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TRECA Char à trois chevaux.
Les formes, les dimensions et la construction du trige sont identiquement les mêmes que celles du bige ou du quadrige fcURRIJS]. Il s'agit exclusivement d'un mode d'attelage particulier.
1. ATTELAGE no TRLCE. En Asie, aussi bien qu'en Grèce
ou en Italie, les monuments figurent toujours les trois chevaux l'un à côté de l'autre, sur la même ligne. L'antiquité n'a jamais attelé, en avant des autres, un cheval de volée. On ne saurait non plus imaginer le trige tiré, comme le trotka russe, par un cheval de milieu, flanqué de chaque côté par un autre cheval. Cet attelage dériverait de l'attelage à un seul cheval et supposerait des brancards. Or jamais, semble-t-il, l'antiquité n'a connu ni l'un ni l'autre.
C'est en effet par erreur que M. llelbig a cru pouvoir reconnaître un système de brancards sur l'un des basreliefs de hhorsabad, au Louvre'. Selon lui, le char royal de Sargon, représenté sur ce relief, aurait été muni « d'un timon formant une fourche à deux branches, dont « les extrémités auraient porté, à l'endroit oit elles se
réunissent, un joug extérieur ; le cheval du milieu « aurait tiré sous la fourche, les deux chevaux extérieurs, « chacun sous le joug ». Cette fourche à deux tranches n'existe, en réalité, que dans une reproduction inexacte de ce bas-relief. C'est une faute de dessin qui a transformé en second brancard une double corde attachée au timon 2.
M. llelbig et, avec lui, plusieurs savants ont cru également que des chars avaient pu parfois être attelés d'un
seul cheval 3. Mais les textes de l'Iliade cités à l'appui de cette hypothèse paraissent, à l'examen, complètement dénués de valeur probante 4; on se rangera àl'avis de Reichel, qui se refuse à les prendre en considération '. Les monuments figurés qui, fréquemment, ne représentent en avant du char qu'une seule silhouette d'animal ne sont pas plus significatifs. Qu'il s'agisse de bas-reliefs assyriens 0, de peintures de vases grecs archaïques' ou chypriotes (fig. 7052) x ou, à plus forte raison encore, de sculptures italiennes primitives 9, cette particularité doit être également attribuée à une simplification du dessin 10.
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La preuve en est que, la plupart du temps, pour conduire cet unique cheval, le cocher Lient en main plusieurs paires de guides (fig. 7052). Tout attelage antique comporte donc normalement au moins deux chevaux. C'est du bige qu'il faut partir pour expliquer le trige.
Le texte essentiel à ce sujet est la description que nous fait Ilomère de l'attelage du char d'Achille : « Patrocle « ordonna à Automédon d'atteler aussitôt les chevaux au
« char... ; et c'est pourquoi Automédon soumit au joug
« les chevaux rapides Xanthos et Balios, qui tous deux
« volaient comme le vent... ; et dans les liens extérieurs « Automédon poussa l'irréprochable Pédasos (v. 1.5l: év li ax?rtop4rty âuduovx II let), Pédasos qu'Achille avait « amené de la ville saccagée d'Éétion. Et Pédasos, bien « que mortel, suivait les chevaux immortels '. » Le troisième cheval est donc fixé aux 7r«c7jpt«r(liens extérieurs) ; on l'appelle le agp-ii ?o; (7x? -epw) : celui qui est attaché en dehors des autres ; il les suit, ou plutôt les accompagne, mais en dehors du joug et, par conséquent, presque sans tirer. Il représente un cheval de réserve, destiné sans doute à remplacer immédiatement celui des chevaux de joug qui pouvait venir à être fatigué ou blessé, bien plutôt encore qu'à « effrayer l'ennemi en mordant et en se jetant en tous sens », comme le suppose M. Helbig '.
Les axcrid?tzt doivent se réduire à une simple courroie. Un peu après le passage que nous venons de citer, Pédasos est blessé : sa chute arrête tout l'attelage, mais un seul coup d'épée suffit pour détacher le 7:«pr,opo; et permettre au char de reprendre sa course : « Et Sarpé
« don s'étant élancé blessa de sa lance éclatante le elle« val Pédasos, qui, touché à l'épaule, hennit, tomba « dans la poussière et expira. Et ses compagnons se « cabrèrent, car le axc(,o?o; gisait dans la poussière, et le
« joug grinça et les rênes furent entremêlées. Mais le
brave Automédon mit fin à ce trouble ; il se leva et, « tirant la longue épée qui pendait sur sa cuisse robuste, s il trancha les traits du axpr,opoç, et il ne fit pas en vain,
« car les deux chevaux se remettant au joug obéirent
« aux rênes. »
Ce lien pouvait être fixé à l'extrémité du joug ; c'est ainsi qu'étaient attelés les deux chevaux extérieurs du quadrige. Il est donc naturel que la chute de Pédasos ait fait grincer le joug sur le timon 4, en le faisant basculer violemment d'un côté, et qu'elle ait fait se cabrer les deux chevaux dont l'un se trouvait soulevé, tandis que l'autre devait plier sous le poids qui venait charger son échine. Le a«?-poco; détaché, tout rentre dans l'ordre.
Prêt à prendre la place des chevaux de joug, le troisième cheval est évidemment harnaché comme eux. Comme eux il portait le ).ère vov, qui entoure le poitrail en avant de l'épaule et le ,üxry ûtt7r%1p, qui passe sous la poitrine Ces traits se reconnaissent aisément sur tous les monuments qui représentent des triges ; une seule
141. 3 XVI, 467-475; cf. VIII, 80.56. + Sur l'interprétation de ce passage, 40-41; Studniczka, Jahrb. d. Mat. 1907, p. 154-155; nelbig, Épopée homér. 11g. 36, p. 172. 10 Nuoffer, Op. 1. p. 43 ; 51, pl. vt, fig. 37 = flclbig, Op. 1. in Jahrb. d. hist. 1907, p. 147-196, Sur les bas-reliefs hittites, un seul cheval
particularité, suppose Reichel, aurait distingué le système d'attelle du troisième cheval de celui que nous voyons partout usité pour les quadriges ; il n'aurait pas comporté de guides « Le cocher en effet s', dit Reichel,
« n'avait à veiller qu'à une seule chose, à ce que le «axp/oooç restât bien à sa place ; d'un coup de fouet, il
« pouvait lui interdire de rester en arrière. Il fallait
« encore que le cheval de réserve ne cherchât pas à « dépasser les autres et qu'il ne vint pas les embarrasser « en se collant contre eux. Deux dispositions ingénieuses, «que nous font connaître les représentations postérieures
d'attelages à quatre, l'en empêchaient : une fois le « troisième cheval amené à sa place, on nouait sa bride « aux guides des chevaux de joug ; la tension des « guides lui interdisait dès lors de devancer les autres.
« Pour le forcer à garder sa distance, ou fixait, sur le
« uxs~«),ts7r? du cheval à côté duquel il courait, une petite « croix à piquants dont il devait éviter les pointes.
Si les textes homériques ne mentionnent pas, en effet, les guides du a0gaiopo;, leur silence n'autorise cependant pas à conclure que ces guides fissent défaut. Les représentations de triges nous montrent au contraire trois paires de guides, indépendantes les unes des autres 7. Sans doute est-ce seulement lorsqu'on avait à conduire quatre chevaux de front qu'on employait, pour les maintenir à l'alignement, l'artifice de nouer les quatre paires de guides, vers le milieu de leur longueur. Cette disposition aurait été à l'encontre du but qu'on se proposait en adjoignant un animal de réserve à ceux qui tiraient sous le joug : elle aurait compliqué la tâche du cocher chargé de dételer le 7Zxp-f,epo;, pour le substituer au cheval d'attelage mis hors de service.
II. Du FISION Er USAGE DL '1 Rmc. Quand apparaît cet
usage d'ajouter un troisième cheval à l'attelage du bige? A quelles époques et dans quelles régions demeura-t-il en vigueur ?
Les chars les plus anciens, en Égypte et à Babylone, ne sont jamais tirés que par deux chevaux s. C'est seulement en Assyrie, pays montagneux, et à une époque assez récente, sous le règne d'Assournasirpal (884 860), qu'apparaissent les triges ; les bas-reliefs de Nimroud, notamment, nous présentent constamment. trois chevaux 9. Sur l'un de ceux de Kouyoundjik, un peu plus récent (70b-681), on ne trouve que la silhouette de deux chevaux, mais la présence de trois ornements de tête prouve bien qu'il s'agit encore d'un trige 1°. Ce mode d'attelage semble donc dominer, en Assyrie, à partir du lx' siècle avant notre ère. C'est de là sans doute qu'il se répandit dans l'Asie antérieure, en Syrie et en Phénicie d'où il ne tarda pas à passer en pays
grec t7.
Ignoré de l'époque mycénienne, il se trouve figuré à de nombreux exemplaires dès la période du style géométrique. Des groupes de trois chevaux servent plusieurs fois de poignée de couvercle à des pyxis
est généralement indiqué, mais le nombre des guides permet de recounaitre, la plupart du temps, un Lige ou un quadrige et parfois aussi un trige ; cf. solamment Studmczka, ibid. p. 153, fig. 9 (3 guides). C'est surtout par les monuments chypriotes que nous connaissons rad phénicien, Sludniczka, ibid. p. 162 sq. Les petits chars en terre cuite trouvés à Chypre sont généralemeut attelés de 4 chevauv, ibid. p. 167, 169, n, 15, 17. Nous pouvons néanmoins compter comme mgr, toujours d'après le nombre des guides, le char représenté sur un vase chipilote de Londres, ibid. 20, p. 173, et celui qui est gravé sur un grand vase d'argent de Caere, ibid. 22, p.176. 12R. von ;1lerkiin, Der Renntcagen in Griechenland,1909.
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en terre cuite du Dipylon 1 ; ils représentent évidemmentl'attelaged'tn char (fig. 7053). Sur l'un au moins des grands cratères du Louvre, nous trouvons une représentation certaine d'un bige avec cheval de réserve 2. C'est sans doute aussi un attelage à trois chevaux qu'a voulu esquisser l'artisan qui, sur une py xis du type de Phalère, a dessiné un seul corps de cheval, mais trois queues et trois paires de guides 3.
Les guerriers d'Homère, nous l'avons vu, usent couramment du trige. Dans l'Odyssée également, l'attelage d'un bige comporte souvent un cheval de rechange supplémentaire. Ainsi Ménélas offre à Télémaque trois coursiers et un char bien poli 4. Pour le combat, ou pour un voyage, le char est attelé en trige, ruais en course, on n'emploie généralement, semble-t-il, que deux ou quatre chevaux. Ce sont en effet des biges ou des quadriges, et non des triges, que représentent les nombreux vases grecs archaïques figurant des courses : le vase François ' ou le cratère corinthien d'Amphiaraos, par exemple Par contre, sur une amphore ionienne
de Munich, le char qui va emmener Amphiaraos vers Thèbes est attelé de trois chevaux «fig. 705'1). Nous admettrons donc que la mode d'ajouter un cheval de renfort aux chevaux de joug persiste en Grèce jusqu'auvlr siècle. Mais elle disparaît à partir de cette époque' ; ni les peintures de vases attiques, ni aucun monument de l'art classique ne nous en présente plus d'exemple. Sans doute un vers de l 'Andromaque d'Euripide (v. 277)
mais il s'agit simplement du groupe des trois déesses
que Mercure conduisit sur l'Ida, devant le berger Pâris. De même que op.x, le mot E~i.,s se trouve employé à la fois par Sophocle, par Euripide et par Aristophane, pour désigner une triade : c'est Ilésychius qui nous
raconte en effet », poursuit le glossateur, « que l'on se servit parfois de chars à trois chevaux et que l'on attelait soit à trois, soit à deux. » Ces expressions nous conservent évidemment le souvenir du trige, mais elles ne sauraient prouver, comme l'admet M. Endt f0, que cet attelage fût encore en usage en plein ve siècle.
En Italie, au contraire, le trige fournit une carrière beaucoup plus longue. A quelle époque remonte l'habitude d'ajouter au bige un cheval de réserve, on ne saurait, à vrai dire, le préciser. Les mors de chevaux, assez fréquents dès les tombes villanoviennes du vme siècle, se rencontrent généralement par paires". La trouvaille d'un mors isolé n'apporte pas la preuve que les Italiens se soient contentés parfois d'un seul cheval, car le mors a pu être déposé, parmi le mobilier funéraire, simplement comme symbole; ou bien encore le second exemplaire, plus ou moins endommagé, a pu échapper aux investigations. De même, la présence de trois mors dans l'une des Lombes Benacci12, à Bologne, ne nous permet pas d'affirmer d'une façon absolue que les pré-Étrusques de la plaine du Pô aient connu le trige. C'est seulement à partir du vie siècle que des monuments figurés, appartenant à l'art proprement étrusque, nous montrent la persistance en Italie de l'ancien usage grec archalque. Sans prétendre en énumérer tous les exemples, nous mentionnerons seulement des représentations de triges sur des scarabées 13 et sur plusieurs fragments inédits de vases à figures noires de fabrication étrusque 14. Une grande amphore de Vulci, de style ionisant avancé, à l'Antiquarium de Berlin ' °, est décorée, sur l'épaule, de deux groupes de trois triges lancés en course ; l'un de ces chars est culbuté ; le cheval extérieur gît sur le dos, dans la poussière ; son voisin plie sur les genoux, mais le cocher se hâte de trancher avec son couteau le trait qui attachait le cheval tombé. Deux urnes funéraires de Chiusi 16 et une troisième de Sarteano 17 représentent de même des courses de triges. Sur deux plaques décoratives de terre cuite, trouvées à Velletri et dont les fragments sont conservés au Musée de Naples, un char à trois chevaux concourt avec deux biges et Lient la tète du peloton (fig. 7055)18. De nombreux morceaux de frises analogues, provenant de Velletri, de Rome et de Palestrina,
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figurent une sorte de procession religieuse, peut-être la descente du mort aux Enfers; on yvoit un trige, guidé soit par Mercure ou un génie porteur du caducée, soit par un sonneur de trompe, et accompagné d'un augure, précédant un bige'. Un pied de ciste en brpgze fondu,
provenant du Giardino Margherita, au Musée de Bologne, représente un trige lancé au grand galop 2. Le même sujet se retrouve encore au Ive-rire siècle, notamment sur un miroir figuré d'Orbetello Un autre miroir plus ancien et gravé peut-être au nord de l'Apennin, mais dont les sujets sont incontestablement étrusques, le miroir de Castelvetro, représente également trois éphèbes amenant les trois chevaux destinés à l'attelage d'un char 4. On remarquera qu'ayant reçu de Grèce la tradition d'ajouter au bige, pour le voyage ou pour la guerre, un cheval de réserve, les Étrusques ont transformé le trige en char de course, ce que, semble-t-il, n'avaient jamais fait les Grecs.
De cet usage, proprement étrusque, dérivent, sans aucun doute, les courses de triges qui, à Rome, alternent, au Cirque, avec celles de biges et de quadriges 6 clncus, p. 1195]. Denys d'Halicarnasse 6, en décrivant les jeux romains, s'étonne précisément d'y retrouver ce mode d'attelage absolument archaïque et complètement oublié en Grèce. « C'est sur des chars à trois chevaux, de ce genre, nous dit-il, que les héros d'Ilomère allaient au combat, mais, depuis bien longtemps, les Grecs avaientrenoncé à cette tradition ; des biges et des quadriges seuls concouraient à Olyrnpie. » Les quelques détails qu'il ajoute sur le mode d'attache des trois chevaux rappellent de la facon la plus précise ceux que permet d'imaginer la lecture d'Ilomère : « Les deux animaux de joug, attelés de la mène facon que ceux d'un bige ordinaire, sont accompagnés d'un troisième cheval, dit cheval de corde, retenu par un simple trait (TpTO;
les anciens appelaient rxpr',opo;, puisqu'il était attelé en dehors des autres, et non pas avec eux sous le joug. Denys, malheureusement, oublie de préciser de quel côté était ajouté ce troisième cheval (eguus funalis) : à gauche, du côté de la spina et de la borne, ou au contraire, à droite ? On le suppose généralement à gauche,
servant pour ainsi dire de pivot au reste de l'attelage [camus, p. 1I95]; mais il nous semble que, si l'adjonction du funalis ne reposait pas sur une simple tradition, si elle devait procurer quelque avantage au bige de course, il fallait au contraire que le cheval hors du joug fût à droite. A gauche, il aurait simplement obligé le cocher à écarter son char de la fileta et à prendre, par conséquent, un virage plus large ; tandis que, placé à droite, à l'aile marchante, il pouvait, n'ayant presque pas tiré jusque-là, donner tout son effort à la hauteur de la borne, entraînant d'une allure plus rapide le cheval de joug son voisin, de telle sorte que le pivot pût tourner sans ralentir. Le funalis aidait aux virages ; telle était sans doute la raison qui avait conservé l'attelage à trois. Mais aucun des bas-reliefs, des peintures ou des mosaïques romaines représentant des courses ne figure de triges et ne nous renseigne, par conséquent, sur ce détail.
L'indication de Denys d'IIalicarnasse nous est confirmée cependant par quelques-unes des inscriptions dans lesquelles des cochers célèbres rappellent leurs triomphes. Ainsi P. Aelius Gutta énumère sept vic-• toires en triges pour le prix de dix mille sesterces et une victoire pour le prix de vingt-cinq mille Un autre cocher, Dioclès, de tous les cochers le plus éminent, au dire de son inscription, se vante d'avoir enlevé trois fois, en trige, le prix de quinze mille sesterces s. Il semble, d'après ces deux documents, que la course de trige ait été une course binaire, c'est-à-dire dans laquelle chacun des quatre partis du Cirque mettait en ligne deux chars. On y voyait donc vingt-quatre chevaux lancés en même temps dans l'arène. Les prix étaient naturellement moindres que pour les courses de quadriges, de six ou de sept chevaux, dont nous parlent également les inscriptions de Gutta et de Dioclès.
Les chars à six chevaux n'avaient rien de commun avec le trige. Il faut supposer, évidemment, trois paires de chevaux de joug distribuées autour de trois timons '. Mais l'attelage à sept comportait, sans doute, comme le trige, un funalis attaché hors du joug et destiné à aider aux virages.
Plusieurs inscriptions, entre autres celle de Dioclès, nous parlent d'un nombre plus ou moins grand de victoires remportées cu'n introju,gis tribus. Il ne s'agit certainement pas de victoires en trige, puisque le trige n'admet que deux chevaux de joug, mais simplement d'une série de succès en bige remportés avec un groupe de trois chevaux, toujours les mêmes. L'aurige, qui se proposait de concourir avec deux chevaux, devait en effet prendre la précaution d'en entraîner trois, afin de ne pas se trouver arrêté ou mis en infériorité par quelque accident, au jour de la course. Ainsi, sans doute, même l'attelage d'un bige en venait à comporter, comme à l'époque homérique, non pas seulement une paire, mais un trio de chevaux. C'est ce qui nous explique que chez
est fréquemment mentionné chez les auteurs anciens. Nous donnons comme exemples un triobole de Thèbes en Béotie, du système éginétique, frappé au ve siècle (fig. 7057) 2 et un triobole attique frappé à Athènes au 11e siècle av. J.-C. (fig 7058) 3. Au ve siècle, à Athènes, le triobole était la solde quotidienne des juges et celle des ma
telots de la flotte attico-délienne durant la guerre du Peloponnèse 4. On appelait rptwgo)iov ixxarirtar' lx v l'indemnité de trois oboles que l'État payait aux citoyens qui avaient assisté aux assemblées du peuples. Il y a de rares trioboles d'or ; on en signale dans les suites monétaires de la Cyrénaïque et des Ptolemées, en Égypte 6. Sur des monnaies de bronze et des tessères de plomb
certains auteurs, chez Pline par exemple, le dérivé trigarius prenne le sens de « cocher de cirque » ou se trouve môme employé, d'une façon générale, pour désigner les courses de chars 2.
D'ailleurs, de mème que le grec 7pf7rai-nov iipu.z, le latin triga peut parfois signifier simplement un ensemble de trois personnes ou de trois choses 3.
Enfin, une disposition juridique, qui nous est conservée par Ulpien 4, portait que le vice rédhibitoire de l'un quelconque des chevaux d'un trige entraînait la nullité de la vente de tout le trige; il en était de même pour l'attelage d'un bige ou d'un quadrige. A. GRENIER.
TItIGARIUII.-Nom d'un lieu situé parlaNotitia reyioîum dans la rXe région de Rome, c'est-à-dire au Champ de Mars 1. C'était, explique le Glossaire de Labérius, une sorte de cirque d'entraînement : Trigarium, Tdaoç 7 ou i~ rot yuu.vzovsat.
La découverte d'un cippe terminal de la rive du Tibre, daté du règne de Claude 2, a permis d'en préciser l'emplacement. Ce cippe, trouvé derrière l'Église S. Biagio, dans la Via Giulia, mentionne l'achèvement des travaux de régularisation du 'fibre, depuis le pont d'Agrippa jusqu'au Trigarium. Les ruines du pont d'Agrippa ayant été retrouvées à cent mètres environ en amont du Ponte Sisto 3, on peut supposer que le Trigarium s'étendait sur le bord du fleuve, à quelque distance de là. Il devait donc occuper, selon toute vraisemblance, la pointe que forme le Champ de Mars de ce côté, en face du quartier du Vatican. C'est d'ailleurs ace que confirme l'inscription funéraire d'un plombier romain, qui aurait eu ses usines au Transtévère et au Trigarium'. Le nom s'étendait donc à la partie du Champ de Mars qui avoisinait le cirque d'entraînement. Tout près de là se trouvaient les Écuries des factions. A. GRENIER.