ARNIS (°Apvtç, âpvrltç). Fête expiatoire célébrée à
Argos, dont l'origine est expliquée par des récits de Conon et de Pausanias', différents seulement en quelques points. On disait que Psamathé, fille du roi d'Argos Crotopus, ayant eu d'Apollon un fils, Linus, avait été mise à mort par son père, et que l'enfant, exposé et recueilli par un berger, avait été déchiré par les chiens. Apollon irrité envoya une peste aux Argiens, ou, suivant la tradition recueillie par Pausanias, Poinè (Ilotvii), monstre qui personnifie la maladie pestilentielle 2. Il commanda à ceux qui l'imploraient d'apaiser Psamathé et Linus. « On envoya, dit Conon, les femmes et les jeunes filles pleurer Linus. Celles-ci, joignant à leurs supplications des larmes, déploraient non-seulement Linus, mais encore leurs propres infortunes... Le mois fut appelé Apvtiéç «le mois des brebis), parce que Linus avait été élevé au milieu des brebis. On institua un sacrifice et une fête nommée la fête des brebis ('Apvtç) ; en ce jour on tue tous les chiens qu'on peut rencontrer. Mais le mal ne cessa que quand Crotopus, d'après l'ordre de l'oracle, eut quitté Argos pour aller fonder une ville dans la Mégaride ; il la nomma Tripodiscium et s'y fixa. n Dans le récit de Pausanias, cest un jeune homme appelé Coroebus qui délivre Argos en tuant le monstre Poinè, et pour expier le meurtre s'exile d'Argos et va fonder Tripodiscium.
Stace `, développant en vers ces récits, parle de la rage des chiens (dira canum rabies) qui avaient mis en pièces le jeune Linus, et d'après Athénée, qui appelle la fête célébrée par les Argiens Kuvo?tIvtts (massacre des chiens), cette fête avait lieu pendant les jours caniculaires° : c'est l'époque où les cérémonies de divers cultes rappelaient la vie partout détruite ou menacée par les feux du soleil [ADONIS, LUNUS, 1IYACINTn1A]. On peut donc considérer 9 la fête dans laquelle on tuait les chiens comme une de ces fêtes anciennes de l'été, qui avait plus particulièrement rapport, à Argos, à l'influence de Sirius, l'astre caniculaire. Peutêtre s'appelait-elle Apvts, parce que les Argiens s'efforçaient alors d'apaiser par leurs sacrifices Apollon Kapvel'oç, le dieu du soleil, qui est en même temps le dieu des troupeaux, afin qu'il épargnât leurs brebis. Il est à remarquer que c'est aussi au mois d'août que les Romains sacrifiaient des chiens, pour détourner les effets de la rage à laquelle ces
animaux sont sujets à ce moment de l'année, ou l'influence funeste de l'étoile de la canicule.
On voit (fig. 537) sur un vase peint, découvert à Chiusi en 1850 e, Crotopus revenant de son exil volontaire, tenant encore en main le bàton de voyageur. Il reçoit de la Victoire la couronne pour prix de son dévouement et ordonne d'immoler un chien à Apollon. Le dieu qui envoie la peste et qui est en même temps le dieu sauveur et purificateur [AroLLo] étend le rameau lustral au-dessus de l'éphèbe qui saisit l'animal destiné au sacrifice. E. SAGLIo.