Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VASA

VASA ('A r Eice). [Cet article est surtout consacré aux vases de terre cuite', car les spécimens innombrables de cette industrie permettent de l'étudier dans tous les détails. Pourtant nous ne nous sommes pas privés, quand l'occasion s'en présentait, de parler des vases de pierre ou de métal, dont les exemplaires nous sont parvenus en moins grande quantité (voir en particulier les sections relatives aux vases plastiques et aux vases à reliefs). On consultera d'ailleurs pour les vases de métal l'article CAELATURA et pour les verreries l'article VITRUM. Dans la partie historique nous avons laissé de côté les céramiques à proprement parler orientales, comme celles de l'Égypte de l'Élam 3, de la Palestine bien qu'elles aient pu avoir à certains moments une influence active sur l'évolution de la poterie hellénique. Mais nous ne devons nous occuper ici que des antiquités grecques et romaines. Nous envisagerons d'abord la série des vases à décor incisé ou peint ; nous formerons ensuite deux autres groupes avec les vases à forme plastique et les vases à reliefs 5.' 1. HISTORIQUE. 1° VASES A DÉCOR INCISÉ OU Du BRONZE. Sauf pour la céramique crétoise et mycénienne, étudiée en détail, une grande incertitude règne encore sur le classement et la chronologie des céramiques préhistoriques de la Grèce°. C'est donc la poterie crétoise que nous prendrons comme point de départ pour établir la succession des séries les plus anciennes. Crète. L'époque du cuivre et du bronze est précédée, en Crète, d'une époque néolithique ' assez longue, durant laquelle, outre la poterie commune, deux genres principaux de poteries sont employés : une poterie à décor géométrique incisé rempli d'une matière blanche (fig. 7250) s , et une poterie dont la surface, soigneusement polie, est d'un beau noir lustré. Cette seconde sorte est sans doute le prototype de la poterie à fond noir, dont la fabrication n'a jamais cessé en Grèce tant qu'a duré l'industrie céramique ; et probablement aussi l'éclat noir de sa surface a contribué à faire chercher et trouver le vernis noir brillant, qui est usité en Crète dès le minoen primitif et dont dérive le fameux vernis noir des vases attiques. La poterie a été extrêmement, florissante en Crète pendant l'âge du cuivre et du bronzes, que l'on peut approximativement dater de 3000 à 1100. On lui donne l'appellation conventionnelle de « minoenne » et on la répartit chronologiquement en trois périodes : minoen primitif, minoen moyen, minoen tardif. Chacune de ces périodes est elle-même subdivisée en groupes moins importants. Nous adoptons le classement proposé en dernier lieu par M. Reisinger, classement qui est le plus simple et parait répondre le mieux à la réalité. Minoen primitif. Le style minoen primitif'° est uniquement géométrique. Le minoen primitif I emploie VAS 629 VAS les mêmes motifs géométriques rectilignes que l'époque néolithique, mais ils sont peints au lieu d'être incisés (fig. 721)'. Le tour semble entrer en usage. Dans le minoen primitif II (qui correspond aux early minoan Il et III de la classification d'Evans), on voit apparaître les motifs géométriques curvilignes, en particulier cette f o r m e primitive de la spirale que constituent des cercles réunis par des tangentes. Le tour est découvert. Durant tout le minoen primitif le décor est également peint en noir sur fond clair et en blanc sur fond noir. Minoen moyen. Cette période' est caractérisée par le développement de la polychromie et par la nature essentiellement décorative de la peinture. Le minoen moyen I est une époque de transition entre le minoen primitif et le minoen moyen ; on fait l'essai de la polychromie ; les motifs curvilignes achèvent de se constituer. Le minoen moyen II (appelé aussi époque de Kamarès) marque l'apogée de la polychromie, fig. 72h2) 3. Les couleurs orange, rouge, cramoisi, jaune, sont employées en plus du blanc et du noir. En même temps qu'aux motifsgéométriques, onrecourtauxmotifsvégétaux,mais traités d'une façon toute décorative ; on les combine avec les motifs géométriques, on les dispose et on les teinte sans aucun souci de laréalité; on se préoccupe seulement de créer des alliances harmonieuses de lignes et de couleurs. Bien que la peinture noire sur fond clair persiste, la peinture claire sur fond noir est de beaucoup la plus répandue. A cette époque la technique de la fabrication atteint une grande perfection, et les vases sont souvent remarquables par l'extrême minceurdesparois. Minoen tardif. Durant cette dernière époque de la céramique crétoise, la technique de Kamarès (c'est-à-dire le décor polychrome sur fond noir) dure encore, mais l'emploi en est rare et l'exécution des vases ainsi décorés devient grossière. La polychromie décline et disparaît peu à peu. Pendant le minoen tardif 1 (qui correspond au middle minoen III et au lace minoan I d'Evans) on peint encore en blanc sur fond noir, puis la peinture noire sur fond clair l'emporte et reste presque seule en usage. Ce qui caractérise cette période, c'est l'apparition du style naturaliste. Les motifs végétaux (plantes, fleurs) révèlent une observation attentive de la réalité, dont l'artiste met tous ses soins à reproduire la souplesse et la grâce ; les motifs ...marins (poissons, mollusques, coquillages) son aussi très usités et traités de façon vraiment vivante. Dans le minoen tardif II (appelé aussi style du Palais), on emploie les mêmes motifs, mais ils subissent une stylisation qui en accroit!'effet déco ratif, quoiqu'elle leur enlève de la vigueur et de la fraicheur. Les vases de cette époque sont surtout de grandes amphores, auxquelles ce décor s'adapte, d'ailleurs, parfaitement (fig. 7253) 4. Outre les vases, la production céramique comprend un grand nombre de beaux sarcophages en terre cuite peinte, couverts d'ornements, de poissons, d'oiseaux, etc. rSARCOPnAous, fig. 6099]. Enfin le minoen tardif Ill «ou mycénien) conserve les motifs végétaux et marins (fig. 7254) 6, auxquels s'ajoutent des motifs animaux (oiseaux) et des motifs géométriques curvilignes ; les motifs empruntés à la nature sont encore plus simplifiés et stylisés que dans le minoen tardif II; l'exécution est souvent défectueuse et hâtive. Une des formes les plus employées à ce moment est l'amphore dite à étrier, vase muni d'une anse plate et d'un goulot adaptés tous deux sur sa partie supérieure (fig. 7250 7. L'histoire de l'industrie céramique dans le reste des pays grecs est celle de leur conquête progressive par l'industrie crétoise 8. Naturellement cette conquête s'opéra avec plus de rapidité dans les régions voisines, fut plus lente dans les pays lointains, mais, à l'époque du minoen tardif III, saufdans quelques contrées reculées, elle était accomplie. Voyons comment se réalisa cette unification des styles. La Crète étant la seule contrée où soit sûrement attestée l'existence d'un âge néolithique, ce qui suit ne concerne que l'époque du cuivre et du bronze. Cyclades. On trouve d'abord dans les Cyclades 3, comme en Crète, une poterie à décor géométrique incisé FIAS 630 VAS (fig. 7236 )l ou, plus rarement, estampé. C'est la seule qui existe à l'époque dite de la Ire civilisation cycladique. Un groupe curieux est formé par les vases dont le fond porte imprimées les traces d'un treillis ou de feuilles; cette particularité est probablement due à l'habitude de poser les vases encore mous, pour le séchage, sur des treillis en vannerie ou sur des feuilles. Pendant l'époque de la lie civilisation cycladique, le décor estampé augmente d'importance et est plus employé que le décor incisé ; les motifs ne sont plus exclusivement géométriques (représenta fig. 5256. Décor géométrique lion de bateaux) ; enfin le incisé des Cyclades. décor peint fait son appa rition. I1 est appliqué en noir mat; d'abord purement géométrique, il s'élève bientôt à la reproduction des animaux, en particulier des oiseaux, et même de l'homme. Cette sorte de poterie se trouve aussi au même moment en Attique et en Argolide: elle parait donc avoir eu une grande importance et représenter la poterie indigène des îles et du littoral voisin avant les influences crétoises; il est d'ailleurs vraisemblable qu'elle continua à subsister, en même temps que la poterie introduite avec ces dernières, pour reprendre une nouvelle vie au début de l'époque du fer. Théra et Mélos, les îles les plus proches de la Crète, ont les premières subi son action. Dès l'époque de Kamarès, on y trouve à la fois des importations et des imitations locales de la poterie crétoise. Imitations et importations deviennent très importantes pendant le minoen tardif I ; bien que le minoen tardif II y soit peu représenté, on peut, dans le domaine de la céramique, considérer, à partir de ce moment, Théra et ,111élos comme des provinces crétoises; ce n'est pourtant que dans le minoen tardif III que la peinture en noir lustré, caractéristique de la poterie crétoise, l'emporte sur la technique locale du noir mat et que l'assimilation est complète (fig. 7257 et fig. 7258) Dans les Cyclades septentrionales et centrales, telles que Syros, Délos, Paros, l'influence de la Crète semblen'êtreparvenuequebeaucouppluslentement, et l'on n'en trouve pas trace avant l'époque mycénienne. Péloponnèse. Il faut distinguer nettement la côte orientale et la côte occidentale. Sur la côte orientale les fouilles de Mycènes, de Tirynthe, d'Argos 3, ont fait connaître d'abord une sorte de poterie recouverte d'un vernis noir c raquelé, que l'on désigne sous le nom de vernis pri mitif (Urfrniss) ; l'usage de cette poterie est également attesté dans la Grèce centrale et septentrionale, mais elle paraît être origi naire d'Argolide. Ensuite a été fabriquée la poterie à décor noir mat, dont de très nombreux représentants se sont trouvés dans les tombeaux à puits de Mycènes; à ce moment (minoen tardif 1) commence une très notable influence de l'industrie crétoise; mais il est particulièrement difficile de distinguer ce qui est importé et ce qui est dû à des ateliers locaux ; probablement y a-t-il eu surtout des importations jusqu'à l'époque du minoen tardif III. Par contre, à ce moment, les ateliers céramiques deviennent extrêmement actifs tout autour du golfe d'Argos. 11 faut même remarquer que c'est presque exclusivement en Argolide (et à Chypre, mais dans de tout autres conditions; cf. ci-dessous, fig. 7266) qu'on rencontre des vases mycéniens avec représentation des grands quadrupèdes ( fig. 7259) et de la ligure humaine (fig. 7260) L'évolution paraît avoir été à peu près la même en Laconie 5. Sur la côte occidentale, les beaux vases trouvés à Pylos de Triphylie (Kakovatos) té ----n'oignent pour le minoen tardif I et II de l'existence d'un atelier local, faisant des imitations excellentes des vases crétois ; la perfection de ces imitations est même telle qu'on peut supposer l'établissement dans la contrée d'une colonie de potiers crétois (fig. 7261) La céramique indigène semble, en effet, dans ces parages très peu développée; les dernières fouilles d'Olympie s donneraient même VAS à penser qu'à l'époque du bronze on ne dépassa, dans cette contrée, que de façon tardive et très exceptionnelle le stade de la poterie à décor géométrique rudimentaire incisé. On peut en tout cas l'assurer pour l'Arcadie, où l'on a trouvé seulement quelques fragments mycéniens'. -La céramique des îles Ioniennes « Céphalonie, Leucade) paraît présenter les mêmes caractères que celle de la côte occidentale de Grèce. Attique. Antérieurement à la céramique à peinture mate, on ne rencontre que de la poterie à décor géométrique incisé La céramique à peinture mate est principalement représentée par les trouvailles d'Aphidna 4 ; le décor en est uniquement géométrique et reste très inférieur à celui des vases de même technique fabriqués à Mélos ou en Argolide. Les importations crétoises commencent avec le minoen tardif I ; à l'époque du minoen tardif III le style mycénien envahit l'Attique Grèce centrale et septentrionale G. Contrairement à ce qu'on avait cru tout d'abord, les débris les plus anciens trouvés dans cette région ne paraissent pas remonter au néolithique pur, mais à une époque de transition énéolithique où, bien que l'on connût l'usage du bronze, on se servait encore surtout d'instruments en pierre. Cette période énéolithique est caractérisée par une très belle poterie à décor géométrique généralement rectiligne, rouge brillant sur fond blanc. Cette poterie, qui se rencontre également en Béotie, en Phocide et en Thessalie, paraît se rattacher aux poteries des peuples balkaniques ; elle témoigne d'une technique et d'un goût très avancés, supérieurs à ceux de la poterie minoenne primitive usitée en Crète à la même époque. Si-des circonstances inconnues n'en avaient entraîné la brusque disparition, cette industrie venue du nord aurait pu lutter avantageusement avec l'industrie venue du sud, et peut-être la poterie de l'âge du bronze grec se fût-elle développée, non sous l'influence crétoise, mais sous l'influence balkanique (fig. 7262) 7. Après ce règne de la poterie à décor rouge sur fond blanc, il faut étudier séparément, d'une part la Thessalie, de l'autre la Béotie et la Phocide. Dans la Grèce centrale, c'est une poterie de terre gris terne, faite au tour, généralement sans décor peint, qui paraît être l'industrie nationale ; on la désigne sous le nom de poterie minyenne G. Bien qu'on 631 VAS la trouve en Thessalie, dans le Péloponnèse et jusqu'à Mélos, l'abondance des fragments minyens trouvés en Phocide et en Béotie, principalement à Orchomène, semble indiquer que là a été son centre de diffusion. Pourtant l'action crétoise se fait sentir dans cette région dès une époque reculée ; dès le minoen primitif II on constate des imitations de produits crétois, mais ces imitations, qui continuent durant le minoen moyen, sont peu nombreuses et ont dû rester la spécialité d'un petit groupe. Avec le minoen tardif I commence une notable importation, qui aboutit avec le minoen tardif III à l'établissement du style mycénien. Ce progrès de l'influence crétoise n'empêche d'ailleurs pas, pendant toute cette période, la fabrication de la poterie minyenne de rester active. -En Thessalie (mais peut-être seulement dans la région de Larissa et de Volo), à la poterie à décor rouge sur fond blanc succède une poterie à décor noir sur fond rougeâtre ; le décor reste géométrique, mais le méandre et la spirale y jouent un rôle important. Pendant la période qui suit, la quantité et la qualité de la poterie peinte diminuent beaucoup et l'on trouve surtout des vases monochromes. On constate à Volo l'importation de vases minoens tardifs I ; mais l'action de la Crète ne s'exerça jamais fortement sur cette région, même à l'époque mycénienne 9. Il est curieux que l'industrie thessalienne, si brillante au début de l'époque du bronze, ait ensuite décliné et ne se soit jamais relevée. Asie Mineure et Rhodes. Il faut distinguer nettement la partie sud avec Rhodes et la partie nord. Dans la partie sud, à Milet, à Rhodes (fig. 1460), on constate, à l'époque du minoen tardif III, une fabrication très active et très perfectionnée de vases mycéniens (fig. 7263)10 Mais, avant ce moment, on ne trouve pas trace d'influence crétoise. De ce fait, qui paraît surprenant vu la proximité de la Crète et du littoral asiatique, Hogarth I' a donné une explication vraisemblable en supposant que les Hittites avaient étendu leur domination jusqu'à la mer Égée et que les côtes d'Asie s'étaient ainsi trouvées soustraites à l'envahis sement des produits crétois. Quant au nord, il resta, pendant toute l'époque du bronze, à l'écart des autres régions égéennes; la poterie indigène, comme celle d'Hissarlik, y est une poterie à décor géomé trique incisé, rarement peint, qui rappelle la poterie phrygienne 1`3. 11 faut aussi remarquer une série de vases dont les formes reproduisent celles du visage humain ou de l'animal (fig. 7264)13. A l'époque du minoen tar 632 VAS V'AS dif III, on constate l'importation de vases mycéniens donnant lieu à quelques imitations, mais cette influence est en somme peu importante; la trouvaille d'un beau vase tel que l'amphore de Pitané 1 est restée exceptionnelle dans cette région. Chypre. Malgré son éloignement, qui a donné à sa céramique un caractère très particulier, Chypre est sous l'influence égéenne 2. L'industrie de l'île traverse d'abord le stade de la poterie à décor géométrique incisé ; le décor de ces vases n'a rien de spécial, mais la technique est remarquable par la perfection du polissage et par ce bel éclat rouge donné à la surface, qui restera, pendant toute l'antiquité, une spécialité chypriote (fig. 7265) A cette poterie incisée succède une poterie à décor géométrique très simple, noir ou blanc, dont les représentants sont surtout des bols sans pied et dont l'usage persiste jusqu'à la fin de l'époque du bronze. Les importations crétoises commencent dès l'époque de Kamarès,mais restent rares. C'est sous l'influence de l'art oriental, combinée avec celle de la Crète, que se forme le style mycénien-chypriote dont les très nombreux exemplaires attestent la prospérité ; il est remarquable à la fois par la fréquence des figures de quadrupèdes, de monstres, d'hommes, et par la composition lâchée, l'exécution négligée des représentations (fig. 7266) 4. [Italie et Sicile. En Italie, pendant l'époque néolithique, les poteries de terre noire et grossière, façonnées à la main, offrent à peine quelques ornements incisés ou des saillies en bossages irréguliers 3. En Sicile, des coupes d'une facture plus soignée, avec un décor incisé en raies parallèles, se rattachent à tout un ensemble répandu dans l'ouest de l'Europe a ; d'autres ont des formes déjà élégantes, qui semblent attester des influences étrangères ; quelques ornements sont en couleur noire sur fond rouge 8. Ce serait la première période sicule, touchant déjà à l'époque énéolithique. Des importations crétoises et mycéniennes ont été constatées en Sicile comme dans l'Italie méridionale, et jusque dans le fond de l'Adriatique'. Sous ces influences, et concurremment avec les poteries incisées, la céramique se développe encore : coupes à pied tubulaire, coupes à hautes anses, offrant des analogies avec Troie et la Crète; peinture en blanc, rose ou rouge, ou en noir sur fond rougeâtre, en festons et entrelacs10. D'autres objets décorés, et les métaux, ont fait penser que dès cette époque reculée (entre 2000 ans et 1500 av. J.-C.) des relations commerciales devaient exister entre la Sicile et l'île de Chypre, par suite avec l'Orient t i Dans la vallée du Pô, avec l'âge du bronze, et peutê tr e l'introduction d'une nouvelle race venant à travers les Alpes par le nord de l'Italie, à l'époque dite des terramaresl2, placés durant le second millénaire av. J.-C., on voit naître une céramique inférieure à la précédente et plus barbare, sans l'anse lunulée joue un rôle caractéristique (fig. 7267)13, parfois avec mamelons et bossages rappelant I3issarlik. Les outils, armes et ornements en bronze sont très nombreux et beaucoup plus soignés que la céramique 16. Les terramares subsistent jusqu'au commencement de l'âge du fer (fin du second millénaire av. J.-C.) où se produisent de nouvelles immigrations de peuples et de nouvelles invasions Sri [Espagnes3. La péninsule ibérique a fourni en abondance des poteries dont quelques-unes ont l'aspect le plus ancien, mais dontla chronologie est encore discutée. On y trouve d'abord des poteries de travail indigène incisées, parfois avec incrustations de pâte blanche, qui ressemblent aux poteries préhistoriques du bassin oriental de la Méditerranée et de l'âge néolithique '7. Mais le décor peint est beaucoup plus abondant. A côté des vases communs, dont la panse est égalemnerit entourée de filets plus ou moins larges, un grand nombre de poteries portent une ornementation de motifs géométriques très variés, où le cercle et le demi-cercle, le losange, les dents de loup, les traits ondulés, les lacis jouent un rôle important ; 633 VAS VAS puis c'est du végétal stylisé, feuilles, rinceaux, spirales (fig. 7268) 1, enfin et plus rarement des oiseaux, des chevaux, des personnages 2. Les ressemblances de style avec la céramique mycénienne et surtout postmycénienne, avec les vases de Chypre, avec les vases géométriques de Grèce et d'Italie, sont nombreuses On a discuté beaucoup sur les dates. Faut-il, avec M. Paris et M. Evans 4, admettre une concomitance à peu près exacte de dates entre cette céramique et celle de Mycènes, ou même celle de Crète, et faire remonter dans le second millénaire le point de départ de cette industrie? Faut-il admettre une survivance tardive du mycénien, analogue à celle qui s'est développée à Chypre, en Italie, pendant la période orientalisante du vine et du vie siè cle, et qui ensuite se serait prolongée par tradition et par routine jusqu'à la date de fabrication des vases peints grecs, jusqu'aux ive et lue siècles, et même à l'époque romaine °? Les dernières recherches (fouilles de Numance) indiquent nettement que les différentes stratifications archéologiques se sont superposées dans l'ordre suivant : néolithique à terre noire et dessins incisés ou estampés, style géométrique à peinture noire sur fond clair, auquel s'adjoint et se mêle le style curviligne analogue à un mycénien tardif, style plus développé avec figures d'animaux, rappelant le décor chypriote, sujets à personnages d'une exécution barbare '. Cette céramique a rayonné aussi au delà des Pyrénées ; on en a trouvé dans le midi de la Gaule des spécimens, soit importés, soit dérivés 7.) l'art minoen tardif III ou art mycénien, qu'à la lin de l'époque du bronze nous voyons établi dans tous les pays grecs, disparut-il ? Cela est dû sans doute à des circonstances historiques, probablement à une invasion venue du nord, mais le détail de ces événements nous échappe. Nous constatons seulement que la décoration mycénienne cesse d'être en usage et qu'elle est remplacée, aux envi IX. rons du xe siècle, par la décoration dite géométrique. On désigne sous ce nom un style dont les motifs linéaires sont dérivés de la droite ou du cercle et dont les motifs, végétaux, animaux ou humains, sont eux-mêmes déformés de façon à rappeler le plus possible des figures géométriques. Les éléments du décor sont disposés sur les flancs du vase en bandes parallèles séparées par des lignes; les représentations de quadrupèdes et d'hommes sont toujours peintes en silhouette noire sur fond d'argile clair. Des motifs dits de remplissage sont disposés dans le champ des scènes, de l'acon à laisser vide le moins d'espace possible. A vrai dire, le passage du mycénien au géométrique ne se fit pas brusquement ; les vases du type des tombeaux de Salamine 9, où le caractère mycénien prédomine encore mais où l'élément géométrique est déjà très important, montrent le mycénien se survivant à luimême ; d'autre part, les plus anciens vases géométriques, tels que ceux des tombeaux de l'Acropole 10 ou certains vases de Ithodes1l, font connaître un style géométrique encore à ses débuts, qui n'est guère plus développé que le style prémycénien à peinture mate. On semble donc fondé à le regarder comme une simple renaissance de ce dernier. Mais, à l'école des Crétois, les potiers de toute la Grèce avaient appris d'abord à fabriquer le vernis noir brillant, puis à composer un décor adapté à la forme du vase. Ainsi s'explique que le style géométrique postrnycénien soit si supérieur, techniquement et décorativement, au style géométrique de l'âge du cuivre et du bronze'd L'histoire des céramiques de cette dernière période nous offrait l'image d'un style créé dans une région et s'étendant progressivement sur tous les pays grecs. La décoration géométrique apparaît, au contraire, presque partout en même temps ; aussi celle de chaque région possède-t-elle son caractère particulier, et cette diversité des styles locaux fait contraste avec l'uniformité de l'art mycéno-crétois. Parmi les styles géométriques grecs 13 on peut en distinguer quatre principaux, dont les autres ne semblent que des variétés : ceux de l'Attique, des Cyclades, de Crète et de Chypre. Attique. Le style attique 14 est celui dont nous possédons le plus grand nombre d'exemplaires et dont nous connaissons le mieux l'évolution. Les vases de l'Acropole en représentent les débuts ; la décoration, limitée souvent à un champ réservé dans le vernis noir, est très rudimentaire ; les grands vases du Dipylon, tout entiers couverts d'une décoration compliquée, en montrent l'apogée. Dans les vases attiques, la peinture noire brillante est posée directement sur le fond d'argile bien poli ; les motifs favoris sont le méandre, dont il existe des formes très diverses (fig. 1038), et la croix gammée. Dans les produits les plus soignés la surface entière du vase est ornée, et les représentations de l'animal (cheval, bouquetin) et de l'homme jouent un rôle important; 80 634 VAS des scènes, funérailles (fig. 3338, 3342), combats navals fig. 5264 à 5268), danses (fig. 6056), sont même figurées. Le style attique est le plus développé des styles géométriques et c'est, avec le style rhodien, le seul dont les représentants aient été exportés en quantité no table ; tous les autres sont restés plus ou moins des styles locaux. C'est au style attique que se rattache le style argien (fig. 7269)1 ; il a de commun avec lui le goût pour les représentations figurées, mais l'exécution est inférieure2. Les quelques fragments arcadiens trouvés à Tégée paraissent fabriqués sous l'influence de l'industrie argienne, mais la technique en est défectueuse. Cyclades. Il semble avoir existé dans les Cyclades : 1° un style géométrique uniforme, familier à toutes les îles et très simple, que l'on a appliqué à la décoration des vases communs ; 2° des styles plus développés, particuliers à certaines îles ou grou pes d'îles, que l'on a employés pour les vases soignés. Ces diverses sortes de vases offrent l'usage à peu près con stant de l'engobe blanc. Dans les vases com muns, qui sont surtout des skyphoi, les motifs favoris sont le méandre et l'oiseau. Parmi les Théra. vases soignés, trois séries sont particulièrement remarquables : les vases de Théra ceux de Délos ceux d'Eubée'. La céramique de Théra, qui compte surtout des amphores, est caractérisée par la limitation de l'ornement au col et à l'épaule du vase (fïg. 7270)7 et par l'exclusion presque complète de la figure humaine. Dans celle deDélos, dontles exemplaires sont encore peu nombreux, le décor tend à couvrir tout le vase, et la représentation de l'homme à prendre une place importante; cela s'explique sans doute par l'in VAS fluente du style géométrique attique, dont rend compte la proximité des deux régions. Les vases dits d'Eubée ne paraissent pas spéciaux à cette île, mais communs à tontes; ce sont généralement des amphores dont l'épaule porte le principal décor ; l'engobe blanc manque souvent. C'est à la céramique des Cyclades que se rattache la céramique géométrique laconienne 8 et par la technique de l'engobe blanc et par le choix des motifs ; de même aussi la céramique géométrique protocorinthienne °. La céramique béotienne est une variété de la céramique insulaire i0, mais elle lui est très inférieure au point de vue technique et elle doit à l'influence de l'Attique le goût pour les représentations humaines (fig. 7271)11. La céramique de l'Ionie et de Rhodes', qui par ses traits principaux rappelle la céramique des îles, s'en distingue par l'absence de l'engobe clair. Les fragments géométriques trouvés dans la vin° couche de Troie l3 paraissent se rapprocher de la série rhodo-ionienne. Crète. La céramique crétoise' de cette époque a un caractère moins strictement géométrique que celle des autres régions ; l'influence de l'art minoen persiste à se faire sentir. La décoration est généralement restreinte à la partie supérieure du vase ; les éléments, surtout des cercles, en sont peu variés ; une petite branche verticale, souvenir du goût des Crétois pour le végétal, orne souvent l'épaule. Chypre. Le style de Chypre 1° est très particulier; il comprend, d'une part, des vases à surface rouge bien polie etàdécorde cercles concentriques,qui se rattachent directement à la céramique géométrique de l'âge du bronze, de l'autre des vases t s dont les principaux motifs sont des losanges et des triangles quadrillés etrayés ; ce décor,peint en rouge et en noir sur fond clair, est d'une polychromie très gaie qui imite sans doute celle des tapis orientaux. [Italie et Sicile. En Italie la civilisation dite villanovienne, d'après les découvertes faites dans la région de Bologne 17, fournit les spécimens les plus abondants VAS f 35 VAS et les plus richement décorés de la céramique géométrique; des formes nouvelles se font jour, comme l'urne troncoïde recouverte d'une coupelle en guise de couvercle, où l'on met les ossements des morts (fig. 2785)'. Des ossuaires en bronze, de même forme (fi g.2787), prouvent quela métallurgie a ici influencé directement la céramique2. Dans les tombes les plus récentes, les poteries sont fabriquées au tour et les armes sont exclusivement en fer Nous n'avons pas à examiner ici les hypothèses contradictoires qui ont été émises sur l'origine de ces nouveaux venus, où les uns veulent voir des Ombriens, d'autres les premiers avant-postes de la civilisation étrusque Nous constatons seulement que le style géométrique est alors constitué fortement en Italie, avec une céramique de terre rougeâtre ou incomplètement fumi gée, d'aspect gris ou brun, avec décor incisé, plus rarement peint, motifs géométriques où le méandre et la croix gammée occupent une place notable, quelques figurations d'oiseaux et de petits personnages humains (céramique dite ilnpasto dans les tombes à puits) 3, d'un caractère tout à fait local et indigène. Une autre céramique, dans l'ensemble plus récente, imitant la forme des poteries grecques, amphores,mnochoés,coupes, se constitue dans la région toscane, de l'autre côté des Apennins ; le décor est peint sur fond blanc ou gris avec une couleur noire qui passe très facilement au rouge et reproduit, soit des dents-de-loup, des quadrillés, des grecques, rappelant le style géométrique des Iles, soit des zones d'oiseaux (fig. 2792) et de poissons 6. Dans le Sud, en Apulie, même floraison de style géométrique dans des vases d'exécution plus soignée, peints en noir et en rouge sur argile blanchâtre (fig. 7272), avec une forme spéciale en vasques largement ouvertes'. A Locres, on a trouvé une céramique peinte qui parait indigène et qui imite aussi la forme et le décor des types géométriques de Grèce'. En Sicile, la céramique à décor géométrique peint est représentée comme dans l'Italie centrale par des formes d'hydries, d'amphores, d'Genochoés grecques, ornées de peintures en mat brun sur fond pâle, où dominent les lacis ondulés, les dents-de-loup, les cercles, avec quelques figurations animales (oiseaux) ° ; elle est comme le succédané du géométrique attique et du géométrique des Iles. Espagne. Voir ci-dessus, p. 632-633.1 NOIRES. Le vile et le vie siècles préparent le plein épanouissernent de la peinture sur vases au ve siècle. C'est la période pendant laquelle les céramistes, conscients des progrès à réaliser, toujours en quête de nouveautés, se montrent le plus actifs, le plus ingénieux, le plus fertiles en inventions fécondes. On donne au style de décoration céramique qui succède au style géométrique le nom de style orientalisant, qui indique sous quelle influence il s'est formé. Ce qui le caractérise, c'est, d'une part.l'emploi nouveau d'un certain nombre de motifs ou de procédés de composition10 (torsade, palmette, lotus, bouquetin, sphinx, disposition héraldique de deux animaux de part et d'autre d'un motif floral) qui sont empruntésà l'art oriental,d'autre part l'abandon de la stylisation conventionnelle des formes animales et humaines et la tendance à une représentation plus naturelle et plus souple des êtres vivants. Les motifs purement géométriques restent en usage, mais ils ne tiennent plus qu'une place secondaire; l'emploi des motifs de remplissage persiste, mais ils ont un caractère différent et leur nombre diminue peu à peu ; de même la composition par bandes parallèles se relâche de son exactitude. Dans le rendu des figures animales et humaines, la silhouette noire de l'époque géométrique tend, dans certaines régions, à être remplacée par une silhouette claire dessinée au trait ; il arrive pourtant souvent qu'une partie seule de la figure, par exemple la tête, est dessinée au trait, le reste du corps étant représenté en noir suivant le vieux procédé ; un engobe brun-rouge, jaune ou blanc recouvre parfois la figure et la fait mieux ressortir sur le fond du vase. La tendance réaliste se manifeste par l'indication ries détails intérieurs dans les figures ; cela est aisé, à l'aide de traits noirs, dans les parties claires, mais, même dans les parties sombres, on se préoccupe de distinguer les contours des membres ou de noter les taches de la robe des animaux, soit par des retouches rouges ou blanches, soit par des parties réservées dans le vernis noir sur le fond clair du vase, soit par des traits incisés qui font ressortir la couleur de l'argile. Par une évolution ultérieure, la décoration céramique se débarrasse à la fois de ce que les styles orientalisants conservaient encore de géométrique et de ce qui, chez eux, était adventice et dû à un engouement passager pour l'Orient. C'est ainsi qu'elle abandonne peu à peu les motifs de remplissage et la division par bandes ; qu'elle restreint la place donnée aux motifs orientaux et réduit les lotus et les sphinx au simple rôle d'accessoires. Mais elle garde ce qui était un ferment de développement et de progrès: le goût pour une observation plus exacte de la nature. Ce qui caractérise la période qui suit le pur décor orientalisant, c'est le rôle toujours plus important donné à l'être vivant, surtout à l'homme, et l'effort continu vers sa représentation de plus en plus sûre; désormais, en vertu d'un principe appelé « lahiérarchie des genres », la place la mieux en vue sur les parois du vase est attribuée, nonà des combinaisons de lignes ou à des animaux héraldiques, mais à une ou plusieurs scènes qui reproduisent, avec des détails empruntés à la réalité, des épisodes de la vie quotidienne ou, plus souvent, de la légende. Malheureusement la technique de la silhouette claire, qui tendait à s'établir à l'époque précédente, est abandonnée, et la vieille technique géométrique de la silhouette noire, qu'on n'avait d'ailleurs jamais délaissée complètement, revient en honneur. On est donc toujours obligé, pour indiquer les détails, de recourir à l'incision, et ce procédé ne permet pas de rendre VAS -6'314 les figures avec autant de finesse et de souplesse que le pinceau. L'usage des retouches rouges et blanches persiste. Les styles orientalisants succèdent aux styles géométriques par des transitions que certaines séries, par exemple la série protocorinthienne et la série dite eubéenne, permettent de suivre aisément. On constate donc, durant cette période, la même variété que durant la précédente ; chaque région a son ou ses styles particuliers. Il est, de plus, vraisemblable qu'à l'époque mème où le décor orientalisant était appliqué aux vases soignés, on continuait, pour les vases communs, à employer l'ornementation géométrique. Les styles à figures noires font de même suite aux styles orientalisants ; mais, à ce moment, l'essor de l'industrie attique modifie les conditions économiques de la production des vases; et la fabrication céramique disparaît dans certaines régions, à mesure que les potiers d'Athènes étendent leur zone d'influence commerciale. Cyclades et Eubée. A l'époque orientalisante on distingue trois céramiques principales, que désignent des noms plus ou moins conventionnels : les céramiques mélienne, délienne, eubéenne. La plus belle et la mieux connue de ces céramiques est la céramique mélienne'. Elle est surtout représentée par de grands vases trouvés à Mélos et par une nombreuse série de vases plus petits découverts à Délos et à lthénée, car les exemplaires de cette série n'ont jamais, pour ainsi dire, été exportés. L'argile en est rouge sombre avec de nombreuses paillettes de mica. Les formes favorites sont l'amphore et le plat décoré à l'extérieur. Le vase, entièrement orné, porte toujours un engobe clair. Les figures humaines, généralement en silhouette claire, sont souvent recouvertes d'un engobe brun-rouge pour les hommes, jaune pour les femmes (fig. 7273) 2; les animaux ont d'ordinaire le corps en silhouette opaque, la tête en silhouette claire ; les détails sont soit réservés, soit incisés, soit indiqués par des traits blancs ; les retouches rouges sont fréquentes. Parmi les motifs linéaires, la spirale est de beaucoup le plus usité ; les potiers méliens en ont fait une étude particulière et en ont inventé des formes très variées. Le lotus et diverses sortes de palmettes représentent les motifs floraux. Comme motifs animaux, le cygne et le cerf sont préférés. Les scènes à personnages (cavaliers, combats de guerriers, fig. 7274 ; divinités sur char, fig. 220i) sont rares et réservées aux grands vases ; par contre, on trouve souvent sur le col une tête de femme de caractère purement ornemental 4. La composition des tableaux est, autant que possible, héraldique ; dans le champ les motifs de remplissage sont extrêmement nombreux. Ce qui frappe dans cette série, c'est le caractère déco ratif ° ; les représentations révèlent un grand sens de l'ordonnance des motifs et de l'harmonie des couleurs; par contre, aucun goût pour l'observation de la nature ; même les scènes à personnages sont conçues à un point de vue strictement ornemental. Cette céramique disparait à la fin du vue siècle et ne parait pas se continuer dans une céramique à ligures noires. Cela est dû sans doute à la proximité de l'Attique; lors du grand développement de l'industrie athénienne, son débouché le plus proche se trouva être les Cyclades, et les ateliers locaux ne purent probablement pas résister à cet envahissement d'une poterie décorée suivant des principes très différents et mieux adaptée au goût du jour. La série délienne «fig. 7275) n'est constituée que par quelques pièces originaires de Théra et de Délos; un peu plus ancienne que la série mélienne, elle continue le style géométrique délien ; elle est caractérisée, d'une part, par les bandes parallèles qui couvrent en général la partie inférieure du vase, de l'autre, par l'emploi fréquent, comme motif décoratif, de tètes de chevaux rendues parfois avec beaucoup de finesse. Un engobe clair recouvre toujours le vase. Sur certains vases les bandes parallèles du bas sont remplacées par une bande noire, sur laquelle se détachent des filets rouges et blancs. Proche parente de la céramique mélienne, mais inférieure à elle, la céramique délienne représente sans VA S -637VAS doute le plus ancien essai, dans un atelier insulaire, du style orientalisant ; la supériorité de la série mélienne dut nuire beaucoup à l'expansion de la série détienne, qui resta toujours très limitée. Seule parmi les céramiques insulaires, la céramique eube'enne se prolonge jusqu'à l'époque des figures noires. La transition du géométrique à l'orientalisant s'y fait insensiblement par un premier groupe' ; dans les bandes peintes autour des vases qui le composent, on voit peu à peu les motifs végétaux ou les monstres fabuleux prendre la place des motifs géométriques. A ce groupe succède le groupe plus spécialement dit d'Érétrie (fig. 7276)2; très inférieures aux précédents par le style et par la technique, imitations maladroites des grandes amphores méliennes, les poteries qui le composent, décorées de cygnes, de lions, de sphinx, ne sont que les produits d'ateliers locaux sans originalité ni mérite. Une caractéristique de cette série est le grand lacis qui occupe ordinairement le revers de la panse ; l'usage de l'engobe clair y est abandonné. La disparition de la céramique mélienne entraîne celle de cette céramique qui en était le reflet. Mais les ateliers d'Eubée ne cessent pas pour cela toute activité; sous une influence nouvelle naît une céramique d'imitation attique représentée, d'abord. par les vases d'Érétrie à figures noires3, puis par les vases de Chalcis '. Ces derniers, surtout des amphores d'un style assez développé, forment une curieuse série dont, seules, les inscri naître l'origine. Ils se distinguent très peu des vases attiques ; les motifs caractéristiques en sont la fleur de lotus sur tige s'avançant dans le champ des scènes, et la guirlande de lotus oit des fleurs à partie centrale rouge alternent avec de simples boutons noirs. Pendant le vie siècle on voit s'y développer des scènes mythologiques (fig. 7277), analogues à celles des Corinthiens et des Attiques (fig. 122, 1399, 376-i, 3378). Corinthe et nord du Péloponnèse. Le nom de Corinthe est attaché à deux séries de vases, toutes deux fort abondantes : les séries protocorinthienne et corinthienne. L'origine de la première est inconnue ; mais il paraît difficile de ne pas la fixer dans le nord du Péloponnèse et non loin de Corinthe. Quant à la seconde, son principal centre fut certainement Corinthe. Toutes deux ont d'ailleurs été exportées enquantitéconsidérable, aussi bien en Grèce, particulièrement en Béotie, qu'en Sicile et en Italie, et des imitations locales, dont il est difficile d'apprécier exactement l'importance, mais qui ont été certainement très nombreuses, en ont été faites. Les vases protocorinthiens sont, en général, de petits vases, destinés à contenir des parfums, dont les formes sont très caractéristiques ; le lécythe aryballisque est particulièrement fréquent ; la matière est toujours une argile jaune pale. La fabrication des vases protocorinthiens commence dès l'époque géométrique; une grande quantité de ces petits récipients sont simplement ornés de motifs linéaires, parmi lesquels les séries de bandes parallèles jouent un rôle important, et d'oiseaux stylisés. Mais peu à peu les motifs orientalisants s'introduisent; les torsades, les guirlandes de palmettes et de lotus, les cerfs, les fauves, prennent la place des motifs géométriques ; les scènes à personnages apparaissent (fig. 7278)6; l'incision, les retouches rouges et blanches deviennent d'usage. Parmi les motifs favoris il faut surtout relever les arêtes rayonnant autour de la base ; parmi les thèmes décoratifs,la chasse au lièvre poursuivi par une file de chiens cou rants. L'industrie protocorinthienne dure pendant tout le vie siècle et atteint une grande perfection ; le chef-d'oeuvre de cette série est l'eenochoé Chigi (fig. 7279)' remarquable aussi bien par la finesse des représentations que par la délicatesse de la polychromie. Les décorateurs protocorinthiens n'ont jamais été dépassés dans l'art de peindre des ligures en miniature sur des vases minuscules. AEMmirloMpsw VAS 638 VAS Les céramistes corinthiens 1 ont bien des points communs avec les protocorinthlens ; en particulier, la nature de l'argile jaune pâle est à peu près la même dans les deux séries. Mais les Corinthiens n'ont pas seulement fabriqué des vases à parfums, aryballes, alabastres; l'industrie des vases de grande taille, spécialerne n t des cratères (fig. 7280) 2, a été aussi très florissante chez eux. Les exemplaires corinthiens géométriques se réduisen t à un petit n o m b r e d'exemplaires3; il est donc probable que l'industrie des vases peints ne s'est pas développée à Corinthe avant le vue siècle. Les vases les plus anciens paraissent ceux qui sont simplement décorés d'imbrications (fig. 7281), de rosaces (fig. 7282) 1, de combinaisons végétales (fig. 545). Une particularité remarquable de la céramique corinthienne est le rôle exceptionnel que, de très bonne heure, y joue l'emploi de l'incision ; aussi a-t-on pensé avec vraisemblance que l'invention de ce procédé était due aux potiers corinthiens. L'usage des motifs animaux marque un progrès sur celui des simples motifs végétaux; les ani maux sont généralement ordonnés en frises superposées (fig. 7283 ; cf. fig. 203, 204) ; les espèces préférées sont le cygne, le lion, la lionne vue de face (fig. 4261), le sanglier; les monstres tels que le sphinx sont aussi fréquents. Les retouches rouges sont habituelles; dans le champ les motifs de remplissage, en particulier la rosace réduite parfois à une grosse tache noire, sont semés de façon souvent très drue (fig. 7284) 5. corinthiens, le thème de la chasse au lièvre est assez fréquent. Enfin apparaît le décor à personnages ; sur les petits vases il se réduit parfois à une seule figure, un cavalier, un génie ailé; mais sur les grands vases il s'étend en une scène véritable. Les scènes le plus souvent représentées sont les banquets (fig. 1694), repas (fig. 1690), danses, jeux et courses (fig. 7072), épisodes légendaires (fig. 839, 5584), en particulier ceux qui dérivent de la poésie épique : départ d'Hector, combat d'Ajax et d'Énée (fig. 7285) 6, suicide d'Ajax, funérailles d'Achille (fig. 4384), etc. Ainsi apparaît une tendance narrative qui s'oppose à la tendance décorative de la poterie insulaire. Dans les scènes à personnages, qui marquentl'apogée du style corinthien, les motifs de remplissage disparaissent à peu près complètement; très souvent les noms des tigures sont écrits à côté d'elles (fig. 2470, 7280, 7285). Les signatures d'artistes commencent à entrer en usage, mais elles sont rares. La céramique corinthienne a probablement duré jusqu'au milieu du vie siècle. A la fin de la fabrication s'introduit, sans doute sous l'influence attique, l'usage du fond rouge, que l'on obtient en recouvrant le fond pâle du vase d'une légère couche d'argile rouge,, Sparte et Cyrène. La Laconie et la Cvrénaique semblent avoir eu le même style céramique, ce qui ne petit surprendre, vu l'origine laconienne des Théréens fondateurs de Cyrène. Il est, en tout cas, certain que le style autrefois dénommé cyréneen, maintenant appelé plutôt laconien, a été pratiqué à Sparte, et il est très probable qu'il l'a été aussi à Cyrène. En dehors de Sparte, les vases laconiens ont été surtout trouvés en Italie et à Samos. La fabrication, qui a débuté ~~~atp à l'époque géométrique, paraît s'être continuée jusqu'à la fin du ve siècle, mais le vie siècle en est la période la plus brillante. La forme favorite dans cette série est la coupe profonde (fig. 7286)8; une forme de vase toute VAS 639 VAS particulière, dite lakaina, est constituée par un récipient cylindrique renflé à sa hase. L'argile est rose et fine. L'usage d'un engobe blanc-rose assez épais, à l'intérieur et à l'extérieur du vase, est de règle durant la première période de la fabrication, puis il n'est plus étendu que sur certaines parties du vase, enfin il disparaît complètement. D'une façon générale, sauf au début, les incisions sont nombreuses et fines; le rouge est largement . employé. Le procédé pour les figures(à part deraresexceptions) est celui de la silhouette noire. Au commencement de l'industrie laconienne on n'emploie guère, surie rebord des vases, que des motifs linéaires dont le plus typique est le motif formé par de gros carrés noirs, compris entre deux filets parallèles, eux-mêmes compris entre deux lignes de points. Mais bientôt s'introduisent la branche de feuillage, le lotus et la grenade, ces deux derniers ordinairement disposés en guirlandes On voit aussi apparaître sous le fond des vases un motif très caractéristique, que forme une sorte de croix entourée de cercles rouges ; la croix reste usitée jusqu'à la lin de la fabri cation, mais, après le vie siècle, les cercles rouges disparaissent. Les zones d'animaux (cygnes, coqs, lions, sphinx) sont assez fréquentes à l'extérieur des coupes et sur les grands vases; elles sortent quelquefois de la banalité ordinaire, et la représentation du coq, en particulier, dénote un véritable goût pour l'observation de la nature. Les scènes à personnages sont nombreuses; parfois familières (fig. 2042, 6161), ruais le plus souvent tirées d'un mythe, empreintes du même caractère narratif que celles des Corinthiens, mais dépourvues d'inscriptions, elles occupent le médaillon intérieur des coupes qu'une ligne noire partage en deux segments inégaux; le petit segment inférieur ne renferme qu'un motif décoratif, tandis que le grand segment supérieur contient la représentation figurée : Zeus et son aiglè (fig. 782 et 7287), Prométhée et Atlas (fig. 616), Polyphème aveuglé par Ulysse (fig. 7203), la Nymphe Kyréné et les Boréades (fig. 4309). Le plus célèbre exemplaire de la série est la coupe d'Arcésilas (fig. 4465) qui montre le roi de Cyrène assistant, sur le pont d'un bateau, à la pesée et à l'embarquement du silphium. Bien que relativement peu exportés, les vases laconiens devaient avoir une certaine réputation, car ils ont été imités à Athènes'. Par contre, les styles étrangers ne paraissent guère avoir influé sur le stylelaconien, qui semble s'être constitué et développé de façon tout à fait indépendante. Attique. Au vue et au vt° siècle nous assistons à la formation du style attique. Le elle siècle nous montre les céramistes athéniens cédant tour à tour à diverses influences le vie siècle nous apporte les premières oeuvres d'un art encore archaïque, mais en possession de tous ses moyens. La dénomination des dillérents styles qui se succèdent alors en Attique n'est pas très fermement établie; nous désignons par attique-orientalisant ce qu'on appelle soit proto-attique, soit groupe du Phalère, et nous réunissons dans un groupe attique-primitif les vases tels que amphore de Nétos, vases de Vourva, vases tyrrhéniens. La pénétration en Attique des influences orientales donne naissance au style dit attique-orientalisant 3 représenté, d'une part, par de grands vases (fig. (1054) : hydrie d'Analatos (fig. 7288), amphore de l'Hymette (fig. 7289), cratère de Thèbes, d'autre part, par la série des petits vases trouvés au Phalère. La disposition générale du décor y est la même qu'à l'époque géométrique, mais les éléments sont autres : la spirale, la tresse, les motifs végétaux prennent une place importante, ainsi que les attique. Amphore de l'ny_ fauves etles génies ailés. Les formes mette. perdent en raideur, mais sans gagner en élégance, car le dessin révèle une inexpérience enfantine, qui range les figures attiques orientalisantes parmi les plus laides peut-être de la céramique grecque. Le procédé géométrique de la silhouette noire est abandonné pour les têtes, simplement délimitées au pinceau ; l'incision apparaît VAS 640 VAS dans les vases les plus récents. Les scènes à personnages (choeurs de femmes, monomachies) sont fréquentes. Les motifs de remplissage sont toujours très abondants. Les potiers attiques semblent, à cette époque, avoir fortement subi l'action des potiers insulaires. Le style attique-primitif 1 marque un progrès considérable. Le dessin gagne beaucoup en précision, en fermeté, en sûreté. Un procédé de composition nouveau est usité qui consiste à réserver, dans le vernis noir couvrant tout le vase, un cadre destiné à contenir la représentation. La forme la plus usitée est l'amphore, souvent de grande taille. On distingue deux groupes successifs, caractérisés par le maintien ou l'abandon des motifs de remplissage. Le principal représentant du premier est l'amphore de Nétos (fig. 7290 ) z; suivant le procédé corinthien et mélien, le corps humain est recouvert d'une couleur brun-rouge. Le second groupe nous montre constituée la technique de la figure noire classique ; le vernis noir recouvre toute la silhouette, le rouge est reservé aux retouches destinées à relever les détails, l'incision joue un rôle essentiel. C'est seulement dans le dessin des têtes féminines que persiste le procédé de la silhouette claire. A ce groupe appartient une série d'amphores ornées seulement d'une tête de femme ou de cheval. L'usage de ces protomes décoratives, fréquent dans l'art insulaire et ionien, nous avertit que la céramique attique est encore sous cette influence. C'est, au contraire, l'influence corinthienne que dénotent les vases de Vourva et les vases tyrrhéniens qui se rangent, dans le style attique primitif, à la suite des amphores à protomes. Les vases dits de Vourva (fig.7291)t et les vases dits attico-corinthiens ou tyrrhéniens' sont tous caractérisés par les frises d'animaux qui les décorent et qui paraissent une importation corinthienne; ces animaux sont soit affrontés, soit disposés de part et d'autre d'un troisième animal ou d'un motif combiné de palmettes et de lotus; le sphinx, la sirène se rencontrent souvent. Dans les vases de Vourva, plus anciens, les animaux n'ont pas de retouches en couleur, les scènes à personnages sont rares; un motif dont la fréquence est remarquable est la rosace incisée, que l'on trouve soit disposée en séries indépendantes, soit semée, mais avec discrétion, entre les animaux. Dans les vases tyrrhéniens, qui sont tous des amphores, les scènes à personnages, généralement héroïques, sont, au contraire, habituelles (fig. 2346, Tityos; 3956, naissance d'Athéna; 4933, Dionysos et Hermès; 6002, Polyxène); le bas du vase porte ordinairement une série d'arêtes rayonnantes, le col une chaîne de palmettes et de lotus aux tiges entrelacées. L'exécution de ces vases donne souvent l'impression d'un travail rapide et un peu négligé. La fabrication des amphores tyrrhéniennes s'étend probablement jusque vers le milieu du vie siècle, mais elle ne représente plus alors qu'une survivance ; à ce moment un autre style était déjà créé et en pleine floraison : celui qu'on appelle proprement le style attique à figures noires'. Au point de vue technique, ce style est caractérisé par la représentation des objets et des êtres en silhouette noire, directement peinte sur le fond d'argile; les détails sont indiqués par des incisions ou des retouches rouges et blanches ; les chairs des femmes sont généralement peintes en blanc par-dessus la silhouette noire. Les formes le plus souvent employées sont l'amphore, l'hydrie, l'oenochoé, la coupe profonde, le lécythe. Les motifs sont disposés soit dans des zones horizontales, soit dans des cadres réservés. Les anciens motifs, palmettes, lotus, suites d'animaux, ne disparaissent pas, mais ils n'ont plus qu'une place tout à fait secondaire (fig. 2279, 3706, 5079, b803). L'élément essentiel de l'ornementation est désormais une scène à personnages, traitée pour elle-même et dans laquelle le peintre s'efforce d'indroduire peu à peu le plus de vie et le plus de naturel possible'. Faire résider dans cette scène à personnages tout l'intérêt du décor. porter sur elle tout; son effort, ce fut sans doute l'invention la plus heureuse des potiers athéniens, celle qui leur permit de ne pas s'attarder à la reproduction fastidieuse de motifs surannés, et qui fit le grand succès de leurs produits; car, à partir de ce moment, l'exportation des vases attiques devient considérable, principalement en Italie s ; et, pour conserver leur clientèle, les ateliers ioniens sont obligés, eux aussi, comme nous le verrons, d'adopter la méthode attique. A vrai dire les scènes à personnages, traitées dans le sens narratif, se trouvent aussi sur les vases laconiens et corinthiens, mais les céramistes du Péloponnèse n'atteignirent jamais la maîtrise des maîtres athéniens. Cela est dû sans doute à la différence des milieux ; au vie siècle, sous l'administration de Pisistrate, tous les arts se développent à Athènes, et la sculpture a une première et exquise floraison ; jusque dans les ateliers de poterie devaient pénétrer l'amour du beau, le désir de créations nouvelles, qui remplissaient la cité, en même temps que le goût pour l'observation delanature vivante quianimai t.lesartistes. Ces conditions expliquent que, entraînés et soutenus par le grand art, devenus, de simples illustrateurs, véritables art istes, les céramistes d'Athènes se soient élevés bien au-dessus de leurs confrères corinthiens ou laconiens. Au point de vue commercial ce progrès artistique, correspondant à un essor économique, a pour conséquence de rendre impossible toute concurrence, par suite de ruiner les fabriques locales. Ainsi s'établissent peu à peu, dans le courant du vie siècle, le mérite unique et la supériorité incontestée des ateliers athéniens. VAS les céramistes ont, d'ailleurs, bien compris l'importance nouvelle qui s'attachait à leurs oeuvres ; beaucoup d'exemplaires sont signés', et désormais l'on peut non seulement déterminer des séries de vases, mais connaître les chefs d'ateliers et les peintres qui ont eu le plus de renom à Athènes. Ces chefs d'ateliers et ces peintres sont fort nombreux ; leur quantité donne l'impression d'une très grande activité dans le domaine de la céramique. Nous nous bornons, dans cette revue sommaire, à mentionner les principaux. Klitias et Ergotinios' sont les auteurs d'un des plus anciens parmi les vases à figures noires, le Vase François (fig. 7292). Ce magnifique cratère, couvert de scènes mythologiques, nous montre la décoration attique, sobre et fine; et le style attique à Ligures noires, encore sec et schématique, mais déjà nerveux, pleinement constitués (cf. fig. 4761, 5558, 5901, 6059, 6897). Les noms d'Exékias et d'Amasis marquent l'apogée de la peinture à figures noires. Les oeuvres d'Exekias «fig. 689, 2433, 2725, 6812, 7293) sont remarquables par la précision du dessin, la finesse des incisions, le soin de l'exécution. Comme d'une façon générale à l'époque des figures noires, les sujets de ses représentations sont mythologiques ; les noms des figures sont presque toujours inscrits à côté d'elles. C'est probablement Exékias qui a introduit en Attique la coupe ionienne sans rebord et à pied bas. Son chef-d'oeuvre est l'amphore du Vatican4 où se voient Achille et Ajax jouant aux dés (fig. 6812); IX. 644 VAS l'ornementation des vêtements en particulier permet d'apprécier la virtuosité minutieuse du métier d'Exékias. Anzasis b (fig. 4764, 4936) est remarquable par les mêmes qualités, mais le dessin de ses figures est peut-être moins élégant et moins personnel. Quelques détails sont caractéristiques dans le décor de ses vases : par exemple, la double série d'arêtes rayonnantes à la base des am phores, les franges qui bordent les vêtements, le rendu des formes féminines par un simple contour noir, la disposition des couples bachiques s'enlaçant avec les bras passés autour du cou. Le nom d'Amasis est étranger et a fait penser qu'il était peut-être originaire des colonies ioniennes d'Égypte. On donne le nom de petits maitres h à tout un groupe de potiers qui ont surtout pratiqué Je décor par figures de faibles di mensions; c'est une école de miniaturistes qui rappellent, par quelques points, les protocorinthiens. Leur forme favorite est la coupe profonde à rebord et à pied élevé (fig. 1039). En général elle est ornée soit,à l'intérieur, d'un animal ou d'un groupe très simple, soit, à l'extérieur, d'un ou de plusieurs animaux ou figures humaines peints sur le rebord, mais n'en occupant qu'une petite portion. Parfois il n'y a aucun décor vivant, mais seulement la signature du potier peinte à l'extérieur. Quelques coupes portent de véritables scènes à nombreux et minuscules personnages, d'un style souvent excellent, qui se développent sur le pourtour extérieur du vase dans une frise à la hauteur des anses (fig. 5968). Avec Nikosthénès et Andokidès nous arrivons à la période de transition des figures noires aux figures rouges, période que l'on place approximativement à l'époque des Pisistratides. Nikostkénès 7 est l'un des potiers les plus actifs que nous connaissions ; on possède de lui plus de 80 vases signés, dont la plupart sont des amphores ou des coupes. Il paraît avoir été un esprit ingénieux et inventif, niais il a plutôt porté son attention sur la technique de la poterie que sur sa décoration. C'est ainsi qu'il trouve une forme 81 VAS -612VAS d'amphore très caractéristique, imitée de modèles métalliques, à anses plates et à baguettes saillantes encerclant la panse (fig. 7296); qu'à tout un groupe de ses vases il donne comme fond un engobe blanc, analogue à celui des poteries ioniennes, ou qu'il imagine de peindre des figures blanches sur vernis noir (fi g. 7295), Par contre, le décor figuré est assezpauvre; des scènes conventionnelles, telles que les jeux des Satyres et des Ménades, y jouent le principal rôle; il faut pourtant mettre à part les coupes de Berlin' qui représentent, d'une façon imprévue et pittoresque, les travaux des champs. Quelques coupes de Nikosthénès sont décorées, à l'intérieur, de figures noires et à l'extérieur, de figures rouges; c'est le premier essai de la technique nouvelle et l'exécution encore timide des figures rouges (fig. 6922) révèle l'inexpérience de l'artiste. La technique de la figure rouge est déjà pratiquée avec plus de sûreté par Andokidès 2. Il est l'auteur à la fois de vases à figures noires, de vases à figures rouges, et de vases portant à la fois les deux techniques ; mais par le caractère général de son style il se rattache plutôt aux céramistes à figures noires. On lui attribue une curieuse série d'amphores qui présente, d'un côté, un tableau à figures noires, de l'autre un tableau à figures rou ges3; il semble que ce maître ait pris plaisir à allier les deux procédés et à se montrer également habile aux deux. II a peint aussi des tableaux en blanc sur fond noir (fig. 747). Les figures d'Andokidès, un peu froides, sont remarquables par leur élégance, et l'exécution en est d'une grande finesse. La technique des figures noires tend à disparaître à Athènes à l'époque des Pisistratides; elle se perpétue seulement dans des vases de fabrication courante, de style facile, qui subissent eux-mêmes l'influence du dessin au trait des figures rouges ; elle se maintient surtout dans les amphores panathénaïques (fig. 7297) [AnPRORA, PANATIlENAIA, p. 309] On donne ce nom à des amphores, au pied court et étroit, qui contenaient l'huile offerte en prix aux vainqueurs de jeux panathénaïques (fig. 282, 283). Elles paraissent avoir été usitées depuis la réorganisation des jeux par Pisistrate (vers 560) jusqu'à la fin du Ive siècle ; comme ces vases avaient une importance religieuse, on a toujours conservé pour eux la vieille technique des figures noires, mais les figures ont suivi l'évolution générale du style. Le décor en est toujours le même: c'est, d'un côté, Athèna Promachos, debout entre deux colonnes doriques, qui sont très fréquemment(surtoutavantleIve siècle)surmontées d'un coq', de l'autre la représentation du concours dans lequel le prix a été remporté (fig. 7298)7. La composition du décor a peu varié durant tout le temps de la fabrication ; il faut seulement remarquer que l'inscription rôw 'AOro' l v c(Onwv, peinte près d'Athèna le long de la colonne de gauche, est tout d'abord écrite parallèlement à la colonne, mais que, dans le cours du Ive siècle, on se met à disposer les lettres droites et les unes au-dessus des autres (fig. 282); à peu près à la même époque on commence à mentionner, le long de l'une des colonnes, le nom de l'archonte, et ces inscriptions, qui s'étendent de 373/2 à312/I, sont du plus haut intérêt pour la chronologie de nos vases ; à partir de 340/39 la figure d'Athèna, tournée auparavant à gauche, est tournée à droite (fig. 282). Béotie. Nous avons vu qu'à l'époque géométrique la Béotie était sous l'influence insulaire ; c'est encore la même influence que nous retrouvons durantlapériode orientalisante 3. Mais il est probable que cette période survient en Béotie plus tard qu'ailleurs et seule ment au vie siècle ; c'est, du moins, à cette date que se placent les productions les plus typiques et les plus abondantes des ateliers béotiens, les coupes, avec ou sans pied, ornées d'oiseaux volants (fig. 7299) 9. On peut donc penser que les Béotiens, en retard sur leurs voisins, ont pratiqué encore le style géométrique pendant le vne siècle. Des poteries telles que le coffret de Thèbes f0 représentent la transition du géométrique à l'orientalisant ; les VAS 643 VAS coupes à oiseaux sont tout à fait orientalisantes. C'est, semble-t-il, par les îles que les influences orientales ont pénétré en Béotie; en tout cas l'usage de l'engobe blanc, l'emploi de la spirale, du lotus et des palmettes, le type de l'oiseau, le caractère purement ornemental du décor et sa disposition même à l'extérieur du vase, tout rappelle les vases insulaires, en particulier les plats méliens. Mais, pendant qu'une partie des ateliers béotiens perpétuait la vieille technique, d'autres, amis des nouveautés, se mettaient à l'école des Corinthiens et des Attiques et introduisaientie procédé de la figure noire incisée et le goût des scènes à personnages. Le trépied que possède le Louvre' ou celui de Tanagra 2, les vases de Gamédès «fig. 7300) sont de bons représentants de cette tendance corintho-atticisante; les vases de Gamédès révèlent, de plus, un goût pour le Fig. 7300. CEnoehoé réalisme champêtre qui est isolé de Gamédès. dans la peinture grecque de cette époque et semble particulier aux Béotiens. Une place à part doit être faite aussi dans la céramique béotienne à la fabrication de vases complètement recouverts d'une glaçure noire, qui est le point de départ d'un système très florissant plus tard 4. De même que les Béotiens s'étaient, plus longtemps que les autres, attachés au style orientalisant, ils ont aussi, après tous les autres, conservé la technique à figures noires; les vases trouvés au Kabirion de Thèbes «fig. 7301), dont les figures noires, très librement traitées, ne peuvent remonter au delà de la se conde moitié du ve siècle, alors que le procédé de la figure rouge est dans tout son éclat, témoignent de l'esprit conservateur des ateliers béotiens. Ionie et Rhodes, Égypte. Rhodes et l'lonie sont, au vile siècle, les postes avancés du monde grec du côté de l'Orient; aussi l'influence de l'art oriental s'y faitelle particulièrement sentir. Elle se révèle dans la céramique qui, dénommée par les uns rhodienne, par les autres milésienne, paraît en réalité commune à toute la région asiatique au sud du golfe de Smyrne Les formes favorites de cette céramique sont le plat (fig. 7302) et l'aenochoé (fig. 5380) ; sur les plats les plus anciens, la peinture est appliquée directement sur l'argile ; sur les plats les plus récents et sur les eenochoés, elle est posée sur un engobe blanc. Les motifs en usage sont, comme motifs linéaires, la tresse, le méandre, le chien courant; comme motifs floraux, la palmette, surtout la fleur et le bouton de lotus ; comme motifs animaux, en particulier l'oie, le daim, le bouquetin ; le sphinx est aussi fréquent. Sur les plats, la surface intérieure, seule décorée, est généralement divisée en deux parties; la partie inférieure contient un ornement quelconque, la par tie supérieure le motif principal. Le décor des oenochoés est réparti en zones à la façon géométrique; la zone inférieure contient le plus souvent une guirlande de fleurs et de boutons de lotus; les zones supérieures, des animaux, fréquemment disposés à la suite les uns des autres. Des motifs de remplissage occupent le champ. La représentation de l'homme est extrêmement rare'. Les animaux sont peints en silhouette noire, sauf la tête qui est simplement délimitée au trait; dans le corps les détails sont indiqués par des traits réservés et des retouches rouges. Comme le style insulaire, le style ionien est essentiellement décoratif ; il vise non pas à intéresser la curiosité du spectateur, mais àcharmerses yeuxparl'harmonie des couleurs et des formes : il y réussit pleinement. Mais nous avons dit de quelle façon différente les potiers d'Athènes commen cèrent à concevoir, à la fin du vue siècle, le décor céramique. Il est probable que, lorsque le style à figures noires, tel que nous l'avons vu se constituer en Attique, fut connu en Ionie, une partie des ateliers adopta la nouvelle méthode, alors qu'une autre partie resta fidèle à l'ancienne. La production des ateliers novateurs est représentée pour nous par les vases dits clazotnéniens 9 ; d'un côté, la technique y est celle même de la figure noire incisée, pratiquée avec autant d'habileté qu'en Attique ; de l'autre, les scènes à personnages y jouent le principal rôle et les scènes mythologiques sont assez souvent traitées. Pourtant l'origine ionienne se reconnaît toujours à des détails tels que la couleur plus terne de la surface, l'absence de toute inscription désignant les figures, le goût pour la suite, un peu monotone, de femmes se tenant par la main. Mais, en même temps, d'autres ateliers continuaient à appliquer les procédés orientalisants et fabriquaient les vases dits de Fikellura ou samiens'. Ces vases, comparés aux vases clazoméniens, font figure d'archaïsants; ils sont toujours recouverts d'un engobe blanc; on y rejette tout emploi de l'incision, préférant s'astreindre à un travail long et minutieux pour réserver les traits ; le lotus et l'oie restent très en faveur; la chasse au lièvre y figure comme chez les Corinthiens (fig. 7303). Sans doute la composition devient beaucoup plus libre et, quelquefois, on représente une file de petits personnages dansant (fig. 7304) 2, mais cela n'altère pas le caractère de l'ornementation, qui reste essentiellement décoratif. Les deux séries rivales ont, d'ailleurs, quelques motifs communs, en particulier la suite de croissants; les zones d'animaux, principalement d'oiseaux, les scènes de kômos, sont également en usage dans toutes deux, mais les uns (Clazomène) leur donnent une vie et un naturel ignorés des autres ; la représentation des coqs surtout y est surprenante. Nous avons peu de vases clazoméniens entiers ; plusieurs de ceux que nous possédons portent, sur l'anse, une petite tête de femme en relief; dans la céramique dite sarnienne les formes préférées paraissent être l'mnochoé et l'amphore, avec une variété d'amphorisque mince et allongée 3. Vases clazoméniens et vases samiens semblent appartenir au début du vie siècle. Il est probable que la méthode attique ne tarda pas à l'emporter en Ionie, car tous les vases qui paraissent représenter, au vie siècle, la production de l'archaïsme ionien avancé, nous en montrent le triomphe incontesté. Pourtant le décor garde un caractère particulier qui le fait reconnaître pour ionien ; l'importance conservée aux motifs floraux et, dans certaines séries, aux frises d'animaux, le goût pour une polychromie plus vive, la conception plus libre et la nature moins strictement narrative même des scènes mythologiques, dont témoigne l'absence d'inscriptions, tous ces traits sont l'héritage laissé aux céramistes à figures noires par les potiers ioniens orientalisants. La provenance et les rapports des diverses séries de cette époque sont encore mal établis; il suffit de citer les principales ; elles paraissent toutes originaires d'Ionie, sans qu'il semble exister d'arguments sérieux en faveur d'une ville particulière. On donne le nom d'hydries de Caeré' à un groupe de vases très nettement déterminé. Le type de la décoration est à peu près le même dans tous les exemplaires : sur la panse, une zone à personnages ; au-dessous, une large bande de palmettes et de lotus rehaussés de rouge et de blanc; sur l'épaule, une guirlande de lierre ou une branche de feuillage; des godrons rouges ou blancs, cernés de noir, ornent souvent l'intérieur de l'embouchure et l'attache des anses horizontales (fig. 3922). Le style des scènes est libre ; la composition généralement animée, souvent pleine de mouvement et de vie; certains vases, tels que l'hydrie d'Héraclès chez Busiris (fig. 3768)", Héraclès ramenant Cerbère des Enfers (fig. 3771), le petit Hermès dérobant les boeufs d'Apollon (fig. 4939), etc., révèlent une recherche évidente du pittoresque. La série mal nommée pontique e, et plutôt étrusco-grecque, comprend surtout des amphores et des cenochoés. Elles sont généralement ornées, sur l'épaule, d'une scène à personnages, le plus souvent mythologique (fig. 1943, le jugement des trois déesses ; fig. 7303, Polyxène poursuivie par Achille) et, sur la panse, d'une et souvent de deux zones d'animaux ; le type des animaux est ordinairement stylisé, mais l'attitude naturelle; le même animal se répète rarement deux fois dans la même frise ; les espèces favorites sont le cerf et le griffon. Parmi les combinaisons linéaires, le motif préféré est le méandre entremêlé de rosaces (fig. 7306), tel qu'on le trouve souvent sur les sarcophages de Clazomène. Les amphores dites de style affectée sont remarquables, d'une part, par la parfaite correction du dessin et le soin minutieux avec lequel les détails sont exécutés, de l'autre, par la pau vreté des sujets et des types, la raideur et la monotonie des figures. Une double série d'arêtes rayonnantes entoure toujours le bas du vase; les scènes figurées sont peintes sur la panse, soit dans des tableaux réservés, soit dans une frise. Le col est souvent orné de figures. Le plus bel exemplaire de cette série, qui se rattache à la vieille tendance purement décorative, est l'amphore de Northampton Les coupes à yeux 50 forment une classe importante dans les monuments ioniens. Elles sont caractérisées par les grands yeux peints à l'extérieur; la ressemblance avec un visage humain est souvent complétée par l'addition du nez et des oreilles. La forme est celle de la coupe VAS 645 VAS sans rebord, à pied bas. L'intérieur ne possède ordinairement pour tout décor qu'un cercle réservé dans le vernis noir ; seule la coupe de Phineus porte, en une frise circulaire, une riche et pittoresque représentation figurée (fig. 3710). L'extérieur présente généralement, outre les yeux, soit un masque prophylactique, soit une protomè humaine, soit un personnage ou, exceptionnellement, un groupe de personnages; les Silènes jouent un rôle important. L'exécution est fine et soignée, le style très libre. La coupe à yeux a été introduite en Attique et y est restée en usage jusqu'au début des figures rouges. L'Ionie fut, comme on le sait, féconde en colonies. Parmi elles, certaines semblent s'être contentées d'impor-_ ter les poteries de la métropole ou de les reproduire, mais dans d'autres l'activité des céramistes créa des variétés locales d'un caractère original : ce fut le cas des colonies ioniennes d'Égypte. La céramique naucralite 2 représente, au vne et au vie siècle, une branche, développée de façon indépendante, de la céramique ionienne. Les mêmes motifs orientalisants s'y retrouvent: tresse, lotus, zones d'animaux et de sphinx semées de motifs de remplissage (fig. 7307). Mais l'engobe qui recouvre le vase est plus blanc; la forme favorite est un grand bol à parois minces et à haut rebord; la figure humaine prend, de bonne heure, une place importante ; plus caractéristique encore est le vernis noir qui recouvre l'intérieur du vase et sur lequel sont peintes, en rouge et en blanc, des guirlandes de lotus et de palmettes d'un très bel effet décoratif. Au début de la fabrication, on emploie le procédé de la silhouette noire avec détails réservés et tète dessinée au trait, puis s'introduit le procédé de la silhouette noire incisée. Les vases naucratites sont remarquables par la gaieté et la vivacité de la polychromie ; l'influence du milieu égyptien s'y reconnaît à quelques détails des représentations. On rattache également à Naucratis une série curieuse 3, décorée de lotus et de bandes d'animaux. Les motifs de certaines zones y sont exécutés suivant le vieux procédé ionien du trait réservé, ceux de certaines autres suivant le nouveau procédé de la silhouette noire incisée. Ces vases sont donc dus à un atelier éclectique, d'ailleurs sans grand mérite artistique; un motif qui leur est particulier est la grande demi-palmette couchée près de l'anse. -La colonie grecque de Daphnai paraît aussi avoir eu une céramique originale, mais beaucoup moins importante (fig. 2686). L'influence égyptienne y est plus sensible, et on la constate en particulier dans la forme et la décoration des situles, qui en sont les produits les plus intéressants (fig. 7308). Éolide (?). Palau a très ingénieusement reconstitué une école lesbo-éoliennes, caractérisée par le décor polychrome sur fond sombre (fig. 7309); c'est, d'après lui, en Éolide et à Lesbos que se serait trouvée la production la plus importante de cette sorte de céramique. Certains de ces vases emploient, d'autres n'emploient pas l'incision ; certains portent des reliefs ou des motifs estampés; sur ceux qui font usage de l'incision il faut remarquer la fréquence du décor en écailles de poissons incisées et superposées. Les motifs sont généralement linéaires ou floraux; des retouches rouges et blanches relèvent l'aspect un peu sombre du vase. Il est probable que cette série ne doit pas être étroitement localisée à Lesbos et dans la région éolienne. Crète. La poterie crétoise des vire et vie siècles est fort mal connue; on peut seulement constater sur quelques exemplaires l'invasion de l'ornementation orientalisante, et l'emploi, en particulier, des godrons et de la tresse 6 ; sur d'autres, d'un style plus avancé, la présence de la silhouette au trait, usitée concurremment avec la silhouette noire incisée Chypre. Le style chypriote de cette époque est purement oriental; aussi le dénommet-on généralement style gréco-phénicien s. Guirlandes de lotus, rosaces, palrnettes,animaux, surtout oiseaux, y tiennent une place importante; la figure humaine, traitée à la manière égyptienne, y est souvent représentée (fig. 7310). Tantôt la composition est ordonnée en zones, tantôt le motif principal est isolé sur le vase. Le col et l'épaule sont principalement décorés. Ce qui frappe dans le style, c'est, àla fois, l'éclat de la polychromie, caractéristique, déjà auparavant, de la poterie chypriote, et la maladresse avec laquelle sont rendus les êtres vivants ; on y sent l'imitation de modèles, non l'observation de la nature. -Nous mentionnerons ici, bien que l'usage s'en soit perpétuéjusqu'à l'époque hellénistique, les curieuses onochoés à verseuse, dans lesquelles le bec est figuré par une statuette féminine, tenant elle-même une petite cruche (fig. 7311). Ce type de vase, qui fut très en faveur à VAS 646 VAS Chypre, est peut-être dû à l'influence d'idées égyptiennes'. [Italie, Étrurie. En Italie la période orientalisante est surtout représentée par les produits étrusques en pâte céramique noire, dite bucchero nero (fig. 2827 etsuiv.)9. Ce n'est pas, comme on l'a cru longtemps, une invention étrusque, mais plutôt une technique importée des pays grecs orientaux 9; car ce système n'est pas très ancien en Étrurie et succède à la poterie de pâte rougeâtre ou brune (irnpasto) des premières périodes. Cette vaisselle est encore rare dans les tombes à fosse 4 ; elle foisonne surtout dans les tombes à chambre des vile et-vie siècles; elle se prolonge pendant le ve 5. L'influence du métal est très manifeste et l'on peut croire que ce vase noir était surtout destiné à remplacer dans les maisons modestes le vase de bronze. Il faut y distinguer deux procédés de décoration : la gravure et le relief. La première est exécutée au burin ou avec une petite roulette dentée qui ponctuait l'ornement (fig. 2827) 6. Le second comporte des impressions au cylindre (fig. 4.27, 2829) ou des appliques en reliefs détachés (fig. 2830, 2831), ou des découpages à l'emporte-pièce (voir plus loin, 3° Les vases à reliefs). Dans les deux séries les types sont empruntés à des modèles grecs ou orientaux : palmettes en éventail, animaux (sphinx, griffons, lions passants, bouquetins, chevaux, oiseaux), personnages (chasses, banquets, gorgones, centaures, divinités orientales, masques)'. Quand les formes ne sont pas copiées sur des exemplaires grecs, elles gardent dans leur bizarrerie un caractère de complication qui est un trait indigène (cratères et réchauds portés sur de hauts supports (fig 2828), coupes à caryatides,combinaisonshétéroclites, tête humaine sur une jambe, corps de poisson muni d'un masque d'homme, etc.) 9. On aurait tort de croire que le bucchero nero s'est toujours présenté sous cet aspect triste et uniforme ; certains rehauts de couleurs très vives, en blanc, jaune, bleu, rouge, donnent à penser que ces vases étaient peints en tons friables qui ont disparu 9. Les grands plats et vases de Caeré, avec zones estampées au cylindre ou application de petits sujets, constituent une autre catégorie locale, appartenant à la caté Borie des vases à reliefs, dont nous parlerons plus bas; elle est également imitée des produits grecs, où dominent les influences orientales 10. Mais nous devons faire place ici à des poteries peintes qui continuent, à cette époque, la tradition des vases de style géométrique, en grandissant l'importance des vases à décorer, en les ornant de figures d'animaux imitées des spécimens rhodiens ou ioniens, en composant des scènes à personnages (chasse au lion, combat naval) et même des tableaux mythologiques (chasse de Calydon, naissance de Minerve); la technique, encore inexpérimentée, consiste en dessins au trait blanc sur une surface rougeâtre". La catégorie dite de Polledrara use d'une polychromie plus riche en tons rouges, bleus, blancs et jaunes (exploits de Thésée)" ; mais, comme dans le bucchero, ces rehauts peu solides se conservent mal. Dans tous ces produits italiotes, quelle qu'en soit la nature, on sent l'imitation des modèles grecs avec prédilection pour le style orientalisant. Dans les tombes on les trouve mêlés à des vases grecs L'art pourtant n'en est pas banal ; il garde une saveur un peu rude de terroir et dans sa barbarie il ne manque pas de beauté. Certains produits du bucchero très soi gné,poli et lustré(dit sottile), peuvent rivaliser avec d'excellentes oeuvres helléniques.] [Afrique punique. Les Phéniciens d'Asie ne paraissent pas avoir pratiqué l'industrie du vase peint. Mais les Phéniciens d'Afrique, sans doute sous l'influence des populations grecques méditerranéennes, ont décoré leur poterie commune de quelques ornements en couleur''`. Leur répertoire est fort pauvre; ce sont surtout des bandes et des filets de couleur brune sur une argile blanche; plus rarement quelques motifs géométriques ou végétaux. Les formes sont plus spéciales et caractéristiques; à côté des amphores ou des oenochoés ordinaires prennent place des urnes cylindriques, des vases à longue queue qu'on enfonçait en terre, des assiettes creuses. Ces poteries se trouvent dans les tombes du vie siècle, mêlées aux poteries importées de Corinthe, d'Ionie, d'Attique. On les rencontre, exportées en Sardaigne, dans des tombes du v' siècle '°. Elles persistent jusqu'au ive et au me siècle Sous des formes très semblables aux spécimens de la décadence italiote; elle ne doivent cesser qu'avec la destruction de Carthage (116)]. ve siècle est le grand siècle de la céramique attique ; il l'est par la perfection de la technique, la beauté de la forme, la variété du décor, l'intensité de la production. A la fin du vie siècle, nous l'avons vu, l'emploi de la figure rouge se substitue à peu près complètement à celui de la figure noire, et ce nouveau procédé a l'avantage de rendre possible, à l'intérieur des figures, une notation des détails au pinceau plus fine et plus nuancée que ne le permettait l'incision. C'est aussi le moment oit la science de la forme atteint son apogée ; toutes les espèces de vases sortent, également achevées, du Céra VAS 67 VAS mique athénien ; les plus en faveur sont l'hydrie, l'mno choé, le cratère, le cotyle, le rhyton, surtout la coupe ; cette dernière, qui est presque toujours à pied bas et à vasque peu profonde, est l'objet d'un soin particulier, aussi bien en ce qui concerne l'élégance du galbe que la richesse de l'ornementation. Quant au décor, il devient à la fois plus varié et plus savant; c'est une véritable et complète illustration de la vie et de la légende athéniennes ; scènes mythologiques et scènes de genre, suivant les maîtres et les ateliers, y sont également traitées. En même temps, sous l'influence des grands peintres et des grands sculpteurs, se développe l'art de composer un tableau gracieux ou dramatique, tandis que l'utilisation décorative du motif végétal (palmettes, feuilles de lierre, rinceaux) atteint son maximum de perfection. Enfin les écoles locales ont presque entièrement disparu, de sorte que la poterie athénienne, fabriquée en quantité considérable, est exportée sur tous les marchés méditerranéens ; et cette expansion commerciale, dont la raison n'est pas seulement dans le merveilleux essor économique d'Athènes, mais aussi dans l'exécution achevée de ses poteries, contribue, à son tour, à stimuler l'activité des ateliers et à leur assurer des débouchés. La céramique du ve siècle a été l'objet de multiples études tendant à distinguer, classer et dater les divers ateliers. Grâce aux nombreuses signatures d'artistes, à la distinction faite entre la signature iroirtcsv et la signature 'Einx,p.v, il a été possible de déterminer sûrement les noms des chefs d'ateliers et ceux des peintres céramistes 1, tandis que, grâce aux acclamations (un tel xcd ç) on a pu, par rapprochement avec des personnages historiques, établir des repères chronologiques certains 2. On est ainsi arrivé à esquisser un tableau assez précis et complet de l'industrie céramique au v8 siècle. Mais ici nous ne pouvons, encore moins que pour la période archaïque, entrer dans les détails, et nous nous bornerons à indiquer les principaux courants. Comme il était naturel, les premiers vases à figures rouges continuent les traditions de la peinture à figures noires. Pourtant, si le dessin précis et soigné, ruais raide, des maîtres archaïques prédomine encore, on constate aussi cette tendance à un style plus souple et plus libre qui apparaissait déjà chez Nikosthénès et qui se développera chez les peintres suivants. C'est surtout dans les représentations naturalistes qu'elle se fait jour. Celles-ci prennent une place de plus en plus grande et les scènes de genre sont préférées aux scènes mythologiques ; les banquets, en particulier, deviennent un des motifs favoris de la peinture de coupes. Un soin spécial est apporté à la décoration intérieure de cette sorte de vases, généralement négligée aux époques précédentes. Pamphaios et Épilctetos sont les représentants les plus notables de ce qu'on peut appeler le style archaïque à figures rouges ; pour ce groupe voir fig. 2115 (Épidromos), fig. 4938 (Épilykos) 3. La période dite du style sévère 4, qui lui fait suite, peut être placée dans les quarante premières années du• ve siècle. La décoration céramique parait subir à ce moment l'influence de Cimon de Cléones °, qui, à la fin du vie siècle, inaugura une peinture plus naturaliste (perspective et raccourcis, notation des veines et des muscles 6). C'est surtout grâce à Euphronios, le plus illustre potier de cette époque, que ces inventions du grand art sont adoptées par l'art industriel. Mais, en même temps que lui, d'autres artistes, dont les principaux sont Houris, Hiéron, Brygos, concourent à donner à la céramique athénienne un incomparable éclat (pour le style général des peintures, voir fig. 85, 182, 225, 830, 840, 1333, 6696, 6884 à 6888). Euphronios 7, peutêtre élève de Chachrylion, chez qui il a peint une coupe, semble de ces maîtres le plus original ; le cratère d'Antée (fig. 329) 8 et la coupe des exploits de Thésée (fig. 7312) 9, tous deux au Louvre, peuvent donner une idée de ses qualités essentielles (cf. aussi les fig. 3759, 430ii-, 4967). Si on les compare aux oeuvres antérieures, on y remarquera, outre un très grand progrès dans le dessin, dont la plupart des difficultés sont maintenant résolues, d'une part l'effort vers la représentation minutieuse et précise de la nature, de l'autre l'éveil du goût pour l'expression psychologique, qui est chose toute nouvelle. Mais, en même temps, on y retrouvera, aussi bien dans la construction des figures que dans la composition des scènes, les traces de la tendance archaïque à la schématisation ; cette tendance est, d'ailleurs, plus ou moins apparente chez tous les artistes de cette épo VAS 648 VAS que, et c'est à elle que leur manière doit le nom, étrange au premier abord, de style sévère. Dans les oeuvres de Hiéron, la nature est étudiée de façon moins serrée et moins personnelle'. Aussi Iliéron préfère-t-il les figures habillées, qui dissimulent son inaptitude à la représentation du corps humain. On lui doit quelques belles compositions mythologiques et il a employé chez lui un peintre nommé Hacron, qui a traité de façon excellente le thème de l'Enlèvement d'Hélène. Il faut surtout relever son goût, dans le choix des sujets, pour les scènes bachiques, dans la technique pour la coloration blonde de la chevelure avec du vernis délayé (fig. 2168, 2169, 2629, 4768, 5820). Ce dernier trait se retrouve chez Brygos 2; mais ce céramiste fait preuve d'un talent beaucoup plus original que Hiéron. Le choix des motifs est chez lui très varié ; il représente aussi bien les aspects divers de la vie quotidienne que les épisodes mythologiques ; il excelle en particulier dans les scènes qui groupent un assez grand nombre de figures. On peut considérer comme ses chefs-d'oeuvre la coupe de l'Ilioupersis du Louvre et le skypbos de Vienne représentant la rançon d'IIector (fig. 2124) 4 ; les attitudes des personnages, aussi bien que l'ordonnance du décor, y témoignent d'un véritable sens dramatique qui est la marque propre du talent de Brygos. Ce sont de tout autres qualités qui distinguent Douris Ses personnages n'ont ni la force d'expression ni le réalisme de ceux de Brygos ou d'Euphronios ; mais dans les scènes de palestre, dans les figures de jeunes gens qu'il reproduit de préférence (fig. 2598, 2599), on trouve une grâce aimable et un peu monotone, origine de la tendance au maniérisme que nous verrons s'affirmer dans la seconde partie du siècle. Bien que l'ouvre de Douris contienne quelques belles représentations mythologiques d'un caractère plus grave (fig. 2479, 7202)5, il est avant tout le peintre élégant et facile de la vie éphébique; son Intérieur d'école est une de ses meilleures oeuvres en ce genre (fig. 7313) 7. Aux environs de 470 se fait sentir une nouvelle influence, celle de Polygnote 8. Alors commence la période dite de style polygnotéen, qui semble durer jusque vers 440. La peinture céramique perd cet aspect d'enluminure dont elle ne s'était jamais, jusqu'alors, complètement départie. Les progrès du dessin sont très notables et l'on commence, en particulier, à représenter les visages de trois quarts et de face (fig 5430). Le style devient plus large et plus libre, la composition plus variée et plus ample. Les figures atteignent parfois, relativement aux dimensions des vases qu'elles ornent, une grande taille; on sent l'influence de tableaux conçus en vue de décorer de plus vastes surfaces. Mais ce qui est surtout caractéristique de ce style. c'est, d'une part, la puissance d'expression pathétique dont il a su douer certaines de ses créations et dont la coupe d'Achille et de Penthésilée, à Munich, est le plus saisissant exemple s ; de l'autre, la distribution des personnages à des niveaux différents et l'indication des replis de terrain, procédé directement imité de la peinture sur fresque et que le cratère d'Orvieto, au Louvre, permet de bien apprécier 10 On peut placer vers 410 les débuts d'une autre tendance (style pllidiesque), dont on rattache l'origine à la sculpture de Phidias. Les personnages atteignent une noblesse d'expression, les lignes une pureté de dessin oit se sent le même esprit que dans les oeuvres les plus achevées de l'époque de Périclès 11. Les signatures d'artistes deviennent plus rares; on peut citer celles d'Aristophanès et d'Erginos (fig. 3561) pour cette période. La beauté singulière que réalise parfois, à ce moment, le décor de vases peut être rapprochée de ce que le grand art a créé alors de plus parfait. On y constate, en même temps, la liberté et la souplesse complètes conquises par le pinceau du céramiste (fig. 707, 1278, 2428, 2429, 4772, 5207, 5800, 6608). Le style fleuri 12, qui se développe en Attique à la fin du ve siècle et dont Jleidias est le principal représentant, témoigne de ce goût pour la finesse et pour l'élégance qui se révèle, à la même époque, dans toutes les productions de l'art (fig. 2430). Les Éros, minces adolescents ailés voletant à travers les scènes, y sont des personnages favoris. Le charme des figures, la grâce vivante des draperies assurent aux hydries de Meidias une place parmi les créations les plus délicates de la céramique athénienne. Dans ce groupe les hydries et les lécythes aryballisques sont particulièrement nombreux (fig. 676, 1426, 6902). Le décor végétal y joue un rôle important ; le revers du vase est ordinairement orné de rinceaux, entremêlés de palmettes et terminés par des fleurs stylisées, qui se déploient au-dessous et VAS -649VAS de chaque côté de l'anse verticale. Comme motifs caractéristiques il faut signaler les bandes formées de méandres alternant avec de petits damiers (ces derniers aux cases blanches souvent pointées), qui limitent la partie inférieure des scènes, et, dans le champ même des représentations, les souples tiges de lauriers aux baies dorées. A côté des oeuvres du style fleuri il faut placer les nombreux petits vases' dont l'usage est très répandu vers le même moment. Ils portent en général des scènes de genre empruntées soit à la vie des enfants (fig. 4633, 4637, 4610), soit à celle du gynécée. Dans quelques-uns les figures sont extrêmement fines et soignées, souvent rehaussées de retouches blanches et de dorures ; dans d'autres, au contraire, l'exécution est tout à fait négligée. Cette école de miniaturistes dérive de celle de Douris, dont la manière n'a pas cessé d'être pratiquée durant tout le v' siècle, conjointement avec les styles dérivés de Polygnote et de Phidias. C'est, au contraire, à ces derniers que se rattache le décor des grands vases à nombreux personnages, à larges retouches blanches, parfois même bleues, et à dorures, qui sont également fréquents à cette époque2; les cratères de Talos, à Ruvo 3, ou de I'ronomos, à Naples en fournissent d'excellents spécimens. Ces dernières séries nous amènent au seuil du Ive siècle, mais la chronologie de cette période est fort mal établie et il est difficile de préciser3.Ilsernble que les malheurs de la guerre du Péloponnèse aient, sinon ralenti, du moins détourné vers d'autres voies le commerce des vases attiques. S'il yeut diminution dans la production, elle ne fut que momentanée, et l'industrie attique reprit vite le dessus; mais l'Italie, qui avait été jusqu'alors le principal débouché, commence à produire elle-même des vases de style pseudo-attique ; par suite, l'importation grecque diminue, et c'est dans d'autres régions, du côté des îles, comme Milo et Rhodes', plus encore dans la Russie méridionale et en Cyrénaïque ou à Alexandrie, que les céramistes d'Athènes placent leur marchandise. Les vases trouvés dans la Russie méridionale, spécialement dans les tombeaux de Panticapée (Kertch'), et décorés suivant le style dit de Iiertclt, sont les représentants les plus caractéristiques de la poterie athénienne au Ive siècle'. Le style et la composition y sont tout à fait libres et, dans les vases soignés, ils témoignent d'une souplesse et d'une élégance où se manifeste l'influence du grand art (fig. 5051). Le style de Kertch dérive du style fleuri de Meidias, mais on constate entre eux une différence notable que Furtwângler a mise en lumière; alors que dans le second le contour des figures est conçu comme purement linéaire, on essaie, dans le style de Kertch, d'en faire sentir le volume; l'aspect du IX. décor devient ainsi plus pictural. Les scènes, qui comprennent ordinairement d'assez nombreux personnages, sont souvent des scènes de toilette ; pourtant les épisodes mythologiques sont aussi représentés. Parmi les vases on notera l'abondance particulière des lékanés à couvercle et des pélikés. Les motifs végétaux, placés sous l'anse, gardent toujours beaucoup d'importance. Dans la technique on voit continuer l'emploi des rehauts blancs, quelquefois bleus, et celui des dorures'. Le style des vases trouvés en Cyrénaïque est analogue à celui de Kertch, mais les motifs sont différents. On y remarque, d'une part, des représentations mythologiques, souvent traitées avec une curieuse fantaisie"; de l'autre, le fréquent usage, comme décor, d'une tête féminine peinte sur la panse et quelquefois accompagnée de griffons" ; parfois la tète féminine est remplacée par celle d'un personnage oriental compris entre un buste de cheval et un buste de griffon. Il est probable que les vases de Cyrénaïque sont en partie des importations et en partie des imitations locales, mais il est difficile de distinguer dans le détail les unes et les autres, et on peut les considérer tous comme des représentants du style attique au Ive siècle. Les vases trouvés à Alexandrie ont l'avantage de nous fournir un point de repère chronologique, puisque la fondation de la ville est de 331 ; ils sont donc postérieurs à cette date 12. Vases à fond blanc. Le grand siècle de la céramique à figu res rouges est également celui de la céramique à fond blanc. Cette technique, connue dans d'autres régions de la Grèce depuis une antiquité très reculée, paraît avoir été introduite en Attique par Nikosthénès. Elle a, au ve et au Iv' siècle, un développement merveilleux. Les coupes et les lécythes sont les seules espèces de vases pour lesquelles la peinture sur fond blanc ait été couramment employée, mais on la trouve aussi par exception sur des cratères ou des pyxis13. Les coupes à fond blanc" paraissent localisées dans 8c3 VAS 650 TAS la première moitié et le milieu du ve siècle. En général l'intérieur seul est peint sur fond blanc, l'extérieur étant décoré de figures rouges. Ce sont toujours des produits très soignés, sur lesquels l'usage de la dorure et celui du noir délayé varient et nuancent l'aspect du décor. Quelques-uns de ces vases, comme la coupe signée d'Euphronios au musée de Berlin', la coupe d'Anésidora au Musée Britannique (fig. 7314) 2, sont des chefs-d'œuvre conçus suivant les principes du pur style sévère; sur d'autres les personnages aux fins profils, aux gestes gracieux, annoncent plutôt, comme ceux de Douris, les figures élégantes de la deuxième partie du siècle (fig. 4720); telles sont ces coupes aux parois extrêmement min ces, aux formes recherchées, qui sont dues à Sotadès et à son école'. On distingue, parmi les lécythes à fond blanc [LECYTIIUS], deux groupes. Le premier est celui des lécythes faus sement dits de Locres*, car ce sont fu des produits purement grecs et répanFig. 7315. Lécyuie dus dans tout le monde grec. La couà figures noires sur Verte qui les recouvre est blanc jan pâtre, très cuite et dure ; le décor, d'abord exécuté en silhouette sombre suivant la méthode des figures noires (fig. 7315), l'est ensuite au trait sous l'influence de la technique à ligures rouges. Les sujets sont, le plus souvent, ceux de la vie ordinaire ou des scènes mythologiques (fig. 2439). L'autre groupe de lécythes 5 parait constituer une spécialité athénienne ; les exemplaires s'en rencontrent principalement en Attique. La couverte, de ton blanc laiteux, y est plus ou moins poussiéreuse et fragile ; le col, l'anse et le bas du vase sont en général, sauf pour les vases de petite taille, enduits de vernis noir (fig. 4402). L'emploi de la silhouette noire est rare : un méandre limite ordinairement la partie supérieure de la scène. L'usage presque exclusivement funéraire des lécythes explique que la très grande majorité des représentations figurent des épisodes des funérailles ou de la vie d'outretombe (fig. 1336, 3333, 33:39, 403, 4807, 4946, 5147, 6322) ; sur un très petit nombre de vases se rencontrent des scènes mythologiques ou des scènes de genre. Sur les lécythes les plus anciens (première moitié et milieu du ve siècle) le décor est, en tout ou en partie, exécuté au vernis noir plus ou moins fin ; dans la seconde partie du ve et au Ive siècle on ne se sert plus, pour tracer les contours, que d'une couleur mate, en général rouge. Les couleurs rouge et bleue sont aussi employées et étendues par larges touches, mais la polychromie est ordinairement très sobre et surtout usitée pour les vêtements; elle ne prend beaucoup d'importance que dans quelques vases de très grande taille, entièrement recouverts d'enduit blanc, au décor desquels a été appliqué le procédé pictural de la skiagraphie [PICTUBA, p. 463, fig. 5650] Les lécythes à fond blanc comptent parmi les oeuvres les plus précieuses et les plus originales de la céramique athénienne; même les plus simples se distinguent souvent par la pureté du dessin, et quelques-unes des scènes dont ils sont ornés, comme les deux mortes assises sur le grand lécythe du Louvre (fig. 5617), comme la déposition au tombeau sur un lécythe d'Athènes (fig. 2287), comme l'offrande des parentsau tombeau (fig. 7316) sont aussi belles par la grâce harmonieuse des attitudes que par l'émotion discrète dont la composition est empreinte. Vases à lustre noir sans décor peint. On a vu plus haut (p. 64.3) le développement que les potiers béotiens ont donné, dès le vle siècle, à une catégorie particulière de vases entièrement recouverts de lustre noir. Les vases soignés sans décor peint sont assez répandus dans la seconde moitié du ve et au Ive siècles ; ils sont recouverts d'un solide vernis noir (fig. 6872). Dans ces vases tout l'effort du céramiste a porté sur la forme, qui est souvent élégante et recherchée; on remarque, en particulier, combien le profil de certaines coupes rappelle les moulures d'architecture. Les vases sans décor peint sont souvent ornés de cannelures ou de sillons verticaux; souvent aussi, principalement à l'intérieur des coupes, se voit un décor estampé de palmettes, d'oves et de cercles concentriques 8, qui forme une transition avec la période suivante des vases à reliefs (voir plus loin, 3°). [Peu à peu apparaissent des ornements en blanc et en jaune, parfois accentués par des incisions, qui amènent à la catégorie hellénistique (ci-dessous, p. 654). On a des raisons de croire que cette évolution, qui conduisit les céramistes à la suppression des tableaux à personnages, eut son point de départ en Attique même, et peutêtre pour auteur un certain Thériclès, contemporain d'Aristophane [THERICLEA VASA, p. 212, fig. 6871, 6872]. L'imitation de la métallurgie en fut certainement la raison déterminante; de même que les Étrusques ont copié les vases de bronze dans le bucchero, de même les Attiques commencèrent à imiter la vaisselle de métal dans ces belles poteries noires et brillantes. Toute la céramique grecque fut orientée du même coup vers cette méthode qui devint générale, dans les pays grecs comme en Italie.] VAS G51 VAS Depuis longtemps l'Étrurie était, en Italie, le débouché le plus important pour le commerce des poteries attiques ; c'est là qu'ont été trouvés les plus beaux vases du vie et du ve siècles. Mais la guerre du Péloponnèse (431 av. J.-C.) vint troubler ces relations. La désastreuse expédition de Sicile (410), en fermant le détroit de Messine, empêchait les arrivages directs des marchandises athéniennes du côté de la Toscane. 11 est remarquable que les beaux produits céramiques de la fin du ve siècle se font rares en Étrurie; il faut les chercher sur la côte est, dans la région de Ruvo au sud, de Bologne au nord ; ce déplacement est significatif, il prouve que le cabotage amenait les marchandises par ].'Adriatique et, non plus par la mer Tyrrhénienne'. C'est ce qui explique aussi la diffusion des vases attiqués de la fin du v' et du iv' siècle vers les régions orientales comme la Cyrénaïque, l'île de Rhodes, la Crimée (voir ci-dessus, p. 649). Les exportateurs des vases et des produits contenus dans ces vases ont obéi à la nécessité de se créer de nouveaux débouchés. En Italie, les régions où aboutissent le plus facilement ces nouvelles voies de commerce sont naturellement les pays du sud, la Grande-Grèce, depuis longtemps remplie de colons grecs et devenue en partie terre hellénique, malgré la résistance des nombreuses populations indigènes qui se pressent encore autour de ces centres hellénisés, Tarente, Héraclée, Sybaris, Thurium, Cumes, Naples, Capoue, etc. Là se fondent, sous l'influence des importations attiques, des ateliers de céramique florissants, dirigés sans doute par des Grecs, ou même par des émigrés attiques, mais recrutant aussi leurs ouvriers parmi les indigènes. La technique y est moins sûre, les secrets d'atelier se perdent ; le lustre noir est moins beau, le dessin moins pur; le style prend une allure locale et reconnaissable aux formes comme aux ingrédients employés ; les sujets se spécialisent en catégories bien définies. Ce sont comme des succursales des fabriques attiques, mais dont les produits présentent une physionomie qui leur est tout à fait propre 2.] [Importations attiques. C'est surtout dans la région de Ruvo, voisine des meilleurs ports de l'Adriatique (Brindes, Bari), que l'on a trouvé de très beaux vases attiques qui ont pu servir de modèles aux fabriques apuliennes. II faut remarquer que le style apulien se rapproche, en effet, beaucoup plus que le lucanien ou le campanien, du style attique ; il a été placé avec lui en contact plus direct et plus fréquent. Le lécythe aryballisque de Londres «peinture allégorique de l'éphèbe avec les déesses de la Santé et de la Joie), l'hydrie de la collection Caputi (Athéna et Niké dans un atelier de potiers) 4, l'hydrie de Carlsruhe attribuée à Meidias (Jugement de Pâris) 5, le cratère de Talos le cratère des Apprêts d'un drame satyrique (fig. 1426) sont des exemples notables de la série provenant de Ruvo ou des environs, série supérieure en qualité et en beauté à celles de Cyrénaïque ou de Crimée et de date plus ancienne (fin du ve siècle). En Campanie, du côté de Cumes et de Capoue, on peut citer des spécimens de beau style, comme le lécythe du Combat des Grecs et des Amazones ', le cratère d'Andromède le cratère de l'Anodos de Coré 9, l'hydrie polychrome du musée de Lyon 10, etc. Il faut mettre à part Nola, où les importations sont d'un style plus ancien et remontent en plein ve siècle; elles venaient alors par la voie de Cumes et de la mer Tyrrhénienne''. Dans le nord, du côté de Bologne, signalons pour l'époque qui nous occupe le cratère de Thésée chez Amphitrite 12 et la série encore nombreuse des vases qui suivent le style de Meidias ". Rappelons aussi que dans cette région, comme dans celle d'Adria, les importations attiques dataient de plus haut, de la fin du vie et du ve siècle. Ce n'est que la continuation d'un commerce établi depuis longtemps ". Les importations du style libre deviennent beaucoup plus rares de l'autre côté des Apennins, en Étrurie'']. [Fabrication greco-italiote. Nous pensons qu'à côté des importations de vases il faut tenir compte aussi des importations d'ouvriers, si l'on peut dire. Il est très vraisemblable que, quand s'établirent en Apulie et en Campanie des ateliers céramiques, nombre d'ouvriers grecs, en particulier attiques, attirés par l'appât du gain, vinrent s'installer dans ces fabriques et leur apporter la technique et les procédés de leur métier. Mais ces émigrés ne trouvaient sur place ni l'argile ni, dans leur pureté, les ingrédients nécessaires à la composition du noir et du lustre. C'est de cette façon qu'on pourrait expliquer certains produits mixtes, très semblables par le style à des vases attiques 1G, mais très différents d'eux par la terre et par la couleur, et sûrement fabriqués en Italie. Ils ont, à notre avis, servi de transition et de lien étroit entre les produits des deux pays. Tels sont, au Louvre, le cratère de l'Expiation d'Oreste (fig.4688), dont on a tant de fois discuté l'origine, trouvé en Apulie, mais tout autre que les vases apuliens ou grecs ", etl'mnochoédeBorée et Orithye 13; au Cabinet des Médailles, le cratère d'Ulysse et Tirésias (fig. 2480)13; au British Museum, le curieux cratère de la Dolonie 20 ; dans la collection Jatta le cratère de Phineus et des Argonautes 21. On remarquera qu'une explication analogue s'applique aux miroirs dits étrusques, où l'on reconnaît aussi un groupe qui pourrait être dû à des ouvriers grecs travaillant en Italie 2l.] [Fabrication apulienne 23. C'est la plus belle et la plus riche de l'Italie méridionale, celle qui se rapproche le plus des Attiques. Elle en diffère par la couleur de l'argile un peu brune, et non rouge, par un décor floral très abondant, des retouches blanches, rouges et VAS 652 VAS jaunes, par le style des personnages à visage un peu gros et aux traits peu réguliers, par le dessin des draperies fait de petits traits courts, brisés, souvent curvilignes, par les essais de perspective et de relief au moyen de tons colorés (fig. 114, 665, 1308). Les Apuliens affectionnent les vases de grandes dimensions, le cratère à large embouchure et à anses avec mascarons débordants, déjà créé par les Attiques, mais de formé plus massive, avec têtes de cygnes au-dessous des anses (fig. 7317)1, les grandes amphores à col mince et à zones superposées 2, les eenochoés en forme d'aiguière allongée 3, etc. En général, les formes dérivent des types attiques, mais transformées, agrandies, allongées ou épaissies. Le noir est assez beau, bien lustré, sans égaler celui des Grecs. L'aspect du vase est riche et imposant; mais il n'a ni la sobriété, ni la finesse, ni le fini consciencieux des Attiques. On note de curieux retours à l'archaïsme ancien ; des divisions en registres superposés, des ornements en postes, en crochets, des zones de poissons, de coquillages et de poulpes, qui rappellent les antiques produits mycéniens `. Les sujets de la vie familière sont assez rares (banquets, scènes d'athlètes, bains de femmes) ° ; ce sont surtout des compositions mythologiques (fig. 114, 665, 4146), ou même historiques (fig. 792, les Perses); les scènes bachiques, les réunions monotones de Ménades et de Satyres y jouent un rôle prépondérant' ; le cycle d'Aphrodite et d'Éros vient ensuite 7. Trois catégories spéciales sont représentées : 1° par les vases funéraires (caractérisés par la présence de la stèle ou du tombeau en édicule, avec le mort héroïsé et entouré de ses proches qui lui font des offrandes) (fig. 6327) 8, où l'on distingue comme sous-groupe les grands vases avec représentations des Enfers' (fig. 907, 4051, 4052) ; 2° par les vases à scènes de théâtre (fig. 3335, 4877) (tragédies souvent inspirées de pièces d'Eschyle, de Sophocle (fig. 7318) ou d'Euripide10 et importantes pour la reconstitution des pièces perdues); 3° par les vases à sujets héroïques et épiques (armement d'Achille, enterrement de Patrocle, etc.)". Les signatures d'artistes sont très rares (fig. 3335) ; on connaîtle nom de Lasimosf 2.] [On peut rattacher peut-être à la fabrication apulienne du Ive siècle deux autres catégories dont la production n'a pas encore été localisée avec précision: 1° les assiettes à poissons ou à grandes têtes de femmes "; 2° les lécythes et autres vases à parfums qui conservent encore la technique à figures noires 1t, par une survivance dont les amphores panathénaïques d'Athènes, les vases béotiens du liabirion, les hydries alexandrines d'IIadra, offrent des exemples à la même époque. Les centres de fabrication en Apulie ne sont pas encore établis avec sûreté. On a longtemps désigné Tarente comme le principal", ce qui est très contestable 16. Les localités les plus productives semblent être Ituvo, Bari, Canosa 77. On a cherché dans les événements historiques dont le pays fut le théâtre une hase chronologique, qui placerait le début de la fabrication dans la seconde moitié du ve siècle, la prospérité dans le Ive, la fin dans le Ine 18. A côté des produits grecs ou imités des Grecs il y avait en Apulie une production assez importante de vases peints qu'on a appelés « céramiques rustiques », dont les origines étaient anciennes et qui florissaient déjà aux temps du style géométrique (ci-dessus p. 635). A partir du Ive siècle elles reviennent en honneur, surtout dans la région de Ituvo et de Canosa, dans la Bannie, et plus au sud, en Messapie. Certains spécimens avec inscriptions messapiques confirment le caractère local de ces poteries 1'. Les amphores à rotules, décorées de noir rougi sur fond clair (oiseaux, personnages, motifs floraux), sont nombreuses ; ailleurs le décor est en blanc et jaune sur vernis noir 2D. La forme de l'askos est usitée et représentée par de beaux et grands exemplaires ".] [Fabrication campanienne. Elle se rapproche dans l'ensemble de celle des Apuliens, mais elle présente des particularités qui lui sont propres : certaines formes de prédilection, comme l'amphore à anse de seau revenant par-dessus l'embouchure,l'ampliore Ô. anses cordées,l'hydrie et le skyphos dérivés du type attique 32 ; des détails de technique, la polychromie en retouches rouges plus abondante et plus fréquente, parfois même un ton rouge déposé sur les figures, qui semble provenir d'une mauvaise qualité du lustre avivant les parties réservées de l'argile 23 ; l'argile analogue à celle des Apuliens, avec un ton souvent plus foncé ; des sujets empruntés aux scènes guerrières avec des costumes indigènes, de VAS 653 VAS grandes plumes sur les casques, de larges plaques servant de courtes cuirasses en métal sur la poitrine (fig. 791, 5373 = fig. 7319) Les sujets dionysiaques y sont fréquents, comme dans toute l'Italie méridionale (fig. 700); mais les sujets funéraires sont bien plus rares qu'en Apulie ; les proportions des personnages souvent trapues et courtes, plus éloignées du type lysippéen des Apuliens, oit les têtes sont petites sur des corps vigoureux ; une ornementation moins fleurie et moins gracieuse, dans l'ensemble, un art plus massif et moins élégant. Une catégorie spéciale est formée par les vases signés d'Asstéas ou attribués à son atelier. Bien que plusieurs de ses oeuvres aient été trouvées à 1'aestum, en Lerritoire lacanien, nous ne voyons pas de raisons de le détacher du groupe campanien, avec lequel il a beaucoup plus d'accointances qu'avec le groupe lacanien. C'est l'artiste le plus important et le plus intéressant de l'Italie méridionale; on peut le placer au milieu et dans la seconde moitié du ive siècle 2. Il ~^traite des sujets mythologiques (Cadmos et le Dragon, Phrixos et Relié ( t1g.503 hercule et les Hespérides) ; il reproduit une scène de tragédie (Hercule furieux, fig. 2501) et une de comédie (l'avare Charinos, fig. 3858). Son style est conforme à celui des Campaniens, un peu lourd et larges retouches lie-de-vin; il met volontiers dans le champ des personnages coupés en buste et regardant la scène. On peut lui attribuer d'autres peintures non signées, comme le cratère du Louvre (Cadmos et le dragon) 3, le cratère d'Oreste poursuivi par les Euménides Nous consi dérons comme un émule ou un élève l'auteur de deux oeuvres de style analogue, Python (le Bûcher d'Alcmène (fig. 7320); Bellérophon sur Pégase et Sthénoboia se jetant dans la mer °). A la même catégorie campanienne, on peut rattacher toute une catégorie de vases, en particulier des cratères (fig. 7321), auxquels le cratère d'Asstéas à sujet de comédie est apparenté, mais qui relèvent d'une autre forme de la littérature théàtrale, la farce des Phlyaques et l'hilarotragédie, développée au ive siècle sur les scènes de l'Italie méridionale par Rhinthon de Tarente(ou de Syracuse)'. L'origine de ce genre de peinture bouffonne est certainement attique mais il a pris en Italie une extension considérable, sous l'influence d'une tradition nationale qui a sans doute abouti à la comédie italienne et au Polichinelle moderne. Les farces de tréteaux, les grimaces et contorsions ridicules forment la trame ordinaire des sujets représentés (fig. 3860, 6711). La parodie des dieux et des héros y joue un . rôle important (fig. 5632 à 5634, 60.16) '. Cependant on ne doit pas englober tous les vases à sujets comiques uniquement dans la fabrique campanienne; il y en a que l'on peut croire fabriqués en Apulie et en Lucanie ; usais ce sont des exceptions. La chronologie historique du groupe en placerait le développement entre le milieu du ive siècle et la [in du me. Les centres de production principaux seraient Saticula, Abella et Cumes 9.j [Fabrication lacanienne. Il est possible que, chronologiquement et régionalement, ce groupe se lie aux Apuliens plus étroitement que les Campaniens 10, mais il se sépare des deux autres par son caractère très personnel" : la couleur des vases plus jaune, la facture du dessin toute différente, en traits droits et appuyés, les têtes fortes, l'aspect un peu archaïsant des personnages qui se rattachent à la tradition attique du ve siècle, la figuration du sol en petits cailloux, les ornements végétaux en palmes échancrées sur les bords, les larges retouches blanches, les draperies suspendues dans le champ comme des frises de théâtre, certaines formes de vases influencées par des traditions indigènes et anciennes, avec de petits disques ou rouelles formant VAS Ei7k VAS saillie sur les ansestous ces détails donnent aux vases lucaniens une physionomie particulière et très reconnaissable. Les représentations mythologiques remontent à des sujets anciens (Hercule et centaure, hercule et le taureau, Io et Argos, Pâris et Ilélène) 2 ; les scènes funéraires sont fréquentes comme en Apulie et introduisent même des figures mythologiques comme Électre et Oreste On y trouve aussi des reproductions de tragédies (Folie de Lycurgue, Hécube et Polymnestor) 4. La tendance générale est érudite et littéraire, plus que réaliste. Les fabriques principales seraient celles d'Anzi, Armento et Paestum ; la chronologie placerait le début de la production dans la seconde moitié du ve siècle, et la fin au IIIe siècle 5.] [Fabrication étrusque. Pendant que fleurissent et prospèrent les ateliers nale, on peut juger de l'abandon auquel est réduite celle qui avait été durant le vie et le ve siècle la cliente assidue des Attiques, en voyant les vases dont l'Étrurie est obligée de se con tenter au Ive et au me siècle. Privée des arrivages réguliers, recevant lentement par la région de Bologne quelques produits attiques, elle s'efforce de se créer une céramique peinte, à l'imitation des modèles grecs. Mais comme c'est un art que ses potiers, si longtemps familiers avec la technique du bucchero noir (ci-dessus, p. (HO , n'ont jamais pratiqué, ces essais sont pitoyables et aboutissent à des œuvres d'un caractère tout à fait barbare et négligé. La couleur noire y est terne, la terre pâle, salie et jaunie, le dessin grossier et incorrect. Aux sujets grecs, Admète et Alceste, le suicide d'Ajax, Actéon, etc., le décorateur mêle des figures de divinités indigènes, comme le Charon étrusque armé de son marteau (fig. 732)'. Des inscriptions étrusques précisent parfois le caractère local de ces peintures. Les formes principales de vases sont le cratère stamnos, l'amphore et une oenochoé à bec taillé en biseau. On attribue aussi à l'Étrurie des peintures d'un style fort négligé, où les figures et ornements sont peints en couleur rouge par-dessus le mauvais vernis noir; les détails intérieurs sont incisés On semble retourner aux plus anciens procédés de la peinture de vases.] Nous revenons en Grèce. A l'époque hellénistique l'industrie céramique change complètement de caractère. Le décor des vases se modifie profondément' ; aux scènes à personnages, qui deviennent rares, se substitue une ornementation purement décorative à base de bandelettes et de guirlandes; de plus les vases à reliefs et les vases métalliques prennent une importance croissante, qui restreint celle des vases peints. D'autre part il se produit dans les conditions de production un phénomène inverse à celui que nous avons vu se réaliser précédemment; Athènes cesse d'être presque la seule productrice et, comme à l'époque archaïque, les ateliers provinciaux reprennent leur activité ; mais alors qu'autrefois chaque région avait son style propre, les styles semblent maintenant communs à tout le monde grec et, sauf quelques groupes bien particuliers, il est difficile de déterminer des fabriques locales. On distingue deux grandes classes de vases peints hellénistiques: les vases à fond clair et les vases à fond sombre. Vases à fond clair. On doit envisager ici deux groupes principaux : les vases à décor polychrome et ceux à décor monochrome. Le premier groupe est constitué par des vases que recouvre une fine couche de lait de chaux. Les contours du dessin sont peints en brun ; les couleurs usitées sont le blanc, le rouge, le violet, le vert (°). Les motifs sont des bandelettes, des guirlandes, des pièces d'ornement (boucliers, cuirasses, épées), des vases, des têtes de Méduse, quelquefois, niais très rarement, des scènes à personnages. Rien que la série ne soit pas très nombreuse, les vases de ce genre semblent avoir été en usage dans tous les pays grecs ; une série importante provient des nécropoles d'Alexandrie. Ils paraissent appartenir au me siècle. Les vases à décor monochrome comprennent, d'une part, les hydries d'Alexandrie, de l'autre, les lagynoi. Les hydries funéraires d'Alexandrie 10 représentent la fin de la céramique à figures noires. Ces poteries, découvertes dans les nécropoles de la grande ville hellénistique et par conséquent postérieures à la fin du Ive siècle, portent sur un fond clair, généralement donné par la surface même de l'argile, un décor peint en noir. L'ornementation est répartie dans des zones disposées sur le haut de la panse, sur l'épaule et sur le col. La zone de la panse, qui se trouve à la hauteur des anses, est fréquemment coupée en deux parties par d'étroites bandes verticales, souvent quadrillées, placées de côté et d'autre de chaque anse. Les motifs consistent principalement en points, spirales, palmettes, rosaces, tiges feuillues, rameaux de lierre et de vigne ; quelquefois, plus rarement, apparaissent des scènes figurées : un groupe de dauphins, une suite d'oiseaux, un cheval ailé, un combat singulier, un profil de tête humaine. Plusieurs de ces hydries portent le nom du mort, dont elles conservaient les cendres, et la date des funérailles ; ces inscriptions, qui s'étendent de 284 à 2119 ", permettent d'attribuer la série, avec certi VAS' -G~;-VAS tube, à la première moitié du me siècle avant notre ère. Les lagynoi constituent la vaisselle à fond clair la plus abondante. Ils paraissent avoir été fabriqués dans plusieurs pays grecs, plais plus spécialement dans les îles et en Asie Mineure, et avoir duré depuis la fin du me jusqu'au milieu du ter siècle avant notre ère. Ce sont des sortes de flacons à long col, à large base, à panse très basse rejoignant l'épaule par une arête vive; quelques vases à panse sphérique présentent la même technique et doivent être rangés à côté d'eux. Très généralement un enduit clair recouvre la surface. Les motifs sont peints d'une couleur brune plus ou moins foncée sauf les cercles qui entourent les diverses parties de la poterie, la décoration est exclusivement réservée à l'épaule. Quelques vases ne portent qu'une simple ornementation linéaire ; mais, le plus souvent, les motifs sont empruntés à la nature ; ce sont principalement des guirlandes de feuillage, surtout de lierre, des couronnes de banquet, des instruments de musique (cithare, flûte, trigonon), des vases, des dauphins (fig. 7323). La figure humaine est complètement absente. Il faut rattacher aussi aux lagynoi les belles eenochoés à fond blanc, décorées de guirlandes, trouvées dans les nécropoles de l'Afrique punique 2. [En Italie, à Canosa (Apulie), on voit se prolonger une fabrication de vases à décor noir sur fond clair qui a des origines très anciennes (ci-dessus, p. 652). A l'époque hellénistique elle produit surtout des amphores, avec motifs floraux ou dessins d'animaux et de personnages, de grands askoi avec ornements géométriques, qu'on avait eu tort autrefois de considérer comme des séries très anciennes 3. Dans la même région on fabrique aussi des vases qui ressuscitent momentanément la belle catégorie des lécythes blancs attiques (ci-dessus, p. 650). La poterie est recouverte d'un engobe blanc sur lequel on peint des couleurs très vives et friables, bleu, rose, rouge ; on possède de jolis vases de cette série, canthares, (nnochoés, qui peuvent dater encore du Ive siècles ; les sujets sont en rapport avec le répertoire ordinaire des Apuliens. La fabrication entre en décadence pendant le me siècle et continue au ne, avec une production abondante, hais peu artistique, de grandes amphores allongées et surtout d'askoi, non seulement peints, mais surchargés de reliefs et de statuettes qui les font rentrer surtout dans la catégorie des vases plastiques «plus loin, p. 658). La même technique a duré en Égypte jusqu'en pleine période romaine et impériale , la nécropole de la ville d'Antinoé (fondée sous Iladrien, après l'an 132) a livré des spécimens de poteries polychromes à dessins en rouge, vert, noir, sur fond blanc friable 6.] Vases à fond sombre. On a vu plus haut (p. 650) le point de départ de cette série. A partir de la fin du ive et pendant le nie siècle, les vases à couverte noire' sont répandus à peu près dans tout le monde grec. Les formes en sont très variées : phiales, coupes, canthares, cenochoés, skyphos, plats, askos. Le décor est principalement floral et végétal, mais il comporte aussi des éléments géométriques (damiers, quadrilatères emboîtés) ou animaux (dauphins, colombes) et des motifs divers (bucrânes, thyrses, cornes d'abondance, guirlandes d'amulettes). La couleur fondamentale est d'un jaune orange vif; le blanc et le rouge sont rares; les incisions redeviennent fréquentes. Ce genre de décor est parfois associé au décor en relief; il est sou vent aussi appliqué aux vases à cannelures (bord des Lasses, épaule ou col des hydries et des amphores). Bien qu'elle n'ait pris une grande extension qu'à l'âge hellénistique, cette technique en rouge et blanc posés par-dessus le noir est fort ancienne. Sans remonter jusqu'aux époques primitives (style de kamarès), on en constate l'usage, au vie siècle, dans l'ornementation intérieure des vases naucratites ou de certaines phiales attiques à omphalos ; et on la suit plus tard, au ve et au ive siècle, dans la céramique à repeints rouges sur fond noirs, imitation de la céramique à figures rouges réservées (ci-dessus, p. 616). C'est, en effet, le même procédé que nous retrouvons, employé à la reproduction du décor hellénistique, sur les poteries à fond sombre du me siècle. [Dans l'Italie méridionale cette catégorie prend une extension considérable. Bien qu'on la désigne souvent sous le nom de vases de Gnatllia (Apulie), il n'est pas démontré que cette localité ait été le siège principal de la fabrication ; Tarente même reste douteux ; c'est encore la région de ltuvo qui réunit le plus de probabilités10. De toute façon la parenté avec la série apulienne est étroite : têtes de femmes et masques, petits Éros, rinceaux, feuillages, retouches de blanc et de jaune, sont très analogues de part et d'autre (fig. 73211) 11.On admet aussi l'existence de fabriques locales en Campanie 'a. La Sicile parait avoir surtout reçu des importations, mais elle a pu posséder quelques ateliers peu importants 1'. Il y a des différences à noter avec les vases de ce genre fabriqués dans les pays grecs : formes des poteries, couleurs de retouche, emploi de l'incision, répertoire ornemental VAS --656 VAS comportent de notables divergences '. La chronologie de ce groupe fait remonter vers le milieu du Ive siècle le commencement de la fabrication' ; celle-ci dure au moins jusqu'au milieu du m° siècle av. J.-C. et se prolonge sans doute encore plus tard. Une branche détachée de cette industrie a produit des vases à inscriptions tracées en blanc jaune ou même dorées, ou en blanc sur le fond noir. Ce sont les phiales et petits vases dits à « pocolom » (fig. 2:136 . Ils ont, comme les autres, des origines grecques et leur point de départ dans des poteries hellénistiques, portant des noms de divinités auxquelles le vase était dédié 3.] [Afrique punique. Voir ci-dessus, p. 646.] [Espagne. Voir plus haut, p. 633.] Fin du décor peint. On ne croit plus à la vieille théorie qui voyait dans le sénatus-consulte des Baccha nales (186 av. J.-C.)4 la cause de la disparition des vases peints'. Au début du n° siècle ce système de décor végétait, battu en brèche, depuis plus d'un siècle, par la grande vogue des vases à reliefs; et s'il a persisté peutêtre jusqu'à la période de l'Empire romain sans disparaitre complètement (nous avons vu qu'on le pratiquait encore au temps d'Ifadrien), on peut dire qu'il fut virtuellement abandonné après le 11e siècle av. J.-C. Les trouvailles récentes de Tchandarli' montrent bien ce qu'était devenue la céramique dans les pays grecs aux premiers siècles de notre ère : les vases à décor peint ont disparu, complètement supplantés par la poterie imitée du métal. La transformation du goût et l'essor économique de l'Italie ont eu raison de cette industrie, dont, pendant trois millénaires, nous avons pu suivre l'évolution ininterrompue dans le bassin méditerranéen. [2° LES VASES PLASTIQUES'. Dans cette industrie, le céramiste s'est rapproché plus du modeleur et du sculpteur que du peintre; le décor peint, quand il existe, n'y est qu'accessoire. La technique s'en ressent; bien souvent on a abandonné le coloris usité sur les vases peints, pour adopter franchement les engobes et les tons des terres cuites. Aux origines, dans les pays orientaux comme en Grèce, il semble que le point de départ ait été, par une sorte d'intention fétichiste et magique, l'idée de multiplier dans la maison les vases en forme d'animaux pour ajouter à la richesse et à la prospérité du foyer constitué, car l'image faconnée appelle les réalités vivantes et force pour ainsi dire la nature à imiter le travail de l'homme En effet, en Élam 9 comme dans l'Égypte préhistorique 10, le premier souci du primitif a été de donner à ses instruments et objets familiers, en particulier à ses récipients de pierre ou d'argile, l'aspect d'un animal, soit domestique, soit comestible, soit protecteur, pour des raisons superstitieuses: béliers, taureaux, oiseaux, cynocéphales, rongeurs, crapauds, scorpions, serpents, etc. Il est remarquable aussi que de très bonne heure on s'est attaché à reproduire les formes de la femme, parce qu'elle est, avec le bétail, un élément fondamental de la richesse productive ; en procréant les enfants, en gardant la maison et en soignant les animaux, elle est, dans la période de la vie agricole et pastorale qui succède à la période de chasse, une garantie contre la mauvaise fortune et l'anéantissement de la race. Nous voyons donc, dans les plus anciennes œuvres de l'Élam et de l'Égypte, les représentations de femmes prendre place à côté de celles des animaux, et souvent aussi on leur donne la destination de vases " Les mêmes idées et les mêmes créations se retrouvent dans les civilisations très anciennes d'Hissarlik en Troade' 2, de Yortan en Mysie 13, de Chypre " : les vases en forme d'animaux et de femmes y sont fort usités. La Palestine a fourni des poteries analogues ". On peut donc en conclure que durant tout le troisième millénaire avant notre ère ces croyances, qui avaient pris naissance en Orient à une époque plus reculée encore, ont favorisé une fabrication intense des vases plastiques : ceux de la Crète, de la Grèce, de l'Italie ne furent ensuite qu'un dérivé et une prolongation de ces très anciens usages.] [A Théra (Santorin) les oenochoés peintes à bec renversé et mamelons saillants sur la panse (fig. 7257) n'évoquentplus que de loin la structure féminine d'où elles sont issues 16. Dans les Cyclades, à. Milo, les vases de l'époque néolithique, à décor incisé, répètent volontiers, comme à Chypre, les formes animales". Mais c'est surtout en Crète et à Mycènes que ces formules artistiques ont reçu le développement le plus abondant et l'exécution la plus parfaite. Les trouvailles de Schlieman et d'Evans ont rendu célèbres les vases qui, en argile ou dans des matières plusprécieuses comme l'argent etl'or, expriment soit la forme complète de l'animal, cerf i8, taureau bondissant 19 ; soit la tête seule d'un lion 20, d'un taureau'', d'une vache 22, d'un chien 23 ; soit le corps d'une femme 24, soit le buste d'un homme '°. Les céramistes s'empressent de copier avec plus ou moins d'art ces modèles (fig. h944). Dès ce moment, que l'on place entre le xve et le xu° siècle av. J.-C., le classique rhyton [RDVTON] des Grecs est créé et l'art attique lui-même n'en modifiera pas la conception. Les vases plastiques émaillés (bustes de femme, protomes de cheval et de bélier), trouvés à Enkomi de Chypre 26, et certaines fresques de 83 VAS -657VAS tombes égyptiennes, comme celle de Itekhmérél, attestent la diffusion de cette création du côté de l'Orient méditerranéen 2, pendant la grande floraison artistique du second millénaire.] [Quand l'invasion dorienne se produisit en Grèce, un peu avant l'an mil, elle fit d'abord table rase des éléments anciens, mais elle apporta de son côté les mêmes préoccupations d'orner ses poteries de figures d'animaux ou de personnages, comme on le constate chez tous les primitifs: oiseaux, petits chevaux (fig. 7053), pleureuses, sont dressés sur les couvercles ou sur le rebord des vases de style géométrique 3. A Chypre, par une sorte de longue tradition ve nue des vases à forme humaine de l'âge préhellénique, on continua à fabriquer des poteries dont le goulot figurait une tète de femme (fig. 732:1)' Ailleurs, cette catégorie admit des variantes d'une haute qualité artistique, comme la belle eenochoé, à tête de griffon, trou à Égine (fig. 7326) 3. La Béotie,qui par son fonds ethnique min en est une héritière plus directe de la tradition mycénienne, reprend de bonne heure la fabrication du vase en forme de tête humaine ; mais, comme Corinthe, elle l'applique surtout à l'industrie, qui devient très florissante alors, des petits flacons à parfums°. Le nombre est grand des exemplaires corinthiens de ce genre, qui montrent une tête de femme ou une tête de lion (fig. 7378) 7 formant le goulot et l'orifice de l'aryballe, rempli d'une huile recherchée dans le monde grec tout entier, à la fois pour la toi lette des femmes et pour les exercices gymniques des hommes [UNGUCNTÀ . Les ateliers corinthiens surtout paraissent avoir eu la spécialité de cet article exporté dans les régions les plus lointaines, depuis la nier Noire jusqu'à l'Espagne '. Parmi les formes très variées de ces jolis flacons citons les vases en forme de chouette 2, de Sirène, de Silène assis, de singe accroupi, de canard, de Ix. lièvre, de grenade de jambe humaine ", de tête de Gorgone (fig. 7333). Une mention spéciale est due à la figurine de Silène accroupi tenant un vase (fig. 6165), qui constitue un des plus curieux produits céramiques de Corinthe et un document précieux pour l'histoire des vases à surprise et des divertissements de table 12. On a des raisons de croire que les Corinthiens, dans leurs courses vers les côtes orientales, avaient trouvé des modèles excellents auprès des fabriques ioniennes, établies dans des centres dont la situation géographique n'a pas encore été bien déterminée ; mais on connaît, provenant de Rhodes, de Cos, de Phénicie, d'Asie Mineure, une importante série de flacons à huile, souvent en terre émaillée, qui offrent une parenté étroite avec ceux de Corinthe. Il est probable qu'il y a deux parts à faire dans cette fabrication, l'une aux ouvriers phéniciens, travaillant d'après des modèles égyptiens et empruntant la technique émaillée si ancienne dans ce pays, l'autre aux céramistes grecs, produisant surtout des vases en terre cuite peinte. Dans la première catégorie nous rangerions le vase en forme de x Bès 13, le flacon en tête de guerrier avec inscription en hiéroglyphes mal copiés (fig. 3100 = fig. 7327) 11-, les vases émaillés à décor égyptisant les petits flacons en hérisson, en poisson, en pomme de pin 16 ; dans la seconde, les tètes de guerriers en argile peinte (fig. 3399)17, en tête d'Hercule 13, en bustes de femmes13, en sirènes ou sphinx, etc. 20, et les vases-statuettes en homme agenouillé 2i, en déesse Aphrodite tenant la colombe 22, où les caractères helléniques se marquent davantage. Tous les produits que nous venons de citer, en Grèce et en Asie, représentent la fabrication céramique du vue et surtout du vie siècle. La métallurgie a certainement fourni beaucoup de modèles de ces types aux céramistes 23 mais les oeuvres de ce genre nous ont été moins bien conservées.] [En Italie, les vases étrusques ont très souvent recours au décor plastique et au relief. Ils ne sont probablement que des copies d'ceuvres métallurgiques plus belles et plus précieuses, où se mêlaient les éléments grécoioniens d'importation et les éléments indigènes 2'". Aux galbes fins des vases, aux heureuses et originales créations d'un art décoratif puissant se mêlent trop souvent des bizarreries, des complications de formes baroques, des pastiches de modèles orientaux, où l'on reconnaît un esprit barbare et plus imaginatif que délicat. Les élégantes amphores à anses plates, les beaux VAS 658 VAS cratères à têtes de griffons saillantes' relèvent de l'influence hellénique et ionienne ; les supports de lébès à structure compliquée (fig. 2828), les urnes-canopes à tête humaine (fig. 781, 1835, 2806 à 2808), les oenochoés à goulot en tète d'animal, les composés de corps de poisson et de buste masculinetc., décèlent le fonds étrusque et local. La fabrication commence au vne siècle et elle est surtout prospère pendant tout le vie ; elle se prolonge plus tard encore.] [Une nouvelle ère s'ouvre en Grèce, à la fin du vie siècle et au début du ve, grâce aux efforts des Attiques qui, reprenant à longue échéance la tradition mycéno-crétoise, donnent au vase à boire plus d'importance qu'au vase à parfums. Ils s'adonnent à la fabri Fig. 7328. Rhytonattique cation des gobelets à vin, dont la en tale a•aigl°' large embouchure rappelle celle du skyphos, mais qui ont pour base une tète d'homme ou une tête de femme, et ils développent avec prédilection le rhyton en forme de tête ou de protome d'animal, dont la gueule percée d'un trou permet au liquide de s'écouler par le bas et invite le convive à boire « à la régalade » (fig. 5916). Cette spécialité est très florissante pendant tout le cours du ve siècle et produit de magnifiques spécimens de l'art céramique 3, où l'on suit l'essor du modelage des tètes humaines ou animales (fig. 5945 et fig. 7328), depuis le vase de Cléomènès qui commence la série 4, et les charmantes créations placées sous le nom d'Epilykos, jusqu'aux imitations de ces modèles attiques par les fabriques apuliennes et campaniennes de l'Italie méridionale (fig. 1.131) '. Le vase-statuette est comme une annexe à cette fabrication et se lie surtout à la fabrication des vases à huile parfumée ; le goulot est le plus souvent celui d'un lécythe ou d'une petite oenochoé. Là encore de magnifiques vases en forme de sphinx (fig. 4101, 65}6), rehaussés des tons les plus vifs, rouge, bleu, or 6, de griffon', de personnage assis de buste d'Aphrodite', attestent la vogue dont jouissent ces jolis accessoires de toilette auprès des Athéniens contemporains de Polygnote et de Phidias. On peut croire que plusieurs sortent des ateliers céramiques les plus réputés: le fragment d'un de ces vases, qui représen tait un cheval, porte encore la signature de Sotadès 10 On se divertit même à transformer en vases des simulacres d'objets usuels, comme le coquillage signé par Phintias ", et le charmant osselet du Musée Britannique, digne d'être attribué à un maître réputé (fig. 67442)'2 La même industrie produit aussi au Ive siècle des oeuvres plus compliquées encore, empreintes d'un art gracieux ou même pathétique et romanesque, comme la jeune fille accroupie, l'Asiatique dansant, Bacchus enfant et. Papposilène 13, Léda avec le cygne ", Aphrodite assise sur les genoux d'Adonis (fig. 7329) 1', et, plus tard encore, des sujets alexandrins comme le nègre happé par un crocodile 16, le Satyre tenant une outre ", etc. Notons encore, répartie sur un long espace de temps, la curieuse série des chaussures, sandale, botte, brodequin lacé avec inscription à l'usage des courtisanes (fig. 4968) 16 On ne peut douter que cette fabrication si prospère des vases plastiques d'argile n'ait eu pour soutien et pour guide une industrie supérieure qui, dans l'orfèvrerie métallique, réalisait avec plus de soin encore des oeuvres d'un grand caractère artistique (fig. 59117, 5948) l". Le problème déli cat d'unirle vase à la statuette, si élégamment résolu par les artistes grecs, trouve en Italie une solution bâtarde et disgracieuse dans les ateliers de Canosa, qui, vers le ue siècle av. J. C., produisent en abondance de lourdes poteries, oenochoés, askoi, surchargées de statuettes de femmes, hérissées de pro tomes de Centaures, de têtes de Gorgones, badigeonnées de tons bleus et roses, qui permettent de juger quelle distance sépare la céramique attique de cet art provincial (fig. 7330) 26. C'est la décadence et la fin de cette catégorie. Toutefois. dans le groupe des vases dits d'Arezzo, en terre rouge, on voit se prolonger encore le traditionnel type des vases en têtes d'hommes et de femmes, issus de l'art grec du ve siècle 2'. Pendant cette longue série de siècles, qui nous a conduits de l'Orient primitif au seuil de l'âge byzantin, le vase plastique n'a pas cessé, sous sa forme d'oeuvre d'art, de présenter aussi un sens de talisman, de porte VAS bonheur dans sa décoration. C'est le caractère distinctif qui lui donne sa véritable physionomie et le sépare de notre « art décoratif » moderne, où l'on ne vise guère d'autre but que le beau.] [3e LES VASES A RELIEFS'. Plus que les vases plastiques, les vases à reliefs se rapprochent des vases peints ; le décor en est souvent analogue et substitue simplement l'application d'un modelé à l'emploi des couleurs. L'usage du relief, comme celui du modelé en ronde bosse, remonte aux périodes les plus anciennes. Dans 1'l~lam 2, comme dans l'Égypte préhistorique 3, l'ornementation magique et talismanique en serpents, en scorpions, ou en personnages, s'exprime dès la plus haute époque aussi bien par des reliefs que par des couleurs. En Chaldée l'admirable gobelet de Goudéa (vers l'an 2400), en pierre sculptée, est le type déjà perfectionné des vases à reliefs de destination religieuse et protectrice '. L'art susien a produit aussi de véritables chefs-d'oeuvre dans ce genre, vers la même époque, comme le bol aux taureaux du Louvre, taillé dans un calcaire gris 5. A llissarlik, dans les vases à forme humaine, c'est le relief qui exprime les détails, plus encore que le modelé en ronde bosse G. A Chypre, les reliefs en ornements géométriques et petits animaux', sont des essais timides qui préludent à des recherches plus savantes. Mais, comme pour la catégorie précédente, dans la Méditerranée le centre le plus ancien et le plus productif est file de Crète. Dès le second millénaire, les ateliers de Cnossos ont fabriqué en abondance les grands pithoi, où l'on conservait les provisions d'huile et de denrées sèches, et dont on décorait la panse soit avec des lacis ondulés imitant des cordelettes, soit avec des bossages (fig. 7331), soit avec de beaux bouquets de fleurs et de feuillages, soit encore avec une frise d'animaux ou de petits personnages 8. C'est là aussi qu'on juge avec quelle supériorité travaillaient les artisans qui, à côté des potiers, ciselaient des vases de pierre ou de métal précieux : le vase dit des Moissonneurs ou des Guerriers', le rhyton de la Tauromachie (fig. 5943)10, le gobelet du Chef militaire", sont des chefs-d'oeuvre aujourd'hui célèbres. En Grèce, de Mycènes et de tiaphio sont sorties pareillement d'étonnantes pièces d'orfèvrerie en or et en argent, telles que la Chasse aux taureaux sauvages 1', le Siège de ville (fig. 3323) 13, tandis que la ciselure sur pierre produisait l'admirable flacon où nage un polype parmi des coraux". Dans aucun temps la science du relief n'a été poussée plus loin. Quand, après la tourmente qui mit fin à cette magnifique civilisation, l'art renaît dans les îles et en Grèce, on peut juger de ce que le monde a perdu, en voyant les barbares recommencements du décor à relief. A Chypre, ce sont de grandes amphores, où se logent, sur la panse, de minuscules figures de femmes occupées aux travaux du ménage f5, qui préludent à la fabrication plus tardive (vie siècle) des eenochoés au type de « la verseuse », femme assise sur l'épaule du vase et tenant une petite cruche qui forme le bec de la poterie (fig. 7311)16; le sujet se transformera au ive siècle en groupe d'Aphrodite et Éros ". En Grèce, dans les amphores de style géométrique, l'ornementation en relief est assez souvent représentée par un serpent (symbole prophylactique), qui grimpe le long des anses ou s'enroule autour de l'orifice ". Les ateliers qui développent le mieux, à partir du vile siècle, le décor à relief sont les ateliers béotiens qui reprennent h tradition crétoise. Leurs grands pithoi, copiés sur des modèles de métal aujourd'hui disparus, décorés de frises, de personnages et d'animaux, de files de guerriers, de processions de femmes, de sujets mythologiques sur le devant du col et de la panse, comptent parmi les plus beaux produits de l'art grec pour l'époque archaïque (fig. 7332)" : c'étaient des vases monumentaux que l'on plaçait comme ciu.a7.x sur les tombeaux SEPULCRUBI, p. I214]. D'autres fabriques en Grèce, à Rhodes et sur la côte d'Asie Mineure, ont produit des poteries analogues dont nous n'avons guère conservé que des fragments 2D. Il est curieux de constater qu'à Corinthe, si féconde en vases plastiques, on n'a pour ainsi dire pas pratiqué le décor à reliefs; chaque région avait ses préférences et ses spécialités. Au contraire, en Étrurie, dans le groupe de vases dits de bucchero zero, c'est pendant tout le vie siècle une débauche d'ornements en reliefs qui couvrent la panse des vases et même les anses des amphores, reliefs obtenus soit au moyen d'un cylindre portant un sujet en creux et répétant le même motif sur toute la surface à décorer (fig. 2829), soit au moyen d'une applique exécutée à part, poussée dans une matrice et collée ensuite sur la panse ou sur le col avec un peu de barbotine (fig. 2830. 283i ; cf. non mi, p. 1127, 1128) ; le style de ces reliefs, comme nous l'avons dit pour les vases plastiques, présente un mélange d'éléments gréco-ioniens et d'éléments VAS 660 'AS orientaux qui leur donne une physionomie toute spéciale'. La série particulière des grandes jarres de Géré, en argile rougeâtre, porte ordinairement un décor en petites frises poussées au cylindre et procède sans doute de modèles venus des pays grecs, mais influencés par l'art oriental 2 ; on les décore plus rarement d'appliques estampées fig. 28'25).] [L'Attique est restée étrangère à tout ce mouvement durant le vile et le vie siècle ; elle se confine dans la fabrication des vases peints. C'est à peine si, vers la fin du vie siècle, on voit Nikosthénès, le plus ionisant de ses fabricants, se hasarder à mettre quelques têtes en relief sur l'orifice de ses cenochoés (fig 7333) 3. Nous avons noté avec quelle ardeur les céramistes d'Athènes s'adonnent ensuite à la production des vases plastiques ; mais le vase à relief reste très rare. Quelques fragments recueillis sur l'AcroEig. 7x33. Œnochoé pole d'Athènes ou à Éleusis, une coupe à relief représentant Artémis (fig. `?3544), témoignent qu'on ne l'ignorait pas 4; niais la peinture absorbait tout. C'est seulement au Ive siècle que la vogue croissante de la vaisselle de métal, et peut-être aussi une certaine fatigue dans la production des vases peints, amenèrent une vive réaction en faveur du décor à relief. On voit se dessiner celte évolution sur des vases qui conservent encore des personnages peints, tandis que les autres sont en relief, comme clans la Dispute d'Athénè et de Poseidon sur une hydrie attique trouvée à Iiertch, en Crimée (fig. 5051). et dans le vase célèbre signé par l'athénien Xénophantos (lécythe trouvé à Kertch , représentant une chasse où sont mêlés des noms asiatiques à des noms grecs, des animaux fantastiques à des fauves 3. Les reliefs sont d'abord faibles, revêtus de vives couleurs, et même dorés 6 ; ils prennent peu à peu l'importance de véritables petits bas-reliefs, par exemple sur les lécythes représentant la toilette d'Aphrodite C'est encore la métallurgie qui entraîne ici à sa suite la céramique. On en a la preuve dans les vases dits de Cumes, où non seulement la panse est décorée de reliefs, mais oà le vaselui-même, dans sa structure générale, avec sa panse toute noire et luisante, souvent cannelée, ses oves guillochés autour de l'embouchure, rappelle la technique du métal [cAEI.ATCRA, fig. 975 à 981]. Les guirlandes incisées qui entourent le col, les reliefs dorés en zones de personnages ou d'animaux, véritables copies des crustae et emblem.ala des modèles métalliques, accentuent la ressemblance : c'est une transposition du métal dans l'argile ". Le plus beau spécimen de cette catégorie est l'hydrie de Cumes, au musée de Saint Pétersbourg, où sont représentées les divinités d'Éleusis (fig. 392,4 = fig. 7334) Le point de départ est certainement en Grèce, comme le montrent beaucoup de vases d'argile rose attique, revêtus de cet engobe noir luisant', et nous avons déjà indiqué (p. 650) que le potier athénien Thériclès; contemporain d'Aristophane, fut sans doute le créateur de cette nouvelle méthode qui, peu à peu, devait supplanter le système du décorpeint[TIIERICLEA VASA]. La commodité et la rapidité d'exécution favorisèrent la diffusion de cette mode, car il suffisait de surmouler des pièces de vaisselle précieuse pour obtenir des appliques de très beau style pour les vases d'argile ; on possède des matrices antiques faites en vue de cet outillage '0. On surmoulait aussi des monnaies qu'on appliquait au fond des coupes". Toute la beauté de la poterie consistait dans l'éclat métallique du noir qui faisait ressembler le vase à du bronze 12. On cherchait aussi àlui donner l'aspect de l'or et de l'argent. L'hydrie de Lampsaque, avec son fond doré, ses reliefs blancs rehaussés de couleurs vives (chasse du sanglier de Calydon), est le plus beau spécimen connu 13. A coté se placent des vases moins importants, à couverte argentée" ; on sait que jusqu'à l'époque romaine cette fabrication a dû subsister, comme en fait foi un texte d'Athénée sur Naucratis d'Égypte 15 Pour l'époque hellénistique, en Italie et en Sicile, on peut citer d'intéressants vases du Louvre avec reliefs peints et dorés sur fond bleu (amphore avec Combat de Grecs et d'Amazones ; vasque ornée de masques de Silène et de Méduse, petites figures d'Aphrodite et d'Éros dans des rinceaux) '6. Ces vases rappellent beaucoup les beaux cratères et amphores de marbre sculpté qui décoraient alors les parcs des riches Grecs et Romains; ils en sont comme une image réduite 17.] [C'est surtout aulne siècle et au 11e av. J. C. que la poterie à reliefs prend un développement intense dans tous les pays grecs et en Italie, une fois que la fabrication des vases peints est, sinon complètement tarie, du moins diminuée dans des proportions considérables. On n'a pas encore pu déterminer avec exactitude l'emplacement d'une fabrique grecque qui a répandu un peu partout, à Athènes, à Mégare, en Béotie, à Délos, des vases en forme de bols à couverte brune ou noirâtre, ornés de reliefs; on les appelle provisoirement « bols de Mégare » ". VAS 661 VAS On ne sait même pas bien quel nom antique donner à cette forme [cYMBi, fig. 2268 = fig. 7335]. Quelques-uns portent des empreintes de monnaies de Lysimaque, successeur d'Alexandre. Les plus importants offrent des scènes empruntées aux poèmes homériques et aux poèmes cycliques, parfois même précisées par des inscriptions qui expliquent le sujet et nomment les personnages (prise de Troie, histoire d'Hercule, enfance d'OEdipe, etc.)1. Le plus grand nombre est seulement décoré de motifs ornementaux, rinceaux, guirlandes, petits personnages, divinités. La technique comprend deux procédés : des reliefs composés d'un seul mor ceau et poussés dans une matrice unique ; des reliefs sortis de petits moules ditl'érents, que l'on applique à son gré sur la panse. On connaît des signatures de fabricants assez nombreuses, dont le nom est toujours au génitif : Asclépiades, Ariston, Aphroditos, Dionysios, etc. 2. Les mêmes noms se retrouvent sur des vases à reliefs, du même temps, qui ne sont pas des bols (formes de skyplios, de bouteille à une anse, lagynos) 3. 11 y eut des succursales importantes de cette fabrication grecque en Criinée 1, en Asie Mineure 3, et jusqu'en Italie 6. Dans cette dernière région l'atelier de Popilius, vers la fin du me siècle av. J.-C., semble avoir été un des plus féconds; il avait deux établissements : l'un à Otricoli, l'autre à Mevania ; un de ses ouvrages les plus intéressants représente le combat d'Alexandre contre Darius M. C. Robert S voudrait voir dans cette énorme production des vases à reliefs, de couverte brune ou noirâtre, les Sarnia rasa dont parle Pline ° et qui s'opposeraient aux trretina vasa de couleur rouge; mais cette hypothèse donne encore prise à des objections sérieuses 10. La fabrication des vases àreliefs de couleur jaune ou brune se prolonge jusqu'à la période romaine et même aux bas temps de l'Empire; l'industrie des vases à lustre rouge ne réussit pas à l'éliminer entièrement 11.] [En Italie une fabrique, celle de Cales en Campanie, se développe durant le me et le ue siècles d'une façon personnelle et originale, bien qu'on lui trouve aussi des prodromes et des antécédents du côté des régions grécoorientales, peut-être à Alexandrie 12. La série comprend quatre groupes : les plats, les bols ou jattes, les phiales à omphalos, les soi-disant guttus, qui sont plutôt des burettes à huile pour les lampes 1" ; tous sont ornés d'appliques ou médaillons en relief, disposés dans l'intérieur de la poterie, ou sur le dessus du guttus ; le répertoire en est varié et sans doute tiré de la vaisselle de métal: têtes de femmes et de divinités, Gaulois pillant le temple de Delphes, travaux d'Hercule, éléphant de guerre, animaux, quadriges, bateaux, etc. 0n connaît beaucoup de noms de fabricants, parmi lesquels ceux de Canoleius et Gabinius reviennent souvent Le noir employé par les Campaniens a souvent un éclat spécial, métallique et un peu blanc, à reflets argentés ; la terre est pale et grise. Les rapports avec les couvres de métal ciselé sont étroits ; on y reconnaît aussi des imitations de l'Athénè Parthénos de Phidias, des Ménades de Scopas, de l'Enfant à l'oie de Boéthos, etc. 15. Le passage entre cette catégorie campanienne et les vases rouges d'Arezzo est manifeste 1B De très bonne heure les Grecs ont connu ces accidents de cuisson qui, par un coup de flamme oxydante (air introduit dans le four allumé), font passer la couleur noire au rouge corail et ils ont parfois essayé de les utiliser comme couleur de fond". A l'époque hellénistique on a repris l'idée et on est arrivé à régulariser les effets de façon à obtenir toujours une belle couleur rouge ; mais, en réalité, c'est le même noir qui reste la matière première, comme autrefois. On peut s'en convaincre en maniant des spécimens oit le noir a subsisté en certains endroits. Cette méthode a-t-elle commencé en Grèce ou en Italie? Ce point reste encore obscur. En Grèce, les bols dits de Mégare présentent déjà de nombreux exemples d'une technique en partie rouge. Des vases à lustre rouge se rencontrent à Athènes, à Alexandrie, à Pergame et même en Crimée le Pour certains auteurs, la terra sigillata ]FJGLIV(mi, p. 1129] serait surtout originaire d'Asie Mineure ou d'une île comme Samos ". En Italie, un centre de production plus ancien qu'Arezzo paraît avoir été Pouzzoles "Al nous semble aussi que la Campanie a dà être, en Occident, le centre d'élaboration de ces essais, car on suit fort bien dans la céramique campanienne le passage du noir au rouge. Il y a sans doute eu deux sources de fabrication, l'une dans la Grèce orientale, l'autre dans la Grande-Grèce; des deux côtés on a cherché à utiliser des rouges obtenus accidentellement et remarqués depuis longtemps ; mais en Italie, mieux (lu'en Asie. on perfectionna le procédé au point d'obtenir des rouges à glaçure métallique extrêmement brillante, par application d'un lustre transparent, incolore, avivant les tons, comme celui des potiers attiques avivait le rouge et le noir de leurs vases 2i. La fabrique d'Arezzo, en Étrurie, au sud de Florence, représente, au nef siècle av. J.-C. et au ieT siècle de l'ère chrétienne, l'apogée de cette industrie" ; ses produits sont mentionnés dans les VAS 6f;.2 VAS inscriptions (fgulinae Arretinae)'. Elle est, par excellence, la céramique romaine et le commerce en a répandu des exemplaires dans le monde entier. Elle employait de très nombreux artisans, dont les noms inscrits sur des estampilles, imprimées dans l'argile du vase (fig. 574, 301?), nous ont été en partie conservés, avec ceux de leurs esclaves, collaborant au travail 2. Les formes sont variées : plats, cenochoés (fig. 7336), bouteilles, cratères, phiales et patères, etc. Un bel exemplaire bien complet est le skyphos du Louvre avec les noms d'Hercule et d'Omphale et les signatures du fabricant, M. Perennius, et de son aide Tigranès (fig. 7337) Il y avait trois procédés pour la décoration : 1° tirer d'un moule préparé d'avance (fig. 3043, 3014, 3182, 3183) le corps du vase avec son décor en relief; tourner à part le pied, le rebord et les anses; 20 tourner le lisse, puis appliquer au moyen de la barbotine des sujets exécutés séparément à l'aide d'un poinçon ou d'une estampille (fig. 301.2) ; 3° modeler en barbotine, à main levée, à la surface du vase des ornements en relief. Les vases les plus soignés appartiennent à la première catégorie. On a découvert à Arezzo même d'admirables fragments de vases et de moules qui montrent dans toute sa perfection la beauté de l'art romain à l'époque d'Auguste 4. C'est un art éclectique; tantôt les figures sont empruntées, comme dans les reliefs néo-attiques, aux traditions et aux oeuvres célèbres du passé ; tantôt on recherche des effets nouveaux dans la combinaison des végétaux, des fleurs, des oiseaux, des animaux, à l'imitation des modèles pompéiens Les vases de métal ciselé, comme ceux du Trésor de Bosco Reale (fig. 4356,5384)6,du Trésor d'Hildesheim (fig. 9741', de Bernay (fig. 496, 977, 978) 8, etc., ont servi de modèles aux céramistes (cf. aussi la fig. 972, 973, etc.)'. La fabrique d'Arezzo eut de nombreux imitateurs, ou même des succursales, en Asie Mineure, en Afrique, en Gaule, en Belgique, en Germanie, en Angleterre, un peu partout dans l'Empire romain. Une des plus importantes et des plus intéressantes a été découverte près de Pergame 10, ce qui confirme un texte de Pline sur le renom des vases de cette région i1; elle date des règnes de Tibère et de Claude. Les ateliers de Gaule ont joui d'une très grande prospérité et ont même supplanté ceux d'Italie vers le ne siècle de notre ère (fig. 5521); les principaux centres producteurs sont à Lezoux (Allier) et à la Graufesenque (Aveyron); le nombre des potiers connus est considérable ; le rouge des poteries est d'un ton vif, la glaçure plus métallique que celle d'Arezzo ; mais la qualité du décor en rinceaux, oiseaux, personnages, y est très inférieure (fig. 7338)72. Les ateliers belges et germains sont d'époque plus basse et finissent par renoncer presque complètement à l'ornementation en relief 13 ; ils ont produit des poteries à inscriptions en blanc sur fond noir 14. Pendant la période franque on suit encore la prolongation et la décadence de cette industrie, puis on aboutit à des produits qui par leur barbarie, leur décor en incisions, rappellent les plus antiques poteries de Page néolithique 1". L'évolution de l'art forme ainsi un cercle.] [Poteries à glaçure. Nous devons former ici une sorte de sous-groupe pour une catégorie qui dépend en grande partie des deux précédentes, mais qui s'en distingue par la technique. On a vu plus haut (p. 657) l'importance de la poterie émaillée, dont les origines remontent aux plus anciens temps. Une découverte nouvelle, celle de la glaçure plombifère (enduit à base métallique oit le plomb est employé comme fondant), transforme l'industrie céramique à l'époque hellénistique [1IGflivusI, p. 1132]. On fit alors des vases plastiques, des vases à reliefs, des lampes, dont l'éclat et la solidité étaient plus grands encore qu'avec l'émail; les tons verts, jaunes, bruns, dominent '°. Les rapports avec l'industrie du verre sont manifestes [vl'rRWI]. Les plus anciens essais sont datés du me siècle av. J.-C. (vases de Bérénice, de Ptolémée Philopator)17. On pense que la ville d'Alexandrie d'Égypte, avec ses ateliers occupés depuis tant de siècles au travail de l'émail, a pu être le centre directeur 1S. Des vases et des terres cuites de Smyrne, de Cymé, des fragments de vases de Tarse prouvent que cette technique s'est répandue VAS 663 VAS très vite en Asie Mineure durant les ne et let siècles av. J.-C.'. Sous l'Empire, jusqu'à une période basse, voisine de l'âge byzantin, on fabriqua en Syrie et en Mésopotamie des vases à glaçure, bleue, verte, jaune 2. En Italie, cette industrie était très prospère et a fourni de nombreux et beaux spécimens 3, qui expliquent bien comment les faïences byzantines, arabes, persanes, sont une filiation directe de cette fabrication `.] Il. USAGE DES VASES. Prix. Une fois les vases fabriqués, ils étaient mis en vente. Il est probable que les marchands venaient faire leurs commandes à l'atelier et, grâce aux inscriptions incisées sous le pied d'un certain nombre de pièces, on peut se faire une idée de leurs façons de procéder'. Malheureusement, dans le détail, l'interprétation des inscriptions est difficile ; en outre, notre ignorance des noms véritables des poteries anciennes nous empêche souvent de préciser.ll semble pourtant qu'on puisse voir dans les vases à eiaux les modèles que le marchand choisissait dans l'atelier du fabricant; l'inscription indique le nombre de vases semblables au modèle que l'on désire; parfois, on demande un certain nombre de vases semblables au modèle et un certain nombre de tailles différentes 6. Souvent aussi, on commande en même temps des vases de formes diverses, destinés sans doute à constituer un service assorti'. En étudiant ces inscriptions, on constate le bon marché des vases. Les plus chers sont les cratères qui coûtent 4 drachmes les 6, soit 4 oboles la pièce 8. Et : 'est là le prix de poteries telles que celles du Louvre (G 496, 503), dont le décor comprend une scène à plusieurs personnages et qui, s'il n'est pas particulièrement soigné, est d'une bonne exécution moyenne (deuxième partie du ve siècle). 11 ne faut pas oublier, il est vrai, qu'il s'agit d'achats en gros et que la valeur de l'argent était alors 7 ou 8 fois plus forte qu'aujourd'hui 9. Les renseignements donnés par les graffites s'accordent avec l'indication d'Aristophane disant que pour une obole on peut avoir un très beau lécythe 10. La vente au detail devait avoir lieu dans un local annexé à la fabrique même, et sur une jolie coupe attique dune siècle on voit un client venir faire son choix dans le magasin (fig. 7339)1' Réparations. Si faible que fût le prix des vases, on tenait pourtant à les conserver et, lorsqu'ils se brisaient d'une façon qui permît le raccommodage, on essayait souvent de les réparer. C'est ce dont témoignent les nombreuses poteries, parvenues jusqu'à nous, dans lesquelles un fragment est rattaché par des crampons de bronze ou de plomb"; on a même employé parfois, pour réparer un vase, des 'morceaux provenant d'un autre 13 Plus Lard, lorsque la poterie peinte à personnages ne fut plus de fabrication courante, elle acquit une valeur de curiosité et devint très appréciée par les amateurs ; c'est ainsi que, sous César, les anciens vases corinthiens déposés dans les tombeaux furent recherchés avec passion et pendant quelque temps vendus fort cher à home j4. [Emploii6. Nous n'avons pas de renseignements par les textes sur le départ qu'on pouvait faire entre les vases d'usage quotidien et les vases employés dans des occasions spéciales. Il est probable qu'à cet égard la vie antique ressemblait à la nôtre. Tout le monde n'avait pas de vaisselle peinte ou ornée. Même dans les familles aisées, on ne devait pas se servir journellement de ces vases qui constituaient sans doute, avec la vaisselle de métal, un mobilier de luxe qu'on apportait aux jours oit l'on recevait des amis, où l'on banquetait, où l'on célébrait des fètes domestiques; on les portait aussi dans les temples pour des libations et des offrandes ; on les y consacrait comme ex-voto aux dieux, etc. Si toutes ces variétés se trouvent aujourd'hui réunies et mêlées dans les tombeaux, c'est que l'on considérait la demeure du mort à la fois comme une maison, où les récipients usuels étaient nécessaires à la vie d'outre-tombe, et comme un temple, un Itéroon, oit prenaient place les vases d'offrandes rituels. C'est ainsi que le tombeau a été le lieu de concentration de toutes les catégories connues ; c'est à nous à établir des divisions logiques dans cet ensemble et à reconnaître, autant que possible, d'après les formes et les représentations, la destination de chaque série, en utilisant aussi les textes des auteurs. C'est ce que l'on trouvera étudié dans les articles particuliers consacrés aux divers noms de vases.] Nous nous bornons donc à les rappeler. Pour les vases, soit employés à boire à table 16, soit destinés à conserver les liquides, on consul pour les vases servant à la toilette: ALABASTEB, AMIS, LUTTER, MATULA, PYXIs; pour l'emploi dans les céré VAS 664 VAS Pn1ARA, PLÉMOCIIOÉ ; dans les cérémonies nuptiales : Lou III. TECHNIQUE. La fabrication des vases a été décrite à l'article FIGLINUM OPUS [voir aussi TORNUS] et n'a pas besoin d'être étudiée à nouveau dans son ensemble. Il suffit d'appeler l'attention sur quelques monuments nouveaux ou sur certaines recherches récentes qui ont complété ou modifié nos connaissances à ce sujet'. Les pièces métalliques. M. Rizzo a récemment signalé un curieux moyen de diminuer la fragilité de certains vases. Il a noté, dans une coupe à figures rouges, l'existence d'un anneau de bronze qui, placé à l'intérieur du pied, en double toute la partie supérieure. Cette armature est fixée par (les pointes, également de bronze, qui traversent les parois et dont les extrémités sont visibles à l'extérieur. [Les modèles. On s'est demandé comment les ouvriers procédaient pour établir leur dessin sur la poterie. En certains cas on voit comment le décorateur, ayant sous les yeux un modèle, sans doute fourni par le chef d'atelier, a cherché son esquisse directement sur l'argile au moyen d'une pointe sèche qui a laissé des traces visibles Mais dans beaucoup de cas et surtout pour les vases à figures noires, où l'on ne voit presque jamais d'esquisse', comment s'expliquer la sûreté de ces silhoueltages? On a exposé ailleurs le système de l'ombre portée [PICTURA, p. 458], qui a longtemps servi à la préparation des esquisses'. Mais comment s'opéraient les réductions et les reports sur le vase ? M. Reichhold a supposé que l'on exécutait d'abord un modèle très détaillé sur un vase de même forme et de mêmes dimensions, puis qu'on reportait ce modèle sur la surface à décorer avec l'aide d'un compas 9. On aurait eu ainsi toute une série de modèles préparés, qui ne quittaient pas l'atelier, mais d'où l'on pouvait tirer toutes sortes de compositions d'ensemble, ou de groupes, ou de personnages isolés. On peut objecter qu'un tel procédé aurait dû mettre en circulation beaucoup de vases rigoureusement pareils ou beaucoup de personnages identiques et se superposant exactement l'un sur l'autre, ce qui n'est pas le cas ; car on sait combien, au contraire, les répétitions identiques sont étrangères à l'art industriel des Grecs; on copiait sans vergogne, mais toujours librement, sans aucune apparence de report mécanique f0. S'il y a eu des modèles placés sous les yeux des ouvriers, ce qui est probable comme dans les ateliers de sculpture égyptienne ", il faut imaginer qu'ils servaient à des copies gardant toujours un certain caractère personnel. Dans la belle période de l'art, les ouvriers consciencieux et habiles traçaient une esquisse préalable d'après leur modèle ; plus tard on s'en passa, car il était toujours facile, en cas d'erreur et avant cuisson, d'effacer d'un coup d'éponge humide le trait noir qu'on venait de placer sur l'argile. C'est ce que l'on avait fait couramment pour les vases à figures noires 12]. La décoration des coupes. On avait remarqué que, dans les coupes attiques, l'axe des figures peintes à l'intérieur est généralement oblique par rapport à celui des anses. H. TIoussay 13 a rendu compte de cette particularité en montrant que, pour décorer l'intérieur d'une coupe, on la posait sur une table à dessin en l'appuyant, d'une part, sur son pied, de l'autre, sur le bord de sa vasque. Comme, pour maintenir l'objet dans une position stable, un troisième point d'appui était nécessaire, la coupe tournait en général jusqu'à ce qu'elle vînt porter sur l'une de ses anses; parfois aussi, lorsque le vase n'était pas symétrique ou de poids uniforme en toutes ses parties, il trouvait son équilibre en un point particulier et pouvait demeurer stable sans appuyer sur une des anses. C'est sur la coupe, arrêtée dans une de ces positions, que le céramiste peignait le décor intérieur sans plus se soucier de la ligne des anses ; ainsi s'explique que, dans presque tous les cas, l'axe du médaillon intérieur ou bien soit perpendiculaire à la tangente menée au bord de la vasque par l'extrémité de l'une des anses, ou bien, dans les coupes de poids non uniforme, passe par le point où le vase est en équilibre. Pour les coupes dont le médaillon intérieur renferme deux figures établies sur des axes différents, on doit admettre que la position du vase a changé pendant l'opération. L'axe du médaillon n'est perpendiculaire à celui (les anses que dans quelques cas spéciaux : lorsque la coupe, très profonde, n'eût pu être facilement peinte couchée sur la table à dessin (elle devait alors être tenue sur les genoux (fig. 7310) ou posée droite sur une sellette) ; lorsque la coupe, très plate, trouve facilement son équilibre sans appuyer sur une anse; lorsque certains détails de la représentation (par exemple la présence d'un lit ou d'une ligne du sol) eût rendu trop choquant le manque de parallélisme entre l'une des anses et l'axe horizontal du médaillon. Le pinceau.Les étudesdellarlwig'i et de Reichhold16 ont renouvelé notre connaissance des instruments employés pour peindre les vases [PICTURA, p. 46'2]. Lorsqu'il était étendu en masses ou en lignes un peu grosses, le vernis était appliqué avec un pinceau ordinaire semblable aux pinceaux modernes et dont la reconstitution ne présente pas de difficulté ; mais l'on s'était souvent demandé avecquel instrument étaient obtenues ceslignes très fines, en relief, souvent doubles, que l'on voit apparaître dans la deuxième partie du vie siècle 16 et qui sont caractéristiques de la plus belle période de la peinture à figures rouges. fteichhold a trouvé, après de nombreuses expériences, que l'instrument cherché devait être un pinceau à poil unique, fait d'une grosse soie de porc ; seul, d'après lui, un pinceau de cette sorte peut donner des lignes aussi fines et surtout d'un tracé aussi sûr, car, grâce à l'extrême flexibilité du poil, le tremblement de la main qui tient le pinceau ne peut nuire à la régularité de la ligne. Le manche était d'ailleurs tenu à poignée, comme font les Japonais, et non du bout des doigts, ce qui augmentait la sûreté du tracé". Une peinture de VAS -665 VEC coupe attique (fig. 7340) nous fait voir très nettement la position du peintre assis et décorant, avec ce pinceau délié et flexible, une coupe qu'il a simplement posée sur ses genoux et dont il tient le pied de sa main gauche 1. La nature de cet instrument explique que les décorateurs céramistes aient toujours évité de s'en servir pour dessiner des angles et qu'ils n'aient même appris que progressivement à s'en servir pour dessiner des ares2. Au début on ne l'utilisa que pour les lignes droites : peu à peu, à mesure que l'habileté des ouvriers augmenta, on y recourut d'abord pour les arcs à faible courbure, puis pour ceux à forte courbure; on devait prendre pour tracer les arcs un poil très court. Inversement, après l'apogée de la peinture à figures rouges, lorsque la dextérité à manier cet instrument se perdit, on cessa d'abord de l'appliquer au dessin des arcs fortement courbés et on finit par ne plus l'employer que pour les lignes à peu près droites. Les lignes en relief servaient à limiter le contour des représentations, de façon qu'ils se détachassent nettement sur le fond noir, et à indiquer les détails à. l'intérieur des figures ; elles étaient tracées, semble-t-il, après l'esquisse à la pointe et le silhouettage des motifs, avant le passage en noir du fond. Le relief parait dû 1X. à l'épaisseur particulière du vernis usité en ces cas.