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VELAMIEN, VELA11IENTUII. Ce nom désigne en général tout ce qui sert à voilerMais il s'applique plus particulièrement au voile de tête 2. Comme élément du costume féminin, le voile de tête se retrouve en Orient, en Grèce et à Rome. A l'époque homérique, le xorEclitvov, le xzauuu.a, la xx),tiaTq^1 sont des étoffes de lin posées sur la coiffure et tombant dans le dos ou ramenées sur les épaules ; les femmes s'en couvraient le visage en signe de deuil ou pour ne pas être reconnues
Grecques et Romaines relevaient volontiers sur leur tète les plis de leur leimation ou de leur palle' [PALLIUM, fig. 5472, 5181], de même que les Romains se voilaient, dans certains cas, d'un pli de leur toge. La rica, laricula, le ricinium sont des pièces d'étoffe carrées, en laine, bordées ou non de franges, que les Romaines portaient
sur la tête [RICA] 4.
Le voile de tête n'est pas toujours une parure; très souvent il présente une signification nettement religieuse. C'est à ce titre, du moins en principe, qu'il sert d'attribut à plusieurs divinités gréco-romaines, telles que Cronos-Saturne, Cybèle, Déméter-Cérès, Iléra-Junon, llestia-Vesta, ainsi qu'à des divinités purement orientales, comme l'Artémis d'l phèse (fig. 2387-88)
En tant que rite religieux, il reparaît dans des manifestations très diverses du culte, mais n'a pas pris la même importance dans tous les rituels.
-1° Dans les sacrifices de rite romain, l'officiant devait avoir la tête voilée, tandis que dans les sacrifices de rite grec il restait tète nue 6. C'est avec le sinus de la toge, ramené sur la tête, que se voilaient les hommes (fig. 6004-06, 7005) [TOGA]. On désignait ce type de voilement sous le nom de ritus Gabinus7 ; si l'on en juge par les monuments figurés, il était en corrélation très étroite avec le cinctus Gabinus, arrangement de la toge qui permettait de garder l'entière liberté des bras 3. Les femmes aussi devaient se soumettre à cette obligation du voilement de la tête, lorsqu'elles sacrifiaient ritu Romano °. Dans le culte de la déesse indigète Fides, c'est la main droite que l'officiant doit recouvrir d'un voile blanc10 ; un rite analogue subsistait dans les cultes ombriens ". Toutefois le rite italique du voilement admettait quelques exceptions. Trois dieux romains, Saturne", Hercule à l'Ara Maximaf3 et Ilonosfl, étaient adorés aperto capite ; mais l'on ne saurait dire si cette tradition remonte à des temps très anciens '5 ou si leur culte fut grécisél6. D'autre part, on retrouve en Grèce même certaines survivances de l'usage du voile : à Olympie, la prêtresse du héros local Sosipolis pouvait seule pénétrer dans le sanctuaire, mais la tête et le visage cachés sous un voile blanc'. Enfin nous retrouvons le voile en Orient : dans les cérémonies du culte de Cybèle et d'Attis, l'archigalle porte un grand voile sous sa couronne (fig. 3182).
2e Dans l'auspication comme dans le sacrifice proprement dit, le rite romain comporte le voilement de la
30 Le fondateur de ville, pendant qu'il traçait avec la charrue l'emplacement de la future enceinte, se couvrait la tête d'un pan de sa toge 1°
40 Dans la consecratio bonorum, attribuant une propriété privée à un dieu, le magistrat opère la tête
voilée 20.
5° Dans la cérémonie du VER SACRUM, les jeunes gens des deux sexes que l'on chasse du territoire, pour remplacer le sacrifice humain [DEvoTlo], sont couverts d'un voile 21.
60 Le même rite se retrouve dans la devotio sur le champ de bataille : en 340 avant J.-C., le pontife Valerius, qui dévoue le consul P. Decius, lui voile la tète, après l'avoir revêtu de la robe prétexte; et c'est la tète
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voilée que Decius répète la formule rituelle pour le salut de la République'.
7° De même encore, dans le châtiment des Vestales coupables, qui est un autre cas de devotio, le Pontifex Maximus recouvre d'un voile celle qui est ensevelie
8° Enfin le voilement de tête, avec le même caractère religieux, est un élément essentiel des mystères grecs et sans doute aussi des mystères anatoliens. C'est un ri te d'initia
tion 3. Sur
un vase en marbre dé
couvert à Rome, et qui nous montre une scène d'initiation aux mystères éleusiniens, l'initié a la tête entièrement voilée ; au-dessus de lui, une prêtresse secoue le van mystique d'lacchos (fig. 2634)4. Ainsi donc, au moment de la purification, l'obscurité était obtenue à l'aide d'un voile. De même, dans le christianisme primitif, le néophyte soumis à l'exorcisme avait la tête cou verte et les yeux voilés 3.
9o A la même idée se rattache le voilement de la fiancée, parfois même des deux époux, dans les cérémonies grecques, étrusques et romaines du mariage (fig. 7313) [sIATRIMONIcM, p. 1650, 1655, 1657]. A l'origine, en effet, le mariage est « l'initiation de la fiancée au culte domestique de son époux » C.
Dans tous ces cas et malgré leur diversité, le rite correspond à une même idée : il est une forme d'oblation et
de consécration àla divinité'. HENRI GR AILLO T.