TRANSENNA. L'étymologie et le sens premier de ce mot sont inconnus' ; les anciens eux-mêmes ne s'entendaient pas sur son origine et il est malaisé de le définir exactement à l'aide des renseignements contradictoires qu'ils nous ont transmis. Il semble que dans l'usage classique transenna désignait avant tout une fenêtre étroite, une lucarne, bref une ouverture discrète qui ne laissait passer qu'un jour affaibli et ne permettait pas de voir distinctement du dehors l'intérieur d'un édifice. Q. Caecilius Metellus Pius, ayant été chargé de diriger en Espagne les opérations contre Sertorius (79-71 av. J.-C.), s'entoura d'un luxe inouï dans sa résidence ; il y donna des festins somptueux, pendant lesquels, dit Salluste, on vit « une image de la Victoire, descendue par une lucarne (transenna demissum t'ictoriae simulacrum), poser une
couronne sur sa tète°». Valère Maxime, qui rapporte la même anecdote, parle de couronnes d'or descendues des lambris, « demissas lacunaribus 3 ». Il est clair que les deux expressions sont équivalentes et qu'il s'agit également dans les deux passages d'une ouverture pratiquée au milieu du plafond; c'est bien ce que nous appelons une lucarne, un regard ou une « tabatière » Ces ouvertures, surtout quand elles étaient percées dans les parois latérales, devaient être souvent protégées par des barreaux, ou bien par des plaques ajourées ; un ancien glossaire latin-grec traduit transenna par r.4«i.o; ïa»Trtyo3 ylç, terre cuite qui laisse passer la lumière'. Cicéron pense à une clôture de ce genre, lorsqu'il parle d'une riche demeure, dont les passants ne peuvent apercevoir les trésors qu'à la dérobée, per transennam, sans doute par les jours d'une cloison de marbre ou de terre cuite scellée devant une lucarne6. Une figure de l'article r'ENESTDA(fig. 29»I/i; cf. 293) offre un très bel exemple de fenêtres hautes, mais étroites, protégées par ce système dans des entre-colonnements.
D'autre part quelques textes nous apprennent qu'on appelait transenna la corde tendue en travers du cirque pour retenir les chevaux de course jusqu'au moment oit on donnait le signal du départ'. S'il en est ainsi, on devrait admettre que par transenna on entendait, non pas la baie d'une fenêtre ou d'une lucarne, ruais les barreaux ou le grillage qui la fermaient, ceux-ci étant comparables à un assemblage de cordes ou à un filet formant obstacle. Dans ce cas le nom de transenna conviendrait aussi bien à tout treillage ou grillage pouvant servir de clôture dans une imposte, devant une loge d'amphithéàtre, au bord d'un pont, d'un chemin, ou d'une allée: il serait donc synonyme des mots cAVCLLLI (fig. 1069, 1070) et CLA'IHRI(fig. 16ih, 1676)8. Mais aucun témoignage ancien n'est venu jusqu'ici confirmer cette hypothèse 0.
Transmua s'est encore appliqué à un piège avec lequel on prenait les oiseaux, par exemple les grives. Les textes qui s'y rapportent ne donnent pas l'idée d'un filet, mais plutôt d'un lacet laqueur) ; il semble que l'oiseau devait s'engager dans l'étroite ouverture d'un noeud coulant (transenna), pour atteindre le ver (lumbricus) ou tout autre appât (esta) placé par derrière ; il était étranglé quand le noeud se resserrait sur
lui, Voir PLDICA10, GEORGES LAIAYE.