Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article UDO

les anciens, celui qui éprouve la rancune des dieux 2 ou ULY 575 ULY Il est plus ancien que la poésie homérique' et sa nature doit avoir été originairement divine ; on l'a identifié avec Poseidon ou avec Hermès ; d'autres recon naissent en lui Apollon, ou du moins une divinité apollinienne 2. L'Arcadie a été désignée comme sa patrie primitive 3; de Phénéos il aurait passé dans le canton d'Aséa, puis en Laconie, où il devint le gendre d'Icarios ; relié de la sorte à la légende achéenne, il entrera dans le cycle troyen 4 et l'épopée le fera régner sur Ithaque Mais on a aussi considéré cette île et l'Épire comme le berceau du héros voyageur 6, que les épisodes du Nostos rattacheront à divers points du monde méditerranéen 7. II. L'ULYSSE HOMÉRIQUE. Fils de Laërte' et d'Anticlée', Ulysse vit le jour à Ithaque '0; tout jeune encore, pendant une visite à son grand-père Autolykos, il reçut d'un sanglier la blessure" dont la cicatrice le fera plus tard reconnaître parEuryclée'1.Après divers voyages à Méssène 13, Lacédémone'', lphyra'°, Taphos f 6, ayant atteint l'âge d'homme, il prend le pouvoir des mains de Laërte. Ses sujets, parfois nommés K L LIÀ-7tlvcç'7, habitent les îles d'Ithaque, de Zakynthos, de Samè, de Doulichionet quelques points du continent voisin". Il épouse la sage et riche Pénélope20, fille d'Icarios21, et a d'elle un fils, Télémaque. Sur les instances d'Agamemnon et de Ménélas, il laisse sa femme et son enfant pour prendre part à l'expédition contre Troie 22, malgré les funestes prédictions du devin Ilalithersès23. Avant l'ouverture des hostilités, Ulysse se rendit à Troie, avec Ménélas, pour réclamer Ilélène 91 ; il était aussi allé, avec Nestor, quérir Achille dans Phthie2'. Le siège entrepris, il montre sa prudence dans le rôle d'ambassadeur et de conseiller : c'est lui qui ramène Chryséis à son père 20 et qui empêche la retraite des Achéens rais à l'épreuve par Agamemnon 27. Il est au côté de celui-ci quand il conclut l'armistice avec les Troyens 20 ; il règle avec Hector les détails du combat singulier entre Pâris et Ménélas 2'. Il prend le premier la parole pour essayer d'apaiser Achille 3° (fig. 7201), à ULY 576 ULY qui il remettra, plus tard, les présents expiatoires d'Agamemnon'. Son courage est à la hauteur de sa sagesse 2 : il figure parmi les neuf chefs qui ambitionnent l'honneur de combattre Hector 3; de nombreux guerriers tombent sous ses coups 4, et lorsque, dans l'épisode des â, tcrai« d'Agamemnon, celui-ci blessé doit se retirer, Ulysse continue ses exploits Il protège Diomède atteint à son tours, accomplit à lui seul des prodiges de valeur', et bientôt, frappé lui-même par Sôkos, il n'échappe à la mort que grâce au secours d'Athèna 2. Malgré ses blessures 0, il s'oppose fortement à la cessation de la guerre10, et il reprend la lutte avec une nouvelle ardeur quand Hector vient menacer le camp des vaisseaux 1l. hntre temps, sa ruse éclate 12 dans la capture de Dolon el, le meurtre de Rhésos'3. Les armes d'Achille qu'il obtenait de préférence à Ajax, fils de Télalnon (fig. 72012), le payèrent de ses services''' qu'il compléta en allant à Skyros chercher Néoptolème 1 '. Couvert de haillons et le visage déchiré, Ulysse s'était aussi glissé dans Troie comme espion et s'était assuré la complicité d'Hélène 's. Chef des troupes embusquées dans le chevaldebois",ilpénétraitavecMénélas dans lamaisonde Déiphobe et préludait 'a ainsi à l'anéantissement d'Ilion, dont les Grecs lui étaient en grande partie redevables19. Après le second départ de Troie Ulysse est poussé vers Ismaros, ville des Kikônes (en Thrace, au bord du canal de Thasos?)21; il se livre à des actes de piraterie et voit tomber, dans un retour offensif des Kikônes, soixantedouze de ses guerriers 22. Lorsque, au troisième jour d'une navigation orageuse, il veut, pour regagner Ithaque, contourner le cap Malée, les courants et Borée le rejettent par delà Cythère 23; il parvient, au bout de neuf jours, dans le pays des Loto pliages qui se nourrissent d'une fleur (île de Djerba ou insula lJfeninx?) 24. Régalés du merveilleux lotos qui verse l'oubli du retour, trois compagnons doivent être ramenés malgré leurs larmes et attachés aux bancs des nefs 2E. Les avirons frappent à nouveau la mer blanchissante, et, par une nuit sans lune, un dieu fait aborder les vaisseaux dans une île plan tureuse, .l'île aux Chèvres (Nisida?) 2P. Tandis que les onze navires de sa flottille l'attendent là 21, Ulysse pousse jusqu'à 'la terre voisine des Cyclopes (Champs Phlégréens, entre Cu r ne s et Naples?) 28. Avec si douze plus braves compagnons, portant à l'épaule une outre du vin précieux donné par Maron, prêtre d'Apollon à Ismaros 29, il pénètre dans la caverne de Polyphème 3° qui, au mépris des dieux et des lois de l'hospitalité, dévore six des malheureux Achéens 31. Sous le nom de Personne 32, Ulysse abuse le Cyclope, l'enivre 33,l'aveugle (fig. 7203) 31et les survivants s'évadent avec lui, accrochés à l'épaisse toison du bétail (fig. 7'2011)33. Leur navire échappe aux blocs de rochers, mais le héros n'évitera pas l'effet des supplications de Polyphème à son père Poseidon 3s Après avoir rallié ceux qui étaient restés à l'île aux Chèvres, Ulysse parvient à File Aioliè (Strongylè, Stromboli?)37, où Aiolos, le maître des vents, l'héberge durant un mois 38 ; à son départ, il lui livre les vents contraires, emprisonnés dans une outre de cuir, et fait souffler un, zéphyr favorable. Au dixième jour de la navigation, en vue d'Ithaque, pendant que le sommeil s'appesantit sur les yeux d'Ulysse, ses matelots ouvrent l'outre qu'ils supposent recéler des richesses, et déchaînent la tempête 39. Ils sont ramenés vers Aiolos, qui les chasse comme maudits des dieux 10. Reprenant la mer, ils arrivent, au bout de six jours, chez les farouches Lestrygons, mangeurs d'hommes (au détroit de Bonifacio?) 41 ; ils sont écrasés sous des blocs de rochers, dans les anses profondes du rivage 4'; Ulysse échappe seul au ULY 577 ULY désastre, avec ses camarades de nef', et ils arrivent à l'île Aiaiè (Monte Circeo, près de Terracine?) 2, où Circé métamorphose en pourceaux les Achéens envoyés en exploration, sauf Euryloque 3. Averti par lui et pourvu du moly, fleur laiteuse à la racine noire 5, Ulysse résiste à la magicienne et obtient la délivrance des siens (fig. 7205) 6. Il demeure un an auprès de Circé, dans un doux commerce d'amour', et quand il la prie, à la requête de ses compagnons, de les renvoyer dans leur patrie, elle lui impose de se rendre au pays des Morts pour consulterl'ame de Tirésias '.Alalimite del'Okéanos, dans la sornbre région des Cimmériens (Averne?) ilaccomplit le sacrifice prescrit (fig. 7206)1° : Tirésias lui re lx. commande de s'abstenir de toucher aux boeufs du Soleil, dans l'île Thrinakiè ; il lui annonce aussi sa vengeance sur les prétendants, après quoi, une rame sur l'épaule, il lui faudra rechercher des hommes qui ne connaissent point la mer, et faire chez eux un sacrifice à Poseidon". De retour à Aiaiè, Ulysse rend les devoirs funèbres à Elpénor. Grâce aux conseils de Circé, il passe sans dommage près des îlots des deux Sirènes 12 (les Coqs, Galli, à la porte du détroit de Capri"? cf. fig. 6469, 6470); il franchit les Planktes 13, échappe au tourbillon de Cha rybde'5, mais Scylla lui ravit six hommes 16 (fig. 7207) ; (Charybde et Scylla, à l'entrée du détroit de Sicile) ". AThrinakiè (Messine?)'',les survivants, sous la conduite d'Euryloque, profitent du sommeil d'Ulysse pour immoler les boeufs du Soleil. Alors Zeus, sur la prière d'Hélios, fracasse la nef de sa blanche foudre ; dans la tempête, tous succombent sauf Ulysse, qui, juché sur une épave, arrive au bout de neuf jours à Ogygie, chez Calypso 19 (île de Perejil, près de Ceuta?) 20. L'amoureuse nymphe garde le héros près d'elle pendant sept années 2' sans que ses charmes ni ses promesses d'immortalité 73 ses aventures ULY 578 ULY puissent effacer le souvenir d'Ithaque'. Elle ne consent au départ, la huitième année, qu'après un ordre formel des dieux 2. Sur l'embarcation qu'il a construite lui-même (fig. 7208)3, Ulysse, après dix-sept jours de traversée, arrive veilleuses, et les matelots déposent Ulysse endormi sur la terre natale 9 qu'il a quittée depuis vingt ans 9. Métamorphosé en vieillard mendiant (fig. 4898), il est conduit par Athèna chez Eumée10, où arrive bientôt Télémaque qui revient de son voyage d'enquête à Pylos et à Sparte 11. Ulysse recouvre un instant son aspect naturel pour se faire secrètement reconnaître par son fils f2, et tous deux complotent la perte des prétendants 13. Le jour suivant, ayant repris son extérieur misérable, il se rend, avec Eumée, à la ville où Télémaque va de son côté 14. Maltraité par Mélanthios'4, par Mélanthô' 6 et par les prétendants 17, il n'est deviné que par son vieux chien Argos, qui meurt de joie en le retrouvant (fig. 7210) 1s. Il se présente à Pénélope sous le nom d'Aithôn, Crétois (fig. 7211) 19 ; il essaie de raviver son espoir 20 et empêche Euryclée, qui l'a reconnu, de le trahir2l (fig. 7212). Pendant l'épreuve de l'arc, il se découvre à Philoitos et à Eumée29; puis, se lendemain, il va aux champs pour se présenter à Laërte 27. Il doit encore lutter contre les partisans des prétendants conduits par Eupeithès, mais celui-ci une fois mort, Athèna, sous les traits de Mentor, arrête le combat et rétablit la concorde 28. Par ces exploits et à travers ces aventures, un noble caractère 29 s'affirme, où l'intrépidité s'allie à la clairvoyance, et où le dévouement n'est point subordonné au souci du retour. L'Iliade met en lumière « le sang-froid et l'énergie réfléchie » 30 d'Ulysse ; ces qualités, qui n'excluent pas la sensibilité, le distinguent aussi dans l'Odyssée, où il apparaît comme « le type de l'homme ULY 5'19 ULY qui veut parce qu'il aime et qui réussit parce qu'il veut » 1. La beauté poétique de cette image s'achève par sa haute valeur morale 2 : Ulysse « nous offre un raccourci des épreuves et des douleurs auxquelles nous sommes sujets, et il nous donne le spectacle fortifiant du triomphe de l'intelligence associée à l'énergie » 3. Il est vrai que la poésie cyclique et la tragédie altéreront certains traits de cette figure ' ; elles recueilleront des traditions hostiles, dont nous relevons un premier exemple en ce qui concerne la naissance même du héros, que les poètes tragiques représentent comme fils illégitime d'Antielée et du roi de Corinthe Sisyphe '. légende d'Ulysse après Homère est riche et complexe. Pour apporter plus de clarté dans cette matière, il est bon de rassembler, dans leur ordre chronologique, les faits qui se rattachent aux oeuvres épiques postérieures à l'Iliade et à l'Odyssée, oeuvres auxquelles ont largemènt puisé les poètes tragiques. Les Chants Cypriens 6, qui comprenaient les événements de la guerre troyenne antérieurs au sujet de l'Iliade, racontaient comment Ulysse avait essayé de se dérober au départ en simulant la folie '. Palamède, émissaire des Achéens, le trouva labourant avec un boeuf et un chevalé, ou ensemençant la terre de sels. Pour le convaincre d'imposture, il plaça le petit Télémaque devant le soc de la charrue 10, ou menaca l'enfant de son glaive 11. On a, chez les tragiques 12, une réplique de cette légende 13 : Ulysse serait allé à son tour découvrir Achille 1'' caché à Scyros, parmi les filles de Lycomède 16. Lorsque la première expédition des Grecs eut dérivé par erreur sur la Teuthranie, et quand le roi Télèphe eut été blessé par Achille, c'est Ulysse qui, en interprétant un oracle d'Apollon, amena la guérison du malheureux 16 et obtint son appui contre Troie 17. A Aulis, où la flotte rassemblée une seconde fois est retenue par les vents contraires, Ulysse est un des principaux artisans du sacrifice d'iphigénie 18. 11 conseille l'abandon de Philoctète dans l'île de Lemnos 1°. A Ténédos, il apaise une première querelle entre Agaulernnon et Achille 20. C'est de là encore21, ou aussitôt après avoir abordé au rivage troyen 22, qu'il est envoyé en ambassade avec Ménélas pour, réclamer Hélène 23. Pendant le siège, sa gloire était ternie par sa conduite envers Palamède, qu'il noyait traîtreusement au cours d'une partie de pèche 2`. ULY 580 ULY L'A ithiopis 1, qui continuait l'Iliade, héritait naturellement de ses héros. On y voyait en effet Ulysse purifiant Achille du meurtre de Thersite 2; lorsque le Péleide était atteint par la flèche de Pâris, Ulysse repoussait vaillamment les ennemis qui s'acharnaient sur son corps 3. Aussi obtenait-il les armes d'Achille' malgré les prétentions d'Ajax, fils de Télamon qui se tuait de désespoirs, Cette dispute pour les armes d'Achille figurait encore, ainsi que la folie et le suicide d'Ajax dans la Petite Iliade d, épopée dont Ulysse était le personnage principal S'emparant par surprise du devin troyen Hélénos 10, il le forçait à dévoiler les conditions d'où dépendait la chute de Troie 11. Comme il fallait d'abord avoir les flèches de Philoctète 12, Diomède 13, ou, selon d'autres, Ulysse lui-même '£, se rendait à 'cette fin à Lemnos 16 . Ulysse allait ensuite à Scyros pour y chercher le jeune Néoptolème, à qui il remettait les armes de son pères. Pendant que les Grecs, sous la direction d'Épeios, construisent le cheval de bois, il se glisse en espion dans Troie ", sous l'aspect d'un mendiant au visage meurtri, et il s'entend avec Iiélène pour la prise de la ville 16. A peine revenu au camp des Grecs ty, il repart avec Diomède 2° pour conquérir le Palladion 21 (fig. 7214), dont les deux héros se disputent ensuite la possession 22. L'oeuvre d'Ppeios achevée, Ulysse prend place dans le cheval de bois comme chef de l'embuscade 323. La fin de la Petite Iliade 24 et l'Ilioupersis d'Arctinos 23 le montraient dans la ville conquise. Il saccageait la maison de Dèiphobe Fig. 7210. -Ulysseemportant et protégeait Ilélène contre la fureur des Grecs '6. Il sauvait aussi du massacre les fils d'Anténor, llélicaon n et Glaucos 28. Il réclamait la lapis U LY 581 ULY dation d'Ajax, fils d'Oïlée, coupable envers Cassandre'. Mais il précipitait le petit Astyanax du haut des murailles de Troie2, et il était l'instigateur du sacrifice de Polyxène3. Lors du partage du butin, la malheureuse Hécube était attribuée comme captive au meurtrier de ses enfants'. Il est difficile de déterminer quelle place tenait Ulysse dans les Nostoi ; pour les uns, ce poème ne négligeait pas le plus intéressant des Retours 6, et il y était même déjà question du mariage de Pénélope avec Télégonos et de Circé avec Télémaque, ce qui suppose le récit de la fin d'Ulysse'. Selon d'autres, les Nostoi ne comprenaient à son sujet que les aventures antérieures à celles qui font la matière propre de l'Odyssées ; ils contaient le premier départ d'Ulysse en compagnie de Ménélas, après la querelle des Atrides, les nouveaux dissentiments qui éclataient à Ténédos et qui poussaient Ulysse à revenir à Troie' ; le héros s'éloignait. ensuite en même temps qu'Agalnemnon 10, dont la tempête le séparait bientôt; il était aussi question de son séjour à Ismaros 11 et de sa rencontre en ce lieu avec Néoptolème 12 Nous arrivons, avec les dernières années d'Ulysse, au point le plus obscur de sa légende 13. Deux récits de l'Odyssée, relatant un prétendu séjour auprès de Pheidôn, roi des Thesprôtes ", émanent vraisemblablement d'anciennes traditions qui rattachaient Ulysse à l'Épire 1ü, traditions recueillies dans les histoires thesprôtes de Musée f', comme dans la Thesprdtis 17. On signalait à Trampya un culte d'Ulysse 1B, et il est probable que sa mort fut parfois localisée dans ce pays oit, disait-on, il avait fait souche royale". La prophétie de Tirésias" nous ramène à cette contrée, s'il est vrai qu'il faille reconnaître les Épirotes dans ce peuple ignorant de la mer chez lequel Ulysse doit aller offrir un sacrifice à Poseidon 21.11 tais la prophétie de Tirésias situe à Ithaque la fin du héros 22; un doux trépas lui viendra, dans un âge avancé, hors de la mer, parmi ses peuples heureux 23. Cette prédiction si naturelle, faite à un navigateur durement éprouvé, semble avoir déterminé assez tôt, par exégèse, un nouveau développement légendaire 2i, à moins que, inversement, cette autre forme de la légende, étant la primitive et dérivant d'une tradition cultuelle", n'ait été dénaturée par le poète de l'Odyssée ou ses commentateurs 2t, et seulement remise en lumière par les poètes des âges suivants : la mort, pour Ulysse, viendra a de la mer n, sous la forme de l'aiguillon d'u ne raie, qu'un héron, d'après Eschyle, laissera tomber sur la tête du vieillard 27, ou qui, selon Eugammon de Cyrène. formera la pointe de la lance de Télégonos 23. Toutes ces traditions d'origine diverse ont été combinées, vers le milieu du vie siècle, dans la Télé(jonie qui faisait la suite de l'Odyssée. La Télégonie23 partait de la victoire d'Ulysse. Après les funérailles des prétendants, Ulysse offrait un sacrilice aux Nymphes3D, et allait à Élis, chez Polyxène ", pour visiter son fameux bétail32, afin sans doute de remonter ses étables en vue de nouvelles offrandes 33 ULY -5x2ULY De retour à Ithaque, il exécutait le sacrifice prescrit par Tirésias', puis il partait chez les Thesprôtes dont il épousait la reine Callidicè. Avec l'aide d'Athèna, il dirigeait les Thesprôtes dans une guerre contre leurs ennemis, les Bryges. Le fils d'Ulysse et de Callidicè 2, Polypoitès, héritait du pouvoir à la mort de sa mère, et Ulysse revenait alors chez lui. Cependant, le fils qu'il avait eu de Circé, Télégonos, qui courait le monde à la recherche de son père, débarquait à Ithaque et se mettait à piller l'île ; Ulysse volait au combat et tombait, mortellement blessé par la, lance armée d'un aiguillon fatal'. Télégonos, reconnaissant trop tard son erreur, recueillait le cadavre d'Ulysse et retournait auprès de Circé, emmenant avec lui Télémaque et Pénélope. Circé leur donnait l'immortalité et épousait Télémaque, tandis que Pénélope s'unissait elle-même à Télégonos `. mieux la popularité d'Ulysse que ce riche développement littéraire de sa légende dont l'épopée, la poésie lyrique la tragédie, et même la comédie6, se sont emparées tour à tour. Mais sa personne et ses aventures ont aussi joui d'une grande faveur dans le domaine de l'art: Ouatas 7, Lykios, fils de Myron', avaient exécuté sa statue, et quelques oeuvres intéressantes comme la statuette du musée Chiaramonti 9, celle du musée archéologique de Venise i0, le camée du Cabinet des Médailles ", nous offrent encore les traits de l'homme au pilos qu'on retrouve aussi sur les monnaies (fig. 7215) S2. Polygnote faisait d'Ulysse un des personnages de sa Neleyia'a et de son Ilioupersis'4, à Delphes ; il le montrait ailleurs, en compagnie de Nausicaa 15, parmi les filles de Lycomède16 ou auprès de Philoctète t7 ; il représentait, au temple d'Athèna à Platées, la scène tragique du massacre des prétendants te. Le procès contre Ajax1°, le sacrifice de Polyxène °-0 lui donnaient aussi l'occasion d'évoquer la figure du héros. Parmi les artistes des âges suivants, plusieurs imitèrent l'exemple de leur grand devancier : Parrhasios 21, Timanthès 22, Euphranor 23 et d'autres 24, s'inspirèrent de la légende d'Ulysse qui fournit aussi de nombreux motifs aux peintres de vases 26 La mémoire d'Ulysse se perpétuait encore, soit par les fondations religieuses qu'on lui attribuait, en Laconie 26 par exemple, en Arcadie 27, ou sur la côte d'Afrique, dans l'île de Mèninx28, soit par les cultes dont il était l'objet, comme à Sparte où il possédait un hérôon 29, à Trampya en Épire 30, ou à Tarente ". Une chlamyde et une cuirasse du héros étaient conservées en reliques dans le sanctuaire d'Apollon à Sicyone 32, et l'on voyait aussi des armes d'Ulysse parmi les ex-voto d'un temple d'Engyion, en Sicile 33.Comme ilétaitdevenu le type idéal du navigateur et du créateur de cités34,son renoms'étendit bien au delà du bassin oriental de la Méditerranée, et l'on retrouve son souvenir, non seulement en Italie 35, UMB 583 Ui11B mais encore en Lusitanie en Gaule, et jusque dans les pays lointains de Calédonie et de Germanie 2. mologiquement, le nom grec, comme le nom latin, désigne l'appareil qui procure l'ombre, axt, umbra. La même image a passé dans le vocable français ombrelle. Les anciens ont pratiqué l'usage d'appareils s'ouvrant et se refermant comme l'ombrelle moderne et qui les abritaient du soleil et de la pluie. Pour l'Égypte, les monuments figurés n'offrent que l'image d'un grand dais ou parasol fixe, superposé à un lourd chariot. Fait de palmes rayonnantes, l'appareil abrite une princesse éthiopienne des rigueurs du soleil tropical ', Mais en Chaldée, l'usage du parasol, comme attribut royal, est attesté par le témoignage de nombreuses représentations2. Ce raffinement de luxe oriental ne semble pas avoir été introduit dans les cours crétoises ni dans la Grèce mycénienne, où de grands éventails paraissent avoir été seuls usités Ce n'est qu'à partir du ve siècle que les auteurs grecs mentionnent le axt xôstov qui est représenté sur quelques bas-reliefs et vases peints de ce temps. Dans le type le plus fréquent, l'objet est fait d'une pièce d'étoffe ronde tendue sur un certain nombre de baguettes convergentes (virgae)5 par un anneau qui glisse librement le long d'un bâton. Par souci d'élégance, on disposait parfois des effilés à l'extrémité des baguettes, sur le pourtour de l'ombrelle x (fig. 1308, 7218). Un autre type de parasol plat est figuré sur un vase peint° (fig. 7216). Le parasol fermé esl.plus rare; on en connaît une bonne représentation sur un vase italo-grec, où l'on voit un esclave phrygien portant négligemment sur l'épaule une sorte de gros parapluie fermé (fi g.7217) 8. Dans la plupart des représentations, le parasol est porté par un esclave. Les dynastes lyciens n'ont pas laissé que d'obliger leurs serviteurs à ce pénible office, dont les frises de Xanthos et de Trysa nous ont conservé l'image 9. Leparasoldevaitatteindresouventunpoidsnotable, car dans beaucoup de scènes c'est à deux mains qu'il est maintenu 10. Sur un vase attique de la fin du Ve siècle, un Satyre fait l'office d'esclave et tient le parasol audessus de la tète d'une femme qui le précède". Une mosaïque d'Iladrumète représente un philosophe galant ou asservi, comme l'Artémon d'Anacréon, ombrageant une dame romaine'. Enfin, les hommes aussi s'abritent souvent au moyen du parasol' 3. C'est dans la série des vases italo-grecs que cet accessoire, plus propre à la toilette féminine, apparaît le plus souvent. L'école symboliste interprétait ces scènes comme des épousailles mystiques, dont le parasol aurait constitué un attribut important 14 (fig. 1993). Il semble plus juste aujourd'hui d'admettre que la plupart de ces tableaux ont un caractère tout profane et retracent de façon gracieuse les aspects des gynécées" ou des entretiens amoureux (fig. 7218)'x. Dans certains eas,le défaut d'inscription nous laisse incertains sur la nature des personnages, où l'on peut reconnaître de simples mortels ou les héros de la mythologiet7. C'est une conséquence du mouvement général de l'art au ive siècle, qui s'est complu à unifier les images des héros et des hommes et à multiplier les figures allégoriques. Quoi qu'il en soit, nous devons affirmer qu'à l'origine une valeur religieuse était conférée à l'usage du axtzatov, qui apparaissait comme attribut de plusieurs UMB UMB -i8~ divinités, Aphrodite', Éros 2, Déméter et Proserpine3. A Athènes, dans la fête des Skirophories, un parasol blanc était porté en avant du prêtre de Poseidon et de la prêtresse d'Athèna [slIROPIIORhA] 4. On observera la survivance de cette tradition dans le rite du dais qui est porté de nos jours au-dessus du Saint-Sacrement, dans les processions chrétiennes. Dans la procession des Panathénées, les femmes des citoyens avaient seules le droit de se faire abriter avec un axtiôstov. Ce privilège, en rappelant celui des prêtres, marquait une dévotion particulière et semble une allusion, devenue obscure pour nous, aux prérogatives de la déesse. On voit sur la frise du Parthénon des dames athéniennes, ainsi garanties du soleil par des femmes demétèques5. Une stèle gréco-romaine, trouvée à Salonique et rapportée au Louvre, figure à l'arrière-plan trois femmes, la tête nue, marchant en procession et protégées par une ombrelle'. Selon M. Heuzey, ce monument peut être expliqué par les usages athéniens que nous venons de rappeler. A Rome, l'umbella, mentionnée dans plusieurs épigrammes de Martial', était un des attributs favoris des dames élégantes. Un texte de Juvénal atteste qu'elle pouvait servir de parapluie, comme nos en-cas modernes'. L'antiquité a connu aussi des parasols de luxe dorés ou en ivoire'. GEORGES, NICOLE. U~iBIGICUS. I. Baguette de bois ou d'os, sur laquelle était collée l'extrémité du manuscrit, qu'on enroulait ensuite autour de ce noyau [LIBER, p. 1i79l. 11. Nom donné parfois au gnomon' [uonoLoGluI, p.'256].