Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VAGINA

%'AGINA (Ko),Eds). La forme du fourreau dépend nécessairement du type de l'arme qu'il contient. Aussi son histoire a-t-elle été retracée dans ses grandes lignes à l'article GLADIUS (p. 1603). Nous n'avons ici qu'à en préciser quelques points. Rien ne nous est parvenu des fourreaux de l'époque égéenne; sans doute ne comportaient-ils aucune partie de métal'. Dans l'Europe occidentale, ce n'est qu'à la dernière période de l'âge du bronze (vers 11100-1000) qu'apparaissent les bouterolles en bronze ; ce sont des cônes plus ou moins longs, terminés ou non par des boutons plats ou arrondis Bientôt des plaques minces en bronze sont appliquées sur l'âme en bois 3 ou en VAG 623 VAG cuir, et, dès la fin de l'âge du bronze, on trouve en Italie' et en Gaule2 des fourreaux entièrement en métal ; d'autres n'ont en bronze que la bouterolle au bout et, au haut, le passant pour le baudrier Tel devait être le fourreau ordinaire des guerriers homériques' ; quand il est argenté' ou orné d'ivoire 6, c'est une preuve de magnificence princière ; on a trouvé en Étrurie des exemples de ces deux variétés qui peuvent remonter au vme siècle 7. A cette époque, dans les civilisations du Dipylon, de Villanova et de Hallstatt, l'épée de fera remplacé celle de bronze: maisle fourreau reste en bronze. Tant que domine la grande rapière de type mycénien (jusqu'à 800 environ), le bronze forme surtout la bouterolle ; les grandes ailettes qui la caractérisent, droites, relevées ou complètement recourbées, devaient permettre de maintenir du pied la gaine tandis qu'on en arrachait la lame. 11 faut que l'épée tende à se réduire aux dimensions d'une forte dague, ce qui est le cas du type dità antennes, pour que la partie métallique du fourreau se développe : lebout est généralement plein, formé d'un ou plusieurs disques ou globes, offrant une bonne prise à la main qui tient le fourreau, tandis que l'autre tire l'épée ; l'âme en bois peut être ou simplement cerclée d'un ou plusieurs annelets en fil de bronze ou enveloppée par un lacet continu de ce fil 1D, ou bordée par une tige plus grosse du même métal", ou, enfin, entièrement plaquée de bronze 12. Il est possible que ce soient les Gaulois du Norique, possesseurs des plus riches mines de fer du temps, qui aient commencé à fabriquer le fourreau lui-même en fer. En tout cas, clans la gaine, le fer apparaît, dès le vie siècle, parmi les tombes gauloises de la Cisalpine, puis en Étrurie. Le fer est d'abord plaqué sur bois 17, ensuite combiné avec le bronze" ou l'argent ; dans ces derniers cas il s'agit de pièces de luxe qui sont décorées. Au ve siècle, on en trouve des exemplaires tout en fer en Espagne : les Romains ont dû adopter ce fourreau de fer avec le gledius hispanicus 16. Dans ce fourreau de fer, la bouterolle n'est plus que pièce de renfort et ornement; une autre pièce de renfort, placée sous la cuvette, forme anneau pour recevoir la chaîne qui la rattache à la ceinture i7, et la face antérieure du fourreau commence à s'orner des dessins géométriques qui lui resteront dans l'équipement romain : filets rectilignes", stries concentriques i9, cercles espacés 20, spirales séparées 21 ou méandres continus22. Une belle pièce de bronze, datant du Latène I (vers 500 avant J.-C.), montre même des personnages (fig. 72ii`i) 23; enfin l'effet ornemental peut être obtenu en découpant le cuivre qui forme ainsi applique sur l'armature de bois 24 Nous n'avons parlé jusqu'ici que du fourreau pour poignard droit à deux tranchants, sauf polir quelques exemplaires de l'Italie du Nord qui sont des sortes de coutelas 25. Au nord-est du monde grec, de la Thrace avec sa Sica à la Perse avec son altinalcès, c'est la dague à un tranchant qui domine, qu'elle soit droite ou plus ou moins recourbée. Un certain nombre d'exemplaires des fourreaux de ces dagues ont été cités aux articles AcINACES et SICA. Il nous reste à dire quelques mots des magnifiques fourreaux de luxe que les tumulus de la Russie méridionale ont fait connaître, pour une période qui s'étend du Ive siècle avant au ne siècle après J.-C. -'0. Ces fourreaux devaient s'adapter à des dagues à un ou à deux tranchants, généralement droites, longues de 0 m.40 à O ln. tt~ 27 Elles sont le plus souvent en fer, lame et poignée formant une seule pièce ; la poignée était ornée de plaques de bronze, d'or ou d'ivoire ciselées sur le montant disposé à cet effet ; le pommeau forme généralement une barre droite 28, parfois relevée aux extrémités en antennes 29 ou se terminant en mufle d'animal 30 ; ce qui caractérise surtout cette dague, c'est la garde qui a l'aspect de VAG 624 VAG deux ailerons ou d'un coeur aux lobes fortement marqués, aspect bien connu par le kriss malais. Cette garde, souvent très ornée, devait être protégée par le fourreau ; il a donc dû s'évaser au sommet également en forme de coeur; au côté gauche de cette partie saillante, faite à l'ordinaire d'une plaque spéciale, se détache un appendice plus ou moins allongé; c'est cet appendice qui est percé d'un trou par oit passe la lanière qui rattache la dague au côté droit de la ceinture (fig. 57)Tel est l'accessoire, dit pax-1,Ç par Ilérodote, qui parait avoir causé la mort de Cambyse en se détachant un jour qu'il sautait de cheval ; sortant aussitôt du fourreau, la dague s'enfonça dans sa cuisse Ce ressaut, permettant à l'arme de se balancer librement sur le flanc, était nécessaire chez un peuple de cavaliers ; serrée à la ceinture, la dague eût gêné les mouvements. Si l'on ajoute que, pour assurer plus de jeu à la dague, le fourreau s'évasait le plus souvent à l'extrémité inférieure, qu'il y était parfois même muni d'une pièce spéciale de renfort', on aura passé en revue tous les détails qui caractérisent le fourreau de la dague scythique. Mais il faut se reporter aux grandes publications sur les antiquités de la Russie méridionale, pour se rendre compte de la richesse avec laquelle étaient ornés les fourreaux des seigneurs scythes. Pour eux, sur de minces feuilles d'or, plaquées sur des armatures en bois ou en cuir rigide, les artistes des villes grecques du littoral multiplièrent, tant au repoussé qu'en ciselure, toutes les fantaisies de leur imagination'. Dans l'exemplaire reproduit, celui de Tchertomlitsk, le ressaut montre un griffon déchirant la tête d'un cerf ; sur la gaine s'allonge une scène qui représente un combat de Scythes et d'Amazones contre des Grecs (fig. 59) La prédilection de ces nomades paraît être allée aux scènes de chasse: griffons chassant des cerfs a, griffons ou sphinx tirant de l'are 7, archers à cheval chassant le lion a, tels sont les sujets qu'on rencontre sur les pièces dont l'aire s'étend de l'Oxus à Vettersfelde en Lusace3. Ce type de fourreau n'a pas disparu avec les Scythes : il est possible que les Gaulois d'Orient leur aient emprunté les riches fourreaux de leurs dagues à tete d'aigle, tels qu'on en voit aux trophées de Pergame (fig. 3610)10et au côté du Gaulois du Capitole; en Orient,.ils se sont maintenus longtemps dans la Perse des Sassanides ; en Occident, il est vraisemblable que, par l'entremise des Goths, ils sont ventis servir de modèle à certains beaux fourreaux à garniture d'or cloisonnée de gemmes, destinés à la sc1°amasax des Alamans et des Francs" Le fourreau de l'épée des légionnaires a été décrit à l'article GLADlus, page 1606, où est également reproduit le plus connu des fourreaux de luxe, celui de l'épée dite de Tibère (fig. 3619)12, et on a figuré à l'article Putto (fig. 5873) une autre belle pièce inscrite au nom de la légion à laquelle appartenait son porteur. Nous n'ajouterons ici que quelques indications complémentaires pour la décoration. Elle peut être appliquée, sous forme de feuilles debronze découpées, d'un travail ajouré souvent très fin, sur une gaine de cuir oit il n'y a, comme pièces métalliques, que celles qui forment la bouterolle, la cuvette et les deux porteboucles : telle est l'épée de Pompéi reproduite à la figure 7243i3 ; et c'est sans doute à ce typo (sans ornement appliqué) que se conforment les fourreaux des légionnaires pareils à celui de la figure 5874, tandis que les soldats de la figure 1494 portaient plutôt un fourreau tout, en cuir, n'ayant qu'un pourtourcomplet en fer''. Des ornements variés se voient sur d'autres exemplaires. Parmi ces ornements, un des plus goûtés parait avoir consisté en spirales continues ou méandres, comme en porte une pièce de Karlsruhe, signée Aquis ffel(reticis) Gemellianus (fecit) 15, et comme les monuments en montrent assez fréquemmentf6. De pareils ornements ne peuvent avoir été qu'incisés; ils supposent par conséquent que la gaine était entièrement recouverte d'une feuille de bronze. Mais les fourreaux en bronze plein, trop lourds pour des épées, paraissent n'avoir été adaptés qu'aux poignards Pour varier la décoration, on a eu recours à l'argent niellé et àl'émail rouge (fig. 7`244) 18; la partie la plus riche était en général la pièce formant la cuvette sous la garde de l'épée ; elle montre souvent des personnages travaillés VAL 625 VAL au repoussé (cf. fig. 4814) ' ; sur le reste de la gaine, un ou plusieurs médaillons peuvent être encastrés 2. Mais la seule pièce dont la décoration soit assez riche pour pouvoir rivaliser avec celle de l'épée de Tibère et elle la rappelle trop pour n'en être pas contemporaine est une trouvaille récente faite à Strasbourg (fig. 7'245). Sur ce fourreau en bronze doré, ou voit, à la partie supérieure, qui est rectangulaire, un foudre ailé, à la partie inférieure, qui est triangulaire, une colonne à chapiteau à volutes, de type oriental, supportant deux griffons ailés ; de part et d'autre de la colonne, on rencontre en descendant une paire d'ailes, une paire de dauphins, et une paire de pelles ; la colonne repose sur une pièce qui figure un aigle tenant un serpent dans son bec; en haut et eu bas de la partie rectangulaire, deux cercles métalliques viennent assurer son adhérence; celui du bas est orné d'un laurier, celui du haut porte l'inscription du fabricant : Q. 1Vonienus Pude(1t;s ad ara m) f(ecit)3. A. Rrlv.lcu. VALETUDINARIUM. Infirmerie, hôpital. Quoi qu'on en ait dit', il ne semble pas certain que l'antiquité grecque ait connu des hôpitaux, soit publics, soit privés. Les textes que l'on a mis en avant [MFnncus, III, p. 1685] prouvent seulement que les médecins des villes ou les médecins particuliers tenaient des cabinets de consultation, auxquels quelques lits pouvaient être annexés pour les cas les plus graves. Riches et pauvres étaient, suivant toute probabilité, soignés à domicile. Le silence relatif des auteurs et le silence absolu des inscriptions semblent bien prouver que de véritables hôpitaux n'ont jamais existé. On peut en dire autant de la période romaine. Là encore nous ne trouvons d'allusion, du moins pour l'époque républicaine, qu'à des officines privées, dirigées surtout par des médecins grecs [SIFnlcus]. Il faut attendre l'époque chrétienne pour voir naître des hôpitaux en Italie. Le premier qui ait été fondé est celui qu'une noble darne du nom de Fabiola installa dans une maison de campagne qui lui appartenait, en 3802. Il ne pouvait pas en être de même dans les grands domaines et dans les maisons où Poli entretenait un nombre d'esclaves considérable, tout particulièrement dans la maison impériale ; là il fallait bien aménager des infirmeries3. Des esclaves y étaient attachés comme infir IX. miers et méme comme directeurs (a valetudinario'-, ad valetudinarium 5, supra valetudinarium e). Ce que nous connaissons le mieux ce sont les hôpitaux militaires '.IIygin nous apprend que pour un camp de trois légions on établissait un valetudinarium, et plusieurs pour un camp de cinq ou six'. Quand il n'y eut plus qu'un camp par légion, chacune avait le sien °. Le service médical y était confié à un des médecins de la légion. Quant à la partie administrative, elle était confiée à des officiers hors cadre, qu'on trouve mentionnés sous le nom d'optiones valetudinarii 1 °. Le soin des malades incombait à des infirmiers", que les inscriptions désignent sous le nom de capsarii, les capsae étant les caisses où se conservaient les médicaments, les pansements, les instruments [GAFSA]. Ilygin place les hôpitaux, dans un camp, à droite et à gauche du praetorium, le long de la via sagularis''. Dans les quelques camps permanents de l'époque impériale que l'on a fouillés, il est difficile de déterminer à quel édifice il convient de donner le nom d'hôpital ; les identifications de cette sorte qui ont été faites ne semblent pas