Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TORALE

TORALE [Tonus]. la fabrication de l'huile ou du vin. Le premier a déjà été étudié [oLEA]' ; nous nous occuperons surtout du second, bien qu'il n'y ait pas de différence essentielle entre les appareils destinés à l'un ou à l'autre usage4. Tandis que l'olive, dont la pulpe est plus résistante, doit être d'abord broyée par un moulin [TRAPETUM], le raisin mûr s'écrase facilement sous les pieds nus du vignerons (Àrvo7ra.s`ty s). Tout récipient peut servir', mais il en est aussi de spéciaux (fig. 7014 et 7010 8. Ce sont des cuves de bois, de forme rectangulaire, montées sur des pieds élevés ; le fond en est légèrement incliné, et le vin coule par un bec saillant' dans un grand vase posé sur le s'installent dans le vignoble même et les vendangeurs versent directement les grappes des corbeilles dans la cuve. Lorsque le rebord de la cuve n'est pas assez haut pour retenir les raisins, on place ceux-ci dans une enve -3G4 loppe de toile ou de sparterie [ACRATOPHORIIM, fig, 63]_ Pour maintenir leur équilibre et exercer une pression TOR conduit (A B) qui aboutit à un vase de terre (C', d'une contenance d'environ 55 litres. Deux des murs étaient élevés et portaient peut-être un toit' ; celui où passe le conduit, entièrement conservé, n'a que 0 rn. 35 de haut". Cette disposition fut longtemps en usage : dans le pressoir décrit par Palladius", l'aire oit est écrasé le est surélevée, avec trois ou quatre dépressions (lacus12), TOR deux plus forte, les ouvriers qui foulent le raisin peuvent se tenir d'une main à une barre (fig. 7014) ou à un anneau fixe', ou bien se grouper par deux en tenant des deux mains une même couronne 2. Ils rythment leurs mouvements en chantant un Ert),rvtol µ~ao; 3 avec accompagnement de flûte°. On rencontre également des pressoirs fixes, constructions en maçonnerie dont le quartier à l'ouest de l'Acropole nous offre un exemple du Ive siècle. C'est une petite pièce à peu près rectangulaire (fig. 7016). Le sol oà l'on foule le raisin (6:xyu),oU'i,stov3, forum') est recouvert d'une mosaïque de cailloux, noyés dans un mortier de chaux s, et descend en pente jusqu'à l'un des angles, la différence de niveau étant de 0 m. 25. Au point le plus bas, le mur est traversé par un 1X. raisin (calcalorium) marches, et placée entre qui recueillent le vin et que des conduits de maçonnerie ou de terre cuite mettent, à travers les murs, en cornmunieation avec les dolia". Pour exprimer tout le jus de la grappe, le procédé primitif du foulage est insuffisant; aussi cherche-t-on par divers moyens à augmenter la pression''°. Le procédé le plus fréquemment employé consiste à placer les fruits dans une corbeille et à presser le tout au moyen d'une longue poutre, PRELL'XI, formant levier. Le levier prend son point d'appui soit dans un mur", soit sur des piliers de bois (arbores). La force est exercée par des hommes qui abaissent l'extrémité libre du levier (fig. 7017 "a) ; on peut aussi y suspendre des poids lourds ". Dans le relief de Naples, on a voulu, semble-t-il, augmenter la pression en posant une grosse pierre sur la corbeille qui contient les raisins. Les fruits à presser peuvent être placés soit directement sur le forum, soit sur une table de pierre i8. Ces tables de pressoir nous sont, connues surtout pour les appareils à huile : elles consistent en une pierre, de forme rectangulaire ou circulaire, creusée de rigoles et munie d'un bec d'où découle le 46 TO1i 3G2 T01-I liquide 1. On en a retrouvé en mainte région et d'âge différent, par exemple à Troie (vie couche) 2, à Milo (nie siècle)', en Carie (ive-me s.) ', à Délos ép. hellénistique) en Provence ép. gallo-romaine 6). La table peut aussi être remplacée par une cuve : un exemplaire de Tunisie présente quatre séries de trous à section carrée, par où s'écoulait le liquide, et il est muni de six anses Un perfectionnement consiste à élever et à abaisser le prelum au moyen d'un cabestan (sucula) manoeuvré par des leviers (vectes 8). C'est le pressoir classique, déjà décrit oLEA], mais qui servait aussi bien pour le vin que pour l'huile °. La villa de Boscoreale 'e a, selon l'usage 11, deux installations, l'une pour l'huile avec le Irapetum, l'autre pour le vin. Celle-ci est contenue dans une salle divisée en trois parties : de chaque côté un forum surélevé, au sol légèrement incliné vers la partie centrale; le vin découle de l'un dans les doua, de l'autre dans un locus. Des trous d'encastrement, renforcés par un encadrement de pierre '2, indiquent pour le prelum la même disposition que dans le pressoir à huile de la même villa ou dans celui de Stabies [OLEA, fig. 5392: en arrière une ouverture plus grande pour l'arborqui recoitl'extrémité du preluin, en avant deux ouvertures moindres pour les stipites où est fixé le cabestan. Le pressoir d'Ilenchir Choud et Balla] est disposé de la même manière, et il semble destiné au vin puisqu'il n'y a pas trace de moulins à olives. Le cabestan fut remplacé au 1ersiècle av. J.-C. par la vis, cocltlea OLEA, PRELLM] qu'on adapta aux pressoirs à vin, comme aux pressoirs à huile 13. D'autres appareils ont pu être usités 14. Nous ne savons si le pressoir à madriers [OLEA, fig. 53901 a été utilisé pour le vin; les peintures où on le retrouver mettent en scène des amours médecins ou pharmaciens (fig. 2190), ce qui suppose l'emploi de ce pressoir pour la fabrication des huiles médicinales. La salle du pressoir est dite torcular ou torcularium. Nous avons déjà cité celles de Boscoreale, de Stabies, de Henchir Choud et Battallti. A Boscoreale, elle est proche des celliers à vin et à huile 17, et l'ensemble de l'installation se complète par les chambres des travailleurs chargés de mettre en oeuvre les pressoirs (torcularii 16). A..TARnr_. TORMENTII11. I. Corde [RESTIARIUS, RESTIS] ', par exemple le cordage dont on entourait la coque d'une embarcation, de la proue à la poupe, afin d'en serrer les planches les unes contre les autres 2. H. Instrument torture pouvait avoir pour but soit d'aggraver le supplice des condamnés à mort en le faisant précéder de longues souffrances [POENA, SLPPLICIOM], soit d'arracher des aveux à des témoins, que l'on mettait à la question sans intention de les tuer [QUAESTIO PER TOR;ME\TA]. 011 trouvera dans les articles auxquels nous renvoyons la liste des armes et des instruments dont les anciens se servaient dans les deux cas. Si l'on s'en rapporte à l'étymologie, il semble qu'entre tous les appareils imaginés pour martyriser le corps des patients [eaux, FLAGELLDSt, FURCA, NLMELLAE, IJNGULAE, VENATIO, etc.1 on a dit, à l'origine, désigner particulièrement sous le nom de tormenta ceux qui avaient pour effet de tordre les muscles et de déboîter les articulations à l'aide de cordes dont on augmentait progressivement la tension; tels étaient surtout le chevalet [EQULLEUS, l'appareil appelé FmrCULAE et la roue [ROTA] °. Mais avec le temps tormentum prit un sens plus général': il a pu s'appliquer par exemple aux tabularia, c'est-à-dire, vraisemblablement, à des planches entre lesquelles le patient était serré comme dans un étau, et finalement broyé ', à moins 1 A Méthana, un énorme bloc de trachyte est creusé d'une rigole assez profonde, (lu entoure une legère depression circulaire; c'est assurément un pressoir, niais on ne peut dire s d est destinéà l'huile ou au via ; Deffner, Ath. 3ht. XXXIV (1909), et Mires, Op. 1. p. 215, fig. 7. 4 Ibid. La pierre d'Fmporio (p. 212, fig. 4), en forme de coeur, suppose une double pile de sacs ou de corbeilles remplies de fruits. pl. x. 8 Pour la manoeuvre du cabestan, peinture de la maison des Veen, Bassarilieri, pl. xxv; col us, fig. 1728. 9 Pour faire le vinurn faecatum ou le passurn, on met dans une corbeille la lie ou les grains imbibés de moùt et on presse le tout avec le prelum: Cat. R. rust. 153 ; Colum. XII, 49. Emploi du prelum pour la fabrication du poiré, Pallad. III, 25, I1. 10 Pasqui, La villa pompeian. della Pisanella pressa Boscoreale, Mon. ant. Vll (1897), p. 463 et suiv., fig. 52-53, 11 Cal. B. , ust. 14, 2. 12 Ibid. 18, 3. 13 Palladius (XI, 19), dans la recette du passion, dit que la corbeille de jonc pleine de raisins est placée sous la cochlea. Les mêmes appareils se retrouvent au moyen àge (miniature de l'Bortus deliciarum représentant le pressoir divin, Gaz. arch. X, 1885, pl. 61. Voir aussi le pressoir à huile observé de nos jours à Karpathos, Daw6ius, Ann, of the bric. school, IX, (1902-3), p. 196, fig. f 1. 11 On a cru depuis longtemps (Mongez, Mém. de l'Acad. des Insc. III, p. 58) reconnaître dans des monnaies impériales de Rosira (p. ex. Cohen, V, p. 205, n' 180) un pressoir posé sur une base carrée, où l'on accède par une échelle. Mais cette interprétation est très douteuse; Dussand, Lieu. (1896), p. 352, fig. 49. 16 lin établissement trouvé en Charente contient une grande pièce avec deux plans Inclinés s'abaissant vers un canal qui débouche dans des cuves. Si nous avons là un torculariuna, on devait se contenter de fouler le raisin aux pieds sur les fora, car il n'y a pas trace de pressoir ; Baeswillwald, Bull. 50. Ces ouvriers sont assez nombreux ; al faut, en effet, trous installations complètes de pressoirs pour un vignoble de 100 jugera (Cat. R. rust. 11 ; Varr. de agr.