Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article APOGRAPHÈ

APOGRAPHÈ (Amoypan,j). Lorsque des biens possédés par un simple particulier provenaient du domaine de l'Etat, auquel le détenteur les avait injustement soustraits, ou lorsque le possesseur retenait sans droit des biens compris dans une confiscation, tout citoyen capable et jouissant de ses droits civils pouvait, dans l'intérêt du trésor, dresser un état de cés biens, et le remettre aux magistrats compétents. Cet état avait reçu le nom d'âmoypatpe. La loi, prévoyant le cas où nul Athénien ne prendrait l'initiative, avait aussi donné aux démarques le droit d'«ncyp«cpsv 1. Enfin, dans plusieurs circonstances, le peuple institua des magistrats extraordinaires, tels que les au).aoyeù ou les r'r xf 3, avec mission spéciale de rechercher les biens du domaine de l'État qui pouvaient se trouver, sans titre, entre les mains des citoyens. Si le possesseur désigné ne soulevait aucune objection contre l'et7coypapti, le trésor public faisait valoir ses droits, le bien rentrait dans le domaine et tout était terminé. Mais il arrivait souvent que le possesseur refusait d'admettre l'exactitude des faits allégués. On affirmait, par exemple, dans l'âmo•; patpri qu'il y avait confiscation encourue; il cherchait à établir qu'il n'était pas dans un des cas où la loi prononçait cette peine et qu'il conservait la libre disposition de sa fortune ; c'est ce que fait le client de Lysias dans le discours Pro milite On prétendait qu'un bien avait été soustrait au trésor public, soit directement, soit indirectement; le possesseur démontrait qu'il l'avait acquis en vertu d'un juste titre, méeav Éy et TIX ypr z Ta; cette démonstration, qui s'appelait également ttittoypiz?iii est l'objet du discours de Lysias De bonis Aristophanis 6. La contestation pouvait même venir d'un tiers, lorsque celuici soutenait que, dans l't'uzoypa;p ; de biens confisqués, on avait compris à tort une chose lui appartenant en propre, ou lorsqu'il justifiait de l'existence d'un droit réel à son profit sur certains biens du coupable Pour terminer le débat, un procès s'engageait, procès public que l'on aurait pu appeler é oyentl'i; ypasp•1, mais que l'on appelait simplement «7co•; patp,j ; ce qui explique pourquoi dans plusieurs textes I'ânoypari est opposée aux SExas et aux vpu?zi proprement dites B. Il s'ensuit que, dans la même procédure, on trouve le même mot employé dans trois acceptions différentes et désignant tout à la fois l'état dressé par l'une des'parties, l'établissement de la propriété par l'autre partie, et le procès soulevé par leurs affirmations contradictoires. Cette espèce de procès appartenait à l'hégémonie des Onze 70; notons toutefois que, momentanément, après l'expulsion desTrente,la compétence fut attribuée aux Euvatxotll. Dans les discours qui nous ont été conservés, l'auteur de I'ânoypaps joue tantôt le rôle de demandeur 18, tantôt le rôle de défendeur 13. La différence vient de ce que, dans le premier cas, celui contre lequel l'éxoypzp était dirigée était en possession de la chose litigieuse, tandis que, dans le second cas il ne possédait pas; ii devait alors, au début de l'instance, outre les Prytanies, consigner la7apax 'éo) ri. Quand l'auteur de l'euroypapri succombait, sans obtenir au moins le cinquième des suffrages 14, il était condamné à une amende de mille drachmes envers l'État et déchu du droit de dresser à l'avenir une nouvelle «moypmpo 1" Nous croyons toutefois que le démarque, qui agissait conformément aux devoirs de sa charge, n'était pas exposé à ces pénalités. Si, au contraire, l'â70ypapo était reconnue exacte, son auteur obtenait une part notable, Tpia Ilspr /8, de la valeur des biens qu'il faisait rentrer dans le trésor public. Notons encore que le démarque n'aurait pas eu droit à cette récompense, décernée seulement à l'lêtc ç. Indépendamment du sens que nous venons d'étudier, le mot ânoypatp' avait encore, dans la langue du droit, d'autres acceptions. Quelquefois il désignait l'acte d'accusation, surtout lorsque plusieurs personnes étaient accusées d'un même crime : l'â7roypasprj est alors l'énumération des coauteurs du crime 17. Quelquefois il est synonyme de déclaration solennelle faite devant un magistrat 18. E. CAILLEMER.