Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article VIETOR

VIETOR 1, VIMINAIIIUS 2 (OiŒoo?t),dy..Oç, et uoupydç, auytarrç, ),uyo7t),dxoç) 3, vannier. Dans les campagnes, c'étaient généralement les cultivateurs ou leurs esclaves qui fabriquaient eux-mêmes les articles de vannerie nécessaires à l'exploitation du domaine; Varron recommande d'avoir toujours à sa disporsition, sur ses propres terres, la matière première avec laquelle on confectionne ces sortes d'ouvrages'. Mais il va de soi que dans les villes, où l'usage en était beaucoup plus varié, ils faisaient l'objet d'un commerce spécial. C'était le viminarius qui vendait les corbeilles et les paniers de toutes formes et de toutes grandeurs On pouvait se procurer chez lui des sièges rustiques, comme ceux dont nous nous servons dans nos jardins «fig. 7470. On faisait encore appel à son industrie pour le clissage des flacons en verre Oâyuvot 7CIExrxO [LAGENA] 7, pour la fabrication des nasses [MASSA], des claies [CRATES] et aussi de certains boucliers, composés d'une carcasse légère, qu'on recouvrait de cuir [CLIPEUS]8. Tous ces articles, désignés d'une façon générale sous le nom de vimina 9, se fabriquaient avec les tiges flexibles de certains végétaux, dits pour cette raison viminales 1 °. Le plus communément employé était, comme aujourd'hui, l'osier (iT€a, oïc~Sx, salix). Les anciens en distinguaient plusieurs variétés, dont chacune avait, suivant ses avantages, une destination particulière : le grec, de couleur jaune ; le gaulois, de couleur pourpre passé et très mince; le sabin ou d'Ameria, rouge vif. Le plus souple et le plus fin servait naturellement aux ouvrages les plus délicats 11. Venait ensuite le vitex (vilex agnus L.), le adyoç des Grecs, presque aussi employé, comme le dit Pline et comme l'attestent le nom latin de l'arbre et le nom grec de l'ouvrier (),uytctrtç, ),uyo3t),dxoç)12 Mais beaucoup d'autres arbres pouvaient également fournir des tiges assez flexibles pour ce genre de travail, par exemple le bouleau (ar~éiE, betulla), commun surtout en Gaule 13, le coudrier (`Hpax),cnrmixiu xapil , corylus Avellana L.)14, le tilleul (tpabpx, tilia), le sureau (xTEx, sabucus), le peuplier blanc et noir O,Etixr„ a':yEtpoç, populus), l'orme (7tri)ÉX, ulmus), la vigne (i e te) oç, vitis), la ronce (pâro, rubus) Il, etc... Il ne faut pas oublier les espèces plus légères, propres surtout à la sparterie [RESTIAIIIUS], mais qui pouvaient aussi rendre des services au vannier dans certains de ses travaux, par exemple le jonc (a•/.oïvoç, lundis)", le genêt (genista)17, le sparte (s7rxpTOç, spartum)18, le palmier (yoive;, palma) 19, le papyrus (7tâ tupo, papyrus)", etc. La culture des végétaux nécessaires à la vannerie était d'un très bon rapport ; aussi les agronomes ont-ils enseigné avec précision quels soins on doit donner particulièrement à l'osier. « Aucune culture, dit Pline, n'est d'un revenu plus sûr, de moindre dépense et plus à l'abri de l'intempérie des saisons. Caton lui assigne le troisième rang et il la met avant celles de l'olivier, du froment et des_ prés » 21. Les ouvrages de vannerie rustique fabriqués dans la ferme même occupaient les ouvriers surtout pendant l'hiver, ou le soir, à la veillée, quand tout autre travail était impossible 22. Céléus d'J leusis, père de Triptolème, passait pour en avoir appris le secret de Dèmèter elle-même, en récompense de l'hospitalité généreuse qu'il lui avait offerte, lorsqu'elle courait le monde à la recherche de sa fille23. Ce secret est, du reste, assez simple. Le travail ne peut bien se faire qu'avec des brins très souples ; si on avait de la peine à les plier aussitôt cueillis, on les enfouissait pendant quinze jours dans le fumier ; s'ils étaient trop durs, pour avoir été coupés depuis trop longtemps, on les mettait tremper dans l'eau d'un bassin 2". Puis commençait la besogne qui consiste à courber (7.),Exe;a, plectere) 25 et à tresser les brins (nectere, texere, contexere26) suivant la forme que le vannier veut donner à l'ensemble. On employait des baguettes plus fortes (nT-sp..ovmç, costae) 27 pour faire les rayons et les montants sur lesquels les brins sont fixés, et qui forment les côtes de la trame. Dans la vannerie fine on raclait l'écorce des brins avant de les employer, afin de les rendre plus blancs 28. C'est là à peu près tout ce que les anciens nous ont appris sur l'opus textorium (TEyvil 7r),exTtx7i) 29 ; mais, suivant toute apparence, leurs procédés ne différaient point de ceux qui sont encore en usage. Nous noterons seulement que parmi les7t),Extr, textilia, ViG VIG 367 vitilia 1, il faut comprendre les coiffures de paille [PILEus] les sandales, les nattes, tegeles [MATTA] 3, etc., et beaucoup d'autres articles qui ont encoreun grand débit dans les pays chauds. Une mosaïque romaine trouvée près de Vienne (Isère) nous montre (fig. 7476 4) un vannier à l'ouvrage: il tient entre ses jambes un panier commencé et il tend la main vers un compagnon qui apporte un fagot d'osier sur son épaule. La scène se passe dans une cour de ferme ; nous n'avons pas affaire ici à des vanniers de profession, mais à des cultivateurs; car le tableau fait partie d'un vaste calendrier rustique en action; il correspond au mois de janvier; c'était en effet le moment de l'année où on coupait l'osier '. Il faut supposer que le personnage de gauche revient des champs par un temps humide et froid; de là le capuchon qui couvre sa tête et les guêtres qui protègent ses jambes. GEORGES LAM'AVE.