Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SYMPOSIUM

SYMPOSIUM. 1 Au temps de Plutarque s'était introduite la mode de l'npérili/' (395s,µ0) avant le repas (Quaest. cour. VIII, 9, 3). Voir les textes r enoillis dans Becher-G5II, Chnril les, Il, p. 395 et 333. -2 Ibid. p, 32;2. 3 plat. Conti. 6 Xenoph. Conti. I, 1 ; Plat. Conti. 173 A; 183 A Plut. PGoc. 20. ad Phllostrat. huai9. 1825, p. 252 et sq. 10 217 C et '723 13 cf. Zenob. il, in; le Jeune vainqueur Aulol ycos, qui est le héros de la féle, assiste au banquet, en compagnie de son père, mais assis et non couché 11, 8), et se relire avant la XV, p. 675 C. 14 Plat. Conti. 175 A ; Xenoph. Case, 2, 1; Plut. Sept. sap. cone., 5. 15 Xenophau. tray. 1 Berck 4; Athen. XV, 683 D ; Corn. Nep. hétaïre louée pour la circonstance''. Ce sont ces femmes que nous voyons, dans tant de scènes bachiques représentées sur les monuments, au milieu des hommes : leur mise et leur attitude dénoncent, du premier coup d'oeil, leur profession (fig. 4966-4967, 4970, 4971, (1190). De même que la tin du ôsïrzvov, le début du symposion était solennisé par une libation faite cette fois, non avec du vin pur, mais avec du vin mélangé (xexc7uévo;), en l'honneur de Zeus Sôter (Ath; Eari,,poç)''. Ensuite avait lieu le chant du péan (71;o',,6,s.v,'r", des couronnes étaient distribuées aux convives, souvent même on leur répandait sur la tète des parfulns''. (testait enfin à élire le président du banquet, iuu.7loc(ap/o;, généralement désigné par le hasard des dés 1". La première fonction du syntpo.siarque était, de déterminer le dosage de l'eau et du vin 17. 1,es Grecs, en effet, ne buvaient passle vin pur, ce qui s'explique par la force alcoolique de la plupart de leurs vignobles [var si Boire pur (âxpa.'rov) tuait regardé comme une pratique barbare, digne des Scythes ou des Thraces'", et qui produisait des effets funestes, tels que la paralysie et la deiuence'". Même le mélange du vin et de l'eau à parties égales (ïiiov ialtll passait polir excessif et dangereux L0. Les mesures généralement admises étaient : 3i4 d'eau (proportion recommandée par Hésiode, mais que les plaisants appelaient e un breuvage de grenouilles ») 21, ou plus ordinairement 2/3 on 3/5 Selon la saison et le goût des convives, on se servait, pote' tremper le vin, d'eau chaude ou froide 2'i L'usage des vases réfrigérants était déjà connu [PSYCTGR]. On employait aussi dans le merne but la neige et la glace, qu'on savait conserver jusqu'en plein été, en l'enveloppant de paille ou d'étoffes de laine non. foulées 24. Le mélange se faisait d'avance dans un grand va; appelé pour cette raison enATER. L'esclave puisait dans le cratères à l'aide du esatlie ou d'un autre vase, oivojl't,, cuer-i,p, xûzïo; rcvavnus et fig. 1693, et versait ensuite dans la coupe Des échansons (oivoydot) étaient dressés spécialement, à ce service, qui demandait beaucoup d'adresse et de célérité". Quelquefois, surtout dans les symposia de jeunes gens, le service était fait par des hétaïres2. Il appartenait aussi au syrnposiarque de fixer d'avance le nombre de coupes que devrait, vider chaque convive: cela s'appelait a€veto '^5S (xv 2". 11 fallait avaler tout le contenu d'un seul trait et sans reprendre haleine («µ503E, â77ve5c.I 7r(vue, i:19GI7I~aty) 23. A Athènes l'usage était de débuter par de petites coupesetde finir par des grandes 30, en sorte que le banquet dégénérait, presque inévitablement en orgie 3f. Ce n'est, due par exception, quand, d'un y avoir eu aussi un xdµa?7oe, Jahn, Pasensana,sl. 378; Gerhard, Ausertes. Vas. chef du za,p, est désigné par ce nom. -17 Leges gent in pocaus ponehaulas' v Zenob. Il, 78. 22 Plut. (uaest. cour. III, 9, Allie,,. V, --'420 C; Eusialh. ad Odyss. IX, 209 Ip. 1624); cf. Becker-Gilll, Galles, I, p. 206, n. 7. 23 l'lat. Resp. IV, 437 D; Xenoph. Jiem. III, 13, 3; Alhen. III, p. 121-123, -Xeuoph. O. 1. lI, 1, 30; Plut. (Digest. cour. VI, G, 1 ; Alhen. Ill. t24i A; Cf. Bec,,,-, l iill, llesiod. Op. et d., 744. Plu rarement, le mélange se faisait directement dans chaque coupe (Xenophan. fragm. 1, v. 8). 26 Xenoph. Cor. II, 20 ; Cyr. I, 3, 8; Luc. Dial. der. IV, 5; POIL Gnon. VI, 95. 27 Foy. wu lias-relief dans Slicali, L'ttalia aranli il dominio dei Ifomanè, p. 107. 2" Plat.. Conti. 4;.,4ci; Schol. Arisloph. Ach. 12,19 3o Ath, XI, 463 E. 31 lliog. Lacet. I, SYM -1b81) S YM corn inun accord, l'assemblée l'avait préalablement décidé, qu'il était permis à chacun de boire à son gré. Il en est ainsi, par exemple, dans le Banquet de Platon, oit les convives, qui tous se ressentent encore, plus ou moins, d'une orgie de la veille, ont besoin de se ménager'. Mais, hors ce cas, chaque convive devait absorber la mesure prescrite, sinon s'en aller (aut bibat, aut abeat)', ou, du moins, subir une pénitence infligée par le symposiarque 3. Ces pénitences n'étaient pas toujours, on le devine, du meilleur goût : on obligeait, par exemple, le récalcitrant à s'accabler lui-même des injures les plus malséantes, à danser tout nu, à faire trois fois le tour de la salle en portant dans ses bras la joueuse de flûte; on commandait à un bègue (.(,e).)oç), de chanter, à un chauve de se peigner, à un estropié de sauter à cloche-pied, etc Une autre occasion encore de boire avec excès, c'étaient les toasts ; chaque convive était tenu de porter successivement la santé de tous les membres de la ré union(ncor(VEts gtnorç oiaç) Cet usage était même si caractéristique des banquets grecs qu'a Rome, où il fut plus tard adopté, on appelait cela yraeco encre bibere Les écrivains anciens nous ont rapporté plusieurs exemples, véritablement stupéfiants, des prouesses accomplies par certains buveurs. Dans le Banquet de Platon, nous voyons Alcibiade et Socrate, qui ont déjà bu pendant toute la soirée, tarir tous les deux d'un seul trait un vase qui contient huit cotyles, c'est-à-dire un peu plus de deux litres. On contait même qu'Alexandre et Protéas ayant parié un jour de vider chacun une coupe d'une capacité de 6 litres et demi (i(youv), Protéas vainquit le roi en renouvelant immédiatement le même exploit'. Pour entretenir la soif, en même temps que pour donner au vin plus de saveur, on servait pendant le symposion certains mets très simples, sucrés ou piquants, analogues à nos (tors-d'muvre ou à nos desserts : miel, fromage, fruits frais ou secs, sel pur ou pilé avec du thym, cumin, ognons, ail, silpltium et surtout gâteaux salés (à r«a.n). Plus tard on offrit même aux convives un véritable second souper (àturepxt rpânextl, où l'on servait de la viande: ragoûts, volailles, gibier. Mais ce sont là des excès de gourmandise, propres à l'époque macédonienne 6. Les banquets, comme ceux que nous décrivent Platon et Xénophon, où l'esprit et l'imagination des convives eux-mêmes tiennent lieu de tout divertissement matériel, étaient assurément très rares. Ce sont là des peintures fort idéalisées. Nul doute cependant que le charme d'une conversation légère, vive, enjouée, ne fût pour les Grecs l'un des principaux attraits des symposia. Ce qui le prouve à l'évidence, c'est cette littérature symposiaque, si riche, dont les auteurs, sons la forme fictive de propos tenus à table par des personnages illustres, ont traité, ou du moins effleuré, les sujets les plus divers, philosophie, politique, lettres, sciences. arts. De toute cette littérature il nous reste encore les Banquets de Xénophon, Platon, Plutarque, Lucien, Athénée. Mais ce n'en est que la moindre pariie ; il existait également sous ce titre des écrits d'Apistole, Speusippe, Épicure, Prytanos, Hiéronvrnos, Dion s. Toutefois, en dehors de la conversation, il v avait un certain nombre de divertissements traditionnels en usage dans les banquets grecs, et qui, aux yeux des convives vulgaires, avaient plus de prix' o. Au premier rang il faut nomrner la musique. La flûte était indispensable pour les libations et ïe péan" ; il y avaitdonc, dans tout banquet, des joueuses de flûte (atêkrlrpiôeç) 12, souvent aussi des joueuses de lyre (lax),rç(xtt 13 À ces instruments on voit joints dans les peintures, les crotales et le tambourin". Tous sont souvent aux mains des convives eux-mêmes et accompagnent la danse aussi bien que le chant. La danse, d'ailleurs, était un art beaucoup plus étendu en Grèce, comme on sait, que chez nous: il comprenait, outre les mouvements rythmés des pieds, ce que nous appelons mimique et pantomime13 [sALTATCO, p. 10451. Dans le Banquet de Xénophon, c'est une véritable troupe dont le riche Callias offre le spectacle à ses hôtes : elle se compose, sans compter le Syracusain qui en est le directeur, d'une joueuse de flûte, d'une danseuse acrobate et d'un jeune garçon à la fois cithariste et danseur. Les trois artistes font admirer d'abord, chacun séparément, leurs talents. Puis la représentation se termine par une pantomime passionnée, jouée par toute la troupe, qui figure, en une série de tableaux vivants, l'hymen d'Ariane et de Dionysos 16. Outre cette orchestique savante exécutée par des professionnels, les convives eux-mêmes, surtout dans les banquets d'éphèbes etd'ltétalres, se livraient souvent aussi au plaisir de la danse. Les danses s5mlposiaques (oo~iaetç a«oo(vtoi, XUài.7tXrtr,'z(1, [SALTATle, p. 10451 ne restaient pas toujours savantes et régulières. Elles dégénéraient facilement, sous l'empire du vin, en mouvements désordonnés; ou bien, au contraire, les buveurs se plaisaient à montrer qu'ils étaient assez maitres d'eux-mêmes pour accomplir d'extraordinaires tours de force et d'adresse; par exemple, ils tenaient en équilibre, en dansant !fig. GG9'I ou en se plaçant dans les positions les plus risquées (fig. G695), les vases contenant le vin ; c'est ce qu'on voit dans beaucoup de représentations de banquets 1'. Les femmes qu'on y amenait s'en mêlaient aussi fig. 4966p li y en avait qui étaient des acrobates de professions [voy. 'fout ce qui pouvait contribuer au alarme ou à la gaîté de la réunion y était bien venu chant v avait une place d'honneur. La chanson de table, variée et transformée dans le cours de plusieurs siècles, a été pour les Grecs, en même littéraire qui a son un getlr une cinquan pas, après Pollux, SYM 58'l SYN temps qu'un amusement, Nous n'énumérerons taine de jeux que ce lexicographe. en un chapitre É V a'N.aoaiolç aat comme ayant été en usage dans les banquets.Laplupart, à vrai dire, ne sont que des amusements d'enfants. De cette liste retenons cependant, en particulier, les jeux d'esprit qu'on divisait en deux genres principaux: aiv(•ru.aTa (énigmes), et Ypïyot (devinettes, attrapes) GRrpuus,les jeux d'adresse, cottabos, dés [GO'rTA Chaque joueur prenait son tour comme pour le chant, en allant de gauche à droite (i7ru th) 3. La proclamation du vainqueur avait lieu à la suite d'un vote, émisparfois au scrutin secret". I,es récompenses étaient, outre les applaudissements de l'assistance, des couronnes, des ténies, des gàteaux, un baiser 5. Quantau vaincu, sa pénitence consistait d'ordinaire en une rasade de vin, mélangé de sel, à vider d'un traits. A ces jeux ajoutons encore toutes les plaisanteries et les farces, plus ou moins spirituelles, que l'imagie natron et l'ivresse inspiraient aux convives. Quand tin des buveurs s'endormait avant d'avoir absorbé la ration prescrite, il était d'usage de le réveiller en lui versant sur la tête les sauces du repas de la veille ; cette plaisanterie traditionnelle avait un nom, éro 000ae:a 7. La fig. 6696 représente, d'après une coupe du musée du Vatican 8, un de ces banquets par écot (âaô citueduos) où chacun apportait sa part dans un panier [sPVRFsj, pareil à ceux que l'on voit suspendus aux murs. Les convives chantent ou mêlent leurs voix au son des flûtes et des lyres. L'heure n'est pas encore venue des danses el des plaisirs qu'entrain() l'ivresse. Les représentations figurées montrent jusqu'à quel excès on pouvait se laisser allers. Enfin la description d'un symposion ne serait pas complète, si nous ne faisions au moins allusion aux scènes de jalousie, aux querelles, aux rixesf0 mémequi souvent, éclataient, surtout dans les réunions de jeunes cESI ". Il a été traité des banquets romains à l'article COMISSA Il n'y a point, dans le droit attique, d'expression technique, comme celle de contractus à Rome, pour désigner les contrats et, sur ce point, commesur beaucoup d'autres, la terminologie est très incertaine. L'expression la plus généralement employée est celle de euvz,1,ayu.a". On trouve également les expressions )1.o),oyia, cuvO ,x', ssu, 6'natov. Le mot 6u.onoyla parait plutôt réservé aux contrats purement oraux. Mais il est aussi employé pour désigner les contrats écrits'. Le mot (i-éupo),ov ou auµ(ioaa parait exclusivement réservé aux conventions internationales, et c'est seulement à une époque récente qu'il est appliqué aux contrats entre particuliers'. Le fait de contracter est alors désigné par les mots au~iâaàctv4 ou cuv Xoc]rcts et plus rarement par le mot auvc©EC9at". Au surplus, les expressions euv«aaayp.a et aup.[rt yx1ov, bien que désignant habituellement la convention, sont aussi appliquées, mais à une époque ultérieure, à l'écrit dressé par les parties pour constater leur convention'. Le mot nui46natov a, dans le droit attique, un sens large et désigne tout acte juridique'. C'est ainsi que les testaments sont compris dans les frup.pacuu", d'où il ne faut pas conclure que les Athéniens aient considéré les testaments comme des contrats10. L. BEAUCIIE9'.