Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

TEXTRINUM

TEXTRINUM (Art du tissu, travail du tisserand. 1. La technique du tissage. La connaissance précise et détaillée de cette technique chez les anciens nous fait défaut; aucun auteur ancien ne l'a décrite; on a seulement des allusions, nombreuses sans doute, mais peu claires et très brèves, quelquefois présentées sous une forme poétique; les écrivains de basse époque, les lexicographes en particulier, ont défini certains termes du métier, mais sans connaissance personnelle du sujet, comme le montrent leurs contradictions fréquentes..ll semble même que les expressions techniques aient eu un sens un peu flottant, ou qui varia avec les époques et selon les régions. Pour les philologues la question offrira toujours de sérieuses difficultés; en revanche, si l'on se contente d'une vue générale, il est facile de l'obtenir. Ce n'est pas que les monuments figurés nous y aident ; les représentations du métier à tisser grec ou romain sont très rares, de dimensions réduites et, pour ce motif au moins, purement schématiques 1. On s'est donc reporté aux usages des peuples de civilisation attardée, dont l'adresse s'accommode encore d'instruments primitifs ; on a observé les métiers indien, arabe, turc, islandais, et tenté de reconstituer, d'après les auteurs et les échantillons d'étoffes conservés, les métiers des anciens 2. Les chances d'erreurs sont faibles, parce qu'aujourd'hui encore le travail à bras (seul possible pour les contextures compliquées et les tissus délicats qui ne supporteraient pas le travail des machines) se fonde sur une combinaison d'éléments extrêmement simples, et que chacun parait bien avoir eu dès l'antiquité son équivalent Tisser se disait ûtpxivety ou infxhEcODu parfois 4âv atç) 2, l'art du tisserand; le tissu même ;t?xsu.x 10 ou, en poésie, (J prl, i px 11 ; l'ouvrier ûsâv't ç 12 et l'ouvrière i &vTptfl. 13, ûpxvTpiç 1'`. A Rome, texere'°, d'où textura, tissage1e ou tissu 17 ; textrinum, travail" ou atelier 19 textrina (ars 20 ou taberna 21), textile 22 ou textum23 pour le tissu ; lextor 2'' et textrix2° pour les artisans. D'autres termes généraux sont dérivés du nom du métier: ia^oup I Nitr, \.. ' t, TEX l'atelier (d'où ict v p/T)ç ou ieTâprrç, chef d'atelier de tissage 6) et isTdç même pour le tissu 7; ou du nom de tionnellement, le tisserand se nomme yep r6; 10 ou yEpBcoç ", gerdiusi2 ; ce terme, cependant, semble très répandu dans l'Égypte romaine 13, où peut-être l'atelier de tisserand s'appelait yipôtov 1 t. Le tissage est comme un tressage perfectionné ; le simple tressage a donc dû précéder". Dans les deux techniques, il s'agit d'entremêler des fils par un croisement assez serré pour que le tout forme une masse bien liée 16. Il est probable qu'à l'origine, à l'aide d'une aiguille, on faisait passer le même fil à travers la série des fils qui lui étaient perpendiculaires, tour à tour dessus et dessous, par alternance régulière, et en intervertissant le croisement quand, une longueur achevée, on arrivait à la suivante. C'est le système encore usité dans le métier à main pour tapisserie; on en voit un sur une peinture de vase qui représente les occupations du gynécée (fig. 3684) ; la femme qui y travaille écarte les fils avec les doigts. La lenteur de cette méthode n'était abrégée que lorsqu'on usait de fibres un peu grosses, comme pour la fabrication d'une natte". Déjà alors on trouvait sans doute expédient de dresser en hauteur la rangée des fils entre lesquels circulait l'aiguille; l'essentiel du métier était trouvé; il n'était plus besoin que d'un procédé pour isoler en une fois tous les fils pairs de tous les fils impairs. Le plus ancien métier à tisser est en effet le métier tionné dans les poèmes homériques, il est le seul qu'aient employé les premiers Romains 21. Le métier vertical, et lui seul, est représenté sur quelques monuments d'où nous partirons : ce sont d'abord les peintures murales égyptiennes de Thèbes et de Benillassan 22 ; un shyphos trouvé à Chiusi montrant Pénélope songeuse devant son travail interrompu (fig. 6844) 23; deux vases béotiens du ve siècle, où l'on voit Circé s'arrêtant de tisser pour offrir un breuvage à Ulysse (fig. 6846) 24 ; l'onos d'Athènes 2J. sur lequel sans doute il faut reconnaître, derrière la femme qui pose sur son genou l'E tivr,Tpov, la peinture très effritée d'un tisserand à la tâche 28 ; un bas-relief thessalien", au musée 'l'EX d'Athènes (2e moitié du ve siècle), mutilé et de dessin très schématique : Pénélope debout, navette en main, et tissant pendant le bain de pieds d'Ulysse"s; enfin une miniature (m1e siècle ap. 1.-C. ?) du Virgile du Vatica où, en manière de décor pittoresque , Circé est figurée devant son mé tier 30. Dans tous ces exemples, le bâti essentiel est formé de deux montants verticaux, et d'une solive transversale qui rattache leurs extrémités supérieures. Les premiers sont TE;" ; nous ignorons le nom de la seconde. Les iŒTd7ro'aç ne sont pas par tout assujettis de même ; dans les peintures égypt ennes, ils paraissent engagés dans une monture peu distincte; sur le vase de Chiusi, ils s'achèvent en une pointe fichée dansle sol, et dansla peinture du manuscrit ils s'emboîtent avec deux longues planchettes posées sur le terrain. De la traverse pendent les fils de la chaîne, rTi,iluOV33, stamen 34, à travers lesquels devront passer ceux de la trame, Fig. 6846. Pesons de tisserand. er1 bas-latin 5. Pour disposer le métier, icrbv Grrlcma0mi', on devait d'abord poser la série des fils de chaîne, auxquels l'ourdisseur, dans les ateliers d'aujourd'hui, donne une longueur désignée, par une sorte «de travail fiGnGTpopr)lôv 7, ce que les Grecs appelaient ôt l e.58xt s ou 7:GGpope rOat 9, mot ordiri 12 (ou exordiri 131 qui, finit par se spécialiser en ce sens. On espaçait les fils, pour obtenir une étoffe claire et légère, âcxtorTri(t.o;, (t.xVGGTrift.oçl; ; on les multi pliait et rapprochait pour une étoffe rude et forte, x2Tx ment de la trame était plus ou moins lâche : serré, 'e chaîne qui l'était moins, pour les vêtements , à maintenir les fils de chaîne bien tendus, en .Ipêchant de s'entremêler 17. Pour cela, deux moyens : ,ord on suspendait à leurs extrémités des poids, dits OEç ou 'Attat 1S, et plus vaguement pondera 19. De ces s un grand nombre sont réunis dans les collec s20 ; leur seule caractéristique commune est d'être orés pour la suspension. On leur a contesté cette 'nation. 11 se peut, en effet, que ces pesons ou contre is à bon marché, de fabrication facile, aient été nployés dans des industries diverses, et non exclusive nt par les tisserands 21. Les fouilles d'Ilissarlik en ont E. procuré de formes très variées, mais qui se ramènent en gros à la pyramide tronquée ou au parallélépipède (1 ;. 13846) 22, avec, bien souvent, une sorte de croix énigmatique 23, incisée sur une ou plusieurs des faces. Même ceux qui proviennent des couches inférieures sont en argile 21 ; on en a également en pierre calcaire 25. En 1 Plat. Pol. 283 A sq.; Poli. VII, 30; l'ace. ripés« ([les. Opp. 538) et 4p6ae; (Anth. l'al. VI, 535) supposent (une autre forme, ,o65. 2 Batr. 181 ; Suid. s. v. godet;; Schol. Aristoph. Vesp. 1142; Iiesych.; Phot. p. 180, 6; Eust. ad Il. XXIII, 762, p. 9328, 50; d'où poSx.fr,civ: ld. ad Od. V, 12i, p. 1527, 61 ; Sehol. ll. XVIII, 576. 3 Plat. Leg. V, 731 E; Poli. VII. 30. Varr. L. 1. V, 113; Ov. Met. VI, 56 ; Vite. X, 1, 5 ; Aus. Mos. 397 ; Schol. Juv. II, 66. 5 Isid. Orig. XIX, 29, 7 ; Non. p. 149, 22 ; Scrv. ad Aen. III, 483. 6 Hom. Od. II, 94; fies. Opp. 777. 7 n«).a3poµoç, dit Nonn. Dion. VI, 150. S Poil. VII, 32; Sein ad Aristoph. Av. 4; atl. ârrealx, ; Hermipp. ap. Bekker, Anecd. p. 461, 26; Hesych. s. v. p. 1770, 64. 12 Pest. p. 185, 3i; lsid. Orig. XIX, 29, 7 : ordiri est texere. --13 Plant. Bacch. II, 3, 16 (350); Pseud. 1, 4, 6 (399); Cie. De or. Il, 33, 145; 16 )les. Opp. 536 (538) ; Saumaise, ad Tert. de pal). 95. 17 Nous ne volons -ais si, comme aujourd'hui (et alors de quelle manière), on prenait soin de tordre les fils amant de tisser, pour leur donner la solidité et la résistance voulues, en leur laissant leur élasticité intégrale. -16 Arist. Gen. an. 1, 4 ; V, 7 ; Gal. De Suid. s. v.; Etym. M. p. 558, 57. 19 Senec. Ep. 90, 20. 20 Ils ne semblent pas avoir été d'usage en Égypte. e Les tissus de la chaîne étaient noués solidement, dit Maspéro (Op. 1. p.289), puis roulés autour du cylindre de tête jusqu'à tension convenable.. 21 Ed. Pottier et S. Iteiuach, Aécrop. de Myrina, Paris, 1887, p. 247-256 ; cf. p. 252, note 4. Ainsi ils ont pu servir à régulariser les plis des vêtements et des tentures (p. 256, note 2). 23 Cf. Hub. Schmidt, Il. Sehliemann's TEX dehors des pyramides, on trouve aussi des cônes et des disques bombés; beaucoup portent des inscriptions qui semblent marquer des noms propres incomplets96, de fabricants ou de propriétaires 27 ; d'autres, des dessins en relief, médiocres et peu distincts en général24. Les trous de suspension sont parfois au nombre de deux dans la même pièce 29. Quand ces pesons étaient déposés comme anathemata, on leur donnait volontiers une forme plus élégante 30. Sur le vase de Chiusi (fig. 6844), on voit qu'ils sont suspendus à des hauteurs différentes : torts ceux qui étirent les fils pairs de la chaîne descendent un peu plus bas que ceux des fils impairs; de la sorte on peut laisser entre les fils des intervalles moindres que la largeur des poids. La même particularité s'observe très nettement sur le vase béotien du British Museum (fig. 689.5) et sur celui de l'ancienne collection Van Branteghem 31. D'autre part on isolait les fils de trame par un procédé auquel fait allusion un vers tle l'Odyssée32 : Les fils du métier étaient largement pourvus de xxioot ; ces mots xaïoaç ou xx(Gm(rx, connus seulement par les lexicographes 3J, désignent une disposition peu claire, rendant un des services que rend le peigne dans les métiers modernes, en maintenant les fils écartés les uns des autres. A cela aidait peut-être aussi l'huile dont on apprêtait les fils, lors du tissage, principalement pour les rendre plus lisses, plus souples et plus brillants 34. Le métier représenté par la peinture du vase du Chiusi (fig. 6844) soulève quelques difficultés d'interprétation. Les anciens ne tissaient que des étoffes de la mesure de l'ajustement, et non de grandes pièces où tailler plusieurs vêtements ; ils n'avaient donc pas besoin d'appareils comme les nôtres pour dévider le fil et enrouler le tissu. 11 semble en revanche qu'avec le système des poids de tension on ne pût tisser une pièce de dimensions supérieures à celles du métier vertical lui-même; or Pénélope a déjà exécuté une partie du travail, puisque autour de la deuxième traverse depuis le haut (l'ensouple, dirions-nous) est déjà enroulé un important morceau de la tapisserie. Peut-être le peintre du vase a-t-il par erreur fait pendre les poids presque jusqu'à Sammlung trojnn. Altertumer, Berlin, 1902, p. 294-6 ; Doerpfeld, Troja und Ilion, Berlin, 1901, p. 399, fig. 300-2 ; p. 410, fig. 416. Ex. préhistorique de Suisse : Mill h. d. anlaq. Gesellsch. in Zurich, IX (1853-G), pl. iv, 17. 23 Même signe sur un ex. de Phrygie (G. et A. Xocrte, Gordion [Jahrb. d. Inst. ; Erg. II. V], Berlin, 1904, p. 208 ; cf. fig. 224). 21 Autres ex. de ces poids d'argile réunis par Gonze, Annuli, 1872, Tav. d'agg. M et Q ; cf. p. 198, note 1, et p. 331. 25 Archaeologza, XLV1 (1881), pl. xiv, nt 28. Ex. romains découpés dans des tessons : La Blanchére et P. Gauckler, Calai. da Musée Alaoui, Paris, 1897, p. 255, ii" 424-5. 26 Un non, complet dans Br. Mus., A Guide to Gr. and Rom. li/'e, London, 1908, fig. 160. 27 A. Salinas, I monum. scoperti presse S. Tri• nmtà in Atene, Torino, 1863, p. 16, lav. IV (t-b ; N, G. Hatzi-Zôgidès, "Ayvul,ç ('AO ,vâ, X (1898), p. 541-555) ; ex. à muscr. latine . Jahrb, d. Verein. von Alterthaimsfr. in, Rheinlande, XLI (1866), p. 9-24 ; pl. u. 23 Br. Mirs. Ibid. fig.164 ; 'A1505, 1. cit. p. 541 et pl. 29 Le Musée de Constantinople (cf. (G. Menobjets, de toutes variétés, notamment de Rhodes (no' 1499-1555) et d'Asie Mineure (1865-6, 1943 sq.); add. le Musée de Saint-Germain : S. Bruma, Catal. 3 p. 85 (Laurium), 136 (Savoie). On les enfermait dans les tombeaux comme souvenirs des occupations des défunts durant lepr vie. 30 Ex. de Tégée : A. M,lchticefer, Ath. Matth. V (1880), p. 67, pl. nt c. 31 lourer. of hell. end. XIII (1893), pl. iv et p. 81, fig. 2. 32 Vll, 107. 33 Eust. ad Od. 1. c. p. 1574, 56; Phot. p. 123, 15 ; Et. Magn. et Hesych. s. v. xe,9oolw; Poil. VII, 33. 31 Hom. Il. XVIII, 590 ; cf. )'lut. Alex. 36. Il y avait encore l'apprêt au miel (Il. Ill, 385; XVIII, 25) ; Ilertzberg, Philologue, XXXIII (1874), p. 8-9; II. Ebelug, Lexacon homericum, Berlin, 1871, s. v. ce,eueiov ; W. Helbig, L'Epop. homériq. Paris, 1894, p. 212. Une inscr, de Phrygie (Altertumer von Elierapolis, Berlin, 1898, p. 51) mentionne des x«ipaSa,nor«i, fabricants de tapis avec le métier à peigne. TEX 167 TEX terre', de même qu'il a laissé à tort un vide entre les pointes des chevilles de la première traverse et le tissu, qu'elles devaient empêcher de se dérouler. La peinture ne laisse rien deviner du mode d'insertion des fils de trame (ou duites) à travers la chaîne 2, inserere Il s'agissait, pour faire passer toute une duite d'un seul mouvement, de séparer les deux séries de fils, pairs ou impairs, en laissant entre elles une ouverture (dite aujourd'hui la foule ou le pas). Une comparaison, empruntée du métier à tisser, aide Homère' à montrer combien Ulysse serre de près Ajax dans une lutte à la course. Elle est désespérément obscure et, semble-t-il, peu juste ; on entrevoit seulement que les deux coureurs n'étaient pas plus éloignés que la poitrine de l'ouvrière ne l'est des instruments qu'elle manie en passant la trame. Cherchons dans les grammairiens le sens des mots que le poète emploie : xavoSv, µitoç, riv(ov, et comparons avec la pratique actuelle. Dans les métiers modernes les plus simples, la chaîne, au sortir de l'ensouple, passe sur un porte-fils qui lui donne sa direction (direction horizontale presque toujours), ensuite, avec alternance de fils pairs et impairs, par-dessus, puis par-dessous (ou réciproquement) deux tiges dites bdtons d'envergure, qui aident à découvrir les fils cassés avant que le travail ne commence. Après quoi la chaîne est saisie par les lames, qui tour à tour s'élèvent ou s'abaissent, pour livrer passage à la navette (portant la duite) ; celle-ci est mise en train par le battant , qui porte au-dessus de la chaîne le peigne. Ce dernier consiste essentiellement en petites dents de métal, qui maintiennent la séparation des fils de chaîne, pour en interdire l'enchevêtrement, et achèvent l'insertion de la duite dans le tissu en frappant fortement cette duite dans la pièce, laquelle, au fur et à mesure qu'elle avance, vient s'enrouler sur des cylindres. Chaque lame est faite de deux barres plates (verges), réunies entre elles par de courts cordons (lisses), au milieu desquels est un anneau (maillon), par où s'engage un fil de chaîne, toujours pair ou toujours impair, suivant la lame '. Probablement, comme l'expose Blümner 8, les ravdvE; 1 Ou bien (Blümner, p. 360), au début du travail, enroulait-on le surplus des fils autour des poids `t C'eùt été bien long et peu pratique. 2 L'onos et la peinture du Virgile montrent seulement l'ouvrière le bras tendu, probablement pour cette opération. 3 lies. Opp. 536 (538) ; Plut. Moral. 434 A ; cf. llesych. Nonn. Dion. VI, 152 ; XXXVII, 631. 7 Il s'agit ici de la disposition donnant l'armure toile, la plus simple, celle où chaque fit de chaîne est tour à tour pris et sauté, laissé au-dessus ou au-dessous de la trame. Mais il fallait un plus grand nombre de lames lorsque le même fil était pris une fois et sauté plusieurs fois de suite, ou réciproquement. s Op. 1. p. 130 sq. 9 llesych. xavôv, serait un autre nom plus récent); cf. Plut. Dior. 156 B : xavdv.vv S:Aca,ç xai 4oi7, a,ç yv2Omv (deux opérations préparatoires les plus essentielles du lissage). 10 Les Egyptiens ont dù simplifier tout cela et se contenter d'un simple bâton do croisure, qu'on repoussait ' " mesure que progressait le tissu. 29, 3 ; Apollod. 8, 1 ; Autou. Liber. 25. 15 Plat. Crat. 388 C ; cf. 387 E Soph. poètes notenief'espèce de sifflement qu'il produit en s'insinuant: Aristoph. Ban. ou xiXap.ot sont les verges, ici des bâtonne roseau, et les p.(rot les lisses; il n'est pas d plus vraisemblable. Le tisserand tirait d'une sa poitrine, tantôt l'une, tantôt l'autre des verge rapprochées de lui, et de l'autre (nain introdul de trame dans l'ouverture, une fois de droite à g1 fois suivante de gauche à droite.Dans la figure le seraient représentés grossièrement par les deux 1 traverses qu'on aperçoit au niveau de l'épaule de lope,derrière les fils de chaîne' °. L'instrument d'intro Gon de la trame s'appelle déjà xEpx(ç dans Homère ", t même terme reparaît à toutes les époques, sans précirs-. sur la forme et l'usage12. Poétiquement llomère en fait un outil en or, mais d'habitude il est entièrement en bois 13, se termine en pointe74 et se conduit à la main ; on lui prête pour rôle de séparer (itaxpttitxv f3) les deux séries de fils (pairs et impairs) " ; cette fonction est plutôt celle des lisses. Le arrv(ov homérique est certainement, d'après les gloses", la bobine enfermée dans la -. ' autour d'elle s'enroule le fil de trame, qui en une ouverture et se déroule spontanément au travail. Le radius" est en tout comparable également en bois 19, pointu 20, conduit avec . et donnant à la manoeuvre le même sifflement navette s'appelle aussi parfois pecten 23, c'est sa pour l'analogie de forme entre elle et le bâton frappe la trame contre la chaîne, en vue de ser, tissu. Pour cette dernière opération le rtisseram métier vertical maniait une pièce de bois lourde e plit,e a7re)àv27; aussi donnait-on parfois le nom de 0-7raidu 28 ou atal(ç29 à l'lpOtov'i sç; une étoffe à tissu lâche était Les Égyptiens commençaient leurs tissus par le bas32 de même les Romains des premiers temps"; Grecs et Orientaux par le haut, selon les textes34, que confirme le vase de Chiusi. Mais comment se plaçait le tisserand devant le métier? On admet communément qu'il travaillait debout au métier droit 3. Ahrens 36 fait cependant une distinction : pour tisser de haut en bas on fll;l assis; de bas en haut, debout. Cette dernière propos' est contredite par ce qu'on nous rapporte de l'u, égyptien et ce que montre la peinture de Beni-]las Dans Homère, l'expression constante iatiôv É7oiyEa6at 3 Pal. VI, 285, 28S; Suid. et l'hot. s. v. Dans le même sens nl,rq : Sur. Hec. Ion, 197; est le fil de trame enroulé en bobine (Aristoph. Pan. 121 Ante. Pal. VI, 283). Le dévider pour la duite s'appelle nnv ;ea9a, : Theocr. XV\ 26 Sente. Tpist. 90, 20; cf. Rieti, Dect. s. v. (instrument analogue d'Irlande ltltt, anéOr,µa (llesych. et Suid. s. v.; Aristot. Nat. ausc. Vll, 2, 2). 28 Poil. textes cités infra nous imposent l'interprétation ci-dessus. 33 Pest. p. 277, 8: in altitudinem te.xuutur; 286, 3: oursons version. Sic Isid. Oct y. XIX, S:'ô).ov; Theophyl. ad h. 1. 33 Blümner, p. 122, paraît être de cet avis. TEX 1 68 TEX signifie par elle-même que « se mettre au métier », au travail. Mais des commentateurs l'ont expliquée en ce sens que le tisserand était debout t, et les lexicographes latins ne sont pas moins nets: la tela stans resta en usage, pour des raisons rituelles, dans la confection des tunicae rectae, réservées aux enfants qui recevaient la toge virile et aux fiancés la veille des noces ; rectae, quod a stantibus texuntur2. M. Helbig remarque un seul passage de l'épopée homérique où, par exception, les servantes phéniciennes travaillent assises (-i7µev«t) et pour lui, alors que Calypso, Chryséis font debout un travail de tapisserie, au métier droit, les servantes en question confectionnent assises des étoffes de toile avec un métier tout différent et plus perfectionné, qui seul se prête au tissage du lin ',métier horizontal apparemment. Cette doctrine recoit un démenti de Servius 6 : apud majores stantes texebant ut llodie linteones videmus. Mais laissons ces scholiastes tardifs, et voyons les monu 't la vraisemblance. dans la miniature du Virgile, est debout, mais und égyptien est peint accroupi, et quant à au repos il est vrai, on la voit sur un escabeau .Y eut-il une règle? Il est clair que bien souvent x de l'opérateur assis pouvaient le gêner et que, haut du métier, il devait opérer mieux debout un siège élevé; mais, achevant sa tâche près du gagnait à s'en rapprocher. Un métier de grande .te et large pouvait obliger le tisserand à 7CE2t7:17EiV, st,!inme dit Artémidore ; il n'en allait point de même pour la confection d'une étoffe peu considérable. Les divers textes homériques n'ont rien de décisif, et comme l'insinue encore Bliimner 7, la possibilité d'un travail à deux n'est pas exclue. Les anciens ont-ils connu le métier horizontal? Quelques personnes en doutent 8; bien rares en effet, et généralement incertaines, les allusions qui y sont faites 9; très tardive surtout la notice qu'il fut inventé en Égypte et de là introduit en Grèce et en Italie10. Enfin aucune représentation n'en est parvenue, mais celles du métier droit sont en bien petit nombre. Disons que le or horizontal fut probablement en usage", sans n sache depuis quand, ni comment combiné. L'exise de deux ensouples (d'avant pour la chaîne, d'are pour le tissu terminé) paraît impliquée dans les ,inae telae d'Ovide12; la seconde serait cet âvi(ov Ev r 2UÀS6Ge't t 'r ûples'ilevrV. Mais Eustathe 13, qui le définit, semble avoir commis bien des confusions. Actuellement la levée alternante des fils de chaîne se fait grâce à une poulie dans le haut, à des pédales dans le bas de l'appareil. Chez les anciens, peut-être une dispositionanaloguesereliait-elle à une traverse supérieure, qui serait la jugum 11. A part cela, ce que nous avons exposé des u(tiot (licia)15 trouverait encore ici son application. Mais sans doute ces derniers mots en vinrent à signifier, non plus seulement les cordons des maillons, mais les couples de verges ou harnais 1', d'où les étoffes dites polymita f1, à contexture plus variée que la toile. L'appareil, dans son ensemble, dut comprendre les arundo25, insubuli 21, scapi'2 , qui semblent tous avoir été des bâtons, rouleaux ou traverses, on ne sait lesquels. Rien n'indique l'usage dota pédale, etl'on ne saurait, pour l'admettre, dire avec Bliimner23 que les anciens n'eussent pu créer des tissus aussi parfaits s'ils n'avaient mis leurs appareils en mouvement qu'avec les mains. Des érudits grecs modernes ont rapproché ceux qui servent aujourd'hui dans leur pays, et les termes de tisseranderie qui y ont cours'-1. Il est vrai que beaucoup de ces mots sont copiés de l'antique, mais les deux nomenclatures ne sont point juxtaposables'2, le métier grec actuel comprend pédale et poulie, mais on a pu y appliquer à la légère des noms anciens qui eux-mêmes, nous l'avons vu, ont déjà varié d'acception dans l'antiquité. L'ouverture de la chaîne, ou le pas, s'appelait peutêtre, comme le veut Marquardt26, fl,'cotov, trama, que Schneider traduit par tissu ; pour Bliimner" trama es t la maille produite par l'entortillement, plus ou moins lâche, de casino et duite 2a, Trama 29 a dû changer de sens : à l'origine, c'était la chaîne quand on en tire à soi une partie, afin d'y faire une ouverture off passer le fil transversal 30 ; plus tard, ce fut ce fil lui-même 31, la trame en français. La navette, xeox(; 32, 7rlvtov, d'où panas 33, panucula 3'r panuvellium 36 (7txvou-/),tov), était un outil allongé, d'or dinaire pointu aux deux bouts et creusé au milieu (comme un petit navire) d'une cavité [ALVEUS] recevant la bobine de trame. Tel est du moins le type qu'on peut voir au British Museum76 et sur le vase de la collection Van Branteghem37; les musées d'antiquités gallo-romaines, notamment celui de Mayence, en ont d'elliptiques, TEX 169 TEX et d'autres assez différentes, en fer de lance (fig. 68471) ; presque tous les exemplaires sont en os 2, mais tous ne servaient peut-être pas pour le même genre de tissus. La duite passée, son insertion dans les tissus s'opère dans les métiers modernes à l'aide d'un appareil qui la frappe tortement, comme le faisait la spallia dans les vieux métiers droits. C'est un cadre rectangulaire, qui accompagne, le battant; il porte, sur toute la largeur de la pièce, une série de petites lames métalliques ou dents ayant mêmes intervalles que les fils de chaîne. Les anciens ont connu un outil de même destination et l'ont, eux aussi, ap pelé le peigne, XTEfs 31 pecten mais il est peu probable que le leur eût, comme le nôtre, un jeu automatique, agissant sur toute la largeur du tissu; il ne devait différer de la spatha que par ses dents, et on l'appliquait en plusieurs fois d'un bord à l'autre Tel est peut-être l'objet denté à manche court, qu'on a retrouvé en Sussex 6. S'en servir se disait et l'on distinguait les étoffes suivant qu'elles étaient d'un tissu lâche, ),E7TOUy7'-ii, e«vaUis'leviden.sia t2, ou serré, a~(X U Ta 13, pavitensia12 Nous avons ainsi parcouru toutes les opérations du tissage; ia pièce achevée, il ne restait qu'à couper au ras du bord (i x'rE .vety 'i) les fils la rattachant au métier. Les arts du tissu. On s'est demandé où en était l'origine. Pour les uns, l'idée en serait venue de l'observation attentive de la toile d'araignée; pour d'autres, de l'arrangement des fibres végétales ou des ramifications i pétiole dans le limbe des feuilles". Il est très vrai les auteurs ont les mêmes expressions pour définir avail de l'araignée et celui du tisserand 17 ; mais une observation n'est pas le fait de populations primi th es eu importe que les Lydiens aient rapporté l'invenion des tissus à Arachné`$. D'autres, qui déplacent seulement la difficulté, estiment que l'art de tisser serait né avant l'art de bâtir: les premiers murs auraient été des claies de roseaux entrelacés; plus tard on aurait pris des écorces au lieu de branches, puis des fils d'origine animale ou végétale : le tissage était trouvé. Différents parla matière, la préparation, ces premiers tissus offraient des commencement de coloris, de décoration naturelle ; d'où l'idée de faire des tissus bariolést9. Vérifier cette doctrine est impossible; du moins le tissu pourrait avoir devancé la poterie ornée: il est très remarquable que cette céramique fort reculée, qu'on appelle en Allemagne Schnurkeramik, emprunte ses modèles décoratifs aux objets nattés, tressés ou tissés2o On a peu de tissus préhistoriques ; on en a trouvé, dans des tumuli de la haute Saône, qui attestent déjà une certaine habileté: ce sont des pièces de laine d'une grande finesse, sans teinture ; l'étoffe avait la couleur naturelle du poil delabête. Trame et chaîne étaient faites de fils tordus; ceux de la première n'avaient guère de parallélisme, faute sans doute d'avoir été tassés ; le battant et lepeignedevaientêtre ignorés 21. On peut voir au Musée de Saint-Germain, restaurés par Abel Maître, les fragments, tirés d'une tombe gauloise de la Marne, d'une étoffe grossière qui constituait le vêtement de défense d'un guerrier; elle ressemble à ces nattes de jonc que nous mettons sous nos pieds; épaisse de 4 mm., elle devait être très résistante et amortir parfaitement les coups 22. Les palafittes de Suisse font mieux saisir la transition du tressage au tissage ; les fouilles de F. Keller ont mis au jour des produits des deux techniques: la première est représentée par des nattes d'écorces, d'une armure régulière comme la toile"; des baguettes d'osier sont tressées avec des bandes d'écorces""; on a un réseau de bandes d'écorces d'osier ou de tilleul entremêlées de cordes de lin, le tout superposé en plusieurs couches21• D'autres tissus, de lin, ont été certainement, quoique grossiers encore, ouvrés avec des appareils mécaniques20 et quelques-uns s'ornent même d'un décor diagonal27. En Orient, les nécropoles néolithiques de Palestine ne révèlent la connaissance du tissage que par la présence de quelques douzaines de pesons, sphériques à TellZahariya, en disques, cônes ou pyramides dans les sépultures cananéennes de Gézer(2500 à 1200), analogues aux poids qui tendent souvent encore les fils sur les métiers contemporains de cette contrée, assez archaïsants28. En Égypte, des toiles ont été recueillies dans les tombes ; il en est qui égalent la finesse des meilleures mousselines de l'Inde; d'autres, pour la régularité du tissu, sont comparables à nos plus belles batistes ; on voit, par les sculptures et les peintures, que certaines étoffes avaient la transparence de la gaze29. Le tombeau de Thoutmôsis IV a livré les lambeaux d'une tunique de lin, historiée à l'aiguille de cartouches et de fleurettes multicolores30.Maisles Égyptiens dela bonne époque paraissent avoir estimé particulièrement les étoffes unies, surtout les blanches3', quelquefois colorées d'une ou plusieurs «mou=klw~ aw«= =a"o--~~~ TEX 170 TEX bandes de rouge et d'indigo'. On a étudié de près quelques linceuls de momies du Louvre : presque toujours, contrairement aux usages d'aujourd'hui, la chaîne a deux fois plus de fils que la trame, mais les fils de celleci sont beaucoup plus forts; il arrive que deux fils de chaîne se soulèvent à la fois pour faire passer deux ou trois fils, courant ensemble dans la même navette 2. Au plus profond des ruines de Suse (dès avant 3000) gisaient quelques tissus (de lin?), déjà d'une savante exécution 3 ; les anciens reconnaissaient aux Orientaux une supériorité marquée dans cet art et dans tout le monde méditerranéen affluaient leurs produits, généralement con voyés par le commerce phénicien 4. Les broderiesà l'aiguille surtoutsont imitées dans les basreliefs K. Mais la glyptique babylonienne nous montre des vêtements qu'on a pu prendre pour des robes à volants, et oit se marque peutêtre la gaucherie (lu graveur à reproduire des étoffes à très longs poils sur LODIX]. Pour les exécuter, on nouait, sur plusieurs lignes parallèles, les fils de la trame à ceux de la chaîne, et on les laissait retomber, sur l'une des faces des tissus, en longues boucles pendantes Les gemmes crétomycéniennes nous présentent la même particularité ; ces tissus arrivaient par le commerce en Grèce et chez les Étrusques et y furent sans doute copiés; et nous entrevoyons qu'à l'époque homérique on employait de préférence les étoffes velues 7. Mais on utilisait beaucoup aussi la toile de lin [oluoNF, SINnoN]. Grecs et Romains, d'ailleurs, semblent avoir appliqué au tissage à peu près toutes les matières qu'on y soumet encore aujourd'hui ; les tissus animaux [COACTILIA] paraissent avoir eu déjà les préférences, comme mauvais conducteurs de la chaleur et à raison de l'affinité bien plus grande (sans doute reconnue bien vite à l'épreuve) pour les matières tinctoriales. La soie [sERICUM] plaisait par le brillant, le chatoiement de ses reflets, etune autre chenille produisait un fil ayant des propriétés analogues [BOa113YclNUal]. Parmi les produits végétaux, le lin [LINUM] donnait des tissus très fins [AMORCINA, coA], le coton aussi toiles très solides, mais sans l'élasticité et la souplesse de la laine; on employa même, pour les étoffes légères, la fibres de la mauve [sIOLOCUINAI,. Enfin les mêmes noms que de notre temps [ASBESTUS ou A➢IIANTeS] désignaient ces tissus incombustibles, tirés de substances minérales filamenteuses, dont on faisait des nappes pour les repas ou dont on enveloppait les cadavres sur les bûchers, pour en mieux recueillir les cendres. Nous ne revenons pas sur la répartition géographique des fabriques de tissus, pour l'époque grecque et l'époque ro TUIIA, p. 1764 et 1778]. Les tissus de la bonne époque gl'ecque (Ve-IIIr siècles) nous 1 r= A sont un peu con con nus par des débris recueillis, dans la Russie méridionale 8. Ce sont principalement des étoffes de laine de couleurs très différentes, unies ou rayées (fig. 6848) ; on remar quera particulièrement celle qui est décorée de cinq rangées de canards de tons variés [TAPES, fig. 6747110 d'autres bordées de laine, ou teintes en pourpre ou ornées de fils d'or ". Une grande couverture c composée de bandes d'étoffes cousues ensemble, des figures mythologiques, Nikè, Athéna, etc., appligl pal' un peintre (fig. 6841.9) 17 On s'est en effet toujours préoccupé de varier l'c_ des étoffes. Le premier procédé qui s'offrait était l'emploi de différentes couleurs. Les textes et les monuments (vases, peintures murales) font voir qu'on aimait surtout en Grèce les pièces monochromes, mais qu'il se faisait aussi des étoffes à dessins. Les raies longitudinales, virgaet3, s'obtenaient par l'alternance, dans la chaîne, de fils diversement teintés. Le même procédé, appliqué à la trame, donnait les bandes transversales, trabes, et les étoffes trabeae 14; à la trame et à la chaîne, les tissus à carreaux, çaÉlwro( 15, les vestes scutulatae 1a 7 B. TEX 171 l'EX Pline' en fait une découverte gauloise ; renseignement assez suspect, car le dessin en échiquier est certainement un des plus anciens2. Pour varier les fils de trame, il fallait changer de navette au cours du travail. Avec deux couleurs seulement, l'une pour toute la chaîne, l'autre pour toute la trame, on obtenait l'_cO-rlç (lerxvOoûcx 3, Le mécanisme était infiniment plus compliqué pour les tissus vraiment bariolés, qui de très bonne heure furent dans les moyens des artisans. Dans Homère déjà les mentions sont fréquentes de :7é7tlot 7rot O,ot ou Ircy..-o(zi).ot6; Ilélène en confectionne, où sont reproduits les combats des Grecs et des Troyens'; iI ~NC =II I ~IuIÎ IIl'I ~%,~ ~Ib II 11111 I 141 1l_ `I)%~~/~Irr / u ~ llllllJ I Il I I I I' I a Pc~ï _ ~I 141 I II ï ~ I,1~ III III / r r ti e -~ Y z ~IIN = s J 1 N IIII II'I+II l'} ~$.l' mQ%ilr-~: ti~ ^l I j)II~I(i ' o ~-II.I i,`~11,1 II 111 li. r i I I t _~ lem. u'u °~ _~ ~y"' -_ III r~'ri4v~ jee f II~ I~~ -sr= ~~~, j~/~ r ~~ ~ëE ~ ~ 'rte %III -_ I~~~ ~~ N -_ ~-'-I, III /// I I~II I ~ Ir ~/ I ~; ~r~klll ' ~iIlÎIli Il ~`1 ~ = II'lllill ~ Il ~ 7%I~~I I' ~ ~IIw LL~/~ ~IIIIrIIIl1, ÎIl Irrli IiÎI~N IlÎ ~llililpl Î)III//j!!'/~ I1 ) ~~~ fil` !,off [f,~h Fig. 6849. Étoffe grecque à décor de personnages inylhologiques. les vestes versicolores 1, où l'un des tons frappait le regard, et non l'autre, suivant la l'acon dont elles s'éclairaient. Les variétés d'étoffes devaient tenir aussi, dans le même ton, aux changements de contexture : on pouvait écarter les fils de chaîne autant, ou plus, ou moins, que ceux de trame ; serrer ceux-ci fortement avec le peigne ou, par intervalles, les espacer au point de laisser voir toute la chaîne entre deux duites. La collection du Musée de Mayence nous donne des spécimens de tous ces procédés ; celle de Wiesbaden montre que les Romains connaissaient comme nous l'armure toile ou taffetas, le croisé ou diagonale, et l'armure satin, où la trame n'apparaît que de loin en loin au droit'. 1 B. Ti. VI11, 196. 2 Stephani, Op. 1. p. 74. S Philoslr. Imag. 1, 10 ; Philostr. jun. 6 ; Aristaen. Ep. 1, Il. 4 Liv. VII, 10, 7; XXXIV, 1, 3; Ovid. Alet. VI, 61 ; Quint. X, 1, 33; Val. Max. 1X, 1, 3; Dig. XXXII, 1, 70, 12. 6 Cf. Cohausen, Annal. für nassaiiisch. Altert. 1879, p. 31 sq. qui détaille tous ces échantillons et marque les différences de torsion des fils. 6 E. Buschor, Op. 1P.719 sq. -7 Il. III, 126; cf. XXII, 440. 6 De mirab. anse. 96. 9 Griffons, hippocampes, chevaux ailés; cf. Stephani, Op. 1. p. 108 sq.19 Bock, Gesch. der liturg. Gervânder des Mittelalters, Bonn, 1856-61 ; Jos. Braun, Die liturq. Gev'andung, Freibarg, 1907 ; Semper, Der Stil, 1, p. 154 sq., 275 sq. ; G. pigeon. Lcs Arts du tissu, Paris, 1909. 11 Dans les temps anciens, tant en Grèce qu'à Aristote parle d'un tapis donnant une vue de la ville de Sybaris $. L'origine orientale de ces recherches n'est pas douteuse, on le voit par certains sujets par la vogue que conservèrent ces vêtements en Orient pendant de longs sièclest0. Dans la Grèce classique, intime durant la période des élégances ioniennes, on se préoccupait moins de la complication du décor que de la finesse du tissu, de l'art de poser ou d'endosser une draperie ; une certaine sobriété gardait son prix". On verra ailleurs [vESTlsj ce côté de la question, mais au point de vue du tissu12 quelques développements sont nécessaires. Aux époques hellénistique et romaine13 commencent la faveur et la grande expansion des étoffes dites poly Rome, les honnétes femmes s'interdisaient les étoffes voyantes (MEaeruceS, p.1832j. 12 On ne peut qu'avec prudence faire état des données de la céramique ; après les vases crétois et géométriques (Buschor, ()p. cit. p. 11 sq., 22 sq.), les vases ioniens surtout (rhodiens, des Cyclades, corinthiens) révèlent une imitation systématique des étoffes et Lapis de Syrie et de Babylone, très répandus dans la Grèce archaïque (G. l'errot, llist. de l'art, IX (1911),p. 422 sq., 454 sq., 471 sq., 599 sq.); mais ils ne laissent pas distinguer, dans les vêtements des personnages, l'ouvre du tisserand eL celle du brodeur, et pour les tons le peintre a dü librement choisir sur sa palette assez pauvre,qui ne donne aucune idée certaine des ressources du teinturier. -13 mentions antérieures isolées : Aesch. Suppl. 433 ; Crat. ap. Corn. fr. lI, 212. i TEX 172 TEX mita, multiciai (c'est-à-dire faites avec un grand nombre de .c rot ou licier, de harnais2), dont Pline 3 attribue l'invention aux ateliers d'Alexandrie ; ceux-ci ne firent que les remettre en vogue et les perfectionner. On appréciait beaucoup les tissus 'rFfh.rrot, trilices4. Une inscription mutilée de Pessinonte porte copie des remerciements de Trajan à un artisan de cette ville : I .aeov rlca[niçj,.. TptU('rniv ÇEUY'l) Sti05. Le tissage bariolé s'appliquait aussi à la soie [sEBICUit] et à l'or. Ici encore Pline 6 s'abuse en rapportant à Attale de Pergame une découverte (lui eut lieu certainement en Orient, et à une date bien antérieure' ; les Attalicaperipetasmata ou aulaea désignaient peut-être des vêtements splendides que l'État romain hérita du roi de Pergame, ou simplement analogues à ceux qu'un des souverains de ce royaume se plaisait à porter. En général on Lissait avec de l'or, de la laine ou de la soie, x)) roç 10, aurata vestis 11 ; alors que zp cÙripuzpuç 12 ne défi nissait qu'une étoffe à bordure en or, comme auroclavalus ou auroclavusi3, Mais zpueoüpr,g14 a pu s'appliquer à des tissus tout en or, d'une rareté évidente". D'habitude la trame seule était en or 16, faite d'un fil uni et flexible, qu'on tirait par bandelettes d'une substance végétale très tendre" ; le secret s'en est perdu16 dès la Renaissance; aussi nos étoffes dorées n'ont-elles plus le doux éclat et la souplesse de celles de l'antiquité et du moyen âge, et le prix de la matière, bien plus élevé, ne permet guère, comme alors, de faire passer les fils d'or à travers toute la largeur du tissu. Le tissage en fils d'argent, fréquent aujourd'hui, n'est guère mentionné chez les anciens". Les étoffes multicolores étaient le triomphe des polymitarii deCypre20, des ateliers de Judée2l ; mais ce sont surtout les manufactures d'Alexandrie22 qui réalisaient ces peintures de tisserands, ypa al âab xepxtioç23, qu'on imita en Campanie2'•. Pline25 parle déjà des toiles, teintes en un seul ton, oit les figures étaient réservées sur le fond naturel de l'étoffe ; mais il s'y faisait aussi des tapisseries, souvent de plusieurs couleurs, où ornements et sujets étaient tissés avec l'étoffe, et employés pour vêtements25, ou comme rideaux et tentures. Les anciennes étoffes des rois perses représentaient souvent des animaux"7; à la suite s'introduisirent fleurs, feuilles, plantes et lianes28, d'où les noms d'âvOtvx, wO,v Éco-iç, qu'on étendait indistinctement à tous les tissus à dessins". On tissait dans l'étoffe des mots et des sentences 30, des scènes mythologiques31, même des portraits32 Pour l'époque romaine, les exemplaires foisonnent à partir du Iv° siècle, et quelques uns remontent au llantEmpire. On voit au Musée de Clermont-Ferrand des -étoffes de laine (u° s. ap. J.-C.), témoins d'une industrie déjà très avancée"; au Musée de Cluny : une bande où voisinent boeuf, lièvre et panthère; des appliques de vêternents, avec des carrés sur lesquels d'autres se posent en losanges, encadrant des vases de fleurs; une pièce décorée d'un Éros tenant un oiseau; un clavas à panneaux, indéfiniment répétés, où alternent un lion et un archer qui le vise; il est tissé en laine sur une toile de lin et offre cet aspect brun sur blanc caractéristique des neme siècles ; avec le Ive commencent les tons vifs, rouges, bleus et verts; à la longue aussi la soie prévaut sur la laine. Dès ce temps, une foule d'Orientaux sont établis dans les grandes villes de l'Occident; ils importent notamment des étoffes de coton et de soie, articles d'un déplacement facile, qui tiennent une grande place dans l'habillement et dans la décoration des églises : voiles de pourpre à franges d'or, de soie blanche brochée d'or. Sidoine Apollinaire34 décrit une tapisserie représentant de grandes chasses aux environs de Ctésiphon ; certains fragments, conservés dans les musées ou les trésors d'églises, attestent une origine orientale 36 ; la plupart sont sassanides ou TEX coptes'. Beaucoup ont été retrouvés à Panopolis2, dont déjà Strabon3 mentionne les ateliers, et à Antinoé par centaines ; fragments de toutes sortes : « tuniques de lin brodées, robes de laine à panneaux de tapisserie, d'une fabrication presque identique à celle des Gobelins ; bandes ou carrés de soie brochée garnissant des manteaux, lin ceuls en toile brodée, coussins de tapisserie, écharpes de légère mousseline imprimée, tissus brodés de soie, toiles peintes où l'image du mort est représentée avec un remarquable réalisme' ». Nous re produisons dans la fig. 6850 un fragment de toile, trouvé à Panopolis, qu'on peut dater avec vraisemblance du Haut-Empire; des divinités marines y forment une décoration d'un bon style. On voit dans la fig. 68b1 une étoffe de laine et soie, de même provenance, où est représenté Bacchus au milieu de personnages de son ',blase; l'exécution, malgré des défauts apparents, dénote une main encore assez fidèle à la tradition classique Ce luxe, un peu nouveau par son prodigieux développement, a ébloui les contemporains, et plus d'un a décrit les exemplaires qui l'avaient frappé, comme l'a fait Paul le Silentiaire7 pour l'un des rideaux qui pendaient au-dessus de l'autel de Sainte-Sophie, entre les colonnes du ciborium : on y remarquait le Christ donnant la loi à ses apôtres ; dans les bordures, ses miracles, et des architectures, églises et hôpitaux, rappelant les oeuvres pies de Justinien et Théodora. Sur d'autres pans, les souverains aux côtés de la Vierge ou bénis par le Christ. Une harmonie merveilleuse était obtenue par des fils d'or tissés avec des fils de soie de couleurs variées. -173TEX Nous n'avons plus quele souvenir des étoffes magnifiques, importées d'Orient, qui remplissaient les églises de Ravenne 8, de Rome, tissus d'or et de soie pour la plu part, et dont une longue énumération est insérée au Liber Ponti/icalis9. Dans la mosaïque de Saint-Vital '", les femmes de la suite de Théodora sont vêtues d'étoiles éclatantes de couleurs et d'ornementation : le manteau de l'impératrice a une bordure représentant l'Adoration des mages, en silhouettes dorées sur fond de pourpre violette. Les costumes masculins n'étalaient pas moins de splendeurs, et il n'était pas rare, selon Théodore', de Cyr ", de voir l'histoire entière du Sauveur tissée sur la toge d'un sénateur chrétien. Un autre évêque, Astérios d'Amasie, à la fin da Ive siècle, fulmine contre ces habillements : ceux qui les portent semblent des murs r.~ peints ambulants et dans la rue ex citent les rires des enfants. « Misérable industrie, qui, par les combinaisons de la chaîne et de la trame, imite la peinture et figure sur les vêtements toutes sortes d'animaux... On y voit des lions, panthères, ours, taureaux, chiens, des forêts, rochers, des chasseurs, et tout ce que la peinture emprunte à la nature J2. »Il n'a guère plus d'indulgence pour cette dévotion de surface qui faisait représenter sur les vêtements des riches les miracles du Christ. II a décrit une étoffe conservée à Chalcédoine, auprès du tombeau de Sainte-Euphémie : on y avait peint sur toile, avec un brutal réalisme, quatre scènes du martyre de la jeune femme1''. Le point de départ de l'ornementation, extrêmement variée, de ces tissus est dans une combinaison des élé TEX monts hellénistiques et orientaux; on y remarque en foule tous les motifs chers à l'art pittoresque d'Alexandrie. Parmi les sujets antiques, ce sont, enfermés dans des médaillons ou des bandes décoratives, des figures mythologiques (fig. 68521), nymphes, génies, enfants qui chevauchent des lions ou des dauphins; des scènes pastorales, avec des danseuses et des joueurs de flûte, des compositions empruntées à la vie du cirque, comme les quadriges des tissus d'Aix-la-Chapelle 2 et du Musée de Cluny3. La polychromie s'enrichit au vie siècle, le style monumental en progrès donne à la composition plus de symétrie ; mais souvent les attitudes sont raides et les figures trop stylisées Citons quelques échantillons des musées d'Allemagne : des nymphes et des archers luttant contre des lions (Berlin) ; des hommes armés d'épieux et accompagnés de chiens, combattant des bêtes fauves (Berlin) ; les Dioscures debout sur une colonne (Crefeld) ; ailleurs (dôme de Coire, Musée de Cluny, mata Sanctorum du Latran) : des hommes costumés à l'antique luttant contre des lions dont ils forcent la gueule Ces sujets de chasses ou de guerres trahissent une influence perse et mésopotamienne, ainsi que l'exécution par motifs stylisés et affrontés, la splendeur du coloris remplaçant la finesse du dessin: le célèbre pallium de la Confession de Saint-Ambroise de Milan r, (vie siècle) représente un prince persan à cheval décochant une flèche à un lion blessé qui terrasse un onagre ; sur un tissu du Sanaa Sanctorum, des belluaires à pied, en costumes persans, luttent encore contre des lions 7. Et dans l'ornementation de détail, ce sont des motifs géométriques, des losanges, enfermant un décor floral ou un petit médaillon a, des rinceaux et palmettes sur fond pourpre 9 dans des médaillons isolés ou tangents; des animaux dans des cercles ou accostés TEX de palmes, comme les coqs nimbés sur fond jaune d'un tissu du Latran io Naturellement, les sujets religieux n'abondent pas moins; spécialement dans les tentures destinées aux églises, on prit l'habitude de représenter des scènes bibliques, et il suffira de citer quelques monuments célèbres. L'Ancien Testament a inspiré les soieries tissées du Trésor de Sens, où l'on voit l'histoire de Joseph, envoyé en Égypte auprès de ses frères" ; sur une autre pièce, dite suaire de Saint-Victor, c'est un personnage à longs cheveux (Daniel?) repoussant deux lions et en foulant deux autres 72. Le même prophète, entre les lions, reçoit le pain des mains d'Babacuc13, au-dessous d'une frise représentant des martyres célèbres. Les deux Testaments sont mis à contribution dans les compartiments carrés, disposés en bandes parallèles, du tissu lteinhard t4 (Berlin et Leipzig). Au Nouveau sont empruntés les miracles du Christ et Pierre recevant le psautier des mains du Sauveur (Berlin) 1o, à peu près comme sur le rideau d'autel de Sainte-Sophie. Deux palliums d'Achmim montrent, en une série de parements, des anges, saints et orants, et quelques scènes évangéliques très simplifiées : Résurrection de Lazare, Crucifixion, Visitation, Saint Georges et le dragon, avec des bustes de saints dans des médaillons16. Tous ces spécimens sont rapportés au vie siècle avec la plus grande probabilité ; d'autres pourraient se placer plus tardivement ; mais la question a peu d'intérêt pratique: par ceux que l'on est à même de dater assez exactement, on constate que l'ornementation des tissus n'a presque pas changé depuis Justinien jusqu'à la Renaissance byzantine du mn" siècle 17. Organisation économique du tissage. Nous n'avons sur ce sujet que des informations très fragmentaires. L'art du tisserand tenait forcément, par ses nombreuses applications [TAPES, VELUM, VEST1S], une grande place dans l'économie des anciens '$. Dans les premiers temps, ce paraît être surtout une occupation des femmes; la maîtresse de maison elle-même s'y adonne (Pénélope, par exemple) avec son entourage. Et c'est une industrie domestique, mais pas exclusivement, ni pratiquée dans chaque foyer, car beaucoup d'étoffes ainsi ouvrées n'étaient pas toutes réservées à l'usage familial ; quelques particuliers 19 faisaient l'entreprise d'une fabrique de tissus pour la vente et y employaient de nombreux esclaves 20. L'activité de ces ouvriers ou artisans n'est pas toujours parfaitement définie dans les textes qui les signalent. Textores2l ne fait pas doute, mais les linarii22 et les linleones23 étaient peul-être moins occupés de tissage que de filature et autres travaux pour la préparation de la matière première; même ambiguité TEX 175 TIIA pour la ruvTEyv(a )itvoupyü)v d'Anazarbus'. Par contre, il apparaît que les vestiarii2 étaient négociants en tissus au sens large et se chargeaient aussi de décorer et tapisser les appartements. En fait de corporations, nous avons trace, en Asie Mineure, d'un cuvÉÔpt:v de xaLpoôa7ttrr (3, ouvriers tissant des tapis, et en Égypte, où cette industrie florissait, d'un i)(E)t71n'i7)otov 72p EGÔUTÉG(oV yEpô(oly (en 109), pourvus d'un économe (topovTtGTr,S) 4. C'est pour ce dernier pays que nous avons le plus de renseignements, encore qu'incomplets 5. Il y existait des ateliers de tissage privés, puisque les propriétaires d'une fabrique de toiles de lin (if,tvutravTEïov) demandent au roi l'autorisation de renouveler leur matériel usé t` ; mais cette requête indique une industrie peu libre et de près surveillée. De plus, des ostraka mentionnent un impôt sur les toiles (ô0ovtripi), payé en argent, au ne siècle avant notre ère 7, et un acte de vente démotique de 147-6 donne à l'un des contractants le titre de receveur du tribut sur les étoffes 8. D'après des passages obscurs de la Loi des Revenus s, on devine que la régie fixait le nombre d'aroures à ensemencer en lin, que vente libre et importation étaient interdites, et les prix des matières premières et des tissus tarifés par l'administration'0. I1 semble donc que les Lagides avaient institué un monopole, auquel ils toléraient des exceptions, moyennant un impôt. La première exception consistait dans l'ancien monopole des temples, pour la confection des étoffes de lin"; les Ptolémées l'avaient maintenu"-, contre redevance en nature, dont il y a trace sur la Pierre de Rosette", ou parfois en argent 14, Les traditions attachaient une idée de pureté aux vêtements de lin n, d'impureté aux tissus de matières animales ; aussi les prêtres ne portaient que des habits de lin blancs, et les laïques en gardaient comme vêtements de dessous" ; par-dessus il acceptaient les manteaux de laine, dont la fabrication était une industrie nouvelle que la royauté accapara. Il y avait un directeur des ateliers de lainages ; Cléopâtre avait nommé à ce poste un sénateur romain qui y trouva sa perte ". Dans ces ateliers travaillaient sans doute lesTavu dans les ateliers sacerdotaux 18. Que devinrent ces monopoles à l'époque romaine? On ne sait. Quelques documents mutilés se rapportent aux impôts frappant alors les tisserands 19 ; des ostraka mentionnent des paiements i,7C1o axrrti!l tuv], faits par des fabricants de tapis 20, et un TEÀo; yepô(mv, dont il est difficile de dire le montant, mais qui semble avoir été d'au moins six drachmes par mois. Le papyrus 1500 de Berlin 21 nomme cet impôt yEpaxv 22. L'Édit du maximum de Dioclétien spécifie les salaires pour tisserands des deux sexes en soies, laines et lins 23; il y avait encore à cette date des artisans privés pour cette industrie ; pourtant l'Empire inclinait à l'étatisme et au monopole2' ; aux ive-ve siècles il existait des établissements, dépendant du prince, où l'on tissait des étoffes de laine et fabriquait des vêtements ; leur nom rappelait la main-d'oeuvre féminine jadis prépondérante dans ces travaux [GYNAECEUM, lllj ; il y avait également des manufactures impériales pour le tissage du lin Pour te,rtri£lam, chantier de constructions navales,