Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

TRITTYS

TRITTYS (TptrTÛ;). 1. Subdivision des anciennes tribus athéniennes et des tribus nouvelles établies par Clisthène [PRYLèl. A. Tri/lys anciennes. A l'époque de Solon, chacune des quatre tribus dites ioniennes se subdivise en quatre trittys et en douze naucraries. Aristote ', à qui nous devons ce renseignement, n'indique nullement que cette organisation soit 1'teuvre de Solon, et nous avons toutes raisons de la croire antérieure 2. Les lexicographes qui ont défini la trittys d'après Aristote, la rapprochent de la phratrie et même la confondent avec elle. Or il est évident que les trittys, comme les naucraries qui les subdivisent, étaient des circonscriptions territoriales, puisque Aristote' les compare aux tribus locales de Clisthène, tandis que l'appartenance à la phratrie était indépendante du domicile 5. La trittys était donc vraisemblablement une circonscription administrative, intermédiaire entre la tribu et la naucrarie, qui servait de cadre à la répartition de l'impôt et à l'organisation de l'armée et de la marine. Un texte de Pollux nous apprend que chaque trittys fournissait quatre vaisseaux et huit cavaliers. Mais tout le détail des opérations de perception de l'impôt et de recrutement se passait dans le cadre de la nau crarie, sous la direction du vxilxoapc; [NAUCRARIA]. Avant l'époque de Clisthène nous n'avons aucune mention d'un magistrat présidant la tri ttys (TO;TTllapYo;). Toutefois, Philippi croit que les prytanes des naucraries qui, d'après Hérodote R, tirent massacrer les complices de Cylon, étaient les chefs des trittys. 13. Trittys nouvelles. « Clisthène, dit Aristote divisa le territoire de l'Attique en trente circonscriptions : dix pour la région de la ville, dix pour la l'arabe, dix pour la Mésogie ; il appela ces circonscriptions trillais et les distribua par le sort entre les dix tribus, à raison de trois trittys par tribu, de telle sorte que chacune des tribus eût une trittys de chaque région. » La trittys nouvelle est donc une unité territoriale, un groupe de dèmes contigus, plus ou moins nombreux selon leur importance. Nous connaissons les norns de neuf seulement de ces circonscriptions, qui semblent être ceux des dèmes les plus importants du groupe : 'E7taxotai; (tribu Aegéis), ptuETç (llippothontis)10. En outre, on a essayé de retracer sur la carte de l'Attique les limites des trittys de Clisthène, en groupant par régions les dèmes identifiés ". La trittys est présidée par un magistrat annuel, le TptTruapZo sur les fonctions duquel nous n'avons que peu de témoignages. Eschine 12 mentionne des magistrats élus par les trittys, i Ëaurwv, pour administrer les fonds publics. Des inscriptions de 299 à 295 13 nous apprennent que les TptTT;apzot fournissaient, de concert avec l'é;ETacr ;, des fonds pour l'érection de stèles et de statues honorifiques. Enfin une allusion ironique de Platon 1' indique que c'était une magistrature de peu de compte. Nous n'avons aucun renseignement sur la vie intérieure de la trittys ; il ne paraît pas qu'elle ait eu un culte particulier, possédé des biens et tenu des assemblées, comme la tribu et le dème. Les trittys servent de cadres pour l'organisation de la marine; chacune d'elles équipait dix vaisseaux. Démosthène, dans son discours« Sur les Symtnories » ", propose, pour la défense du pays, d'établir et de partager entre les tribus dix arsenaux, comprenant chacun trente TRI g8 TRI loges de navires dont dix seront assignées à chaque trittys. Il semble qu'il se soit inspiré d'une organisation ancienne ; en effet, au ve siècle, les loges des vaisseaux et les chantiers sont partagés entre les trittys. C'est ce que nous apprennent des bornes découvertes au Pirée et antérieures à454 (à en juger par la forme des lettres), qui portent une inscription (le cette forme : a Ici finit la trittys d'Éleusis et commence la trittys du Pirée'. » On nesait si, dans l'organisation de l'armée athénienne, il y avait au-dessous de la division en tix,et, et en qui correspond aux tribus, une division correspondant aux trittys, et qu'aurait commandée un trittyarque 2. Xénophon souhaite la création, dans les vax( de cavalerie, d'officiers subordonnés aux phylarques ; ce qui prouve qu'il n'en existait pas de son temps. D'autre part, le texte de Platon que nous avons signalé, et qui oppose le stratège au trittyarque, ne prouve nullement que celui-ci ait eu des fonctions militaires. La division de la tribu en trittys se retrouve dans la Boulé, où les cinquante conseillers qui représentent la tribu sont divisés en trois sections. C'est pourquoi, dans les dédicaces, les noms des prytanes honorés de la couronne sont gravés sur trois colonnes, en tète de chacune desquelles on lit le nom de la trittys IIors d'Athènes, nous ne retrouvons les trittys qu'à Délos, où elles subdivisent les tribus ioniennes On connaît les noms de deux de ces trittys : OuEarciSxt et `f-2xuveiôxt, dont les chefs consacrent chaque année deux phiates à Apollon, mais on ne sait si elles étaient des circonscriptions territoriales comme à Athènes, ou des cadres d'origine gentilice et religieuse. II. TFtrzûç, TptTrûa 6 signifient encore le sacrifice composé de trois animaux mâles, d'espèces différentes, comme les SEOVETAURILIA des Latins III. Tprr-r5ç désigne aussi la triple victoire l t) ou, TIt1U:11PIIUS. -Le triomphe était une fête solennelle, célébrée à Rome en l'honneur d'un général qui avait remporté une grande victoire, la plus haute récompense à laquelle il pût prétendre en reconnaissance de ses succès. Pour avoir droit au triomphe, il fallait remplir certaines conditions nettement définies' : Io Le général devait posséder l'imperium majus, au moment où il commandait l'armée, être magistrat de premier rang, en fonction. Ne pouvaient donc recevoir le triomphe ceux qui ne commandaient pas en chef ; à tel point que, lorsque l'armée était sous les ordres de deux consuls, c'était celui qui exerçait l'autorité suprême le jour de la bataille, qui avait par roulement l'auspicium et l'imperium ce jour-là, auquel l'honneur était accordé ; c'est ce qui arriva, par exemple, en 547=207 aux deux consuls M. Livius et C. Nero; le premier seul triompha'. En étaient aussi légalement incapables les officiers qui représentaient le général absent et qui, par suite, exerçaient ses pouvoirs alieatis auspiciis. 10 II fallait que la victoire eût été remportée dans une guerre contre l'étranger et non dans une guerre civile3; qu'elle eût été sanglante, avec à000 ennemis au moins tués dans une seule bataille4, et que le succès complet d'une expédition en eût été la conséquence C'était le général lui-même qui sollicitait du Sénat que le triomphe lui fût accordé, ce corps devant voter les dépenses qu'entraînait la cérémonies [SENATUS] ; jusqu'à ce que la réponse lui fût parvenue, il devait attendre la décision en dehors du pomerium, au Champ de Mars ; autrement, s'il avait pénétré dans la ville, il aurait perdu l'imperium et n aurait plus rempli les conditions exigées d'un triomphateur i. On dit que Lucullus, revenant d'Asie, dut passer ainsi trois ans hors de Rome avant d'obtenir l'autorisation qu'il avait demandée8. Les frais du triomphe votés et le jour fixé pour la cérémonie, le général faisait à Rome son entrée. Le cortège partait du Champ de Mars, où il campait, entouré des troupes victorieuses, des captifs, du butin qu'il rapportait, près de la Villa publica ". Il passait sous la Porta triumphalis, dont il est souvent question dans les auteurs 10 et qui est peut-être représentée sur un basrelief de l'arc de Titus on n'en connaît pas, d'ailleurs, l'emplacement exact-, traversaitle Cirrus Flaminius" , où le peuple s'était assemblé sur les gradins pour pouvoir jouir du spectacle, puis le Vélabre12, le Forain boariulfa et le Cirque Maxime "1. De là il atteignait la Voie Sacrée, dont, on le sait, le tracé a changé plusieurs fois, et la suivait jusqu'au Capitole" ; à l'époque impériale, il défilait ainsi devant le temple de César, devant celui de Castor, devant la Basilique ulienne, contournait le pronaos du temple de Saturne et s'engageait dans le Clivas Capitolinus10 Les rues et les places étaient ornées de guirlandes, les temples ouverts et l'encens allumé sur tous les autels 1$. L'ordre du cortège était le suivant. En tête marchaient .les sénateurs et les magistrats suivis de joueurs de trompette" ; puis on voyait, portées sur des brancards [FER curium] à bras d'hommes ou posées sur des chariots, les dépouilles des peuples vaincus, armes, enseignes, sta TRI tues, objets de toute sorte, couronnes d'or offertes au général par les villes de la province, or et argent monnayés ou en lingots' (fig. 7091) 2. Les bas-reliefs de l'arc de Titus nous montrent de la sorte le chandelier à sept branches, la table des pains de proposition, les trompettes d'argent du temple de Jérusalem amenés à Rome par le vainqueur (fig. 7092)3. Dans cette partie du cortège figuraient les images des fleuves qui traversaient les contrées soumises, des villes conquises, des forteresses prises, des ennemis vaincus`. Au triomphe de César on voyait ainsi, portées sur des brancards, des représentations du .Nil, d'Arsinoé, du Phare allumé' ; sur l'arc de Titus est sculptée la figure d'un vieillard à longue barbe, appuyé sur une urne ; il est couché sur une litière : c'est le Jourdain (fig. 23119). Là aussi marchaient des hommes tenant à la main, fixés à des hampes, des écriteaux [TITVLus] (fig. 7093 °) oit l'on avait inscrit les noms des places enlevées à l'ennemi, des peuples domptés', ou figuré en peinture les batailles livrées et les traits des chefs qui ne se trouvaient pas en personne dans le cortège$. Les différentes représentations de triomphes nous montrent des écriteaux de cette sorte. Quand il célébra son triomphe Pontique, César fit tracer Fig. 7093. Pancartes de triomphe, animaux de sacrifice, sur des pancartes les trois mots, devenus célèbres : Veni, vidi, vici, « non pas pour rappeler les faits de la guerre, comme sur les autres pancartes, mais pour indiquer la rapidité de la victoire » Au triomphe de Pompée on voyait les portraits des « vaincus absents, grecs et romains, III, p. 289 = notre fig. 7691. 3 Joseph. 1. r. Cf. Thédenat, O. e. p.352 sq. Notre fig. 7092 Duruy, Hist. des Romains, IV, p. 636 ; Reinach, VI, 15 ; Ovid. Pont. 111, 4, 103 sq ; Trist. IV, 2, 36 ; Quint. Inst. or. VI, 3, 61; App. Pan. 66. Cf. le sarcophage du Vatican, Dluseo Pio-Cl. V, pl. 31; Arnelung, Sculpt. des Vraie. Nus. II, p. 98,n 39. 5 Florus, II, 13, 88. -6 S. Reinach, op. cit. I, p. 275, fig. 4 = notre fig. 7093.Vair aussi la représentation du triomphe de Titus, plus haut, fig. 7092. 7 Voir les textes cités à la note 1, p. 488. -8 App. Pun. 66; Dio, Li, 21, 8. 9 Suet. Caes. 37 10 App. Dlithr. 117. 1X. TRI Tigrane et Mithridate, combattant, battant en retraite, fuyant, la statue d'Eupator, toute en or, haute de huit coudées, et on pouvait lire sur une tablette l'inscription: navires à éperons pris, 800; villes fondées en Cappadoce, 8; en Cilicie et en Coelésyrie, 20 ; en Palestine, maintenant appelée Séleucide ... ; rois vaincus : Tigrane d'Arménie, Artocès d'Ibérie, Oroézès, Darius de Médie, Arétas de Nabatée, Antiochus de Commagène f0 ». Venaient ensuite les victimes destinées au sacrifice du Capitole ; les rites voulaient que ce fussent des taureaux blancs" ou, du moins, avec une tache blanche sur le front, aux cornes dorées et garnies de bandelettes; le dos couvert d'une housse [DORSUALu], ils étaient conduits par des vicfimaires et des camilles richement vêtus [SACRIFICIUSI]. Les bas-reliefs figurant des triomphes nous montrent très nettement ces détails (fig. 7093). Le nombre de ces victimes pouvait être considérable; lors de l'entrée à Rome de Paul-Émile, elles montaient à 120' 2. Derrière défilaient, chargés de chitines ou la corde au cou, à pied ou sur des chariots (fig. 7091.) les prisonniers de marque, ceux qui après le triomphe allaient Fig. 7094. Les captifs dans le défilé triomphal. être mis à mort, ou tout au moins jetés en prison. Exemples : Vitruvius, le chef des Privernatest", C. Pontius, le général des Samnites15, Persée Jugurthaf7, Tigrane1e, Vercingétorix", Simon, le chef des Juifs à l'époque de Vespasien 20, Zénobie 21. On sait qu'arrivés au pied du clivus Capitolinus, ils quittaient d'ordinaire le cortège triomphal et étaient entraînés à la prison Mafnertiiie, où ils étaient exécutés 27. Puis venait la foule des captifs plus humbles et des otages reçus par le vainqueur 23. Devant le char de Pompée, suivant Appien l°, le total des satrapes, des chefs et de leurs familles, les uns prisonniers, les autres otages, montait à 321. Après les captifs s'avançait la troupe des licteurs du général, revêtus de tuniques de pourpre, des hommes portant des vases où brûlaient des parfums, des joueurs de cithares et de flûtes ; ils marchaient au son des chants et des instruments 25. Appien note que, dans le -Il Scrv. ad Verg. Georg. Il, 146; Liv. XXXIV,52; Plut. Marcel. 22 ; Ovid. Fast. 1. 579 ; Verg. Aen. 111, 2l ; Arnob, 11, 68 ; cf. 6larquardl, Le Culte chez les Romains, I, p. 207. Faute de taureaux blancs on passait une couche de craie sur la robe des animaux tachetés (bos cretatus; cf. Juv. Sat. X, 35). 12 Plut. Aena. Paul. 33. 13 Plaque Campana : Campana, Opere :n plaslica. pl. 90 ; Walters, British Museum, Catal. D, 625, p. 406 ; Winnefeld-ltohden, Architekt. Reliefs, p. 283, pl. 87; S. Reinach,Relie fs,1I, p. 288 =notre fig. 7094. -14 Liv. V111,20, 7.-15 Liv. Epit.ll. -16 Liv. XLV, 40, -11 Liv. Epit.67; Plut. Mar. 12.-19App. Jlithr.117. -19 Dio, Verr. V, 30,77 ; Liv. XXVI, 13, et les notes précédentes.-23 Liv. XXXIV, 52 ; App. Nishr. 117. 24 L. c. YSApp. Pun. 66. Cf. une représentation de ces musiciens, sur un bas-relief reproduit plus haut (mucus, p.1641, fig. 2222; cf. fig. 887). G2 TRI 490 TRI cortège triomphal de Scipion, au milieu de ces musiciens, on remarquait un bouffon couvert d'une tunique talaire, orné de colliers et de bracelets d'or, qui s'agitait, gesticulait, et insultait les ennemis vaincus pour soulever les rires des spectateurs '. Le char sur lequel était monté le général [CURRUS] était couronné de lauriers 2 et traîné par quatre chevaux, ornés eux aussi de couronnes3. Depuis l'époque de Camille on les choisissait de couleur blanche, comme ceux de Jupiter et d'Apollon'. Le triomphateur qui, dans cette circonstance, était une image vivan te de Jupiter Capitolin, auquel il devait le triomphe et entre les mains duquel il allait déposer les insignes de la victoire, était revêtu de la tunique et des ornements du dieu, qu'on empruntait, pour la cérémonie, au trésor du Capitole: la tunique palmata, de pourpre, une toge picla, décorée d'un semis d'étoiles d'or'. Il tenait d'une main un sceptre, terminé par un aigle', de l'autre un rameau de laurier' ; son front était ceint d'une couronne de même feuillage 8. Toute cette scène est très bien représentée sur un des vases d'argent trouvés à Boscoreale fig. 7095) Debout derrière lui, un esclave soutenait une autre couronne, la couronne d'or de Jupiter, dont le poids était trop considérable pour qu'il pût la porter lui-même sur la tâte'". Avec lui se tenaient ses fils enfants, soit debout dans le char ", soit montés sur les chevaux qui le trainaient12, ainsi qu'il arriva, par exemple, a Tibère lors du triomphe d'Auguste f3. A côté se plaçaient ses appariteurs 14; derrire, ses fils adultes à cheval", et les officiers supérieurs de l'armée 16 Les soldats fermaient la marche dans l'ordre habituel, couronnés de lauriers, couverts de leurs décorations, criant Io triumpel, célébrant par des chants leurs exploits et ceux de leur général, et mêlant à leurs louanges des réflexions satiriques". C'est ainsi que, suivant Suétone 18, au triomphe de César ils ne crai On n'attela d'elephants le char du triomphateur qu'au n,' siècle, à propos de 22 Silius Ital. XV, 118 ; Pacalus, Paneg, in Theod. 9, 5. Dans les derniers temps gnirent pas de faire allusion à ses mauvaises moeurs. Mais, comme une pompe si éclatante aurait pu porter malheur à celui qui en était le héros et l'enivrer d'orgueil, il avait soin de porter au cou, dans une butta, des amulettes ", et d'en suspendre à son char2", tandis que l'esclave qui se tenait debout derrière lui. devait lui répéter, chaque fois que le peuple poussait des acclamations en son honneur : « Souviens-toi que tu n'es Parvenu au Capitole, le triomphateur commençait par offrir à Jupiter (in gremio Capitolini Jovis) les lauriers qui couronnaient les faisceaux et celui qu'il tenait à la main 22; puis il accomplissait un sacrifice d'actions de grâces en immolant les victimes qu'il avait amenées avec lui 23 (fig. 7090) 21 Pour finir, un banquet réunissait les magistrats et le Sénat ; un autre était parfois destiné aux soldats et au peuple 26. La cérémonie ne durait primitivement qu'un-jour; elle demanda plus de temps dans la suite, à cause de la quantité de butin que le vainqueur faisait figurer dans le cortège : le triomphe de Sylla dura deux jours26, comme celui de Pompée" ; celui de Paul-Émile, après sa victoire sur Persée, demanda trois journées entières 23 ; il en fut de même de celui de Quinctius lilatnininus. Le récit qu'en fait Tite-Live donne une idée très nette de la splendeuràlaquelle pouvaient atteindre ces solennités" Auguste, à son tour, triompha trois jours de suite, mais pour trois victoires différentes, la Dalmatie, l'Égypte et Actium30 On sait, par Orose 31, qu'il y eut, depuis Romulus jusqu'à Vespasien, trois cent vingt triomphes ; dans la suite une trentaine furent encore célébrés. Le souvenir de la plupart d'entre eux nous a été conservé dans les de la République, la branche de laurier était remplacée dans la main du triomphaleur par une palme; d'où l'expression qui se. IL dans les Fastes triomphaux: TRI 491 TRO Acta triurnphorum Capitolina, qui vont de Romulus à L, Cornelius Balbus (735 de Rome)', et par la fabula triumpllorum l3arberina, qui relate les triomphes de l'an 711 à l'an 7282. Le dernier en date semble avoir été celui de Dioclétien, en 302 ap. J.-C. 3 A l'époque impériale, en effet, oit l'empereur était chef suprême de l'armée et où les généraux, réduits au rôle de légats, combattaient comme sous ses auspices, c'était à lui seul qu'appartenaient, en cas de victoire, le titre d' imperator et le triomphe. On prit alors l'habitude d'accorder à ceux qui avaient véritablement remporté les succès les ornements du triomphe (ornamenta, insignia triumphalia), qu'ils portaient dans les cérémonies, et des statues oit ils étaient représentés avec le costume triomphal 4. Cet usage remonte à Agrippa, qui, en 740, par modestie, refusa le triomphe mais accepta les ornements de triomphateur Deux ans plus tard. Tibère reçut une semblable distinction d'Auguste, au lieu du triomphe auquel il avait droit'. Le même empereur l'accorda à une trentaine de personnages. A ce moment elle était encore un grand honneur. L'abus commença avec Tibère qui la conféra à des gens indignes, et se continua avec Claude, qui Fig. 7097. Lesornements la donna à tous ceux. qui avaient pris part àla guerre de Bretagne g. Depuis Trajan tous les consuls Li onsUL] eurent le droit de prendre dans les cérémonies officielles les ornamenta triumphalia. Dès lors ceux-ci perdirent tout leur prix '°. On en voit une représentation sur un denier d'Auguste"(fig. 7097). Il nous montre au droit le char triomphal, au revers le sceptre terminé par une tête d'aigle, la couronne de laurier et la toga picta'a. A l'époque impériale appartiennent également un certain nombre d'arcs triomphaux, honneur complémentaire accordé aux empereurs victorieux par le Sénat13 et, à son exemple, par les municipalités d'Italie ou des provinces [ARGUS]. On ysculptait parfois les différentes phases de la cérémonie triomphale''` ; l'arc de Titus sur le forum romain'° et celui de Trajan à Bénéventf6 sont, à cet égard, d'un intérêt particulier. Le triomphe fut décerné, à Rome, non seulement pour des victoires remportées sur terre, mais pour des victoires navales (lriumphus navalis). Le premier exemple est celui de Duilius, en récompense de la défaite qu'il infligea à la flotte carthaginoise en 494 260. On trouve cités ensuite, soit dans les Fastes triomphaux, soit par les auteurs, ceux de C. Atilius Regulus en 497, de L. Manlius Vulso en 498, de Ser. Fulvius Paetinus Nobilior et de M. Aemilius Paulus en 500, de C. Lutatius Catulus en 513, tous à la suite de victoires sur les Carthaginois 17; de Cn. Fulvius Centumalus en 526 pour une défaite des Illyriens i', de Q. Fabius Labeo après ses succès en Crète en 56519, et de Cn. Octavius, en 587, pour célébrer la chute de Persée". A côté du triomphe solennel il existait, chez les Romains, un autre triomphe, plus modeste, appelé ovatio 21. Aulu-Gelle énumère les circonstances où il était accordé; c'étaient celles où, malgré une victoire importante, il n'était pas permis de décerner le triumplius. Il s'exprime ainsi : Ovandi ac non triumphandi causa est cum sut bella non rite indicta neque cum justo haste fiesta sent, aut hostium nomen lm/hile et non idoneurn est, ut servorurn piratarumque; au' dedilione repente facta impulverea, ut dici solet, incruentaque victoria obvenit22. Le général vainqueur n'avait pas droit au char: il allait à pied23 (r.to; l?(' Aç); plus tard on lui concéda de monter à cheval 2Y. La toga picta était remplacée dans son costume par la practexta 2° et la couronne d'olivier par une couronne de myrte 2b. C'est ainsi qu'après la guerre servile Crassus ne recut que l'ovation27 ; de même Octave après la bataille de Philippes et après la guerre de Sicile28. La cérémonie n'en était pas moins très solennelle 29. Enfin, lorsque le Sénat refusait à un général l'honneur du triomphe au Capitole, celui-ci pouvait, sans autre autorisation, célébrer un triomphe au temple de Jupiter Latiaris sur le mont Albain. Le premier qui usa de cette faculté fut C. Papirius Maso en 523 = 231 30 Nous avons conservé, d'après Michaelis, sur une ciste, la représentation figurée d'un triomphe de cette sorte 31. La célébration du triumphus in monte Albano n'empêchait pas, d'ailleurs, l'ovatio. Marcellus était monté au mont Albain la veille du jour où il fit à Rome son entrée solen