Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article TURARIUS

TUBARIUS. Les Grecs appelaient )uÇ,xvmrorit.aÂxt et les Romains turarii' ou t/turarii 3 les marchands d'encens. Par suite de la place que tenait l'encens dans la pharmaceutique des anciens "rus], leur métier, comme ceux des unguentarii[uNGuEoTint] et des SEPLASARn, intéressait la pratique de l'art médical' [slEnIClNA, p. 1680] aussi bien que le trafic des parfums. Un certain nombre de textes épigraphiques latins concernent des turarii, pour la plupart affranchis ; ils proviennent, comme de juste, des centres de commerce qui entretenaient des rapports suivis avec l'Orient : Pouzzoles ',-Capoue 6, Ischia 7, Aquilée', Narbonne'. C'est à Rome qu'on en a retrouvé le plus grand nombre 10. L'un d'eux, qui remonte à l'époque républicaine 11, nous fait connaître un certain L. Lutatius Paccius, t/turarius de familia regis _llitredatis 12. Deux autres contiennent la mention de turarii qui portaient le même prénom et le même nom gentilice : L. Faenius Primus 13, L. Faenius Favor 14 ; ce prénom et ce nom sont ceux aussi d'autres turarii à Capoue, L. Faenius Alexander 16, et à Ischia, L. Faenius Ursio "6; comme le suppose M. Ch. Dubois, il est possible que tous ces Lucii Faenii turarii aient appartenu à la même famille, originaire de Pouzzoles, et à la même maison de commerce, qui aurait eu des succursales en différentes villes d'Italie 17. Tout récelnrnent on a découvert à Rome une inscription dédiée àla Douons Augusta par le collège, jusqu'alors inconnu, des thurarii et unquentarii 18: D'après les scholiastes de Cicéron et d'llorace, une rue de Rome, voisine du Forum, se serait appelée vices turarius'": ce serait le quartier des marchands d'encens. On s'est demandé si les scholiastes ou leurs copistes n'ont pas fait erreur et si le nom de ce viens turarius de Rome, qui ne se retrouve dans aucun texte, n'est pas luis là pour celui du viens tuscus 20. Cependant IIorace lui même paraît faire allusion à l'existence d'un pareil quar mflR 5i1 TUR lier' et d'autre part une inscription de Pouzzoles nous apprend qu'il y avait un vices turarius dans cette ville, dont les divisions et dénominations topographiques rappellent celles de Rorne 2. Pour la tibia turaria, voir ),t;,, rrFd;Aoç). Sabot, jouet auquel on imprime un mouvement de rotation en le frappant avec un fouet, [f1«6Tt FLAGELLUbI]. Si nous en jugeons parles nombreux textes où il en est question, il futpendant toute l'antiquité en grande faveur auprès des enfants . Perse avoue qu'à l'école il avait plus de goût pour le sabot que pour l'étude, et Virgile a dit dans des vers pleins de grâce comment on le manoeuvre'. Plusieurs vases peints nous en offrent l'image, par exemple celui que reproduit la fig. 7170 ; on voit un éphèbe effrayé jeter à terre, en se disposant à fuir, son fouet et son sabot, qui se renverse 2. Sur un autre est représentée une jeune fille, le fouet à la main, faisant tourner un sabot [FLAGELLUM, fig. 3087]'. Dans ces peintures l'objet a la forme d'un cône (xivoç) très pointu, supportant une partie cylindrique, autour de laquelle sont tracées des zones ou peut-être des moulures parallèles, destinées à donner plus de prise à la lanière (habena) du fouet. Telle est aussi très exactement la forme de plusieurs sabots retrouvés récemment près de Thèbes, en Béotie, dans le temple des Cabires [cABIRI, p. 767j ; une inscription exhumée au même endroit nous apprend qu'un enfant a dédié au jeune dieu %AGREUS de nombreux jouets, entre autres un sabot (cr76 r),o;) avec son fouet : c'est à des offrandes de ce genre que nous devons sans aucun doute les spécimens provenant du Cabirion. Il y en a en terre cuite, comme celui que nous reproduisons dans la tig. 7171 ; ils mesurent de 0m.04 à 0m. i1 de diamètre et sont ornés, tout autour, de feuillages, de palmettes et d'oiseaux, enfermés entre des bandes parallèles. D'autres sont en bronze et beaucoup plus petits ; leur diamètre ne dépasse pas 0 m. 04'. Nous savons par les textes que l'on en faisait en bois, comme de nos jours, notamment en buis5. L'antiquité a-t-elle connu la toupie, que l'on fait tourner au moyen d'une ficelle étroitement enroulée à sa surface? On en peut douter. Platon parle des au1ogi),oi qui se meuvent sans changer de place e ». L'expression a paru mieux convenir à la toupie qu'au sabot, qui se déplace à chaque coup de fouet; mais en somme ce texte ne tranche pas la question ; car il se peut que l'auteur considère le moment où le sabot bien lancé n'a plus besoin de l'action du fouet, et en pareil cas, en effet, il tourne bien sur place'. On ne connaît point de monument antique qui représente la toupie. Mais il semble qu'on peut à bon droit appliquer les noms de aTi ;).o;, turbo, et leurs synonymes, au toton, que l'on fait tourner directement avec la main, après l'avoir saisi entre le pouce et l'index. La fig. 7172 reproduit un objet trouvé à Amiens avec toute une série d'antiquités romaines, qui n'a pu avoir une autre destination ; c'est un petit cube en os, légèrement conique, percé d'un trou, dans lequel on avait inséré vraisemblablement une tige en bois, servant de pivot; les lettres A 1tTP sont gravées sur les quatre faces$; elles pouvaient correspondre, dans quelque jeu de hasard, à des mots convenus. Mais les gens superstitieux pouvaient très bien aussi en tirer des présages; en effet le turbo jouait un rôle dans la magie; il est probable que par ce mot on désignait quelquefois la roue qui formait la partie princi pale du 11HOM Bus9. Un toton, quoique moins bruyant et plus tôt immobilisé, pouvait aussi fournir des si gnes cabalistiques ou coopérer à des sortilèges. Une peinture de vase athénienne (fig. 7173) nous montre une jeune femme assise, contemplant avec attention un petit anneau, traversé par un axe perpendiculaire au diamètre ; l'objet, placé devant elle à la hauteur de sa poitrine, semble reposer par la pointe inférieure sur une table ou sur un meuble; on dirait bien un toton, dont, l'axe oscillerait obliquement par rapport au plan de la table ; malheureusement cette peinture n'est qu'un frag TUR 342 TUR ment de très petites dimensions, et il serait hasardeux de pousser trop loin les conjectures'. 2° (E?6vôu)oç). Peson de fuseau, qui maintenait le fil tendu et facilitait le mouvement de rotation, pendant que l'ouvrière était occupée à le tordre Par sa forme généralement arrondie, cet objet, destiné à tourner sans cesse, rappelait beaucoup le sabot des enfants : d'où son