Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ZACORUS

ZCOI(US (Zdcmcç). Serviteur ou fonctionnaire de l'ordre sacerdotal. La plupart du temps, le ou la zacore ne se distingue pas du ou de la néôcore. Toutefois le titre de néôcore est plus généralement répandu; celui de zacore est attaché au culte de divinités spéciales, qui sont presque exclusivement la Déesse Mère 2 ou Rhéa', Asclépios et Ilygia °, Isis et Sarapis . D'autre part, on ne trouve pas un sen exemple de cité exerçant le zacorat, comme c'est fréquemment le cas pour le néécorat. Au reste, on voit fonctionner simultanément (les néôcores et des zacores . Nous pouvons donc l'envoyer pour l'essentiel à l'al't. NEOCORUS ; mais nous devons signaler ici ce qui est propre aux zacores. Le zacorat, comme le néôcorat, existe aussi bien dans les chapelles des associations privées (orgéous de la Déesse Mère, cultes égyptiens) que dans les temples de la cité (Asclèpieia, sanctuaire de Zeus Panamaros à Stratonicée). Comme le néôcore, le zacore fat d'abord un serviteur subalterne. D'après l'étymologie, il cornmenca par être un balayeur . Il a été employé aussi à toutes sortes de besognes matérielles il a la charge des clefs ; il se tient à la porte, écartant les profanes, purifiant les fidèles admis à entrer ; il n'est alors qu'un simple ipfrr. Mais son rôle grandit : de sacristain ou de marguillier il ne tarde pas à devenir intendant ou économe. Dans les sanctuaires d'Asclèpios, il est amené, en aidant, les prêtres-médecins, à s'occuper de la clinique et à donner des soins aux malades. Au temps d'A.ristophane, il se bornait encore à éteindre les lampes des incubants au moment où ils s'endormaient dans l'attente du dieu . Plus tard, il surveille tout ce qui se passe dans l'édifice confié à sa vigilance. Dans le temple d'Amphiaraos, il fait observer les règlements, s'assure que les consultants ont versé les droits usuels, inscrit sur un registre leur nom et leur patrie9. Dans les Aselèpieia les plus célèbres, il intervient comme médecin ou comme chirurgien; à Pergame ou à Smyrne, le rhéteur Aelius Aristide s'adresse au zacot'e ou au néôcore, pour demander sa guérison au (lieu 10; un récit miraculeux d'pidaure représente les zacores couchant tin malade et l'un d'eux faisant une opération '. Le zacore finit par être un véritable administrateur : il ne se souvient plus du tout des tâches viles qui lui incombaient jadis. Dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne et surtout à l'époque impériale, il apparaît comme un fonctionnaire ou un dignitaire d'un rang quelquefois élevé. C'est, naturellement, à ce dernier stade, quand il conférait un titre très recherché, que les inscriptions nous font connaître le zacorat. La fonction de zacore est souvent confiée à une femme °. Il en est ainsi, non pas seulement dans les cultes féminins, ceux de la Déesse Mère et de Rhéa ta, mais même dans les sanctuaires d'Asclèpios A Épidaure, on disait en manière de plaisanterie : xômr Dans les associations consacrées à une divinité étrangère, le zacorat était souvent confié à des étrangers, peutêtre même à des esclaves et à des affranchis 17 Isis a polir zacores, à Athènes, un Zobias ou un Zopyros de Muet, un Sostratos de Laodicée 16; à Rhodes, Sarstès, le ZAC 1033 ZAC seul indigène d'egypte qui ait obtenu le droit de cité alexandrine '. Il est plus surprenant qu'un citoyen d'Hèraclée ait été choisi chez les Athéniens comme zacore d'Asclèpios et d'Ilygie 2; car, dans ce culte adopté par la cité, cette fonction était en général donnée à un citoyen 3. Notre principal document sur la nomination des zacores et la durée de leur fonction est un décret rendu, au ne siècle av. J.-C., par les orgéons [oRCEONES] de la Déesse Mère au Pirée en l'honnéur d'une femme, Mètrodôra, qui exerça cette fonction. D'après les statuts sociaux, la prêtresse en charge devait désigner la zacore parmi les anciennes prêtresses, et il lui était défendu, sous peine d'amende, de désigner la même pour un second zacorat avant que toutes eussent eu leur tour 4. Choisie une première fois, Mètrodôra exerça la charge avec tant de zèle que la prêtresse de l'année suivante ne voulut pas d'autre zacore ; les orgéons lui renouvelèrent ses pouvoirs par mesure spéciale. Cette année encore elle rendit de si grands services que les anciennes prêtresses, dont l'une aurait dû lui succéder, proposèrent de la nommer zacore à vié, ce qui fut décidé en effet °. Nous voyons par là que le zacorat n'était pas une charge tirée au sort et comment d'annuel il a pu devenir viager. En général, pourtant, la règle de la durée annuelle s'est maintenue : par exemple, un ex-voto consacré par un zacore dans l'Asclèpieion d'Athènes est dédié sous son successeur Mais, généralement aussi, les zacores sont rééligibles : on en connaît, à Panamara, qui exercent leur fonction des cinq et des sept ans ' ; il y en a même, à Délos, qui sont nommés dix-huit et jusqu'à trente-sept fois 8. Annuelle selon la lettre, la fonction pouvait donc, partout et sans difficulté, devenir viagère en fait ; elle l'est en principe pour l'hypozacore de l'éphébie athénienne'. On avait même une tendance à choisir les zacores dans la même famille. La mère de Mètrodôra avait également été zacore, ou du moins avait rendu à l'association Mètroaque les mêmes services f 6. Une inscription trouvée dans le temple de Zeus Panarnaros vante un « zacore, fils de zacores, zélé descendant d'hommes zélés », et dont le frère « fut autrefois un zacore au coeur pur » ". Longtemps, à Athènes, le zacorat d'Asclèpios appartint comme une fonction héréditaire à l'illustre famille des Frittot, qui avait converti en nom propre le titre sacré de pyrphoros '2 L'importance du zacorat est assez grande dans le personnel sacerdotal. On a vu que, dans l'association Mètroaque du Pirée, la zacore était supérieure à la prêtresse, puisqu'elle était prise dans le conseil des anciennes prêtresses 13; le cas est exceptionnel i4 : d'ordinaire les zacores occupent un rang moyen. A £pi I1. daiire, la zacore est nommée après le prêtre, le nacore et le pyrphoros, mais avant les nauphylaques15 ; sur certaines listes on ne se donne pas la peine de la mentionner 16. A Athènes et à Délos, dans le culte d'Isis et Sarapis, le zacore, étranger nommé sans patronymique ni démotique, vient après le prêtre, citoyen de marque portant patronymique et démotique n, et même après le stoliste16; mais il vient avant l'oneirocritès 19, tantôt avant et tantôt après le cleidouque 20. A. [tome, un temple est dédié à Sarapis par un zacore à qui s'adjoignent en sous-ordre sa femme, l'eunétis, et ses deux enfants, les néôcores ". En somme, on attachait assez de prix au titre de zacore pour ne pas oublier de le mentionner dans les épitaphes 22, même quand il avait été porté, non par la personne défunte, mais par son père 23. Un zacore qui s'était bien acquitté de sa fonction obtenait les récompenses les plus désirables : l'association dont il avait bien mérité lui votait un décret honorifique 21 ; bien mieux, l'Aréopage, le Conseil et le peuple lui dédiaient un buste dressé sur un hermès avec inscription laudative 25. Cependant les textes, tant littéraires qu'épigraphiques, nous renseignent fort peu sur les attributions des zacores. Dans l'association Mètroaque du Pirée, une bonne zacore « assiste la prêtresse en tout bien, tout honneur et toute piété, dans l'acomplissement des devoirs envers la déesse », et se montre « irréprochable envers les les prêtresses et les orgéons » en « veillant à l'accomplissement des rites » 26. Une inscription métrique parle d'un zacore qui s'est acquis une gloire infinie par sa sagesse ; mais, lorsqu'elle nous montre le personnage jouant un rôle dans l'initiation des mystes et dans les orgies d'une pannychie, maintenant dans toute leur pureté les règlements secrets et méritant ainsi une couronne décernée par le peuple, c'est comme hiérophante qu'elle le présente, et c'est pourquoi elle ne prononce pas son nom 27. De même, quand un zacore de Zeus Panamaros est loué pour avoir, « avec sa belle épouse, sacrifié avec zèle dans les Komyria [l.oslYRJA]... donné des repas bien répartis avec sa chère tante, sa mère et son frère,... offert à sa patrie dix mille deniers », on mentionne là des liturgies et des epidoseis que le zacore peut assumer bénévolement, comme tout autre bienfaiteur, mais qui ne lui sont pas imposées par sa charge28. Il n'est même pas certain que la zacore kernophore [IbERNOS], qu'on voit, en Crète, assister chaque mois à une procession orgiastique en l'honneur de Rhéa, agisse ainsi comme zacore, et non pas comme kernophore, ni que la seconde de ces fonctions soit toujours attachée à la première 29. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que le zacore apparaît comme administrateur en consacrant des autels et des temples 30, 130 ZAG 1031 ZAG des statues et des ex-voto de toute espèce 1. Il figure comme éponyme dans tous les actes intéressant le culte qu'il sert, nouvelle preuve de la durée assignée à ses pouvoirs et de leur importance 2. Dans les temples les plus fréquentés, ou tout simplement là où le zacorat était conféré honoris causa, il fallait plusieurs zacores pour que la fonction fût remplie convenablement. Il y en avait deux dans l'Asclèpieion de Smyrne au temps d'Aelius Aristide 3. Ils étaient plusieurs à Épidaure, au dire d'Ilippys 4 ; mais un seul peut-être portait le titre, tandis que les autres n'étaient que ses aides. A Lesbos, ils formaient une sorte de ~a1 7 5oç 'A6raT~7sfw) 3. Quand les zacores étaient ainsi deux ou plusieurs, le principal d'entre eux était quelquefois appelé archizacore : à Laodicée, on connaît un l'assistant se contentait du modeste titre d'hypozacore qui pouvait être donné, comme celui de zacore, à une femme 9. Sur les listes éphébiques d'Athènes, l'hypozacore figure parmi les dignitaires nommés à vie, après les archontes, les stratèges, les sophronistes et l'hyposophronis te, le pédotribe, le grammate, l'hoplomaque, le prostate, l'hègémon, l'hypopédotribe, mais avant le didascale, le médecin, l'hypogrammate, le kestrophylax, le kapsarios, le directeur du Diogéneion et le lentiarios 9. L'hypozacore ne semble pas, au reste, différer notablement du zacore : il est également éponyme 7e ; il reçoit les mêmes honneurs du Conseil et