Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VESTIS

VESTIS. Il a été traité en détail de chaque pièce du costume des Grecs, des Étrusques et des Romains dans des articles du Dictionnaire auxquels nous renverrons par la suite. On trouvera ici des considérations générales sur le costume antique, une brève esquisse historique, une classification des différentes pièces du costume et des renseignements sur le commerce et le prix des Vêtements. A. I. Gn .cc. Notons d'abord que le costume grec de l'époque historique doit peu de chose au costume égéen'. La différence entre les deux systèmes est radicale : elle tient à ce que les Crétois ont ignoré l'usage de la fibule PIAULA] et, par suite, donné un développement considérable à l'art de la couture. Le point d'appui principal est pris sur les hanches ; la taille est comprimée par une sorte de corset. Dans la suite nous ne trouverons rien qui rappelle les jupes à multiples volants des dames de Cnossos, leurs jaquettes très ajustées et largement échancrées sur la poitrine, leurs tabliers brodés, leurs coiffures monumentales (fig. 6398); ou du moins nous ne pouvons relever que des survivances de détail', qui établirent une liaison logique entre les deux périodes. A la fin de l'époque mycénienne, lorsque, semble-t-il, une race nouvelle assure aux Égéens l'empire de la Méditerranée, apparaît le costume qui persiste jusqu'aux temps byzantins avec ses éléments essentiels. La permanence est, en effet, le caractère le plus frappant du cos turne grec. Nous verrons que si l'apparence extérieure a changé à travers les siècles, par l'effet des modes temporaires ou locales, les principes sont restés fixes et inmuables. Cela tient, comme l'ont montré M. Ileuzey et M. Pottier 3, à ce que le costume grec est drapé. Les vêtements n'ont pas de forme par eux-mêmes et empruntent leur valeur plastique au corps humain. L'étoffe n'est pas coupée, la pièce est employée telle que la A l'origine on se contenta de la rouler autour de la partie du corps que l'on voulait protéger; puis on s'efforça de donner à l'arrangement de l'étoffe plus de grâce et d'effet et ainsi, peu à peu, le costume grec devint une œuvre d'art sans que l'on perdit de vue les nécessités pratiques. « Dans l'usage quotidien, les draperies flottantes ont besoin d'être ajustées... L'habillement a donc des soutiens qui sont : la couture, l'agrafe, la ceinture. Tous trois réalisent l'armature robuste donnée à la draperie légère,. n La couture rapproche les bords de la pièce de manière à former un fourreau cylindrique (fig. 5555). La fibule retient l'étoffe de chaque côté du cou et forme des manches en ramenant les pans qui flottent sur les bras (fig. 5559). Enfin la ceinture rassemble les plis autour de la taille, et fait bouffer l'étoffe qui forme une sorte de poche (liolpos) (fig. 1472, 7159, 7160). Parfois une seconde ceinture placée au-dessous des seins ou deux bandelettes croisées plaquent contre la poitrine l'étoffe de la tunique et du manteau (fig. 1478). Afin de laisser au bras droit la liberté de ses mouvements, tout le poids du costume porte sur le bras et sur l'épaule gauches (fig. 1641) 6. Deux pièces essentielles, les mêmes pour les deux sexes, suffisent à composer le costume : la tunique (chiton) et le manteau (Iliination) [TUNICA, PÉPLOS, PALLIUM]. Mais avec ces pièces d'étoffes diversement drapées que de combinaisons sont possibles, quelle variété de rythmes et de formes belles et gracieuses! C'est là essentiellement ce qui constitue l'élégance du costume grec. « Les Grecs ont compris les premiers qu'il y a dans les plis mêmes de l'étoffe une décoration supérieure au luxe des franges et des ornements '... Ils évitent les bandes rapportées, les galons, les appliques, les ourlets,les coutures, et en un mot toute disposition qui, en modifiant l'épaisseur de l'étoffe et en détruisant l'unité du tissu risque de fausser... les plis. » On réserve aux vêtements liturgiques et à ceux qu'on offre aux divinités (fig. 5474) 8 les broderies somptueuses et compliquées, empruntées au luxe oriental. Toutefois, comme nous l'enseignent les peintures de vases et les statuettes de terre cuite, les Grecs, de tout temps, aimèrent la polychromie. La tunique est ordi VES 765 VES nairement blanche ou d'un ton crème mais le manteau est toujours coloré. Les nuances les plus appréciées sont le pourpre, le bleu, le violet, le safran et plus rarement le vert olive. Telles sont les caractéristiques essentielles du vêtement grec : il est, à travers les siècles, semblable à luimême et fidèle aux formes élémentaires ; il est simple et peu chargé d'ornements, enfin il n'a pas de forme par lui-même, comme le costume ajusté et cousu des modernes. L'himation, la chlamyde du guerrier, enfin le péplos ne présentent de différences que par l'emploi de la fibule. Il dépend donc de celui qui porte ce vêtement de lui communiquer la beauté et en quelque manière la vie 2. 1. Époque primitive et homérique. -On admet généralement 3 que le costume hellénique des deux sexes est composé, à l'origine, d'une pièce unique, un grand rectangle d'étoffe de laine, servant de couverture de lit aussi bien que de vêtement. Ce manteau est vraisemblablement superposé à un pagne [JALLIUSI, p. 285] 4. C'est le costume auquel les Laconiens restèrent fidèles et dont se contentèrent toujours les travailleurs, les esclaves, et tous ceux qui faisaient profession de vie simple (fig. 5471, 7156). L'épopée homérique, qui décrit la civilisation des Éoliens et des Ioniens d'Asie du IXe au vue siècle, nous fait connaître une société singulièrement éprise du luxe et de l'élégance de la toilette comme l'atteste le x«Àa:rpriei'toç, etc. Les vêtements sont fournis par l'in dustrie domestique et les importations phéniciennes 6. Le costume des hommes comprend les deux pièces essentielles : la tunique (zvrriv) 7, vêtement de dessus, et le manteau (/leva., pxpo;) 8 (fig. 5458). Le chiton, plus ou moins long, se porte sans ceinture et n'est relevé que pour la lutte et les travaux pénibles (fig. 7161, 7162). Le manteau est drapé symétriquement, couvrant le dos et ne faisant que très peu de plis (fig. 7158). Le chiton, fait de toile de lin, reste blanc. La chlaina, faite de laine épaisse, est le plus souvent rouge ou pourpre, parfois ornée de dessins géométriques ou même d'ornements figurés (fig. 5459). Au manteau de laine on peut substituer une peau de bête (lion, panthère, loup, fig. 5460). Les bergers se contentent d'une peau de mouton ou de chevreau. Le vêtement de cérémonie est composé de la tunique longue et du ?âpcç, manteau peut-être fait de toile, qui paraît avoir été l'apanage des princes (fig. 5458). Les travailleurs des champs ne portent qu'une simple tunique, peut-être analogue à l'exomis (fig. 7167) 7 de l'époque classique; leurs pieds sont défendus contre les épines par des guêtres [oCREA] et leurs mains par Le vêtement de dessous des femmes (Éxvdç, 7t 7uaoç et même ?âpo;) " correspond exactement au chiton des hommes, toutefois avec cette différence que le chiton est cousu, tandis que l'héanos et le péplos sont retenus au moyen d'agrafes disposées sur le flanc 12 [PI.PLos, p. 382]. Ce vêtement, serré à la taille par une ceinture, laisse les bras nus et tombe jusqu'aux pieds. La couleur du péplos est très variable et souvent bigarrée (fig. 5558) : Homère emploie pour le caractériser les épithètes 7otxiao; et 7".xüi70:x(),o;. Sa matière est certainement la laine. La ceinture qui le retient (oiv,1) S3 est parfois garnie de franges [h'IMBBIAE] ou de lames de métal, selon le goût oriental. Enfin le costume des femmes, outre le manteau, qu'elles disposent de façons fort variées, et dont elles enveloppent parfois leur tête pour se garantir du soleil ou des intempéries (fig. 5472, 544.73), comporte aussi un grand voile [vELAMEN], qu'elles jettent sur leurs épaules lorsqu'elles se disposent à sortir (xp e.m.vov, xnÂ1i7ctic-rl, xi),vu.N.x). Posé sur la tète et pendant sur les épaules et le dos, ce voile laisse le visage découvert (fig. 4162, 4169, 4175, 4176). Par l'épopée nous connaissons les pièces essentielles du costume grec, que nous retrouverons identiques, à toutes les époques, jusqu'à la fin de la civilisation hellénique. Mais le costume homérique ignore le principe de la draperie librement plissée et adaptée aux formes du corps ; il est raide et compassé. Il est tiré de façon à éviter les plis ou disposé avec une symétrie rigoureuse (fig. 5558, 7158). C'est à l'âge suivant qu'appartient la gloire d'avoir fait du costume une oeuvre d'art sans cesse mobile et sans cesse renouvelée. 2. Époque archaïque jusqu'aux guerres médiques (vue et vie siècles). L'horizon du monde grec s'élargit; le développement de la navigation, la formation de nombreuses colonies révèlent des pays inconnus, qui fournissent à la civilisation hellénique des éléments nouveaux. L'initiatrice est encore l'Ionie, en contact direct et permanent avec les royaumes à demi barbares de l'Asie Mineure, notamment avec la Lydie, patrie fabuleuse du luxe et de la mollesse [1'llxvGlo, p. 44774. Les colonies ioniennes et doriennes de la Méditerranée occidentale ", enrichies par le commerce, et les villes où règnent des tyrans s'adonnent avec prédilection aux industries de luxe. Les pays grecs ne sont plus tributaires de la Phénicie et de l'Égypte; Milet répand au loin les produits de son industrie textile 16. Au milieu du vie siècle, il semble que les modes ioniennes aient gagné toute la Grèce continentale; seulsles pays laconiens, comme Oorinthe, Argos et Égine'', sont restés fidèles au costume traditionnel, qui désormais reçoit le nom de dorien [PÉPLOS, p. 382] : le péplos de laine porté directement sur la peau. Athènes adopte d'abord le chiton de toile, qui se porte comme une chemise sur le péplos, mesure transitoire qui prépare l'adoption totale du costume ionien 18. Un célèbre récit VES 766 VES d'Hérodote prétend expliquer cette révolution par l'interdiction faite aux femmes de porter les longues épingles qui servaient à fixer sur les épaules le péplos dorien2. Thucydide nous fournit des renseignements analogues sur l'évolution du costume masculin'. Voici les caractéristiques du vêtement ionien au vie siècle. Pour les hommes, le chiton de lin est le vêtement essentiel : il est porté court pour les occupations quotidiennes et flottant comme vêtement de cérémonie. Sur la tunique on jette l'ample chlaina de laine, qui, pour l'équitation, est remplacée par la CHLAatrs, empruntée aux peuples du Nord, Thessaliens et Macédoniens `. Le fait essentiel pour l'histoire du costume est l'abandon de l'antique symétrie dans le port du manteau. On cesse de ramener en avant les deux pans égaux de la pièce d'étoffe : on drape désormais l'himation autour du corps en prenant appui sur une seule épaule (comparez les fig. 5458 et 5461) 6. Dans le costume féminin à l'ionienne le long chiton de lin s'est substitué à l'ample péplos de laine (fig. 5459) 6. 11 est serré à la taille par un cordon qui cache le lcolpos. Somme toute, il ne diffère en rien, sauf par la matière et par la disposition des manches, du péplos fermé qui constituera le costume des femmes au vesiècle (fig. 5559 à 5565). Il est décoré, au milieu, d'une large bande verticale, la Tmpucs, qui porte un décor le plus souvent géométrique, et de deux bandes brodées l'une au bord supérieur, l'autre au bord inférieur (fig. 5459). Le costume est complété par l'himation (fig. 5463), simple rectangle d'étoffe de laine qui peut se draper de très nombreuses manières'. Enfin il s'y ajoute parfois une sorte d'écharpe de laine que l'on peut appeler int'a-fiN.a et qui se superpose à l'himation [PÉPLOS, p. 381]. A ce costume ionien, capable de tant de variété malgré son apparente uniformité, s'oppose le costume dorien. Les jeunes filles laconiennes ne sont vêtues que d'une pièce d'étoffe sans ceinture, retenue aux épaules par des fibules ou des épingles (r7t6rii; ytrcliv) 8. Les femmes mariées portent peut-être le même vêtement dans l'intérieur de leurs maisons, mais serré à la taille par une ceinture et fermé sur les côtés par une série d'agrafes. Le péplos dorien devient alors, comme nous l'avons dit, très analogue au chiton ionien 9. 3. Époque classique. Le costume de l'époque classique n'est pas seulement le résultat d'une évolution régulière : l'influence des grands événements qui ont marqué le début du v' siècle y est évidente. Les victoires sur les Perses ont exalté le sentiment de la valeur morale et matérielle de l'hellénisme et tourné les esprits vers le sérieux de la vie. Athènes se prend d'un goût passionné pour la simplicité et proscrit du costume tout exotisme [PALLiUni, p. 9.88]. Cette révolution dans les moeurs, qu'attestent les monuments figurés, est notée dans un texte célèbre de Thucydide 19, qui rappelle qu'à une époque récente furent abandonnés les manteaux de pourpre, les tuniques bigarrées, les coiffures compliquées, enfin tout ce qui sentait le luxe et la mollesse asiatiques. La pièce essentielle du costume masculin est désormais la courte tunique de laine qui a remplacé la longue tunique de lin. C'est l'unique vêtement que l'on porte à l'intérieur de la maison : on est dit alors yop.v6ç. Pour l'extérieur, on se drape dans l'himation (fig. 1417). Les travailleurs, pour garder la liberté de leurs mouvements, ont adopté un vêtement qui, selon Ilésychios, est à la fois tunique et himation : c'est l'exomis [TUNICA, fig. 7167], attachée sur l'épaule gauche et serrée à la taille. Dans les pays où règne l'influence laconienne, on n'a pas adopté l'himation et l'on continue à porter la chlaina sans l'intermédiaire du chiton. La chlamyde est devenue en quelque sorte l'uniforme des éphèbes (fig. 1419). Tout en participant à la simplification générale du costume, le vêtement féminin n'en est pas réduit à l'austère simplicité de celui des hommes. On revient au péplos de laine, mais, à Athènes, on le combine avec le chiton ionien (fig. 5466, 5468) f1. C'est le costume antique par excellence, apparu déjà dans la première moitié du vie siècle. La grande sculpture de l'âge classique nous le montre comme le plus bel accompagnement qui jamais ait été trouvé pour la forme humaine (fig. 5066, 5067)12. Les étoffes bigarrées et les tuniques flottantes sont désormais réservées pour les divinités et pour les cérémonies religieuses (fig. 5474) 13 4. Époque hellénistique et romaine. La caractéristique de cette période est, dès le début, un goût marqué pour les formes de vêtements et les étoffes étrangères. Les expéditions d'Alexandre ont rompu les antiques frontières et improvisé un empire gréco-oriental où se mêlent les moeurs helléniques et les moeurs barbares. On voit arriver sur les marchés grecs des tissus jusque-là inconnus ou fort rares : le coton qu'envoient l'Inde et l'Égypte dès le temps des Diadoques de Chine, n'apparut que beaucoup plus tard, sans doute au premier siècle avant notre ère ; mais depuis longtemps les pays grecs connaissaient les tissus légers et transparents que l'on fabriquait à Cos, au moyen de la soie sauvage ou bombycine [cos): VESTES, Boti1BYCINUnt]. D'ailleurs l'art de travailler et de teindre la laine et le lin est parvenu à son plus haut point de perfection [TExTBINUn]. Le goût oriental impose à nouveau les motifs figurés pour la décoration des étoffes ; Alexandrie, sous les Ptolémées, est le centre le plus important de cette industrie [runyGIo]. De même le tissage des fils d'or, connu depuis longtemps en Lydie et en Perse, s'introduit aussi en Grèce et prend, avec le temps, une extension considérable. VES 767 VES On conserve alors les formes traditionnelles : chiton, exomis, chlamyde, himation, mais on adopte aussi des vêtements perses ou égyptiens, ou libyques 2. Les femmes de haut rang ne craignent pas de revêtir les étoffes transparentes et les vêtements chargés d'or et de broderies, réservés jusque-là aux courtisanes D'autre part, lorsque le titre de citoyen romain est accessible aux habitants de tout l'empire, les vêtements nationaux de Rome sont adoptés dans les pays grecs: les hommes portent la TOGA et les femmes la STOLA. raux employés pour désigner le costume sont : âeO~;, 'éd. let;, aïu.x4. Une distinction fondamentale est établie entre les vêtements de dessus : E-(G),-r,p.a, resp:iJXT ci, et les vêtements de dessous : ivôup.a, èrrivôvµx. Les vêtements intimes et adhérents que portent les travailleurs les athlètes, les baladins (âµtP(Gar,crpov) [CINCTUS, SUBLIGACULuit], et que nous font connaître les textes, sont nommés: Vo' u.a(011 (.)Œ1L ), -2p( ix.ecrrept(;ierpa, ôtt)mµa, etàl'époque romaine x4u-terpov «transcription de campestre). Les vêtements d'intérieur sont, comme nous l'avons vu, le pagne ou caleçon et la tunique' [TUNICA]. Pour la promenade on fi tle léger himation et la variété de chlaina qui a reçu le nom d'à-),o(; [PALLIUR]. Les femmes ont aussi des mantelets dits et yxdu.Gmu.x..Le vêtement d'été est appelé Oep(erptov et e-etp(ov. La chlaina, faite de laine épaisse, protège contre le froid et l'humidité. Pour le voyage et. la guerre le vêtement typique est la chlamyde [cuLANlYs] s. Les bergers et les paysans possèdent une série de mantelets faits de cuir et de peau brute, désignés par les noms de ii pOépx, eaxxtov, ezyoç, -oôa év, VEep(ç, [ia(rcc, âpvxr.(ç, e(rupva (peau de mouton), cpop(vrl (peau de porc). Le op!.i.dç est fait de paille tressée. Enfin les petites gens portent une tunique bordée d'une bande de peau de mouton, dite xa.rmvdx-ia Après les exercices violents les athlètes s'enveloppent d'une long manteau fourré, l'iYOpiN.tç, Pour les grandes fêtes et les cérémonies religieuses, on revêt de tout temps la tunique flottante à l'ionienne °. Le costume de mariage des femmes comporte une riche tunique (eroÀri), un manteau brodé (iu.xrccv rrocx(),ov) et un voile qui cache le visage [llATRIlioNIU\I, p. 16491. Les vêtements de culte et ceux que l'on consacre aux divinités sont le plus souvent teints de couleurs éclatantes (a(µaT(;, â),oup•(r,) ou richement brodés ( vOcel,.a, ia0ua); rci,tXoc). Le rituel de certains sacrifices prescrivait des vêtements blancs ; dans le culte des divinités inférieures on revêtait des habits rouges et noirs [SACRiFrcmnl]. Notons que le vêtement dit AGRÈNON est le symbole du don prophétique (uavrcxn irOilç). Les citharèdes et les joueurs de llùte portaient pareillement la longue tunique flottante (4.-lltovov ôpOoc-r ou). Le costume des acteurs se compose d'un caleçon collant (amiU.GCTtou), pour la tragédie, d'un chiton bigarré (rotxO,ov), flottant et muni de manches, et de divers manteaux du type chlamyde ou du type himation 10. La comédie faisait évidemment usage des vêtements ordinaires". Les courtisanes ne paraissent pas avoir été astreintes, en Grèce, à porter un vêtement spécial '2; mais dans certaines régions de la Grèce, des lois_ somptuaires interdisaient aux matrones les vêtements somptueux qu'on permettait aux hétaïres ; celles-ci recherchaient les toilettes tapageuses, les voiles transparents, l'or et les broderies. Nous avons vu qu'à l'époque hellénistique ces modes furent universellement adoptées. De même il n'y a pas pour les esclaves 13 de costume distinctif " ; leurs vêtements sont ceux des travailleurs et des petites gens, l'exomis [TUNICA, ENconlnoirA] fi,, qui est saris doute identique àl'ECeçoi.i.zetia),oç qu'IIésychios définit : ytrwv ôou))cxô; Épyxrcr.d;. Les philosophes et ceux qui font profession de vie simple adoptent une tunique courte, dite a-roa(ov, et le manteau grossier que l'on appelle TRIBON. Nous citerons enfin quelques vêtements étrangers dont les noms reviennent souvent dans les textes: la BASSARA, longue robe orientale particulière à Dionysos et aux Ménades ; la xxnxrtpc;, long vêtement de lin à franges, porté par les Égyptiens et les Perses; l'xxTo(x, la expa-t;, vêtements de cérémonie perses ; la Zeto i, d'origine thrace; le O'),axtov et la expxGxpx, sortes de pantalons [BRAcr E] ; la ôe)éuaTCxr [DALMAT1CA], généralisée par le christianisme. Nous terminerons par les chaussures et les coiffures cette rapide revue des différentes pièces du costume grec. Les Grecs, en principe, ne portent de chaussures qu'à l'extérieur de leurs maisons, et encore un grand nombre d'entre eux marchaient toujours pieds nus ; dans les peintures de vases il est rare de constater la présence de pieds chaussés, même quand il s'agit de divinités. Les textes mentionnent cependant une variété infinie de chaussures (è7roôru.xra)16. On peut les diviser en deux classes : celle des sandales (-ÉÔt),a avôxaa) [CREPIDA, sOLEA], qui se composent d'une simple semelle fixée aux pieds par des liens ou des lanières, d'autre part celle des souliers qui enferment le pied (i 1~OxSe;, Eurxc [EMBAS]). Dans cette dernière catégorie entrent les evaEopaes.; [ENDROMIS]. Parmi les chaussures de luxe nous voyons cités les ,rat [BLAUTAO], leS ôtaGâOpx [DIABATERUM], les i3aux(ôe; [IlAUl31DES], etc.; parmi les chaussures de fatigue les âpGzUat [ARBYLÈ], les xapôar(vat [CARBATINA], les --rlno-ardu;. Enfin l'on sait que les acteurs tragiques portaient le xd0ocvoç ou 41.Gâ.rç; mais le mot xiOopvos désignait aussi une chaussure lâche, portée dans l'intimité de la vie Les hommes ne se couvrent la tête qu'à la campagne ; à la ville les étrangers seuls portent le chapeau. Contre le soleil on emploie le large chapeau dit -É-raooç [PETASUS], coiffure ordinaire des éphèbes et du dieu Hermès. Le chapeau de feutre dit rxue(l est d'origine macédonienne [CAUSIA]; le 7:i),oc [PILEUS] est une chaude coiffure de laine; la xuvil et l'ânm-ex(s [ALOPEKIS], coiffures de cuir, servent aux voyageurs et aux cavaliers et peuvent VES 768 VES remplacer le casque. Les femmes se couvrent la tête de leur himation et de leur voile et en été elles portent un chapeau conique à larges bords dit fioÀ(a [TROUAI. II. ÉTRUIIIE. Les monuments nous apprennent que le costume national étrusque ne diffère guère du costume romain [ETRUSCI]; le vêtement essentiel est une pièce d'étoffe de laine, taillée en demi-cercle comme la toge et drapée d'une façon fort analogue '; une tradition rapportée par Photius attribue même aux Étrusques l'invention de la toge 2 [TOUA]. Le vêtement de dessous est pour les hommes le caleçon, et pour les deux sexes la tunique, qui reproduit exactement les différentes formes du chiton grec Les hommes portent souvent le simple pagne [CINCTUS], une tunique à manches courtes très ajustée et la simple exomis. Pour les cérémonies religieuses, ils revêtent une longue tunique bordée de pourpre, ornement qu'ils transmettront aux Romains [ cLAvus] en même temps qu'une bonne partie de leur rituel. Les divers manteaux témoignent de l'influence profonde des modes et de l'industrie grecques'; c'est presque toujours l'himation drapé à la grecque (fig. 5476), mais présentant parfois des dispositions très particulières (fig. 5477, 5478). De plus, quelques monuments nous font connaître des formes de vêtements qui paraissent spéciales à l'Étrurie; nous citerons notamment une sorte de paenula percée d'une large ouverture ovale pour la tête, dans le sens de la diagonale (fig. 5479) ; une jaquette à manches très ajustée, que porte un haruspice (fig. 2779) ; enfin un étrange petit manteau féminin, formé d'une étroite bande rectangulaire percée d'une ouverture pour la tète, et qui devant ne descend que jusqu'à la ceinture, mais par derrière retombe jusqu'aux pieds (fig. 1837). La ceinture [CINGULA tient une place importante dans le costume étrusque: elle est en général assez large, richement brodée et décorée de franges ou de boutons saillants fig. 1486). On retrouve aussi les bandelettes croisées qui plaquent sur la poitrine le chiton et le péplos. Nais ce qui fait la véritable originalité du costume étrusque, c'est le luxe un peu barbare de la toilette, la prédilection pour les larges bandes de pourpre, les dessins à fleurs, les broderies de sujets figurés qui trahissent l'influence orientale (fig. 2831, 2845). Les chaussures étrusques (0-avô«),ta Tupprlvtztz ou 'nulle vtoupy ) à haute semelle et à courroies dorées ont été célèbres dans tout le monde antique G. On connaît aussi des sortes de cothurnes formant bottines ouvertes et ornées de broderies (fig. 6485). Les coiffures caractéristiques des Étrusques sont l'apex [FLAMEN] et le GALERUS, qui leur furent empruntés par les Romains comme coiffures sacerdotales', et le TUTULUS, bonnet de laine de forme conique que portent ordinairement les femmes tyrrhéniennes. III. Rosu. Le principe du costume romain est le même que celui du costume grec, avec lequel il a d'ailleurs beaucoup de formes communes. Le vêtement principal, la toge, est drapé comme l'himation et le péplos grec, mais avec cette différence essentielle qu'il est taillé en demi-cercle [TOCA].Cette coupe a l'avan tage « d'envelopper plus exactement le corps, d'en épouser de plus près la courbure naturelle » 8. L'effet, par contre, est nécessairement plus monotone que celui du rectangle d'étoffe, qui, avec ses angles brisés, ses plis contrariés, souligne par opposition la forme humaine. Encore faut-il donner à la toge de grandes dimensions pour qu'elle n'ait pas une apparence étriquée ; on alla fort loin dans ce sens, aux dépens de la commodité; aussi Tertullien, dans son traité De pallio, fait-il l'apologie du manteau grec aux dépens de, la toge. Cependant les Romains attachèrent une importance considérable à l'harmonie de la draperie; des esclaves spéciaux [vESTIPLICUS] étaient chargés de préparer et d'entretenir les plis des vêtements 9; Quintilien consacre de longs développements à l'art de porter la toge, fort important pour l'orateur, et à l'éloquence du vêtement 10 La toge paraît être au début de l'époque historique le vêtement national des peuples d'origine latine; tous la portent: hommes, femmes, enfants et même les esclaves ". Elle était, avant que fât adopté l'usage de la tunique, l'unique pièce du costume ; c'est-à-dire que l'on ne portait sous la toge qu'un simple caleçon (licium, subligaculum, campestre [cINCTUS. Rectangulaire à l'origine, c'est-à-dire telle que la fournissait le métier à tisser, elle prit dans la suite sa forme caractéristique demi-circulaire. Nous ne savons exactement à quelle époque s'établit l'usage de la tunique, ni à qui les Romains l'empruntèrent; quoi qu'il en soit, elle devint très vite le vêtement de dessous par excellence à l'usage des deux sexes; seuls quelques traditionnalistes restèrent fidèles au caleçon 12. Dès l'époque de Plaute, on porte deux tuniques superposées : l'une des deux, plus fine (tunica interior, subucula), joue le rôle de chemise.La tunique est naturellement le vêtement que l'on porte à l'intérieur de la maison. Dans les provinces les hommes sortaient ainsi vêtus ; mais à Rome une pareille licence n'était accordée qu'aux gens de métiers et aux marchands. La toge est, en effet, obligatoire pour tous les actes de la vie civile et religieuse. On trouvera, à l'article TOCA, l'histoire de la toge et la mention des différentes expressions dont elle est capable; nous nous contenterons d'indiquer qu'elle est à l'origine un manteau étroit et court, puis qu'elle s'agrandit et s'étale jusqu'à des proportions grandioses et théàtrales; enfin, qu'au IIe siècle de l'Empire un désir de commodité en fait réduire les proportions, mais elle est alors bien déchue; on ne la considère plus que comme un costume officiel, comme l'uniforme du magistrat. Hors de la capitale, les Romains adoptent très vite les costumes locaux. L'himation grec [PALLIUM] est régulièrement porté par les fonctionnaires des provinces orientales ; pendant longtemps le blâme s'attache à une telle dérogation aux coutumes nationales; mais au ter siècle Tibère l'adopte de préférence à la toge. C'est jusqu'au ive siècle le vêtement par excellence dans tout VES 769 VES le monde romain. Puis, à cette époque, il est supplanté par la paenula qui n'était, à l'origine, qu'un manteau de campagne. Parmi les vêtements qui nous sont connus dès les premiers temps de la république romaine, il nous faut citer au premier plan la laena [PALLIUM, p. 291-292], qui répond à laz)iaiv grecque et fut peut-être transmise aux Romains par les Étrusquesl; sous l'Empire, c'est un vêtement de dessus très répandu et commun aux deux sexes. Puis on voit s'introduire toute une série de manteaux, primitivement réservés aux soldats, et pour la plupart d'origine étrangère, le SAGUM, le IURRCS, la emprunté aux Barbares du Nord. Lés pantalons, désignés par le mot celtique de BRACAE, sont à l'origine la caractéristique du costume des Barbares et tout à fait étrangers aux Grecs et aux Romains, mais ils sont bientôt adoptés par les citoyens qui guerroient dans le Nord, au grand scandale de leurs compatriotes; enfin avec les empereurs d'origine barbare ils acquièrent droit de cité 2. Ainsi, peu à peu, le costume romain disparaît devant l'invasion des modes barbares; le christianisme, qui prescrit les vêtements cousus et ajustés au nom de la pudeur, ne fut certes pas étranger à leur triomphe. Dès le début de l'époque historique l'usage de la toge est restreint aux hommes; elle n'est portée que par certaines femmes marquées d'infamie. Le costume de la matrone (habitus matronalis) comporte, outre les vêtements de dessous communs à toutes les femmes (fascia, tunica interior), la sTOLA, qui lui appartient en propre. On ne sait à quel moment ce vêtement d'origine grecque a remplacé la toge. C'est une sorte de tunique qui tombe jusqu'aux pieds et dont les manches sont plus ou moins longues, selon les dimensions de celles de la tunica interior; elle est serrée au-dessus des hanches par une ceinture qui détermine un apoptygma, et ornée, à la partie inférieure, d'une large bande brodée dite instita. La stola devint dans la suite le symbole de la qualité de citoyenne (ntatrona stolata) 3. Le vêtement de dessus était, à l'origine, la RICA ou RICINIUM, pièce de drap quadrangulaire qui enveloppe la tête et le haut du corps; elle disparut de bonne heure de l'usage commun et se conserva comme vêtement sacerdotal et comme voile de deuil. Elle fut remplacée par la palla [PALLIUM, p. 293], qui devint pour la Romaine le manteau par excellence. Comme le péplos grec, il se prête à une infinité de combinaisons. Il est commun à toutes les femmes : matrones, affranchies, étrangères, courtisanes. Les femmes qui portent la stola drapent la pana comme l'himation grec, dont elle ne se distingue guère d'ailleurs Les jeunes filles et les étrangères la portent à la façon du péplos dorien ; c'est sans doute dans ce cas que la palla reçoit les noms de tunicopallium ou de tunica palliolata 4. Tel est le costume proprement romain, mais sous l'Empire s'introduisenttoutes sortes de modes exotiques, grecques surtout. Les tissus transparents de Cos, réservés jusque-là aux courtisanes et aux affranchies, supplantent la toilette décente et digne de la matrone'. Au lx, temps de l'Édit de Dioclétien (301 de notre ère), bien que des lois antérieures aient interdit aux matrones de paraître en public sans stola, ce vêtement est définitivement supplanté par deux nouvelles variétés de tunique : la DAL3IATICA et le colobium 6 [TUNICA, p. 539], l'un avec manches (manicata), l'autre sans manches. La dalmatique apparaît à Nome au temps de Commode et sert pour les deux sexes ; les chrétiens l'adoptèrent et elle se maintint longtemps dans le costume sacerdotal. Comme vêtement de dessus l'Édit mentionne les âvxU)ixtx' et la rai xxza),x s. généraux qui désignent le costume sont vestis et vestitus 9. Aux expressions grecques ~vô~µxTx .7reieiiiuTx, correspondent indutus ou indumenta (vêtements de dessous) et amictus (vêtements de dessus)1tr. Nous avons vu que le vêtement officiel, et à l'origine obligatoire, se composait pour les hommes de la toge, superposée au caleçon ou à la tunique, et pour les femmes de la stola et dela pana. Les jeunes filles ont la tunique et lapalla. Les vêtements particuliers aux enfants (puerilia vestimenta) sont la toga praete.xta [TOGA, p. 350 et 352_ et Falunait, sorte de jaquette à manches". Les Romains résidant à l'extérieur de Rome et les voyageurs ont adopté une série de manteaux d'origine étrangère : PALLIUM, sAGUM. L'habit de table (vestis cenatoria) par excellence est la SYNTRESIS'L. Le costume de noce se compose pour la fiancée d'une tunica recta, retenue à la taille par une ceinture de laine, et d'un voile rouge (/iammeum) qui couvre la tête [MATRIM0NIUM_. Le manteau d'apparat des anciens rois est la laena ou toga duplex [REGNUM, p. 824. Certains magistrats portent la toga praetexta, ou la TRABEA. Aux triomphateurs et aux consuls entrant en charge est réservée la toga picta [TOUA]. La plupart des prêtres ont droit à la toga praetexta, mais quelques collèges ont des insignes particuliers. Tels sont les flammes [FLAMEN], qui, pardessus la toge bordée de pourpre, portent pour attribut distinctif la laena, manteau de cérémonie des anciens Romains. Leur coiffure est le bonnet primitif : le pileus secerdotal ou galerus, surmonté de l'ornement dit apex. Les ARVALES se distinguent par des bandelettes de laine blanche [1NFULA], qui fixent sur leurs têtes des couronnes d'épis. Les SAtn. sont vêtus d'une tunique de couleur bigarrée, sur laquelle est appliqué un plastron en métal, et de la TRABEA. Les esclaves, comme en Grèce, n'ont pas à Rome de costume distinctif 73 [sERVUS, p. 1279]; le port de la toge leur étant naturellement interdit, ils se contentent, comme les travailleurs et les petites gens, du caleçon ou de la courte tunique. Les joueurs de cithare portent, sur la scène, une tunica talaris, qui correspond au yrTâiv ô 1nicir oç; faute d'un mot propre, on trouve cette robe désignée par les noms de palla, syrma et même stola 14. Les acteurs portent, pour la tragédie et la comédie dite palliata, un costume entièrement grec; pour la praetexta et la tooata un certain nombre de vêtements 97 VES 770 N'ES conventionnels ou empruntés à la vie quotidienne, qu'on trouve énumérés à l'article IIISTRIO, p. 225-226. Les courtisanes, comme nous l'avons dit, portaient, à Rome, un costume qui empêchait qu'on ne les confondit avec les matrones [sERETRICES, p. 1839]. Elles ont une tunique courte dépourvue d'instita et, par-dessus, une toge de couleur sombre et de même forme que celle des hommes 1. Mais, hors de Rome, le règlement n'était pas appliqué avec beaucoup de rigueur et au ue siècle, à en croire Tertullien, il est fort difficile de distinguer, à la miss, une honnête femme d'une courtisane2. 11 y a dans le monde romain une grande variété de chaussures, dont la mode et les exigences du moment changent indéfiniment la forme. Le costume national romain exige les souliers [cALCLus]; on en distingue plusieurs sortes, parmi lesquelles le nlulleus ou calceus palricius', le pero qu'on porte à la campagne. L'usage de la sandale est d'origine grecque et s'introduisit assez difficilement à Rome [SOLEA, CREPIDA, CALLICA], du moins pour la vie extérieure. Les convenances exigent que les femmes soient chaussées de souliers, et non de sandales ; mais dès le Ier siècle avant notre ère toutes les variétés de la cordonnerie grecque sont adoptées par les patriciennes. La coiffure type des pays italiens est le PILEUS, que tous les Romains portent le jour des Saturnales. A la fin de l'époque républicaine et au début de l'Empire, la coutume est de sortir nu-tête' ; le pétase grec est la coiffure de promenade. Les convenances exigent que les femmes aient la tête couverte d'un pan d'étoffe; elles portent d'abord le TUTULUS étrusque, puis au temps de l'Empire elles adoptent les coiffures grecques. qui concerne la préparation des étoffes destinées aux vêtements, et aux articles CIRYSOGRAPUTA, PIIRYGIO, ce qui touche à l'ornementation; nous nous contenterons ici de traiter brièvement la question de la fabrication des vêtements'. Notons d'abord que le caractère particulier du costume antique réduit à sa plus simple expression l'art du couturier (tt.txrtoupytxr;) et fait qu'il se confond presque complètement avec l'art du tisserand (ûtpvptx-rI) puisque le plus souvent la pièce d'étoffe est employée telle que la fournit le métier, et que le vêtement ne subit nulle autre « façon ». La couture (•r, âxEartx1) n'intervient que pour rapprocher les bords de l'étoffe dont sont faites les tuniques, et pour les vêtements à manches et à capuchons. Nous trouvons certaines industries spécialisées, ainsi dans la fabrication en gros de telle pièce du costume, par exemple du gros s s'est substituée à l'industrie domestique, qui, à l'origine, fournit la maison de tous les vêtements nécessaires 8. Eschine parle d'un citoyen qui possédait huit ou neuf esclaves exercant le métier de cordonnier et une femme habile à travailler les tissus d'Amorgos 9. A Rome, les fabricants de vêtements sont appelés vestici S0, vesti lices 17, vestitores 12. Nous trouvons aussi des spécialistes nommés paenularii 13, sagarii 1F, bracarii 15, tenuiarii 15, et, dans une énumération comique de Plaute", les patagiarii, les indusiarii, les manulearii, les limbolarii, desquels on ne peut savoir si ce sont des fabricants ou des revendeurs. Au temps de l'Édit de Dioclétien (301ap. J .-C.) bracariusdésigne un tailleur en général '8, et sarcinator celui qui confectionne les vêtements de dessous; mais ce dernier mot s'applique le plus souvent aux revendeurs, qui sont soit des esclaves, soit des ouvriers établis en boutique. Enfin il nous faut mentionner les foulons (fullones, lavatores, lotores), qui donnent une jeunesse nouvelle aux vieux vêtements et font subir un apprêt aux pièces d'étoffe 19 [FULLONICA]. II. Des indications fort utiles sur le commerce des vêtements et des étoffes ont été données à l'article MERCATURA (p. 1764). Les tissus furent toujours, dans le monde grec et romain, l'objet d'échanges très actifs. A l'époque homérique, on demande aux Phéniciens les tissus de lin et les étoffes teintes de pourpre 29. Plus tard, lorsque l'industrie grecque eut pris du développement, certaines villes possèdent des fabriques renommées d'étoffes et de vêtements et exportent au loin leurs produits. L'Asie Mineure, surtout Milet, fournit des tissus d'une laine particulièrement fine21. Amorgos fabrique des étoffes admirables par leur finesse", de même que Cos [coA]. Mégare a la spécialité d'une étoffe grossière dont on fait les vêtements d'esclaves 23; la plupart des Mégariens, dit Xénophon24, vivent de cette industrie. Les colonies de la Méditerranée occidentale exportent les étoiles siciliennes aux couleurs mélangées 25 et les toiles de lin de Tarente26. Pellène, en Achaïe, vend des manteaux". Enfin nous avons vu qu'après les expéditions d'Alexandre les étoffes d'Orient (soie etcoLon) pénètrentenGrèce ,'sl,.Rlcunl]. Lorsque le centre du monde économique se déplace au profit de Rome, la capitale de l'Empire est le point d'affluence des produits industriels du monde entier : les provinces de Gaule, d'Illyrie, de Germanie, d'Espagne, d'Afrique fournissent Rome de tissus et même de vêtements ouvrés. On trouvera à MERCATURA, p. 1778, le tableau très complet des relations commerciales de Rome avec le reste du monde antique. Le commerce de détail des vêtements en Grèce nous est assez mal connu. Pollux nous donne quelques brefs certains d'entre eux étaient des esclaves qui vendaient au profit de leur maître les produits de leur fabrication sur l'agora30. Il y avait en outre, à Athènes, un marché VES 771 VES d'habits (luaurtdaalatç yocx). On y vendait aussi des vêtements d'occasion (a7teioa). C'est pourquoi ce marché était aussi appelé aitatOi.aa2 tç t. A Rome, les négociants en tissus et vêtements confectionnés sont dits vestiarii 2 ou negotiatores vestiarii 3 [VESTIARIUS]. On connaît aussi des negotiatores sagarii et paenularii. Ils écoulaient parfois leurs marchandises par des colporteurs (circitores) qui se tenaient sous les portiques pour attendre le client (fig. 4922) ou possédaient un magasin de vente ° (fig. 4920). Caton° conseille à l'agriculteur d'acheter à Rome les vêtements suivants: tunicas, topas, saga, sculponeas, centones. Ces derniers, faits de vieilles pièces cousues ensemble, donnent lieu à un commerce actif 7. III. Sur le prix des vêtements, les textes ne nous donnent que des renseignements isolés et de peu de valeur 8. Les seuls documents qui nous permettent d'apercevoir un ensemble de prix et d'établir des comparaisons sont les comptes de Délos 9 et l'Édit de Dioclétien. Les comptes des hiéropes de Délos nous apprennent qu'en 250 av. J.-C. un chiton d'homme coûte 10 drachmes; or, à Athènes, au début du Ive siècle, c'était le prix d'une simple e.xomis 10. L'hitnation tombe de 24 dr. en 279 à 20 en 269. Le fin otilonion offert à Héra vaut 40 dr. en 296 et 25 en 250. On a pour 3 dr. en 269 la quantité de laine qui coûtait 2 dr. 20 h. en 281. L'Édit de Dioclétien (301 ap. J.-C.), bien qu'il nous soit parvenu incomplet 11, nous donne de nombreux renseignements sur le prix des matières premières, des vêtements en pièce et confectionnés et de la « façon », pour lesquels il fixe un maximum. Par exemple, pour une chlamyde de soldat de belle qualité 4000 deniers12, pour un vêlement militaire de dessous de 1250 à 2000 deniers l3, pour une endrornis 23001, pour un birrus en laine de Laodicée 45001, pour un sagum Gallicum 80001fi. Les dalmatiques de femme, selon la qualité, peuvent être vendues de 4 500 à 9000 deniers ; les dalmatiques d'hommes, de 4500 à 7500 deniers''. Voici maintenant quelques salaires d'ouvriers. Le bracarius pourra toucher jusqu'à 60 deniers pour tailler et orner un birrus de première qualité ; pour un birrus de deuxième qualité il ne touchera que 40 deniers ; pour une grande caracalla 25 deniers, pour une petite 20 deniers ; pour des udones (guêtres de poil de chèvre, Ép.7r(ata) 4 deniers ls Le sarcinator, pour faire un ourlet in veste subtili, pourra toucher 6 deniers ; pour faire l'ouverture (pour la tête et les bras) et coudre une bordure de soie, 50 deniers ; si la bordure est soie et laine, le prix est abaissé à 30 deniers. Pour ourler un vêtement grossier le salaire n'est que de 4 deniers 19. La tisseuse employée à la maison pourra recevoir 12 deniers et la. nourriture 2°. Le lanarius est payé de 13 à 40 deniers. Le foulon qui nettoie les vêtements et leur donne un apprêt pourra demander de 20 à 600 deniers 21. La soie colite '10 000 deniers la livre, et la soie teinte en pourpre jusqu'à 150000 deniers. La pourpre de Milet n'est tarifée que 10 000 deniers, le cinquième du prix des autres pourpres". Nous nous en tiendrons à ces exemples qu'il serait aisé de multiplier. Les prix semblent avoir augmenté après.Diocléticn, car une constitution de l'an 39623 fixe à un solides le prix de la chlamyde militaire. crétois nous font connaître un costume masculin réduit à sa plus simple expression : une sorte de pagne, très serré, s'attachant à la ceinture et une gaine protégeant les parties viriles 1. Le costume militaire ne comporte en outre que des sandales, maintenues par des courroies qui s'enroulent jusqu'à mi-jambe, et un casque de feutre 2. A Mycènes, le caleçon est encore le seul vêtement que l'on porte dans la vie active, à la chasse et à la guerre 3. Pour se protéger du froid, les soldats ont un manteau court, fait de peaux de bêtes ou d'une épaisse étoffe de laine (fig. 3323) 4. C'est seulement sur les monuments les plus récents de l'art mycénien que la pièce essentielle du costume militaire est la courte tunique frangée VES 7 72 VES à sa partie inférieure et munie de manches s'arrêtant bien au-dessus du coude. Une sorte de justaucorps de peau complète le costume «fig. 3018). II. Les guerriers homériques bouclent leur cuirasse sur le chiton qu'ils portent d'ordinaire2; cette tunique, vraisemblablement sans ceinture, ne couvre que le haut des cuisses3. Deux fois dans l'Iliade', elle est appelée crpEntTÔ; ytrdv, ce qui indique, selon l'opinion la plus vraisemblable, que l'étoffe était bien fournie de fils. Sous le chiton et directement sur la peau (épup.a x.pdo;) 6, on pose une large ceinture garnie de métal, la p lr -zj [MURA], qui a pour fonction de protéger le bas-ventre. La tunique peut être remplacée par le ~t1ua, simple caleçon ; c'est le seul vêtement que porte Ulysse dans une expédition nocturne Quant au o.aTrip, souvent mentionné par les textes homériques, c'est une ceinture de cuir garnie de plaques de métal, analogue à la p.(Tp-i, protégeant le buste au-dessous du thorax 8 [v. CINGULUI, p. 1176 et fig. 1479]. Pour tout ce qui concerne la question si controversée de la cuirasse homérique, nous nous contenterons de renvoyer à l'article LoRICA, où se trouve développée cette hypothèse que la cuirasse homérique n'est primitivement que l'ensemble du olrTrlp et de la p.(Tp-1). Le manteau du guerrier est la yaaïva, remplacée parfois par une peau de bête°. Le casque de métal (yar.).xsto;) a succédé à la coiffure de peau (xuvér() f0 [GALERUS]. III. La cuirasse formée de deux plaques de métal, dont l'usage s'établit au début du vile siècle11, est superposée aux vêtements de dessous. Parfois aussi nul vêtement n'est apparent sous la cuirasse doublée de cuir 12 (fig. 4544, 6002). Mais, le plus souvent, le torse est couvert d'une courte tunique finement plissée ou d'un simple caleçon (fig. 1635, 3452, 4526 à 4530). Le chiton peut être remplacé (fig. 7138) ou renforcé par un justaucorps de cuir 13. Parfois même une peau de bête forme une troisième défense pour le torse". Pour remédier à l'échauffement de la cuirasse par les rayons du soleil, on la couvre d'une chlaina ou d'une CHLAMXs (fig. 1644, 3453, 5368). Parfois le guerrier ne porte pas de cuirasse, mais une simple pièce d'étoffe attachée à la taille et descendant jusqu'au milieu des cuisses, placée directement sur la peau ou superposée à la tunique [CIACTUS et fig. 1467 et 1468]. Mentionnons enfin une sorte de court tablier frangé, destiné à protéger le bas-ventre, que la cuirasse laissait à découvert [CINGULUM, p. 1177]. Tel est chez les Grecs, pendant toute la période classique, le costume militaire, que nous ne connaissons guère que par les monuments figurés, surtout par les vases peints; les textes ne fournissent, en effet, que fort peu d'indications [EXERCITUS]. A Athènes nous ne trouvons mentionnée,pour le costume de l'hoplite, que la tunique rouge ('tT(OV potv(xtoÿ) 15, semblable à celle des Spartiates (rTo).r eotvtx(ç). Les éphèbes [EPHEBI] ont une sorte d'uniforme, composé surtout de la chlamyde et du pétase 16 (fig. `'2680). Quant aux troupes légères (4idot, yup.v'rITEÇ) et aux hilotes qui accompagnaient les hoplites spartiates, il est probable qu'ils n'étaient vêtus que d'une exonlis avec un manteau grossier et coiffés du pilos 17. Les cavaliers méritent de retenir plus longtemps notre attention [EQUITES]. A Athènes, avant qu'un corps de cavalerie ait été constitué (fig. 2484), nous ne trouvons que des hoplites montés, qui portent la tunique courte des fantassins (fig. 2279, 2725) 1S; les cnémides, qui auraient blessé le cheval, sont remplacées par des bottes de cuir. A côté d'eux, dans le dernier tiers du vie siècle, on trouve fréquemment des archers, en costume scythe, faisant fonction d'û;rr,piTat (fig. 470). Ce ne sont pas, croit-on, des étrangers, mais des Athéniens, parfois dés fils de grande famille qui, par commodité, auraient adopté ce costume 19 ; il se compose d'une sorte de pourpoint à manches très ajustées et de pantalons collants dits anaxyrides. Il semble que ce costume soit parfois d'une seule pièce, comme un maillot; souvent un chiton sans manches est passé par dessus. La coiffure est un haut bonnet pointu qui couvre la nuque (fig. 227) 20. Il est probable que les citoyen's athéniens renoncèrent à ce costume exotique, lorsque fut organisé, en 476, le corps de police des archers scythes [nÈMoslol, p. 911 21. Les cavaliers thessaliens qui combattent, dès le vie siècle, dans les rangs de l'armée athénienne [EQUITES, p. 7681 sont représentés sur les vases peints 22; leur équipement consiste en un court chiton, une chlamyde et un pétase. De même, les vases à figures rouges du ve siècle nous montrent fréquemment des cavaliers vêtus du costume thrace : chiton, manteau bigarré (rEtpi), bonnet de peau ()ue7tsxiç) et bottes de cuir23; ce sont très probablement des Athéniens qui ont adapté ce costume, propre à défendre les cavaliers contre le froid et les intempéries (fig. 229, 2717) 21. IV. A l'époque hellénistique, quand est définitivement adoptée la cuirasse à lambrequins, nous ne voyons nulle innovation dans le costume militaire. Peutêtre le contact permanent avec les peuples orientaux, qui s'établit alors, contribue-t-il à développer l'usage des vêtements cousus. Une célèbre mosaïque de Pompéi25 (fig. 4531) représente Alexandre vêtu d'une tunique à longues manches et d'une chlamyde. ANDRÉ BOULANGER. HOME. Il ne saurait être question dans le présent article d'énumérer ou de décrire les différents vêtements portés par les soldats romains 26. VES 773 VET Ce sont là des renseignements qui ont été donnés à propos de chaque catégorie de troupes [LEGIO, PRAETORIANI, QRSANAE COHORTES, etc.] ou de chaque sorte de vêtement Nous nous occuperons seulement de la fourniture des vêtements et de l'organisation du service compétent. A l'origine, l'État habillait les soldats sans leur demander aucune participation en nature ou en argent. Nous voyons dans Tite-Live que, au cours des guerres un peu longues, on envoyait de temps en temps des vêtements aux armées en campagne; le trésor fournissait aux dépenses et payait les fournisseurs, ou avait recours aux fermiers publics, qui faisaient les avances nécessaires 1. Un autre procédé consistait à obliger les peuples vaincus à payer en vêtements tout ou partie de la contribution de guerre qu'on leur imposait : c'est ainsi qu'en 430 de Rome les Romains demandèrent aux Samnites de fournir un habit pour chaque soldat et qu'en 518 les Espagnols furent taxés de même sorte 3. Les choses changèrent quand fut établie une solde régulière [STIPENDIUM). On sait qu'à l'époque du siège de Véies le Sénat jugea nécessaire de modifier l'état de choses existant. Désormais le trésor versa aux légionnaires une indemnité semestrielle ou annuelle, suivant la durée des opérations militaires engagées. On ne saurait dire si, dès cette époque, le régime adopté pour la fourniture des vêtements fut modifié : il faut descendre jusqu'au temps de Polybe 4, pour avoir des renseignements précis. A ce moment la règle était que le questeur, chargé de payer la solde des troupes, devait retenir sur la somme allouée à chacun les frais d'habillement. Il est bien probable que cette règle subsista jusqu'à la fin de la République. Nous apprenons, il est vrai 5, que, au cours de son tribunat, C. Gracchus fit passer une loi qui ordonnait d'habiller les soldats sans rien prélever sur leur paie ; mais c'était là une avance de politicien désireux de favoriser le peuple et de lui plaire. En tout cas, si la mesure eut quelque durée, elle fut abolie dès le début de l'époque impériale : à la mort d'Auguste, les soldats se plaignaient, suivant Tacite 6, que sur les dix as de leur solde on leur retenait une part pour leurs vêtements, leurs armes et leurs tentes. ll en était encore ainsi à la fin du fer siècle. Dans un relevé de comptes de deux légionnaires d'Égypte, qui nous a été conservé par un papyrus', on lit que sur la solde payée à l'un d'eux, se montant à 248 drachmes, tous les quatre mois, l'État prélevait 36 drachmes pour les chaussures et, pour les vêtements, une somme de 206 drachmes, soit à peu près le tiers de la solde annuelle. Ultérieurement on revint au système de la gratuité : l'auteur de la Vie de Sévère Alexandre' et Végèce' sont d'accord pour l'affirmer. On peut le conclure aussi du titre qui, dans le Code Théodosien, traite des vêtements militaires10. Il nous montre qu'au Ive et au ve siècle les uniformes étaient livrés comme impôt par les provinciaux11, le mode de fourniture variant avec les pays. Tantôt les contribuables payaient en nature ; les vêtements, après avoir été soumis à un examen de réception, étaient transportés dans des magasins spéciaux, d'où ils étaient livrés aux troupes 12 ; tantôt les contribuables s'acquittaient en argent : dans ce cas l'État versait une certaine somme, les 5/6 du total, entre les mains des soldats éprouvés, pour qu'ils se chargeassent eux-mêmes d'acquérir leurs vêtements, et réservait le reste, 1/6, aux ateliers impériaux, lesquels, en échange, livraient aux conscrits et aux jeunes troupes des habillements tout confectionnés [GYNAECEUM] 13 Il n'est pas possible de dire si le même système était appliqué sous le Haut-Empire ou si l'on avait recours à d'autres méthodes, par exemple à l'adjudication.