ZODIACUS. Le zodiaque est la zone de la sphère céleste où paraissent se mouvoir les planètes connues des anciens et qui s'étendait à G degrés en réalité plus de 7 de chaque côté de l'écliptique, route du soleil. Cette bande oblique xldn;), c'est-à-dire inclinée sur l'équateur, est divisée en douze parties égales « ou dodécatémories n (lmlaTid), qui répondent approximativement chacune à une constellation, et c'est à ces
douze signes, signa ou que doit son nom le zodiaque (wi;xzi xx)o, signifer orbis, zodiacus) n [ASTRONOMIA, p. 484J. Les astronomes plaçant le début de l'année à l'équinoxe du printemps dans le Bélier, celui-ci fut généralement considéré comme le premier de ces douze signes, qui sont
Bélier (Kç, Aries), Taureau (TxCpoç, Taurus),
Gémeaux (iun;, Gemini), Cancer (Kxpx(voç, Cancer), i-tLits 2i Lion (Aiw, Let)), ip Vierge (HxObio3, Virgo), Ba
lance (X)z ou Zui'd;, lAbra), n Scorpion (s6ptoç,
Scorpio), Sagittaire (Todrr1ç, Sagittarirts), ,ê Capri
corne (Aiyzspu;, Capricornus), Verseau ( 'Tso'/o3, Aquarius), ; Poissons ('IyOe4, Pisces) . Leurs noms ont été réunis en deux vers mnémoniques
Sunt A ries, Taurus, Gernini, (lancer, Leo, Vir,qo, Libra, Scorpius, A rcitenens, (laper, A nip/eora, [Pisces.
ORIGINE. -Lorsque l'expédition de Bonaparte en Égypte amena la découverte, dans les temples de la vallée du Nil, notammentàEsnéh età,Dendérah, de représentations zodiacales accompagnées de figures énigmatiques, on attribua d'abord à ces bas-reliefs une antiquité fabuleuse, les faisant remonter jusqu'à 15 ou 17 000 ans avant notre ère . En 1Si1, le zodiaque de Dendérah fut transporté à Paris comme le monument le plus vénérable de l'astronomie des anciens. Mais, après une controvere célèbre, la critique de Letronne dépouilla ces zodiaques égyptiens du prestige mensonger dont on les avait entourés et prouva, en même temps que leur caractère astrologique, leur date tardive, qui pour aucun d'eux n'est antérieure à l'époque romaine 6.5n Au lieu, concluait Letronne, de recéler, comme on se l'était promis, le secret d'une science perfectionnée bien avant le déluge, ils ne sont plus que l'expression (le rêveries absurdes et la preuve vivante d'une des faiblesses qui ont le plus déshonoré l'esprit humain.
Il est aujourd'hui établi que l'origine du zodiaque ne doit pas être cherchée en Égypte, ruais en Babylonie. Parmi les figures gravées dans ce pays sur les bornes (kudurru), dont la date remonte jusqu'au xive siècle avant notre ère, on a identifié avec certitude celles du Scorpion, du Sagittaire (fig. G00(, du Poisson, du Capricorne, de la Vierge, et plusieurs autres signes, Bélier, Lion, Verseau, Gémeaux, ont été reconnus avec une probabilité suffisante sur ces bornes on sur les gemmes provenant de Mésopotamie . Les monstres dimorphes qui apparaissent encore sur nos cartes célestes, comme le Capricorne, mi-chèvre mi-poisson, ou le Sagittaire, centaure tirant de l'arc, sont donc des produits de l'imagination orientale, qui crut les apercevoir, avec celles de dieux ou d'animaux sacrés, dans les dessins compliqués que forment les étoiles sur la voûte du firmament. D'autres astérismnes, comme Ophiuchus, l'homme tenant lin serpent, se rencontrent sur les kudurru à côté de ceux du zodiaque, mais l'astrologie donna à ces derniers une importance spéciale, parce qu'ils étaient ceux où se mouvaient les planètes. En effet, parmi les nombreux présages qu'elle tirait de l'aspect ou de la position des astres, ceux que fournissait la course des planètes au milieu des constellations que traverse l'écliptique, étaient déjà regardés comme particulièrement significatifs. C'est ce qui ressort d'une quantité d'observations notées sur les tablettes de la bibliothèque d'Assourbanipal (vile siècle) .
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On peut donc considérer comme certain que tout au moins la plupart de nos signes du zodiaque sont les mêmes qu'avaient déjà dessinés dans le ciel3 à une période très reculée, les prêtres astronomes de Babylonie. Il est moins ais'é d'établir à quelle époque ces signes furent mis en rapport avec une division de l'écliptique en douze portions égales de trente degrés, dont le soleil parcourait chacune en un mois '. Car, comme le font déjà remarquer les anciens °, les douze cases régulières ainsi déterminées tic concident que très approximativement avec les signes de dimensions fort inégales dont elles
prirent les noms mais et c'est la seule chose qui
nous importe ici les « Chaldéens » (Xlx?»t), c'est-àdire les astronomes et astrologues de l'époque perse et alexandrine CHALDAEïJ, étaient certainement arrivés à ce système scientifique au moment où les Grecs entrèrent en rapports avec eux .
Ces Chaldéens partageaient aussi le temps en cycles de douze années, placées chacune sous le patronage d'un des signes qui lui donnait des propriétés particulières. Nous sommes instruits de celles-ci par plusieurs
« Dodécaétéricleschaldaiques n, conservées en grec, dont la plus ancienne date de l'époque d'Auguste . D'autre part, des textes astrologiques, notamment des extraits de Teukros le Babylonien, qui parait avoir vécu au 1er siècle de notre ère, mettent la série des douze heures (lwcxh)pç) en rapport avec douze animaux, qui répondent chacun à un des signes du zodiaque et sont représentés à côté d'eux sur le u planisphère de Bianchini (p. 103) . On n'a pu déterminer encore avec certitude si ce cycle d'animaux, dont l'usage s'est propagé jusque dans le Turkestan, en Chine et au Japon, où il sert encore à marquer la chronologie6, est d'origine égyptienne, connue la présence parmi eux de l'ibis et du crocodile tendrait à le faire croire, ou babylonienne, comme d'autres indices semblent, à mon sens, le prouver. Mais on peut considérer comme suffisamment établi que les
« Chaldéens n avaient imaginé un vaste système de
« chronocratories n , qui soumettait aux douze constellations zodiacales, non seulement les douze heures et les douze mois 8 mais des séries de douze ans, peut-être même de douze siècles. C'est assez dire quelle était l'importance de ces constellations dans la vie pratique et dans la religion astrale. Ces mêmes Chaldéens avaient probablement aussi divisé la terre connue de leur temps en douze régions, placées chacune sous l'influence d'un des douze signes . La plus ancienne de ces listes géographiques qui nous soit conservée en grec est encore tout archaïque et remonte vraisemblablement à l'époque perse
1. PROPAGATION DU zoDiAQUE. Le zodiaque est donc une
création des prêtres astronomes de BabylOflie iSSU de leurs écoles sacerdotales, il garda toujours de cette origine première un double caractère, scientifique et religieux, ou, si l'on préfère, superstitieux. Il servit de base aux observations des astronomes, qui notèrent en se servant de ses douze cases la position des planètes, et aux prédictions des astrologues, qui regardèrent ses astérismes elles sept planètes commue les foyers principaux des influences qui agissaient sur la terre. En même temps il fut l'objet d'un culte dans les religions astrales, qui divinisaient ses douze constellations. Bien que les savants grecs en aient eu connaissance dès le vie siècle, c'est seulement avec la diffusion de l'astrologie et de l'astrolatrie sémitiques qu'il se vulgarisa et qu'on vit se multiplier les monuments qui le représentaient.
La Syrie subit plus que tonte autre contrée l'ascendant du clergé babylonien et le paganisme sémitique se transforma en une religion astrale, où les Baals, vieux maîtres des tribus et des cités, mués en dieux solaires, conduisirent le choeur des étoiles Certainement depuis la période héllénistique, ses prêtres aussi bien que ses fidèles étaient. fort adonnés à l'astrologie chaldéenne , et la puissance de celle-ci est attestée par une quantité de monuments. Particulièrement caractéristique est une tablette de terre cuite, datant de cette époque, qui a été exhumée des ruines de Gezer en Palestine: elle porte l'image de plusieurs signes du zodiaque, peut-être copiés sur un kudurvit, et le Sceau qui n servi à les imprimer est manifestement d'origine mésopotamienne . S'il n'est pas certain que ces groupes d'étoiles
soient nommés dans l'Ancien Testament on sait du moins que les Pharisiens, qui n'avaient pas échappé à la contagion astrologique, traduisirent leur nom en
hébreu et le symbolisme d'exégètes hellénisés prétendit voir dans les douze pains de proposition les emblèmes des astérisrnes du zodiaque et des mois (le l'année, comme dans le chandelier à sept branches ceux des planètes et des jours de la semaine " Au nord de la. Syrie, la dynastie de Commagène, qui se prétendait issue de Darius, parait avoir eu une foi profonde en la puissance des étoiles. Antiochus I fit placer sur son tombeau monumental, élevé sur un éperon du Taurus, unbas-relicfmontrant son thème de géniture(tl7av. J.-C.), où les planète Jupiter, Mars et Mercure, réunies dans la constellation du Lion, présageaient les hautes destinées de l'enfant royal (fig. 7587) 1. Il fit aussi graver le signe du Lion sur ses monnaies té ses sucesseurs Anliochus IV Épiphane (38-72 ap. J.-C.) et Callinicus (7 ap. J.-C.) placèrent de même le Scorpion ou le Capricorne, non Seulement sur les monnaies de Commagène, mais sur celles des villes de Cilicie qui en dépendirent tempo
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rairement . A Palmyre, on voit au plafond du pronaos du temple du Soleil l'image de Saturne, entourée de celle des six autres planètes, associée chacune à un signe du zodiaque C'est probablement le thème de géniture du monument , car on consultait les astrologues pour connaitre le moment favorable à la fondation des édifices comme à celle des villes Aussi, à l'époque romaine, plusieurs cités de Syrie continuent-elles à marquer sur leurs monnaies le signe qui présidait au mois où elles étaient nées : le Bélier à Antioche et à Cyrrhus, le Capricorne à Zeugma Il en fut de même dans les régions voisines : au delà de l'Euphrate, en Osrhoène, on trouve le Verseau à Edesse, le Bélier à Nisibis, le
Sagittaire à Reséna et à Siugara, surmontant parfois un buste (le la Fortune Tyz i.cw) ', en Phénicie, le Cancer avec un croissant lunaire apparaît à Aradus en Cilicie, (lui fut toujours largement ouverte aux influences sémitiques, on rencontre le Capricorne à Anazarbè et à Augusta, le Lion à Anémurium . Le clergé était fort attaché à une superstition savante dont il se promettait la connaissance de l'avenir. L'horoscope (le Julia Doinna, (111j appartenait à la race sacerdotale d'Émèse, lui promettait nue union royale , et SOEl époux Septime Sévère fit placer le sien au plafond de son prétoire au Palatin . D'autre part, on voit les divinités figurées au milieu du cercle du zodiaque, pour indiquer qu'elles règnent sur le ciel et par suite sur le monde ÏO La conversion de la Syrie au christianisme ne la fit pas renoncer à la pseudo-science cultivée chez elle depuis de longs siècles. Ainsi saint Éphrem reprochait à Bardesane « d'avoir lu assidùrnenf les livres traitant des
babelon, ibid. p. 8 s p. 515, n' 51 sq.: p. 551, n' 35 sq.; p. 555, n' 39, n°43; mi entasre collection Waddington, n' 4800, pl. aol, 3 (Cietis). Le Scorpion est probablement ici le signe, non de l'horoscope royal, mais de la Commagène. _2 Wood, codd. astral. V, pars 1, p. Ils, n. 2; cf. Bouché-l.eclercq, or. 1. p.368 sq. sq. (Antioche ; cf. De \Vitte, Revue nurniam. 1844, p. Il), p. 137 (Cyrrhus), p. 126 sq. (Zeugma). ' Head, Béat. nummorum, 2' éd. 1911, p. 015 sq. 6 Francis,
p. 41 (Augusta). Peut-être le Capricorne est-il ici le signa d'Auguste (cf. infra, p. 1056 : p. 42 (Anemurisim . 8 Vita Severi, 3, 8. 9 Dio Cass. LXXVI, Il. 10 Zodiaque entourant un temple d'Artémis à Ptolémaïs (Francis, op. cit. p. LXXXIV) ; A,slarté entourée pal le zodiaque à Sidon (Ibid. p. 167). De même à Aegae, tête de Méduse dans te zodiaque Miiller-Wicseler, t. Il, pl. LXXII. 0° 020). Sur ce typo monétaire, cf. infra, p. 10a7, n. 14. li Nau, Patroloqia Syn'iaca, 1. 111, 1107, p. 499 sur les noms araméens des signes, cf. NtiIaeke, Zeitschr. Detitachen Msrgenl. Gcsellsc/iaft, XXV, 1671, p. 256 sq. 12 Isaac AnLioch. XI,
13 Cliwoison, Die Sabier, 1856, passim. Sur une épigramme du Ive ou vo siècle, qui se serait trouvée sous on zodiaque à Bersabée en Palestine, mais dont l'inter
signes du zodiaque 81» e,t c'est seulement au y8 siècle qu'Isaac d'Antioche put affirmer que « la médecine de Dieu avait guéri les Chaldéens de l'adoration o qu'ils leur rendaient Toutefois let gens (le Ilarrân (Garrlzae) persistèrent jusqu'au moyen âge à pratiquer leur vieux culte sidéral
Égypte. L'astrologie était inconnue dans l'Égypte des Pharaons. Elle fut probablement introduite dans ce pays sous la domination perse et, sous les Ptolémées, elle y était entièrement naturalisée. Le plus conservateur de tous les clergés, après avoir subi son ascendant alors irrésistible, se livrait avec ardeur à son étude t/n, et bientôt il prétendit l'avoir lui-même inventée De fait, elle avait acquis dans ce pays superstitieux et érudit un développement original, et notamment les spéculations sur le zodiaque y prirent une importance nouvelle. Hermès Trismégiste était par excellence l'auteur chez
tiens qui ont introduit dans l'astrologie le système (les « décans e, c'est-à-dire de divisions des signes en trois parties de dix degrés chacune, ces trente-six tranches étant consacrées à trente-six dieux sidéraux . Au milieu du 11e siècle avant notre ère, parurent en grec des oeuvres attribuées au roi Néchepso et à son confident le prêtre Pétosiris, qui prétendaient révéler la vieille divination astrale de l'Égypte, dont elles codifiaient en quelque sorte les lois Ces oeuvres apocryphes devinrent comme les livres sacrés de tous les mat/,ematicz postérieurs. Le prestige dont jouissait alors la pseudoscience qu'elles enseignaient était tel qtt'Ilippai'que 11hnième ne dédaigna pas de s'en occuper
La puissance acquise par l'astrologie dans les temples de la vallée du Nu est éloquemment attestée par le zodiaques sculptés sur leur parois. Les plus célèbres sont ceux du grand temple (le Hathor à Dendérah (Tentyris), dont l'un, circulaire, décorant une chapelle d'Osiris, remonte au temps d'Auguste ou (le Cleopâtre (fig. 7589) 20 l'autre, rectangulaire, sculpté dans te pronaos, date du règne de Néron ; puis ceux des deux temples d'Esnéh (Latopolis) H et celui d'un propylori d'Akhrnîm (Panopolis) H, qui sont tous trois du 11e siècle de notre ère. Les fresques qui ornent les tombeaux H les peintures des cercueils de bois H reproduisent parfois aussi, à l'époque romaine, le zodiaque et les planètes, pour rappeler l'immortalité céleste qui est réservée au mort
pritalion est douteuse, cf. Schmidt et Charles, :Viner. (roumi. of Arehaeol. 191u, p. 66 = Sienne H. grecques, 1912, p. 66. 15 Bail, Sphaera, p 372 sq. ; Otto,
De divin. 1, 1, etc.; cf. Boociié.Leciercq, op. 1. p. Il, n, 1. 10 Julian, i.aodie. ap. Paiclium, Cat, codd. astral. V (Bornant), pars I, p. 188, 24 'F4'0 '0)00
ue1 8esiO5 Oeeue. '0 isl tsiriluç les),. C s, T0,0'sts,,,sç 'Eoi.H e'.') ) 0e
tS Bouché-reclereq, op. 1. p. SIS 54.; cf. Brugseh, Thesaurus
11,p. 103-189. Sur us décans eu Occident, cf. infra, p. 1053,n. T, et sur leur transformation en démons, p. tOiSa. 7,_13 Cat. codd. astral. Vil, p. 29 sq. IlBoti, Signant. Zeitnehr. 1899, p' 525 sq. ; 1902,1 p. 140. 20 l,etroune, Analyse, pi. 1, Boil, Sphaera, pi. in et uni et p. 159 sr. Les inscriptions dans Brngsch. Thesaurus inscript. .4eqypt. 1003. 1, p. 131 sq. 91 Lctronne, op. rit. pi. un; Bali, op. cit. pl. iv. 22 Letronne, pi. iii et no !portique du grainé temple d'Esnéh et plafond du temple au nord d'Eeioéh). 13 Pococke. Deacript. of the East, 1743, 1, p' 77; cf. Bail, Sphaera. p. 302, n. 5, _2 P'liedors Petrie, Alhribis, 1908, p). xxxvi.uxsviu. -33 Momie Caillaud (époque de
cercueil d'un prêtre d'A minou (époque romaine) l3rugsch, Recueil de monuments égyptiens, 1866, I, pi. 5A, et p. 30 sq. Des deux cités de la déesse du Ciel, on voit, les douze signes avec les du4 planètes et les douze heures du jour et da
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pieusement momifié La numismatique d'Alexandrie prouve pareillement la puissance des croyances astrologiques dans cette grande métropole; non seulement ses monnaies nous montrent le buste de Sérapis ou ceux de Sérapis et d'Isis, dieu solaire et déesse lunaire, entourés du zodiaque 2, mais une série curieuse de pièces, datant de la huitième année du règne d'Antonin le Pieux (145-146), figurent les planètes associées aux signes où les astrologues plaçaient leurs « domiciles 3 » (fig. 7588) ; elles rappellent
le commencement d'une
nouvelle période sothia
que ; car, suivant la doc
trine égyptienne, les pla
nètes se trouvaient dans
ces « domiciles '» au com
mencement du monde 4.
On a mis au jour récem
ment en Égypte une
plaque de marbre repro-,-duisant le zodiaque avec
les douze animaux de la
dodécaoros ° », et ceux
ci apparaissent aussi sur le « planisphère de Bianchini » découvert à Rome, mais qui est purement égyptien °.
La sphère barbare'. Considérons de plus près le zodiaque circulaire de Dendérah, aujourd'hui conservé au Cabinet des médailles (fig. 7589) : on y reconnaît aisément la série des douze signes du zodiaque, dessinant un cercle oblique. c'est-à-dire inégalement éloigné du pôle situé au centre de la pierre. Les cinq planètes, sous l'apparence de divinités égyptiennes,se trouvent: Saturne près de la Balance, Jupiter du Cancre, Mars du Capricorne, Vénus des Poissons, Mercure de la Vierge, c'est-àdire qu'elles sont figurées dans le signe où les astrologues plaçaient leur « exaltation » (ét (»1i.a), celui où elles acquièrent leur maximum d'énergie. Dans le zodiaque rectangulaire qui décore le pronaos du temple, on les voit au contraire dans les signes qui étaient regardés comme leur « domicile ». Les figures curieuses de personnages et d'animaux sculptées des deux côtés du zodiaque sont celles des « paranatellons », c'est-à-dire des constellations boréales et australes qui se lèvent en même temps que chacun des signes (i pavx'ré),),rty) et dont l'influence modifie la leur. Enfin les trente-six dieux des décans forment comme une bordure autour de la plaque circulaire. Nous avons donc sous les yeux une représentation astrologique du ciel, tel qu'on le concevait en Égypte vers le début de notre ère'.
Une série de textes d'astrologues, qui dérivent la-plupart d'un ouvrage de Teucros le Babylonien, exposent la doctrine des paranatellons et, particularité remarquable, les astérismes qui y sont mentionnés ne sont pas exclusivement ceux que l'antiquité classique a légués
IX.
à tous les peuples civilisés : au lieu de quarante-huit constellations de Ptolémée, nous en trouvons ici près de cent cinquante. Or une partie des figures nouvelles mentionnées dans ces textes (le Laboureur taurocéphale, Isis tenant Horus enfant, etc.) se retrouvent dans les zodiaques égyptiens. Ceux-ci servent d'illustration à ceux-là, ceux-là de commentaire à ceux-ci. Une autre partie des constellations décrites par Teucros et ses successeurs est très probablement empruntée aux « Chaldéens » ; quelques-unes sont en relation avec les.
cultes phrygiens et doivent avoir pour patrie l'Asie Mineure.
Nous savons par de brèves mentions des auteurs anciens qu'à côté de la sphère grecque on posséda jusqu'à la fin de l'antiquité des « sphères barbares des Égyptiens et des Chaldéens ° ». A une époque reculée les Grecs avaient revu de l'Orient au moins une partie de leurs constellations, mais avant la période alexandrine leur uranographie était constituée et déjà fixée par une tradition séculaire. Ils apprirent alors à connaître un monde nouveau de dieux et de monstres sidéraux auxquels les peuples étrangers attribuaient des vertus puissantes. Le goùt de l'érudition, qui distingue cette époque, engagea les hommes d'études à s'y intéresser, en même temps que l'astrologie en vulgarisait la connaissance parmi ses nombreux adeptes. Ces figures exotiques jouent ici à peu près le même rôle que les « noms barbares » dans les invocations magiques. Un grammairien de Bithynie, Asclépiade de Myrlée, qui enseigna à Rome du temps de Pompée, est, à notre connaissance, le premier qui ait écrit sur ce sujet 10 ; puisant
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à toutes les sources et juxtaposant les mythes et les types sidéraux des Grecs et des Orientaux, il donna l'exemple d'un syncrétisme qu'adoptèrent la plupart de ses émules et qu'on retrouve même dans les monuments éyptiens. En même temps un sénateur romain, curieux dciences abstruses, Nigidius Figulus, composait le premier en latin un livre sur laspliaera Barbarica à côté de deux autres sur la spiutera Graecanica . Sous Auguste, le poète Manilius, dans son Ve livre, où il expose, non sans quelques bévues, la théorie des paranatellons2, paraît s'être inspiré des recherches d'Asclépiade. Enfin au 1° siècle, ce semble, Teucros composa en grec le traité qui devait servir de répertoire aux astrologues postérieurs. Car, si les constellations barbares étaient répudiées par la science hellénique (son plus illustre représentant, Ptolémée, ne les mentionne jamais), l'astrologie, jusqu'à l'époque byzantine, ne cessa pas de leur accorder une place importante dans ses spéculations, quand, après avoir parlé du zodiaque, elle abordait la théorie de ses paranatellons . L'ouvrage de Teucros fut même traduit en persan, sans doute vers 512, sur l'ordre de Choroès Anoushirvân, et ses doctrines se propagèrent dans le monde arabe et, par son intermédiaire, revinrent après un long détour en Europe, sans que le moyen âge en soupçonnât l'origine pre
mière.
Transmission aux peuples asiatiques. L'astrologie, on le sait, fut adoptée avec l'astronomie par les Arabes et elle fut cultivée chez tous les peuples mahométans 5; le fatalisme islamique s'accorda plus facilement avec elle que la théologie chrétienne. Les astrologues arabes empruntèrent leurs doctrines en grande partie à leurs prédécesseurs grecs, dont ils traduisirent les oeuvres, mais ils mirent aussi à contribution les écrits des Hindous et recueillirent des traditions indigènes restées vivaces en Mésopotamie , notamment chez les ilarraniens. Rien d'étonnant donc à ce qu'on trouve en Orient de nombreuses représentations du zodiaque et des planètes, qui mériteraient d'être étudiées systématiquement et soumises à une analyse critique . Mais ce n'est pas le lieu d'aborder ici ce genre de recherches, non plus que' d'exposer l'histoire de la
transmission des douze signes à travers la Pere et l'Inde 5jusqu'en Chine et au Japon
Grèce.Anaximandre passait pour avoir le premier, au vie siècle, tracé sur la sphère le cercle oblique du zodiaque, où Cléostrate dtb Ténédos aurait marqué les' signes, notamment ceux du Bélier et du Sagittaire . Une autre tradition attribue cette invention à Oenopide de Chio, qui vécut à la lin du Ve siècle 12. Ils ont tout au plus introduit dans la science grecque des figures empruntées directement ou indirectement à l'astronomie babylonienne. De même on fait remonter à Calippe de Cyzique (Ive siècle) la division en dodécatomories égales, distinctes des constellations zodiacales 13; mais il ne fit qu'adopter un système de mensuration en usage chez las t Chaldéens" si. La plus ancienne description qui nous soit parvenue de ces constellations, puisque nous ne connaissons celle d'Eudoxe de Cnide que par des extraits d'llipparque 15, est colle qu'on trouve dans les Phénomènes d'Aratus (vers 270 av. J.-C.) ; mais les astronomes antérieurs, dont les oeuvres sont perdues, s'en étaient évidemment Lotis occupés. C'est probablement en suivant une habitude déjà classique qu'au ter siècle avant notre ère Gémninus met en tête de son
Introduction un chapitre ItEpî -rot; ;xo xix)iou
11 faut noter que ces astronomes grecs, Eudoxe, Aratus, Hipparque, peut-être même Gérninus t, comptaient en réalité, non pas douze signes, mais onze. Les Pinces (XI() du Scorpion occupaient la place de la Balance. Bien que celle-ci soit d'origine babylonienne
c'est seulement au t" siècle avant J.-C. qu'on en fit le signe de l'équinoxe d'automne, où la nuit et le jour s'équilibrent 1O•
Nous n'avons d'ailleurs que des données insuffisantes pour déterminer les transformations que les Grecs firent subir au zodiaque oriental. Nous savons que de bonne heure ils eurent des sphères célestes, qui étaient employées pour l'enseignement de l'astronomie 20 Sur celle qu'avait construite et commentée Eudoxe de Cnide, étaient marqués le pôle nord, la bande oblique dit zodiaque et les autres astérismes visibles en Grèce°'. Au jye siècle, le comique Alexis décrit même un plat monté qui représentait un hémisphère avec diverses
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constellations, parmi lesquelles le Scorpion et les Poissons'. Mais nous n'avons conservé aucune image du zodiaque qui soit antérieure à l'époque romaine 2• Avant Alexandre, la Grèce resta presque inaccessible aux religions orientales et repoussa l'astrologie; le zodiaque demeura un système scientifique, confiné dans l'école, mais dont le public se préoccupait peu. La situation chaiigea après la conquête de l'Asie, quand le stoïcisme eut reconnu la divinité de ses astérismes et que la généthlialogie chaldéenne commença à trouver des adeptes parmi les hellènes. Au début du me siècle,
Déinétrius Poliorcète se fit faire un vêtement royal à l'orientale dans sa chlamyde était tissue en fils d'or une image du ciel étoilé avec les douze signes : il indiquait ainsi qu'il était le maitre du monde. Vers la même date, le philo.. sophe cynique Ménédème d'1rétrie, se déguisant en Furie, plaçait le zodiaque autour de son bonnet On sait qu'Homère, décrivant le bouclier
d'Achille, dit qu'il portait tous les astres qui couronnent lecicl ; les artistes qui tentèrent, d'après le poète, de représenter ce bouclier fameux,y firent figurerle zodiaque en guise de bordure molif de décoration qui servit aussi pour le bouclier attribué à Alexandre'. Toutes ces reproductions prouvent combien, à l'époque hellénitique, les images du zodiaque étaient devenues populaires. Mais le monument le plus remarquable où celuici apparaisse est le calendrier liturgique d'Athènes, sur lequel nous reviendrons °. Un curieux bas-relief d'Argos figure Sélènè, ou peut-être la Vierge de Lumière des gnostiques, entourée des douze signes et des sept planètes, accompagnées d'une inscription magique (le
sept noms barbares (fig. 7590) Les monnaies impériales de Thrace et d'Asie Mineure, où Zeus est figuré de même dans le cercle du zodiaque, sont un autre
indice de la diffusion de la religion astrale dans le monde hellénique à l'époque romaine".
Borne. Les Romains adoptèrent la zodiaque lorsqu'ils se mirent à l'école des savants alextndrins1 Dès la fin de la République, nous l'avons vu Nigidius Figulus composait deux livres sur la sphaera Graecanica, et Varron dans ses 11es rusticae s'intéresse aux rapports du zodiaque avec l'agriculture 13 Les Phénomènes d'Aralus furent traduits ou paraphrasés pas' Cicéron ' et par Germanicus, qui y introduisit (y. 520 sq.) une description particulière du zodiaque. Sous Tibère, Manilius, dans son poème astrologique, traite avec détail de l'influence des douzesignes. Leurs plus anciennes images de date certaine sont contemporaines de ces auteurs elles sont placées en tète des douze mois dans les o calendriers rustiques n de la fin de la'République et du commencement de l'Empire 1a• Avec le triomphe des cultes orientaux et de l'astrologie [MATIIESIATICI], leurs représentations se multiplient en Italie comme dans les provinces. Ces signes apparaissent partout, réunis ou isolés, sur les bas-reliefs, les mosaïques,
les monnaies, les pierres gravées, les bijoux Nous ne pouvons songer à décrire ici toutes ces figures, mais, nous énumérerons les principales, en les classant d'après leur signification, qui peut être astronomique, astrologique ou religieuse.
astronomiques. Un globe céleste tournant autour de son axe était un des instruments d'études des plus nécessaires aux astronomes anciens . Peut-être les Orientaux en avaient-ils déjà façonné en terre cuite ou fondu en métal", et certainement leur usage s'introduisit en Grèce depuis une haute antiquité
nous avons vii qu'Eudoxe était l'auteur d'une sphère où il avait disposé dans une bande oblique les signes du zodiaque 69 Hipparque est figuré sur une curieuse monnaie de Nicée, sa patrie, tenant en mains le globe céleste, dont il avait catalogué les étoiles 2. Une sphère exécutée par Archimède fut rapportée à Rome par Lucullus a, et Ptolémée, dans l'Almageste, a un chapitre Sur la construction de la sphère solide, qui montre que celle-ci faisait partie du mobilier ordinaire de l'école 22.
La plus importante des sphères qui nous ont été conservées est celle que porte sur ses épaules le célèbre Atlas Farnèse [ATLAS, fig. 615] 2. Elle semble être une copie,
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exécutée sous Hadrien, d'un original remontant an siècle d'Auguste '. Les douze signes y sont reproduits parmi d'autres constellations de l'hémisphère boréal et, de l'hémisphère austral, dont nous trouvons ici les plus anciennes représentations connues. Moins intéressant, le globe de marbre d'Arolsen porte exclusivement le zodiaque entre l'aigle et le foudre, attributs de Zcus2, et sur un autre, conservé au Vatican, la bande zodiaque s'étend au milieu de vingt-neuf étoiles'. Nous possédons d'autres fragments sculptés provenant de monuments analogues , et un certain nombre de sphères, avec l'indication plus ou moins sommaire du zodiaque, apparaissent sur des bas-reliefs , sur des peintures , sur des monnaies et des pierres gravées7.
On avait appris aussi à projeter sur une surface plane la voûte concave du ciel, aussi bien que la surface convexe de la terre, et à y dessiner les constellations entre les cercles astronomiques qui la coupaient [ASTIOONOMIA, p. 492]. Nous n'avons conservé aucun de ces planisphères datant de l'antiquité, si ce n'est celui de Dendérah, qui est astrologique et non scientifique . Mais les manuscrits du moyen âge donnent des reproductions de ces cartes célestes, copiées parfois avec fidélité sur des modèles antiques. Le luxueux Vaticanus 1291 du Ixe siècle, contenant les Tables manuelles de Ptolémée, fflT're l'image (les deux hémisphères, celui du zodiaque boréal et du zodiaque austral, partagés, non comme nous le faisons, par l'équateur, mais par la colure des équinoxes', et la même disposition se retrouve en Occident dans deux recueils astronomiques de l'époque carolingienne, preuve certaine qu'elle remonte à une tradition des écoles romaines '°. Ces illustrations sont, uniques en leur genre ; car partout ailleurs le ciel entier, ou du moins la partie qu'en connaissaient les anciens, est reproduite en un seul grand cercle, où les constellations boréales sont à l'intérieur du zodiaque, qu'entourent au contraire les constellations australes. Un certain nombre de ces planisphères ont été publiés et décrits d'après un manuscrit grec et plusieurs manuscrits latins
Un fragment d'un disque de bronze trouvé à Salzbourg est précieux commise provenant du seul monument de son espèce qui nous soit connu à l'époque romaine. Il a appartenu à une de ces « horloges anaphoriques ii que décrit Vitruve1m [llonoLocwlI, p. 262]. On y voit encore au-dessus de l'écliptique, limite du disque, la partie supérieure des Poissons, du Bélier, du Taureau et des Gémeaux et les constellations boréales voisines, Triangle, Andromède, Persée et Cocher '.
Beaucoup de cadrans solaires indiquent les ligues zodiacales, c'est-à-dire les points qu'atteintl'omhre du style aux jours de l'entrée du soleil dans chacun des douze signes [nocoLofliun, p. 259], et une épigramme grecque décrit une horloge (le bronze ois ces signes étaient figurés par des images dorées
Les planisphères ne sont pas les seules représentations de ces astérismes que les manuscrits nous aient conservées; ils sont parfois figurés avec plus de détail, soit isolés, soit groupés. De borine heure le poème
d'Aratus fuit publié en éditions illustrées, dont les miniaturistes préféraient parfois, au dire d'un écrivain du Ilu siècle, suivre leur fantaisie plutôt que de s'attacher û leurs modèles". Il ne nous est parvenu aucun exemplaire enluminé du poème grec, mais des illustrations précieuses accompagnent les traductions (le Ocrmanicus, de Cicéron ou d'Aviênus, ou encore les scholies des Aralea ou les Astronomiques d'Ilygin ou les extraits des Gatastdrismes, dans plusieurs manuscrits latins, remontant à des archétypes de la fin de l'antiqttité H Les manuscrits grecs d'astronomie, ou d'astrologie offrent aussi (les images peintes du zodiaque '. Nous reproduisons la plus curieuse de ces miniatures, tirée du Ptolémée du Ix° siècle cité plus haut , mais dont on a pu démontrer avec certitude que sa composition date de
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la deuxième moitié du ut' siècle (fig. 7591). On voit au centre, sur un fond d'or, le Soleil conduisant son quadrige ; il est entouré de douze figures de femmes nues ; co sont les Heures, blanches si elles sont diurnes, noires si elles sont nocturnes 1. Plus loin douze personnages, visibles jusqu'à mi-corps et que distinguent des attributs divers, représentent les Mois; enfin contre le bord extérieur sont rangés les signes du zodiaque. Des inscriptions indiquent avec précision la date du mois et l'heure du jour ou de la nuit où le soleil entre dans chacun des
signes, car tel est l'objet de cette composition astronomique.
Monuments astrologiques. Le plus célèbre de ces monuments est celui qu'on appelle fort improprement le « Planisphère de Bianchini », du nom du savant italien qui le lit d'abord connaître par une communication à Fontenelle (fig. 7592) 2. Trouvé à ltome,sur l'Aventin, en 1705, il est entré au Louvre sous Napoléon tB1 3. Lorsqu'il était complet, il formait une table de marbre de deux pieds romains de côté (58 cent.), où étaient gravées au trait un grand nombre de figures réparties en cinq cercles concentriques, subdivisés par des rayons. Dans les écoinçons étaient placés les bustes des Vents soufflant des quatre points cardinaux, disposition fréquemment adoptée 4. Le médaillon central est occupé par les constellations polaires, le Dragon et les deux Ourses; dans le cerle suivant sont disposés les douze animaux de la « Dodécaoros » chacun d'eux étant placé auprès du signe du zodiaque auquel il se rapporte ; la série de ces signes remplissait la zone contiguë, entourée ellemême par un second zodiaque, semblable au premier et, comme lui, offrant une combinaison curieuse d'élé
ments égyptiens et grecs. Au-dessus de chaque case, des chiffres indiquent, selon le système égyptien, les « confins » (iptz), c'est-à-dire ceux des trente degrés où chacune des sept planètes a sa puissance la plus grande 6. Trois figures égyptisantes, debout sur chaque signe, personnifiaient les trente-six décans ; mais il n'en reste plus que huit. Enfin, en dehors de la dernière circonférence, une série de bustes nimbés, placés au-dessus des décans, représentent les planètes (9tp6ctù7tx) qui passaient pour appartenir à chacun d'eux 1Y,. Cette
table doit avoir servi à' un usage pratique ; elle paraît avoir été destinée à faciliter l'étude des combinaisons astrologiques ; c'est probablement dans ce but que furent gravés côte à côte deux zodiaques identiques, répétition dont on n'a pas encore fourni d'explication satisfaisante 9.
Il ne s'est conservé en Occident aucune représentation monumentale d'un horoscope comparable à celles que nous avons signalées en Syrie 10, bien qu'il en ait certainement existé à (tome 11 Certaines compositions. où les planètes sont juxtaposées aux signes du zodiaque sur des pierres gravées, doivent peut-être s'expliquer comme indiquant la constellation où se trouvait telle étoile à un moment donné 12. On notait sommairernent l'état du ciel au moment d'une observation, en dessinant un cercle partagé en douze secteurs égaux, attribués chacun à un des signes, et l'on y inscrivait les noms des planètes suivant leur situation, on y ajoutant l'indication de l'ascendant (wî oax co,), c'est-à-dire du point qui émergeait à l'Orient sur l'horizon et dont l'importance était capitale (fig. 7593)13. Dans leurs ouvrages, les matltematici [MATIImMATICI] figuraient les thèmes de géniture par un procédé sommaire et mystérieux pour les profanes. Substituant le rectangle au cercle et la règle au étsmpas, ils traçaient une figure carrée ou oblongue subdivisée par des lignes transversales, de facon àformer douze cases
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dans lesquelles, par le système de notation habituel, on disposait les signes du zodiaque suivant leur ordre naturel. On répartissait entre ceux-ci les planètes selon leur position, et l'on y joignait parfois le chiffre du degré,
et même de la minute où elles étaient situées. On ajoutait enfin, en quantité variable, d'autres indications (srzro;, Lc ou x)ooç 'vç Té/i;, ascendant, culmination supérieure, -sort de la Fortune, etc.) nécessaires ou utiles à la sûreté des pronostics. Ces figures sont nombreuses dans nos manuscrits ; nous en reproduisons une à titre d'exemple (fig. 7594)1.
On se bornait souvent à indiquer le signe qui présidait au mois où un personnage était né, où un acte avait été accofnpli; car son influence passait pour prédominante. Auguste n'était pas né, mais il avait été conçu en janvier, sous le signe du Capricorne, où se trouve l'exaltation de Mars, protecteur des guerriers. tint placer, on le sait, ce signe sur ses monnaies et on le retrouve à côté de la tête de l'empereur sur le grand camée de Vienne (gemma Augustea) . Bien plus, Auguste donna le Capricorne comme emblème aux légions qu'il créa [SIGNA, fig. 6411]. Cet exemple fut suivi par Tibère: le Scorpion, domicile de Mars et signe de sa nativité, distingua désormais les cohortes prétoriennes. Peut-être le Taureau, le Lion et le Bélier ornèrent-ils pour des raisons analogues les enseignes d'autres corps de troupes
Sur le socle du beau buste de Commode en hercule, au musée du Capitole [HERCULES, fig. 3810], est sculpté un globe céleste portant le Scorpion, le Bélier et le Taureau; comme ces signes ne sont pas groupés suivant leur position astronomique, on a supposa qu'ils rappelaient trois moments décisifs de la vie de l'empereur, adepte fervent des croyances orientales On a reconnu ainsi avec plus ou moins de certitude, sur divers monuments, l'indication de la nativité de personnages ou du moment où s'étaient passés des actes importants '. C'est certainement aussi pour une raison astrologique que, sur un candélabre de marbre conservé au musée du Louvre, les trois signes de l'automne, Balance, Scorpion, Sagittaire, sont joints à Vénus, Mars et Jupiter, c'est-ii-dire aux trois planètes qui y avaient respectivement leurs domiciles7.
Les astrologues soumettaient à chacun des signes du zodiaque une portion du corps humain, la tête au Bélièr, chef de file de la dodécade, le cou au Taureau à la forte encolure, et ainsi (le suite . Cette « mélothésie u, importante au point de vue médical pour déterminer les maux de tout genre qui à chaque instant menaçaient les divers membres et organes, est fréquemment exposée par les docteurs de la divination astrale , et saint Augustin même en fait mention 10. On la représente par une figure où l'homme microcosme est placé, comme notre monde dans l'univers, au centre du cercle zodiacal, et un trait, partant de chaque signe, vient frapper la partie de son corps nu qui lui est soumise, ou bien on dispose les signes le long du corps même du personnage, sur les membres subissant leur influence. Ces figures, dont l'origine est certainement antique, sont assez fréquentes dans nos manuscrits grecs et latins '1; elles se sont perpétuées à travers le moyen âge jusqu'à la Renaissance et elles ont inspiré notamment à l'auteur des Très riches heures du duc (le Berry (1416) une page d'une étrange beauté ".
Les calendriers, les douze mois et les douze dieux. Les calendriers sont à la fois astrologiques et religieux: astrologiques, car chaque instant du temps qui s'écoule est soumis aux influences produites par la révolution des étoiles; religieux, parce que le retour de dates déterminées impose périodiquement lacélébrationde certaines cérémonies du culte. C'est ainsi que, dans le remarquable calendrier liturgique d'Athènes, commenté à l'article CALENDAIIIUM (fig. 841, les signes zodiacaux présidant à chaque mois attique 13 servent en quelque sorte d'introduction à la représentation des fêtes principales, que ramenait le passage du soleil dans ces constellations. L'interprétation de ce monument unique, qui paraît dater du le= siècle de notre ère, a fait un sérieux progrès depuis qu'on a reconnu dans certaines figures, restées énigmatiques, des personnifications des Mois et des Saisons divinisées 14 Pour le zodiaque, il est à noter qu'aux Pinces du Scorpion on paraît avoir substitué. non la Balance (p. 19), mais une Couronne15. Dans son ensemble ce bas-relief est un document très remarquable, attestant l'existence à Athènes de cette religion du Ciel
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étoilé et du Temps, qu'ont favorisée le règne du panthéisme stoïcien et de l'astrologie.
A Rome, les ménologes rustiques, datant de la fin de la République et du commencement de l'Empire 2, portent, au-dessus (le la colonne réservée à chacun des douze mois, le signe du zodiaque qui y préside [CALENDA10CM, fig. 1032]. Outre ce patronage, ils notent aussi celui d'une divinité, par exemple en janvier: Sol Capri
corna ; attela Junonis3. Ce système de « tutelles » a des origines lointaines : il a pour auteurs les Babyloniens, qui, suivant Diodore', « attribuaient à un des douze dieux principaux chacun des mois et charnu des signes du zodiaque». Eudoxe adopta le principe (le cette double association, en substituant aux dieux orientaux le groupe des iiaxx lao:, depuis longtemps formé dans le culte athénien. Comme cette dodécade sacrée était composée de six couples, il assigna chaque fois le dieu et la déesse à deux signes diamétralement opposés, dont l'un apparaît sur l'horizon quand l'autre disparaît au couchant °. Les calendriers rustiques, Mommsen l'a depuis longtemps démontré , ne sont qu'une adaptation latine de celui d'Eudoxe; mais ici une difficulté se présentait. L'entrée du soleil dans les signes du zodiaque ne se plaçait pas au début, mais vers le milieu des mois romains. On pouvait donc regarder janvier, par exemple, comme appartenant aussi bien au Capricorne, où le soleil entrait, suivant Colunielle7, le 17 décembre,
qu'au Verseau, qu'il traversait du 16 janvier au 14 février. On obtient ainsi la double correspondance suivante
L'une et l'autre concordance furent adoptées concurremment, et sont attestées par de nombreux exemples dus à la tradition littéraire aussi bien qu'aux monuments figurés 8• Toutefois c'est la première qui fut communément acceptée au moyen âge ° et qui s'est perpétuée de nos jours dans les calendriers populaires, bien que la précession des équinoxes l'éloigne de plus en plus de toute réalité. Ce mouvement rétrograde fait reculer la position du soleil, à une date donnée, d'un degré en 72 ans environ, ou d'un signe entier en un peu plus de 2 155 ans. C'est ainsi qu'à l'équinoxe du printemps le soleil, qui se trouvait, du temps d'ilipparque, dans la constellation du Bélier, est aujourd'hui dans celle des Poissons. On sait que Ptolémée, pour obvier aux inconvénients résultant d la modification constante des points cardinaux, dissocia le zodiaque réel et le zodiaque astronomique, purement fictif, qui se déplaça avec le point vernal, considéré comme le degré O du Bélier. A l'époque de cet astronome, les douze cases de ce zodiaque ne coïncidaient déjà que partiellement avec les groupes d'étoiles dont elles portaient les noms et elles s'en sont écartées toujours davantage, de telle sorte que le signe du Taureau est aujourd'hui presque entièrement dans la constellation du Bélier et ainsi de suite. Mais même ce zodiaque scientifique, resté en usage jusqu'à nos jours se déplaçait lentement dans l'antiquité et au moyen âge par rapport aux dates des mois, à cause de la légère inexactitude du calendrier julien, qui retardait d'un jour tous les 128 ans sur le cours vrai du soleil. Par suite, l'entrée de celui-ci dans le Bélier, qui se produisait au temps de Ptolémée (vers l'an 125) le 21 mars, avait lieu en l'an 400 le 19 et en l'an 800 1015 mars 11.
La possibilité d'attribuer à chaque mois un double signe a produit dans les ménologes rustiques une confusion dans la répartition des divinités : chacune de celles-ci y est rapprochée du signe qui précède' dans la série celui auquel elle appartient réellement. La véritable
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correspondance, telle qu'elle est donnée au complet par Manilius et partiellement en grec par Vettius Valens et d'autres auteurs', est la suivante
lin marbre de Gabies, conservé au musée du Louvre, nous offre une représentation plastique de cette théologie astrale (fig. 7595)2. La
partie supérieure est creusée au centre d'un cercle concave qui a probablement servi de cadran solaire. Sur le bord plat de cette cavité sont sculptés, dans un ordre dont la raison nous échappe, les bustes de douze divinités : Jupiter avec le foudre, Minerve casquée, Apollon la tète ceinte du strop/iium,
Junon avec la pJtendonè, Neptune avec le trident, Vulcain coiffé du pileus, Mercure avec le caducée, Cérès et Vesta saris attributs, Diane avec le carquois, Mars casqué, Vénus avec l'Amour. La tranche de cette table circulaire est décorée des signes du zodiaque, accompagnés de l'emblème de celui des douze dieux qu'on lui associait la chouette de Minerve avec le Bélier, la colombe de Vénus avec le Taureau, le trépied d'Apollon avec les Gémeaux, la tortue de Mercure avec le Cancer, l'aigle de Jupiter avec le lion, la corbeille de Cérès avec la Vierge, le bonnet de Vulcain avec la Balance, la louve de Mars avec le Scorpion, lechien de Diane avec le Sagittaire, la lampe de Vesta avec le Capricorne, le paon de Junon avec le Verseau, le dauphin de Neptune avec les Poissons. Le choix de la louve pour représenter Mars et le diamètre du marbre, qui est exactement d'une coudée romaine (44 cent.), prouvent que ce monument, trouvèà Gabies, a été exécuté en Italie.
Monuments religieux. La religion astrale, née en Babylonie, se répandit dans tout le monde romain
depuis le début de notre ère pour y devenir prédominante au 111e siècle.-Nous avons signalé ailleurs la diffusion de ce panthéisme astrologique, qui avait pour centre l'adoration du Soleil [son, p. 1385], ruais qui vénérait aussi les autres planètes et les sigies du zodiaque comme les plus puissantes des divinités sidérales.
Parmi les cultes orientaux les mystères de Mithra sont ceux où nous pouvons le mieux constater la puissance de cette foi astrologique 0. Sur les grands bas-reliefs de Mithra tauroctone, les douze signes occupent d'ordinaire, en Germanie, le bord incurvé de la grotte, où le taureau est immolé ; on regardait cette grotte comme un symbole du monde et son sommet cintré comme celui de la voûte céleste. Ailleurs ls mêmes signes
entourent entièrement le dieu sacrificateur, tantôt enfermés dans une bordure circulaire, tantôt plus librement disposés autour de lui [sni-IIBÀ, fig. 5092]. Cette composition rappelle commuent la ceinture mobile du zodiaque embrasse l'univers, six signes se trouvant toujours au-dessus de la terre et six au-dessous Parfois ces signes encerclent de même l'image du Kronos mithriaque, dieu du Temps infini, ou bien ils sont gravés sur le corps de ce dieu léontocéphale entre les replis du serpent qui l'entoure [SuTURA, p. 1951], le reptile figurant, suivant le symbolisme des mystères, la marche du soleil à travers les -constellations de l'écliptique. . Un curieux morceau de sculpture trouvé au nord de l'Angleterre nous montre la bande zodiacale formant un encadrement ovoïde autour de Mithra naissant
Enfin on avait coutume de reproduire en mosaïque ou en peinture le zodiaque avec les planètes ur les parois des temples. Parfois on coulait les signes en bronze et ces appliques de métal rehaussaient la richesse de l'ornementation ((1g. 7596). Ils sont souvent groupés trois par trois suivant les Saisons auxquelles ils correspondent et dont le culte était associé è, celui qu'on leur rendait [SUTURA, p. 1952].
Le symbolisme que nous trouvons mis en oeuvre dans les monuments (les mystères de Mithra inspire aussi d'autres oeuvres qui ne se rattachent pas directement à cette religion. Comme Mithra, dieu solaire perse, Hélios apparaît souvent entouré de la bande zodiacale, route dont il franchit chaque mois une des douze étapes. Tantôt il est monté sur son quadrige, qui rappelle la rapidité de sa course, tantôt debout, tantôt représenté par un simple buste Parfois quelques
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que comme divinités lunaires qu'Astarté en Phénicie est figurée dans le zodiaque et que 1'Artémis d'lphèse reçoit celui-ci comme décoration de son vêtement
Dans le paganisme romain, Esculape aussi avait été élevé i la dignité de « Sauveur (lu Tout n (ciYt+ '3()V
ro), mais les petits monuments où il apparaît, avec ou sans Hygie, accompagné des signes du zodiaque, sont, semble-t-il, inspirés par les théories de l'iatromathématique qui faisait dépendre les cures de la position des étoiles .
C'est une idée souvent développée par les anciens que la victoire est lin don de la Fortune. li n'est donc pas suprenant qu'on voie Nikè sur sors quadrige entourée du zodiaque . Cette Victoire est probablement celle qui assure, non pas la domination de la terre, mais simplement le triomphe aux jeux du cirque. Un écrivain (lit ne siècle explique d'ailleurs que les hippodromes sont construits de façon à représenter le monde et que les douze portes par où sortent les chars sont « les douze demeures du zodiaque, qui gouverne la terre et la mer et le cours transitoire de la vie humaine »
Une belle intaille, dont le sujet fait allusion aux Jeux Séculaires célébrés par Domitien, porte en exergue le cercle du zodiaque . Celui-ci rappelle ici, comme sur les monnaies d'Alexandrie relatives à la période sothiaque(p. 1057), les cycles d'années qui s'achèvent etrecommencent indéfiniment. Sur le célèbre bas-relief de l'apothéose d'Antonin et de Faustino [AroTilEosIS, fig. 390] ', une intention analogue a fait placer un globe céleste avec le zodiaque dans la main du génie du Temps (Ahv), qui emporte au ciel le couple impérial, et nous avons vu (p. 1050) que les signes étaient sculptés parfois sur le corps du Kronos mithriaque.
Les empereurs divinisés sont sideribus recepa, et cette doctrine est exprimée d'une façon sensible dans les représentations de l'apothéose '°. Un diptyque consulaire du iv' siècle [DIPTYcIIoN, fig. 640] nous montre un prince, probablement Constance Chlore, porté par les génies des Vents jusqu'à l'assemblée des dieux, que traverse la moitié du zodiaque avec un buste du Soleil dans l'écoinçon, l'autre moitié devant se trouver avec le buste de la Lune sur le second feuillet, qui est perdu '. Comme il arrive parfois sur les sarcophages mythologiques de l'époque impériale, l'arc portant les signes astronomiques ne fait guère ici que situer dans le ciel le lieu de la scène '. Ailleurs l'idée suggérée est plus profonde: le zodiaque, comme en Égypte (p. 1048), fait
allusion à la doctrine de l'immortailité sidérale. Un beau sarcophage du palais Barberini à Rome (fig. 7599) 0, qui date de la seconde moitié du e siècle, nous montre, au centre, les bustes des défunts dans la couronne du zodiaque ; au-dessous, des génies faisant la vendange rappellent l'espoir d'une béatitude éternelle que donnaient le mystères dionysiaques. Quatre personnages, placés deux de chaque côté, représentent le quatre Saisons l'hiver est personnifié par Attis, couronné
de roseaux, avec un sanglier près de lui ici se trahit l'influence des cultes orientaux à sa gauche, le Printemps, couronné dB fleurs, ii à ses pieds un pâtre trayant une chèvre ; de l'autre côté, se tiennent l'Été et l'Automne, l'un couronné d'épis, l'autre de pampres, accompagnés le premier d'un moissonneur liant sa gerbe, l'autre de la panthère et du cratère de Bacchus. Les Saisons, qui marquent la mort et le réveil de la nature, sont, dans ces compositions funéraires,
l'emblème de la résurrection Sur le monument funéraire d'lgel, c'est l'apothéose d'Hercule qui doit rappeler l'immortalité réservée aux défunts pour qui cc tombeau fut élevé : le héros, emporté sur le char d'Athèna, monte dans l'espace et est entouré par l'anneau du zodiaque . Ses douze travaux étaient mis en rapport avec les douze signes par ceux qui enseignaient que les morts parvenaient au ciel par cette voie 10 En effet, une doctrine attribuée à Zoroastre voulait que les âmes descendissent du ciel et y remontassent par le cercle de douze constellalioris °. La forme primitive de cette croyance, telle qu'elle a suhisté dans le manichéisme est que la révolution du zodiaque les faisait monter jusqu'au zénith, àla façon des grandes roues hydrauliques qui puisaient et élevaient l'eau de l'Euphrate et de l'Oronte. Cette idée naïve fut
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modifiée plus tard, et l'on enseigna que ces âmes pieuses passaient de signe en signe le long de la sphère mouvante .
Le zodiaque et la magie. -L'as trologie et la magie sont soeurs jumelles et il 'et pas toujour facile de faire le départ entre ce qui leur revient à chacune. Il arrive fréquemment que, dans les formules magiques, on indique quelle position des planètes dans le zodiaque assurera le succès de l'opération, ou qu'on recommande d'invoquer le nom ou de dessiner le « caractère » de tel ou tel signe 2.
A côté de ces notations cabalistiques de signes on use des figures habituelles qui les représentent. Gravées sur des pierres ou des bijoux, elles en font des amulettes ou des porte-bonheur tout à fait recommandables .
La mention et les dessins contournés de décans ont pareillement une efficacité mystérieuse4. Les trente-six décans avaient notamment une importance considérable dans la magie égyptienne; car chacun d'eux y commandait à une portion du corps humain, dont il affectait la santé (p, 1054) . La croyance populaire se les représentait comme des monstres horribles à têtes d'animaux, esprits redoutables que des conjurations pouvaient évoquer ou Soumettre à. la volonté du sorcier 6 et ils devinrent, chez les juifs et les chrétiens, des démons que les auges combattaient et réduiaient
l'impuissance
Un monument particulièrement important est une sphère de marbre du Musée d'Athènes : le Soleil y prend place entre le Lion, où se trouve son domicile, et le Chien, qui préside à la canicule, au milieu d'un appareil indubitablement magique .
On sait que l'alphabet joue un grand rôle dans les conjurations magiques, et plusieurs inscriptions le reproduisent, voyelles et consonnes, pour cet usage superstitieux . Or les auteurs astrologiques nous apprennent que les vingt-quatre lettres de l'alphabet grec étaient attribuées deux par deux aux douze signes et un curieux petit monument du cabinet des médailles de Munich nous montre cette association réalisée ": c'est un icosaèdre de cristal de roche, qui porte, sur douze de ses faces triangulaires, l'image gravée en creux d'un des signes, avec les deux lettres qui y correspondent. Il a peut-être servi, comme une sorte de dé, à consulter le sort. Ce symbolisme alphabétique
était très répancu, et il paraît avoir inspiré le verset connu de l'Apocalypse: « Je suis l'A et J' fl » 12,
Les zodiaques déorati[s, La religion et la superstition avaient vulgarisé les images du zodiaque; par l'astrologie et la magie elles se mêlaient à la vie quotidienne de chacun. Il n'est pas surprenant qu'on ait pris l'habitude do s'en servir comme motif de décoration, Les cuisiniers grecs s'étaient déjà avisés d'en orner des plats circulaires et ils transmirent aux maîtres d'hôtel romains cette savante tradition, qui mettait l'astronomie au service de la gastronomie: on plaçait près de chaque signe le mets qui, par sa nature ou sa forme, avait quelque rapport avec lui 1t Les artistes utilisèrent le zodiaque pour des oeuvres moins éphémères. Nous 'avons vu (p. 1051) qu'un vers d'llomnère avait suggéré l'idée d'en orner le bord des boucliers '. Si nous avions conservé les peintures et les stucs des plafonds antiques, nous l'y retrouverions sans doute fréquemment 16
les pavements, qui ont mieux résisté à la destruction, nous en donnent la preuve certaine. Parfois l'anneau zodiacal y prend place dans des compositions mythologiques . Mais surtout ses douze figures remplissent à merveille les compartiments des mosaïques à dessin polygonal [olusivuM om'us, p. 2119] 18 et on les voit jusqu'au moyen âge associées aux sept Planètes, aux quatre Vents, aux quatre Saisons et aux douze Mois 19•
Le zodiaque à l'époque chrétienne 20, Le triomphe du christianisme, en abolissant le culte dont elles étaient l'objet et en proscrivant la divination qui les faisait révérer, aurait dé, ce semble, bannir de l'art les images des douze constellations. Mais toutes les figures du cycle cosmique, que le paganisme à son déclin avaient reproduites à profusion, parce qu'il divinisait la nature entière, furent adoptées par le christianisme, bien qu'en réalité elles fussent contraires à son esprit 21, et, de même que les représentations du Ciel, du Soleil et de la Lune, des Vents, des Saisons et des Éléments, celles du zodiaque continuèrent à se multiplier 22, C'est que, si l'on avait cessé de prier les astres dispensateurs des bienfaits et des maux, on continuait à croire ait système de Ptolémée et à une sphère des étoiles fixes, où les douze signes jalonnaient la route du Soleil et des autres planètes.
Si l'astrologie fut condamnée par l'Église, elle ne disparut pas soudain par l'effet de ses anathèmes. Elle
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avait eu quelque part dans la rédaction des visions de l'Apocalypse ; les gnostiques lui réservèrent une large place dans leurs spéculations et, après eux, les adeptes du manichéisme, originaire de Babylonie, restèrent suspects d'une adoration idolâtre pour les corps célestes . Plusieurs indices montrent que les fidèles mêmes n'échappaient pas tous à la contagion. Une vieille épitaphe chrétienne de home note qu'un enfant est né la quatrième heure de la nuit, le jour de Saturne, dans le signe du Capricorne, géniture funeste qui explique sa mort prématurée . Un bracelet, oit sont gravées les notations astronomiques des douze constellations, a été trouvé dans un loculus des entacombes, et, s'il est peut-être de fabrication païenne, il a certainement été porté par une chrétienne . Les figures zodiacales apparaissent aussi sur des amulettes de date incertaine, qui ne sont probablement pas dues toutes aux sectes gnostiques ou hérétiques auxquelles on les attribue 6. Le premier empereur chrétien croyait à la puissance des étoiles dans l'ancienne église de Sainte-Sophie, bâtie par lui, se voyaient des statues des douze signes, du Soleil, de Vénus et d'Arcturus, et l'on a supposé qu'elles représentaient l'horoscope que Constantin aurait fait tirer lors de la fondation du sanctuaire, comme il le fit pour celle (le la ville même de Constantinople . 'L'empereur s'est fait représenter sur une de ses monnaies commue seul maître du monde, couronné par la Victoire et tenant de la main droite l'anneau zodiacal .
Les doctrines astrales propagées par les hérétiques survécurent longtemps au triomphe de l'Église. Du temps d'Orose et jusqu'au vi' siècle les Priscillianistes continuaient à enseigner que les diverses parties du corps humain étaient soumises chacune à un des douze astérisrnes et Priscillien lui-même, sans doute à l'imitation des manichéens, interprétaitcomme étantle zodiaque la rota rjeniturae, en réalité le cycle orphique des naissances, dont il est fait mention dans un passage obscur du Nouveau Testament '°. Au ne siècle, Théodose le Valentinien avait assimilé les Apôtres aux douze signes
car, disait-il, de même que ceux-ci régissent la génération do l'homme, ceux-là président à sa régénération 11; quelle fut la fortune de ce rapprochement saugrenu, nous le voyons sur plusieurs sarcophages, où les figures des Apôtres sont surmontées chacune d'une étoile, comme
l'étaient auparavant celles des divinités sidérales assignait même aux Apôtres le rôle autrefois dévolu aux douze dieux (p. 10); car on les mettait en relation avec les mois, comme le Christ avec le soleil 13 Les divinités des décans, au contraire, tout au moins en Égypte, furent regardées comme des démons, qui faisaient escorte à Satan (p. 109). D'autres pnsaient mettre l'astrologie mieux d'accord avec la Bible en introduisant dans le zodiaque les noms des douze patriarches Aux fables mythologiques, qui entachaient les constellations de paganisme, on substitua des interprétations bibliques : le Verseau tira son origine de saint Jean-Baptiste, le Poisson fut la haleine de Jonas, le Lion celui de la fosse de Daniel, la Vierge fut Marie, le Sagittaire David, etc. Ainsi exorcisé, le zodiaque put continuer sans danger à être reproduit dans les églises comme une image du ciel étoilé, qui embrasse le inonde entier, ou de l'année et de ses douze mois.
Il fallait une certaine complaisance pour reconnaître dans les points brillants qui parsèment le firmament les dessins des personnages ou objets qu'on prétendait y voir. Aussi les figures de la sphère ont-elles varié, malgré la fixité relative que leur assurait leur caractère sacré. Les Grecs prétendirent rattacher les étoiles, regardées comme divines, à leur religion nationale 10 le u catastérisme u, c'est-à-dire la translation parmi les astres, devint un moyen commode de donner à d'anciennes fables une heureuse conclusion ; des récits poétiques représentèrent les héros ou les animaux de la mythologie, vivant au ciel sous la forme d'étoiles brillantes. Les assimilations opérées par la fantaisie des mythographies eurent souvent pour effet de modifier l'apparence qu'on prêtait aux constellations cf de leur faire donner des attributs nouveaux. Nous ne pouvons énufflérer ici toutes les variantes qu'offre le type de chacun des douze signes, ni toutes les interprétations qui en furent proposées. Nous nous bornons à signaler les plus importantes".
Le Bélier est représenté le plus souvent bondissant, parfois couché, et généralement il tourne la tête en arrière. Parfois il saute à travers un cerceau, qui représente la colure de l'équinoxe ° Oit voit en lui le bélier d'Amrnon, ou le bélier à la Toison d'or, on encore celui que se diputèrent Atrée et Thyeste
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Du Taureau, énorme, tourné dans le sens opposé au Bélier, on n'aperçut d'abord que l'avant-train, la tête baissée. Plus tard il apparut tout entier accroupi, ou debout, ou courant, ruais il resta généralement cornupète. Ce pouvait être le taureau d'Europe, ou de Pasiphaé, ou même la vache Io, ou bien le boeuf Apis.
Les Gémeaux sont deux jeunes gens enlacés ou se tendant la main, debout ou assis. Très anciennement on les identifia avec Hercule et Apollon, qui sont l'un et l'autre des substituts du dieu babylonien Nergal et ils ont alors pour attributs, respectivement, la massue et la lyre ou parfois le trépied. On vit plus généralement en eux les Dioscures, dont ils portent le manteau court, et c'est pourquoi les deux étoiles les plus brillantes de la constellation s'appellent encore Castor et Pollux. On reconnaissait aussi en eux les frères thébains Amphion et Zéthos, l'un avec la lyre, l'autre avec le sceptre, ou Thésée et Hercule, ou Phosphoros et IIespéros, ou enfin les Cabires de Samothrace. Le couple amical des deux jumeaux fut transformé plus tard en un couple amoureux d'un jeune homme et d'une jeune fille 2.
Le Cancer est toujours un gros crabe, celui qui, ayant mordu Hercule au talon dans les marais de Lerne, fut transporté au ciel par lléra. Les théologiens faisaient du Cancer et du Capricorne les portes par lesquelles les âmes descendaient du ciel et y remontaient
Le Lion, qui apparaît presque toujours bondissant, était celui qu'Hercule avait étouffé à Némée. Il porte exceptionnellement une couronne étoilée ; car c'est le signe royal (p. 10717).
La Vierge, conçue tantôt comme stérile et tantôt comme féconde 4, est le signe sur lequel l'imagination des rnythographes s'est le plus exercée. Le type le plus ancien paraît être celui d'une femme ailée, chastement vêtue, tenant un bouquet d'épis (l'Épi est une étoile de première grandeur). On l'appela naturellement Déméter ; mais on l'assimila aussi à l'lsis égytienne 5 et à l'Atargatis syrienne et elle participa du caractère multiple de ces divinités panthées 6. On en fit une Tychè et on lui donna la corne d'abondance; une Aphrodite, et elle parut nue, quelquefois avec un voile flottant; une Iris, et elle porta alors le caducée; ou bien, déesse ailée, elle prit la palme et la couronne de la Victoire. On la nomma aussi Astrée ou Dikè ou Ilithyie ou Érigone, la fille d'Icare 3. Il n'est pas de constellation plus disputée.
La Balance, le dernier venu des douze signes (p. 1050), fut d'abord simplement l'instrument, dont les plateaux, se substituant aux pinces du Scorpion, parurent à cause de leur équilibre un symbole approprié de l'équinoxe. Plus tard, on la fit porter soit par un jeune homme, soit par une femme vêtue, qui n'est autre que l'Équité [AséulTAS], souvent figurée sur les monnaies impériales. Les variations de détail sont nombreuses.
Le Scorpion se conserva presque sans altération depuis l'époque babylonienne (p. 1046), sauf que l'insertion de la Balance l'obligea à rentrer ses pinces. Cet animal, importé d'Orient, était devenu en Grèce le scorpion qui,
envoyé par Artémis, avait piqué le chasseur Orion ; car Orion disparaissait quand il se levait sur l'horizon.
Le Sagittaire 2 était, à Babylone, un archer monstrueux, ailé, à torse d'homme sur un corps de cheval, avec une double tête et une double queue, dont l'une de scorpion (fig. 7600) 10, et il apparaît encore à peu près sous cet aspect sur les zodiaques égyptiens. Les Grecs l'humanisèrent davantage " ils en firent un Centaure bondissant et tirant de l'arc et virent en lui Chiron. Un autre type, plus rare, est celui d'un archer pourvu de deux jambes et d'une queue de cheval. Ce tireur bipède est probablement, comme le quadrupède, emprunté aux Babyloniens ; mais les Grecs voulurent y reconnaître un Silène ou un Satyre, plus particulièrement Krotos, ami des Muses 11
Le Capricorne, chèvre à queue de poisson, est également figuré sous cette apparence dimorphe depuis son origine chaldéenne. Il arrive qu'on lui supprime sa queue marine ou qu'on lui ad
joigne, à Rome, une corne d'abondance ou un globe ; car il est le signe d'Auguste (p. 1054). Les Grecs firent de lui le dieu Pan ou lgipan, nourri par la chèvre Amalthée.
Le Verseau est quelquefois représenté par un simple vase, d'où l'eau s'échappe en abondance, plus souvent par un jeune homme, épanchant son urne vers les Poissons, soit qu'il la tienne devant lui ou qu'il la renverse par-dessus son épaule. 11 a parfois deux urnes; peutêtre primitivemement des symboles de l'Euphrate et du Tigre 12. On voyait en lui l'Éridan13, et c'est pourquoi il arrive qu'il prenne l'apparence d'un fleuve couché ; ou Ganymède, et il est alors vêtu du costume oriental, tunique à manches et anaxyrides'4. On fait aussi de lui Cécrops, offrant l'eau aux dieux; Deucalion, à cause du déluge ; Aristée, qui obtint du ciel la pluie 15.
LesPoisson s sontcouchés parallèlement,en sens opposé l'un àl'autre, et leurs têtes sont d'ordinaire réunies par un ligament transversal, le fil de la ligne (lA(vov). Les Chaldéens donnaient à celui du nord une tète d'hirondelle', que les Grecs ont supprimée ; mais ceux-ci gardèrent le souvenir que ces poissons étaient ceux d'Atargatis, l'Aphrodite syrienne, soit que celle-ci fût née d'un oeuf tiré de l'Euphrate par des poissons, soit que, poursuivie, elle se fût jetée à l'eau et eût été changée en poisson
Toutes ces fables astrales n'ont pas seulement une importance iconographique (les images traditionnelles gravées sur nos cartes célestes sont les résidus d'une végétation touffue de légendes) et elles ne restèrent pas non plus un simple jeu d'esprit des poètes et des mythologues. Elles eurent des conséquences pratiques très importantes, l'identification d'une constellation avec un héros ou un dieu ayant eu une action sensible sur la puissance que les astrologues lui attribuèrent. Les influences zodiacales, telles qu'elles nous sont exposées assez confusément dans les auteurs '$, doivent, comme les
ZON 10G3 ZON
zOMÉIIYSIS (Zpur) . Instrument mentionné
par Pollux parmi les ustensiles du cuisinier, et par Antiphanès le comique à la fin d'une nomenclature de récipients ; on le trouve aussi dans une liste de biens vendus à l'encan (5arŒ) Seul, un vers d'épigramme semble en définir la destination : enlever l'écume de la graisse ; mais il na dû servir à cet usage qu'accessoirement. Le mot, formé comme olvllipucts, indique qu'on employait l'objet à puiser dans le jus, la sauce ou le bouillon (nu.dç), ou à y opérer quelque mélange . C'est donc une variété de TIIULLA ', qui a pu ressembler à nos cuillères munies d'un long manche