Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ASCIA

ASCIA (Exsaapvov, Tvrdç). Nom donné à des instruments dont la forme et l'emploi diffèrent, mais qui ont tous entre eux une certaine analogie. La diversité résulte à la fois des textes où cet emploi est indiqué et des exemples fournis par les monuments où des outils, qui répondent aux indications des auteurs, se voient dans les mains d'ouvriers appartenant à des métiers distincts. Ainsi ils nous apprennent que fascia servait à couper, à creuser, à aplanir le bois', comme la cognée, la doloire ou l'erminette des char pentiers, des tonneliers, des charrons, et plusieurs bas-reliefs où sont représentés des ouvriers qui travaillent le bois [TIGNA nous la montrent en effet dans leurs mains : tel est celui que reproduit la figure 561, représentant, d'après un bas-relief romain', un fabricant de meubles. Dans une sculpture d'un tombeau gallo-romain (fig. 562), FASCIA est dessinée avec une netteté parfaite.Les maçons, d'autre part, et les tailleurs de pierres s'en servaient pour casser la pierre, la dégrossir et la polir'; pour trancher la chaux et mélanger le mortier La figure 563, d'après un bas-relief de la colonne Trajane6, montre un ouvrier militaire occupé àcette ASC = fk65 _ ASE opération; les figures 564, 565, 566, représentent, d'après des objets trouvés à Pompéi", des outils tout à fait semblables à ceux qui sont encore employés dans la construction. Un auteur agricole appelle aussi ascia la pioche ou la houe, soit simple, soit à deux dents 8, qui sert à fouiller la terre [RASTER]. Tous les exemples que nous venons de citer, i auxquels on peut ajouter ceux qui sont reproduits ou mentionnés dans les articles relatifs aux divers métiers dans lesquels on travaillait le bois, la pierre ou le métal [FARRI], présentent dans leur variété des traits communs : tous en effet, se composent d'un manche de peu de longueur, auquel est adapté un fer à côtés inégaux; l'un de ces côtés au moins est tranchant et légèrement courbé, l'autre plus court est quelquefois pointu, quelquefois terminé par une tête plate. Les monnaies de la famille Valeria, où le mot ACISCULUS, surnom de L. Valerius, est rapproché de fascia ou ascicula qui lui sert d'emblème, fournissent une indication précise sur la forme de cet instrument ; mais sur ces mon paies aussi la forme de l'objet varie, et tantôt on le voit pointu des deux côtés, tantôt aigu ou tranchant d'un côté et aplati de l'autre (fig. 567 )10 On observe la même diversité dans la représentation de Fascia très-fréquente sur les tombeaux, particulièrement dans les Gaules Celtique et Narbonnaise. A côté de l'image d'un instrument de ce genre est gravée la formule : sua ASCIA DEDI cAVrT, qui a donné lieu à tant d'explications. Un antiquaire, Oudin, comptait jusqu'à trentetrois figures plus ou moins différentes placées à côté du nom d'ascia et ce nombre pourrait être grossi sans doute par l'examen de beaucoup de sépultures découvertes depuis le temps où il vivait. Le savant Mazocchi12 a fait un livre sur la formule sue ASCIA DEDICARE, et on pourrait en faire un autre des opinions nouvelles qui se sont produites sur le I. même sujet. Nous nous contenterons de citer à la bibliographie les dissertations les plus utiles à consulter sur cette question non encore péremptoirement résolue, et à rappeler que, d'après le sentiment qui a le plus généralement prévalu, dédier sous fascia, a c'est dédier un tombeau qui n'a pas encore servi, un tombeau neuf, qui sort des mains de l'ouvrier et qui est encore en quelque sorte sous la hache du tailleur de pierre u ». Tandis que d'autres y voient, par des raisons savamment déduites, l'emblème de la puissance protectrice des dieux souterrains. gardiens des sépultures, sous l'empire desquels est passé le défunt ',ou encore un signe rappelant l'accomplissement d'une formalité ayant pour but d'assurer la concession perpétuelle du terrain où le monument était construit'"'. E. SAGLIO.