Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ARA

ARA, altare, fucus, (is dc, Eay«pM, io'ria. L'autel est sans doute le plus ancien monument du culte; il était l'indispensable instrument des sacrifices, et son emploi remonte aussi haut que les souvenirs les plus reculés des races qui ont peuplé la Grèce et l'Italie. Ii ne fut primitivement qu'un simple tertre de terre et de gazonun amas de feuillages plus souvent une pierre ou un monceau de pierres' : l'autel de Zeus, au sommet du mont Lycée en Arcadie, était un monticule 4. Le nom de j36,l.Edc, dans sa première et plus générale signification, s'applique à tout ce qui forme une élévation au-dessus du sol 5. Des peintures de vases', des bas-reliefs', des pierres gravées nous montrent (fig. 407) des autels semblables, placés devant des images de divinités, dont le style indique les premiers âges de l'art, ou représentés dans des scènes pastorales; et c'est aussi dans les peintures de la vie des champs, où se retrouvent les moeurs primitives et la simplicité de l'ancien culte, que nous les rencontrons chez les auteurs dont nous pouvons citer les témoignages. De pa arae temporales) pouvaient être dressés à la hâte pour un seul sacrifice , après lequel ils étaient abandonnés, comme ceux que, d'après le poëte, construisaient les Argonautes sur les rivages où ils débarquaient'; ou bien ils étaient établis d'une manière aussi simple, mais plus durable, dans des lieux consacrés par un culte régulier. Et d'abord chaque famille, dès qu'elle eut une demeure fixe eut un autel qui fut la pierre du foyer (€ati(a, icy«pa, fucus). Sur ce foyer, où le feu était perpétuellement entretenu, on déposait avant chaque repas les prémices de la nourriture ; avant de boire, on y versait une, libation de vin ; la famille assemblée adressait chaque jour au dieu du foyer sa première et sa dernière prière; en toute occasion il était le premier et le dernier invoqué, on lui offrait le premier et le dernier sacrifice [s_AciA TEIVATA, VESTA, LARES, PENATES]. Celui-là seul qui mait part au culte domestique devait être présent à ses cérémonies : c'est pourquoi l'autel de ce culte fut placé loin des regardas profanes, au milieu de l'enclos (ëpzel, laer,tom) enfermant les champs, la maison, le troupeau, en un mot tout ce qui constituait l'héritage des populations primitives ; plus tard, au centre des bâtiments qui composaient l'habitation" [nosus] ; mais l'étranger et le fugitif qui pénétraient en suppliants dans cette enceinte et qui ,s'asseyaient sur la cendre de l'autel revêtaient par cela seul un caractère inviolable et sacré [ASYLUM]. Les lares et génies tutélaires de la famille et les autres dieux dont elle invoquait la pro 7rarpglot, dii patrii, domestiei, pénates 1') furent groupés autour du foyer et associés ainsi au culte domestique, ou bien eurent des autels séparés ", plat 's devar des niches ou des édicules [AEDICULA' contenant des effigies de bronze d'argile, de bois même, ou devant des images peintes sur la muraille (fig. 408) : les maisons de Pompéi, bâties au I5r siècle de notre ère, offrent des exemples de fume et l'autre disposition '4. Dans les riches habitations, bien avant ce temps, ce qui était jadis réuni se treuVa séparé -ARA 3 8 ARA les foyers destinés à préparer les aliments furent relégués dans la cuisine ; les autels et les images des dieux furent réunis dans des chapelles [LARARIUM, SACRARIUM]. La place des autels de quelques divinités était déterminée par la fonction spéciale attribuée à celles-ci dans la maison : ainsi, chez les Grecs, dans les habitations qui possédaient une «uarj, ou cour intérieure, et un autel distinct de Zeus protecteur de l'enceinte ( `Epxaioç) 1", cet autel entouré d'un mur ou d'une barrière, formait au milieu de la cour une construction à part. Celui de Zeus Ktisatoç, à qui l'on demandait la conservation et l'accroissement des biens, se trouvait dans l'endroit qui servait de magasin ou de chambre à provisions (ti«ptEiov) 16. Les dieux qui présidaient à l'union des époux avaient, à ce qu'il semble, des autels dans la chambre nuptiale 17. Quand un auteur parle du culte rendu à Hermès Etipop«ioç et à Hécate, gardiens de la porte 1", nous pouvons nous figurer, dans l'endroit ainsi désigné, leurs images dans des niches on des armoires, et devant elles, sinon des autels construits à demeure, au moins des tables [MENSA], des trépieds [TRIBUS] ou de simples brûle-parfums [TURIBULUM1, qui en tenaient souvent lieu, comme on le verra plus loin. Nous renvoyons à ce qui a été dit ailleurs des autels élevés à Apollon et à d'autres dieux devant les maisons [AGViEus. Ce qui se passait dans la famille autour du foyer se répétait, pour les associations de familles qui composaient la phratrie en Grèce, et la curie à Rome, autour d'un foyer commun, autel des dieux qu'elles adoraient ensemble, dans le lieu (tapzTptov, curia) spécialement destiné à leurs réunions [PHRATRIA, GURIA]. Il en fut de même pour la tribu [TRIBUS] ; de même encore pour la cité entière, dont tous les membres étaient unis par un même culte, autour d'un autel renfermé dans le prytanée ou le temple Lorsque des temples furent bâtis pour servir d'habitation aux dieux, ils eurent pour modèles les habitations des hommes : un mur sépara le territoire consacré ce qui l'entourait, et un autel fut placé au milieu, devant l'entrée de la demeure du dieu, comme il y en avait un clans l'«và-fj, précédant l'entrée de la maison. On immolait les victimes et on les brûlait sur cet autel extérieur ((isi;A; apov«oç), en face de la statue du dieu (ou de tout autre symbole attestant sa présence), qui devait être visible du dehors pour ceux qui venaient sacrifier 19. La hauteur de l'autel devait donc être en rapport avec le niveau du pavé du temple, toujours fort élevé, et souvent il était exhaussé sur une large base ou sur les degrés mêmes, au moyen d'une construction spéciale (Oup€ar) 20, comme on peut le voir, par exemple, à Pompéi, devant l'entrée du temple de la Fortune 21 ; une miniature du Virgile de la bibliothèque du Vatican 2S, ici reproduite (fig. 409), donnera une idée claire d'une autre disposition analogue. Tous les sacrifices sanglants se faisaient au dehors; au dedans, on ne voyait d'autres autels allumés que ceux sur lesquels on entretenait, comme sur le foyer domestique, un feu perpétuel (71'4, sàtITov), ce qui avait lieu non-seulement dans les sanctuaires de Vesta, mais aussi d'autres dieux 2" ; et les brasiers sur lesquels on brûlait des parfums (éayûptov, Oupts'rtsptov , ara turaria, turi crema), et dont il sera parlé spécialement ailleurs [TUS, TURIBULUM]. Une fumée de bonne odeur devait toujours se mêler à celle des sacrifices : aussi ne doit-on pas s'étonner de voir dans les monuments (fig. 410)2', non-seulement des grains d'encens ou d'autres parfums répandus sur l'autel par un des servants du sacrifice portant la boîte qui les contient [ACERFA], mais encore des brûle-parfums placés à côté ou au-dessus des autels proprement dits, soit à l'extérieur, soit à l'intérieur du temple. Nous citerons une pein ture de vase de très-ancien styler", où l'on voit une femme cherchant un refuge sur un autel fort élevé (fig. 411), dont elle gravit les degrés : un pareil autel devait être certainement situé en dehors de l'édifice. La femme, qui est, selon toute apparence, Polyxène fuyant devant Achille, saisit le support d'un bassin qui servais sans doute à brûler les parfums. On retrouve le même objet, avec une forme à peu près semblable ou se rapprochant de celle d'un lampaclaire, placé sur l'autel, dans divers monuments étrusques : la figure 44°l représente, d'après un bas-relief de Chiusi, aujourd'hui au Louvre, un autel auprès duquel se font les apprêts d'un sacrifice. Dans un autre bas-relief de la même ( provenance, on voit un autel tout semblable autour duquel sont rangés les lits d'un banquet funèbre "u. La figure 413 reproduit une peinture, également étrusque, d'un tombeau de Cervetri (Caere) n, où l'on voit un personnage s'approchant d'un autel, sur lequel est posé un ustensile analogue. Ailleurs, comme dans lm bas-relief u (fig. 414), le vase qui contient les parfums embrasés est une sorte de pot à feu et on le voit porté à côté de l'autel. Dans une peinture découverte à Rome au siècle dernier 23 , deux femmes (fig. 415) jettent des grains d'encens sur des foyers placés au pied d'une statue de Mars : l'un a la forme d'un petit autel rond, l'autre celle d'un réchaud muni de deux anses pour le rendre plus portatif. Ces exemples donneront dès à présent une idée suffisante de l'emploi et de la variété des formes de l'ara tura'creiisa; on en trouvera d'autres à l'article TuRIBULUM. Dans la même classe doivent être rangés de très-petits autels dont il a été conservé un assez grand nombre 30, soit en métal, soit plus ordinairement en terre cuite, et qui (leur dimension seule le prouverait) n'ont pu servir qu'à briller des parfums. Celui que reproduit la figure 416 " réduit seulement au quart de sa grandeur, est orné de basreliefs parmi lesquels on distingue sur une face Hercule enfant étouffant les serpents, et sur l'autre les Lares, dans l'attitude qui leur est habituelle. Cet objet devait donc être certainement un instrument de la religion domestique. D'autres, non pas tous aussi petits, mais toujours faciles à transporter (foculi, iayxp(SEg) trouvaient leur emploi dans des cérémonies sans lesquelles beaucoup d'actes de la vie publique ne pouvaient s'accomplir 32. Les autels placés dans le sanctuaire étaient nécessairement peu élevés (arulae) , puisqu'ils ne devaient pas dérobe: la vue de l'idole, même aux adorateurs qui étaient dehors3`. Des tables (l'api ou Ouolpôs'rpdne;«, sacra ou augusta niensa) sels vaient aussi à déposer des fruits, des gàteaux, des offrandes et des dons de tout genre [MENSA, DoNARIAa. On voit (fig. 417), d'après un vase peint n, une table de ce genre, auprès d'une image de Bacchus ; elle est appuyée à un autel, qui n'est pas enfermé dans un temple, car une prêtresse s'en approche tenant d'une main la victime, de l'autre le couteau préparé pour un sacrifice sanglant. Sur des tables semblables étaient déposés extérieurement les présents qui ne devaient pas être consumés, mais portés dans le sanctuaire par les prêtres ou prêtresses qui y avaient entrée 36. Toutefois il ne semble pas que les rites bachiques représentés dans la peinture dont nous venons de parler s'accomplissent devant un temple. Beaucoup d'autels étaient dressés sous le ciel libre, soit dans le péribole d'un temple, soit même loin de tout temple, indépendants de tout édifice , protégés seulement par une barrière (Optyxo;, nEptGxoi./ta(l«, cancelli 36), dans une enceinte consacrée (TÉs.EVOÇ, iEpoV, FANUM, 5ACELLUM) n, dans un enclos, dans tin bois sacré, sur le sommet d'une montagne, comme étaient à l'origine ceux qu'on élevait à Zeus sur les hauts lieux38 ; auprès des sources et des rivières ; sur le bord de la mer; à l'intérieur des villes, sur les places publiques, 1 -ARA ,35{1 ARA dans les rues et les carrefours ; sur les routes ; aux frontières des États; dans les camps ; près des tombeaux, etc. Il y en avait qui étaient consacrés aux dieux, d'autres aux héros, aux mânes, aux génies locaux. Aux premiers seulement, plus élevés, appartenait, chez les Grecs, dans un langage rigoureux, le nom de toltx.d;; on appelait foyers, âaïo'; ", les autels des héros. Une distinction analogue était faite entre trois sortes d'autels : altar, ara, ficus, par le rituel romain, comme l'atteste une prescription qui en est évidemment extraite n ; mais cette distinction, déjà obscure pour les anciens, ne fut pas ordinairement observée, On peut seulement conclure de leurs explications et du rapprochement de quelques passages où ces termes sont employés 4', que ara (de âo(pn) était, comme 'aaads, en grec, le nom commun à tous les autels, si peu qu'ils fussent élevés au-dessus du sol; fucus, comme ia-7ia et iaxâp, était le nom du foyer, élevé ou non, servant à tenir le feu allumé pour les usages du culte aussi bien que pour les usages domestiques : indispensable pour consumer les offrandes de toute nature 42, il se retrouve nécessairement dans tout autel; enfin on appelait altaria, et dans la basse latinité, allaite ou altarium 43, un autel plus haut que les autels ordinaires 44. Il résulte aussi des textes, que les altartâ appartenaient aux dieux supérieurs seulement, les aras à tous les dieux °U. On a renoncé, et sans doute avec raison, à une explication d'après laquelle le mot allaita signifierait un gradin supérieur de l'autel, ou encore les offrandes qu'on y déposait u. Mais si les textes sur lesquels s'appuyait cette interprétation 47 ont été mal lus ou mal conquis, il n'en est pas moins vrai que l'on peut citer des autels au-dessus desquels on en voit comme un second plus petit superposé. Tel est celui que représente un bas-relief, fragment d'une scène qui a dù servir, avec des bucrânes et d'autre ornements, de déco ration à un autel O (fi;; 41 grande dimension est clai rement indiquée par la de l'arbre placé à côté; et si l'on devait en calculer les proportions sur cette échelle, cette image rappellerait ces gigantesques autels qui étaient placés auprès de quelques temples de ia Grèce, non devant l'entrée, qui en eût été obstruée, mais dans le péribole ou dans une enceinte particulière, et sur lesquels pouvaient être immolées les hécatombes. Nous savons par les auteurs la mesure de quelquesuns des plus célèbres : l'autel de Jupiter à Olympie 49 avait 125 pieds(40°`,62)de tour à sa base, et 32 pieds à son sommet ; sa hauteur était de 22 pieds. Pergame possédait a0 un autel célèbre en marbre, orné de sculptures représentant la guerre des dieux et des géants, qui avait 40 pieds (13 mètres) de haut; nous rappellerons encore l'autel élevé par Hiéron à Syracuse et celui de Parion, qui couvraient l'un et l'autre la longueur d'un stade, etc. st M. C. Btticher 5'~ a reconnu, avec autant de sagacité que d'érudition, dans deux fragments (fig. 419 et 420) trouvés à Athènes et à Éleusis, et considérés jusqu'ici comme appartenant à l'entablement de deux temples, des restes des grands autels de l'Éleusinion d'Athènes et du temple de Déméter à Éleusis. Les objets qu'on y voit sculptés, les pavots, les épis, les corbeilles, le vase appelé PLÉMOarlo, la phiale destinée au mets appelé xuxeôly, etc., sont autant d'attributs propres à ce culte )i:,LroslivmA]. Le morceau trouvé à Eleusis sa a 25 pieds et demi de long ; la hauteur des triglyphes de celui d'Athènes permet de croire que l'autel entier avait de 10 à 12 pieds de haut. Ces vastes construclions, dont il faudrait peut-être chercher les premiers modèles dans les bûchers et les pyramides de l'Orient, et dont on peut rapprocher d'autres vestiges fort anciens, qui subsistent en Italie o4, se composaient de plusieurs assises : la plus basse formait un immense soubassement (xp:lrtl;) qu'on appelait o:poOuatç; c'est là", nous le savons au moins ARA pour l'autel d'Olympie. qu'on abattait les victimes, dont les chairs étaient ensuite consumées sur la plate-forme supérieure. Des escaliers donnaient accès de chaque côté à la scpauats, et pour y amener les animaux destinés au sacrifice, on rendait la montée plus facile, en jetant de la terre ou de la cendre entre les degrés 5'. D'autres degrés conduisaient à la partie supérieure ; à Olympie, ils étaient faits de la cendre des victimes brûlées sur l'autel, et de celle qu'on y apportait dal Prytanée et qui, mêlée à l'eau de 1'Alphée, servait aussi à l'enduire et à accroître chaque année sa hauteur. Il est facile de comprendre la nécessité d'étendre une couche épaisse de cendres sur les autels, quand ils étaient faits ou revêtus de marbre, comme à Pergame ou à Éleusis, sans quoi cette matière eût été promptement convertie en chaux par l'action du feu. Cette pratique se fondait d'ailleurs sur une idée religieuse. Quelques-uns des autels les plus antiques et les plus vénérés de la Grèce étaient formés des cendres et des ossements des victimes consumées. Pausanias en cite en divers endroits 5' : tel était par exemple, à Thèbes, celui d'Apollon, surnommé 1 éLoç par ce motif; celui du même dieu, à Délos, qu'on appelait t xepé tav ou xapcittvoç (wgéi, était un immense amas de cornes des chèvres abattues à la chasse, disait-on, par sa soeur Artémis 58. II y a aussi des exemples d'autels qui n'étaient autre chose que le bûcher du sacrifice, qu'on brûlait entièrement avec les animaux de toutes sortes qui y étaient enfermés 59 On a pu voir déjà, par les exemples qui ont été cités, que la construction des autels participa à tous les progrès de l'architecture. Les autels primitifs de terre ou de gazon étaient conservés, il est vrai, dans les traditions de cultes qui remontaient aux plus anciens temps : sous l'empire, et jusqu'aux derniers temps du paganisme n, on sacrifiait encore sur de pareils autels aux divinités domestiques, à celles qui protégeaient la maison et le champ, centime les Lares, Terminus et Dea Dia n ; mais à côté de ces restes grossiers et to°ajours respectés des religions primitives, d'autres autels construits régulièrement s'embellirent peu à peu; nous en pouvons juger par ceux qui nous ont été conservés et qui sont en grand nombre, et par ceux, plus nombreux encore, dont les oeuvres de la peinture et de la sculpture nous offrent des modèles. Les plus simples consistent en un massif quadrangulaire de pierres assemblées sans aucun ornement Gs ; ou bien, ils ont la forme d'un cippe, d'une borne ronde, comme ceux qui étaient devant les maisons, consacrés aux dieux protecteurs de la rue [AevIF.uS] ; mais plus ordinairement l'autel, rond, carré, oblong, triangulaire, octogone, quelle que soit, en un mot, sa forme, a l'apparence d'un petit monument dans lequel sont observées les règles architectoniques ; le cippe ou le dé qui en forme la masse est orné de moulures, ABi.A d-'oves, de, triglyphes, etc.; il a une base, et supporte une tablette creusée ou munie de rebords (fig. 425, 423, 426) sur laquelle on placait les offrandes, on allumait le feu dusacrifice et l'on versait les libations; un canal laissait écouler le vin et le sang des vic times. On remarque dans beaucoup de peintures de vases (fig. 422, von. aussi frg.189, p167),les liquides qui se répandent au dehors par une ou plusieurs ouvertures placées sur la faceB1. Au-dessous de la tai blette supérieure, on voit fréquemment , comme sous l'abaque d'un chapiteau ou sous la corniche d'un entablement , une moulure plus ornée 6a (fig. 417,421, 422) ; quelquefois des volutes s'enroulent aux angles, soit au-dessous tsi de cette tablette, soit auAutei d'Apollon à 4elphea, dessus, et forment ce qu'on a appelé les cornes de l'autel fis (fig. 410, 418, 422) ; ou bien, comme aux extrémités de beaucoup d'édicules, particulièrement de tombeaux, des antéfixes se retournant d'équerre remplissent le même office 66 ; outre ces cornes, le rebord surhaussé dessine parfois un petit fronton (fig. 421)", Autour de l'autel étaient suspendues °6 des bandelettes rameaux de quelque arbre consacré s-- à la divinité à laquelle l'autel apFig, 482, Autel avec front°, des guirlandes de fleurs et de fruits (encarpa), souvent imil ses par la sculpture dans les monuments qui ont été conservés (fig. 414, 418, 423, 425). On imita de même les têtes des animaux dont les ossements blanchissaient autour de.s édicules et des autels consacrés aux dieux à qui on les avait sacrifiés, et on en fit un motif de décoration : on le rencontre fréquemment dans les monuments sculptés (fig. 418, 419, 420, 426) qui appartiennent à un art avancé 80, plus rarement sur les vases peints qui représentent des oeuvres plus anciennes. On a vu plus haut (fig. 417) le crâne décharné d'un taureau accroché au flanc d'un autel de Bacchus '0; dans d'autres peintures de vases, des dépouilles semblables gisent à terre ou sont suspendues, non loin de l'autel, à une colonne, eu placées simplement dans le champ de la ARA 352ARA peinture 71. Les images et les attributs des dieux, des scènes du culte ou de la mythologie, dont les autels figurés sur les vases peints n'offrent guère d'exemples, sont fréquemment représentés sur les autels sculptés qui nous ont été conservés 72. La figure 42 montre un de ces autels qui existe encore à Pompéi 73, sur l'un des côtés duquel on voit la cérémonie d'un sacrifice, tandis que sur les autres faces (fig. 423, 425) sont groupés divers instruments du culte. Des emblèmes religieux ont souvent servi de la même manière à décorer les autels; on en a vu plus haut (fig. remarqua bles exemples. A côté des autels qui précèdent, consacrés à des divinités, en voici un (fig. 426), trouvé à Lesbos 74, que son inscription , de l'époque romaine , TEIPf6 xPOI , désigne clairement_ comme l'autel d'un personnage honoré comme un héros. C'est un cippe rond de 0m,62 de haut, orné de guirlandes suspendues à des patères, qui alternent avec des têtes de béliers; on peut voir, creusée dans le plateau supérieur, une cavité pour les libations et, à côté, des serpents comme on en rencontre fréquemment figurés auprès Des inscriptions font souvent connaître, sur les autels qu'on a conservés, le nom du dieu ou du héros qu'on y honorait ; celui du personnage, du peuple, de la cité, etc., qui les a dédiés; quelquefois les motifs et les circonstances de la dédicace ; les conditions et priviléges qui y étaient atta;;hés, les prescriptions relatives aux sacrifices, enfin tout ce que devait comprendre, chez les Romains, la règle de fondation (lex crac, lex dedicationis ou conseerationis) Un autel n'était généralement consacré qu'à une seule divinité ; mais il ne manque pas d'exemples, chez les Grecs et chez les Romains, d'autels communs à plusieurs, ou même à tous les dieux, ainsi associés dans un même culte (licol aula~touot, 61.1.o°t.,µtoi 76). D'antre part, les autels de plu sieurs dieux pouvaient être réunis dans un même sanctuaire, si, à côté du dieu qui y était principalement honoré, d'autres y recevaient un culte (Beot tt4atipoi, aÛ(AÔt8t101, Des autels ont été érigés plus d'une fois en accomplissement d'un voeu, sans être en réalité destinés à la célébration d'aucun culte, mais avec une signification purement symbolique 79 : delà vient qu'on en possède un grand nombre qui n'ont ni foyer creusé à leur partie supérieure, ni orifice par où puissent s'échapper des liquides. On x souvent aussi confondu avec les autels des bases de statues sur lesquelles des dédicaces sont inscrites. Il faut encore distinguer des autels les monu ments funé raires qui en avaient la forme [serin. Nous di rons quel en finissant d'un accessoire que l'on peut remarquer sur plusieurs autels, mais dont les exemples sont cependant rares : c'est une sorte de toit qui paraît destiné à abriter le feu du sacrifice. Ceux qu'on a cités jusqu'à présent se voient dans des cuivres d'une antiquité peu reculée 73. Nous en offrons un nouvel exemple (fig. 427), d'après un vase à figures noires de style très-ancien, de la collection Campana, au Louvre. La couverture est soutenue par des barreaux au-dessus d'un autel qui n'a d'autre décoration que la disposition en damier des pierres dont il est formé ; le foyer est allumé et l'on amène, aux sons de la double flûte, la victime qui doit être sacrifiée. La figure 428, tirée d'un bas-relief S0 découvert à Rome en 1848, représente un autel couvert d'une sorte de coupole, et qui est placé comme ARA ® 33-3-ARA devant l'entrée d'un temple, au pied de l'escalier 'd'un tombeau monumental. E. SAGI,IO.