Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ARISTAEUS

AIIISTAEUS (Aptn-aîoç). I. Aristée, dieu purement hellénique, comme son nom seul, voisin de ptc.2oç (très-bon), suffirait à le prouver. Il est bienfaisant, civilisateur et pastoral. En particulier, il préside aux troupeaux , à la chasse à l'éducation des abeilles à l'art de cailler le lait aux cultures de divers genres, notamment à celle de la vigne et de l'olivier et à la plantation des arbres 3 ; on lui attribue le mélange du miel et du vin 6 ; il possède l'art médical et la science de l'avenir 7 ; il est musicien, à ce qu'il semble 3 ; il garantit contre les ardeurs de la canicule et a appris aux hommes à en observer le moment La plus ancienne tradition et la plus répandue rattache Aristée à la Thessalie. Hésiode l'avait conservée dans les eeées 10, Pindare l'a reprise dans lalx'Pythique H : Apollon, charmé de la beauté de la nymphe Cyrène, la transporta sur un char d'or, du mont Pélion en Libye ; elle mit au monde Aristée au lieu où la ville de Cyrène fut bâtie dans la suite. Nourri de nectar et d'ambroisie, l'enfant devint un dieu. C'est en Thessalie qu'il grandit, en gardant les troupeaux des Muses dans la plaine de Phthie, au pied de l'Othrys et sur les bords de l'Apidanus. La tradition libyenne de Cyrène est étroitement unie à celle de la Thessalie. De, Cyrène il serait parti pour aller régner en Arcadie, où il enseigna aux hommes la culture des abeilles, l'usage du miel, du lait caillé, et leur apprit à observer le lever de Sirius 72 ; le héros Arcas connut par lui l'art de travailler la laine 13. C'est à Céos que le mythe d'Aristée prit le plus de développement. Le fils d'Apollon serait venu de Thessalie dans cette île avec des Arcadiens, par ordre de son père 14, que les habitants suppliaient de mettre fin à une extrême sécheresse. Après qu'il eut sacrifié à Zeus Ikmaios, les vents étésiens commencèrent à souffler et rafraîchirent l'archipel durant quarante jours 16. Il institua aussi sur les hauts lieux de l'île un culte en l'honneur de Sirius, qui continua d'être exactement pratiqué; les prêtres d'Aristée observaient chaque année le lever de l'astre et accomplissaient des sacrifices expiatoires t6. Un autre itinéraire fait passer Aristée de Libye en Sardaigne f7, en Sicile 18 et dans d'autres îles, partout enseignant la culture et répandant ses bienfaits ; puis en Thrace, où se place son amour pour Eurydice, et la poursuite dans laquelle elle périt de la piqûre d'un serpent 10 Aristée, après avoir été initié par Dionysos, disparut de la vue des hommes sur le mont Humus 20. On le trouve encore en Béotie, où il épousa Autonoé, fille de Cadmus, et eut pour fils Actéon et ; en Eubée ; il éleva Dionysos dans cette île n2, ou selon d'autres dans l'île de Nysa, où Ammon avait porté le jeune dieu 2'. Aristée a été identifié avec Zeus, à Céos, sous le nom de Zeus Aristaios 24; nous avons parlé de ses supplications et de son sacrifice à Zeus Ikmaios, en Arcadie, le nom de Zeus Kynaitheus rappelle les ardeurs de la canicule 2' ; Zeus Melissaios26 et Zeus Meilicltios rappellent les abeilles et le miel d'Aristée. Il a aussi été identifié avec Apollon, dont il portait les épithètes de Nolfaios et de Agreus 27. IL Monuments figurés. On voyait à Syracuse une statue d'Aristée représenté avec Liber, que Verrès fit enlever 28. On conserve, au musée du Louvre, une statue d'Antinofis représenté comme Aristée; le pétase, la tunique, qui laisse nus l'épaule et le bras du côté droit, la houe les embades qui le chaussent, donnent à cette figure l'apparence d'un dieu champêtre R9. Une figure nue, représentant un jeune homme, sur le corps du quel sont posées des abeilles, a été expliquée comme une figure d'Aristée 30. Dans un relief de la Cyrénaïque, on le voit, un bélier sur le dos, le pedum dans la main, entouré de brebis et de poissons'`. Deux bronzes du musée du Louvre32, dont un est ici reproduit (fig. 519), le représentent de même portant un bélier sur ses épaules et vêtu comme un jeune berger. Nous citons, sans les décrire, quelques vases peints dans lesquels on a cru reconnaître le personnage d'Aristée, mais sans aucune certitude u. Sur les monnaies, le plus souvent la tête seule d'Aristée est figurée; elle est imberbe ou barbue, laurée, quelquefois dans un cercle de rayons, et offre la ressemblance soit de Zeus (fig. 520), soit d'Apollon. On y voit aussi d'autres fois Sirius figuré par un chien entouré de rayons. Ces monnaies, pour nous borner à une énumération rapide, appartiennent à Céos en général, aux villes de cette île, Toulis, Carthaea, Coresos ou Co resia ; à Sicinos, à Corcyre, à Zacynthe ; aux îles illyriennes de Issa et de Pharos ; enfin à Naples'`. K. BL0S 'ET,.