Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VALLUM

VALLUM. Tous les ouvrages de fortification romaine, aussi bien ceux qui entouraient les camps que les lignes de circonvallation, ou les lignes défensives élevées sur les frontières, se composaient de deux parties: un fossé et un talus, élevé au moyen des terres extraites du fossé. Celui-ci se nommait rossa ; le talus portait le nom d'agger. Ce terme s'applique même aux remparts construits avec des matériaux plus solides, comme des pierres, du gazon, des amas de bois [ALGER]. Sur cet agger il était d'usage de planter des palissades pour élever le retranchement, comme aussi pour permettre aux défenseurs de voir le terrain qui s'étendait à leurs pieds, et de tirer, ce qu'ils n'auraient pu faire avec un mur de terre plein devant eux. C'est à cette palissade qu'on applique proprement la désignation de vallum. La distinction entre l'agger et le vallum est très nettement faite par Végèce : Sublati caespites ordinantur et aggerem faciunt, supra quem valu, floc est sudes et tribuli lignei, perordinemdigeruntur.C'estl'assemblage de valu [vaLLus] qui constitue le valluul2. Cette distinction résulte aussi de passages d'auteurs où sont mentionnés l'un à côté de l'autre le talus et la palissade '. Les éléments qui constituaient le vallum étaient, nous dit Tite-Live des branches fourchues assez légères pour qu'un seul homme pùt en porter plusieurs ; une fois plantées, elles formaient une barrière infranchissable ; car les ramifications en étaient tellement enchevêtrées l'une dans l'autre qu'on ne pouvait les arracher à la main. Jusqu'à la fin de l'empire les soldats romains emportèrent avec eux, dans leurs marches, des bois de cette sorte pour garnir le retranchement à leur arrivée au camp Quand on avait le temps d'établir une fortification un peu durable, ces branches étaient remplacées par des pieux plus gros enfoncés en terre et formant une palissade ; il semble même que dans certains cas on ait élevé des palissades sans agger 6 : ce sont des défenses de cette nature que l'on voit représentées sur la colonne Trajane(fig. 7247)1 et sur la colonne de Marc Aurèle8. La distinction entre le vallum et l'agge/. n'est pas toujours observée, même par les auteurs qui la connaissent et en tiennent compte dans certains cas ; la plupart du temps, par le mot vallum les écrivains, considérant la partie pour le tout, désignent l'ensemble du retranchement. C'est ainsi que César3 raconte qu'un certain jour, pour que ses travaux ne furent pas aperçus de l'ennemi, il fit creuser un fossé, mais défendit d'établir un vallum qui, étant proéminent, aurait été vu de loin. De même Hygin 't' écrit que le vallum doit être bâti de gazon, de pierres ou de blocage. De même encore, pour désigner le mur de défense établi en Bretagne par les empereurs, on emploie tantôt courus, tantôt vallum" Pareillement les inscriptions de l'époque impériale donnent au mot vallum le sens de rempart, quelle qu'en soit la construction. Nous savons que le mur d'Antonin le Pieux en Bretagne était un niurus caespiticius 12 ; pourtant, dans deux dédicaces à Antonin tracées sur place, il est question de l'opus valu''. Pris dans ce sens étendu, le mot vallum devient synonyme d'un certain nombre de termes dont il a été parlé ailleurs [AGGER, LIMES, MUNITIOI et sur lesquels il n'y a pas lieu de revenir. R. CACNA1'.