Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article THRONUS

TIIRONUS (ep6voç), en latin habituellement solium , bien que ce dernier nom, à l'origine, ait spécifiquement désigné le fauteuil symbolique des anciens rois de home [soLIUM]. -I. Siège d'honneur. Telle est, à défaut de définition précise 2, l'idée essentielle et certaine qui rend compte de toutes les applications du mot. Donc, de façon générale, une sorte de fauteuil massif et imposant, le plus souvent avec dossier, accoudoirs et escabeau. C'est la forme qui apparaît dès les plus anciennes civilisations, en 1Jgypte 3, en Assyrie où, pour la môme raison, ces sièges sont très élevés et très luxueux 4: le bois en est recouvert d'appliques de bronze, avec pierres fines, or, ivoire et pâtes de verre 5. Le terme très large de CATHEDRA comprend aussi le trône, mais en outre d'autres sièges que ne caractérisent pas, comme lui, la splendeur et la majesté: ainsi le 6(?poç, sans dossier, le xX;rp. ç plus mobile, siège de repos (x),(vcu) qui suppose un dossier plus ou moins incliné. Au trône convient plutôt le dossier haut et droit 6. Ce siège est donc indiqué pour les plus éminentes personnalités, les dieux' ; ce n'est pas cependant leur siège exclusif. Il y a parmi eux une hiérarchie ; Zeus ayant sur tous la prééminence, ltomère le place sur un Opdvoç et les autres sur des xatap.o(. De même, dans la frise orientale du Parthénon s, les dieux assemblés sont uniformément sur des sortes de banquettes, à la seule exception de Zeus u, dont le siège a des bras et un dossier, et peut-être d'Iléra t (fig. 4162); ces derniers sont parfois en effet représentés côte à côte sur le même siège (fig. 4172). Les trônes à deux places apparaissent de bonne heure du reste, comme en fait foi un groupe d'ivoire très archaïque du sanctuaire d'Ar témis Orthia (Laconie), comprenant deux personnages d'identité très incertaine, assis sur un seul trône à dossier qui se recourbe en avant, avec deux animaux sous le siège (fig. 6911)12. Ainsi encore se trouvaient réunies Déméter et Despoina dans le groupe de Lykosoura, dû à Damophon de Messène (n" s. av. J.-C.) et dont les débris subsistants ont permis un essai de restauration 3, en suivant les données de Pausanias 1'`. L'idée d'asseoir les divinités n'est peut-être pas pour toutes l'idée primitive : par exemple, aucune statue de culte d'Athéna ne paraît l'avoir représentée assise avant le vie siècle 13. Quelquefois on voit la statue de culte plantée droite sur un trône (monnaies d'Ainos, fig. 6595). Par ce type de transition, l'importance rituelle du trône devient évidente ; elle s'exprime encore dans la Op', alotç qui fait partie de l'initiation aux mystères des Corybantes 16 : l'initié s'asseyait sur un trône et l'on dansait autour de lui ; il devenait par là une hypostase de Dionysos, que les Corybantes avaient sauvé enfant (cf. fig. 2197) 17. Le trône est aussi fait pour les souverains " : il est le symbole du pouvoir royal" [REGNUSI, p. 8231 ;le mot même équivaut à fonction ou dignité royale" ; tbç Opivoç désigne le ciel 21. On appellera trône, par extension, le siège du maître d'école (cf. fig. 4648), chef dans sa classe, et celui du professeur de philosophie au milieu de ses disciples 22. Dès l'époque homérique, on réserve chez soi un Ondvoç pour tout hôte de distinction éventuel; Télémaque invite à s'y asseoir Athéna déguisée en Mentes". Dans THR -279THR les grands palais il y a des O-Àvot pour les étrangers; ainsi chez Ulysse, chez Alkinoosl. Les morts aussi, qui passaient pour des sortes de divinités, sont fréquemment figurés assis sur des trônes (fig. 6919.. 2. C'est ce que montrent les terres-cuites déposées dans les tombeaux : les unes représentent de vraies divinités reconnaissables à leurs attributs 3, mais d'autres, surtout dans les très anciennes séries, des femmes avec des enfants sur des trônes tout pareils`. Le même type est celui des nombreuses statuettes de tuf retrouvées à Ca poue, du temps de Sylla d'après les inscriptions; mais, exhumées auprès d'un sanctuaire, on les a considérées comme probablement votives'. Les reliefs du monument des Ilarpyies, bien que prêtant à discussion, paraissent avoir pour sujet des morts recevant les hommages des vivants ; les premiers sont assis sur des trônes, comme des dieux Les défuntes surtout nous fournissent des exemples analogues, en particulier dans l'art archaïque' ; à l'époque classique, les mortes héroisées reposent plutôt sur des sièges plus légers à pieds courbes ; pourtant c'est encore un trône sur la stèle de Pamphilè ° et sur plusieurs autres10. Dans la nécropole étrusque de Chiusi, des ossuaires étaient placés sur des fauteuils de bronze, en feuilles de métal battu et rivé ". Une statue cinéraire du musée de Palerme est conçue à l'image des statues de la Grèce archaïque, dans l'attitude et avec le costume des divinités trônant 72. C'est le parti adopté pour un certain nombre d'urnes archaïques de Chiusi, du type « canope » i3 (fig. 6913). Au tombeau des Voluninii à Pérouse, une urne a pour couvercle la statue de la morte, idéalisée par une sorte d'apothéose et dressée sur un trône, les pieds sur un tabouretf°. Dans une fresque de la tombe Golini, à Corneto, l'artiste a peint les défunts sous les traits de Pluton et Proserpine, assis sur des trônes élevés (cf. fig. '277'2) '5. C'est sans doute par une héroïsation anticipée que les donateurs, prêtres ou dévots, qui consacrèrent leur image à l'Apollon de Didymes, sur la voie sacrée des Branchides, se sont fait représenter sur des sièges massifs, à larges dossiers 16 D'ailleurs cette distinction était souvent aussi réservée à des personnages de marque, comrne les prêtres et ceux qui présidaient une cérémonie, notamment les proèdres des jeux publics (cf. fig. 1334, un siège d'agonothète, et fig. 5799, de proèdre). Encore sous l'Empire romain on dédie des trônes d'honneur au théâtre ou dans les jeux aux hommes considérables (bienfaiteurs de la cité, prêtres, archontes, généraux); ainsi à Athènes, au théâtre de Dionysos (fig. 6557). Reichel " pensait qu'il y eut, dans les temps reculés, un culte du trône, le trône remplacantla divinité, non figurée, ou même deux divinités (fig. 6914); le péplos, dans Homère, est déposé par Théano, non sur Athéna, mais sur son trône. Cette théorie, peutêtre inexacte 18 ou exagérée pour l'époque créto-mycénienne's, parait moins aventurée pour la basse époque : les monuments nous montrent de larges fauteuils vides, où se voit seulement un attribut divin ; ainsi les trônes de Vénus et de Mars [s'ouvra, fig. 6515] 20. Le culte des attributs a pu entraîner celui du siège lui-même ; au moins ce dernier contribuait-il grandement à symboliser la divinité : dans la 7ovrtTl de Ptolémée II " défilèrent de nombreux trônes d'ivoire et d'or, recouverts d'attributs peu caractéristiques, couronnes, cornes d'abondance, consacrés à des dieux ou à des morts divinisés, comme Ptolémée Sôter. Dans certaines cérémonies, une opération essentielle consistait à ctrwvvùEee Opdvouç pour les images des dieux 22. On en creusait dans le roc, auprès desquels jamais aucun fragment de statue n'a été découvert; il se peut que la divi ze THR 280 THR nité fût censée venir, invisible, s'y installer', comme sur ceux qu'à l'époque classique on dédiait dans les temples à son usage 2. Ces sièges vides apparaissent dans les reliefs, entourés de petits génies: un de ces putti, sur une pyxide du Louvre, est monté sur le trône de Zeus et brandit le foudre ; d'autres, sur un sarcophage, entourent un trône divin sans autre attribut que le globe sur le scamnum En tout cas, la symbolique chrétienne ne laisse aucune place au doute ° : une gemme des premiers siècles de notre ère 6 est au type du siège inoccupé du Christ. Dans les conciles, la place d'honneur appartenait à un trône recouvert d'un exemplaire de l'F:vangile Ivoires et mosaïques nous font voir un trône vide au milieu des Apôtres : c'est celui du Christ, souvent avec une croix sur le dossier 6. Sur un sarcophage de Tusculurn, c'est, au milieu d'un portique, un siège d'honneur surmonté d'une couronne qui entoure le monogramme de 'Ir,aou; Xptar; 9; prototype de cette J ugement dernier. Mais le trône vide n'appelle pas forcément cette explication ; dans un graffite du cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin, il paraît représenter le siège épiscopal, que protège un oiseau nimbé (le Saint Esprit) perché sur le dossier". A l'époque chrétienne, cathedra chez les Latins, Opvo; chez les Grecs deviennent équivalents; mais, comme nous le verrons, la forme de meuble généralement adoptée se rapproche surtout de l'ancien Opdvoç; l'expression grecque est la plus exacte. Eusèbe désigne par ces mots : Opdvo; û L-tiÀd; 12 le siège adopté par Paul de Samosate, soucieux de le distinguer des sièges de son clergé, ic TEpot la chaire de l'apôtre saint Jacques à Jérusalem 14. En outre, i,s,-q),'oç Opdvo; change de sens ; correspondant à cathedra gradata, sublimis, ce terme répond à l'usage d'élever le trône épiscopal au-dessus du niveau des prêtres qui l'environnent' S. L'idée d'exhaussement l'emporte sur celle d'enseignement, contenue dans cathedra 16. Il n'y a pas à s'étonner si parfois la haute signification du trône s'est affaiblie : la nécropole de Myrina renfermait des fauteuils minuscules (fig. 6915) sur lesquels prenaient place de petites figurines qui, vraisemblablement, n'étaient que des poupées d'enfant; d'ailleurs le coroplathe leur donnait encore l'aspect de divinités'. Matières et formes. A ce double point de vue on constate une grande variété '8. A l'époque homérique, le trône est û'~rad;19, accompagné d'un escabeau (Op-wu;20) et couvert de quelque étoffe ou tapisserie luxueuse". pliquer un siège en bois, soigneusement tourné et poli, souvent plaqué de ces feuilles d'or 23 retrouvées dans les tombeaux mycéniens. Il n'est pas question de bras dans les textes; Ilelbig24 en suppose d'après le récit de la mort d'Antinoos25qui, frappé, assis, par Ulysse, penche et reste appuyé sur le côté. Les terres cuites primitives ne permettent que de vagues conjectures; le coroplathe, encore peu maître de sa matière, -impropre au surplus à rendre les menus détails, se borne à des indications sommaires, asseyant une divinité sur un simple banc à dossier 26 (fig. 6159, trône archaïque sans bras). Un des plus vieux spécimens connus est dans la salle du trône à Cnossos27. Le fauteuil dit de Minos, en pierre, s'élevait sur une plinthe basse; le dossier, très long, découpé en feuille, était engagé dans le mur; on a adapté le siège aux formes du corps en y creusant de larges cavités où s'encastraient les jambes de la personne assise (fig. 6916) 28. Dans une autre salle de Cnossos, la muraille est entaillée d'une niche carrée, contenant les restes d'un trône de gypse, qui devait être recouvert de bois ou de stuc et surmonté d'un baldaquin 29. Un monument très archaïque exhumé également en Crète, à Prinia, représente une déesse à polos, assise sur un trône trop mutilé pour se révéler dans tous les détails, mais dont on voit encore les pieds de devant très massifs, ornés d'un sphinx, et le large socle décoré d'une zone de lionnes passant, d'un caractère nettement ionien 30 (fig. 6917). Dans les peintures de vases du vie et du ve siècle encore archaïques, les plus TIIIR 281 beaux trônes n'ont pas de bras ni de dossiers; ce sont de magnifiques escabeaux, de bois sculpté, sans doute plaqué de matières précieuses, recouvertes d'une peau de bête «fig. 6918). Il semble bien 2 qu'on soit parti du bois plusieurs exemplaires des statuettes de Capoue accusent l'imitation de meubles en bois' et des formes carrées, anguleuses, ensuite transportées dans la pierre". Une statuette de marbre déterrée à Délos (réplique d'une statue que rappellent des monnaies de Lydie) représente Cybèle sur un trônes; les traverses constituant le dossier sont creusées de longues et fines moulures rectilignes ; les pieds surtout, extrêmement décou pés, laissent deviner la matière de l'original : le bois, ou peut-être encore, comme on l'a supposé dans certains cas 6, le métal. Par transitions, on arriva à d'autres formes plus échancrées, plus arrondies. Un trône de marbre d'Athènes encore rectangulaire à l'extérieur, est rond au dedans; un trône de prêtre, à dossier et siège lX. TH R carrés, a reçu seulement des accoudoirs sinueux"; un autre, du théfttre de Dionysos, évitant celte apparence lourde et massive, a même le dossier arrondi et en hauteur et dans le sens horizontal On faisait en pierre les sièges non mobiles, ceux des dignitaires dans les spectacles (fig. 6857). des dieux dans leurs temples ; il y en eut mêmé de taillés dans le roc, sur des hauteurs près de la mer, et dédiés à des divinités que nomment parfois des inscriptionst0. En Éthiopie, chez les Axoumites, fortement influencés par l'hellénisme, les souverains disposaient à l'air libre des trônes de pierre, peut-être en hommage aux dieux, mais surtout en signe de domination, car sur l'un d'eux (Ier siècle), offert à Zeus, Arès et Poseidon, se lisait la célèbre inscription grecque dite Monument d'Adoulis, dans laquelle un de ces rois racontait ses hauts faits. On a retrouvé assez de débris pour reconstituer" un de ces trônes au dossier gigantesque, tout en hauteur, précédés de plusieurs marches et, à la place des accoudoirs, protégés de droite et de gauche par deux fortes dalles 12. Ily avait en Grèce quantité de trônes fort célèbres, dont Pausanias13 a donné une description trop imprécise. On citait notamment celui d'Apollon d'Amyclées, oeuvre de Bathykles de Magnésie. Il faut sans doute repéter, après M. Perrot ", qu'il est impossible à restituer": le périégète'6 n'en indique pas la matière, et la forme et le plan en sont très incertains. On peut, avec Tsoundas" et Robert", le concevoir enferà cheval; et peut-être était-ce, non pas réellement un siège, mais toute une construction, richement ornée, entourant de tous côtés un vieux xoanon qui figurait l'idole debout. Celui d'Olympie était un vrai trône 16 d'ébene, d'ivoire, d'or et de pierres précieuses, orné de statues et d'animaux 'ex??, ia.spuu,r,ui'z; oeuvre colossale dont on a évalué la hauteur à plus de douze mètres20. A chaque pied du siège on voyait des Nil:ès dansant; à ceux de devant, comme supports pour les bras (?), des enfants saisis par des sphinx. Sur les quatre xxv6vts ou traverses, reliant les pieds entre eux, des groupes de statuettes qui représentaient d'anciennes luttes du stade et un combat d'Amazones. Quatre colonnes, au milieu du siège, concouraient avec les pieds à soutenir le poids énorme de la statue de Zeus. Entre pieds et colonnes, et pour masquer celles-ci, on doit supposer des panneaux, qui seraient ces 41ux7,a recouverts, partie de couleur bleue, partie de peintures dues à I'anainos°'. Phidias avait sculpté, aux angles supérieurs du dossier, les tilles de Zeus, trois Charites et trois Heures. Les pieds du dieu, semble-t-il, posaient sur un tabouret décoré d'un relief (Thésée et les Amazones) et soutenu par des lions en ronde bosse. Enfin l'oeuvre entière avait un soubassement sculpté. Pour nous représenter ce monument célèbre22, nous n'avons que l'image réduite qu'en 282 THR donnent les monnaies d'Élis (fig. 4224) et une peinture d'Éleusis, pas très distincte, contemporaine, croit-on, d'Hadrien 1. Mais ce trône ne se distinguait des autres que par ses dimensions, sa richesse exceptionnelle et la valeur artistique du travail; les éléments de la construction et du décor se retrouvent ailleurs. Quelques-uns ont pu avoir dans le principe une portée symbolique, comme le sphinx (fig. 2242, 5799), d'où émanait une vertu protectrice, en même temps qu'il inspirait une crainte superstitieuse; mais à la longue on n'y vit plus qu'un motif élégant [SPHINX, p. 1431]. Sur un sphinx aussi s'appuient en avant les bras du trône du « satrape », sur un sarcophage de Sidon2 et ceux d'un trône du Monument des Ilarpvies'. On a découvert en Tunisie la statue de terre cuite d'une sorte de Baal, dont les ltornains ont traduit le nom punique en Saeeulutn frvlgi ferum ; les pieds de devant de son trône sont constitués par deux sphinx'. Sur une amphore campanienne est peint un trône que ses pieds ne soutiennent pas seuls ; sous le milieu du siège est un petit Atlas, les bras levés et sur un curieux vase de Vulci (fig. 30!x1) le trône de Zeus repose sur les têtes de deux petits personnages'. Ce mode de décoration venait naturellement d'Orient : les Pharaons et leurs hauts fonctionnaires possédaient des sièges ayant pour bras deux lions courant et pour supports des prisonniers de guerre liés dos à dos; le fauteuil célèbre de la dame Tomyou avait dossier et bras sculptés et dorés ; deux têtes humaines s'enlevaient en ronde bosse à l'endroit où les jambes de devant s'emmanchaient au cadre 7. Les Nikès, en général, se dressent aux angles supérieurs du dossier remplacées parfois par des aigles aux ailes déployées', ou des colombes (fig. 4052, 4877, 4952), des Tritons 1f, des tètes de béliers'',de simples palmettes 13; sur un bas-relief du Latran, le dossier est surmonté de deux consoles13. Les reliefs sculptés ne sont guère visibles dans les petites reproductions fournies par la céramique ou les types monétaires, mais ils n'étaient pas rares : on reconnaît comme provenant d'un siège luxueux les colonnettes de Solunte (Sicile), d'un beau style 14. On remarquera encore l'extrême fréquence des supports terminés en pieds d'animaux, notamment en pattes de lion 1J ou de chien (fig. 3956), toujours à l'imitation de l'Orient; les bras môme finissent parfois en tête THR de lion (fig. 3748), d'oie ou de bélier". Les pieds se réduisent souvent aussi à des piliers rectangulaires, amincis au milieu (fig. '221-2) par quelque moulure !7 cantonnée de palmettes (fig. 611, 2772, 4052, 5816, 5828), et qui s'achèvent au sommet par une volute ionique 18; des pieds et accoudoirs sont décorés d'ornements en Sis. Les traverses d'un pied à l'autre ne renforcent guère que les trônes de construction légère20 ; elles se relient parfois au siège par quelque accessoire décoratif, comme une palmette2l Les dossiers, qui manquent rarement12, offrent de nombreuses variétés. On ne saurait d'abord ranger parmi les x) u.I.,t tous les sièges à dos incliné, car une amphore de Caeré23 montre un dossier court et très renversé, avec, sous le siège, l'inscription OPONO2, (fig. 6919). Un autre dossier, est, sur un vase de Vulci (fig. 5041), la protomè d'un cheval dont les jambes de devant se cabrent derrière le siège. Ailleurs il se termine en tête d'oiseau24 ou de cygne23 (fig. 3956, 5817). Sur un même vase rhodien, celui de Zeus est figuré de profil par un corps tacheté de serpent, celui de Héra par une spirale2". La hauteur en est extrêmement variable : tantôt, même quand il s'élève verticalement, il atteint à peine les reins du personnage assis (fig. 6919; Zeus du Parthénon, fig. 4162; trône de Cérès, fig. 1294 ; de J unon, fig. 4181), tantôt il s'arrête aux épaules (siège du « satrape » ; Monument des Harpyies) l'IiR 283 'I' IlY ou au cou (Monument des Néréidesl); il eu est qui vont (fig 1319, 2771). La plupart sont d'une seule pièce, mais certains ne comportent qu'un appui de faible hauteur élevé au-dessus du siège par deux montants '« (fig. 44093). Les formes gréco-romaines se confondent avec les formes helléniques, dont elles dérivent. 11 en apparaît de nouvelles avec l'art romain de basse époque et l'art byzantin. D'abord, dans cette nouvelle période, les sièges d'apparat tendent à s'élargir saris mesure a ; en outre, ils sont fréquemment constellés d'incrustations (le métal, d'ivoire, de pierreries". Tel est, dans une mosaique de Sainte-Pudentienne (fin Ive siècle), le trône" où le Christ est assis sur un large coussin de pourpre, qui bouffe de chaque côté en formant une sorte de long rouleau [ruLVimis1; tel paraît être aussi le trône sans dossier gravé sur une monnaie de Justinien 6 ; au contraire, le Christ et la Vierge, trônant entre les anges dans une mosaïque de Sant'ApollinareNuovo. à Ravenne, s'appuient sur un très haut dossier'. On voit encore en effet des trônes doubles : sur le même prennent place Justin II et Sophie', mais chacun d'eux a son escabeau distinct, comme Valens et Valentinien (fig. 105). Derrière la Madone, sur une pyxide d'ivoire« du vlz siècle (au South Kensington), s'élève un dossier élargi dans le haut en trapèze. Sur une autre pyxide (de Berlin), probablement plus ancienne, le dossier est dépassé par deux très hauts montants cannelés en spirale, soutenant un grand arc au-dessus de la tête du Christ, comme pour l'encadrer1°. Une chaire de Saint-Pierre, à [tome, surchargée de placages postérieurs, mais peut-être, en sa forme, des v'-vie siècles, présente un large dossier à colonnettes, surélevé d'un fronton triangulaire ajouré (fig. 692011). A l'ambon de Salonique, il s'étale en ellipse derrière Marie et l'Enfant72. Dans la mosaique de Sainte-Sophie au-dessus des portes du narthex, au trône du Pantocra tor, la traverse horizontale supérieure se rattache au siège par des barreaux incurvés comme les cornes d'une lyrei3; cette forme s'immobilisa; on en cornait des exemples du xie siècle". Le scamnutn ordinaire est désormais une sorte d'estrade, unique le plus souvent, même pour les sièges doubles. Les trônes d'église, avec le temps, perdent leurs accoudoirs ";le dossier lui-même est de plus en plus abandonné"; on aura considéré qu'ils cmpechaient les riches vêtements liturgiques de s'étaler librement. Simplification compensée d'ailleurs par le relèvement progressif de la chaire : celle de Vaison est déjà exhaussée de trois degrés"; à Sainte-Sophie de Constantinople, sous Justinien, le trône patriarcal, dominant les sept rangs de gradins où s'étageaient les prêtres, devait avoir au moins huit ou neuf degrésl8 ; une quinzaine de marches conduisent àla chaire de Torcello 79. Graceà cette surélévation, à cette position éminente, « l'évêque président tient la place de Dieu 20 ». II.Ocdvoçdésignaitaussi unesorte de pain ou degôteau21, dont la forme devait justifier plus ou moins le nom fice Le mot, qui ne semble pas être un ternie technique, ne se rencontre guère que dans la langue des tragiques 2, oit il est quelquefois aussi appliqué au devin'. Recueilli par les grammairiens", il a passé chez les lettrés, et c'est ainsi sans doute que Denys d'Ilalicarnasse t l'emploie pour désigner les vestales. Cu. M1caFL. Tu VIA (O'ix). Fête à Élis en l'honneur de Dionysos 1. Elle était célébrée par un collège de seize femmes, attachées au culte de Dionysos 2 en même temps qu'à celui d'Iléra -i ; le nom même de la fête montre que ce collège de prêtresses doit être rapproché de celui des Thyiades [Tin 'amis] à Delphes. La fête était celle du retour dans son temple, sans doute avec le printemps, de Dionysostaureau, accompagné des Charites'. Elle se célébrait à huit stades de la ville d'Élis 0, en plein air ou dans un édifice sacré ; un hymne, chanté par les femmes, invitait le dieu, évoqué sous le nom d'ripw tévusa, à rentrer dans son sanctuaire d'Élis ; « â ie .aûpe » était le refrain du chant G. D'autre part on exposait dans un local trois lébès vides, à la vue de tous, et on apposait les scellés sur la porte de la maison ; le lendemain on y rentrait et on trouvait les lebès miraculeusement remplis de vin'. Sur des fraudes pieuses du même genre, voir Tln?oDAISIA 8. l u. CAHEN TIIY 2S N TIIY