Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SUPPLICIUM

SUPPLICIUM. Ce mot qui vient, comme supplex et supplicare, de plicare, plectere, a désigné primitivement l'acte de plier les genoux pour la décapitation par la hache, c'est-à-dire la peine de mort '. Mais de bonne heure il est appliqué à la peine en général, à différents SUP 1569 SUP genres de peines', et alors les épithètes summum, capitale, ultimum, opposent tantôt le supplice comme peine de mort aux peines non capitales 2, tantôt la peine de mort aggravée, à la peine capitale simple 3. Pour l'étude des peines en général et de la pénalité, nous renvoyons à l'article POENA, aussi bien pour le droit grec que pour le droit romain. A. -A Rome, sous la République, des huit catégories de peines connues, mors, servitus, vincula, verbera, talio, ignominie, exsilium, damnum 4, trois seulement, la mort, les coups, le talion rentrent dans la catégorie des supplices; les coups ne sont alors que des peines de coercition [MAGISTRATUS, p. 1523 ; LICTO61 ; le talion de l'époque primitive, en cas de blessure à la figure et de rupture d'un membre, est déjà remplacé par l'amende à l'époque républicaine [TALIO] 5. Sous l'Empire, il y a dix catégories de peines: mort; perte de la liberté ; condamnation aux travaux publics et au métier de gladiateur; perte du droit de cité ; emprisonnement; exil, déportation et rélégation ; peines corporelles ; confiscation, amendes; dégradations civiques; seules sont considérées comme supplices la mort et les peines corporelles. 1. Il y a eu dix formes principales de la peine de mort sous la République et sous l'Empire [POENA, p. 539]. 1° La décapitation. Elle a lieu, d'abord par la hache, symbole de l'imperiutn ; la légende la mentionne pour les fils du premier consul de la République 6 ; mais le droit d'appel au peuple [PBOVOCATIO] la fait disparaître dès le début de la République, sauf pour les sentences prononcées à Rome sans appel contre des citoyens par le dictateur', et à l'égard des prisonniers de guerre 8 ; et en dehors de Rome pour les exécutions ordonnées par des magistrats romains, soit de citoyens', soit d'étrangers'°. L'emploi de la hache disparaît après l'époque de Claude " ; elle est remplacée par l'épée (gladius). Dans le supplice par la hache, le condamné, attaché nu à un poteau, les mains liées sur le dos, est d'abord battu de verges, puis couché sur le sol et décapité". VIII. 2° La crucifixion [eaux, FCBCA]. 4° La crémation, où on attache le condamné, nu, à un poteau, au pied duquel on allume un bûcher" [POENA, p. 539]. 5° La décapitation par l'épée [POENA, p. 539]. On paraît avoir continué jusqu'à la fin de l'antiquité à faire plier le genou à ceux qui devaient avoir la tête tranchée, et les récits de divers martyres "attestent qu'on leur bandait les yeux. C'est ce que montre aussi une peinture (fig. 6686) exhumée à Rome, où l'on voit trois personnages agenouillés, les mains liées derrière le dos, les yeux bandés au moment de leur exécution". 6° La livraison aux bêtes, bestiis objici [vENATIO], ou aux jeux de gladiateurs (ad gladium ludi) [GLADIATOR, p. 1572-1573 ; POENA, p. 540]. Dans le premier cas, où la peine est souvent réclamée par les spectateurs aux cris de « ad leonein » 16, les condamnés sont généralement livrés aux bêtes, attachés, sans armes, à un poteau'. C'est la scène représentée (fig. 6687) sur une lampe romaine du musée de Lyon 18, où le supplicié et ses bourreaux sont remplacés par de petits Amours, et les bêtes féroces sortant de leur cage [CAnCER, CIBLES, p. 1189] par des colombes; le médaillon est divisé en deux registres; on voit dans celui du bas le cortège qui conduit le condamné au poteau fatal ; on porte à sa suite, sur un brancard, ses dépouilles, son arc, son casque, ses flambeaux. La peine peut être aggravée arbitrairement19. 7° La précipitation du haut de la roche Tarpéienne [POENA, p. 540]. Elle est précédée de la flagellation par les verges et faite sous la République par le tribun seul, sous l'Empire par le bourreau 20. 8' L'exécution non publique, en prison [POENA, p. 540]. 197 SUT 1570 SUT 9° Le suicide par ordre, dont les moyens principaux sont le poison, l'ouverture des veines [POENA, p. 540]. 10° L'exécution populaire mise hors laloi [PoENA, p.540]. Il. Peines corporelles [POENA, p. 540; FLAGELLUM1. B. Supplices des esclaves [clux, FuRCA, POENA. p. 5 il ; stiovus, p. 1277] ; des soldats [MILITUM POENAE]. C. Supplices et tortures pour obtenir des aveux ou