Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SYRINX

SYRINX. La syrinx ou flûte de Pan (¢Cpt';; ou cé3t,';, fistule., le sifflet », de aupiw), est un instrument à vent portatif qui remonte à la plus haute antiquité et se rencontre chez un grand nombre de peuples indépendants les uns des autres. On l'a trouvé en Chine, au Mexique et au Pérou avant la conquête espagnole. Pollux le signale chez les Celtes et les habitants des ides de l'Océan. » En Allemagne on a recueilli les traces d'une syrinx préhistorique On reconnaît le même instrument dans la maschrokitha du livre de Daniel 3. Au moyen âge il a été fort répandu dans toute l'Europe, particulièrement en Angleterre, où il est encore usité dans les exhibitions populaires. Les Roumains, qui le connaissent sous le nom de naïou, y ont acquis une grande virtuosité. Dans la plupart des pays civilisés la syrinx est aujourd'hui retombée au rang d'un modeste instrument rustique, qui annonce le passage du chevrier. Ce fut d'ailleurs de tout temps son rôle principal et son signe particulier : elle est, essentiellement, l'apanage des bergers qui l'ont inventée et qui en conservent la tradition. Pollux en a donné une définition exacte, au moins pour le modèle usité de son temps : « La syrinx est un assemblage de roseaux, reliés à l'aide d'une ficelle (a(vee) eL de cire, j'entends la syrinx improvisée ( Toaz€Swçj ; elle se compose d'un grand nombre de tuyaux placés en retrait les uns des autres, de manière à diminuer insensiblement depuis le plus long jusqu'au plus court; du côté de l'orifice ouvert (aTÔN.xTx) ils sont de niveau; à l'autre bout, par suite de leur longueur inégale, ils forment des gradins, de sorte que l'ensemble rappelle l'aspect d'une aile d'oiseau'. » Les tuyaux (xuao(, xa)izN.o(, calami, avenae 6) sont ouverts à leur embouchure, qui paraît avoir été Laillée en biseau ; l'exécutant, appliquant sa lèvre contre le bord extérieur, donne à l'instrument une direction oblique et souffle a non pas dans le sens du tuyau, ce qui ne produirait aucun son, mais contre une paroi de ce tuyau, laquelle renvoie le courant qui lui arrive en biais et met ainsi en vibration la colonne d'air intérieure 6 », Les tuyaux sont taillés dans des tiges de canne ou de roseau'. La variété de roseau employée de préférence en Grèce, dite auptyy(xç, avait la tige très creuse, presque dénuée de pulpe et de fibres ligneuses'. Quelquefois, au lieu de roseaux, on employait des tiges de ciguë 9. A son extrémité inférieure le tuyau est bouché à l'aide de cire 10. C'est aussi de la cire, aussi blanche et lisse que possible dans les instruments soignés, qui opère la cohésion des tuyaux accouplés 1 t ; dans les pays du Nord, la poix remplaçait la cire 1". Pour assurer la stabilité de cet assemblage, on serrait la galette de roseaux à l'aide d'un cordon de lin ou de toute autre substance propre à cet usage i3. Tantôt il y a un lien, tantôt plusieurs; ils sont minces ou renforcés, lisses ou ornés de rondelles, largement espacés ou très rapprochés, contigus même. Parfois, au lieu de plusieurs courroies, il y a une sorte de large gaine ou enveloppe unique, qui couvre toute la surface de l'instrument et ne laisse émerger que les extrémités des tuyaux : cette gaine peut être décorée d'ornements ou de reliefs ; elle peut SYR 1597 SYR se terminer par des bourrelets renforcés, quelquefois elle parait être maintenue elle-même par un fil dont les brins viennent se croiser en X sur sa face extérieure. Enfin un cordon d'attache, fixé par ses deux bouts aux sangles, sert à suspendre l'instrument ou à le porter en sautoir (fig. 6702 abcdej)'. A côté de ces flûtes de Pan « improvisées », rustiques et fragiles, l'époque hellénistique et romaine a connu des instruments plus perfectionnés e, exécutés dans des matières plus durables, et dont quelques spécimens nous sont parvenus : le bois (syrinx d'Alésia) 3 (fig. 6 703), le bronze (syrinx du Musée d'Agen)', l'ivoire, matière du petit sifflet qui tempérait la voix tonnante de Caius Gracchus `'. Quand il s'agit de bois (ou d'ivoire), l'instrument ne se compose plus de tuyaux taillés séparément et assemblés après coup : on l'obtient en perçant dans une tablette compacte le saire, puis on alèse la ta blette à l'épaisseur voulue, et l'on en décore la surface de lignes et d'ornements géométriques rappelant la gaine et les sangles de la syrinx de roseaux. Les dimensions de l'instrument sont généralement modestes. La flûte d'Alésia ne dépasse pas 115 millimètres, celle d'Agen 64 ; sur bien des monuments la syrinx paraît avoir la longueur de la main (18 centimètres environ). Cependant on en voit de plus grandes et qui atteignent 40 centimètres Mais on hésitera à donner le nom de syringes aux deux instruments en bronze découverts à Pompéi en 1876 et en 1899 et que conserve le Musée de Naples ni leurs dimensions (environ 50 centimètres sur 40), ni leur structure ne paraissent justifier cette dénomination. Les tuyaux 9 dans un cas, 11 dans l'autre de longueur décroissante, émergent d'une haute boîte rectangulaire en bronze dont ils laissent libre près de la moitié. La surface de la gaine est décorée de trois petits temples. Les tuyaux, ouverts au sommet, présentent en outre, près de l'embouchure, un trou latéral. Il semble impossible que de pareils instruments aient été mis en jeu par le souffle humain. Les tuyaux ont dû être mis en vibration par en dessous, la boîte formant un sommier où pénétrait un courant d'air lancé par un soufflet ou un appareil hydraulique: ce ne sont pas des syringes, mais des orgues de salon' (nvDRAcLLSj. Revenons à la syrinx proprement dite. Le nombre des tuyaux y est extrêmement variable. Le chiffre le plus fréquent est 7, ou 8, de même que pour les cordes de la lyre, dont la syrinx est en quelque sorte le pendant parmi les instruments à vents. Sur quelques monuments on compte 5 ou G tuyaux seulement10. La syrinx de 9 tuyaux est fréquente à l'époque où la lyre atteint ce nombre de cordes ". Celles de 10 à 13 tuyaux sont rares 12. Je n'en connais pas au-dessus de ce chiffre : seul le Polyphème d'Ovide 1a manie une flûte de Pan à 100 roseaux. Quant aux syringes à deux rangées de tuyaux 1 t, ce sont, sans exception, des restaurations modernes. En ce qui concerne la forme extérieure de la syrinx, il importe de distinguer, avec Furtwüngler, entre l'époque archaïque et classique (avant Alexandre) et l'époque postérieure. Sur les plus anciens monuments, depuis le vase François (fig. 6701) jusques et y compris les belles monnaies arcadiennes du lve siècle la syrinx, vue par une de ses faces, a la forme d'un rectangle parfait, tantôt plus large que haut, tantôt à l'inverse 16, dont tous les tuyaux sont égaux : cette disposition «hellénique n offre une analogie frappante avec celle des cordes de la lyre. Pour obtenir d'un pareil instrument une progression sonore, on ne pouvait profiter de l'inégalité du calibre des tuyaux, dont l'influence sur la hauteur du son est insignifiante 17, ni, comme on se l'est imaginé'', de l'emplacement variable d'un noeud naturel du roseau qui arrêterait la vibration. En réalité, on introduisait dans le fond de chaque tuyau v SYR 1598 SYR un bouchon de cire qui limitait la hauteur de la colonne d'air vibrante et l'on réglait l'épaisseur de ce bouchon de manière à obtenir l'intonation voulue. Les a accordeurs de syringes » savaient que le bouchon de la nète devait monter jusqu'à moitié du tuyau, celui de la quinte au tiers, tandis que celui de l'hypate, se réduisant à une mince plaquette de cire, fermait tout juste l'orifice inférieur'. Au contraire, â l'époque hellénistique et romaine, la syrinx présente, en général, la disposit ion décrite par Pollux, comparée par les grammairiens et les poètes 2 à une aile d'oiseau : les tuyaux restant alignés par leurs bords supérieurs, les bords inférieurs sont successivement en retrait', dessinant un escalier (fig. 6706) qui descend de la nète à l'hypate 4. Ce dispositif, qui rappelle celui des instruments à cordes d'inégale longueur de type asiatique (trigone, magadis, etc.), a probablement été adopté pour alléger des instruments dont les dimensions étaientdevenues plus grandes ou la matière plus lourde qu'à l'époque antérieure; peut-être aussi s'était-on aperçu que les gros bouchons de cire fondaient à la chaleur et désaccordaient l'instrument. Pour accorder la syrinx du nouveau modèle en roseau, on procédait probablement comme pour la syrinx rectangulaire, puis on coupait toute la partie du tuyau occupée par le bouchon, sauf un mince opercule 6. Quand l'instrument était en bois ou en métal, la longueur des canaux à forer était déterminée par le calcul ou le tâtonnement; on pouvait corriger l'incertitude du résultat en introduisant après coup dans les tuyaux trop longs des graines ou du plomb, comme font les joueurs de naïou roumains. A côté de ces deux formes vraiment typiques, on peut signaler des formes bâtardes ou irrégulières: 1° Dispositif en paliers : les extrémités inférieures des tuyaux dessinent une succession de plans en retrait comportant chacun un ou plusieurs tuyaux de même longueur (type de Sainte-Colombe) (fig. 6706) ". 2° La syrinx commence comme une aile d'oiseau et finit (aux tuyaux les plus longs) comme une syrinx rectangulaire (type de la syrinx gallo-romaine, fig. 6907) s 3° Rectangle terminé par une sorte d'éperon ou de bec où viennent se loger les extrémités des plus longs tuyaux (type du groupe Pan-Daphnis de Naples, fig. 6708) a; peut-être cette apparence est-elle due à une fracture et y avait-il simplement deux paliers. La syrinx se compose, nous l'avons dit, de tuyaux fermés ; or, l'on sait que les tuyaux de ce genre sonnent l'octave aiguë du tuyau ouvert de mème longueur. Néanmoins, la syrinx avait, en général, une tessiture fort élevée, en raison de la petitesse de l'instrument 10, ainsi qu'un timbre perçant". La hauteur absolue de chaque son est donnée par la formule : n =4 où n représente le nombre de vibrations complètes à la seconde, v la vitessse du son (environ 340 mètres à la seconde), l la longueur du tuyau. Pour la syrinx d'Alésia, dont les tuyaux ont de 17 à 31 millimètres, on obtient ainsi approximati vement la gamme mi bémol 6 à mi bémol 6, placée immédiatement au-dessus de la limite supérieure d'une voix de soprano. Nos flûtes de chevrier ont à peu près le mème diapason. Les petites syringes de 7 ou 8 tuyaux embrassent l'étendue d'une octave, et les intervalles en sont probablement ceuxde la gamme diatonique, selon le mode du pays. Quant aux syringes de plus de 8 tuyaux, on s'est demandé si les notes supplémentaires servaient à insérer des intervalles chromatiques ou à étendre l'amplitude de la mélodie; l'analogie de la lyre nous incline vers la seconde opinion. SYR 1599 SYR On jouait de l'instrument assis ou debout, en le tenant verticalement ou obliquement' des deux mains, appliqué contre la lèvre inférieure.Sur plusieurs monuments on voit les tuyaux les plus longs (c'est-à-dire donnant les sons les plus graves) à la droite de l'exécutante, contrairement à l'usage moderne qui, dans les orgues et instruments semblables, veut que les sons graves soient toujours à gauche. La face interne était parfois légèrement concave, pour s'adapter à la forme de la lèvre Le jeu de la syrinx consistait surtout en gammes ascendantes ou descendantes, sortes d'arpèges, obtenus en promenant la bouche d'un mouvement rapide successivement sur toutes les embouchures Mais des artistes habiles savaient aussi sauter d'un trou à un autre, assez éloigné du premier, et exécuter ainsi des dessins mélodiques plus variés 6. Aristote parle de « l'art des syringes n qu'il place d'ailleurs après le jeu de la cithare et de l'autos'. Dans un autre texte', il signale l'impression de solitude (ipri19(a) que produisait le chant de la syrinx, et qu'il attribue à son acuité : n'est-ce pas plutôt le résultat d'une involontaire association d'idées ? En tout cas, tenons pour certain que de chaque tuyau l'exécutant ne tirait qu'un son unique, le son premier et fondamental, car les tuyaux bouchés ne font pas entendre d'harmoniquess. Rien ne prouve non plus que les Grecs aient su, comme les Roumains actuels, abaisser d'un quart de ton ou d'un demi-ton tous les sons en couvrant l'orifice davantage et en relevant le plan de l'instruments. D'origine rustique, d'emploi pastoral et cela dès les temps homériques f0, la syrinx a conservé pendant toute l'antiquité ce caractère " : elle charme les loisirs des bergers, réveille ou endort les troupeaux, hypnotise dit-on, les cerfs eux-mêmes '2. Si le Socrate de Platon, qui proscrit de sa république tous les instruments à vent, fait exception en faveur de la syrinx, c'est pour les bergers seulement 13. Toutefois, en dehors de cette sphère traditionnelle, la syrinx trouve quelques applications : elle règle des danses populaires 16, figure dans certaines processions très anciennes 15, s'introduit dans des pompes dionysiaques 16, tient mème sa place dans certains festins''. Nous venons de voir qu'elle a eu ses virtuoses, qui n'étaient pas tous des bergers ' 8. Dans la Grèce d'Europe, le pays par excellence des bergers est l'Arcadie : aussi est-ce de ce canton qu'on disait la syrinx originaire, et elle figure comme emblème national sur les monnaies frappées dans l'Arcadie à la plus glorieuse époque de son histoire. Le grand dieu arcadien Pan est le cuptx''ilç par excellence 19. Il n'est presque jamais représenté sans cet accessoire 20; on croit l'entendre en jouer dans la grotte de l'Acropole, sur le Ménale 21 ; on lui en attribue l'invention n, quoique d'autres récits en fassent honneur à Silène ou à Marsyas 23, ou encore à Hermès 26 ou à Cybèle 26. Une légende, d'origine sans doute érudite, fait de Syrinx une nymphe, fille du fleuve arcadien Ladon : poursuivie par le dieu Pan, elle échappe à son étreinte en se muant en roseau; le dieu se console en taillant sept tiges de l'arbuste qu'il relie avec de la cire ; la flûte de Pan est créée 26. Une monnaie en bronze de Thelpousa (Arcadie`, du temps de Septime Sévère, représente ce mythe gra. cieux 27. D'après certaines versions, l'invention aurait eu lieu à l'endroit dit NUÀtELI près de Lycosoura, où s'élevait un sanctuaire du dieu 28. Du dieu Pan, l'usage de la syrinx passa, dans l'art et la poésie, aux Panisques et Panines, qui sont comme la monnaie du grand dieu-bouc arcadien ; puis aux Satyres et aux Silènes, purement dionysiaques à l'origine, mais que l'époque alexandrine revêtit d'un caractère champêtre et bucolique 2s. Daphnis, élève et amant de Pan, symbolise le berger sicilien, aussi épris de la syrinx que son confrère d'Arcadie 30. Plusieurs autres divinités ou demi-dieux sont représentés avec cet instrument. Nous avons déjà. mentionné Marsyas 31, Hermès 32, Cybèle. Ajoutons, sans prétendre épuiser la liste, Apollon'', Attys ", Cadmus 35, Argus 3 6, le cyclope Polyphème 3", les Sirènes 38, les Griîces 39, les Amours le Il. A côté de la syrinx polycalame que nous venons d'étudier, et qu'il faut généralement entendre lorsqu'il est question de la syrinx tout court 6f, on désignait également sous le nom de syrinx (avec l'épithète distinctive monocalame) 42 ou encore de iynx b3, un flageolet composé d'un seul tuyau, percé de trous latéraux, dont SYR 1600 SYS l'exécutant débouchait tantôt l'un, tantôt l'autre de manière à obtenir un son plus ou moins aigu. Cet instrument qui, d'après certain textes, serait plus ancien que la syrinx polycalame', se rapproche par son aspect extérieur et notamment par l'évasement de son bout inférieur 2, qui paraît avoir été ouvert, du monaulos et même de l'aulos double avec lequel on l'a souvent confondu'. Il se distingue de l'aulos par l'absence d'une embouchure spéciale ' munie d'une anche battante : on l'insuffle directement par une ouverture biseautée ', comme la flûte de Pan. Son étendue normale est d'une octave sa matière ordinaire le roseau. Il doit avoir été en usage spécialement chez les barbares du Nord, à en juger par la tradition qui en attribue l'invention à deux héros maediques III. Enfin on appelait encore o:ptyç, en raison de saressemblance avec la syrinx (polycalame), un appareil spécial, de nature obscure, adapté à l'aulos perfectionné et dont nous parlerons à propos de cet instrument [TIBIA]. traînant jusqu'à terre'. C'était le costume spécial et caractéristique des tragédiens [HISTRIO] ; à tel point que le mot syrma, chez les poètes latins, désigne parfois par métonymie la tragédie elle-même Non pas que ce vêtement ne pût être, à l'occasion, porté par les comédiens. Mais le grammarien latin Donat, qui le mentionne parmi les pièces du vestiaire comique, laisse entendre, toutefois, que l'adoption du syrnza dans la comédie datait d'une époque tardive, où le luxe avait envahi la scène'. De plus, il parait y avoir été uniquement réservé à certains rôles exceptionnels d'essence tragique, dieux, héros, rois, ou aux personnes en deuil'. S'autorisant d'un témoignage, à la vérité peu explicite, de Pollux M. Albert Müller a cru que le syrma était un costume exclusivement féminin'. C'est là, certainement, une erreur; les poètes latins, en effet, attribuent le syrma à Bacchus et à Thyeste aussi bien u'à Antigone 8. Quant à la question, jadis discutée, de savoir si le syrma était un chiton ou un manteau', certaines peintures pompéiennes (fig.6710)10 permettent aujourd'hui de la trancher dans le premier sens. Mais les textes eux-mêmes sont décisifs : le syrtos y est maintes Autre problème: le syrma était-il un chiton de coupe spéciale, ou bien ce nom désigne-t-il simplement le chiton talaire, porté, par exception, sans ceinture? Cette seconde opinion, défendue par Becker '2, paraît peu soutenable. Le chiton talaire, sans ceinture, porte en grec le nom de zt-wv ôoOoc'7 ltoç; or, comme l'orthostadios et le syrtos sont, dans plusieurs textes, opposés l'un à l'autre '3, il faut bien que ce dernier ait été autre chose. En réalité, le syrma ou syrtos était une tunique d'apparat, plus longue par derrière que la personne qui la portait, ce qu'on appelle chez nous une «robe à queue ». Le terme syrma, pris dans un sens plus étroit, semble avoir été aussi le nom de cette queue ou traîne 'I. La longue robe traînante, en grandissant la taille des acteurs, leur prêtait plus de majesté : c'est pourquoi elle avait été adoptée pour les héros de tragédie. Elle était généralement de couleur pourpre, symbole de la puissance souveraine''. Chez les personnes en deuil, le syrma avait toutefois une autre signification16 : il était le signe de la mise négligée qui, dans les idées des anciens, convenait à la douleur (syrmata in lurtuosis personés incuriam sui per negligentiam significant) 17. En ce cas, la couleur n'était plus pourpre, mais noirefe. O. N.avARRE.