Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ATTICISTAE

que les anciens entendaient par Atticisme un ensemble de qualités discrètes et délicates qui n'avaient jamais été réunies qu'à Athènes, et pendant l'époque qui s'étend des guerres médiques jusqu'à Alexandre 1. L'admiration pour les chefs-d'oeuvre qui furent alors produits, fut si vive qu'on essaya de transporter l'atticisme dans d'autres pays. Rome aussi eut ses Attiques, à qui déplaisaient l'ampleur et l'abondance de Cicéron, et qui voulaient ramener l'éloquence à des formes plus simples. Cette école, contre laquelle Cicéron lutta énergiquement, avait pour chef ses amis, l'orateur-poète Calvus, et Brutus, le meurtrier de César. Elle ne fut pas sans influence sur le caractère que prit l'éloquence au temps de l'empire 2. En Grèce, des grammairiens eurent de bonne heure l'idée de recueillir les termes et les formes de mots particulières qu'avaient employés les grands écrivains de l'époque attique, et d'en former des dictionnaires (auvaylayai 'nix v XiEwv), que consultaient les gens qui se piquaient de bien écrire. Quelques-unes de ces élucubrations nous sont parvenues plus ou moins altérées ou abrégées. Elles ont été composées par des écrivains qui vivaient du temps AUC 5443 AIJC des Antonins ou vers la fin de l'empire. Nous y voyons que le goût de ces atticistes, comme on les appelait, était en général fort étroit et très-exclusif. Ainsi, deux d'entre eux, Phrynichus et Julius Pollux, ne voulaient pas donner une place à Ménandre parmi les Attiques. Vers la même époque, c'est-à-dire du temps d'Hadrien et des Antonins, un certain nombre d'écrivains, mécontents de cette langue commune(xotvl «aexros)qui s'était formée d'une sorte de réunion et d'entente entre tous les dialectes, voulut revenir à la pureté de l'ancien langage. Ils affectaient surtout de n'employer que les termes en usage dans le vieux dialecte attique. Les plus connus de ces atticistes furent Arrien, Élien, Aristide et surtout Lucien. G. BoISSIER.