Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

TRICHILA

TRICIIILA et TRICIILA' (KzAuZri). Treille, berceau de verdure, kiosque. Ces abris étaient fréquents dans les jardins de plaisance, sur le bord ou à l'extrémité des allées, à proximité des pièces d'eau et des parterres de fleurs [CAMARA, fig. 10116; uORTUS, fig. 3904à3906;MOSivUM opus, fig. 5'243 ; rERGVLA, fig. 5567, 5568] ; on en élevait volontiers aussi dans les jardins funéraires plantés autour des tombes [cepotaphia, noRTUS, p. 284]; les familles s'y réunissaient pour y prendre leurs repas, quand elles célébraient en l'honneur de leurs morts les anniversaires qui leur étaient chers. Enfin les cabarets des faubourgs et des villages avaient souvent dans leurs dépendances quelqu'une de ces tonnelles qui offraient une ombre discrète aux ébats de leur clientèle 2, La l'ERGULA couvre généralement une allée et elle peut être par conséquent d'une assez longue étendue; elle ombrage les gens qui se promènent au-dessous. La trichila semble avoir été de proportions plus réduites ; elle est faite surtout pour abriter des gens assis ; c'est une construction close, et non pas un passage. On en a probablement pris l'idée et le modèle dans les huttes primitives élevées par les habitants des cités lacustres et par les TRI 'tfi0 TRI pécheurs'. D'ordinaire elle est formée par un assemblage de claies en joncs, de nattes tressées, ou par des treillages en bois, que l'on couvre avec de la vigne ou des plantes grimpantes 2. Des bancs ou des lits sur les côtés, une table au milieu, en composent l'ameublement'. Quelquefois elle comporte une partie en maçonnerie, par exemple le mur du fond, ou des piliers sur le devant pour supporter la couverture. C'est ainsi que les hôtes de passage d'une tricltila sont priés par un avis spécial de ne point la salir de leurs les oisifs sont toujours tentés de le faire dans les lieux publics. On peut voir à Pompéi dans la maison dite de Salluste (fig. 70!15), les restes d'une tonnelle adossée à un angle du jardin. Une table de pierre et des bancs latéraux y sont encore en place ; les solives en bois, où devaient s'accrocher les plantes grimpantes, ont seules disparu. plétons simplement dans la note ce qui a été dit aux différents articles cités'. 11. GtuAleurr. TItIDENS (TE Calva'). La pêche au harpon marque un des progrès accomplis le plus tôt par les riverains de la Méditerranée, et le trident, qui n'est qu'une variété du harpon,apparaït parmi eux dès qu'ils surent employer à cet usage des bois de cervidés ou assembler d'une façon analogue des tiges de roseaux 2. Ainsi les Égyptiens, à qui les animaux à ramure firent. défaut de bonne heure, se servent dès l'Ancien Empire d'un roseau central près de l'extrémité duquel un ou deux autres sont attachés de façon à former avec lui un angle aigu 3. Une autre espèce de fourche est figurée sur la coupe minoenne dite vase des moissonneurs : à l'extrémité renforcée d'une forte hampe rigide, trois baguettes flexibles paraissent fixées et maintenues par plusieurs tours de lanière'. Il a suffi de remplacer ces tiges par des broches en métal pour obtenir une des formes du trident classique : le magnifique trident de bronze (fig. 70.46) trouvé dans une tombe étrusque du vie siècle, à Vetulonia, a pu être ainsi rapproché de l'instrument crétois d'au moins dix siècles anté rieur 5. La métallurgie permit de fabriquer le triO dent sous la forme qui est restée caractéristique: sur la hampe s'enfonce par une douille une traverse dont le milieu et les deux extré mités donnent naissance à trois pointes; parfois celle du milieu semble le prolongement même de la hampe. Il ne saurait être question de passer ici en revue les nombreuses variétés du trident, d'autant plus qu'elles nous sont sur tout connues par les vases peints ou par des monnaies où Poséidon est qu'on ne peut savoir quelle part exacte revient à la fantaisie del'artiste. En parcourant l'article NEPTUNUS, on verra sur quoi portent les variétés : hauteur relative des trois pointes, où celle du milieu domine à l'ordinaire; les TRI -TRI pointes latérales plantées droites, ou obliques' (fig. 5306), ou même recourbées à l'extérieur (fig. 5312); consolidation de ces pointes par une (fig. 3301, 5315) ou deux traverses horizontales, ou par deux tiges qui partent des angles extérieurspours'appuyeràlatigecentrale(fig.5309, 609312 ; terminaison des pointes qui sont ou simplement rendues piquantes par un amincissement progressif (fig.5308), ou munies de lames triangulaires qui, formant croc, empêchent le trident de sortir de la place où il s'est enfoncé (fig. 11304, 5306, 5315)3. D'autres variations et embellissements, qui finissent par donner au tridentl'aspect d'un lotus trilobé ou quadrilobé (fig. 70147)4, ne sont manifestement dus qu'à l'imagination du céramiste. Les variétés lotiformes et d'autres se rencontrent déjà dans la série des pinaloes archaiques de Corinthe'. On trouvera ici (fig. 7048) quelques exemples de ces variétés, empruntés aux monnaies de Mantinée, de Corin the, de Béotie, de Trézène, de Karystos Le trident trouvé à Dodone, que l'on repro duit ici, donne sans doute la forme la plus ordinaire du trident de pèche (fig. 7049) 7. L'autre pièce reproduite (fig. 7050), qui servait plutôt de broche de cuisine, montre ce que l'art du bronzier pouvait faire de cet instrument: d'une douille cannelée part une torsade formée de trois serpents enlacés: c'est à la face interne de leurs têtes divergentes qu'étaient fixées les tiges qui servaient à embrocher et la traverse qui en maintenait l'écartements. On trouvera encore quelques autres variétés du tri Ix. dentaux articles PISCATIO (fig. 5688) et GLADTATOR (fig. 3570, 3579, 3581-2, 3591-5). C'est que l'emploi principal du trident est la pêche : c'est lui qui sert surtout à harponner l'esturgeon, le dau phins et la baleine 10, parfois aussi le thon, que sa taille réserve plutôt au harpon simple"; une mosatque montre des Amours s'en servant contre une pieuvre (fig. 7051)i2; on évite d'y avoir recours pour le phoque dont ses coups abîmeraient la peau 14. Comme instrument de pêche, on l'appelait parfois x(ç ll et la qualité qu'il devait présenter était cette longueur des pointes qui le faisaient qualifier de -xvuy',Az v1". A la chasse, on ne l'employait guère que contre le lapin6. aile gladiateur appelé rétiaire se sert du trident comme arme offensive (fig. 3581), c'est précisément qu'il est censé capturer son adversaire à la façon d'un gros poisson 17 : aussi le trident figure-t-il dans les panoplies du cirque (6g. 3570)f 3 comme dans les trophées des victoires navalesl"; à ces victoires il apu contribuer aussi comme instrument d'abordage ; mais il n'a jamais servi propre ment d'arme : des deux exemples qu'on pourrait alléguer, l'un, qui montre Pittakos combattant contre Phrynon avec un filet et un trident 20, se rapporte à un duel à conventions particulières ; l'autre, les Tyriens qui se servent contre Alexandre même de leurs harpons et tridents"à Î un recours désespéré. Toutefois, le tri/'ax parait avoir été employé dans l'artillerie de guerre des le temps d'Ennius". En mythologie, le trident est inséparable de Poséi 56 TRI