Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

THIERARCHIA

qu'à cette époque l'Attique était presque uniquement une puissance territoriale, d'ailleurs modeste, et que sa population, principalement adonnée à l'agriculture, n'était pas ;orientée vers l'activité maritime Il faut ajouter que, l'existence d'une flotte de guerre fût-elle prouvée, rien ne nous assurerait qu'elle fût soumise à l'organisation des naucraries. Nos renseignements sur ce sujet se bornent à ce que nous en dit Pollux (car on peut négliger le témoignage des Bekker An. cité plus haut). Or ce passage, dont nous ignorons la source, est fortement suspect. Les mots eu: =rl; iw; (vduarto semblent en faire une explication étymologique du mot vauxçapta. De plus le nombre de deux cavaliers par naucrarie, qui donne un total de 96 chevaux pour toute la cavalerie athénienne, est manifestement faux 2 et n'est pas fait pour nous donner confiance dans le reste du passage Les autres textes relatifs aux naucraries, et particulièrement celui d'Aristote 4, ne font pas allusion à l'organisation de la flotte et mentionnent seulement les naucrares comme des collecteurs d'impôts. Aristote, exposant plus loin les réformes de Clisthène et la création des dèmes, nous apprend que le réformateur attribua aux démarques les fonctions des anciens naucrares '. Or les démarques n'avaient rien à faire avec la flotte'. On a essayé de recourir à l'étymologie pour défendre le rôle naval assigné aux naucraries. Solmsen 7 semble avoir démontré que va,icxpo; est la forme primitive de vaûx)l'r,po; et doit s'expliquer : v7.5'5 + ;u o; (chef, de la racine .xp, x .pri) ; son véritable sens serait donc « commandant de vaisseau » et correspondrait à peu près à vxûz~ j ; 8. Mais, pour que l'argument qu'on en tire eût quelque portée, il faudrait que vaûxoa,o; signifiait nécessairement « commandant d'un vaisseau de guerre » ; or on ne saurait prétendre qu'à l'époque oit le mot fut formé, val; eût le sens-particulier de navire de guerre, comme il le prit plus tard, en opposition avec 7r),oïov. Pourquoi ne pas donner dès l'abord au mot v2t xpxpo; le sens de son doublet vxûx),r,po;, armateur ou propriétaire de vaisseau, sens que, dit-on, il prit plus tard et peu à peu'? Dans ce cas les naucraries seraient des sortes de circonscriptions maritimes, des divisions nées naturellement dans un pays de marins, comme l'étaient certaines cités ioniennes. C'est ce que soutient B. Keil qui, attribuant au mot et à l'institution une origine ionienne, utilise à son tour en faveur de sa thèse les recherches de Solmsen70, Et c'est ce qui montre bien l'incertitude de ces arguments étymologiques. Il nous est difficile de dire comment la cité se procu rait le petit nombre de vaisseaux de guerre dont elle pouvait avoir besoin ". Peut-être, outre quelques gardecôtes permanents qui pouvaient servir à la police dela mer, réquisitionnait-on en cas de nécessité quelques vaisseaux appartenant aux citoyens. Nous verrons qu'au ve siècle, et au Ive siècle encore, certains triérarques se servent de leurs propres trières. Au commencement du ve siècle, à l'époque de la guerre d'Égine, nous savons que l'État dispose de cinquante vaisseaux (peut-être en partie réquisitionnés ?) ; l'insuffisance de cette flotte le force à acheter vingt autres vaisseaux à Corinthe 12. Naturellement on a reconnu dans ces cinquante vaisseaux ceux qui auraient été fournis par les cinquante naucraries athéniennes et on y a voulu voir une confirmation de la thèse des naucraries. Mais la faiblesse même de cette flotte, reconnue incapable de soutenir à elle seule une guerre maritime, prouverait plutôt qu'Athènes n'avait pas encore songé, avant cette époque, à organiser sa défense navale. On a d'ailleurs supposé, non sans motif, que c'est précisément ce nombre de h0 vaisseaux qui avait conduit Clidème (et par suite Pollux) à son exposé des naucraries''. II. C'est, en tout cas, à cette époque qu'Athènes se développant, la nécessité s'impose de créer une flotte. L'honneur de cette initiative revient à Thémistocle. Mais il eut à tenir tête à de nombreux opposants, parmi lesquels sans doute il faut ranger Aristide"; les vieux Athéniens, habitués au travail des champs et à la guerre continentale, ne voyaient pas la nécessité de cette innovation. Thémistocle la fit pourtant triompher en 4183-2 (archontat de Nihodérnos) I ; les revenus extraordinaires qu'avaient donnés les mines du Laurium " furent affectés à la construction de nouveaux vaisseaux, en même temps qu'on aménageait le port du Pirée. Le péril mède suspendu sur Athènes avait sans doute eu sa part dans la décision du peuple, et Aristide ayant été banni quelque temps auparavant (sans doute vers 484-3) ", le parti d'opposition s'en trouvait amoindri. On n'est d'ailleurs pas d'accord sur le nombre des vaisseaux construits. Ilérodote18, dans le passage cité, donne le chiffre 200: on a contesté cette affirmation, en supposant que l'historien s'était laissé tromper par le nombre de vaisseaux qui combattaient à Salamine, et admis plutôt le chiffre de 100, donné par Aristote et Polyaenos 1°. Pour arriver au nombre des deux cents vaisseaux de Salamine (480 av. J.-C.), Kolbe admet que de 483 à 480 on construisit d'autres vaisseaux qui, ajoutés aux cent vaisseaux attestés par Aristote et à ceux qui existaient avant la réforme de Thémistocle, donnent le total TIlt Ili-h TRI désiré'. 11 est bien difficile d'apporter des certitudes précises en de telles matières et au surplus la question n'est nullement capitale. Il est à peine besoin de faire remarquer que les vaisseaux construits par Thémistocle étaient des trières'-. C'était le vaisseau de guerre universellementrépandu à cette époque. Mais les cinquante vaisseaux dont les Athéniens s'étaient servis pendant la guerre d'l gine étaient en majeure partie des pentékontores3 à un rang de rames, le plus ancien type de vaisseau de guerre , auxquelles s'ajoutaient des dières (birèmes)inventées par les Corinthiens vers la fin du vine siècle, d'après Kolbe et quelques trières (inventées, d'après Kolbe et Busolt, plus tard seulement, peut-être au vie siècle) Les trières, vite usitées en Ionie, ne se répandirent que plus lentement en Sicile et en Grèce propre '. A l'époque qui nous occupe leurs qualités matérielles les avaient fait adopter partout. Remarquons que ces faits témoignent en faveur de la date relativement récente du mot 7prfloxpéoç et de l'institution triérarchique. Mais la réforme de Thémistocle se borna-t-elle à la construction de nouveaux vaisseaux? Il semble probable qu'elle entraîna une organisation entièrement nouvelle de la marine athénienne. Peut-être est-ce à cette époque qu'il faut faire remonter les débuts de la triérarchie. L'institution triérarchique, dans ses grandes lignes et quelles qu'aient pu être les modifications ultérieures, fonctionne certainement à l'époque de Périclès, mais, comme B. Keil l'a indiqué avec raison on ne saurait affirmer d'une façon formelle son existence avant le milieu du te siècle. Toutefois l'initiative prise par Thémistocle parait avoir fait peser certaines charges sur les citoyens riches. Du récit d'Aristote', justement contesté par Wilamowitz', sur les 100 talents empruntés aux 100 citoyens les plus fortunés pour la construction des trières (à raison d'un talent par personne) 9, se dégage au moins l'idée d'une « liturgie » particulière imposée à quelques-uns. Plusieurs auteurs ont supposé que Thémistocle, ayant aboli les naucraries qui auraient existé jusqu'à 453-` 1D, avait organisé la flotte par trittyes" 1rluTTy'sl. On a découvert trois des bornes qui, dans le port du Pirée, servaient de délimitation aux différentes trittyes 19. Ces inscriptions remontent, d'après la forme des caractères, à la première moitié du ve siècle, sans qu'on puisse leur assigner une date plus précise. Le fait qu'elles n'ont pas été renouvelées indiquerait, comme l'a expliqué Wilamowitzf°. que cette organisation n'a pas duré extrême ment longtemps. Il est difficile qu'elle ait persisté jusqu'à la fin du ve siècle sans qu'on ait changé les bornes. Encore faut-il remarquer que nous ne savons pas à quoi répondaient ces délimitations ; elles pouvaient servir à faciliter l'enrôlement des marins et rameurs (comme nous le verrons plus loin, l'équipage était alors en majeure partie, sinon uniquement, composé de citoyens), sans qu'on puisse affirmer que la trittye jouait un rôle dans la désignation des triérarques. A. \Vilhelm" a signalé une quatrième inscription, appartenantà la même série et d'ailleurs assez peu lisible, où la phylé intervient à côté de la trittye : ce qui indiquerait que l'équipage était divisé et subdivisé par tribus et par trittyes. Pour ce qui concerne les triérarques, Thu.cydidef5 semble indiquer qu'ils étaient rangés par tribus: au moins at-on voulu tirer cette conclusion du passage où Nicias16, pendant l'expédition de Syracuse, appelle chacun des triérarques en ajoutant leur patronymique et le nom de leur tribu. Mais le texte n'est pas probant et peut s'interpréter autrement 1'. Rappelons enfin que dans le discours Sur les Sylntnories Démosthène, exposant son plan de réformes, propose une organisation précise de la flotte par phylés et trittyes ". En tout cas la tribu ne joue plus aucun rôle à cet égard au Ive siècle. III. A l'époque de Périclès et pendant la guerre du Péloponnèse la triérarchie est régulièrement instituée. Nous manquons malheureusement de renseignements précis sur son fonctionnement pendant cette période, les précieux inventaires de la marine, étudiés surtout par Boeckh et Koehler t2, appartenant tous au Ive siècle (à partir de 377-6) : on peut cependant, avec l'aide des textes littéraires, en tirer quelques lumières sur le v` siècle, mais il faut se souvenir que les institutions étaient alors infiniment plus simples et moins précises, et se garder, ce qu'on n'a pas toujours fait, de confondre les époques. Il est certain, en tout cas, que le service personnel, qui s'atténuera au nit siècle, était alors strictement de rigueur20 et que le triérarque était avant tout le commandant du vaisseau, les obligations financières n'étant que la conséquence de cette charge: ce sera à peu près l'inverse à l'époque de Démosthène21 Pendant la première période 22 de l'institution triérarchique, il n'y a qu'un triérarque par vaisseau: il est seul responsable de son bâtiment et seul il supporte les frais afférents à safonction. Sans que nous puissions en déterminer l'étendue avec exactitude, nous avons l'impression que la triérarchie était alors une obligation assezlourde: TRI à l'époque de la guerre du Péloponnèse, on choisissait des triérarques tous les ans 1 ; il faut entendre d'ailleurs, ànotre avis, que les frais de la liturgie ne pesaient sur les triérarques désignés que si l'on décidait une expédition navale dans le cours de l'année et que, même en ce cas, toute la flotte n'étant pas mobilisée, tous les triérarques n'étaientpas atteints. Onasoutenu aussi que la triérarchie pouvait être exercée plusieurs années de suite parle même citoyen, et l'on trouve en effet à la fin du ve siècle et au début du ive siècle plusieurs exemples de ce cas 2. Mais, quoi qu'en dise Kolbe 3, il semble bien qu'il s'agisse là d'un acte de dévouement spontané, d'une É77rôctç', dont on se fait gloire (ainsi que l'avait bien compris Boeckh), et que légalement, au ve siècle comme à l'époque de Démosthène', on ne devait être triérarque qu'une année sur deux°. Il est possible d'ailleurs que, lorsqu'une expédition durait plus d'un an, on ne changeât pas toujours les triérarques au milieu de la campagne; mais ces expéditions n'étaient en général ni si longues, ni surtout si lointaines, qu'on ne pût opérer le changement du triérarque. Kolbe a sans doute raison de supposer que ce fut pourtant le cas pendant la guerre de Sicile'. Peutêtre d'ailleurs, en ces occasions, réclamait-on ensuite au successeur désigné le montant des frais surérogatoires (i.7rtTpt-r,oipZy-01) comme on le lit plus tard. Les frais de la triérarchie semblent avoir été à peu près les mêmes qu'au ive siècle, mais durant cette première période ils étaient supportés par un seul homme, et nous verrons plus tard les riches se plaindre souvent de ce fardeau pourtant alors diminué: ils oscillaient entre 110 et GO mines'. Ce qui aggravait les charges, c'étaient certains abus dans la distribution des vaisseaux. Il est probable qu'au ve siècle, comme au Ive siècle, c'étaient les stratèges 9 qui désignaient les triérarques et qui leur répartissaient les vaisseaux. Or, d'après Aristophane, on s'arrangeait parfois pour attribuer à un ennemi politique un bâtiment en mauvais état, dont il devait ensuite supporter les frais de réparations 10. Aussi, pour obvier à ces inconvénients, décida-t-on à une date ignorée, probablement vers la fin du ye siècle ou le début du ive siècle 11, d'attribuer les vaisseaux par voie de tirage au sort. C'est ce que nous apprendl'expression vaü; âvsatr.ÂY)p o,TG, u, employée dans les inscriptions du Ive siècle pour désigner un vaisseau auquel on n'a pas donné de triérarque. D'ailleurs cette réforme était dans le sens de l'évolution démocratique, qui substitua peu à peu le tirage au sort à l'élection ou au choix dans la plupart des magistratures. IV.La triérarchie devenant un.impôt de plus en plus fréquent, par suite de la guerre du Péloponnèse, et de plus en plus lourd pour des fortunes que cette même guerre diminuait considérablement» on permit à deux citoyens de s'unir pour partager les frais d'une triérarchie 14. C'est le régime de la syntriérarchie, et les deux axpzs.v). Mais il est entendu que même alors, si un citoyen est jugé assez riche pour subvenir seul aux frais de la liturgie, il n'a pas de syntriérarque 17. Nous ne pouvons déterminer exactement la date de cette innovation ; le premier exemple connu, dans un discours de Lysias16, nous reporte à l'année 411-10; il est probable qu'il ne faut pas remonter beaucoup plus haut, et que la réforme suivit de près l'expédition de Sicile et en fut une conséquence. Dans ce nouveau système le service personnel subsistait : ou bien un seul des deux triérarques, d'accord avec l'autre et sans doute moyennant indemnité, commandait le bâtiment, ou bien ils servaient ensemble, ou bien encore, ce qui semble plus habituel, chacun des deux prenait le commandement pendant six mois" ' s'il ne rejoignait pas son poste à la date indiquée, le premier triérarque réclamait ensuite à son successeur (iii ôo7oq) les frais occasionnés par son retard (É7.tTprrlpipCax) 1s V. -Ce système reste en vigueur jusqu'à l'année 357 environ. Mais, malgré l'adoucissement apporté par la syntriérarchie, l'organisation de cette liturgie fonctionnait mal ; il y avait des retards dans le départ des vaisseaux, des dettes impayées, des triérarques qui ne pouvaient s'acquitter de leurs charges 19. En 3b8-7, pour parer momentanément à cet état de choses, on avait dû, en vue d'une expédition en Eubée, faire appel à des dévouements volontaires, provoquer des ima(icmt; 20. Une TRI 4.G TRI loi proposée par Périandre t réorganisa complètement la triérarchie, en en réduisant encore les frais. La date généralement admise, depuis Boeckh pour cette réforme, et d'après de bonnes raisons -, est de 357-6 av. J.-C. ; il n'y a pas lieu de la contester. On a beaucoup discuté sur cette organisation nouvelle de la triérarchie dont on a voulu scruter tous les détails 8. Voici ce qui nous paraît certain : S'inspirant en principe de la loi qui, sous l'archontat de Nausinikos (378-7), avait renouvelé la perception de l'eisphora et rangé à cet effet les citoyens par symmories [EISPDORA], on partagea les 1200 citoyens les plus riches 4 en 20 symmories de 60 hommes chacune 5 : c'est à eux seuls qu'incombait la charge de subvenir aux frais de la triérarchie. Le nombre fixe de 1200 est une première innovation : jusqu'alors on n'avait pas déterminé le nombre des citoyens susceptibles d'être triérarques 6. Le fait de la division en symmories indique qu'on confiait un certain nombre de vaisseaux (variant suivant le besoin) à chaque symmorie ', qui s'occupait de répartir les charges entre ses membres ; il en était ainsi pour les symmories d'eisphora. Mais il faut tout de suite marquer des différences avec celles-ci : le nombre de 1200 n'a rien à voir, quoi qu'on ait pu dire parfois, avec les symmories d'eisphora ou symmories financières ; l'eisphora, impôt universel, attaché aux propriétés mobilières et immobilières, et impôt progressif, frappait d'une façon inégale un bien plus grand nombre de citoyens que la triérarchie (on sait que ni les biens des orphelins ni ceux des métèques n'en étaient indemnes) ; les symmories financières étaient au nombre de 1008 et non de 20 et comprenaient chacune plus de GO citoyens : le nombre des symmorites devait être variable, suivant les vicissitudes des fortunes, et sans doute inégal dans chaque symrnorie 9. Il est évident que chaque symmorie triérarchique devait représenter une partie sensiblement égale de la fortune totale des 12001''. A la tête de la symmorie se trouve un épimélète, chargé sans doute de veiller à la répartition des charges, à l'enrôlement des syrnmorites et d'une façon générale à la défense des droits de l'État 71. Nous savons peu de choses à son su jet. Sans doute faut-il identifier les épimélètes 12 avec « les vingt », que nous voyons, de concert avec les stratèges, partager certaines charges entre lés triérarques, dans une inscription de 333-2 environ 1'. Kahrstedt a prétendu récemment que les symmories organisées par la loi de Périandre n'avaient pas été créées uniquement, en vue de la triérarchie, mais s'appliquaient également aux autres liturgies, du moins aux plus importantes, et il propose de les nommer non pas symmories trierarchiques mais symmories liturgiques''. Cette opinion est insoutenable. Il est impossible que la chorégie, par exemple, qui était une liturgie ordinaire (et même, comme nous l'avons noté au début de cet article, la plus importante des liturgies ordinaires), ait fonctionné dans les mêmes cadres que la triérarchie, liturgie extraordinaire. D'autre part la division par tribus sert de base à l'organisation de la chorégie et des liturgies analogues, tandis qu'elle ne joue aucun rôle dans l'organisation des symmories triérarchiques (ni d'ailleurs avant l'époque des symmories, au Ive siècle), comme le prouve l'examen des inscriptions. Enfin, si les textes anciens s'accordent parfaitement aveclaconception dessymnzories triérarchiques, aucun ne peut être allégué qui prouve l'existence de symmories liturgiques''. Les critiques de Kahrstedt portent plus juste sur un autre point. Les auteurs qui se sont occupés de la triérarchie admettent généralement que les 300 citoyens les plus riches étaient à la tête des symmories et en réglaient l'organisation. Nous avons vu que les épimélètes des symmories suffisaient à cet office et il n'y a pas lieu de leur surajouter d'autres fonctionnaires. L'opinion critiquée par Kahrstedt le procède d'un passage oit Démosthène se vante d'avoir, par sa loi de 340-339 (voir plus bas), fait peser sur les 300 plus riches tous les frais ou presque tous les frais de la triérarchie, alors que dans les symmories de Périandre ils avaient beaucoup moins à payer 17. Mais cela ne prouve nullement que les 300 aient été précédemment à la tête des symmories. Dans le discours Sur la Couronne, Démosthène raconte que les riches, frappés par lui, ont voulu le corrompre pour lui faire retirer sa loi : les « hégémones des symmories », les « seconds », les « troisièmes » ('cos; offert de l'argent '8. Ces diverses catégories représentent évidemment les 300. On en a conclu que chaque symmorie triérarchique avait à sa tète un '(Eµwv, puis en dessous un ou plusieurs ôu1ra ot, un ou plusieurs Toltta. Rien n'est moins certain. Nous savons d'autre partis que les symmories d'eisphora avaient à leur tête un -t,ys t.c '' (mais pas d'épimélète). Pourquoi ne pas supposer qu'il s'agit, dans le passage du de Cortina, des lregémones et en général des 300 chargés de la proeisphora, que frappe la loi de Démosthène et qui s'emploient à la faire abroger ? On TRI -.7TRI alléguerait en vain qu'il s'agit, dans tout ce passage, de la triérarchie, des symmories triérarchiques, et que le mot cu(ill.0ptû)v doit être pris dans ce sens de symmories triérarchiques : car, si l'on admet qu'il n'y a pas d'hégé mones dans les symmories, le mot i47EN.6vxç Ti-y)'1) c.utl0çtcly ne pouvait offrir aucune ambiguïté et désignait les chefs des symmories d'eisphora. Kahrstedt applique au contraire avec beaucoup de raison cette division en mories financières : les 300 auraient ainsi été répartis entre les 100 symmories, à raison de trois par symmorie. Cette solution permet d'éviter les embarras et les complications où l'on est tombé, en voulant définir le rôle des 300 dans les symrnories triérarchiques et expliquer la coexistence des 'riyti.dvEg et des épirnélètes ;. Sans doute Démosthène 4 se plaint des abus des riches dans les symmories, et l'on a vu là 3 une preuve que c'étaient les 300, ou au moins leurs représentants, iyEp.dvE, et autres, qui répartissaient (et d'une manière injuste) les frais de la triérarchie entre les syrnmorites. 'Mais cela ne ressort nullement des textes et une telle organisation n'est nullement vraisemblable. Démosthène dit seulement que dans ce système les riches ne payaient pas ce qu'ils auraient dur, eu égard à leur fortune, et que par contre les charges imposées étaient trop considérables pour le reste-des 1200; il s'en prend donc seulement à l'organisation introduite par la loi de Périandre et non à des agissements spéciaux des riches. La chose s'explique le mieux du monde si l'on admet que les symmorites payaient tous la même contribution pour l'équipement d'une trière. On a supposé que l'impôt variait selon la fortunes, comme dans le cas de l'eisphora (les riches, maîtres de la symmorie, auraient éludé l'esprit de la loi etréparti les charges à leur gré, ce qui nous semble insoutenable) ; mais on n'a aucun témoignage à ce sujet 7. La symmorie était divisée en plusieurs syntélies (auvTlaEtat), dont les membres étaient nommés auvTE),t : chacune devait prendre soin d'un vaisseau 8. Le nombre des citoyens dans chaque syntélie variait, non selon leur fortune, ruais selon le nombre de vaisseaux dont on avait besoin pour l'expédition 9. Ce nombre pouvait être quelquefois de deux seulement, mais les exemples ne sont pas certains 10; de même pour les syntélies de trois". On rencontre en tout cas des syntélies de cinq, six 12 et sept citoyens" ; peut-être aussi de huit 11. D'ailleurs il est inutile de discuter sur ces nombres: les symmories n'étaient jamais au complet 1J, plusieurs de leurs rnembres étant dispensés de la triérarchie, soit parce qu'ils devaient la même année (s'ils faisaient partie des 300) payer une proeisphora, soit parce qu'ils exerçaient une autre liturgie, soit pour d'autres raisons que nous examinerons plus loin; suivant le nombre de contribuables qui restaient (et ce nombre variait forcément d'une symmorie à l'autre), suivant aussi le nombre des vaisseaux dont l'État ordonnait l'armement, les combinaisons les plus diverses pouvaient se produire dans la division en syntélies. Démosthène, dans son discours Sur la Couronnet6, parle de syntélies de seize citoyens. C'était évidemment un cas extrême et assez rare, dont l'orateur s'empare pour illustrer sa cause et montrer la faible contribution payée par les riches d'après la loi de Périandre. On a beaucoup discuté sur ce nombre seize, qui n'est pas diviseur de 60. Pour qu'il soit réellement embarrassant, il faut supposer que les symmories étaient toujours au complet pratiquement et que le nombre des auvrE),Eïç divisait toujours exactement 60 (et 1200). Boeckh a imaginé que le nombre de 1200, donné par les auteurs, était un « chiffre rond » et qu'en réalité les symmorites étaient 1280 (divisible par 16) ; ou encore que le nombre des au'TEÂECù était de 15 régulièrement et qu'on ajoutait un secrétaire pris dans une autre syntélie17. D'autres savants ont donné d'autres explications 1. W. Christ 79 a cherché une exégèse nouvelle du passage de Démosthène et a proposé de diviser adv-Ex-rai-ixx et de comprendre 56vc; xxi aû'i tvx (cf. Hypéride: ctîv.:rEVTE xxi awE;): des syntélies de six et des syntélies de dix (nombres qui divisent 60); mais il est impossible d'accepter cette explication. On a été embarrassé aussi par cette phrase d'Hypéride (Contre Pol yeulélos) citée par Harpocration 20 : il y a 15 hommes dans la symmorie. Harpocration se demande comment on peut concilier ce nombre de 15avec les symmories de 60 hommes attestées par Démosthène. Boeckh a pensé que l'usage de la langue a dà changer et que, si 20 divisions contenant60 hommes se sontappelées symrnories à l'époque du discours de Démosthène Sur les Symmories, ce même mot a pu désigner, à l'époque (très voisine pourtant) du discours contre Polyeuktos, des subdivisions de 15 hommes; il pense qu'à une certaine époque il a pu y avoir des « petites symmories » (80X15=1200). (Ii se réfère à ce sujet aux projets de Démosthène dans le discours Sur les Symmories et rappelle les 100 symmories mentionnées par Clidème, d'après Photius cf. plus haut21). Gilbert 22 a supposé que les 300, divisés en nombre égal, fournissaient 15 des leurs à chaque symmorie (15X20=300). Ces recherchessont d'ailleurs assez vaines,car on ne saurait rien tirer de cette phrase isolée d'Hypéride, qui peut tout aussi bien se rapporter aux symmories d'eisphora ; et on a remarqué qu'Harpocration brouille constamment l'organisation de l'eisphora et celle de la triérarchie et emploie un peu au hasard les textes qui traitent de l'une ou de l'autre. Quel que fût le nombre des euvTE),Ei; dans chaque syntélie, il est certain qu'alors le service personnel n'existait pratiquement plus; il s'agit en somme de payer plutôt que de commander le vaisseau. Démosthène' fait remarquer à ce sujet la substitution du mot cuvrs'is ; (idée de contribution d'impôt) au mot 'rptrpxpl.oç. Et de fait il était difficile que 16 hommes commandassent simultanément ou successivement le vaisseau. Il est possible qu'on ait délégué un des cuvri),E{ pour faire l'office de triérarque pendant la campagne, au nom de toute la syntélie2. Un autre procédé consistait à louer la fonction de triérarque pour un talent à un soumissionnaire, qui se chargeait de commander le vaisseau à la place des auvTE),Eiç 3. Les progrès de l'art maritime, par suite la difficulté qu'il y avait alors pour un particulier à s'improviser triérarque comme au ve siècle, et d'ailleurs tout le mouvement de spécialisation qui s'accuse au rive siècle dans le domaine administratif et militaire comme ailleurs, font supposer que cette solution devint rapidement la plus habituelle. Il n'y a rien de particulier à dire pour cette période au sujet de l'ensemble des frais de la liturgie : ils restent sensiblement les mêmes que précédemment 4. Comme à l'époque précédente aussi, ce sont les stratèges qui désignent les triérarques (TOÛç Tpr(pp/ou; x.«OtcTâaiv) avant comme après la loi de Périandre, ils choisissent sur les listes officielles les citoyens les plus riches; avant 357-6, ils faisaient ce choix soit chaque année, désignant ensuite sur ce nombre, au début de l'expédition (si une expédition avait lieu), les citoyens qui devaient s'embarquer -, soit seulement en cas de besoin ; après 357, une fois dressée la liste des 1200 et une fois les citoyens répartis dans chaque symmorie, ils n'ont plus chaque année qu'à reviser cette liste', à procéder aux changements nécessités par les variations de fortune et à faire droit aux réclamations élevées à ce sujet. Mais il ne faut pas dire qu'ils « répartissent les charges », puisque dans ce système, à notre avis du moins, les charges sont égales pour tous; ce ne sont pas eux non plus' (mais peut-être les épimélètes des arsenaux, :'7tt(aEa-riT«: Tlll8 5EeipÂw, sous le contrôle de délégués du Sénat) qui désignent son vaisseau à chaque triérarque, ou plutôt à chaque syntélie. Bien entendu, l'intervalle d'un an, qui existait précédemment entre chaque triérarchie, est aboli dans cette organisation, inspirée de l'eisphora. Le système introduit par Périandre ne semble pas avoir donné tous les résultats qu'on en attendait. La négligence dans l'accomplissement des devoirs triérarchiques, que nous avons notée à l'époque de la syntriérarchie, ne fait que s'accentuer, comme aussi l'extrême indulgence de la justice envers les triérarques délinquants'. Une des principales raisons de cet état de choses, c'est qu'à cette époque l'administration et la justice se concentraient entre les mains des riches, qui, fournissant les triérarques, avaient intérêt à se ménager eux-mêmes. Démosthène nous a fait de ces abus, et des dommages qu'ils entrainaient pour la cité, de saisissants tableaux', que l'on taxerait d'exagération si les documents, et en particulier les inscriptions, ne les confirmaient' 0. VI. Trois ans seulement après l'adoption de la loi de Périandre,en 354, _Démosthène, frappé de ses inconvénients, et particulièrement des nombreuses abstentions dues, soit à des « excuses » diverses invoquées par les symmorites, soit à la coïncidence de la triérarchie avec une autre liturgie proposait une refonte totale de l'institution triérarchique. C'est le sujet du discours Sur les Symmories, qui a pour but de pousser les Athéniens à organiser une forte marine en vue de la lu tte contre les Perses ". Nous avons déjà dit que, pour remédier aux abstentions, Démosthène demandait que le nombre des triérarques fût élevé à 2000: ainsi serait-on toujours sûr d'en avoir au moins 1200. La flotte comprendrait 300 trières divisées en 20 sections de 15 bâtiments: ces 15 trières seraient divisées à leur tour en trois groupes de 3 (ns (in=, lt E,at, Tpaat), utilisés séparément ou ensemble selon le besoin : chaque lot, attribué par le sort à chaque symmorie, serait réparti ensuite dans l'intérieur de la symmorie entre les ô divisions ou « petites symmories » qu'il y introduit. Un impôt sur le capital, fonctionnant à la manière de l'eisphora et basé sur les 6000 talents qui forment la fortune totale (fortune imposable ou TtN-r,v«, non fortune réelle) de l'Attique, servirait à payer l'équipage que l'État avait peine à sotder12. Les frais d'armement des vaisseaux seraient répartis entre les symmories, responsables des agrès à elles conliés. Enfin, pour le recrutement de l'équipage, les stra TRI 449 TRI Lèges assigneraient aux hommes fournis par chacune des 10 tribus un emplacement spécial (dans le port) et le taxiarque à son tour répartirait les hommes par trittyes et fixerait leur place'. Les projets de Démosthène ne furent pas pris en considération. Schaefer conjecture seulement qu'il fut écouté avec bienveillance, mais avec un certain scepticisme: d'ailleurs il semble qu'il ait seulement voulu donner des suggestions, exposer un plan type, mais non pas introduire, selon les formalités légales, une véritable proposition de loi Dans la deuxième Olyntllienne, en 349, Démosthène revient sur ses exhortations, sans y apporter d'ailleurs la même précision et sans s'occuper aussi exclusivement de la triérarchie VII. Enfin, en 3404, il réussit à faire aboutir une réforme, différente d'ailleurs de celle qu'il avait exposée dans le discours Sur les Synminories. On a supposé qu'il agissait alors en vertu d'une délégation extraordinaire, comme le peuple en créait quelquefois, et qu'il portait le titre exceptionnel d'irterzrr1, 'cou vxurtxoû Nous sommes très mal renseignés sur le détail de la réforme, 'fout ce que nous savons, c'est que la triérarchie, selon la nouvelle loi, était basée sur la richesse relative des contribuables et variait considérablement selon leur fortune. Les 300, étant les plus riches, étaient naturellement les plus imposés. De là les expressions : « légiférer au sujet des 300» e, «augmenter les charges des 300 », et les diverses allusions aux 3H0 qui se rencontrent dans les auteurs. Il est probable que les syminories furent conservées, avec des modifications'. Nous ne savons pas non plus si, comme on l'a soutenu, la loi frappait (inégalement) tous ceux qui étaient soumis à l'eisphora 6. Toul au plus peut-on dire que telle était la tendance de Démosthène, exprimée dans ses discours antérieurs. Il est probable aussi que le maximum d'imposition était de deux trières pour un seul triérarque ; ceci semble ressortir d'un passage du de Corona ", oit Démosthène oppose le nouveau régime, suivant lequel un riche peut être triérarque de deux vaisseaux, à l'ancien où, cuvrE)i s d'une IX. syntélie de 16 personnes, il pouvait ne contribuer que pour un seizième à l'entretien d'une seule trière ; dans cette antithèse exactement balancée il a évidemment dû choisir les deux extrêmes. Ce passage et la phrase qui suit montrent aussi que le mot de euvro)t7)ç, qui indignait Démosthène, avait de nouveau fait place à celui de tiptljpap~oç 1°. U. est impossible de dire si ce changement de mots indique une reprise, au moins partielle, du service personnel. Nous ne savons rien de plus. Les détails que donnaient Boeckh, Thumser" et autres sont tirés du « catalogue » (second catalogue, ou catalogue établi selon la nouvelle loi) du discours Sur la Couronne11 : mais il est admis aujourd'hui que ce document est apocryphe 13, tout comme le premier catalogue (calalogue selon la loi de Périandre). Les inscriptions qui peuvent dater de l'époque où la loi de Démosthène était en vigueur ne nous permettent de faire aucune conjecture raisonnable, en dehors de ce que nous venons d'exposer; c'est à peine si l'on pourrait, sans le secours des textes littéraires, se douter d'un changement". La réforme se heurta, comme on devait s'y attendre, à de fortes résistances de la part des riches. Démosthène rapporte que les 300 lui offrirent des sommes considérables pour qu'il renonçât à proposer sa loi'', ou pour que du moins, l'ayant fait voter, il la laissât dormir ". Démosthène repoussa ces propositions''. Attaqué devant le tribunal pour illégalité (ypxtïrl 7r«p«vp.tnv), il remporta une victoire éclatante 'a. Quels furent les résultats de la réforme? Si l'on en croit son auteur, ils furent merveilleux 's et la flotte athénienne retrouva sa prospérité. Mais la réforme avait de rudes adversaires, qui nous font entendre un autre son de cloche 20. Eschine prétend qu'elle priva la cité de 65 triérarques 21. Les inscriptions ne nous permettent pas de nous prononcer sur le débat22. V111. Bonne ou mauvaise, la loi ne resta pas longtemps dans son premier état. Démosthène accuse Eschine d'avoir «corrompu » sa loi, à l'instigation des riches qui lui payèrent deux talents ses bons offices 2s Nous sommes TRI -4,p - encore plus mal renseignés s tr les détails de ce changement que sur ceux de la loi de 340, et nous n'avons que ces mots de Démosthène comme source unique. Les inscriptions ne nous permettent encore ici aucune hypothèse. Il est vraisemblable cependant qu'Eschine n'introduisit pas une loi nouvelle, ni sans doute ne préconisa un retour pur et simple à la loi de Périandre, mais se borna à faire voter d'importants amendements '. C'est au moins ce que permet de supposer le mot t:nut,rv o. Quant à la date du changement, nous l'ignorons. La loi de Démosthène resta en vigueur pendant la guerre contre Philippe, où d'après son auteur on put apprécier ses bons résultats 2. Mais la modification dut suivre cette guerre de très près 3. Nous ne savons pas d'ailleurs si à cette occasion un nouveau procès fut intenté à Démosthène. 11 ne reste pas de traces de modifications apportées à la triérarchie postérieurement à Eschine. Après Chéronée, 1. curgue en vertu d'une délégation particulière, peut-être tout simplement en sa qualité de directeur extraordinaire des finances -est chargé de réorganiser les arsenaux et le matériel naval Mais il ne semble pas qu'il se soit occupé de l'institution triérarchique. Dans la seconde moitié du Iv siècle, à des dates diverses, on charge certains des stratèges d'emplois particuliers, au lieu de les confier en bloc au collège STBATIiGOS]. C'est ainsi que, pour ce qui nous intéresse, Aristote 6 mentionne un GTparr)'b; Frd Txç Gubuoc(a;, chargé spécialement de la désignation des triérarques (3; Tob; 'rctrâpzous xara),éyta cf. le xar .) oyo; de Démosthène 6; et pourvu d'attributions judiciaires qui appartenaient d'abord ;L l'ensemble des dix stratèges. La date de ce changement, est localisée par le témoignage des inscriptions entre 331-3 et 325-4'. IX. Quelque temps après, la marine athénienne est détruite à la suite de la guerre contre Antipatros (32-2) et Athènes perd complètement la maîtrise de la nier 3. Sous le régime de Déniélrius de Phalère (317-307) les liturgies sont abolies, et parmi elles la triérarchie 9. D'ailleurs, après la ruine presque complète de la marine athénienne, elle n'avait plus guère de raison d'être; peul-être avaitelle déjà en fait cessé d'exister. On sait qu'un agonothète organisait aux frais de l'État les fêtes publiques à la place des anciens chorèges. Quant à la marine, nous ignorons comment on remplaça, pour les quelques vaisseaux que possédait encore Athènes, les anciens triérarques '°. D'ailleurs ces vaisseaux sont sans doute très peu nombreux, et après 30'1 Athènes n'a plus que « l'ombre d'une marine » . Au début du u° siècle elle semble n'avoir possédé que trois vaisseaux (plus peutêtre trois galères sacrées) Le GTpxTYlyb; É7,1 T ç GUp.u.op'x; a dû disparaître en même temps que latriérarchie et être remplacé par le GTpxTit,yb; É;c: . vxJTl3 / 12. En 95-4 avant J.-C. cette charge est encore mentionnée dans une inscription 13 : Ferguson, qui a étudié spécialement ce texte, conjecture qu'il y avait alors (la même année) trois stratèges i l Tb vxuTlrw 1i Le mol Tpti;pxo7o; existe encore'", mais il a perdu son sens antérieur et ne signifie plus sans doute que commandant d'un vaisseau. A. Conditions requises pour être triérarque.Pour pouvoir être soumis à la triérarchie, la première condition était d'être citoyen athénienne (on sait qu'il n'en était pas ainsi de l'eisphora, que payaient les métèques eux-mêmes). Il y a cependant comme en bien d'autres cas à Athènes quelques rares, exceptions : c'est ainsi que Stésileidès de Siphnos est plusieurs fois mentionné comme triérarque dans les comptes des épimélètes ". Boeckh suppose que des étrangers ont pu, surtout s'ils étaient isotèles, être par exception admis dans les symrnories. Un exemple difl'érent est donné par Démosthène" : Midias, triérarque désigné, désireux de rester à Athènes, avait envoyé à sa place, pour commander le vaisseau, un métèque, l'Égyptien Pamphilos ; il s'agit ici de ces « remplacements » fréquents dont nous avons parlé plus haut et qui se pratiquaient dès avant la loi de Périandre. Il est vraisemblable qu'on a dû recourir assez souvent à des métèques pour cet office. Boeckh fait justement remarquer à ce sujet qu'Athènes employait parfois des étrangers comme généraux. Une seconde condition était de posséder une fortune suffisante, 'thumser 19 et d'autres à sa suite ont affirmé que pour exercer une liturgie quelconque il fallait posséder plus de deux talents ; en tout cas trois talents suffisaient amplement. On s'appuie principalement sur un passage de Démosthène 2n ; mais les termes n'en sont pas assez précis et sont trop oratoires pour qu'on puisse faire fond sur eux et en tirer un renseignement certain. l(olbe'-' conclut avec raison que nous ne pouvons déterminer le minimum de fortune qui obligeait aux liturgies (peulêtre d'ailleurs variait-il avec chaque liturgie). Mais il serait plutôt disposé à abaisser qu'à relever les chiffres admis par Boeckh et Thurnser. Isée23 rapporte en effet que certains citoyens, riches de moins de 80 mines, avaient été triérarques. Boeckh" est embarrassé par ce passage et pense qu'on peut l'expliquer, soit par une hyperbole oratoire, soit par l'ambition de certains TRI -X51 TRI citoyens pauvres qui voulaient être liturges, Ces explications, surtout la seconde, sont très raisonnables. Il est inadmissible qu'un citoyen, possédant 80 mines, ait été contraint (époque de la syntriérarchie) de dépenser '?0 mines pour sa triérarchie et peut-être de renouveler ensuite cette dépense : nul État ne peut imposer de pareilles contributions. Le minimum de deux talents est lui-même trop bas ; l'impôt en ce cas eût été encore exorbitant. Faut-il expliquer ces chiffres comme ceux, non de la fortune réelle, mais de la fortune imposable ou Tt,J.7,p2x, ou encore comme ceux du revenu d'un capital inconnu (mais les Grecs n'avaient pas comme nous l'habitude de compter par revenus) °. Le plus simple est d'avouer notre ignorance. On s'est demandé aussi s'il y avait une limite drage pour la triérarchie'. Nous verrons tout àl'hettre que les mineurs n'y étaient pas astreints : il est, probable qu'on devait aussi en être dispensé à partir d'un certain ;lige. On admet généralement que cette limite existait au moins à l'époque du service personnel; mais nous pensons que le service personnel a, en théorie bien entendu, toujours été considéré comme existant légalement'. Ceci suppose une limite d'âge, peut-être la même que pour le service militaire (60 ans) '. Isocrate (en 3:31.3) avait été triérarque à Tage de 82 ans : mais il le fait remarquer amèrement ; ce n'était donc pas habituel. B. Exemptions de la triérarchie.D'après Démosthène, personne n'était dispensé de la triérarchie sau f les neuf archontes" (bien entendu, pendant l'année où ils étaient en charge). Ce o personne » doit s'entendre seulement en ce sens que le peuple n'accordait pas ici d'exemptions comme il le faisait fréquemment, honoris causa, pour d'autres liturgies. Car la loi prévoyait un certain nombre de dispenses. Le même Démosthène les énumère dans le discours Sur les S'mmories 6 : Ti;iv De ces cinq cas d'exemptions, les deux premiers: biens appartenant a) à des filles épicières (non encore mariées) et Ti) à des orphelins non majeurs 8, ne demandent aucune explication particulière. On voit que la législation de la triérarchie était moins stricte que celle de l'eisphora, qui englobait ces deux sortes de biens (et les suivants). Nouvel indice, à notre avis, qué la triérarchie (même à l'époque des symmories, qui est celle du discours cité) n'était pas considérée comme une simple charge financière: en effet les biens exemptés sont ceux de personnes qui n'auraient pas pu assumer le service triérarchique. Si ces exemptions nous sont attestées à l'époque des symmories, à plus forte raison devaientelles être en vigueur au ve siècle, où le service personnel était une réalité : la loi de Périandre les conserve, car, bien que l'organisation des syntélies ait porté un coup au service personnel, elle ne le considère pas moins comme subsistant, et le « remplacement » des lriérarques n'est pas admis légalement, mais seulement toléré dans la pratique. La preuve s'en trouve dans un passage de Démosthène cité plus haute, où l'on parle (hypothèse qui d'ailleurs ne se réalisait plus en pratique d'intenter un procès à un triérarque qui s'est fait, remplacer. Les trois autres dispenses énumérées par Démosthène ont été diversement interprétées. Le principe que nous venons de poser nous aidera à les expliquer. c) Les x)s,pouLtxz. Il faut entendre les biens des clérouques absents d'Athènes. Boeckh et Thumser 10pensentque l'exemption concerne seulement les biens sis au dehors, non ceux que les clérouques possédaient en Attique. M. Foucart", au contraire, admet avec raison que tous les biens des clérouques étaient dispensés de cet impô'. Friinkel1'. qui fait sienne cette opinion, ajoute que les clérouques, étant originairement des citoyens peu fortunés, ne pouvaient posséder en Attique des biens sauts pour exercer la triérarchie. Ce que nous pensons du service personnel nous fait, résoudre la question dans le sens de M. Foucart. d) Les xctvmvtxz. On a beaucoup discuté sur la signification de ce terme. Les scoliastes de Démosthène expliquent Tmv xocvowtxav par : Twv lr, téoVOU TuwOtiVOG(«»v. Th umser'3 objecte avec raison que. s'ils'agissait de biens des dèmes, phratries ou tribus, Démosthène eût plutôt écrit Tûiv rocvôri. Ajoutons que la question du service personnel nous empêche d'admettre cette explication. Rarpocration (s. v. xotvwvtxwv, à propos de ce même passage de Démosthène) donne deux interprétations différentes : 10 Il s'agit de biens que les héritiers ne se sont pas partagés; la fortune du père, par exemple, était suffisante pour qu'il 1'ût astreint à la triérarchie ; divisée, chacune des parts se trouve inférieure au cens minimum exigé ; dans ce cas, même si la fortune reste indivise, les héritiers ne sont pas astreints à la triérarchie. 2° Ce sont des biens mis en commun dans une société, commerciale ou autre, dont l'ensemble atteint le cens fixé, mais dans lesquels la quote-part de chacun est inférieure à ce cens. flarpocration semble préférer la première explication. C'est celle qui a généralement prévalu 14. Boeckh objecte contre la seconde hypothèse que dans ce cas il eut été trop facile d'échapper à la loi, en engageant sa fortune par petites parts dans diverses sociétés. ),lais le fait qu'on pouvait tourner une loi ne prouve pas que la loi n'ait pas existé. Ce qui est certain, c'est que les opérations financières étaient peu développées alors et qu'on n'avait pas comme chez nous l'habitude de placer ses fonds dans des sociétés par actions. D'ailleurs il ne s'agit pas ici exclusivement de sociétés financières ou commerciales, mais tout aussi bien de corporations, d'associations amicales. Aussi d'autres savants se sont-ils ralliés àla seconde explication 1". Il est possible que les deux sens doivent être admis en même temps (c'était peut-être déjà le sentiment d'Llarpocration). 11 est du moins vraisemblable que l'exemption avait lieu dans TRl 452 TRI les deux cas, les motifs étant à peu près identiques. Cependant nous pencherions plutôt, en ce qui concerne le passage de Démosthène, pour la seconde explication, le mot xomovu i nous paraissant s'appliquer mieux à cette hypothèse'. e) Les âôtivxrot. Là encore deux sens sont possibles, vx'ro; pouvant désigner soit une infirmité corporelle, soit (plus rarement) un manque de ressources pécuniaires 2. La plupart des auteurs ont adopté la seconde explication 3. Elle ne semble pas fondée, dans le cas qui nous occupe. Car un triérarque, un -surû),rl;, dont la fortune se trouvait subitement diminuée et devenait inférieure au cens fixé, devait simplement être rayé des listes et remplacé par un autre ; il n'est pas nécessaire de parler ici d'exemption. On a préféré cette explication, parce qu'on ne veut pas croire àla survivance (théorique et légale du service personnelà l'époque des symmories. Dans notre hypothèse, au contraire, le premier sens (invalidité est tout naturel et se comprend aisément. A ces exemptions fondamentales il faut ajouter les exemptions provenant (tout au moins avant, sinon encore après la loi de Démosthène) de l'exercice d'une autre liturgie pendantla même année : la loi, comme on le sait, interdisait le cumul de deux liturgies (cf. plus haut). Il faut rappeler aussi que pendant la première partie du Ive siècle (avant les symmories) et déjà sans doute au ve siècle, on n'était obligé à la triérarchie qu'une année sur deux. C. Obligations des triérarques: a) Part respective de l'État et des triérarques dans les frais d'armement. Les obligations des triérarques comprennent à la fois le commandement du vaisseau et les charges financières qui s'y rattachent. Il importe d'abord de déterminer quelles étaient celles-ci et quelle part l'État assumait dans les dépenses ordinaires et extraordinaires. 1. Dépenses ordinaires des triérarques. Il est assez difficile de préciser la contribution respective de l'État et des triérarques, et les opinions diffèrent considérablement à ce sujet. On a distingué selon les époques. Mais il ne semble pas que les modifications aient été bien grandes, car, nous l'avons vu, les frais restent sensiblement les mêmes aux différentes périodes, et c'est précisément à l'époque des symmories, où l'on admet généralement que la contribution de l'État était plus large, quelesfrais paraissentatteindreplus souventlema ximum (un talent) 6: ceci s'explique suffisamment par la diminution légère de la valeur de l'argent, par les prix alors croissants, par l'habitude de recourir à des remplaçants professionnels qui devaient se faire payer un peu plus cher. D'ailleurs on rencontre déjà à l'époque de Lysias des triérarchies d'environ un talent (saris remplacement La quote-part de l'État et celle des triérarques ont donc dù rester à peu près dans le même rapport depuis Périclès jusqu'à la fin du rve siècle. C'est ce qu'on ne paraît pas avoir assez remarqué. Tout le monde admet que, depuis le début de l'institution triérarchique jusqu'à son abolition, l'État fournissait la coque du vaisseau. Quant aux agrès, on n'est. plus d'accord. Un passage d'Aristophane déjà cité 6, oit Cléon menace son ennemi de lui faire attribuer un vieux vaisseau et une voilure en mauvais état, prouve que dans la seconde moitié du ve siècle l'État donnait au moins certains agrès. On asupposé qu'il ne donnait que les plus importants ; mais Kolbe s fait justement remarquer que la mention de la voile seule, par Aristophane, ne prouve nullement qu'on ne donnait pas tout le reste des agrès. Un peu plus tard, lors de l'expédition de Sicile, l'État, d'après Thucydide ', livre aux triérarques des vxû; zaxi;. Boeckh (suivi par la plupart des auteurs) traduit « des vaisseaux sans agrès », tout en se demandant si les gros agrès de bois10 ne sont pas compris dans cette expression. On a vu là aussi un cas particulier nécessité par la gravité des circonstances. En réalité vaû; xa't signifie : vaisseau non pourvu de ses matelots et rameurs, comme l'a montré Kolbe" d'après d'autres passages de Thucydide D'ailleurs, dans un décret bien connu de 405-4 avant ,l.-C. (aussitôt après /Egos-Potamos 12), les vs(nooi (correspondant aux épimélètes des arsenaux de l'époque suivante) sont chargés de faire rentrer les agrès des vaisseaux, preuve que c'est l'État qui les fournissait 13. Il n'y a pas de raison de supposer que l'État donnait certains agrès seulement et faisait payer les autres par les triérarques ; aucun texte ne peut être invoqué positivement en faveur de cette hypothèse. Au rve siècle, et dès le premier tiers du rve siècle, on peut établir facilement que l'État fournit les agrès. Boeckh doit le reconnaître, avec quelque hésitation t4. Démosthène, dans la :flidienne70, oppose la triérarchie telle qu'elle existait avant et après la loi de Périandre. ou mieux telle qu'il l'a exercée lui-même (époque de la syntriérarchie) et telle qu'on l'exerce à l'époque oit il parle, car il s'agit cette remarque a son intérêt d'un plaidoyer personnel, non d'une exposition objective: quand Démosthène a été triérarque, il a payé personnellement ses dépenses (avec son syntriérarque) et recruté lui vxû; ennr)Eoûu.E6'xitoit6; après la loi de Périandre, l'État s'occupe du recrutement et donne les agrès : 77).11,wu.20' qu'avant les symmories les triérarques devaient fournir les agrès. Mais il faut faire la part de l'exagération oratoire; de plus nous savons qu'avant 358-7 les triérarques fournissaient fréquemment des agrès (en partie du moins) par bonne volonté et sans doute pour suppléer au mauvais état ou à l'insuffisance de ceux que leur xwtap7oç ", auxquels il faut ajouter peut-être le Txuftic (non marin) 1e. Mentionnons encore différents sousordres, tels que l'esclave cuisinier (è 1osoU; et le joueur de flûte (Tpt rpa' ),r,ç) chargé de rythmerles mouvements des rameurs''". On admet qu'à toutes les époques l'État a payé la solde des vxuza:14. Kolbe pense qu'antérieurement à Périclès, les rameurs étant tous des citoyens, oit ne leur donnait pas de solde du tout pas plus qu'aux hoplites); Périclès aurait institué l'usage de la solde et c'est, alors que l'équipage aurait commencé à être en partie composé d'étrangers mercenaires). Cette assertion, qui ne repose guère que sur un témoignage d'tIlpien, n'est pas prouvée, ruais elle est au moins vraisemblable''. En tout cas les triérarques n'ont jamais été obligés de payer les rameurs 1G. S'ils le font, c'est spontanément et ils se vantent de ce patriotisme l'. Quant àl' u7r, o6i,, on admet aussi qu'elle était soldée par l'État jusque vers 3G2 avant J.-C. au plus tard' s. A partir de cette époque, ce sont les triérarques qui en auraient assumé les frais19, C'est possible, mais nullement certain. Les textes qu'on apporte à l'appui 2" ne sont pas probants ; nous n'avons pas d'ailleurs connaissance d'une loi ayant modifié la triérarchie entre l'institution de la svntriérarchie et celle des symmories 2r; plus probablement s'agit-il d'un usage devenu peu à peu presque général: les triérarques avaient en effet intérêt à choisir el. àpayer de bons collaborateurs pour les assister, surtout à une époque où la spécialisation allait croissant et où le triérarque n'était souvent qu'un simple citoyen, nullementversé dans l'art maritime. Quelles étaient donc les dépenses ordinaires des triérarques et à quoi employaient-ils leurs 40 ou 50 mines? Tout d'abord ils devaient, tout au moins jusqu'à la loi de Périandre, non pas payer, mais recruter leur équipage (cf. plus bas), ce qui évidemment n'allait pas sans certains fraise=. Ils devaient ensuite, à leurs frais, faire mettre en place les agrès fournis par l'État et armer le navire; c'est à leurs frais aussi que le navire était mis à l'eau et préparé pour le départ (cf. plus bas). D'autre part, ce devait être l'habitude de donner des récompenses TRI 403 - livrait la cité', 11 est probable que la loi de Périandre réorganisa le matériel de l'État et peut-être (mais ce n'est quune hypothèse plus hasardée) ordonna de se servir des agrès de l'État (ceci pour éviter des frais surérogatoires aux triérarques: celte mesure est dans le sens de cette loi, destinée en partie à adoucir l'impôt, triérarcbique). Autrement dit, la loi de Périandre impose une réglementation plus stricte 2. Les inscriptions ne nous font pas apercevoir de différences entre l'époque antérieure et l'époque postérieure à la loi". La solde et l'entretien de l'équipage (u.toOéc, 6tTr,pE6tov; chacun de ces termes peul inclure les deux significations) paraissent avoir été dans l'ensemble età toutes tes époques payés par l'État. L'équipage se composait de 1701 rameurs et, ajoutent certains auteurs, des quelques matelots spécialement affectés à la manoeuvre des voiles (Cartault' en compte 17 ; sans doute en réalité étaient-ce des rameurs qui remplissaient cet office; au surplus la voile servait assez rarement). II n'y a pas lieu, comme on a voulu le faire', de réserver à ces matelots le plot vvîi-ris , employé au sens technique; aussi bien a-t-on dû reconnaître que 'lxü= signifie souvent rameurs chez les auteurs anciens. lioehler` a démontré, en examinant une inscription contenant une liste d'équipages, qu'on ne doit pas distinguer une classe de ' C:xt proprement dits à côté des rameurs; les inscriptions ne portent pas trace de cette distinction. A côté des marins, il faut mettre à part les hoplites embarqués, Ênt'iirat, qui ne s'occupaient en rien de la manoeuvre et se bornaient à combattre (sous les ordres du triérarque). On en compte habituellement dix': lioehler pense qu'ils n'étaient pas plus de buil'. Nous n'avons pas à nous en occuper ici; ils rentrent dans la classe des hoplites ordinaires. Enfin il y avait l'(J;rrlco y.. Cartault et Kochler 10 ont montré que ce terme désignait a l'état-major » (expression de Cartault), les techniciens chargés de régler la marche du vaisseau, de commander les rameurs et de diriger la manoeuvre des voiles; c'étaient, en ordre hiér TRI en argent i 7: trioozi aux rameurs qui s'acquittaient bien de leurs fonctions, et à plus forte raison aux i rr,rhtxt: la bonne manoeuvre du vaisseau et la gloire du triérarque en dépendaient. Des i-tWo?zt sont mentionnées par Thucydide lors de l'expédition de Sicile, non comme une chose inaccoutumée, mais parce qu'elles étaient particulièrement importantes'. Mais la plus grosse part des dépenses se composait évidemment des réparations courantes et du remplacement des agrès endommagés (en particulier les petits agrès, rames, cxCJ(1.f rz, etc., qui s'usaient facilement) : de ces réparations et de ces remplacements, les uns se faisaient en cours d'expédition, les autres à la suite de la campagne, le triérarque devant livrer son vaisseau en bon état'. On sait que les inscriptions relatives à la marine, que nous possédons, consistent presque uniquement en inventaires du matériel livré aux triérarques, avec indication des réparations dues par ceux-ci. Ces dépenses habituelles devaient être assez élevées, les trières antiques étant construites en vue de la rapidité', par suite très légères et se détériorant assez rapidement 4. Boeckh évalue l'entretien du vaisseau, avec les petites réparations courantes, à 12 mines au plus. Ce chiffre semble un peu bas. Mais sans doute Boeckh ne comprend-il pas dans cette évaluation la remise en état du navire après la campagne (par exemple la peinture à neuf de la coque).Il est clair, comme l'a noté Boeckh, que le triérarque n'était pas obligé de remettre en état la trière avant son départ (son prédécesseur ayant dû lui livrer un bâtiment en bonnes conditions), mais seulement après son retour G. Aux dépenses énumérées devaient s'ajouter des frais divers que nous ne pouvons préciser, (nais qu'il est facile de supposer. Nous atteignons ainsi très aisément les chiffres donnés pour la triépareille. Remarquons bien d'ailleurs que ces frais, variables en de certaines limites, ne pouvaient être fixés strictement par la loi; ce n'était pas un impôt à proprement parler : le service triérarchique entraînait avec lui certaines dépenses, qui habituellement se montaient à un certain prix, tantôt un peu plus haut, tantôt un peu moins. II. Dépenses extraordinaires des trierarques. Les prix moyens nous sont donnés pour les cas ordinaires ; mais assez souvent les circonstances, les hasards de la mer en augmentaient considérablement le chiffre. Ce sont des accidents qui entraînent de grosses réparations, la perte du vaisseau qu'il faut remplacer. Il est vrai que, en cas de force majeure, c'est-à-dire si le bâtiment avait péri ou avait été fortement endommagé dans une tempête ou dans une bataille navale, sans qu'on pût accuser le triérarque d'impéritie, c'était l'État qui supportait le dommage. En toute hypothèse, il fallait une intervention du tribunal pour décider en faveur de l'État ou du citoyen, qui présentait ses a excuses légales » (ex7']ietç) [Cf. plus bas, Procès]. Les im'Ur,-atç, ou dons gratuits par lesquels les riches montraient leur patriotisme et se conciliaient la faveur du peuple, venaient assez souvent augmenter les frais ordinaires '. Ces i»t~dastç étaient de diverses sortes. Elles pouvaient consister dans le don d'une trière ou d'agrès; c'était le cas en particulier quand un citoyen riche, bien que déclaré non responsable de la perte du vaisseau ou des agrès, voulait néanmoins remplacer le vaisseau ou le remettre en état; de là les expressions : rpt prl i7ctôoûv2t, faire don d'une trière (à distinguer de xa.tvxç â toloüvat ruioEtç, x7roloüvat se rapportant à une dette, non à un don ; rottWr,ç trrtôôetu.cç, trière donnée volontairement 8. Il en est de même pour les réparations'. On pouvait encore se servir de ses propres agrès au lieu de ceux de l'État, ce qui constituait une sorte d'ir.iôoct; 10. Il arrivait aussi qu'on employât ses propres vaisseaux tout au moins au ve siècle, car nous doutons qu'au siècle les citoyens aient possédé des bâtiments assez rapprochés du modèle des navires de guerre pour pouvoir les remplacer. Une autre forme de l'ë7ttôoctç consistait, nous l'avons vu, à payer soi-même son équipage et ses officiers 12, ou encore à augmenter les ,':.rtyocai habituelles (récompenses, suppléments de soldes) d'une manière considérable, comme à l'époque de l'expédition de Sicile d'après le passage cité de Thucydide. Enfin on pouvait assumer la fonction de triérarque sans y être obligé '3. Certains prolongeaient volontairement le temps légal de leur charge et fournissaient une seconde année (ir.trrr(g,ac/ot) 14. Notons que les i77iôicst; (il s'agit ici surtout de dons de vaisseaux ou d'agrès, de réparations volontaires) constituaient une dette qui pouvait donner lieu à procès (irtl6t7EL promises et non payées)''. D. Obligations des trierarques : b) Leurs fonctions. La fonction essentielle du triérarque était évidemment le commandement du vaisseau, et en cas d'abordage la direction des hoplites embarqués (ilrt,érat), le tout sous les ordres généraux du stratège_ placé à la tête de l'escadre16. Le triérarque était maitre absolu à son bord ", et pouvait résister au stratège lui-même, si celui-ci, ne se contentant, plus de la direction générale, voulait intervenir dans le commandement du vaisseau et y donner des ordres directs. Le cas d' Apollodore (raconté dans le plaidoyer Contre Potelés), qui refuse d'obeir à un ordre, d'ailleurs illégal, d'un délégué envoyé à son bord par son stratège, est typique à cet égard : Apollodore est suivi par ses officiers et personne n'est inquiété au débarquements. Le triérarque était un véritable capitaine de vaisseau. M. Cartault croit qu'il avait souvent une réelle compétence et que ces fonctions étaient souvent exercées par un armateur, déjà rompu au métier'''. Mais ceci, à notre avis, ne peut être vrai que pour le ve siècle, et même à cotte époque le cas inverse était TRI sans doute assez fréquent. Dès la fin du ve siècle il n'en va plus ainsi 1. Le triérarque alors 'ne peut guère donner que des ordres généraux et doit habituellement se reposer sur l'expérience et la compétence technique de 1'ûer.-rloerfa, particulièrement du Nous avons vu que le triérarque devait s'occuper, avant le départ, de mettre en état son vaisseau, d'y placer les agrès, de le lancer à la mer, en un mot de faire tous les préparatifs nécessaires 3. On veillait soigneusement à ce que le départ s'effectuât en bon ordre et sans retard : le Sénat (qui s'occupait spécialement du bon fonctionnement de la marine), repré senté par les a.noronuiç, surveillait la manoeuvre et parfois même tenait séance à cet effet sur le môle du Pirée Le triérarquc qui était prêt le premier recevait une récompense, ainsi que les deux suivants 0 En revanche, les retardataires étaient traduits en ,justice'. C'était au triérarque, nous l'avons également noté, qu'incombait la lâche, non de payer l'équipage, mais de le rassembler. Au début, c'est-à-dire depuis Thémistocle jusqu'à l'époque de Périclès, plusieurs années en tous cas avant la guerre du Péloponnèse, l'équipage était vraisemblablement composé en entier de citoyens, levés par tribus et trittyes. C'est à cette institution que se rapporteraient les bornes de trittyes et de tribus trouvées au Pirée et dont nous avons parlé'. Mais bientôt le mode de recrutement se modifie; l'usage de la solde est introduit, sans doute par Périclès; les rameurs ne sont plus levés par autorité de l'État, et depuis le début de la guerre du Péloponnèse les mercenaires étrangers affluents. Kolbe croit que, contrairement à ce qui avait lieu pour les rameurs, l'ûrvpesiz était composée de citoyens levés par l'État. 11 s'appuie sur deux passages de Thucydide et du pseudo-Xénophon, où l'on parle d'excellents xuÏEpvr et autres ~r',pÉTxt, qui sont des citoyens 10 et dont on se glorifie. Mais ceci ne prouve nullement que tous les ù1c-rActt étaient des citoyens, encore moins qu'ils ne louaient pas leurs services librement. Il semble plus vraisemblable qu'ils étaient recrutés de la môme façon que les rameurs et que les triérarques les choisissaient de même. Kolbe doit en tout cas reconnaître qu'à partir de la lin du ve siècle les triérarques s'occupent de recruter leur ûrrir;saf 11 et qu'on y rencontre des étrangers i2 : il explique ce qu'il considère comme un changement, en supposant que vers cette époque les ûTalséTnt sont payés, non plus par l'État, mais par les triérarques; nous avons vu plus haut ce qu'il fallait penser de cette opinion. L'équipage qu'il fallait recruter comprenait des éléments forts divers; des citoyens d'abord, car les Athéniens pauvres, dont beaucoup étaient marins de profession, étaient, tout comme les étrangers, attirés par le gain et s'engageaient dans la marine de guerre comme dans la marine marchande 3. A côté d'eux, des étrangers mercenaires''", des métèques aussi, séduits parla solde (car il n'y a pas lieu de croire qu'ils aient été, plus que les autres, levés de force) 15, et des esclaves, non pas des esclaves publics, comme l'a bien montré Kolbe, mais des esclaves privés, exerçant ce métier, comme ils en exerçaient d'autres, au profit de leur maître 16. Ainsi les triérarques recueillaient un peu partout les éléments de leur équipage. Cette fonction est désignée dans les textes anciens par les mots : vxûv .-kr,p(ûc9xt, et l'équipage par suite est nommé r),at, mu.x". D'après Démosthène", à partir de la loi de Périandre instituant lessymmories,lestriérarques sont débarrassés de ce souci et c'est l'État qui s'occupe du recrutement. Le sens de ce passage semble clair, surtout après l'antithèse qui précède19. Mais on n'en saurait conclure que l'État lève ses marins régulièrement parmi les citoyens 20 ; le recrutement reste le môme : on enrôle des rameurs volontaires, pour de l'argent, parmi les étrangers comme parmi les citoyens. La différence consiste en ce que l'État s'en occupe au lieu du triérarques. 11 semble d'ailleurs nécessaire d'admettre qu'en certaines circonstances graves, où la main-d'oeuvre manquait (à la suite, par exemple, du grand nombre de vaisseaux mis en mer), dans des cas de péril urgent, l'État décrétait l'enrôlement forcé des citoyens comme TRI 456 TRI rameurs 1, parfois même des métèques et des esclaves Le triérarque ne devait pas se borner à rassembler son personnel; il lui fallait aussi l'exercer soigneusement et le préparer au combat 3. Les bons marins abondaient d'ailleurs a Athènes, comme le remarque le pseudo-Xénophon '. Néanmoins il fallait, par des exercices appropriés, adapter ces marins aux exigences spéciales de la marine de guerre'. Il était rare qu'on dût, en cas de péril soudain ou de pénurie de bons rameurs, comme en 411, improviser hâtivement des équi pages G. Une autre fonction du triérarque consistait à distribuer à l'équipage, avec l'aide du tiauixç, la solde que lui remettait le stratège (qui recevait lui-même l'argent des liellénotames) 7. En certains cas, les hasards de la campagne ou d'autres raisons empêchaient que le stratège fit cette répartition; le triérarque payait souvent alors la solde lui-mérne, quitte à se faire ensuite rembourser plus ou moins facilement". De même s'occupait-il de la nourriture de l'équipage (payée par l'État) et du ravitaillement (dont le stratège avait la haute direction) 9. Les fonctions triérarchiques duraient un an 10 (nous avons vu comment on réglait la succession des synlriérarques, qui, lorsqu'ils ne naviguaient pas ensemble, se partageaient l'année; à l'époque des symmories, le triérarque représentant les syntéleis restait naturellement un an à bord). Roeckh1l a montré que l'année triérarchique se réglait en principe d'après l'année civile (par archontes : cependant, si la campagne commençait après le début de l'année officielle, le service du triérarque ne finissait pas avec cette année, hais seulement après les douze mois de service écoulés. On pourrait supposer (et c'était l'opinion de Droysen") que les triérarques avaient un service cadrant avec l'année officielle, comme celui des stratèges.Mais le long examen qu'a fait Roeckh 13 du Contre Polgclés date : 357-6, faits arrivés en 36-2-1) et d'une inscription 325-4) r', semble bien avoir résolu la question dans son sens. 11 faut ajouter d'ailleurs que les campagnes ne duraient pas toujours, et duraient même rarement une année entière. Quand le vaisseau était rentré au Pirée, quelle qu'eût été la durée de l'expédition, la triérarchie était considérée comme terminée (-c ,, ou; xar«)tualç) '°. lioeché ajoute, d'après un passage du Contre Polyclès 16 , qu'il y avait xaraÂuct, toutes les fois que le stratège, la campagne n'étant pas finie, ramenait des vaisseaux au Pirée, ou encore quand il ne donnait pas l'argent, de la solde. Bulbe " ne croit pas qu'il s'agisse ici d'une loi véritable : en tout cas le texte est formel. Son service expiré, le triérarque devait rendre ses comptes [DolommAslA1, comme il est naturel, puisqu'il avait en mains la solde et l'entretien des marins'. E. 'l'ombre des triérarques et force de la /Mlle athénienne. Le nombre des triérarques dépendait à la fois du nombre de vaisseaux dont disposait Athènes et de ceux que, sur ce nombre total, on mettait en service pour une expédition particulière. Nous avons examiné plus haut la force de la flotte athénienne jusque vers 1180. Sans entreprendre ici une étude sur l'accroissement et la diminution de cette flotte aux différentes époques, indiquons rapidement les points essentiels. Comme nous l'avons vu, en 480, Athènes semble avoir envoie 200 navires en Égypte (parmi lesquels quelques vaisseaux alliés) z°; pendant que ces bâtiments sont ainsi immobilisés, Athènes peut cependant remporter sur les Eginètes une vietoim'e navale où elle leur pretid 70 trières'', ce qui suppose un assez bon nombre de navires du côté athénien". En 'thh les btitilnents envoyés en Égypte sont presque tous détruits2'. On répare rapidement ce désastre et en 149 Cimon peut conduire une flotte de 200 unités contre les Perses''`. La paix de trente ans (signée en 4à0) permet aux Athéniens d'accroître leur marine 2J. Peu après 450-119 (archontat d'E'uthydemos), probablement en 419-8, on décided'après le papyrus de Strasbourg (Anonilntes Argentin en t-is), de construire en bloc 100 nouvelles trières'-". Au début de la guerre du Péloponnèse, la flotte est, en pleine force. Thucydide °" fait dire à Périclès qu'elle comprend 300 cm' çe;ç 7rXon)uoo,. On a beaucoup discuté sur ce pas sage. Kolbeestimeavec raison qu'il est digne de confiance, mais que la flotte entière devait être plus considérable, comme l'indique l'épithète -r),nr nt, qui semble désigner seulement les vaisseaux de combat -mite(tu) et exclure les transports 28. Andocidc donne un chiffre supérieur à /100 2a, qui est sans doute quelque peu exagéré. Eschine30 indique 100 trières 7:Xod i.tn,`, chiffre certainement trop fort. Strabon compte 400 loges au Pirée, contenant chacune un vaisseau 31 (il parle de la skeuothèque de Philon, mais son témoignage en réalité ne peut convenir qu'au v5 siècle 32). Ces textes et les autres ne se rapportent pas tous à l'année 431 et valent dans l'ensemble, pour toute la seconde moitié du v" siècle. L'auteur de 1"AO'tivatujv 7roi.t.:, a mise sous le nom de Xénophon, qui écrivait vers la fin du vr siècle (peut-être vers ils, date donnée par Miller-Slrûbing dans son édition), dit qu'on choisissait 400 triérarques tous les ans 3J. Bien entendu de 300 (cf. B. Keil, An. Ary. p. 139) ; niais, repétons-le, Il faut entendre: sarclai, prèle,;; à combattre 33 'A6. 111, 4. TRI 4.57 ils ne partaient pas tous en campagne : sur ce total de 400 triérarques, catalogués au début de chaque année, on choisissait le nombre nécessaire pour l'expédition projetée. D'après Thucydide', on décida, dès la première année de la guerre du Péloponnèse, de construire, en supplément des vaisseaux ordinaires, 100 vr,Eq E,xr,cEtot qui, ainsi que le fonds de 10 talents déposé sur l'Acropole, ne devaient être employés qu'en cas d'extrême urgence'-. On leur désigne cependant des triérarques à l'avance 3. Peut-être ces 100 triérarques supplémentaires étaient-ils compris dans le nombre des 400 donnés par le pseudo-Xénophon. Le désastre de la guerre de Sicile réduit considérablement la flotte athénienne, mais on ne perd pas courage et on reconstruit activement : en 412, 129 vaisseaux peuvent sortir'. A Egos-Potamos, 180 vaisseaux prennent part à labataille, dont8 seulement et la Paralos peuvents'échapper°. 11 restait d'ailleurs un certain nombre de vaisseaux dans le port, puisque les Spartiates, après la prise d'Athènes,exigentqu'on lesleurlivre, àl'exception de 126. La flotte athénienne n'existait pratiquement plus. Mais après la restauration démocratique on s'occupa activement de la reconstituer, grâce à Conon. La période qui s'étend jusqu'à la reconstitution de la Confédération athénienne (378.7) est assez obscure. A partir de cette époque les inventaires de la marine nous fournissent d'excellentes sources d'information. Iioehler en a tiré le plus heureux parti à la suite de Boeckh, qu'il rectifie. Il montre que la principale erreur de ce dernier a été de croire qu'à l'époque de la fondation de la seconde Confédération maritime la flotte avait de nouveau atteint son plus haut point de prospérité. Or, en 378-7, Athènes ne possédait encore que 106 vaisseaux 8. Voici le tableau donné par Koehler, d'après les inscriptions, et qui fait voir le rapide accroissement de la flotte: 357-6 : 283 vaisseaux ` (peu après, Démosthène estime à 300 le nombre des vaisseaux disponibles en cas de nécessité 1b). 353-e : 349 vaisseaux '«en 343 Démosthène parle, mais approximativement, de 300 trières'2). Chéronée n'interrompt pas la marche ascensionnelle de la flotte, car nous trouvons en 330-29 : 410 vaisseaux " et en 326-5: 413 vaisseaux °. Mubut' " montre que ces documents épigraphiques s'accordent avec la tradition littéraire qui rapporte que Lycurgue, quand il eut à s'occuper de la marine, mit en état 400 vaisseaux. 325-i: 114 vaisseaux 'h. Il faut noter que la flotte s'augmente, non seulement de navires neufs, mais de biltiments pris à l'ennemi dans des campagnes heureuses (v?,E:6 xiyal),mrotl ". Néanmoins on voit que la construction des vaisseaux avancait rapidement. Aristote18 nous apprend qu'à son époque le Sénat, en avait la haute direction : une heureuse correction de B. lieil'" a fait voir dans ce passage l'indication, inaperçue avant lui, d'un nombre de trières à construire chaque année, soit quatre 20, comme il le suppose, soit plutôt dix, comme l'explique Molbe 21. On a pu remarquer que l'année 357-6, qui est celle de la loi de Périandre, accuse une augmentation considérable de la hotte. Sans doute cet accroissement rapide fut-il une des raisons qui poussèrent les Athéniens à instaurer un nouveau système de triérarchie. Nous avons exposé plus haut le lamentable état de la flotte athénienne après la guerre d'Antipater et son annihilation progressive. F. Magistrats assistant le triérarque ou s'occupant de la /lotte de guerre. Nous indiquerons ici renvoyant pour les détails aux articles du Dictionnaire qui les concernent et nous bornant à ajouter au besoin quelques précisions les magistrats et collèges avec lesquels le triérarque avait des rapports. L'autorité suprême, ici comme ailleurs, est l'F,cclesia, et ceci à toutes les périodes de la triérarchie22. Mais c'est la Boule' qui est chargée de faire exécuter dans le détail les décisions du peuple, et qui au point de vue administratif, mais non législatif, a la haute direction de tout ce qui touche à la marine. Nous venons de voir qu'au temps d'Aristote le Sénat s'occupait de la construction annuelle des vaisseaux, selon les ordres de l'Assemblée. Nous l'avons vu aussi surveiller le départ des vaisseaux et récompenser ou punir les triérarques à cette occasion. Nous nous occuperons plus loin de ses attributions judiciaires. Au-dessous du Sénat les chefs directs du triérarque étaient les stratèges, responsables de l'armée et de la marine. Nous avons suffisamment parlé plus haut de leur rôle, soit relativement à la désignation des triérarques, soit pendant la campagne, comme commandants de la flotte. (Pour leur compétence judiciaire cf. plus bas, p. 460 et 463-4.) Les épimélètes des arsenaux (iaty.EÂYITxl Twv vEmp(mv) jouaient un rôle important dans l'administration de la marine''. Ce sont eux qui remettent aux triérarques le vaisseau et les agrès, veillent à ce qu'ils soient rendus exactement au retour, les inventorient, les font réparer TRI 458 TRI ou remplacer aux frais du triérarque ou de l'État. Leurs inventaires généraux, dressés tous les quatre ans, et récapitulant les inventaires annuels, constituent, à partir de 377, notre source principale pour la connaissance de la marine athénienne'. Ils forment un collège de 10 membres (un par tribu régulier, annuel. Il ne semble pas que ce soit une commission choisie parmi les Bouleutes a. Ce ne sont pas des magistrats financiers; ils ne disposent que de petites sommes, qu'ils passent au compte de l'année suivante: l'argent qu'ils encaissent, provenant des débiteurs de l'État, est aussitôt remis aux apodectes3. Leurs attributions judiciaires, fort importantes, seront étudiées plus loin. Comme l'avait soupçonné Boeckh, les épimélètes étaient choisis vraisemblablement parmi les citoyens qui s'occupaient par profession d'affaires maritimes Ils doivent, pour la plupart, faire partie de la classe moyenne : sur les 4? épimélètes connus pour le iv" siècle, aucun n'a été triérarque ; ils ont cependant quelquefois des dettes envers l'État, habituellement peu importantes'. Ces épimélètes ne sont attestés que pour le Ive siècle. Au Ve siècle on trouve des vewso( qui semblent avoir rempli à peu près les mêmes fonctions'. Leur mention répétée indique, ainsi que leurs fonctions, qu'il s'agit là d'un collège régulier. Ils disparaissent avec l'anéantissement de la flotte athénienne 't01 et reparaissent ensuite, sans doute à partir de la restauration euclidienne, sous qui apparaissent dans une inscription d'âge incertain' postérieure à 445 av. J.-C., antérieure à 410), oit ils ont des pouvoirs judiciaires (liymp.ov(x 8txaar~p(oul assez ana logues à ceux des futurs épimélètes (ils infligent des amendes), nous y serrions volontiers une commission choisie dans le Sénat'. Keil en fait, à tort, les prédécesseurs des épimélètes du Ive siècle 10 ; Kolbe explique qu'ils existent à côté des ' mwsa(, sans qu'il y ait de concurrence, car leurs fonctions étaient distinctes et temporaires : c'est une commission à laquelle le Sénat confie certains pouvoirs judiciaires t'.1l croit en effet l'inscription du Corpus 1, 77 postérieure à celle, 1, Suppl. 78 a (p. 144 , ou se trous e la première mention des vmw?o(. D'autre part elle est antérieure à biser .gr. Suppl. t b (405-4), où sont mentionnés aussi les oEwso(. Peut-être conviendrait-il de remonter la date de biser. qr. 1, 77, et de la supposer antérieure à la première mention desvEH?oi. Les irau.E]`Ô Levmi seraient ainsi une commission temporaire et occasionnelle, qui n'eut plus de raison d'être quand fut institué le collège régulier des veolpo(' Au Ive siècle, les épimélètes sont assistés par un tré sor ier, nommé Tat1-(x; Ei; ri. vaiJ i ". On trouve aussi 13 ce qui en suppose peut-être un autre pour les ;u)uvx. Des ôtxysayci; assistaient également les épimélètes, ils avaient à s'occuper, croit A. Schaefer14, du ôtxyc ac contenant le nom et la fortune des symmorites avec le chiffre à payer par chacun ; mais ceci suppose une organisation des symmories en tout semblable à celle des symmories d'eisphora, que nous n'avons pas admise' Nous penserions plutôt qu'ils avaient soin des ôtay?xuuat fixant la valeur du matériel fourni par l'État aux triéeu arques". Le doleinuastès devait expertiser la valeur du matériel, avant et après l'expédition, et être un collaborateur des précédents fonctionnaires. Nous le voyons intervenir dans les inventaires des agrès et s'occuper de classer certaines catégories de rameurs t7, Les dix 7tsc o)E(; surveillaient, sous la haute direction du Sénat, le départ de la flotte et en assuraient le bon ordre. Nous les avons vus à l'oeuvre avec le Sénat dans une inscription citée plus haut18. Ils avaient des attributions judiciaires et punissaient les triérarques retardataires(cf. plus bas, p. 160).Ilsn'étaientpaspris parmi les sénateurs, mais choisis E; 51 rxvrwv ", L'inscription citée, oit le peuple ordonne de nommer des iruuur9'i,st.u semble indiquer que c'était un collège extraordinaire20. Cependant des textes d'auteurs anciens paraissent les désigner comme des fonctionnaires réguliers". On lèvera la difficulté en admettant qu'ils étaient institués seulement lors du départ d'une flotte, mais qu'ils l'étaient toujours dans ce cas Ils ne semblent pas avoir existé au ve siècle", où une inscription23 nous montre les stratèges s'occupant du départ des vaisseaux. Kolbe croit pouvoir tirer la méme conclusion d'un passage de 'Cbucydide" relatif à l'expédition de Sicile. Un autre collège, mentionné par les auteurs et les inscriptions, est celui des dix Tstilpo7roto, qui surveillent au nom du Sénat la construction annuelle des trières". Ils étaient choisis par le Sénat et très probablement parmi ses membres". Iis existaient déjà au ve siècle n, peut-être d'une façon moins régulière qu'au temps d'Aristote, où l'on construisait chaque année 10 vaisseaux. Kolbe rétablit leur nom avec beaucoup de vr'aisemblauce dans le passage déjà cité du papyrus de Strasbourg, relatif à la construction de 100 trières en 449-8''2'. Les Tptr,po7toto ont autorité sur les âp' tri:xrovE; élus par le peuple pour la constiiuclion des vaisseaux. Ces architectes sont sans doute des ingénieurs dressant les plans et devis des trières. Au-dessous d'eux sont les vxut rniot, qu'il ne faut pas confondre avec, ceux-ci ', tuais qui ne sont pas néanmoins de simples ouvriers 2 : les-textes d'auteurs apportés par Keil semblent bien prouver qu'ils étaient au moins des ouvriers supérieurs, ou même quelque chose d'analogue à l'entrepreneur par rapport à l'architecte d'une maison moderne. A notre avis le nom mis au génitif à la suite de la trière, dans les inventaires des vaisseaux, est celui de l'xpyrcEx pour le Ive siècle ; pour le ve siècle 6 nous ne savons rien sur son existence. Nous avons parlé plus haut des vingt épirnélètes des symmories, à identifier avec les « vingt « du Corpus u, 804 A b 1. 72, qui taxent, de concert avec les, stratèges, un débiteur en retard. Ils sont chargés sans doute d'organiser les synlélies et d'y répartir les triérarques de la symmorie. A vrai dire, nous ne devrions pas les mentionner ici, car ce sont des triérarques tout comme les autres, quoique chargés d'une fonction spéciale 8. Le triérarque semble avoir eu à son bord un 'rxp.(x; Mais la question est assez obscure ; ce qui la complique, c'est que, les galères sacrées avant, elles, certainement un -xN.)x;, il a pu y avoir, dans les textes, confusion à ce sujetentre les trières sacrées et les trières ordinaires 10. Les subordonnés du triérarque, formant l'ûrnsa iv, citoyens ou non, ne sont que des salariés et nullement des magistrats. Il faut ajouter cependant qu'ils étaient pour le triérarque d'indispensables collaborateurs 11 : le xuP07'r 7,ç, commandant la manoeuvre selon les ordres du triérarque et jouant un rôle capital par sa compétence technique (dans les vaisseaux marchands le xuôacvrititlç recrutait l'équipage; peut-être agissait-il de même pour le compte du triérarque) ; le rpoioet)ç, officier placé à l'avant, qui surveillait la mer et préparait le vaisseau en cas de « grain » menaçant; le x-neuç, qui donnait les ordres aux rameurs par l'intermédiaire de sous-Officiers (les rp(yayot) ; le 7 evzr,xw:apyo;, qui, d'après Dturbacli , était l'auxiliaire du triérarque au point de vue administratif, comme le xu-Iepv-ii rlç pour la manoeuvre, soldait les dépenses et distribuait leur salaire aux matelots (c'est le xe).eucai,ç qui leur aurait distribué les vivres) ; il aidait aussi le triérarque à recruter l'équipage, comme le xutiaw'i-rlç ; Koehler13 pense comme Boeckh qu'il y avait trois Tevi-r,xv EXot et ne leur assigne pas les mômes attributions. G. Lies galères sacrées. Il nous faut dire quelques mots des trières sacrées, soumises à une autre organisation que les trières ordinaires. Les deux trières sacrées la llo s.)eoç, la plus importante, semble-t-il, et la plus fréquemment nommée, et la ,2a)xµtv(2 -, dont le principal service consistait à transporter des théories à des sanctuaires célèbres, étaient équipées entièrement avec des Athéniens''' pavés 4 oboles par jour''. On admet, mais d'après le seul témoignage d'Ulpien'", que l'État payait pour les galères sacrées les dépenses assumées pour les autres vaisseaux par les triérarques. Boeckh17 croit qu'LTlpien a fait confusion en voulant expliquer Démosthène et que ces galères avaient un triérarque, qui était un liturge comme les autres et soldait les frais habituels, l'État ne payant que la solde, plus élevée, des matelots. Il s'appuie sur les inventaires de la marine, oit il croit voir les galères sacrées traitées, au point de vue de la triérarchie, comme les vaisseaux ordinaires. Cet argument ne peut êlre invoqué, car Koehler '8 a montré qu'en réalité les trières sacrées n'étaient jamais mentionnées dans les inventaires ; ce sont des vaisseaux de guerre ordinaires qui sont nommés ,anxu;v(z"; quant au mot ll7pxno;, il n'existe pas dans les inventaires : c'est IIxpxa(x, désignant des navires ordinaires 2Ô. En tout cas les deux galères avaient chacune un tix) (aç élu par le peuple 2' et qui était un personnage important22_ Koehler a soutenu, et il a été généralement suivi, que ce trésorier, qui recevait les sommes d'argent assez considérables données par l'État pour la solde de l'équipage, l'entretien du vaisseau et les frais de la théorie ou d'autres services, jouait sur les galères sacrées le rôle de triérarque ou commandant en chef. On a l'impression, dit Koehler, en lisant le passage mentionné de Démosthène, que Midias avait à s'occuper du commandement général de la Paralos. En tout cas. il n'y a rien de net à ce sujet dans le texte, et, comme le reconnait d'ailleurs Koehler, l'orateur a pu exagérer les responsabilités de son adversaire et négliger celles du triérarque, s'il y en avait un. L'absence, dans les inventaires de la marine, des noms des trières sacrées, et de dettes attribuées aux triérarques pour une triérarchie sur la, Paralos ou la Salaminia, semble prouver que l'État pavait réellement les frais, comme en témoigne hlpien. La preuve, toutefois, n'est pas absolue, T(il 460 Till car lesgalères sacrées, ne faisant pas partie de la marine, étant à part, pouvaient être l'objet de comptes séparés, peut-être confiés à d'autres épimélètes des arsenaux: il fallait bien que l'on fit un inventaire de leurs agrès et de l'état dans lequel se trouvaient les bâtiments 1. Mais, qu'ils aient payé eux-mêmes ou non, les triérarques de la Paralos nous sont attestés par certains documents : le principal est une inscription' de la 2° moitié du Ive siècle, dédicace en 3 lignes faite par l'équipage de la Paralos (oi H Œ),ot) à la suite de deux prises de guerre; la 3e ligne se lit : "AvOta-oç Erot-i{pxa comme des expressions non officielles (leur présence dans une inscription est difficilement acceptable dans ce sens), qui en réalité désignaient le Tanta; T-ifç Ilapd),ou. Cette explication, bien que généralement admise, ne nous semble pas satisfaisante, et, comme nous l'avons vu, le silence des inventaires de la marine n'est pas probant. Nous inclinerions à admettre un triérarque des galères sacrées, peut-être différent des autres triérarques, peut-être à la rigueur fonctionnaire élu et non liturge, mais distinct du Tanta; 11. Procès relatifs à la triérarchie. La triérarchie, comme les autres liturgies, donnait lieu à de nombreux procès. Observons d'abord que la plupart des procès étaient jugés par un tribunal d'héliastes ;le Sénat n'intervenait que dans certaines circonstances que nous noterons. Voici les diverses actions (ypaé,a( et l xxt) qui pouvaient être intentées: 1° Anlidosis (ô(x-ri v'rtô6cawç). Avant la campagne et même avant l'expédition décidée, tout citoyen, porté sur la liste des triérarques et estimant sa fortune inférieure à celle d'un autre citoyen qui n'y était pas porté, pouvait assigner ce dernier devant le tribunal et demander que la charge lui fùt attribuée. L'antidosis pouvait avoir lieu pour toutes les liturgies. En théorie, et peutêtre en réalité à une époque ancienne (mais ceci même est discuté), l'antidosis (vrtôt36vat) pouvait impliquer l'échange des fortunes entre les deux citoyens : en tout cas tout le monde admet que par la suite cet usage avait complètement disparu, au moins en pratique 0. Les procès arosi vrtôôaawç, qui, dans le cas des liturgies ordinaires, étaient introduits (et par conséquent présidés, r`,yeu.ovla Stxaarilp(ou) par l'archontel'étaient au contraire pour la triérarchie, comme pour la proeispltora, par les stratèges s : nous avons vu que c'étaient eux qui s'occupaient de la désignation des triérarques; cette juridiction leur était donc naturellement réservée. Quand on eut institué, entre 334 et 323, un stratège des symmories (GTprriyb; lin rç cuNu.pta:), CO fut lui seul qui fut chargé de l'introduction de ces procès 0, au lieu de l'ensemble du collège. L'antidosis triérarchique 10 était introduite chaque année, le deux du mois de 111étageitnion", à l'époque des symmories, et antérieurement aussi, sans doute, chaque année à la même date. 2O Sans demander l'antidosis avec un autre citoyen, un triérarque pouvait introduire des excuses légales (rr,fl4r tç), qu'il ne faut pas confondre avec les excuses relatives à la reddition des agrès, pour se faire dispenser de la triérarchie (cas d'exemption, cf. plus haut, p. li") 1) 1"-, Il y a lieu à action judiciaire, quand les cas de dispense sont contestés ou n'ont pas été reconnus dès le premier abord. Nous sommes mal renseignés sur ce genre de procès ". D'après Aristote 1'", l'archonte qui introduisait les actions d'antidosis pour les liturgies ordinaires et particulièrement pour la chorégie introduisait aussi les rx '4aet; relatives à ces liturgies. On croira volontiers par analogie que les stratèges, chargés de l'antidosis triérarchique, l'étaient également des axfldat; relatives [t la triérarchie : il s'agit ici du recrutement des triérarques et les stratèges sont dans leur domaine. Aristote 15 nous apprend que le stratège des symmories s'occupait des antidoseis et des diadikasies triérarchiques. Il semble d'abord que le mol diadikasie ne doive pas s'appliquer au genre de procès dont nous parlons et qu'ildési gne ici les procès pour reddition d'agrès. Hais un décret du Corpus 1U, n, Sot) a, 1. 204 sq., est plus net : les thesmothètes sont chargés de rassembler un tribunal de 201 héliastes, sous la présidence du stratège dessymmories,afin d'introduire les °xr;qtatç 17 ;les sessions doivent avoir lieule deux et le cinq du mois de Mounichiou 18. Or la flotte doit être rassemblée dans le port quelques jours après, au plus tard le neuf Mounichion" Il s'agit donc bien d'examiner les motifs d'exemption présentés par les triérarques désignés, et non les excuses légales pour vaisseau endommagé ou agrès perdus, qui seront jugées après l'expédition. On n'a pas toujours fait cette distinction. 3° Le départ de la /lotte pouvait donner lieu à un autre genre de procès, dont nous ignorons le nom. Les 7COCro),aiç, qui, comme nous l'avons vu, étaient chargés TRI 461 TRI de régler le départ des vaisseaux, pouvaient jeter en prison les triérarques en retard'. Le procès avait lieu devant le Sénat 2 et sans doute sous la présidence des â7roQTOnsïs. 40 Procès pour attribution de couronne triérarch igue. -Au contraire,les triérarques partis les premiers étaient récompensés. Nous avons vu plus haut, d'après une inscription du Corpus, le peuple décerner trois couronnes d'une valeur inégale aux trois premiers partants (326-5 av. J.-C.) 3. Ce n'était pas une mesure exceptionnelle. Au retour, ces récompenses contestées pouvaient donner lieu, comme nous l'avons aussi indiqué, à des procès entre les triérarques qui s'attribuaient le mérite du premier départ. C'est le cas du discours mis sous le nom de Démosthène, IIECi Tov eTS:pivou T' ç Tptrjpo.pz(aç (360-59 av. J.-C.) '. Le procès était jugé devant le Sénat, comme le montre le premier paragraphe de ce discours. Nous ignorons qui l'introduisait; sans doute les 1.7roctoitsiç comme dans le cas précédent °. 5° D'ailleurs les procès les plus importants étaient ceux qui avaient lieu après l'expédition, et en particulier les actions contradictoires (i itxxc:at) ° entre l'État et le triérarque, au sujet, de la reddition en bon état des agrès et du vaisseau lui-même. C'est le résultat de ces procès que nous trouvons consigné dans les inventaires de la marine. Pas de difficultés habituellement pour les réparations courantes faites par le triérarque. Mais, quand le vaisseau avait été sérieusement endommagé ou même complètement perdu, il y avait lieu de rechercher si la responsabilité du triérarque était engagée ou si l'État devait payer les frais. En cas de tempête ou de bataille et quand on ne pouvait accuser le triérarque de négligence -le tribunal attribuait les charges à la cité. Sinon, et si les excuses légales (exv'Lstç, autre emploi du mot signalé plus haut) présentées par le triérarque (cxgLty â7rr'i vxxt) n'avaient pas été admises, il devait luimême supporter les frais. C'est à ces circonstances que se rapportent certaines expressions fréquentes dans les inventaires: les triérarques (lui s'excusent sont dits par seaux pour lesquels on présente une excuse sont souvent désignés par les mots Twcrpse; cxr~BsCa«t (avec ou sans xxTx yEttICOVI); des triérarques qui ont gain de cause on Intime expression avec le mot ôta,OapŸ,vat ou ' tsyOloOat). Exemples: oiôs Twv Tprr,çip~wv TWV axq.ixpÉVwv ratz Zetu.wa pour les vaisseaux : aïs; Tiav Tptripwv Twv 6x`rtr6Ecwv lic contraire (triérarque condamné), on trouve sans cesse De même pour les agrès (axsû,ii) perdus ou endommagés. Les épimélètes des arsenaux qui ont entre les mains la liste mise à jour par leurs soins et avec l'aide du ôo .IµaeTrs des vaisseaux et agrès appartenant à l'État avec leur valeur légale (ôtx; pxup.x) 11, inscrivent soigneusement sur leurs inventaires, d'une part les vaisseaux et les agrès manquant, dont l'État assumera les frais, et d'autre part les dettes des triérarques, payées ou non encore payées. On obtient ainsi la liste particulière du matériel au sujet duquel est intervenue une décision ,judiciaire, une diadikasie (vaisseau et agrès m e mxaeµEVa, partie de la liste générale des objets livrés par les épimélètes sortants à leurs successeurs : âptOpoç Tprf pwv ressortissaient tout naturellement à la compétence des épimélètes,qui les introduisaientetprésidaientle tribunal d'héliastes, dont nous ignorons quel était le nombre en la circonstance 13. Boeckh t. les attribuerait plutôt à la juridiction des stratèges : mais, comme l'a clairement et très justement remarqué 1.ïpsius 1J, les stratèges n'étaient compétents que dans les affaires d'antidosis, de recrutement de triérarques et de manquements au devoir militaire pendant le combat. Dans la pensée de Boeckh, croyons-nous, les procès intentés à la suite d'accidents arrivés pendant une bataille ou une tempête, et causant des dommages au vaisseau, intéressaient les stratèges, commandant la flotte ; mais ils intéressaient bien davantage les épimélètes chargés de conserver le matériel naval; sans doute d'ailleurs citait-on comme principal témoin le stratège qui était alors à la tête de l'escadre dont faisait partie le triérarque en cause. Boeckh semble avoir pris dans un sens erroné les cx'il'iEtç d'une inscription 1a dont nous avons parlé plus haut (cf. 20) et qui se rapportent en cet endroit aux exemptions de la triérarchie. Il faut ajouter d'ailleurs que nous manquons de textes certains polir attribuer sans contestation cette juridiction aux épimélètes. Le texte cité plus haut d'Aristote 47, où on assigne au stratège éri c0p~aop(xç des « diadikasies » sans autre épithète, et un passage de Démosthène 13 que nous discuterons plus bas (7°) [diadikasie au sujet d'agrès], pourraient -être utilisés en faveur de l'attribution (dans la deuxième moitié du lvesiècle)de ces procès aux stratèges. Mais nous expliquons ces passages d'une façon qui nous semble préférable. Le triérarque auquel le tribunal imputait la perle de son vaisseau devait, soit en faire construire un autre à ses frais, et dans ce cas il conservait l'ancien, dont les matériaux venaient en déduction de sa dépense -, soit rendre celui-ci et payer pour la construction nouvelle une taxe fixe de 5000 drachmes 19. Il est probable qu'au ive siècle, comme l'a remarqué Boeckh 2°, une trière neuve coûtait plus de 5000 drachmes; il est vrai que le vieux matériel rendu par le triérarque allégeait les frais. Mais il ne faut pas songer, comme l'a fait Boeckh, à une TRI 41;2 TRI réparation complète ou remise à neuf du vaisseau ; il s'agit bien d'une nouvelle trière à construire'. Qu'il fût condamné ou non, le triérarque dont le vaisseau était considéré comme perdu devait rendre l'éperon à l'État, c'est-à-dire en bien des cas le payer, car il était détruit'. Il est d'ailleurs assez difficile de s'expliquer la raison de cette clause et il ne semble pas qu'on y ait réussit: sans doute était-ce un ancien usage dont l'origine nous échappe. Bien entendu, dans le cas d'un rejet des cxr)Int;, la sanction n'était pas toujours la même et le triérarque malheureux pouvait être obligé seulement, soit à rendre des agrès neufs ou à payer leur valeur soit à exécuter de grosses réparations et une remise en état du vaisseau endommagée. Quand le triérarque négligeait de payer sa dette, on la doublait; ce cas est assez fréquent On voit ainsi des triérarques en retard condamnés par le tribunal à faire construire deux vaisseaux au lieu d'un, ce qui s'entend habituellement d'un paiement en argent de 10000 drachmes'. Ailleurs c'est le prix des agrès qui est doublés, ou bien celui de la réparation. Comme l'indiquent les inscriptions, c'est l'Iléliée (lccz rriptov) qui double ainsi la peine, pénalité usuelle dans le droit athénien. On voit cependant en 3?ti-5 le Sénat procéder à cette condamnation 10: Koehler pense que l'on avait adopté cette procédure plus expéditive parce que les retards devenaient trop fréquents ". D'ailleurs la magnanimité de la justice, ou plutôt l'indolence de l'administration, était grande en cette matière. Nous l'avions déjà notée et expliquée par l'influence des riches. « Ce qui frappe dans les inventaires de la marine, c'est la négligence avec laquelle on dresse la liste des dettes et la patience de l'État pour en attendre le recouvrement. On voit avec étonnementapparaitre... la mention d'une dette qui aurait dû être fixée plusieurs années auparavant; puis cette dette, enfin établie, est renvoyée d'année en année ; enfin les débiteurs obtiennent les plus grandes facilités pour payer : ils s'acquittent par annuités ou remboursent par équivalents » ". Même doublées, les dettes restent longtemps impayées". Notons aussi que, quand la dette était doublée, on faisait légalement déduction au moins pour la seconde moitié de cette somme des intôdcEt; offertes antérieurement par le triérarque, ou même par des amis de celui-ci ayant donné leur consen permettait, en général, à un citoyen quelconque d'assumer la dette encourue par un triérarque ''. C'est ainsi que Philomélos endosse (âvaôE 4.Evoç ânoôo,cti ) la dette pour agrès d'Eupolis : ce qui d'ailleurs lu réussit mal, car le tribunal ensuite la lui double1fi 6° Ces doublements de peine sont naturellement la suite d'un nouveau procès, distinct des diadikasies avec introduction de exti)'LEtç, que nous venons d'examiner. Ces procès étaient, comme il convient, présidés par les épimélètes rÉPlàÉLL'rAI]. Tout citoyen pouvait ainsi faire exécuter les pénalités précédemment imposées, par la procédure de l' nvruce:?a; (action contre un débiteur de biens publics) 1~. 7° Un autre genre de procès pouvait survenir : une diadikasie, mais entre deux citoyens cette fois, une 'etr.r, par conséquent, au sujet d'agrès qu'un triérarque réclamait à un autre". Nous en avons un exemple dans un discours attribué à Démosthène 79. Ici le plaignant, triérarque et épimélète de sa symmorie, devait, d'après le décret de Chaerédémos relatif à la reddition des agrès, peu après la loi de Périandre et d'après un décret subséquent, faire rentrer les agrès détenus par Théophémos. Celui-ci refusant de les Etov 7.Epi T ûv exEuôro 20. Ce passage peut s'entendre de diverses façons. Pour Lipsius ", le TGTO se rapporte à la concurrence » que faisait en ces matières le « collège extraordinaire » (cf. plus haut, p. 458, sur cette opinion) des apostoleis aux épimélètes des arsenaux. A insi,dans les cas ordinaires, les épimélètes seuls auraient eu juridiction dans ces procès. On peut, dire aussi qu'il s'agit d'une procédure particulière et nullement habituelle, introduite à la suite des décrets mentionnés. Mais on peut croire encore que le plaignant, simplement harcelé par les décrets, recourt àlaprocédureen usage pour les contestations entre deux triérarques, au sujet d'agrès à transmettre de l'un à l'autre ou sur la question de savoir qui des deux devait en assumer les frais ; il est bien entendu qu'ici le mot ' tat,txcixt Epé'r » rxa76,v ne peut pas signifier, en gé néral, toutes les contestations au sujet d'agrès, y compris les diadikasies avec l'État, mais seulement les diadikasies entre citoyens. Nous croirions volontiers que les épimélètes et les apostoleis, de concert, introduisaient normalement ces procès : lesapostoleis, nous l'avons vu, étaient élus chaque fois qu'une flotte prenait la mer, c'est-à-dire très fréquemment; si de tels procès survenaient dans une année oit il n'y avait pas eu de départ, à propos de faits antérieurs, peut-être les épimélètes agissaient-ils seuls ou leur adjoignait-on les derniers apostoleis nommés. Les mots oiTot et -CGT:. se rapporteraient alors aux deux collèges. Dans ce cas il faut admettre que, peu de temps après les faits rapportés par le pseudo-Démosthène, cette 'l'IRI 463 juridiction leur aurait été enlevée et donnée à d'autres magistrats, sans doute aux eiaxywyeïç, dont Aristote nous apprend qu'ils introduisaient les procès à juger dans le délai d'un mois (ôtxxt s"uurlvot), parmi lesquels il mentionne d'un mot vague les l(xaç rorr,?apy(aç. Il faut reconnaître d'ailleurs qu'aucune de ces hypothèses ne s'impose absolument et qu'il est difficile d'être très affirmatif. 8° Il reste que d'après Aristote, et à son époque, les cinq eisagogeis, choisis à raison de un polir deux tribus, introduisaient certaines actions privées (LLxat) relatives à la triérarchie et qui devaient être jugées dans le même mois. Quelles étaient ces actions? Les diadikasies avec l'État (introduction de ax'(,estç), l'apographè pour dettes non payées, les procès pour départs trop tardifs ne peuvent, pour plusieurs raisons et surtout parce que ce sont des ypx ot, rentrer dans leur juridiction, non plus que l'antidosis ou les réclamations pour une inscription indue sur le catalogue des triérarques, réservées aux stratèges, ni les contestations au sujet de la couronne triérarchique jugées devant la Boule. Il faut donc leur réserver les autres â'zxt, peut-être les procès au sujet des agrès dont nous venons de parler, quand ils furent enlevés aux épimélètes et s'ils forment une classe particulière. C'est à eux qu'appartenait sans doute la juridiction dans les contestations entre deux triérarques, pour décider lequel devait payer certains frais à l'État'-. 11 faut bien remarquer encore que ce cas est différent de la diadiliasie avec l'État, la question étant, non pas: qui doit payer, de l'État ou du triérarque? (ypa,)i) ; mais, le triérarque étant condamné à payer à l'État :'est-ce bien ce triérarque ou un autre qui doit assumer les frais imputés par le tribunal? (ô(xr,). 90 De même, vraisemblablement, c'étaient les eisagogeis qui introduisaient les procès ruai TOü ântrptrloap fr,pTOç, assez analogues aux précédents : un triérarque, ayant dépassé le temps légal de sa triérarchie, ou de sa syntriérarchie, et fait ainsi des dépenses supplémentaires (inrT7rT0xp/'fli.t.), réclame devant le tribunal le paiement de ces frais à son successeur, ou à son syntriérarque, négligent C'est le cas d'un discours attribué à Démosthène (vers 3b7 `. Il est possible d'ailleurs, comme dans l'hypothèse énoncée plus haut, que ces procès n'aient pas toujours été de la compétence des eisagogeis et ne leur aient été attribués qu'après avoir été enlevés à d'autres magistrats, peut-être encore les épi mélètes Les eisagogeis existent d'ailleurs dès la deuxième moitié du v° siècle 6. 10° Poavrl âvaui yiou. Enfin des procès tout différents pouvaient être intentés devant l'Réliée aux triérarques qui avaient manqué à leurs devoirs militaires pendant la campagne. Les auteurs anciens mentionnent à ce sujet la yexp-rl üvauux/(ou correspondant à la yCxtc7, â.?Tpara(xç dans l'armée de terre. La o-t),(aç pouvait s'appliquer évidemment au marin comme à l'hoplite. La ypxtfah ),tnoTa;(ou de l'armée de terre n'a pas d'analogue dans la marine, à moins que l'on n'adopte la yp-i -i ).tnoVatl)ou ajoutée par Pollux' à la liste des auteurs, mais rejetée par la plupart des savants 9. De même, bien entendu, pas d'analogue à la ypa rl Tot; iLat Ti,v âcr.lôx (rejet du bouclier), qui d'ailleurs est contestée aussi comme action distincte '°. En fait ces divers procès, prévus dans la même loi 1', étaient jugés de la même façon et formaient un tout: le poursuivant avait seulement le choix entre diverses expressions. Ce sont naturellement les stratèges qui ont la juridiction'. Après la division des fonctions, exercent-ils encore cette juridiction ensemble ou chacun selon sa spécialité ? Nous l'ignorons. La peine infligée était habituellement une atimie partielle, saris confiscation de la fortune, et avec interdiction de fréquenter l'agora et de prendre part aux sacrifices13. En dehors de ces procès, et pendant le cours de la campagne, les stratèges avaient à leur disposition une procédure plus expéditive et ils pouvaient punir aussitôt leurs subordonnés récalcitrants. D'après Aristote '', ils avaientle droit d'emprisonner le délinquant, de le dégrader (ixrrl, xt) et de lui infliger une amende : ils n'usaient d'ailleurs pratiquement jamais, remarque Aristote, de cette dernière prérogative. Les auteurs anciens nous offrent des exemples de ces divers cas". Pour ce qui nous occupe, notons qu'Apollodore, ayant contrevenu, et d'ailleurs selon son droit, à certains ordres du stratège, dans les circonstances que nous avons rapportées plus haut, craint au débarquement d'être mis aux fers par son chef 16. Résumons les diverses actions que nous venons d'étudier, selon les tribunaux qui les jugent et les magistrats qui les introduisent: A. C'est un tribunal d'héliastes qui juge presque tous les procès relatifs à la triérarchie. Le Sénat s'occupe des procès pour retard dans le départ du vaisseau, et des contestations relatives à la couronne triérarchique. En 326-3 nous le voyons doubler les peines des triérarques condamnésaction jugée habituellement devant l'Iléliée mesure peut-être exceptionnelle, et TRI !i6/E TRI peut-être d'ailleurs le Sénat procède-t-il alors uniquement par décret. B. Les stratèges introduisent: les ôix«t âvrtodaEwS, les réclamations contre l'inscription parmi les triérarques (sxj'!En,) (à partir du dernier tiers du ive siècle ces deux actions sont réservées au stratège des symmo Les épimélètes des arsenaux introduisent les ôtxItxŒG.at entre l'État et les triérarques ()t-ti.LEtç), les actions aboutissant au doublement de la peine contre les triérarques insolvables (procédure fréquente de l'rz7toy?2p'), et de concert avec les x :oGTOASig, jusque vers 357, les procès intentés à un triérarque, qui détient indûment les agrès, par un autre triérarque (cas discuté). Les apostoleis introduisent seuls les procès pour retard dans le départ du vaisseau,-et sans doute ceux relatifs à la couronne triérarchique, et de concert avec les épimélètes les procès nEp: Tinv cxzuwv dont nous venons de parler. Les eisagogeis introduisent peut-être ces mêmes procès 7t'EOi Tbiv cxauwv après 337, et vraisemblablement les ltxôtxac)xi entre triérarques sur la question de savoir qui doit payer à l'État certains frais précédemment fixés par le tribunal, ainsi que les ôixat i7:trotrloxayi)N.7.roç. Sans doute, en dehors des procès que nous connaissons, en existait-il d'autres dont il ne nous est pas resté de traces,parexemple les réclamations des triérarques contre un stratège ayant abusé de son pouvoir, ce qui aurait pu être le cas pour l'Apollodore du Contre L'olyclès. En tout cas nous avons l'impression que la triérarcuue était, dans cette Athènes où elles abondaient, un motifd'inter ✓ entions juridiques aussi diverses que fréquentes. ou les inscriptions mentionnent assez fréquemment des triérarques dans divers États grecs. Mais la difficulté est de savoir s'il s'agit de simples capitaines de vaisseaux ou, comme à Athènes, de citoyens exerçant une liturgie. Les textes ne sont nullement explicites. Le premier cas devait être le plus fréquent. Néanmoins l'institution triérarchique est attestée en dehors d'Athènes. L'exemple le plus frappant en est offert par l'inscription qui nous a conservé la lettre d'Antigone réglant le synoikismos de Téos et Lébédos (vers 303 av. J.-C.)1: à la demande des habitants de Lébédos, le souverain décide que les citoyens qui ont exercé la chorégie, la triérarchie ou une autre liturgie seront, pendant trois ans, exempts de cette liturgie dans la nouvelle cité formée par synoikismos 2. A Sparte les triérarques (il ne peut être question ici de liturgie) apparaissent comme commandant des vaisseaux3 sous l'autorité générale du navarque, chef de la flotte [NAVARCI IJS] Les triérarques pouvaient poème, sur les navires alliés, être des Spartiates 5. A Rhodes les triérarques apparaissent aussi en même= temps que les navarques. D'ailleurs, d'une façon générale, dans les États grecs toute flotte de guerre comporte des vx'ixs7at, auxquels sont subordonnés les Tcrilpxpjoi A Athènes la fonction dévolue ailleurs au navarque est exercée par le stratège 7. Les triérarques rhodiens sont du reste mentionnés dans des inscriptions d'époque relativement récente 8, comme aussi ceux de la plupart des autres cités. A Halicarnasse une inscription tardive mentionne un navarque et un triérarque (commandant une tétrère) ". Nous voyons des triérarques commander les vaisseaux de la ligue des nésioles, sous la direction d'un nesiargt(e (nommé par Ptolémée), qui joue le rôle d'un navarque (début du lire siècle av. J.-C.)10. Des triérarques sont encore attestés à Byzance (fin du me siècle) d'après une inscription attique qui décerne des honneurs à un stratège, deux triérarques et un taenias débarqués au Pirée 11; à Astypalaea (probablement Ife siècle av. J.-C.)1' ; à Samothrace (probablement siècle av. J.-C.) 11; à Cos (probablement début du ter siècle av. J.-C.)''', etc. A Rome les auteurs et surtout les inscriptions nous révèlent, particulièrement à l'époque impériale (on sait que la flotte de guerre des Romains, d'abord peu importante, sauf peut-être pendant les guerres puniques, se développe tardivement à partir d'Auguste pour devenir plus forte sous Hadrien) t , l'existence de trierarciti, officiers de marine, qui n'ont rien, bien entendu, des liturgis grecs et qui, ainsi que l'ensemble des troupes navales, sont regardés comme inférieurs aux officiers de terre". Ils commandent les vaisseaux sous les ordres des praefecli, ou amiraux, et des subpraefecti, ou viceamiraux, placés à la tète des diverses flottes f7. A côté d'eux se trouvent desnavarclai LXAVARCIIUS] qui semblent avoir un grade supérieur. Mommsen " a conjecturé, avec beaucoup de vraisemblance, que les navarques commandaient les grands vaisseaux (tétrères ou pentères) et les triérarques les plus petits (trières ou liburnes, espèce particulière de birèmes très répandue 13): c'étaient d'ailleurs surtout ces derniers vaisseaux, commandés par les triérarques, qu'employaient les Romains, leur flotte étant destinée moins à la guerre proprement dite qu'au TITI I~GS TITI service des missions, à l'escorte des convois, à la garde des côtes'. Dans les inscriptions, nous voyons les triérarques à la tête des liburnes aussi bien que des trières'. D'autre part une inscription utilisée par Mommsen montre bien la hiérarchie ascendante : trierarchus, navarchus, princeps (navarchoruln) Nous sommes d'ailleurs assez mal renseignés, non seulement sur les triérarques, mais sur l'ensemble de l'équipage dans la II. Nom de vase, probablement assimilable à l'AcA rus, à la siuien , ou bien sorte de RIIYTON ayant la l'orme d'une proue de trière ; les textes ne sont pas suffisamment explicites'. E. P.