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TIIOLIA (0o),(x). Chapeau de femme. La définition d'Hésychius (pétase qui va en se rétrécissant en pointe) et celle de Pollux (paille tressée en forme de tholos, dont les femmes se servent pour s'abriter du soleil)2 conviennent parfaitement à l'aspect que présentent les gracieux chapeaux placés sur la tête des femmes dans la série des figurines de Tanagra (fig. 6903)3. C'est le pétase
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féminin, différent de celui des hommes [PETASUS1, mais adapté aux mêmes lins. Le mot 7t),Eyp.r, employé par les lexicographes, indique un objet en jonc ou en paille tressée', et c'est bien en cette matière que l'on se figure les coiffures des statuettes béotiennes : aujourd'hui encore les femmes du pays niçois, dans le midi de la France, portent un petit chapeau plat en paille qui rappelle cette partie du costume grec. Sur les terres cuites on constate que le
chapeau était souvent peint, comme le vêtement, en couleurs bleues, rouges, etc., ou bien doré. On l'ornait aussi de petites figures, par exemple des
Éros dansants, qui sont figurés en relief sur un chapeau de terre cuite doré, trouvé dans la nécropole de Myrina (fig. 6901)2 ; on peut les supposer exécutés
en broderies saillantes ou _
en cuir par-dessus lapaille.
que porte Ismène dans un passage souvent cité de So
t_ r.F. phocle3, se rapproche peut
Fig. 6904. Chapeau décoré être comme forme de ce genre
de reliefs. de coiffure ; il est vrai que
la xuv-~ ordinaire n'a pas de larges bords [PILEUS, p. 4811, mais l'épithète ajoutée ici semble spécifier que cette coiffure protégeait des rayons du soleil et était, par conséquent, analogue à la
tllolia. E. POTTIER.
THOLUS (0 oç). Construction ronde. Le sens du mot paraît bien flottant' ; telle est du moins l'acception générale la plus répandue et probablement la plus exacte, celle sur laquelle s'accordent Suidas (oixo;
expressions ne sauraient concerner la couverture, la toiture de l'édifice, car du même Hésychios une autre
montre que le toit de la tholos n'est pas forcément une coupole et peut très bien être conique. Il n'est pas davantage nécessairement conique ou simplement en pointe, vu les exemples cités par Servius (le temple de Vesta 3
et le Panthéon 4). Les deux constructions ici nommées sont les seules de nous connues auxquelles le nom de tholos soit appliqué par les textes, et elles sont de date tardive. Pour l'époque grecque, aucun secours analogue. La tholos d'1 pidaure est un des spécimens les plus importants de cette catégorie d'édifices ; or nous possédons les comptes des travaux : l'inscriptions qui les relate dit, rien pas 0ô),oÿ, mais Ouu.skr,. Un traité transmis soirs le nom d'Aristote 6, mais qui doit être plus récent, parle de constructions « qu'il y a, dit-on, en Sardaigne, faites suivant le type grec, et avec des voûtes », et les appelle Oi)ot ; allusion évidente aux nuragues, ouvrages circulaires à toitures peu uniformes. Servius enfin, nommant les toits qui s'appuient sans murs sur des colonnes, désigne les temples monoptères. Il est impossible de ramener les constructions rondes à une théorie unique'. Pour ne rien omettre, nous traiterons ici de toutes, et aussi des toitures en coupole 8, dont on ne sait si elles furent tout d'abord posées sur plan circulaire. Les nombreuses inconnues des problèmes que la question soulève nous conduisent à choisir l'ordre chronologique.
1. Les tombeaux primitifs. Si, suivant les étymologistes Od),o; est à rapprocher de Ut),xl,.o; (chambre à coucher), cette désignation conviendrait parfaitement à un premier groupe de monuments qui doit nous occuper: les tombeaux. On connaît [sEPULertum H] ces chambres sépulcrales à couloir d'accès (ipu.o;) (fig. 6308), dont le « trésor d'Atrée » (fig. 39.16) est l'exemplaire le plus célèbre et le plus luxueux. Nous devons revenir sur quelques particularités, en nous limitant cette fois aux véritables Oi),ot.
Cette variété est fort ancienne, même préhellénique ", comme le montrent les plus vieilles nécropoles de Syros. Néanmoins, on ne pourrait plus dire que le type circulaire est plus ancien que le type en rectangle (car les mêmes groupes comprennent des uns et des autres, avec des types intermédiaires 12), ni contester que ce genre de tombeau est une imitation de la cabane primitive ; et en effet, dans les idées des anciens, la dernière demeure devait rappeler au défunt son ancienne habitation. Mais dans quelles parties du monde antique domine la tombe circulaire, et où la carrée ? Tous les systèmes semblent vains, vu que des nécropoles toutes voisines et contemporaines montrent prépondérance énorme, ici des unes, là des autres 13. Les huttes rondes, telles que celles des Terranzare (fig. 2508-2510) ou les urnes a capanna (fig. 6769), ne se trouvent pas seulement
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en Italie 1 ; en Crète on observe les mêmes ossuaires plus ou moins cylindriques, à couvercle en simple cône, parfois terminé par un gros bouton ou fleuron 3. La porte unique pratiquée dans la paroi correspond parfaitement à celle où aboutit le dromos. Ce dernier s'explique : la tombe était entourée d'un amoncellement de terre ; il fallait une tranchée pour gagner le centre ; était-ce une grotte, on devait souvent creuser profondément pour obtenir dans le rocher la hauteur nécessaire 3.
Ces tombes affectent les dimensions les plus variées, depuis la petite
chambre exiguë,
s54Â?-- ~ k°Î écomme on en a
tant découvert à Théra 4 et en Crète, atteignant à peine une taille d'holnlneà la clef de voûte ou même seulement 0 m. 80 à1 mètre 6, jusqu'à la chambre immense, tombe de
souverain ou sépulture de tribu ou de famille, telle que la tholos d'Ilaghia Triada, capable de contenir environ deux cents cadavres 7, ou la très ancienne tombe italiote à coupole dite La D1ula 8 (9 mètres de diamètre).
La technique générale des tombeaux à coupole [sEPULcHUM, p. 12121 a été déjà décrite ; elle repose sur le principe de l'encorbellement, superposition d'assises annulaires dont le rayon décroît de la base au sommet. Une observation attentive du « trésor d'Atrée » (fig. G905) a fait remarquer 9 que les assises supérieures comprennent des blocs irréguliers, polygonaux, avec des sortes de talons et d'éperons, s'emboîtant les uns dans les autres pour parfaire la solidité de l'ensemble.
D'où vient une telle coupole ? Quel peuple l'a le premier conçue? Problème bien obscur. A première vue, elle semble inséparable de la voûte, et même « de tous les types de voûtes, celui qui se réalise le plus aisément sans cintre est la voûte sphérique » 10; or la voûte est d'invention orientale [FOBNIX-j. Et cependant la coupole dut être fort rare dans les plus anciennes civilisations des vallées de l'Euphrate et du Nil: très peu répandue
dans l'Égypte pharaonique 11 ; conjecturale, quoique probable, en Chaldée et Assyrie. La supposition se fonde sur un de ces bas-reliefs où Sennachérib fit représenter les travaux de son palais de Ninive (fig. 3206) : au pied d'une colline ombragée se dresse un groupe d'édifices, les uns à toits plats, les autres surmontés, soit de calottes hémisphériques, soit de dômes paraboliques très élancés, tous sans doute en briques cuites 12. Ce type de toiture convient particulièrement au plan circulaire, car le plan carré doit être « racheté », et nous ne savons, faute
d'avoir trouvé en
place une seule
coupole assy
rienne, comment
on le rachetait ;
mais le plan ciresculaire fut-il jamais en usage en Chaldée 13 ? Pour l'autre, d'ailleurs, la voûte en berceau n'était pas exclue, et c'est elle peut
être, on pourrait encore l'admettre, que représentent en profil ces calottes hémisphériques. Mais une telle hypothèse ne saurait guère s'appliquer aux toitures à courbes elliptiques, qui répondent à celles des « trésors » mycéniens. On constate au surplus, par d'autres monuments' 4, que les Assyriens donnaient à leurs tentes des niches sphériques en demi-coupoles.
Revenons aux pays classiques. Comme on y voit prédominer aux premiers temps ce genre de coupole en pain de sucre ", on conclura de préférence '3 à un perfectionnement, indépendant et sur place1', des très anciennes huttes élevées à la hâte contre les intempéries par les populations primitives: pasteurs de la Grèce, chasseurs des cités lacustres, etc., et comprenant un mur très bas, en cercle, sur lequel s'élevait un toit, plus ou moins conique, de branchages entrelacés 13. Les dernières fouilles d'Orcholnène confirment cette manière de voir : près du mycénien « Trésor de Minyas » gisent les restes d'une cité néolithique (vers 3 000), cahutes rondes en forme de ruches à coupoles (0 mètres de diamètre, 8 de hauteur), aux murs de brique crue reposant sur un socle
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de moellons. A l'intérieur étaient creusées des fosses rondes', quelque dix fois moindres, pour la conservation des cendres du foyer, considérées comme sacrées'. Ce genre d'habitation, dérivé de la hutte primitive en branchages et encore fréquent chez les Kurdes et les Soudanais ', est le prototype évident des tombeaux d'Argolide. A Orchomène, le bas des murs seulement s'est conservé, mais il y a apparence que le faite de ces cahutes n'était point aigu ; on y laissait une ouverture pour la fumée ; or cette disposition persiste dans la plupart des tombes à tholos : la rangée des assises annulaires s'interrompt avant le sommet et sur l'orifice supérieur on met une large dalle plate, qui s'oppose à la pénétration des terres. Pratique traditionnelle; la légende citait des constructeurs mythiques de tholoi, Trophonios et Agamédès ; un tesson cyrénéen montre l'un d'eux venant ainsi couronner l'édifice qu'ils achèvent t.
Le petit mur de base aura même pu manquer et les branchages s'implanter directement dans le sol ; ainsi s'expliquerait au mieux la forme des tholoi d'Argolide, dont la paroi intérieure décrit une courbe ininterrompue; àCnossos,il arrive qu'elle en dessine quatre successives, dont les foyers s'étagent de la base au sommet ; seules les assises du même arc sont parallèles
Les assises annulaires n'étant point dressées dans le même plan, la série de leurs arêtes marquait autant de ressauts, qui subsistent dans les tombeaux modestes, faits de blocs à peine équarris ; dans les tombes princières de Mycènes, on avait soin d'écorner les arêtes ; opération délicate, nécessaire lorsque la surface devait recevoir une décoration en couleur. Mais même quelques exemplaires luxueux conservaient en guise d'ornement cette longue suite de degrés rappelant un escalier ren
versé 8.
Si l'on descend dans le détail, les variétés de tombes à tholos sont fort nombreuses; bornons-nous à quelques types particulièrement remarquables.
D'habitude, les pierres d'encorbellement sont taillées en segments de circonférence, au moins dans les tombeaux de travail soigné ; mais une tombe amimique de Cumes 9 était faite de blocs de tuf parallélépipédiques, accostés par les angles et ravalés seulement à l'intérieur, pour obtenir la courbure voulue ; la toiture commençait très au-dessus du sol. et le mur vertical était divisé en hauteur par une moulure, avec quelques niches où remiser les accessoires du rituel funéraire ; le faîte était conique, comme la toiture du tombeau dit de Tantale, au Sipyle (fig. 6310), très comparable encore à la tombe de Ménécratès, à Corfou ".
Signalons enfin, si vraiment on peut les appeler des tholoi, les chambres à coupoles carrées extérieurement et rondes à l'intérieur, comme la « tombe du lion » de Cnide ", la salle du feu sacré à Palatitza12 (fig. 2503) et, dans les îles Baléares, ceux des talayots jugés les plus récents 13. Les plus anciens (entièrement ronds), qui, vu leurs emplacements habituels, étaient, non pas des tombeaux, mais des fortifications'" et des abris momentanés en cas d'alerte, sont munis d'un pilier central destiné à soutenir les dalles du faîte''. Même particularité à Volterra : des tombeaux taillés dans le tuf présentent au milieu un pilier rectangulaire ou une colonne''. Un rôle analogue, accessoirement au moins, devait être dévolu à une tourelle au milieu d'un tombeau circulaire très ruiné, qu'on a dégagé vers le 5` mille de la voie Appienne"; il se peut aussi quelle ait servi de cïu.x au sépulcre, comme la colonne centrale de la tombe étrusque de Pérouse (fig. 6337).
Les Étrusques, amateurs de couvertures en bois, avaient imaginé une sorte de charpente en parasol, composée de pièces obliques, taillées en coin dans le haut, convergeant toutes vers une pièce centrale servant de clef et dans laquelle elles s'emboîtaient; l'écartement de ces pièces était maintenu par des entretoises horizontales disposées sur plusieurs rangées concentriques'. Ce mode de toiture, que montre en petit une urne à toit conique J9, a été constaté dans plusieurs chambres sépulcrales 20.
Autre type dans un hypogée d'Orvieto 21 : un dôme singulier est constitué par une seule assise de blocs énormes, entaillés tous au milieu de manière à présenter une sorte de doucine ; l'évidement central est recouvert par des dalles auxquelles ces blocs servent de consoles d'appui.
Un des tombeaux dela Russie méridionale", le «Tumulus royal » de Panticapée, construit sur plan carré, se termine par une toiture en cône, et le passage au plan circulaire s'accomplit par un procédé qui semble la première application connue 23 (v' s. av. J.-C.) des pendentifs. Ici ils sont faits de dalles courbes en encorbellement, comme celles du toit lui-même, et très visibles grâce à la conservation des arêtes 2'. mers le même temps, les Perses auraient inventé, aux mêmes fins, les trompes coniques, si vraiment, en dépit des objections très fortes 2G, les palais de Sarvistan, de Firouz-Abad,et de Ferech-Abad remontent bien aux Achéménides (d'après l'opinion de Dieulafoy, Choisy, Durai).
Ainsi les plus anciennes tholoi, imitations des cahutes, sont des tombeaux ; leur destination se reconnaît aisé
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ment aux dépôts enfouis dans la plupart d'entre eux. II n'en va pas de même de beaucoup d'autres tholoi, retrouvées dans les fouilles, ou simplement mentionnées par les textes.
Faut-il soupçonner ici une idée religieuse? Il y avait une tholos dans la maison homérique; elle se plaçait dans un coin de l'aûa,j et on la considère le plus souvent comme un magasin'. Sa forme spéciale eut certainement une raison d'être, qu'on croirait volontiers religieuse, mais impossible à préciser mieux. Sans doute, dans quelques cas, cette disposition circulaire prit une importance rituelle. Une inscription de Magnésie du Méandre (qui parait remonter au commencement du ne siècle avant notre ère) est relative à la aou.7rri annuelle célébrée le 12 d'Artémision par la prêtrise d'Artémis Leukophryéné; le stéphanéphore doit élever sur l'Agora, où se rend la procession, une Ooao; de bois 2, pour abriter les xoana des douze dieux, et à démolir dès que les statues en seront enlevées. La tholos ou prytanée d'Athènes [PRYTANEUM], où avaient lieu les repas aux frais de l'État, notamment ceux des prytanes du mois [ARCnAI, p. 371], édifice archaïque dont il n'est rien resté et qui avoisinait l'autel des douze dieux, avait aussi cette qualité, essentiellement religieuse, d'être le foyer commun de toute l'Attique [FOCUs, p. 1194] ; la forme ronde était celle de 1"E6tiia xolvr', de Mantinée 3 et de la plupart des temples de Vesta en Italie'. La rotonde à dôme pointu creusée au flanc de l'Acropole, derrière le portique de l'Asklépieion, renfermait le bassin où suintait la source sacrée des ablutions Religieuses encore par leur destination les ext.im; lacédémoniennes, que les lexicographes désignent comme des Odaot °, tentes rondes de feuillages qui servaient dans les K«ovetz
N'oublions pas que la question des tholoi pourrait enfin se rattacher à celle des /opoi, lieux de danses rituellement circulaires', avec un autel de Dionysos au centre, et qui annoncentl'pyr,c:px du théâtre°. On s'expliquerait ainsi que la rotonde d'Épidaure soit appelée Ouu._),-ti. Sur une aire semblable s'accomplissait la fête delphi_ que du SEPTÉR1oN. Ce n'est probablement pas par simple caprice artistique que les constructeurs néolithiques des cromlechs rangeaient en cercle leurs pierres levées 10, et on se rappelle la forme de l'enclos qui, à Mycènes, représente le cimetière royal primitif (Ilg.6307). Il est donc naturel que le type de la tholos se soit appliqué aux temples [TEMPLUAI, p. 93]. Au surplus, l'assertion de Servius sur le choix de ce type de construction pour les sanctuaires de certains dieux paraît bien renfermer une petite part de vérité.
H. Les Tholoi grecques classiques et hellénistiques. Vitruve1l n'énumère que deux variétés : d'abord le temple sans cella, ou monoptère, simple colonnade sur un emmarchement (stylobata). It parle des bases des colonnes, ce qui semblerait exclure l'ordre dorique, mais il n'en est rien ; il n'y avait probablement pas de plinthes, en raison de l'étroitesse des travées nécessitées par le plan courbe'". Il ne mentionne pas la toiture; une tholos lui était donc concevable sans coupole. Puis il cite le temple à cella, ou périptère, rotonde entourée d'un portique circulaire. Le tectum décrit sommairement par l'architecte n'est, selon toute apparence, qu'un toit conique, surmonté d'un pyramidion d'où sortait le calice d'une fleur. De ce modèle ont pu être les temples dont il donne la nomenclature, mais d'autres types secondaires sont restés en dehors de sa description. Il en est un qu'on peut qualifier d'aptère, cella sans portique à laquelle, extérieurement, des demi-colonnes sont ou non adossées. En somme, la théorie de Vitruve ne doit pas être serrée de trop près. D'une facon générale, la conformation en cercle ne paraît avoir été adoptée que pour des édifices d'assez petites proportions
Les tholoi étaient rares dans l'âge classique, qui leur préférait les lignes plus sévères des édifices en rectangle. Pourtant deux exemplaires de cette période ont été rendus au jour par les fouilles de Delphes. Le trésor dit « de Sicyone » est entièrement rebâti sur les restes de constructions archaïques, où dominent les blocs incurvés : la plupart proviennent d'un monument rond'" fermé par un mur (aptère)'`', peut-être élevé par Clisthènes, tyran de Sicyone, entre 580 et 570. Trésor luimême ou monument commémoratif ", ce serait la plus ancienne tholos connue en dehors des tombeaux. Dans le site isolé de Marmaria, sorte de vestibule du sanctuaire d'Apollon, s'élevait une rotonde monoptère à péristyle dorique, de 20 colonnes, sur un soubassement à trois degrés. L'intérieur, dallé, avait un revêtement de marbre noir, avec des demi-colonnes corinthiennes. Le toit, recouvert de tuiles de marbre, était un cône surmonté peut-être d'une Nikè volant. De ce chefd'oeuvre attique, de la fin du ve siècle, nous ignorons l'emploi 17 jusqu'aux empereurs romains, dont il devint une sorte de sanctuaire familial ".
C'est tout pour l'époque classique; dès l'aube de l'âge hellénistique, en revanche, cette forme d'architecture obtient une faveur marquée" nous rappellerons les spécimens les plus dignes d'attention.
Le plus connu, le plus énigmatique aussi, est celui d'Épidaure. Des recherches récentes ont permis
Place
akéion?
TEMPLE D'ASKLÉPIOS et édifices voisins.
de corriger les premières restaurations, fondées sur des relevés trop hâtifs'. Dévoileront-elles la destination du monument(tig.6906)? OEuvre de Polyclète le jeune, exécuté en majeure partie vers 350 2, il se compose d'un ordre extérieur dorique, d'un mur plein, percé d'une seule porte
et d'un ordre intérieur à chapiteaux corinthiens. Les fondations consistent en murs concentriques : les trois plus rapprochés du centre sont percés chacun d'une ouverture faisant communiquer entre eux les anneaux ; des murs de barrage obligent à parcourir tous ceux-ci d'un bout à l'autre. « Ce puits était alimenté par une source ; les variations de débit, a-t-on dit.", ou les puisements faits au centre pro
duisaient un courant qui ne laissait nulle part d'eau stagnante et servait peutêtre en outre à clarifier l'eau. » On aurait donc là le puits sacré d'Asklépios.Malheureusement, une ouverture centrale paraît ou improbable,
ou recouverte par une dalle à demeure'. En tout cas, le sékos ne convenait guère comme salle à sacrifices, car il était complètement clos et richement orné ; pour l'échappement de la fumée, aucune ouverture dans le toit', qui formait un cône très aplati, surmonté d'un élégant fleuron ; au-dessous, une voûte de bois s'appuyant sur la colonnade intérieure et décorée probablement, comme les murs du sékos, des peintures de Pausias 7. Le toit, dont on a les tuiles, était en marbre comme les plafonds compris entre les deux colonnades, ceux-ci recouverts de deux rangs de caissons inégaux', disposés en travers de la péristase.
Les interprétations foisonnent : Oaoii,-r, [TnYmÉLÈ] ne sauraitdésigner unefontaine ou un puits, disaitllerrlich 9; le mot s'appliquerait mieux à un local pour des fêles artistiques ; les dimensions livraient place à environ quatre cents personnes ; c'est peu pour un Odéon (dont parlaient Ilrunn et Wieseler) ; c'est assez pour des auditions en petit comité. L'idée a été reprise par II. Thiersch 10 : on
aurait d'abord exécuté des péans en l'honneur du dieu, et peu à peu la tholos serait devenue un kiosque à musique, comme celle de D7armaria ; les excavations dans le sous-sol auraient accru la résonance". Temple des serpents d'Asklépios, d'après Ilolwerda12. Temple d'Hygie élevé sur le tombeau d'Asklépios, selon Svoronos13 que personne n'a approuvé'". Cawadias" disait : une salle pour banquets 1' et le labyrinthe souterrain une fosse secrète pour opérations mystiques17. Dernière conjecture" : 6uµdafi, dérivé de Otiuv, suppose un autel à sacrifices; c'est l'abaton de Pausanias19; ainsi seulement s'expliquent et la suite des idées chez le Périégète, et son silence sur la destination de l'oi
piç ; le sous
sol abritait les suppliants, rassemblés dans ce dédale mystérieux pour y recevoir des songes; le prêtre les y entretenait et le système de barrières et de portes lui servait à ne
pas confondre les groupes. Cette intention mystique semble en effet la plus probable"; l'hypothèse d'une sorte d'Odéon anticipe sur l'époque romaine.
Tout voisin par sa date, moins incertain quant à son objet, est le Philippeion d'Olympie (fig. 6907), commencé par Philippe après Chéronée (338), terminé et consacré par Alexandre (avant 334), et qui se reconstitue ainsi : une péristase de 18 colonnes ioniques soutient un plafond à caissons, dont la toiture en tronc de cône s'appuie sur lacella, qui se prolonge au-dessus comme une sorte de lanterne percée de baies, suffisantes pour l'éclairage. La cella a elle-même un toit conique à tuiles de marbre, dominé par une tête de pavot en bronze. Les murs sont décorés de demi-colonnes à chapiteaux corinthiens engagés2i, Au centre, une base circulaire, piédestal des statues chryséléphantines d'Alexandre et de ses ascendants, dues à Léocharès22. Ce monument, assez exigu, était donc un hérôon élevé à la gloire de la dynastie macédonienne.
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A cette dynastie appartenait Arsinoé, encore femme de Lysimaque quand, à Samothrace (300-281 environ), elle dédia OEot; (r.-yznot; une autre rotonde bien plus considérable et inspirée plutôt, surtout pour les dimensions, de celle d'Épidaure : sur un soubassement très simple,
un mur nu dépassant la hauteur de l'unique porte, s'élevait une galerie à pilastres doriques et à demicolonnes corinthiennes tournées vers l'intérieur, reliées par des dalles de marbre cannelées. Aucun éclairage ne semblant prévu dans cette disposition, Niernann a fondé sa restitution hypothétique des combles sur une introduction de la lumière par le haut'. Du moins les débris retrouvés indiquent la même toiture de tuiles, le même plafond à caissons qu'à Épidaure ; mais plus massif, plus uniforme, l'édifice n'offre pas la même perspective élégante ; analogie pourtant dans l'ornementation extérieure des métopes et des frises z. La tholos d'Épidaure a certainement fait époque, et les autres rotondes con
struites dans les années qui suivirent en ont subi l'influence, ainsi peut-être que de celle de Delphes, autre sanctuaire très célèbre et souvent visité'.
A quoi fut destiné l'Arsinoeion ? Rubensohn est d'avis que ce local parfaitement clos convenait à merveille aux cérémonies mystiques et qu'il a pu être le -E),Ercr,Fiov de Samothrace ; aucun argument, du reste, à tirer de l'aménagement intérieur toujours inconnu '. Faut-il croire d'ailleurs qu'une seule et invariable affectation avait été prévue? Oui sans doute, si elle était d'ordre religieux, mais ce dernier point n'est pas établi. Peut-être même l'édifice n'en avait-il aucune, à proprement parler, et ne servait-il qu'à glorifier quelque événement que nous ne pouvons préciser. Beaucoup de ces constructions circulaires semblent en effet avoir eu un caractère avant tout commémoratif : tel le monument choragique de Lysicrate6, à Athènes (fig. 6868), avec sa rotonde aptère à colonnes engagées et son toit conique et monolithe, terminé par une tige d'acanthe (335/4 av. J.-C.).
Dans les siècles suivants, les exemplaires se multiplient. Les recherches des Autrichiens à Éphèse ont fait connaître un gracieux monument, plus récent d'une centaine d'années, qui comprend, sur un soubassement carré à bossages, une rotonde à demi-colonnes doriques, surmontée d'une autre, de moindre diamètre, et qu'entoure un portique ionique ; la toiture s'élevait en pyramide à degrés Campé bien en vue sur une hauteur, cet édifice devait célébrer quelque grande action militaire ; il rappelle singulièrement, dans l'ensemble, deux ouvrages un peu plus tardifs : l'ancienne « tour de l'horloge » d'Aix-en-Provence' et le trophée augustéen de la Turbie s.
M. Rubensohn, pour se convaincre de la nature mystique de l'Arsinoeion, allègue aussi10 certaines fresques pompéiennes" où l'on voit deux petits temples ronds qui, d'après les accessoires décoratifs, auraient servi aux cultes de Cybèle et d'lsis. On ne voit pas la relation qu'il. prétend établir, l'explication fût-elle exacte'. Une chose certaine, c'est le caractère tout fantaisiste et irréel des décors pompéiens (cf. fig. 571, 2525 et 6759). Une peinture de la casa di Apollo montre derrière « Apollon » une sorte d'armature de tonnelle, des colonnettes soutenant un entablement circulaire, le tout engagé dans une disposition analogue, mais en demicercle17. D'autres fresques étalent les mêmes architectures fanstastiques 5t, comme celle de la cour des thermes de Stabies'°. Tout au plus ces peintures illustreraient-elles l'usage, attesté sous l'Empire 16, de pour
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voir les villas de constructions en forme de tours, ménageant sur la campagne des vues panoramiques', surtout au bord de l'eau2 et dans des positions relevées3, qui donnaient un charme tout particulier aux rotondes, telles que celle de Tibur dominant le cours de I'Aniot. Toutes ces fantaisies sont un héritage manifeste des créations hellénisa iques.
III. L'art romain. A l'époque romaine, le goût pour les formes architecturales courbes fut donc bien loin de s'affaiblir. Le temple monoptère en particulier fit fureur. Nous en avons, du temps de la République, de curieux spécimens par des deniers ou des aurei, dont les revers reproduisent, les uns le temple de N'esta, surmonté d'une
figure tenant un sceptre, et flanqué d'acrotères avec un dôme élevé à nervures' (fig. 6720; cf. 32bh), les autres celui de Mars Ultor, dont il y eut deux types successifs : le premier à quatre colonnes visibles, surmonté d'un dôme bas (avec antéfixes et fleuron terminal), abritant une statue ou un char triomphal ; le second à six colonnes, présenté en perspective cavalière et garni de signa militaria 8.
Nous devrons nous borner néanmoins à quelques indications', facilitées par les recherches de W. Altmann", dont l'idée essentielle est discutable. Pour lui, ces Ilundhauten sont de pure tradition italienne. Concédons que les vieilles huttes (demeures ou tombeaux), dont nous avons parlé plus haut (p. 271), auraient suffi à les
inspirer, mais dans l'exécution il y a une influence indéniable de l'hellénisme". Il ne s'occupe au surplus que de l'Italie, et les exemples abondent dans tout l'Empire. En Lorraine 12. les plus anciennes maisons de bois sont rondes avec toit conique ; elles deviennent justement rectangulaires à l'époque romaine ; mais le temple rond se maintient dans les campagnes gallo-romaines, centre d'un groupement de petites villas, souvent dans un rayon de plusieurs kilomètres 13. Certains cippes funéraires du Bordelais sont sculptés en rotondes, à colonnes et pilastres, à l'imitation, peut-on croire, de constructions véritables 't.
Les maladresses de la technique purement italiote éclatent dans le plafond clavé de la très ancienne prison Mamertine; (fig. 1183) ; l'extrados de la coupole fait voir qu'on a mis enplace, sans souci de parallélisme, les deux assises formant sommier ; d'autres assises y furent juxtaposées, et, lorsqu'on dut souder ensemble, au milieu de la voûte, les deux moitiés de la construction, il fallut recourir à des expédients misérables pour fermer l'angle ouvert entre les assises '2. Il y aurait à rappeler quantité de tombeaux 16 ; signalons seulement celui de Cécilia Métella (fig. 6341) et le Monte del Grano, sur la voie Tusculane : c'est un tumulus à toit conique, renfermant une salle circulaire à coupole, avec corridor d'accès tel qu'un dromos17. A Pompéi on trouve un tombeau rond, dont la toiture se profile en consolef°, et celui des lstacidii, à deux étages : en bas une imitation de temple carré, en haut un monoptère à toit conique'', conception reprise dans le mausolée de Saint-Rémy.
Pour les temples, beaucoup d'exemplaires sont mentionnés dans les textes ; quelques-uns subsistent ruinés,un seul encore entier. On voit près du Tibre un des plus célèbres 20, dont on ignore la dédicace et qu'Altmann 21 a proposé, non sans vraisemblance, d'identifier avec le templutn ilerculis in Foro Goario29, construit par Paul-Émile. Il serait donc du 11e siècle avant notre ère; l'état actuel suppose une date bien plus basse; il a perdu sa toiture antique qui, à en croire un témoignage de Ligorio 23' aurait dessiné une série d'assises circulaires en escalier. Du petit temple à demi effondré, et transformé, de Tivoli (fig. 6908), (fin de la République?), on a pu fournir néanmoins des restaurations probables" : une péristase de 18 colonnes corinthiennes, avec plafond à caissons 25, enfermait une cella plus élevée, avec une porte et deux fenêtres, et dont la coupole était dissimulée à l'extérieur par un e toit de Lente »n. Les deux fenétres rendent suspecte l'appellation de temple de Vesta. L'aedes Vestae authentique du Forum27 ne subsiste plus que par un noyau de maçonnerie circulaire en blocage (fig. 32b0,
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ne If); des reliefs qui la représentent ne permettent pas de juger de la disposition des colonnes qui l'entouraient, et les monnaies sont en désaccord sur celle des combles2.
Nous voyons, par les exemples cités, que le mot de Servius touchant l'obligation (disons l'usage fréquent)d'élever des temples ronds à certains dieux, comme Vesta et Mercure, n'est pas à rejeter complètement (voy. aussi TELLUS, p. 76 et 79) ; la petite tholos de Délos ', bâtie dans le quartier des llermaistes, devait être un temple de Mercure`.
On a critiqué' l'effet produit par ces portiques circulaires : l'entablement fait
saillie entre les entre-colonnements, et sa partie médiane entre deux fûts ne paraît pas suffisamment étayée; quand les supports ont des chapiteaux corinthiens, leur plinthe rectangulaire s'harmonise mal avec ce pourtour arrondi. Observation exacte, mais ces détails devaient s'estomper dans l'effet d'ensemble G. Peut-être ce dernier n'était-il pas favorable au petit temple de [tome et d'Auguste sur l'Acropole d'Athènes tholos isolée parmi des édifices rectangulaires. Un médaillon d'Antonin le Pieux suppose une combinaison toute spéciale 8: on y voit tin temple rond à dôme qu'entoure (peut-être complètement) une galerie ou portique courbe, de moindre hauteur, à l'intérieur duquel s'accomplit un sacrifice (fig. 6909). Ce type de construction est exactement répété sur un certain nombre de reliefs en terre cuite9.
Quelques monnaies de basse époque attestent l'existence de tholoi dont nous n'avons plus d'autre trace" : des pièces de Philomélion offrent comme type de revers un monoptère sur quatre colonnes, à toit conique, abritant une statue"; type analogue sur les monnaies de Topirus12, mais sans statue, et l'on ne remarque aucun entablement. Autre exemplaire à Cyzique, avec statue de cultef3. Le temple rond de Mélicerte''` figure sur des impériales de Corinthe : il apparaît bâti sur un podium, où s'ouvre une porte arquée (fg.44897)15.Des médaillons romains des lue et ive sièclesrappellent le tabernacle de Juno Martialis, temple corinthien à large dôme bas'"; un temple de Jupiter à dôme, surmonté d'un aigle 17 ; sur un autre, de Gordien, fort embarrassant par son inscription grecqu e
(Nt(xrt btrXoPdros), une cella à coupole, masquée par un portique".
Mais la plus célèbre rotonde est le Panthéon de Rome, construit par Agrippa et, après que la foudre l'eut frappé, rebàti par Hadrien à peu près tel qu'il existe encore aujourd'hui". La coupole, dont le diamètre a 43 m. 40, est revêtue de caissons et laisse au sommet une large ouverture par où l'intérieur s'éclaire. C'est le type accompli de la coupole romaine, dont le mode de réalisation se résume dans le moulage d'une carapace en conglomérat de mortier et de blocage, avec armature en briques. Procédé simple, économique et, moyennant quelques précautions, excellent2''. Sur une forme charpentée, on tassait la matière par couches horizontales ; on laissait sécher, et on démontait le moule. On eût pu craindre un déversement des murs de soutien ; mais contre ce danger le Panthéon était prémuni par le robuste contrefort de sa muraille extérieure. La concrétion devait être assurée d'une stabilité parfaite; le moindre mouvement de la forme sous-jacente, durant la confection et la prise, causait des solutions de continuité. On donnait donc tous ses soins à l'os
sature: au lieu
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en bois, on façonnait d'abord, à la surface de celui-ci, une voûte légère en grandes briques carrées, doublée d'une seconde en matériaux moindres; en outre ou montait au préalable, à partir de la crête des murs, des arceaux de bri
ques convergeant vers la clef de voûte, reliés de distance en distance par des anneaux de même matière et un grand nombre d'arcs. Le tout formait un squelette bien équilibré, dont le conglomérat remplissait les vides fi g.6910)21.
L'épaisse muraille du Panthéon est creusée de niches tour à tour rectangulaires et en absides9'. Une particu
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larité plus curieuse, ce sont les niches pratiquées dans la paroi extérieure du petit temple baroque des environs de Baalbeck, rotonde entourée d'un portique en fer à cheval sur les deux tiers de son développement ; contre le dernier tiers s'applique un autre portique rectiligne'.
Sur les grands mausolées romains, très souvent circulaires, v. si:PULCRUit. Nous n'ajouterons à la nomenclature de cet article qu'une mention pour le prétendu tombeau de saint Luc à Éphèse : le haut est ruiné ;les vestiges font croire à un petit temple monoptère de 16 colonnes ; mais le soubassement cylindrique présente cette disposition très originale que l'intérieur en est recouvert d'une voûte annulaire, concentrique au pourtour, semblable à un tunnel, et qui s'appuie d'un côté sur un large pilier central, de l'autre sur la maçonnerie extérieure 2.
Le plan circulaire ou la coupole, ou les deux à la fois, s'appliquaient encore à diverses catégories d'édifices : les pavillons placés au milieu des marchés' [SIACELLU➢i], fig. 4738, 4740], ou sur des écuries [EQUITIUsI, fig. 27b0], les bains grecs et romains, où tholos devint synonyme de laconlicam [BALNEUM, fig. 763 ; TIEBMAE], les réservoirs, silos à blés ou citernes', quelquefois même les fontaines [rovs]. p. 1229 et fig. 3140-3141], les trophées [TxoPAEU51
lesplus anciens odéons [ODECSI, p. 15!pl est douteux qu'il faille joindre à cette liste les gymnases : les exemples que fournissent à ce titre Érétrie et Santorin " doivent être considérés comme des hérôons, où l'on honorait sans doute quelque héros de la palestre. En Italie, on avait coutume d'entourer d'une construction circulaire, plus ou moins large et haute, les lieux consacrés, surtout ceux que ]a foudre avait frappés' [BIDENTAL,
IV. L'art chrétien. Au point de vue qui nous occupe comme à bien d'autres, l'art chrétien dérive pour une bonne part des modèles rencontrés aux bords orientaux de la Méditerranée. L'époque romaine nous a laissé seulement quelques exemples de voûtes d'appareil, surtout en Syrie'; tel le temple de Baalbeck cité plus haut. Les Byzantins adoptèrent rarement la pierre pour leurs voûtes, ruais s'approprièrent les procédés que son emploi avait fait naître. Dans le Ilaouran, les constructeurs passaient généralement du plan rectangulaire au cercle par des dalles posées à plats ; pourtant à Gerasa (Djerasch), aux carrefours des grandes rues, ce passage se faisait au moyen des pendentifs Ces carrefours étaient abrités de coupoles en gros matériaux ; les cours de voussoirs y ont leurs lits tronc-coniquesf0 comme
ceux des coupoles modernes, mais avec des irrégularités de détail assez fréquentes : les lignes de lits ondulent par rapport à la courbe circulaire qu'elles devraient décrire; les plans des joints s'écartent parfois très sensiblement de la direction du plan méridien. Malgré ces tolérances les voûtes sphériques en pierres d'appareil étaient très coûteuses ; quelquefois on n'élevait que les reins de la voûte en assises de moellons" et la calotte supérieure en briques, qui formaient une série de troncs de cônes emboîtés les uns dans les autres". Mais en somme les architectes byzantins se contentent presque universellement des assises annulaires de briques inclinées en tronc de cône et que maintient la seule adhérence du mortier. L'embarras du cintre en charpente, indispensable à la concrétion romaine, est du même coup supprimé 13. Néanmoins, pour prévenir la déformation des voûtes et alléger les poussées, ils recourent parfois à des artifices que nous nous bonnerons à énumérer : établissement de nervures méridiennes à la mode romaine'', étagement de trompillons' 6, lits de tuiles courbes emboîtés les uns dans les autres10, tubes de terre cuite rétrécis par un bout qu'on engageait dans l'extrémité opposée du tube voisin et disposés en spirale continue de la naissance de la coupole à la clef'".
Les constructions circulaires semblent avoir eu un dernier regain de faveur à l'époque de Constantin et de ses premiers successeurs'°. Cet empereur avait élevé d'après ce plan une petite Anastasis sur le tombeau du Christ et une église à Antioche19, l'église romaine des Saints-Marcellin-et-Pierre20. Vers le même temps furent exécutés Saint-Georges de Salonique,", Sainte-Hélène de Brousse22.Ces églises sont généralement des rotondes précédées d'un portique ou d'un narthex. Passé le Ive siècle, l'expression tholos se rencontre encore 23, mais, si la coupole est extrêmement répandue, les plans compliqués remplacent en Oriente' le plan circulaire, qui, en revanche, sera souvent celui des baptistères d'Occident; il convient parfaitement à ces constructions appelées à contenir des foules peu considérables, et où il fallait loger une grande piscine, autour de laquelle on pût commodément circuler
La coupole, en Occident, se pose désormais surtout sur plan carré ; ce plan est racheté par trompes ou par pendentifs26. Les prototypes connus de la trompe ne sont point en Orient, si les palais persans du Fars ne datent que des Sassanides; mais les exemples cités : baptistère de la cathédrale de Naples 27, culs-de-four du
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palais des Césars au Palatin 1, de la Villa Iladriana 2 ou du théâtre d'Orange, n'obligent point à croire, avec MM. Rivoira et de Lasteyrie, que les Romains furent les véritables inventeurs des trompes. Quant aux pendentifs, nous avons vu qu'ils étaient déjà conçus au ve siècle av. J.-C.; c'est un hasard sans doute si dans la suite, après une lacune de plusieurs siècles, on ne les observe plus, au début de notre ère, qu'en Occident, où les premiers qui apparaissent manifestent autant d'incertitude que d'inexpérience : thermes de Dioclétien à Albano3, de Caracalla 4, tombéau de la voie Nomentane 3, monument gaulois de la Côte d'Or (1Ie-m" siècles)'. L'origine orientale, grecque ou mésopotamienne ', du procédé ne laisse guère place au doute'.
Le diminutif OoÀ,iôtov est écrit dans un inventaire de l'Asklépieion s : il s'agit d'un ex-voto offert par le peuple, probablement un temple rond en miniature.
Un terme tout voisin, Ooî,(a f0, désignait un chapeau de
TIIRÈNOS [FEMIS, LUCTUS].