Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ASBESTUS

anciens ont possédé l'art de tisser les substances minérales filamenteuses qui portent encore les noms grecs d'asbeste et d'amiante, et d'en fabriquer des étoffes incombustibles. On en tira pendant longtemps principalement de Carystus eu Eubée', au sud du mont Ocha, qui n'en fournissait déjà plus au temps de Plutarque mais où les voyageurs modernes en ont cependant retrouvé des veines On en trouve aussi dans l'île de Cypre 4, en Arcadie °, dans l'Indes ; peut-être aussi dans la partie des Alpes qui est aujourd'hui la Tarantaise, dans la Corse et les Pyrénées, d'où il en vient encore de nos jours. Ils en faisaient des tissus qui, jetés au feu, se nettoyaient et n'en étaient point attaqués. Plutarque mentionne des serviettes (XEtpdp.axTpa), des filets (iix'rua), des serre-tête (xuxpotpri),ouç) de cette matière; mais il n'est pas probable que l'on en ait fait d'autres vêtements, à cause de sa rudesse, et Pline en parle comme d'une curiosité qui se vendait aussi cher que les perles fines. Sa résistance à l'action du feu devait suggérer l'idée d'en fabriquer des mèches de lampe : celle de la lampe allumée nuit et jour dans le temple de Minerve Poliade à Athènes paraît avoir été d'amiante 6. Elle la rendait également propre à servir de linceul pour les corps que l'on brûlait sur un bûcher et à en conserver les cendres sans mélange. Et, en effet, on a rencontré à Pouzzoles, en 4633, un linceul de ce genres, et à un mille de Rome, en 1702, dans un sarcophage, il s'en trouva un second qui renfermait encore un crâne et des ossements calcinés. Ce linceul, conservé à la bibliothèque du Vatican, ne mesure pas moins de in,8372 de longueur sur lm,6185 de largeur'. E. SAGLIO.