Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

VERBENA

VERBENA. Les anciens désignent de ce nom tout rameau verdoyant, provenant d'une plante sacrée ou destiné à un usage sacré. Il faut distinguer de cet accessoire les guirlandes formées de fleurs, qui jouaient un rôle analogue [SERTA]. Les verbenae servent aux usages suivants : 1° elles constituent à elles seules une offrande ' ; 20 elles servent à couvrir et à orner, avant le sacrifice, les autels de gazon 2 ; 3° unies aux bandelettes de laine, elles forment des couronnes, dont on orne les prêtres, particulièrement les sacrificateurs ',les victimes 4, les statues des dieux°; les nouvelles mariées portaient une couronne de ce genre, (lui s'appelait encolla 6 ; 4° elles forment des guirlandes décorant les temples, ou les maisons privées, les jours de cérémonies (fig. 4133, 7349). Il est probable qu'à l'origine toute verdure d'aspect et d'odeur agréable avait droit à ce nom 7. Puis on tendit à le réserver à une classe de plantes particulièrement saintes, ou même à une seule plante : selon les uns, le romarin 8, selon d'autres, l'olivier ou le myrte '0, le laurier, ou enfin la verveine, dite aussi îe 30vr, ou verbenaca 11. Apparemment les prêtres auront essayé, sans succès, de préciser le terme trop compréhensif de verbena. Les fétiaux qui allaient négocier emportaient des verbenae cueillies au Capitole et un d'entre eux, celui qui les tenait, s'appelait le verbenarius12. Ces verbenae, qu'on appelle aussi, dans ce cas, sagrnina 13, étaient peut-être plutôt des herbes, prises avec la terre des racines, que des branchages 1M ; elles étaient sans doute arrachées sur l'emplacement de l'auguraculum; c'était le consul ou le préteur qui les arrachait 76. On peut supposer, par exemple, que les cérémonies des fétiaux, à la frontière, exigeaient qu'ils eussent une portion de la terre d'où les auspices avaient été pris et s'étaient déclarés favorables. Les verbenae servaient aussi à des usages médicaux 17 ; on peut se demander si la confiance en leur vertu sacrée n'a pas conduit à des expériences qui purent être utiles. Parmi toutes les verbenae qu'employaient les médecins, la verveine était peut-être la plus réputée 18 ; son efficacité médicale allait de pair avec sa vertu magique. La verbena ne diffère sans doute pas de l'EIRÉSIONÉ des Grecs, branche d'olivier ou de laurier, mariée à des bandelettes de laine. Les Marseillais ornaient de verbenae la victime humaine qu'ils sacrifiaient 19. Les Gaulois avaient un culte par ticulier pour la verveine 20. Le culte des branchages, et particulièrement des feuillages toujours verts, où l'âme de la végétation paraît se réfugier en hiver, est un culte universel 21. La légende du roi de Nemi 22 prouve l'antiquité de ce culte dans le Latium; il n'y a pas lieu de le rattacher au rites Graecus 23. Très fréquentes sont les figurations de verbenae : branches portées dans des cortèges funéraires (vases du Dipylon 2',, relief d'Amiterne 26), rameau lustral, tenu par un (lieu 26 ou par un prêtre (fig. 4459) 27, guirlandes décorant des autels 2' ou des monuments", branches trempant dans des vases d'eau lustrale (fig 71105; cf. fig. 4863) 30, guirlandes décoratives utilisées dans des scènes très profanes (fig. 6136), mais qui demeurent une survivance d'une pratique religieuse 31. A. PIGA:ooI.,