APHRODISIA ('AppoStata). Nom commun aux fêtes célébrées en l'honneur d'Aphrodite ou Vénus. Le principal siége de ce culte était l'île de Chypre et surtout la ville de Paphos, où se trouvait, disait-on, son temple le plus ancien', bâti par Aériaa ou Cinyras, dans la famille duquel
1, p. 208. 12 Hellen. Alterth. 2. éd. I, p. 463, 34. 18 Cf. Büchsenschütz, 1. t. p. 972, note 2. 14'l'huc. V, 34. 15 Thuc. V, 67.
APHIIODISIA. x Homer. Hymn. V, 2. 2 Tac. Hist. Il, 3 ; Annal. III, 62; Max. Tyr. Serin. 38.
le sacerdoce de la déesse était héréditaire'. Ce temple se composait de plusieurs vastes cours ouvertes, entourant une chapelle, où se trouvait l'image d'Aphrodite sous la forme d'un cône entre deux candélabres (fig. 361)`. La principale fête y était célébrée, comme partout sans doute, au printemps", dans des jardins et des bosquets remplis de fleurs°, que la déesse elle-même, disait-on, avait fait croître La foule y affluait' pour assister aux courses de chevaux, aux jeux gymniques, aux concours musicaux, dont cette fête était l'occasion
On offrait à la déesse des sacrifices non sanglants, des fleurs et de l'encens 10. Tacite parle cependant de victimes mâles qu'on amenait au temple : il s'agit sans doute de celles qu'on immolait pour en consulter les entrailles. Les femmes alors lavaient l'image de la déesse dans la mer, et prenaient un bain elles-mêmes pour se préparer aux solennités de la nuit (7cavvuy(ç) On y célébrait aussi des mystères qui dégénéraient souvent en débauches '2. Les personnes qui souhaitaient d'être initiées (èv -c-7j TFi/vr,a.,ty(xg) recevaient, en entrant dans le temple, un peu de sel et un phallus, en échange d'une pièce de monnaie destinée au trésor de la déesse i3. En général, ce culte, à l'exemple des cultes orientaux, favorisait la prostitution u, surtout par les nombreuses hiéroduies (iepo'ouaot) qui le desservaient et que nous retrouvons à Corinthe, à Éryx en Sicile, et jusqu'à Athènes. Vénus avait encore en Chypre d'autres temples célèbres; ainsi à Vieux-Paphos, où tous les habitants des villes d'alentour se rassemblaient pour une procession solennelle. Le nom d'âys(Ttsp, porté par le grand prêtre du temple de Paphos 15, lui venait vraisemblablement de ce qu'il était le chef et le conducteur de cette pompe. On la retrouve à Golgoï 11, à Amathus, où l'on célébrait une fête appelée Kâp°cmatç Comme le culte d'Aphrodite en Chypre, celui de l'île de Cythère et celui du mont Éryx en Sicile étaient d'origine phénicienne
L'influence des cultes de Chypre et de Cythère s'étendit d'abord à Sparte, à Corinthe et à Argos ". A Corinthe, où cette déesse avait un temple fameux, deux jours étaient particulièrement célébrés : les nombreuses hétères et hiérodules au service d'Aphrodite prenaient seules part à la fête le premier jour, les autres femmes le second 20. Quand l'État se voyait menacé de quelque danger, c'étaient les hétères qui présentaient à la déesse les supplications publiques f1. A Argos, la fête principale d'Aphrodite s'appelait Sarf,pta, parce qu'on y offrait des sacrifices de porcs 2". Une autre fête, célébrée à Argos en l'honneur d'Aphrodite, se rapportait, d'après la légende, à une victoire remportée sur les Lacédémoniens par les Argiennes après une défaite des Argiens. Les hommes s'y montraient en habits de, femmes, et les femmes en costume d'hommes. Cette fête s'appelait
`PY.,'plactxzm[HYHRISTI%A]. A Samos, le mythe de la déesse était représenté par des danses mimiques'i; la fête de Lemnos, au contraire, avait un caractère sombre, rappelant la légende du meurtre commis par les femmes 2" sur les hommes.
A Athènes, il faut distinguer surtout trois cultes et trois fêtes : d'abord celle que l'on célébrait en l'honneur d'Aphrodite Pandémos; les hétères, réunies par Solon autour de son temple, y prenaient surtout part 26; plus tard, elle fut célébrée aussi par une corporation religieuse appelée TcTpu' aTn(, parce que la fête avait lieu le quatrième jour du mois''. Un autre culte était celui d'Aphrodite Colias et des déesses qui présidaient à la naissance (Fevvridddloc), également servies par des hétères 28. Enfin il y avait dans le Pirée la fête de l'Aphrodite Syrienne, à laquelle présidaient une prêtresse corinthienne et une corporation d'oneloNEs".
A Thèbes, on célébrait les Aphrodisia au mois de décembre 30. En Thessalie, les femmes seules y prenaient part; c'est dans cette fête que la célèbre hétère Laïs périt assassinées'. Dans l'île de Zacynthe, il y avait une fête annuelle avec des courses R2. Une double fête de Poséidon et d'Aphrodite Limnesia et Galenaia, c'est-à-dire , o qui apaise la mort et conduit au port, n avait lieu à Égine. D'abord on offrait un sacrifice au dieu des mers en mémoire de ceux qui étaient morts en naviguant, puis on se livrait à une joie dissolue en célébrant les bienfaits de la déesse de l'amours. En Acarnanie également, Aphrodite était fêtée comme déesse marine par des combats navals 34. En Étolie, à Calydon, il y avait une fête célèbre par l'affluence des hétères'". HIINZIARR.