Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article APPARITORES

APPAIIITORES. -1. Agents mis à la disposition des magistrats romains pour leur rendre différents services, à l'occasion de l'exercice de leurs fonctions. Dans son _Is APP é 328 APP le plus large, ce nom comprenait tous les serviteurs des magistrats, moins les seavl PUBLICI, c'est-à-dire cinq classes de personnes 1 : les scribae, les accensi, les lictores, les viatores, les praecones. Cicéron semble y ajouter les arcltitecti s ; mais ceux-ci n'étaient employés que dans des cas particuliers. Dans un sens plus restreint, le nom d'apparie tores ne comprend 3 ni les scribae, ni les hctores, mais seulement les autres personnes indiquées ci-dessus. Cette acception du mot, comme le fait remarquer Becker 4, est moins exacte et aussi moins fréquente, car les scribes et les licteurs eux-mêmes prêtent leurs soins aux magistrats (apparent ou parent magistratibus). Ce qui caractérisait essentiellement les appariteurs comme agents inférieurs, c'est qu'à la différence des magistrats, du moins pendant la république, ils recevaient un traitement annuel (rnerces) 5, payé par le trésor public. Les magistrats faisaient connaître les noms de ces agents pour être enregistrés (de ferre), aux questeurs, et au temps de Frontin, aux préteurs de l'aerarium a, et délivraient les mandats de payement. Les scribes et librarii étaient logés in lacis publicis, d'après les ordres des magistrats qui les employaient 7. Les apparitores se recrutaient fréquemment parmi les affranchis Dans les guerres civiles, on vit des esclaves employés comme appariteurs, abus proscrit par un édit de l'an '716 de R. (38 av. J.-C.) Rien ne s'opposait à ce qu'ils fussent ingénus, pourvu qu'ils appartinssent à la classe plébéienne ". Les scribes étaient les plus considérés et tenaient même un rang honorable 11 ; déjà la loi célèbre de XX quaestoribus " ou lex Cornelia de scribis, viatoribus et praeconibus, au temps de Sylla (en 6'73 de Rome, ou 81 avant J.-C.), prescrivait de prendre les viatores et les praecones parmi les citoyens romains 13 ce qui peut s'appliquer à des affranchis. Chacune des cinq classes, c'est-à-dire les scribes, les licteurs, les accensi ou ordonnances, les messagers ou huissiers (viatores), et. les hérauts (praecones), constituait une corporation (corpus) ; elle se divisait en décuries [DECURIA], qui tiraient leur nom du magistrat près duquel elles pouvaient exercer leurs fonctions (viatores consulares, aedilicai, tribunitii). hes consuls, ou d'ordinaire chaque magistrat, choisissaient les appariteurs (legere, sublegere) 14 au sein de cette• décurie. Élus pour un an, ils étaient habituellement renommés, en sorte que leur emploi pouvait être considéré comme indéfini. Celui qui était choisi par un magistrat pouvait lui faire agréer un remplaçant (vlcAalus), et comme la place était lucrative, on en fit bientôt un office vénal ", que le titulaire cédait moyennant finance, comparare decuriam vel scrtptum. Chaque décurie avait ses chefs nommés magistri ou, à raison de leur nombre, sexprimi ou decemprimi. On doit observer qu'il n'y avait de licteurs que près des magistrats ayant IMPERIUM, et qu'auprès de ces derniers on rencontre des scribes, niais non pas des decuriae scribarum. Enfin, le même individu pouvait appartenir successivement à différentes catégories d'appariteurs ; il n'est pas prouvé cependant qu'il y eût à cet égard un règlement d'avancement. Nous renvoyons pour les détails relatifs à chaque classe d'appariteurs, aux articles spéciaux : AcCENSUS, LICTOR, II. Sous l'empire, les anciens magistrats d'origine républicaine conservèrent leurs appariteurs " jugés nécessaires à l'éclat de leur position officielle. Ainsi il y eut pour le service des magistrats supérieurs trois décuries de licteurs 17, savoir: une pour les consuls et deux pour les préteurs. l;a decuria lictoria consularis servait également à l'empereur i8. Les mêmes magistrats avaient en outre des huissiers ou viatores ", probablement répartis en trois décuries ; en outre, des praecones et apparitores, qui étaient employés également par les censeurs, et composant trois décuries, dont la première (deeuria consularis) servait près du prince 20. Tant que les questeurs urbains conservèrent l'administration du Trésor [AERAMCM], ils eurent à leur disposition trois décuries de scribae quaestorii, formant un collegiurn, une décurie de viatores quaestorii et de praecones. Tous ces agents passèrent ensuite au praefectus aerarii 21 On trouve auprès des tribun plebis des scribae tribunitii, viatores tribunitü, praecones tribunitü, formant sans doute autant de décuries 22; près des édiles curules, des scribae et des praecones, niais pas de viatores 23. Les scribes et les hérauts composaient également des ci llegia soumis ensemble à la direction de deux curateurs choisis annuellement par l'empereur 24. Les édiles curules avaient des viatores dès la seconde guerre punique 20. Parmi les appariteurs des édiles plébéiens, on ne connaît avec certitude que des viatores, obtenus en vertu d'une loi Papiria 26, qui, d'après la conjecture de M. Mommsen, aurait établi les aediles cercales 27. Les TRiUMVIRI CAPITALES et les quatuor viri 'viarum curandar uni [7IAGISTRATUS MINORES] ne paraissent avoir eu ensemble qu'une décurie de viatores" . Il ne paraît pas que les accensi des magistrats supérieurs [AcceasuS] aient d'abord été organisés en corporation (collegium). Cependant on en trouve une centurie sous l'empire 29. Quant aux nomenclatores 30, ce n'étaient que des employés privés et non des appariteurs. Les corporations d'appariteurs avaient leur place marquée dans les cérémonies et processions publiques 31. Sous le bas-empire les employés du palais, et à la suite les bureaux des magistrats furent organisés militairement en compagnies (scolac). G. HUMBERT.