Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article APOPHORA

APOPHORA (Aaotnop«).Nom donné par les Athéniens à la redevance que certains esclaves payaient à leurs maîtres sur les produits de leur travail. Un maître autorisait quelquefois un ou plusieurs de ses esclaves à exercer librement une industrie, à charge par eux de lui apporter périodiquement une somme déterminée prise sur leurs profits. Ainsi Timarque possédait des esclaves corroyeurs, qui, sous la direction d'un d'entre eux, travaillaient pour leur propre compte; chacun versait entre les mains de Timarque deux oboles par jour ; le chef d'atelier en devait trois 1. La condition de ces esclaves était relativement heureuse; car ils jouissaient d'une liberté assez grande et n'avaient presque rien à envier aux industriels citoyens d'une classe infime; quelques-uns même vivaient dans l'aisance et menaient un grand train 2. D'autres maîtres permettaient à leurs esclaves de travailler pour autrui, sous la condition qu'ils abandonneraient au maître une partie de leurs salaires; les concessionnaires de mines 3 et Heidelbg, 1824 ; Bultmann, Mythologies, Berl. 1824, I, 1 ; G. Hermann, De .4polline tique, Paris, 1857-59; K. R. Hermann, Gottesdienst. Alterthonaer, 2s éd. Heidelb. 1858 ; A Feuerbach, Der Vaticina. Apollo, 2e éd. Stuttgart et Augsb. 1855; Stephani, Apollo Boideo,oios, Petersb. 1680 ; Aug. Mommsen, Heortologie, Leipe.. 1864, p. 49, etc.; Marqunrdt, Handbuch der rdm. Alterthitnaer, t. IV, p. 301, 330. les commandants de navires ° recrutaient parmi ces esclaves les ouvriers ou les marins dont ils avaient besoin. La somme que l'esclave versait à son maître comme eu.rorpopâ devait être à peu près égale au profit que le maître eiàt retiré de son esclave en utilisant directement ses services. Ce profit, si on le compare à la valeur de l'esclave, paraît avoir été assez élevé. Xénophon nous dit qu'un esclave travaillant dans les mines rapportait en moyenne une obole par jour 5; le prix courant des esclaves destinés aux mines ne dépassait pas cent cinquante drachmes; le capital engagé produisait donc annuellement 40 pour cent, Les trente-deux ou trente-trois esclaves armuriers, appartenant à Démosthène et valant cent quatre -vingt-dix mines, donnaient un revenu annuel de trente mines, soit 15,78 pour cent '. Les vingt ouvriers en siéges, que possédait le même orateur et qui valaient quarante mines, rapportaient annuellement douze mines, soit 30 pour cent'. Ces revenus de 40, de 30, de 15,78 pour cent ont paru à M. Beeckh trop élevés, et il a exprimé l'opinion que les 40 pour cent, produit des esclaves mineurs, comprenaient, non-seulement le bénéfice réalisé sur le travail des esclaves, mais encore le profit retiré de la raine elle-même affermée en même temps que les ouvriers ; que, dans les 30 et 15,78 pour cent, entraient également les gains que le maître faisait sur les matières premières employées par les esclaves'. Nous ne devons pas toutefois perdre de vue que le capital, représenté par les esclaves, était essentiellement périssable; qu'il était d'ailleurs exposé à des détériorations ou à des dépréciations nombreuses, lorsque l'esclave devenait malade ou infirme ou lorsqu'il prenait la fuite. Il était donc juste que le maître obtînt, en évaluant le travail de son esclave, non-seulement, l'intérêt du prix de l'esclave, intérêt qui était toujours assez élevé à Athènes, mais encore une somme permettant de reconstituer le capital dans un assez bref délai Si les esclaves employés aux travaux des mines rapportaient beaucoup plus que les autres, c'était préciséinent parce qu'ils étaient exposés à de plus grands dangers, et que, le capital con Tant plus de risques, la prime annuelle d'amortissement devait être plus forte. Nous ne serions donc pas éloigné de croire que les chiffres ci-dessus indiqués fussent la représentation exacte du profit que le maître retirait de ses esclaves. --Nous ne pouvons pas argumenter de l'exemple d'rcapopé que nous a conservé Eschine 10, parce que nous ignorons quelle était la valeur vénale d'un esclave corroyeur; une inscription de Delphes 1t estime à dix mines un zu'v(tias cxurtéç; mais il n'est pas admissible que le prix courant des ouvriers en cuir ait été si élevé au Iv° siècle avant J.-C. E. CAILLESIER.