Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ARENA

ARENA, sable. Les Romains employaient comme nous le sable pour faire le mortier, en le mêlant, en proportions variables suivant sa nature, avec de la chaux éteinte. Vitruve consacre un chapitre tout entier de son livrer au sable, à ses différentes qualités et au moyen de les reconnaître. 11 distingue quatre espèces de sable fossile, d'après leur couleur : le noir (niyra), le blanc (cana), le rouge (rubra) et le brûlé (earbunculusi. Le sable fossile, tant que l'on peut se le procurer, doit être préféré, dit-il, au sable fluvial et surtout au sable marin, sauf pour les crépis, qui sont plus solides quand on emploie le sable de rivière. Pline ' ne distingue que trois espèces de sable : le fossile, auquel on doit mélanger un quart de chaux, le fluvial et le marin, auxquels il faut en ajouter un tiers. Le sable fossile, noir, blanc ou rouge, préféré par Vitruve, est probablement la pouzzolane, excellente pour les fondations et les travaux hydrauliques, qu'on emploie aujourd'hui encore, à peu près exclusivement, à Rome, où manque le bon sable de rivière. Sa couleur varie suivant la profondeur de la fouille ; on la trouve surtout à l'est et au midi dans la campagne de Rome, où l'ont répandue les antiques éruptions du mont Albin, aujourd'hui M'ente Cave, On la rencontre du reste dans presque toutes les contrées dont les terrains sont volcaniques Les idées de Vitruve, conformes aux connaissances de son siècle, sur l'origine des propriétés de la pouzzolane, l'ont empêché de donner au sable fossile de Rome le même nom qu'au sable fossile des environs du Vésuve, tout à fait analogue, auquel il consacre également un chapitre 3, sous le nom de pubis puteolanus. Dans le mortier des anciens monuments de Rome on reconnaît deux espèces de pouzzolane, la noire et la rouge. C'est dans les antiques carrières de pouzzolane des environs de Rome que les premiers chrétiens établirent leurs refuges ou Catacombes, qui ont été appelées aussi par cette raison arenariae. Quant au carbunculus, Vitruve, à la fin de son chapitre sur la pouzzolane, nous dit que cette espèce de sable, dont la consistance est moindre que celle du tuf et plus solide que celle de la terre, provenait d'Étrurie, où il avait été produit par des vapeurs brûlantes s'exhalant de l'intérieur de la terre. Dans la Campanie, dit-il, la terre brûlée devient cendre, et en Étrurie les roches brûlées produisent le carbunculus.