Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VEXILLUM

VEXILLUM. -Nous n'avons ici qu'à compléter ce qui a été dit sur ce drapeau flottant', et sur les corps qui l'avaient pour guidon, aux articles LEGIO et SIGNA. Pour la Grèce, signalons qu'on a proposé de reconnaître un drapeau dans le morceau d'étoffe qu'on voit pendre en rectangle allongé, à la traverse de l'aplustre du bateau porté au Lénaia d'Athènes 2. S'il en était ainsi, l'usage d'un pavillon, distinct de la stglis, sur les VEX 777 navires remonterait plus haut qu'on ne le croyait. En tout cas, on ne peut pas douter de l'emploi d'un drapeau pourpre chez les successeurs d'Alexandre 1; il est possible, outre l'influence due au drapeau avec aigle des Perses, que celui-ci soit à l'origine de l'étendard des Parthes, qui semble fait d'un carré d'étoffe frangé dans le bas, divisé par deux diagonales2, comme une des enseignes perses (fig. 6407), ou bien orné du soleil, Soi invictus, l'emblème de Mithra'. Pour le vexillum romain, drapeau de la cavalerie, nous compléterons notre article SiGNA, p. 1313-4, en disant que sur son étoffe des emblèmes pouvaient être brodés ou peints, médaillons impériaux ou insignes des corps de troupes 3; en ce qui concerne le labarum, il pouvait être orné, outre le chrisme, de la devise en lettres dorées in nomine vinais semper (fig. 150) °. Le porteur du vexillum s'appelle vexiliurius plutôt que vexillifer . On connaît des vexillarii pour les corps suivants : cavalerie légionnaire (10 hommes en trois turines ayant chacune leur vexillaire) 8; cavalerie auxiliaire (un vexillaire par alu) (fig. 673) ; cohortes equilaiae ° ou numeri equitati 11 (un vexillaire pour chaque turrne) ; cavalerie prétorienne (fig. 668) ta et cavalerie d'élite ; enfin vigiles °. Bien que Tacite parle des vexilla des manipuli ', ce drapeau ne parait s'être substitué aux signa, dans l'infanterie, qu'à la fin de l'Empire. Cependant dès le premier siècle semble s'être introduit le principe que tout détachement d'une légion, ne pouvant emporter l'aigle qui restait avec le gros dans la principale garnison, recevait, en dehors des signa que ses unités pouvaient avoir 16, un vexillum IX. VIA comme signe de ralliement . De là le nom de vexiUa, que les détachements portent chiez certains auteurs 10, et celui de vexillationes, que leur donnent les inscriptions 19 [vExtLLATIo]. Ces vexilla peuvent être prélevés aussi bien parmi les auxiliaires qu'au sein des légions 20, aussi bien dans la cavalerie légionnaire 21 que dans la cavalerie prétorienne n• Ils sont surtout dispersés en petites garnisons ou espacés le long des limites 23, mais employés aussi pour construire camps, routes et ponts, ou pour exploiter des carrières . Le sens de vexillum s'étendant ainsi, le terme fut appliqué aux unités formées tant par les recrues que par les vétérans" ; bientôt non seulement les ouvriers des arsenaux impériaux eurent des vexillaires °, mais aussi les corporations et collèges 38, même ceux des enfants". Vexilmm prend alors la valeur que le mot drapeau a pour nous : placé sur les monnaies, il indique qu'une ville est colonie romaine ° ; on le met entre les mains des personnifications de Rome et des provinces on engage la bataille sublato vexillo ; faire son service se dit sub vexillis teneri3t, r être sous les drapeaux )).