CABEI[AA. Au sens large, cabane, échoppe,
raque, loge de gardien', chaumière, humble habi!ion2. Les anciens discutaient l'origine du mot : non
eo quod tabulis clauditur, dit Ulpien 3; quod ex iabulis olim reliant, confirme Festus'. Ces modestes pnstrucLion s
le boisy chez les Grecs, l'appelaient
C0./, r,; 1xx),ii s, xx),!zç ',3_ra),(
e ou encore
x7wii 9 [TABER
Taberna, de
conne heure, désigna plus spécialement une boutique, in magasin de vente, parce que très longtemps le )etit négoce se contenta d'échoppes étroites faites de Manches, faciles à démonter et transporter. La même
re se retrouve pas dans âr.OOixri10, xx7t-q),sïuv
,do/sïw, qui sont pourtant les synonymes les moins nexacts 12; les deux derniers ont surtout le sens d'hô"erh . Pour tout ce qui concerne les auberges et eaba
et l'industrie mal famée des tabernarii qui les
-filaient, nous renvoyons au mot cAUPONA.
ir les boutiques servant à la vente, les Grecs, en
avaient pas de term,e général et précisaient plus
'rs e C-a particulier dont il s'agissait : f,utw)siov, librairie; z.pew7:aiatov, boucherie, etc. Les ins, eux, ajoutaient à taberna un qu ,lificatif 'oria, vinaria, libraria, argentaria, etc.
vu [MERCATOn, p. 1734] qu'en Grçcr
;ncore, il y avait b'
ces colpnrteurs1
Ive siècle apparaissent les QTOai [POBTicus[ 1l'État : ainsi à Magnésie du Méandre'", à Prièl
pièces ménagées dans les halles du marché ne s pas toutes, ni constamment, de locaux pour les au municipales ; on les affectait aussi au commer existe encore au Céramique d'Athènes, à l'extrémit portique d'Attale (fig. 6721), vingt et une boutiques faisant suite en une même ligne ; elles ne sont éclairée que par une lucarne, et il faut admettre qu'elles servaient seulement à renfermer des marchandises qui, dans la journée, étaient étalées au dehors'.
Il semble qu'on doive descendre assez bas dans la période hellénistique pour trouver en nombre de petits comptoirs à demeure et indépendants des bâtiments publics. Nous sommes sur ce point renseignés depuis peu par les nouvelles fouilles de Délos". Cette fois, il s'agit de magasins sur rues; on observe, « au long des façades, la présence très fréquente de pièces d'une pelilq superficie, dont la largeur varie d'ordinaire entre 3 mètres et 4 m. 50 et dont la profondeur ne dépasse pas 4 mètres. Elles sont irrégulièrement rectangulaires, largement ouvertes sur la rue principale, sans communication entre elles, complètement isolées par derrière de la maison où elles sont enclavées, quelquefois, bien que rarement, doublées d'une arri èrechambre. Les murs, souvent creusés de niches, n'ont pas revu de décoration, mais sont couverts seulement d'un enduit grossier, fait d'un stuc blanchâtre »17. L'établissement de boutiques au-devant des maisons obligeait le constructeur à repousser au second plan les locaux d'habitation, où l'on n'accédait de la rue que par un couloir. La «rue du Théâtre » est toute bordée de ces magasins, aujourd'hui ruinés; on ne voitplus guère queles seuils, en schiste ou en marbre, assez élevés par endroits pour qu'on ait dû y accéder par des marches ; ailleurs les marches sont à l'intérieur, et l'on descend par elles dans les chambres, qui sont en contre-bas ; ces différences de niveau atteignent parfois jusqu'à 0 m. 60. Presque toutes les portes ouvrent sur le dedans et se ferment par un verrou vertical, qu'on insérait dans un trou ménagé au milieu de la feuillure du seuil; la plupart avaient deux vans aux ; un seul, le plus souvent, restait ouvert, comme nique l'usure inégale du seuil. Dans les baies étroites, Qmsiblem,tnt moins large
à.
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que l'autre; dans les plus spacieuses, l'un des deux vantaux était formé de barreaux qui se repliaient. Dans le bas de la rue, certaines boutiques ont un seuil extrêmement large; les deux vantaux ouverts, on défendait l'accès du magasin par des barrières mobiles ; des trous, régulièrement espacés dans le seuil, ont dû recevoir les barreaux de grilles. On a, dans certains cas, relevé des traces d'escaliers et de soupentes étroites et profondes, pouvant servir au dépôt des marchandises ou au logement d'un gardien. Dans d'autres, il n'y avait pas d'étage supérieur. La construction était surmontée, soit par une terrasse, soit par un toit à rampants. Dans cette rue, la plupart des boutiques sont indépendantes, au lieu de faire partie intégrante de l'habitation 1. Les façades, en plus des enseignes, devaient offrir aux yeux la représentation d'hermès, dieu du commerce, ou des préservatifs, apotropaia [AMPLETUM, p. 256], des emblèmes phalliques; beaucoup ont été retrouvés dans l'île °-.
Ces ruines remontent dans l'ensemble aux n° et ter siècles av. J.-C.'. On y a ramené au jour toutes sortes d'objets d'usage général, comme poteries, réchauds, moulins, cr,zo')wxtix 4. Ici, on croit pouvoir signaler un débit d'articles d'ivoire; là, dans la maison de Kerdon, devait être l'atelier d'un sculpteur 5. Près du port, des commerçants, bien qu'avant chacun sa salle distincte, semblent groupés d'après l'objet commun de leur négoce'. Mais ces constructions sont d'une époque où la vie économique de Délos va changer : le commerce local de détail cède la place au commerce de transit, et les boutiques des petits marchands aux docks des grands entrepositaires'.
A Priène également, il y avait des magasins dans toutes les rues principales', surtout dans le voisinage de l'agora; les fouilles en ont mis plus de soixante à découvert, mais seulement dans leur partie inférieure. L'un d'eux toutefois avait gardé entièrement sa porte9, qui suffisait à l'éclairer bien que n'ayant point toute la largeur de la boutique ; aucune trace de fenêtres ; et dans un cas unique on a constaté l'existence d'un étage supérieur. Comme à Délos, nulle communication avec le reste de la maison, et en général une seule pièce par magasin ; de rares salles latérales indiquent que la boutique de vente servait en outre d'atelier (ÉOyac-c-iiptov).
Cette exiguïté ne nous aide guère à comprendre un usage, peu en honneur d'abord 10, mais qui se généralisa plus Lard et qui s'est conservé dans ces pays jusqu'à nos jours, celui de fréquenter les boutiques à certaines heures, non pour acheter, mais pour causer, apprendre les dernières nouvelles. Les auteurs citent les magasins des barbiers 11, parfumeurs, et aussi ceux des cordonniers, bourreliers, marchands de fromages '2.
Le inonde romain ne nous offre rien de très différent du monde grec : la tradition rappelait que la ffome des rois avait déjà connu les échoppes de planches" ; le nom de taberna demeura pour les installations plus
confortables. Nous trouvons aussi [MACELLUM, FORUM, p. 1295j en Italie et dans les pays romanisés de grandes areae entourées de porti
ques sous lesquels s'ouvraient des magasins (fig. 187, 4437-4739, 6726), et en second lieu des boutiques engagées dans des maisons, comme celles qui subsistent à Rome et à Pompéi (fig. 6722; cf. 2515)14, bordant les rues principales et, avec divers logements, formant une INSOLA. D'habitude, les inscriptions le montrent'', des commerces de toutes sortes se rencontraient sur une même voie i6; une
partie des rues étaient dénommées d'après les affaires qui yavaient prépondérance, tellevicussandaliarias SOLFA]; la division du travail rapprochait les diverses branches d'une même
industrie ". La Voie Sacrée, à Rome, présentait au passant des marchandi
ses de luxe. Parfois le propriétaire de la maison utilisait luimêmelabou
tique; alors celle-ci communiquait avec les appartements; sinon elle n'avait qu'une entrée sur la rue, mais, comme pour bien des ma
gasins d'aujourd'hui, il arrivait qu'elle eût dans sa dépendance un logement oit l'on montait par un escalier inté
c nui].
Des rideaux de toile ombrageaien t la devanture, couverts de
peintures, d'annonces et de réclames19; des enseignes [siGNunl, p. 13321 étaient appliquées sur la façade, ou faisaient saillie, pour être vues de loin 20. Le magasin lui
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même débordait volontiers sur l'alignement, se faisait envahissant et entravait la circulation'. Rome n'était plus qu'une magna taberna °, quand Domitien finit par réprimer cet abus. Un bas-relief du Vatican (fig. 6723) ' représente un marchand à son comptoir, ayant près de lui un objet dans lequel on peut reconnaître, soit un encrier où trempe le calamus, soit un mortier avec son pilon ; il est assis sous une sorte de toit à double rampant, qui l'abrite ; on peut donc considérer l'endroit où il se tient comme le devant de la taberna, et les amphores placées devant lui
comme s'étendant au loin sur la voie publique. Au dedans, la boutique était garnie de tablettes et de casiers pour les mar
chandises, rangées de manière àétre d'un accès facile, comme on le voit (fig. 6724) dans un autre bas-relief de Itome4.Une balance est à portée de la main (cf. fig. 919).
On a retrouvé en Italie, notamment à Pompéi, nombre de magasins plus vastes que ceux qui apparaissent dans les ruines
d'Asie Mineure Beaucoup ont, devant la porte, une table maçonnée (fig. 6725) portant des marchandises exposées en devanture', et cette table était recouverte de stuc peint, de dalles de marbre, ou de morceaux de mosaïques.
On a des échantillons complets du mode de fermeture 7 : dans le seuil, et probablement en outre dans le linteau de la porte, était ménagée une gouttière où l'on faisait glisser de côté une armature de planches étroites qui, par leurs extrémités, mordaient les unes sur les autres; dans la dernière venait s'engager la porte, et tout se maintenait très solidement, en complète immobilité (fig. 6726). De plus, même aux heures d'ouverture, certains comptoirs avaient besoin d'une protection spéciale; ainsi
ceux des argentarii étaient grillagés (fig. 494-495). Bien entendu, les dispositions de détail, qui faisaient que telle taberna était vraiment instrucla et ornata 6, dépendaient du trafic auquel elle s'adaptait, et nous ne pouvons que renvoyer aux articles qui traitent des différents métiers. A en juger par les incomplètes images qui nous ont été conservées, le mobilier y était assez pauvre et restreint
IuLs, etc.] ; des tables, des rayons pour les marchandises, des tringles pour celles qui pouvaient être suspendues, des bancs plus ou moins élégants pour les acheLeurs, étaient tout le luxe du commerce, non seulement de celui qui s'exercait (fig. 6727) sous les galeries des places publiques, ou sous les arcades du cirque, mais aussi dans des intérieurs où,
d'après les monuments (fig. 6728), les visiteurs semblent de plus haut rang10
Dans les moments de troubles civils et dans les deuils publics, les tabernae restaient closes" ; en revanche, elles
TAB li TAB
étaient illuminées et'ornées de bannières lors des grandes fêtes, par exemple en l'honneur de la maison impériale'.
il existait à Rome, au Ive siècle, un corpus tabernariorum, divisé en pedaturae 2; peut-être comprenait-il tous les genres de boutiquiers ; pourtant une inscription3 nomme des tabernarii au milieu des représentants de plusieurs professions, et ceux-là sont sans doute des tenanciers de tavernes, au sens français du mot, locataires d'une taberna diversoria ou meritoria
Nous connaissons peu l'habitation des Byzantins, plus mal encore les locaux de leur monde d'affaires. En Syrie, aux ve-vIe siècles, il devait opérer en majeure part sous les portiques bordant les rues, et d'ordinaire isolés des maisons. La mosaïque de Madaba nous représente sous cet aspect les grandes artères de Palestine, et les textes celles de Constantinople. Cet usage dut se répandre de là autour de toute la Méditerranée 5.
En dehors des villes, les boutiques étaient forcément plus rares on rencontrait surtout des hôtelleries pour voyageurs ;CAUPONA]; mais il faut signaler l'importance toute spéciale du petit commerce dans l'entourage de l'élément militaire ; des mercantis de toutes variétés, pourvus de baraques volantes, suivaient les campements [CANABA] ; d'autres s'installaient à poste fixe le long des voies, établis là pour la subsistance des troupes, par les soins de l'État ou même des municipalités [CO3S:IIEATus] '. Quelques-uns de ces groupements d'échoppes servaient à désigner des ntulationes; ainsi les Tres Tabernae de Cisalpine 8, entre Plaisance et Milan ; celles d'Ombrie, entre Milan et Rome ; celles du Latium, sur la voie Appienne 10; d'Illyrie, sur la voie Egnatienne ". En Maurétanie Tingitane, la A'otitia dignitatu/n mentionne : Trib. co/t. III Asturum Tabernas 72
Plusieurs enfin de ces petits marchés se sont étendus et, unis aux baraquements des troupes, sont devenus des villes, dont les noms modernes, dérivés de taberna, rappellent nettement l'origine 13. V. Cu .u'oT.