Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SYNÉDROS

auv, ~ôpxl est employé dans ce sens en poésie; c'est ainsi que Sophocle dit que la Justice est la cuvEÔpo; de Zeus'. Ce sens implique ici que les personnes qui siègent ensemble sont en petit nombre Il en est de même dans les premiers exemples que nous fourni la prose. Dans Hérodote, le mot au'aa poç désigne les conseillers de Cambyse et le mot euvér,otov le conseil de guerre tenu par les-généraux des Grecs avant la bataille de Salamine'. Le sens est encore plus précis dans Thucydide. Quand les Spartiates, au moment de l'affaire de Sphactérie, se résignent à faire aux Athéniens des propositions de paix, ils leur demandent de nommer (les synèdres, en petit nombre, pour qu'ils puissent discuter avec eux, loin des agitations de la foule 3. Le mot auv iov gardera ce sens un peu restreint; c'est par là qu'il se distinguera des termes comme cuvoôoç, Èxxnr,cix, quoique tous ces mots soient parfois employés comme synonymes. Au siècle, les orateurs désignent plus particulièrement par le nom de cuv€ôo ov le conseil Amphictyonique et l'Aréopage e. Le premier de ces deux corps ne comprenait que vingtquatre membres ; nous ignorons le nombre moyen des membres de l'Aréopage; on peut cependant admettre que ce corps, recruté en grande partie par les anciens archontes, était sensiblement inférieur en nombre au conseil des Cinq Cents. Pour les associations de particuliers, tels que les thiasotes, éranistes, artistes dionysiaques et autres, le mot aûvEôco;, et encore moins le mot avv€ôptov sont rarement employés; de telles associations sont désignées généralement par les termes Tb, .fi aévoôo;1. On trouve assez souvent le mot c'véôptov, pris dans un sens général pour désigner une assemblée, un Conseil ; c'est ainsi qu'Eschine dit que tous les grands doivent des comptes aux logistes ; et par le mot a)uEôpta, il désigne l'Aréopage et le conseil des Cinq Cents'. Le plus souvent cependant le mot synèdre désigne le délégué à un congrès, si l'on entend par ce mot de congrès une assemblée composée des députés de plusieurs États, qui se réunissent pour régler des affaires interna tionales, politiques, religieuses, commerciales. Ces états peuvent régler ces affaires de deux façons. Ils s'entendent pour un temps plus ou moins long et, pour un but précis, la guerre, les échanges monétaires, l'administration d'un temple ; c'est là, sous une formule générale, des États alliés. Ils s'entendent, d'autre part, pour constituer une association permanente ; ils forment ainsi un seul État collectif, pour ce qui concerne toute la politique générale : ce sont des États confédérés. Les Amphictyonies ]AMPIIICrvo.61s] sont les plus anciennes de ces associations. Nous connaissons des amphictyonies à Argos, Chestos, Calaurie, Délos, Del plies. La mieux connue, et aussi la plus importante, est celle de Delphes,°. Sur cette question de l'amphictionie Delphique, nous n'indiquerons que les particularités qui concernent notre sujet. La ligue tenait par an deux sessions, l'une au printemps, l'autre à l'automne, au),a(a Éaptvr etavaa(a d7wcty ; avec ces adjectifs féminins, il faut sous-entendre le substantif céivo' oç. A la session d'automne avaient lieu, chaque pentétérie, les grands jeux pythiques. Aux deux sessions, le auvEÔptov, ou Conseil de l'Amphictyonie, tenait ses séances. Il était composé des délégués des douze peuples ou races qui formaient la ligue ; chaque peuple avait deux voix dans les délibérations et par là, très probablement, deux délégués70; ces délégués nommés hiéromnémons auraient donc été au nombre de vingt-quatre. A Athènes, le hieromnémon était désigné par le sort ; ses fonctions duraient un an, soit deux sessions". A côté d'eux siégeaient les pylagores; pour Athènes, ils étaient ordinairement au nombre de trois, élus à main levée et pour une seule session. C'étaient le plus souvent des hommes politiques, qui étaient chargés de défendre les intérêts du pays. Dans les assemblées du synédrion, ils n'avaient que voix délibérative; les hiéromnémons seuls sont maitres du vote 13 Le nom de pylagore n'a .pas été fourni par les inscriptions. A l'époque étolienne, nous trouvons à leur place les âyo?x' po(. Ainsi le synédrion amphictyonique était composé de vingt-quatre hiéromnémons ayant seuls droit de vote, et d'un certain nombre de pylagores qui n'ont que voix délibérative. Dans les textes officiels, le synédrion est désigné par les noms des hiéromnémons présents à la délibération ; les ctyopxapoi sont souvent nommés. Quelquefois nous trouvons dans ces textes les mots a vsè rt et auvÉÔptov 13. Dans le langage courant, ces derniers mots, plus souvent employés, désignent tantôt les hiéromnémons seuls, tantôt les hiéromnémons SYN -1381.SYN et les pylagores ou les agoratroi. On ne peut dire si le Au moment où éclatèrent les guerres contre la Perse, Sparte était devenue le plus puissant État delaGrèce. Elle avait formé une grande confédération qu'elle dominait et qui comprenait la plus grande partie des peuples du Péloponèse. Dans l'automne de l'an 481, à la veille de l'invasion de Xerxès, les députés, ou probouloi, des villes bien disposées pour la Grèce2 se réunissent en synédrion 3 à Corinthe ; le nom de ces trente et une cités nous a été conservé sur la colonne de l'Atmeidan Le synédrion décida que les Spartiates auraient le commandement sur terre et sur mer, la plupart des alliés refusant d'obéir à d'autres qu'à des Spartiates °. Dès que les hostilités ont commencé, nous ne trouvons plus mention de ce synédrion des probouloi. C'est le synédrion des stratèges qui a la direction générale; il est toujours présidé par le général spartiate. Ce général a le droit de donner des ordres aux chefs des contingents alliés 6. C'est lui que Thémistocle fait agir pour amener le synédrion à ses vues 1. Le synédrion n'avait pas seulement la direction des opérations militaires; il pouvait aussi conclure des conventions, régler certaines affaires, admettre de nouveaux alliés dans la ligue. Après la bataille de Platées, les Grecs, sur la proposition d'Aristide, décidèrent qu'un synédrion, composé de probouloi et de théores, se réunirait à Platées pour y faire des sacrifices, et qu'une fête pentétérique serait instituée. Plutarque, qui nous a conservé ce renseignement, ajoute que celle réunion se tenait encore de son temps 9 ; et son témoignage est confirmé par une inscription' Au printemps de 477, la flotte des Grecs alliés était réunie à Byzance, quand les chefs des contingents Ioniens rompirent violemment avec les Spartiates et se mirent sous la direction d'Athènes. La Grèce se trouva par ce fait divisée en deux grands systèmes d'alliances, qui présentaient ce trait commun, qu'un des États alliés exerçait l'hégémonie sur tous les autres. Sous l'hégémonie de Sparte", les alliés gardaient leur autonomie; ils ne payaient pas de tribut et n'étaient obligés qu'à fournir des troupes en cas de guerre. Le conseil de la ligue était composé des délégués de chaque cité: par un usage que nous verrons appliqué presque constamment, chaque cité, qu'elle soit grande ou petite, a le même droit de vote les décisions de l'assemblée sont obligatoires pour tous, sauf empêchement de la part des dieux ou des héros". Nous voyons, dans Thucydidei', que lorsque ces réunions se tenaient à Sparte, ce qui était le cas ordinaire, il y avait d'abord une assemblée des Spartiates, ixxîvrlet«, qui examinait l'affaire en question et prenait une décision ; ensuite cette affaire était soumise au Conseil des alliés. Après la défaite d'Athènes, Sparte victorieuse fit sentir plus lourdement sa domination sur les alliés : on sait de quelle manière rigoureuse furent traitées Mantinée et Phiionte. La confédération athénienne " fut constituée à Byzance par l'entente des chefs Ioniens avec, Aristide. Elle avait pour objet la continuation de la guerre contre la Perse. Pour cela, chaque ville alliée devait fournir un contingent en hommes et en vaisseaux, ainsi qu'une contribution, nées, dont le chiffre fut fixé par Aristide. Les alliés avaient pensé qu'ils garderaient leur autonomie et que les résolutions seraient prises dans les assemblées communes 16. Ces assemblées, cévoôos, cuvÉÔptov 11, se tenaient à Délos, centre de l'ancienne amphiclyonie délienne. Ici encore toutes les cités, grandes ou petites, étaient ioé4yvot 1". Le synédrion réglait les affaires communes; il pouvait aussi agir comme tribunal ", On sait combien cette situation fut de bonne heure changée. Les alliés, sauf quelques peuples (lui surent conserver leur autonomie, devinrent de véritables sujets; le trésor de la ligue fut transporté de Délos à Athènes; le tribut payé par chaque cité fut augmenté. Quant au Conseil des alliés, en admettant qu'il ait encore subsisté, il ne devait guère se composer que des délégués des cités autonomes et n'eut plus aucune importance 2J. En 378, Athènes essaya de former une seconde confédération 21. Les conditions, sauf quelques restrictions contre la domination d'Athènes, étaient à peu près les mêmes que celle de la première ligue. Le Conseil de la confédération était un synédrion composé de députés de chaque cité ; le principe de l'égalité du suffrage était ici encore appliqué52. Nous voyons cependant quelques cités importantes, telles que Mytilène, Carystos, Ténédos, envoyer plusieurs synèdres 2 `. Il semble bien que la cité qui avait l'hégémonie de la ligue, Athènes, n'aurait pas été représentée dans le synédrion 2t. 11 était permanent et siégeait à Athènes. Les inscriptions nous fournissent quelques renseignements utiles sur ce Conseil des alliés. Quand une affaire se présentait, il avait le droit de proposer une résolution, cdgu, qui était présentée au Conseil des Cinq-Cents ; celui-ci la transmettait au peuple Athénien, qui prononçai( en dernierressort23. Le Conseil des Cinq-Cents peut aussi demander au synédrion de porter directement l'affaire devant le peuple 26. Le synédrion décide de la guerre et de la paix de concert avec le peuple 27 ; il prend part à la confirmation des traités par serments réciproques 28; il a des fonctions judiciaires et peut juger et condamner ceux qui violent les traités d'alliance 29. Au bout de vingt ans, la guerre sociale poila un SYN 11185 SYN rude coup à l'oeuvre nouvelle des Athéniens ; la défaite de Chéronée la fit disparaître. Signalons seulement encore ce fait que, pendant la guerre lamiaque, Timosthène, député de Carystos au synédrion de la ligue, et, proxène d'Athènes, avait été envoyé au camp des Grecs et des alliés et qu'il y avait défendu très activement les intérêts des Athéniens 1. La confédération béotienne étai Lune des plus anciennes de la Grèce" : elle était aussi une des plus importantes [BOEOTICUM FOEDUS]. Elle était composée d'abord de quatre cités, plus tard de quatorze. Il est fait mention des quatre Conseils ; peut-être formaient-ils, réunis, le synédrion de la ligue Ce synédrion est mentionné par Xénophon ° et par une inscription °. Dans une série detextes épigraphiques du second siècle av. J.-C., les synèdres de diverses villes sont mentionnés comme agissant tantôt avec le peuple, tantôt avec les polémarques ou les archontes'. Mais, comme nous le verrons plus loin, il s'agit ici de sénateurs, non de délégués à un congrès. L'époque de Philippe et d'Alexandre est marquée par la constitution do la grande ligue nationale des Grecs contre les Perses 3. Bœckit pense même que c'est à partir de cette époque que le mot de auvsôptov s'est surtout répandu'. La ligue a pour objet de venger l'impiété commise par le barbare contre les temples de la Grèce". Elle était constituée sur le modèle des anciennessymmachies péloponésienne et athénienne. Chaque cité était autonome, exempte de tribut; un synédrion, composé des députés de chaque cité, siégeait à Corinthe ; dans cette assemblée, le système de l'isopséphie était encore la règle ; pour la guerre prévue, chaque cité devait envoyer un contingent de soldats; le roi de Macédoine était Des ligues si nombreuses qui se formèrent à partir de cette époque, nous parlerons surtout des deux ligues FoEnus. Dans la première de ces ligues S', il y avait deux assemblées, l'une restreinte, l'autre générale. L'assemblée restreinte, appelée généralement synédrioni3, était composée des députés de chaque peuple, ayant tous même droit de vote". Elle siégeait à Aegion, jusqu'en 169, et tenait deux sessions par an, l'une au printemps, l'autre en automne, à l'exemple du Conseil Ampbictyonique. Elle réglait les affaires courantes, nommait les magistrats, s'occupait des affaires extérieures: son action fut de plus en plus réduite par l'action des stratèges. L'assemblée générale est ouverte à tous les Achéens âgés de trente ans; elle est convoquée selon les circonstances et siège trois jours; le vote est VIII. compté par peuple et non par tête de citoyens présents. La constitution de la ligue étolienne'' présentait avec la ligue achéenne bien des traits communs. Le premier magistrat était un stratège annuel, éponyme ; il avait près de lui un synédrion permanent, dont les membres sont appelés ordinairement auv=_èicot, quelquefois 19ou'i,surxi 16, Chaque ville est représentée par un nombre différent de synèdres 17 ; ils ont dû être environ 600 ; la présidence est, exercée par les 7coa-exeat 'rw auvé',p „s ; il y a un ypal,.uaztég éponyme. Là aussi, une assemblée plénière se réunissait au printemps et à l'automne. A partir du Ive siècle, les confédérations, comme nous l'avons dit, deviennent de plus en plus fréquentes; elles prennent un nom, qui lui aussi devient d'un emploi de plus en plus fréquent : c'est le KoINON. Pour la plupart de ces ligues, nous voyons que le Conseil fédéral est un synédrion ; c'est ainsi pour les Nésiotesune des plus anciennes de ces confédérations, pour les Magnètes ", les Phocéens 20, les Crétois 2t, les Ioniens 22, les villes de Troade 23, etc. Dans tous les faits que nous avons cités jusqu'ici, nous voyons que le mot synédrion a gardé le sens parculier de congrès, réunion de députés de divers pays. De bonne heure, cependant, ce sens s'élargit et nous le trouvons employé aussi pour désigner soit des députés d'un même pays réunis pour former une assemblée politique, soit les délégués d'associations privées, qui, sous la forme d'un comité ou d'une commission, s'occupent des affaires de cette association. Nous avons vu que pour Athènes, c'est l'Aréopage, plutôt que le Conseil des Cinq-Cents, qui est qualifié de synédrion. Dans la plupart des autres villes, ce nom est donné à l'assemblée politique, Conseil ou Bouar„ chargée des affaires publiques "4. Ainsi à Élatée, le peuple, après une première décision des synèdres, vote l'affranchissement de l'esclave Stéphanos 25. A Chalcis, en Eubée, une donation est acceptée par acclamation, d'abord par les synèdres, ensuite par le peuple "°. La même procédure est constatée aussi à Érétrie "7, à Trézène"s AÉpidaure 'd9Ies synèdres sont mentionnés après les archontes ; enfin les synèdres sont seuls nommés à Dymé 3°, à Andanie 31, à Acraephiadans le discours de Néron rendant la liberté à la Grèce. Nous voyons, par plusieurs textes, que les synèdres ont un ?pav.u.xzn' ç a3. Quelquefois ils sont désignés par le nom de leur président 3i. Nous trouvons enfin des synédria pour des sociétés privées, ainsi à Astypalée 35 Tb... auv3iiptov 'rzç •(tbouaiaç; à 199 SYN 1586 SYN En somme deux idées essentielles sont exprimées le plus souvent par le ulot syne«1roi. 1° Ce sont des délégués de divers États qui su réunissent et forment ce que nous appelons un congrès des puissances; trais bientôt, nous trouvons sous ce nom des députés d'un 'nelue pays réunis pour former une assemblée politique; enfin des membres d'associations particulières. `?° Ces réunions sont, en général, peu nombreuses; c'est le conseil amphictyonique qui ne comprend que vingtquatre membres; c'est un conseil de guerre formé des généraux d'une armée d'États confédérés ; dans un sens plus général, c'est un Conseil, un Sénat., et il s'oppose au mot comices; quelquefois, mais très rarement, il sert à désigner les comices. La ligue athénienne de 378 est dirigée par les synèdres des alliés ; pour la ligue de Délos, au siècle précédent, le mot synédrion est employé par Diodore, mais Thucydide ne se sert que du mot synode. Polybe désigne, par ce nom de synédrion, le Sénat de Rouie, le Sénat, de Carthage ; dans le NouveauTestament, c'est le sanhédrin des Juifs: toujours tin corps politique composé de députés, et en nombre le plus souvent, restreint. Aiiiiri' :MARTIN.