Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TALEA

TALER 1. Émondes, bois provenant de la taille 2 des arbres'. Primitivement ce mot désigne des tronçons droits, non ramifiés' de rameaux ou de tiges, récoltés plutôt par tonte que par élagage, coupés à leurs deux bouts 3, de grosseur égale aux deux extrémités mesurant 25 à 90 centimètres de longueur ° et 3 à 6 d'épaisseur'. On les employait à différents usages : 1. I'lançon, bouture tronquée. Tronçons de Liges, moins gros que les clavae°, doit leur surnom de ciavolae 10, se développant par les bourgeons axillaires puisque en les étêtant on coupait toute la partie supérieure portant le bourgeon terminal, le OqUaiov, 6z)Eta, 003iix. On les employait comme boutures, per surculos pour la reproduction des oliviers12, saules" myrtes 14 mûriers', citronniers 1h, etc. II. Piquet, échalas de bois refendu ou charnier. Columelle" conseille avec raison de refendre dans leur longueur, en deux ou quatre, les taleae de chàtaigniers pour en faire des échalas séchant plus vite et se conservant mieux que les peysseaux ronds. 111. Pieu, long d'un pied", dans lequel on enfonçait le fer du STIMULUS (fig. 6639) n. IV. Parpaing 'de bois, traverse équarrie d'olivier posée horizontalement à différentes hauteurs dans la largeur même des murailles fortifiées, fondations, gros TAL 22 TAL murs construits en petit appareil' [STRUCTURA, fig. 6666, 6667]. L'usage de ces parpaings, connu des fondateurs de Troie 2, existe encore en Anatolie3, et a pour but unique' d'assurer la solidité de la construction : 1° en empêchant le mur de faire ventre sous l'action de la pression verticale car alors se produisent « deux ruptures successives, l'une par arrachement, l'autre par cisaillements » et la partie supérieure du mur glisse sur l'inférieure; 2° en donnant plus de résistance aux remparts qui ont tendance à se renverser par rotation sous la pression horizontale du bélier'. Les Achéens', comme les Gaulois 9, préférèrent employer de longues poutres 10 couchées horizontalement dans la longueur de la muraille et faisant parement sur le côté extérieur de l'édifice. Les Hellènes, principalement en Attique, revinrent au système des parpaings transversaux ; mais au lieu (le les faire en bois, ils se servirent soit de colonnes couchées, quand le temps pressait ", soit, dans les oeuvres d'art, de pierres équarries 12 (fig. 5194) faisant parement sur les deux faces du mur, ôtxrovot 13. Quant aux Romains, s'inspirant des circonstances, ils conservèrent les parpaings de bois " passés au feu, ustilatae", ou les remplacèrent tantôt par des chaînes horizontales de colonnes couchées, surtout dans les parties basses des remparts 'G, tantôt par des assises transversales de larges briques" ayant jusqu'à 66 centimètres de côté dans certains édifices 13. V. Barre de fer. Jules César appelle laleae'3 les tiges en fer dont se servaient les Bretons pour leur commerce d'échange, pro nummo 2°. Ces fers de traite étaient d'un poids déterminé, constant21, qui, pour les exemplaires connus, paraît être celui d'une livre de 309 grammes 22 ou d'un de ses multiples 23 ou sous-multiples 2'. La plupart de ces barres ayant été trouvées en amas, parfois considérables 2', au centre de camps retranchés 26, on les confondit avec des épées27 ou des hastes2" dont elles se distinguent par leur extrémité arrondie, une section rectangulaire, des bords non tranchants, droits, verti eaux, quisontlé gèrement étranglés près du manche (fig. 6732) 23. M. R. Smith forma ces monuments en une nouvelle série archéologique dont les formes primitives devaient être, disait-il, de provenance méditerranéenne 30 et auraient eu pour prototypes les broches en fer découvertes dans l'angle N.-O. des substructions de l'Héraion d'Argos31. Les types intermédiaires à sérier entre les taleaebretonnes, dont la longueur varie de 527 à 844 millimètres 32 et les 180 i, C)i%axot argiens, primais veinent longues de t 2 décimètres 33, ont été retrouvés par M. J. Déchelette qui décrivit de longues broches en fer découvertes dans la Saône à Chalon 34 et montra qu'elles sont identiques à ces broches de cuisine dont les Gaulois 35 empruntèrent l'usage, entre 36 376 et 270, aux Étrusques 37; ceux-ci l'avaient reçu des Grecs vers le vine siècle comme le prouve le mobilier d'une tombe de Narce, près ['alexies 38. Tous ces ustensiles de cuisine toscans oit celtiques sont à section rectangulaire comme les broches d'Argos'0; leur longueur varie de 562 milli mètres" à 14 décimètres" ; mais leur caractéristique est d'être réunis en faisceau par plusieurs coulants métalliquesd3 et d'être suspendus à l'axe d'une même poignée". Dans les sépultures sénonaises de Montefortino, la plupart des faisceaux étant de six broches (fig. 6733)'°, comme TAL 23 TA L l'était le faisceau étrusque décrit par Caylus ' et comme le fut primitivement celui du musée de Rouen 2, M. Décilelette reconnut qu'on avait dans ces jeux de six broches des drachmes de six oboles sous leur forme primitive »3. Cette découverte, confirmant l'hypothèse de M. Babelon sur l'origine de la drachme et de l'obole monétaire [oBOLUS, p. 110 A], montre que opayp.;, dont la forme ôpayp.-ii se retrouve sur des rnédailles4, n'est qu'un doublet de l'homérique oi' o , nianipulus, gerbe, faisceau, et non un synonyme ou dérivé du ôpxy alexandrin 6, puyillus, « tout ce qui peut tenir dans la main » 7 ; elle nous fait comprendre aussi que le zs;.i.7.woov 8 n'était pas un instrument', mais un faisceau de cinq broches. Si les Achéens faisaient leurs paquets de cinq oboles et non de six à l'époque où ils troquaient leurs fers contre du vin de Ténédos 7D ou du cuivre chypriote ", c'est que n'ayant pas encore complètement adopté le système sexagésimal, ils avaient conservé l'ancienne numération décimale 12, ou mieux quinaire'', dans leurs relations commerciales. Aucun de ces faits ne vient infirmer 14 les témoignages anciens' sur le rôle classique de Pheidon [LA'rrHES, p. 965 A]. Loin d'avoir, comme Numa1f, essayé d'intr'oduire le troc du fer en barres dans ses États, le roi d'Argos fut le premier qui chercha à l'abolir et à le remplacer par l'usage légal de la monnaie17. Les Spartiates furent les derniers 18, en Grèce, à continuer la coutume achéenne et s'ils n'y renoncèrent qu'après les Romains [As, p. 456 Al, les Celtes" et moins de trois siècles avant les Bretons, ce fut par politique20, car ils auraient pu convertir leurs lingots commerciaux en monnaies légales de fer21 et émettre des ctôzoeot 22 lenticulaires à l'exemple d'Argos et de Tégée". SORI.fü' DOBIGNY.