Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ZANCA

ZANCA, ZANCHA, ZANGA, TZANGA (Tyyfriv , 'rcury(ot 5). Chaussure orientale adoptée à Byzance, assez mal connue. L'origine même du mot est obscure: Corradini le tire d'une forme qui viendrait d'ïyco, constringo; c'est l'ancienne explication de Saumaise, que Godefroy paraissait adopter. M. Sophioh-lès , estimant que la partie distinctive de l'objet est le fourreau enveloppant le mollet, rapproche des formes qui signifient jambe dans les langues du nord de l'Europe. Ces deux étymologies sont peti -vraisemblables pour un article d'Orient. Nous songerions plus volontiers, pour la zanca, à un rcev;xiv sz, la peuplade des Tzanes étant localisée dans le Taurus, et cette chaussure étant peutêtre arrivée à Byzance par l'intermédiaire de l'Arménie. Des orientalistes admettent que son nom est emprunté à la langue pehlvie3. Les auteurs d'Occident n'avaient guère à son sujet que des idées très vagues ou fausses6. Pourtant, selon un texte interpolé de l'Histoire Auguste7, Gallien offrit à Glande le Gothique zanchas de nostris Part hicas, paria tria, ce qui confirme bien l'origine orientale1. Cette pièce du costume n'était pas à l'usage de tous les fils de Théodose menacèrent d'exil toute personne qui se permettrait à Rome de porter des braies et des tzangues . Procope 10 signale, parmi les insignes conférés aux satrapes héréditaires de l'Arménie, une chaussure rouge montant jusqu'au genou, qui n'appartenait qu'au z)ôç 61 et au roi de Perse ; cette bottine devait être laranca. La teinte rouge, pour les chaussures comme oules habits, a toujours été très honorifique 12 [CALCEUS, p. 8181. Ce qu'il y avait d'oriental dans la zanca, c'était sans doute, en dehors de l'excellente qualité du cuir", les ornements qui la surchargeaient. Le « Curopalate » Georges Codinus a décrit" cette tn'ç'i, rouverte, sur les flancs de la tige et de l'empeigne, d'aigles brodés en or, avec perles et pierres précieuses; l'empereur la mettait pour assister aux processions. Lorsque Tiathios, fils de Zamnnaxis, roi des Lazes , vint solliciter de Justin l, prédécesseur de Justinien, l'investiture des États de son père, il parut à la cour de Constantinople portant le costume byzantin, mais ayant conservé « les tzarigues de son pays, ornées de perles à la mode persique u Les chroniqueurs disent que ces bottines étaient ouxTz, z, moins rouges que roussâtres, prenant la teinte de nos « cuirs de Russie u. Peu à peu, le prestige impérial s'affaiblissant, les hauts dignitaires se firent accorder le droit de porter ce qui, dans le principe, d'appartenait qu'au basileus; des textes tardifs l'établissent et, d'autre part, si le cordonnier de l'empereur s'appelait 'tzyy.ç ou xxç , on en vint à parler du .rzyyo.p;ov 18, atelier où travaillaitle xy;o Z EM 1038 ZEM évidemment polir certains particuliers. En Occident, les tolérances de l'usage furent encore plus précoces; aussi le 20" canon du Jer synode d'Orléans (11) interdit aux moines de se servir de tangae dans le monastère '. Il est très difficile de se représenter les tzangues d'après les monuments. Les médailles ne donnent que des bustes ou des effigies minuscules ; dans la mosaïque de Saint-Vital, Justinien, qui est dans ses appartements, apparaît chaussé, non point de la :arma comme on l'a dit, mais du CAMPAGUS 1062). Le Basile Il qu'on voit dans une miniature de psautier, à la bibliothèque de Venise, pourrait, en revanche, être signalé; car cette bottine n'a sans doute pas beaucoup changé au cours des temps. De même, comme il a été proposé, le prototype se retrouvait peut-être dans les chaussures des Scythes, étroitement apparentés aux races du Caucase: sur le vase de Koul-Oba5, à l'Ermitage, leurs bottes sont dissimulées à demi par les anaxyrides flottantes, comparables à ces braies qui étaient également interdites à la population de la capitale. VICTOR CH APOT.