Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TRIPONDIUS

TRIPONDIUS [ruESSls]. TRIPTEIt (Tptrrer,p'. Synonyme grec de TORCULAR, TRAPETUM, récipient dans lequel on écrasait le raisin ou les olives 1. D'autres lexicographes en font le vase, le cratère dans lequel coulait l'huile exprimée du pressoir 2 ; d'autres encore, les bois qui formaient le bâti du pressoir 3. E. P. TItIPTOLEMUS (Tpt71t)iEN,oç). Triptolème, héros du cycle éleusinien de Déméter[cEREs]. M. de Saussure a établi que le nom de Triptolème personnifiait le moulin ou 9L. 11511cr, Numism. de l'ancienne Afrique, t. 1, p. 33 ; J. Svoronos, Monnaies des Ptolémées (en grec), t. II, p. 32. 7 A. Engel, Bull. cor,. liell. t. VIII, 1884, p. 10, n° 64; Babelon, Op. cit. p. 424. 3 Ilesychins, v. 6Yxuos ; cf. Babelon, Op. cit. p. 513. 9 Babelon, Op. cit. p. 742. XEU.o; = TFtard'Aeuo;'. La fonction primitive de Triptolème devait être le foulage du blé, non les semailles ou le labourage. Enprésence d'une hypothèse aussi séduisante, l'étymologie qui reconnaît dans Triptolème (TFi7ro),t,;) une personnification du grain semé dans le sillon, retourné par ces trois labours qu'llésiode recommandait aux agriculteurs de Béotie, perd beaucoup de sa vraisemblance 2. Certes, les anciens semblent avoir pensé à cette étymologie traditionnelle, puisqu'ils représentaient Triptolème comme fils de l'Océan et de la Terre ou fils de Dysaulès, Diaulos, ou Disaulès 4, la personnification du sillon double, "6 txuXd; que trace le boeuf de labour, en allant et en revenant. Mais le vrai symbolisme du personnage de Triptolème apparaît plus clairement dans la tradition argienne qui lui donnait pour père Trochilos', de TF°76 , la meule à broyer le grain6, ainsi que dans une autre légende qui lui donne au contraire pour fils Gordvs', l'orge. Saussure a montré que la légende de Triptolème, nourrisson de Déméter, et celle du séjour de Cérès chez Métanire sont en germe dans le concept fondamental de Triptolème-moulin. Le moulin dévore et recèle le grain qu'a produit Déméter; par crainte religieuse, par une sorte d'euphémisme, ce sacrilège indispensable à l'humanité est présenté sous la couleur inverse, et le moulin devient le nourrisson de Déméter, la rriaison où elle cherche un abri et trouve un bon accueil 8. De bonne heure, à la vérité, le mythe donna à Triptolème une physionomie tout humaine. Dans l'hymne homérique, il est un roi d'Éleusis : Déméter lui révèle les mystères; il est son premier prêtre et le fondateur de son culte. Les prêtres d'Éleusis avaient inventé diverses généalogies qui leur donnaient Triptolème pour ancêtre. Pausanias s'est plaint de la diversité de ces traditions 1°. Le plus souvent on fait de Triptolème le fils de Céleus et de Métanire t' ; mais il passe aussi pour le fils du héros local d'Éleusis12, d'IcariosJ3, de Rharos 1l ou de Dysaulès ". Héros autochthone d'Éleusis, Triptolème est l'ancêtre de tous les habitants de la ville sacrée1°. Nous avons mentionné plus haut" la tradition argienne qui revendique pour lui la paternité de Trochilos. «Dans l'hymne homérique à Déméter, dit F. Lenormant18, la déesse, à qui Métanire a confié son fils Démophon,place chaque nuit dans un brasier son nour moudre, se retrouve selon le même savant dans le nom même d'Éleusis, qui sigmSerait la ville des moulins, 1. c. p. 509, ou des aires ; Déméter 'E'1v8,7, à Tarente et à Syracuse, est une Déméter meunière. Une devise rapportée par Diogémen, V, 17, met dans la bouche de Déméter instruisant Triptolème un mot d'ordre qui semble le concerner personnellement : .,v ut xatapp; aain-.,; sb a ou' ;. 2 Jl,ad. XVIII, 541; Od. V. 125; Agallis Coreyr. Sellai. Il. XVIII, 433; Preller, Dem. und Pers. 286. Preller-Robert, Griech. Alythol. Il, 770. Le passade d'Hésiode, Theoyen. 971. Lehrs, De Arist. arch. stud. hmn. 2 459 ❑-, rapproche le nom de Triptolème des noms à suffixe analogue, tels que Agaplolème, Néoptolème; ce serait une simple dénomination héroïque. Cf. Wdamowitz, Aus Kydathen, 132, A. 51. 3 Pausan. 1, 2; Pherecsd. ap Apollodor. 1, 5, 2. 4 Pausan. 1, 14, lui-même, d'après Pausan. 1, 38, 7, est fils d'Hermès et de Daeira. 13 Servius, ad Georg. 1, 19. 14 Charil. ap. Paus. 1, 14, 5 ; liesych. 'Pd, o;. 15 Orpin ap. risson, pour le purifier et le rendre immortel 'g. Plus tard, on substitua Triptolème à Dérnophon dans ce récit et l'on assura que Déméter eût, conféré l'immortalité au héros par le même moyen, sans la curiosité de Métanire 2D. » Ce mythe serait, selon Preller, un symbole de la vigueur sans cesse renouveléeque produisent les travaux des champs 21 L'Attique se vantait d'être le pays où le froment et l'orge avaient été d'abord cultivés 22. Élève et favori de Déméter 23, Triptolème avait, le premier, semé ces grains dans le champ de RI-taros 21, à Éleusis 20, après avoir le premier labouré avec la charrue attelée de boeufs2G. Les habitants d'Éleusis montraient son aire dans le champ Rharien 27 . Malgré ses occupations agricoles, Triptolème, chez les plus anciens auteurs, est un roi 23 et un prêtre 29 de Déméter ; ce n'est que ceux d'époque tardive qui en font un simple laboureur. Si l'on considère généralement Triptolème commel'inventeur éleusinien de la charrue, d'autres ont cru plus juste de chercher en Égypte, et dans le culte d'Osiris, l'origine de cette conception'0. Par la suite, le héros laboureur et fondateur de l'agriculture aurait même emprunté ses traits principaux à Osiris, sous l'influence d'idées venues d'Alexandrie et répandues par les poètes du cycle de Callimaque'. Mais cette théorie, qui a joui d'une cerLaine faveur, est bien abandonnée aujourd'hui. M. Rubensohn a montré que certains monuments, qui remontent au vr siècle, présentent Triptolème muni de la charrue ou sur le point delaecevoir de Déméter (fig.7066)32.Donc le culte et le mythe ontconnu anciennement le héros laboureur, qui reste un authentique produit du sol éleusinien. Rien d'étonnant si un temple et un autel furent consacrés à Triptolème à eleusis, d'ailleurs eu dehors du téfncnos 33. L'emplacement n'en a pu être déterminé exactement par les fouilles. On montrait aussi, dans le champ de Rharos, )_'aire sacrée oit la première moisson avait été foulée par Triptolème''. A Athènes, le culte de Triptolème s'implante, à côté de celui du Byzigès Épiménide', comme inventeur de la charrue. Près de la fontaine Ennéakrouaos, il y avait un temple des deux déesses et un autre consacré à Triptolème avec sa statue, et, devant la porte, une représentation d'Épiménide assis 36. Après l'union d'Athènes et d'Éleusis,le héros laboureur autochthone, le Byzigès Épiménide partagea la vénération des dévots athéniens avec Triptolème, qui finit par jouer le rôle prépondérant, éclipsant de même d'autres héros analogues, liés par d'anciennes traditions à l'invention de l'agriculture, Iasion ou Iasios en Crète ", Eumélos en qui avait été rédigé pour le D, et mammy des Antiquités et auquel nous 22, et les passages cités noie 20. 27 Pausan. I. 34, 6. 28 Hom. Hym. in Cer. 473 ; Hygin. l'ab. 147 ; Serv. ad. V,rg. 1. c. 29 Hom. 1. c.; Xenoph. Hellen. VI, p. 59. Pour les monuments en question. voir plus bas, p. 473. -. 33 Pans. I, 38, 6. Rharien, Bull. torr. hell. 1889. p. 199. Les textes sur le culte de Triptolème, dans Parnell, Cuits of Greeh States, III, p. 3G0, note 228. Un sacrifice à Triptolème dans une inscription d'Éleusis, Corp. inscr. ait. 1, 5 ; Corp. inscr. att. IV, 27 b, .171 TRI lcllaïe', Tylos à Sardes"-, ailleurs encore Érysichthon ou Triopas4. Dans le culte athénien, Triptolème fut associé aux rites des Éleusinies [ELEUSINLAI : il eut un temple à côté de l'Éleusinion, probablement sur le versant sud de l'Acropole ; ; on lui consacrait, ainsi qu'à Pluton, à Cérès et à Proserpine, les prémices des récoltes ; il passait pour avoir introduit à Athènes la fête des TuES310 avoir été législateur dans cette ville. On lui attribuait hème des lois, tioU.ol, constituant un enseignement moral [CERLS, p. 1043 ; ELLUSlNIA, p. 574,', et une pierre gravée nous a conservé le souvenir de cette tradition (fig. 7059) 7. Enfin, après sa mort, il avait pris place parmi les juges des Enfers 'LNFEn1] S, Mais Triptolème n'avait pas développé l'agriculture pour l'Attique seulement : les Athéniens disaient que Déméter lui avait donné l'ordre de parcourir le monde entier, pourrépandre ses dons dans tous les pays oit prospéraient les champs de froment. Monté sur un char ailé, présent de la déesse, et qui était attelé des serpents, emblèmes de la terre, Triptolème s'était élevé dans les airs pour lancer d'en haut les grains qui nourrissent l'homme'. Plus tard la tendance évhémériste transforme Triptolème en marin, monté sur un rapide bateau chargé de grains Partout il avait ainsi répandu les dons de la déesse l', Gréce à cette mission civilisatrice qui revêt une haute portée morale, le personnage de Triptolème avait un caractère universel'. Une pièce perdue de Sophocle, tragédie ou draine satyrique, avait pour titre Triptolème 13 elle racontait les voyages magiques du héros ; il en subsiste quelques fragments qui mettent en scène Déméter prescrivant au voyageur son long itinéraire''. Ce rôle de bienfaiteur donna à Triptolème une portée panhellénique. La plupart des États grecs'', principalement ceux du rameau ionien, reconnaissaient son culte et accordaient au héros une place dans leurs traditions locales; ils allaient même jusqu'à revendiquer pour leur pays l'honneur d'avoir été l'une des stations du voyage : on s'annexa aussi le Triptolèrne éleusinien, en l'associant aux généalogies locales, àArgos 16 [cERLs, ELEUSIMA, sect. 1x], en Arcadie" et en d'au tres lieux 'S. Cette diffusion générale du culte et des légendes relatives à Triptolème apparaît très clairement dans le monnayage de la Thrace et de l'Asie-Mineure, à l'époque impériale (fig. 7060)'". Divers textes, auxquels s'ajoutent les monuments que nous passons en revue ci-après, apportent un témoignage concluant pour d'autres cités du monde ancien : Enna en Sicile20, Dulichium 2J, Antioche de l'Oronte L3, et Gordyaea 23 sur le Tigre. La fondation par Ptolémée Soter d'une nouvelle Éleusis, aux portes d'Alexandrie, avait conduit Triptolème jusque dans la vallée du 1Ni1L4. En donnant au héros certains emblèmes du culte égyptien, on l'assimi lait souvent au grand dieu Osiris' , Un bas-relief trouvé en Syrie représente aussi Triptolème26. Ainsi se trouve confirmé le texte d'Arrien, affirmant que tous les hommes lui avaient élevé des temples et des autels. Représentations /iguf'ées "7. Divers monu ments figurentl'éducation de Triptolème: le nourrisson de Déméter porté dans le vase mystique „a, ou exposé dans un lébès 2'' qui doit exprimer son passage au feu. Toutefois, on reste incertain sur les intentions de l'artiste, car le défaut d'inscriptions ne permet pas de distinguer si c'est Démophon ou Triptolème qui est représenté. Un doute du même genre a arrêté certains érudits, en présence d'images dont les attributs, l'épi et la patère, peuvent convenir au Bonus Eventus [AGATIIODAISIôN] aussi bien qu'au héros éleusinien. Quoi qu'il en soit, c'est la mission de Triptolème que représentent beaucoup d'autres monuments. Monté sur le char allégorique de Déméter et voltigeant dans l'air, il tient d'une main son sceptre, et de TRI 472 TRI l'autre des épis; il est entouré d'une foule qui l'adore. Le moment du départ du jeune héros quittant Éleusis est celui où les artistes se sont complu de préférence. Assis ou debout sur son char, Triptolème reçoit des deux déesses les glanes fécondes et la libation propitiatoire du cycéon (fig. 7061)1 [ELEIJSINIA, p. 569]. Les céramistes attiques pratiquant la technique à figures noires ont donné à Triptolème les traits d'un homme d'etge mûr et barbu, drapé dans un himalion; il est assis à droite sur le char et tient des épis (fig. 7062)2, parfois aussi un sceptre 3; les roues sont aptères et les serpents n'S figurent pas. Dès cette époque, on représente aussi Triptolème planant au-dessus de la foule qui écoute ses leçons'. A partir du ve siècle, les vases à figures rouges donnent à Triptolème un caractère plus adouci, dû à une conception nouvelle de la beauté des dieux et des demi-dieux. C'est un éphèbe imberbe, de visage et d'aspect très juvéniles. De part et d'autre de l'axe du char, sont disposés des ailes et des serpents, qui symbolisent la terre, s'enlacent autour des jantes, ou même, ailés à leur tour, sont attelés au timon comme des bêtes de trait (fig. 1298, 1299). On peut distinguer deux périodes dans ces représentations : sur les plus anciennes, Triptolème est vêtu d'un manteau et d'un chiton talaire 6 ; sur les plus récentes, l'unique vêtement est un épibléma qui dégage presque tout le corps 6. Dans la règle, Triptolème est assis à droite. Cependant, sur une belle kalpis du musée de Madrid, il est tourné dans le sens opposé'. Plusieurs vases présentent le héros sur le point de monter en char ; il a régulièrement les cheveux longs et tient le sceptre et les épis'. D'autres images offrent l'aurige debout, devant le chars. Souvent aussi, on le voit de face ou de trois quarts, debout sur son siège (fig. 2630)10. Plusieurs peintures de ce dernier type semblent remonter à une grande composition décorative figurant le départ de Triptolème, entouré des divinités d'Éleusis. Outre les deux grandes déesses, on voit, sur le beau vase de l-héron que nous avons reproduit (fig. 2629; cf. fig. 7061) ", Zeus, Poseidon, Amphitrite, Dionysos, Eumolpos, et la nymphe Éleusis, aux côtés de Triptolème. Sur une peinture de Brygos' 2, Hékatè et Iris, et la famille du héros, I{éléos, lltétanire, etc., sont aussi de son cortège. Sur le beau vase Poniatowsky 13 et sur la curieuse coupe d'argent d'Aquilée, à Vienne ii, qui figure Germanicus sous les traits de Triptolème, les fleures, en leur qualité de déesses de la végétation, assistent au départ; ce rôle est aussi dévolu à Ilékatè, Rhéa et Iléphaistos13. Triptolème peut être encore mêlé aux divinités éleusiniennes comme simple figurant, sans jouer un rôle de premier plan. Nous citerons le célèbre vase Pourtalès et la belle hydrie à reliefs dorés, provenant de Cumes, au Musée de l'Ermitage f6 (Iig. 2639 et 7063), une belle péliké à figures rouges, au même musée(fig. 2630), enfin un vase trouvé à Rhodes, sur lequel Triptolème est figuré comme témoin de la naissance de Ploutos 18. Le dieu Hermès sert parfois de héraut à Triptolème 19. Enfin, à l'époque hellénistique et gréco-romaine, sur les vases à reliefs de la Campanie, le même sujet subsiste encore sous la forme créée par les artistes attiques 20. Les sculpteurs avaient aussi figuré Triptolème. La plus célèbre représentation plastique du héros est le bas-relief, d'un art admirable, trouvé à Éleusis en 1859. Le jeune Triptolème reçoit sa première glane de blé des mains de Déméter, en présence de Proserpine (fig. 7064) 31. Ce monument, attribué récemment à Phidias, appartien t au milieu du Ne siècle ; les deux figures de Déméter et de Coré ont TRI 473 leurs équivalents dans deux statues en ronde bosse, la Déméter de Cherchell 1 et la Coré Albani 2. On observera que le bas-relief d'Éleusis ne présente pas le char allégorique de Déméter. D'autres bas-reliefs trouvés à Éleusis offrent au contraire cet attribut et ils sont sous ce rapport comparables Tr ~ aux vases peints /qII énumérés plus haut. Sur l'un d'eux (fig. b819), Tripto lème, trônant sur le char, est encadré parles deux déesses ef, semble recevoir les hommages d'un cortège de dévots. Ici encore, le scul pteur semble s'être inspiré de types fixés déjà par la statuaire, probable ment d'un groupe consacré au vie siè cle, à Éleusis'. On fait une place à Triptolème dans le grand bas-relief de Lakrateidès 3, sur un sarcophage de Wilton-flouse 0, sur le support d'une table de sacrifices, déposée au musée de Constantinople 7. Sans le char, Triptolème est représenté debout sur un bas-relief du Ploutoncion d'Éleusis $. Dans les statues isolées de Triptolème, dont plusieurs ont été mentionnées par les auteurs anciens', on devait se préoccuper de donner à Triptolème un attribut qui le caractérisât. Il semble qu'une pierre gravée de Berlin 10 nous conserve la copie d'un simulacre du héros: il est nu ; une chlamyde est posée sur l'épaule gauche; le style est polyclétéen; dans la main droite levée, le héros fient des épis, et dans la gauche un soc de charrue. Selon une hypothèse, l'original de la statue de Triptolème tenant le soc aurait été consacré sur la Pnyx, dans le sanctuaire du héros". Le soc est rarement donné à Triptolème, que peu demonuments désignent clairement comme laboureur (voir plus bas, p. 474). Les attributs ordinaires du héros sont la patère 12, les épis formant couronne l3 ou tenus en faisceau'', des pavots 10, nouvel emblème végétal, enfin le sceptre, insigne de la dignité royale"'. Une deuxième statue de Triptolème, assis à gauche sur le char, le corps disposé légèrement de profil, peut être reconstituée d'après le témoignage de quelques monuments " le type de la tête est juvénile; les boucles, conservées sur le front, retombent sur les épaules; l'époque en serait 370 environ. Plusieurs savants reconnaissent des têtes de Triptolème dans un marbre du musée de Berlin13 et dans un beau marbre du ive siècle, trouvé à Éleusis, que l'on dénomme souvent Eubouleus ou lacchosl0. Des répliques de cette dernière tête, oit l'on a voulu reconnaître le ciseau de Praxitèle lui-même, existent à Florence 20, à Rome 21 et à Éleusis même". Une statuette du Palais des Conservateurs23 et l'un des bas-reliefs éleusiniens mentionnés plus haut 2' donnent une base assez solide à l'interprétation de latête d'Éleusis comme image de Triptolème. Le type ainsi créé par les sculpteurs grecs du Ive siècle fut repris en Italie Les pierres gravées représentent souvent notre personnage, seul sur son char26 ou accompagné de Déméter Z7. Nous avons cité plus haut la curieuse représentation où le héros remet aux hommes un rouleau contenant le résumé de ses enseignements (fig. 7059). Les dimensions exiguës de ces petits tableaux ne permettaient guère de mêler le héros à des groupes nombreux, tels qu'en offrent les vases peints et les bas-reliefs. Les monnaies grecques 28 jusqu'à l'époque romaine " présentent aussi Triptolème comme emblème. Éleusis était même, en dehors de la capitale, le seul dème attique qu'on autorisât à frapper monnaie (fig. 7065) 30; encore ce privilège fut-il concédé pendant une pé riode assez courte, de 350 à 322 av. J.-C. Citons, en terminant, quelques monuments qui doivent un intérêt particulier à leur provenance ou aux détails de la représentation. Nous avons mentionné plus haut la patère d'Aquilée et le bas-relief trouvé à Djébeil en Syrie 31. lin caractère égyptisant a été donné à trois représentations de Triptolème, étudiées par M. Kern 32; ce sont le vase d'or de Pétrossa 33, le vase d'onyx de Mantoue 34 et l'amphore Poniatowsky, sur laquelle on voit la personnification du Nil, NEIAO1, au-dessous de Triptolème Comme juge des enfers, Triptolème est figuré sur plu 60 faire sensation sur le public des myrtes par le bruit de ses roues, ses serpents menaçants et la large envergure