Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ANTEFIXA

ANTEFIXA, Antéfixe. Les édifices étaient couverts, A-NT =286 AN chez les Grecs et chez les Romains, de tuiles plates en terre cuite ou en marbre (teyulae, c(Mà5ves), dont les jonctions, qui suivaient la pente de la toiture, étaient recouvertes par d'autres tuiles à double égout ou convexes (imbrices, x«),uzr1,pas). A l'extrémité des rangs d'imbrices étaient ajustés, au moyen d'une languette entrant sous le dernier imbrex, les ornements que les Grecs appelaient xaauii pzs âv@,µ(stop, et les Latins ante/ixa ou ilnbricesextremi, frontati. Festusdéfinit l'antéfixe un ouvrage en terre cuite, que l'on attache au toit sous la chute d'eau (sub slitlicidio) 2etl'on voit dans TiteLive qu'une statue de la Victoire placée au sommet du temple de la Concorde, à Rome, étant venue à tomber, fut retenue par les Victoires (lui étaient ainsi placées en antéfixes'. Selon Pline, Dibutade de Sicyone fut le premier qui plaça des masques (personae) sur le bord des toits : il les nomma protypa : ensuite, ajoute le même auteur, il fit les ectypa °. 11 est probable que par la première expression Pline veut dire que l'antéfixe, qui fut d'abord faite en terre cuite, était modelée à lamain, etparla seconde, qu'elle était le résultatd'un moulage permettant d'en tirer de nombreux exemplaires. On a trouvé et on conserve à Athènes des ectypa en terre cuite coloriée, provenant du premier temple de Minerve incendié par les Perses'. Sous Périclès, ce temple fut réédifié, sa couverture fut de marbre et les antéfixes furent ornées de palmettes sculptées°. Les antéfixes, en général, se trouvaient à l'extrémité de toutes les files d'isnbrices, comme au temple de Thémis'; quelquefois elles étaient placées de telle sorte que de deux files voisines une seule en était ornée, ainsi qu'on peut le remarquer au temple de Diane Propylée à Éleusis'. Des antéfixes ornèrent aussi le sommet des toits. Pline nous dit que des ectypa vinrent les ornements des faîtages des temples °. Ces antéfixes liaient les imbrices des deux pentes et étaient sculptées sur les deux faces : celles du temple de Némésis en fournissent un exemple (fig. 330)',,. Les antéfixes eu marbre offraient parfois simplement une silhouette contournée et une surface lisse sur laquelle était peint quelque ornement : ii a été trouvé aux propylées d'Eleusis une antéfixe dont la peinture, presqu'entièrement effacée, a laissé suffisamment de traces pour permettre d'affirmer l'existence d'un dessin colorié. Une autre semblable, c'est-à-dire à face lisse, appartient à la pinacothèque de l'acropole d'Athènes; elle est sans trace de peinture; mais par son contour on peut juger que sans aucun doute elle était ornée de la même manière. Des masques, des feuilles et des palmettes formaient les types des antéfixes grecques, dont nous donnons (fig. 331) un exemple appartenant au temple de Diane Propylée à Éleusis ". Aux extrémités et au sommet des frontons, quand il n'y avait ni vases ni statues, on plaçait quelquefois des ornements semblables; une moitié de l'antéfixe décorant à l'angle la face principale, et l'autre moitié se retournant d'équerre suivant la face principale 14. Ces sortes d'antéfixes étaient plus fréquentes sur les tombeaux que sur les temples. Les Étrusques ont fait usage d'antéfixes en terre cuite, presque toujours coloriées : il en existe encore un grand nombre, que l'on peut étudier particulièrement aux musées du Louvre ( fig. 332), de Pérouse et de Naples.C'est surtout des urnes cinéraires étrusques, où sont imités des édifices, que l'on en déduit l'application dans la dé coration des monuments. L'une de ces urnes (fig. 333), ANT 287 ANT du musée de Florence t3, est ici reproduite ; nous en citerons encore une autre, découverte dans un tombeau de Bomarzo et décorée d'antéfixes à l'extrémité des rangées d'imbriees 14. Les Romains prirent aux Étrusques ce genre de décoration. La figure 3311 présente un ensemble perspectif de tuiles, d'imbrices et d'antéfixes formant la couverture d'un toit conservé à Ostie''. Des fleurs, des fruits, des masques, des feuilles diverses, des vases, des aigles, des tètes d'animaux, des figures entières ou même des groupes ornent la face (les nombreuses antéfixes romaines qu'on possède encore. Il est probable que, du temps de Caton, les antéfixes romaines avaient souvent un caractère religieux, puisque le rigide censeur se plaignait de l'admiration et des louanges des Romains pour les ornements d'Athènes et de Corinthe, tandis qu'il les voyait rire des antéfixes en terre cuite de leurs dieux 10, Une antéfixe trouvée à Rome représente Cybèle dans un vaisseau, entre deux lions. Le portique d'Octavie a conservé des antéfixes où sont représentés des aigles''. D'autres, comme celles qu'onvoi tici, l'une (fig. 335), décorée d'une tête de femme coiffée d'un diadème et d'un voile 18, l'autre (fig. 336), en forme de masque grotesque 79, servaient à la fois d'ornement et de gouttière. Les sarcophages romains faits à l'imitation de monuments étaient, comme chez les Étrusques, ornés d'antéfixes : beaucoup de musées en possèdent des exemples. Les antéfixes sur le faîtage des toits durent être fort en usage chez les Romains, quoiqu'il n'en ait été découvert que de rares exemples. Quelques archéologues ont donné le nom d'antéfixes à des bas reliefs en terre cuite dispo és en frises dans les temples ou dans les habitations, et fixés par des clous dont des trous circulaires indiquent la place '-e. On peut voir au musée du Louvre de nombreux spécimens tle ces basreliefs [zoruoausI. C. T1nEtalY.