pinacothèque des Propylées, à Athènes ", nous donne un exemple de ce genre. 36 en luttant, la terre, il y puisait une force nouvelle et par là devenait invincible; mais Hercule en se mesurant à son tour avec lui, le tint embrassé et suspendu en l'air jusqu'à ce qu'il l'eût étouffé 1. Cette légende devint un des épisodes les plus populaires de l'histoire d'Hercule ; sa lutte avec Antée fut souvent représentée et devint comme un idéal de la palestre, dans les oeuvres de l'art antique. Nous ne connaissons que par les auteurs les sculptures dont Praxitèle avait orné le fronton du temple d'Hercule à Thèbes un groupe exécuté par Polyclète et qui fut transporté à Rome ', et d'autres encore `'; niais le même sujet est répété dans des bas-reliefs et des bronzes qui ont été conservés 6, sur un miroir étrusque', sur des pierres gravées a (fig. 328) et même sur des monnaies Il est au nombre des tableaux décrits par Philostrate10; on le voit dans AN'I 282ANT A peu près à la même époque on appliquait les antes à une seule face sur les parois des murs, comme à l'Érechthéion, sur la face intérieure du mur méridional". Les Grecs adaptèrent aussi les antes aux jambages des portes et des fenêtres; la pinacothèque des Propylées, à Athènes, nous en fournit un exemple °t [JANUA, FENESTRA]. Les Romains qui, du mot ante (devant), ou du grec dvi«m, tirèrent antee°1, employèrent dans leurs diverses constructions les antes à trois faces principales, à deux et à une seule face. Généralement les faces étaient égales entre elles, et avaient la même grosseur que les colonnes ; elles présent aient un peu plus de saillie que chez les Grecs, et ne subissaient pas de diminution; elles avaient des bases et des chapiteaux semblables à ceux des colonnes ; elles étaient parfois cannelées, surtout dans le style corinthien, même auprès de colonnes de marbre ou de granit non cannelées. Nous trouvons des exceptions dans les monuments construits en Italie, ou sous la domination romaine en Grèce, et clans lesquels la tradition grecque s'était le mieux conservée. Ainsi au temple d'Hercule à Cori 2`, les faces d'une même ante présentent une légère différence entre elles, et sont plus étroites que le diamètre des colonnes. Bans le temple de Mars à Rome2°, dans celui d'Auguste à Pola aux propylées de l'Agora à Athènes n, les antes subissent une diminution. Leurs chapiteaux, dans le temple de Cori et dans le temple corinthien d'Auguste à Ancyre 28, ne sont pas sem blables à ceux des colonnes. Elles n'ont pas de cannelures, quoique les colonnes en soient ornées, au temple de Mars Vengeur et au portique d'Octavie à Rome °9. L'ante fut employée par les Romains comme par les Grecs dans les habitations particulières. Les Étrusques firent usage des antes, comme on le voit dans leurs tombeaux et leurs urnes cinéraires, qui affectent souvent la forme de maison (voy. p. 286, fig. 333). Nous citerons encore un tombeau hypogéen de Cervetri, qui présente un linteau soutenu par deux antes qui diminuent sur les trois faces, et qui ont chapiteaux, bases et canne lures 30. C. TH1E1111V.