sition à celui d'AGALMA, qui indique un objet embelli par l'art) aux pierres non travaillées (â, Fpyot) auxquelles les anciennes populations de la Grèce rendaient un culte. Elles tinrent lieu d'idoles avant la naissance de l'art, et conservèrent, en beaucoup d'endroits, même dans les âges postérieurs, la vénération dont elles étaient en possession de temps immémorial. Elles se placent ainsi, dans l'histoire des religions, à côté des arbres et des pièces de bois grossièrement taillées dont le culte nous est également attesté [ARBORES SACRAE, xOAxo1V]. Il est possible que ]es adorations se soient adressées d'abord à des pierres véritablement tombées du ciel, c'est-à-dire à des aérolithes (les noms sémitiques de bétyle ou d'abadir, sous lesquels on trouve celles-ci mentionnées le plus souvent, assigneraient à ce culte [BAETYLIA] mie origine orientale, que d'autres faits encore mettent en lumière); puis qu'elles se soient ensuite tournées vers d'autres dont l'aspect singulier avait frappé l'imagination, ou dans lesquelles, par suite d'une circonstance quelconque, on croyait voir quelque chose de divin ; on donna enfin le même nom à des pierres travaillées, il est vrai, mais d'une manière trèsrudimentaire, affectant des formes purement géométriques et non pas faites à l'imitation du corps humain. Nous ne nous occuperons pas ici de celles qu'on habillait, ou auxquelles on ajoutait une tête, des pieds, des mains [ACROBLITuus], pour qu'elles eussent forme humaine. Ces transformations du bétyle et de l'arbre sacré ne sont pas ce que les écrivains grecs appelaient «pyol ),(Oot.
Les exemples les plus connus d'un semblable culte sont ceux que cite Pausanias : il y avait encore, au temps où il parcourait la Grèce, une pierre informe, dans le temple d'Hercule à Hyette, en Béotie 1, qui passait pour représenter ce dieu; à Orchomène, dans le même pays, trois pierres, qu'on disait tombées du ciel, étaient adorées dans le temple des Charites z; et à Thespies une pierre était l'image la plus ancienne et la plus vénérée d'Éros Le voyageur vit aussi à Pharae, en Achaïe, trente pierres quadrangulaires qui étaient considérées comme les symboles d'un pareil nombre de dieux, et il ajoute à cette occasion que, chez tous les peuples grecs, dans un temps très-ancien, des pierres non travaillées tenaient lieu des images qui furent les objets du culte des temps postérieurs Une pierre carrée représentait à Tégée, Zeus Teleios 5. Il y avait aussi à Cyzique un cippe triangulaire, a oeuvre de l'âge primitif », qui passait pour un don d'Athéné 6; et à Sicyone, une pierre pyramidale était adorée sous celui de Zeus Meiliehios 7. Héré, à Argos, n'eut d'abord d'autre image qu'une colonne 3; Apollon et Artémis n'a
vaient pas d'autre image, en beaucoup d'endroits, qu'une pierre plus ou moins allongée, en forme de pyramide ou de pilier : telles étaient celles d'Artémis Patroa, à Sicyone; d'Apollon Karinos, dans le gymnase de Mégare 10; tels aussi ces dieux sont représentés dans divers monuments. Une base sculptée du musée du Vatican 11 offre sur un de ses côtés l'image d'un arbre sacré portant l'arc, le carquois, la lance de la
déesse chasseresse; sur une autre face, on voit ( fig. 1499 ), une sorte d'obélisque drossé sur un piédestal et auquel un bois de cerf et une épaisse guirlande sont attachés à l'aide d'une bandelette: le vrai caractère de cette image de la déesse, qu'indiquent seuls au premier abord les attributs qui l'entourent, ne saurait être méconnu , si on la rapproche des monnaies où Artémis et
Apollon sont figurés sous une apparence semblable, par exemple celles de Gnossos en Crète 19, où l'on voit les armes de la déesse at
tachées à une colonne, ou celles d'Ambracie (fig. 500) , d'Orikos, d'Apollonie en Épire, de Mégare, de Byzance, d'Aptère en Crète 13, où Apollon a cette forme de borne ou de pilier conique
(xtnevtavoetStjç), qui est celle de I'AGYIEUS. De pareilles images d'Artémis et d'Apollon sont réunies sur les monnaies d'Illyricum en Epire 14; on les voit encore sur une pierre gravée (fig. 501) : à côté de l'un des piliers id tout à fait semblables à celui qui représente Apollon Agyieus sur les monnaies d'Orikos, on lit le mot AoxiA, surnom qui appartient aux deux divinités.
Zeus et Héra sont figurés de même sous la forme d'un cône allongé, sur des monnaies de Céos id ; et sur un vase peint 17 on voit un autel dressé devant une colonne sur laquelle on lit le nom mol. Les monnaies de l'île de Cypre offrent l'image d'Aphrodite, telle qu'on l'adorait à Paphos (fig. 502) sous l'appa
rence d'une haute borne ou d'une pyramide 18
ARG 414 ARG
Pausanias 19 appelle aussi âpybs nfOos, la pierre qu'on voyait près de Gythium en Laconie, connue sous le nom de Zsts KaaaotTas (équivalent, en dialecte dorien, de xa-ruItad-tyr,), c'est-à-dire de Jupiter qui apaise : Oreste, après s'y être assis, avait été guéri, disait-on, de sa fureur. Toutefois l'auteur grec ne dit pas que cette pierre fût l'objet d'aucun culte. Il parle encore 20 de la pierre qu'on montrait à Delphes, comme étant celle que Kronos avait dévorée à la place de Zeus enfant [sATORNUS] ; on l'oignait d'huile et on l'enveloppait de bandelettes : c'était très-vraisemblablement un bétyle ou aérolithe, vénéré comme un symbole de Jupiter 21
Dans le culte des Hermès comme dans celui de l'Agyieus, on peut retrouver la tradition des temps primitifs où les images des dieux protecteurs des chemins étaient des pierres brutes ou grossièrement taillées [IIERMAE].
On suit la trace du culte ancien des pierres dans des usages conservés jusqu'aux derniers temps de la Grèce. Théophraste peint le superstitieux qui prend soin de répandre l'huile sur les pierres des carrefours et qui plie le genou devant elles; et Socrate oppose quelque part 23 aux incrédules qui n'ont de religion pour rien de ce qui est sacré, les dévots exagérés qui adorent toutes les pierres, tous les morceaux de bois, toutes les bêtes qu'ils rencontrent. Lucien, à son tour n, montre un homme adonné aux mêmes pratiques, s'inclinant et priant devant les pierres qu'il voit ornées de couronnes et arrosées d'huile. Plus tard encore Clément d'Alexandrie fait allusion à ces pratiques presque dans les mêmes termes n. On les retrouve aussi dans les auteurs latins 26, On parlera ailleurs de ce qui concerne particulièrement le culte du dieu