Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article THERMOPOLIUM

TIIERMOPOLICM. Les thermopolia étaient, comme leur noml'indique, une sorte particulière de cabarets [CAUPOSA], dans lesquels on vendait les boissons préparées à l'eau chaude [GALBA,] dontlesGrecs etles Romains aimaient faire usage. Les seuls textes littéraires qui les mentionnent expressément sont quelques passages des comédies de Plaute' ; Dion Cassius y fait allusion'. Parmi les très THE -r 220 THE nombreux cabarets et auberges que l'on a découverts dans les ruines de Pompéi figurent plusieurs therlnopolia, aisément reconnaissables à la disposition caractéristique de leurs comptoirs et de leurs fourneaux 1 : « Un comptoir en maçonnerie, revêtu généralement de plaques de marbreirrégulièrement cassées, formait la devanture ; des vases en terre y étaient encastrés, dans lesquels on tenait à la disposition des acheteurs ou des consommateurs certaines denrées : des olives, de la saumure, de l'huile, des légumes secs, etc. Un petit foyer ménagé sous quelques-uns de ces vases permettait de conserver et de verser au consommateur des boissons chaudes... Quelquefois, mais rarement, le devant du comptoir était orné de plaques de marbre bien taillées et symétriques ou de peintures. Plusieurs gradins appuyés au mur portaient les verres et les bouteilles 2.» Il est facile, d'après les vestiges subsistants, de se faire une idée de l'aspect que présentaient jadis ces établissements et d'en reconstituer l'image-3. L'un des plus intéressants que les fouilles nous aient rendus est situé dans la rue de Mercure ; il comprend deux parties : un comptoir en façade sur la rue et, en arrière, une petite salle dont les murs sont recouverts d'inscriptions (da fridam pusillum, « un peu d'eau froide », aride calicemSetinum, « encore un verre de vin de Selinum » 4) et de peintures (par exemple, la scène de cabaret reproduite à l'article CAUPONA, p. 973, fi g.12b75) appropriées à la destination du lieu. Un autre, dont le comptoir est à l'angle de deux rues, attient à la maison de Salluste 6. Un autre enfin, tout récemment déblayé par M. Spinazzola, donne sur la rue de l'Abondance fig. 6878) : « La boutique n'est pas grande et n'a guère que deux mètres de longueur... le comptoir, en angle, se composait d'une manière de fourneau à quatre trous, sur lequel se confectionnaient les plats chers aux Pompéiens ; à une des extrémités était placée la chaudière, fermée par un couvercle à chaînette et munie d'un tuyau pour l'échappement de la vapeur... ; le long des murs et contre le fourneau s'appuyaient. une quinzaine d'amphores de bronze, de verre et d'argile, que remplissaient des breuvages variés. Une quantité de petits objets d'un usage courant ont été tirés de leur gaine de terre et de cendres : une cassette en os contenant des pièces d'or et d'argent la recette au jour du désastre un vase en forme de coq, dont le bec ouvert versait le liquide, des calices de verre opalin destinés sans doute aux essences précieuses, une minuscule lanterne figurant un pied humain, dont la sandale porte gravé le nom du fabricant, Spondilius7. » L'état de conservation remarquable de ce petit monument complète et précise heureusement notre connaissance des tilermopolia. M. BEmrIER.