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BALLACHRADES (Baaaaxp«SEç). Fête argienne ainsi publics ou intendants (actuariï). C'est ce qui paraît résulter
nommée du cri par lequel les garçons avaient l'habitude d'une inscription' qui servait d'enseigne au bureau du rece
de s'apostropher. Baa)axpSeç veut dire « qui lance des veur des bains. Le droit (vectigal) ainsi perçu se nommait
poires sauvages » : c'était, à ce que dit Plutarque 1, un balneareouhalneaticum°.Dans lavilled'Antioche,lasurveil
souvenir de la première nourriture des habitants de cette lance des bains était un office (?.Et-oopyla) des décurions 5.
En général l'extraction et le chauffage des bains d'une ville municipale était une charge personnelle (menus personale); la ville fournissait au curator à qui elle incombait les fonds nécessaires 6, et il s'en acquittait sous le contrôle du cu
général et plus particulièrement bain chaud et artificiel et le local où oh le prend, par opposition aux bains froids naturels, pris dans les rivières, dans la mer, ou dans l'eau des sources'.
1. L'usage des bains, chauds aussi bien que froids, fut commun en Grèce dès un temps très-ancien. Aussi loin qu'on remonte à l'aide des auteurs, on voit les hommes et les femmes, non-seulement se plonger dans la mer ou les eaux courantes, mais aussi prendre des bains préparés dans les habitations. Nausicaa et ses suivantes se baignent dans le fleuve où elles viennent de tremper le linge °-; Europe et ses compagnes, dans les eaux de l'Anaurus 3; Hélène, dans l'Eurotas t. Les héros d'Homère se délassent par le bain chaud et les onctions d'huile des fatigues des voyages ou des combats, et le bain précède le repas 3. Ulysse et Diomède, au retour de l'expédition nocturne où ils ont conquis les chevaux de Rhésus, commencent par laver leur sueur dans la mer avant d'entrer dans une baignoire, âaâ i.tvOoç : c'est le nom dont Homère se sert chaque fois qu'il décrit le bain Nous devons nous figurer de pareilles baignoires comme de larges cuves où un homme pouvait entrer (iv t tvov) et se tenir tandis qu'on le lavait : l'épithète (sûsaTaç), qui est quelquefois ajoutée 7, et qui signifie bien taillé et poli, peut faire supposer que ces cuves étaient en bois ou en marbre. Cependant des cuves ou cuvettes d'argent de même nom, sont mentionnées dans l'Odyssée, mais ce sont des présents que Ménélas a rapportés d'Égypte 8.
Les détails du bain sont indiqués par Homère avec sa précision habituelle' : le feu est allumé sous un trépied ; au-dessus est posé un vase d'airain, où chauffe l'eau qui doit être versée dans la cuve @G-avtvtOoç) et mêlée à l'eau froide ; la personne à qui le bain est destiné entre dans cette cuve, et une autre la lave en répandant l'eau sur sa tète et ses épaules, puis la frotte d'huile et la rhabille. Ce sont des femmes qui prennent ces soins, ordinairement les servantes t0, ou les filles de la maison it ; quelquefois c'est la maîtresse elle-même : Hélène baigne en personne Ulysse qu'elle a reconnu sous son déguisement de mendiant ; Circé, Calypso lui rendent les mêmes services ". La simplicité primitive de ces moeurs paraissait déjà étrange aux anciens, dans un temps où elle avait disparu, et quelques scholiastes d'Homère, qui ont été suivis par plus d'un moderne 13, ont cherché des explications peu
nécessaires pour des textes que la précision des termes ne permet pas de détourner de leur sens véritable.
Dans les passages que nous avons cités d'Homère, le bain et les onctions sont considérés, ainsi qu'ils le seront toujours chez les Grecs par la suite, comme le soulagement le plus efficace après un travail fatigant 14, et qui est toujours offert à un hôte par celui qui le reçoit; mais ils ne sont encore d'un usage habituel et quotidien que chez les Phéaciens, plus adonnés à toutes les aises de la vie que ne l'étaient en général les Achéens, dont les moeurs sont dépeintes par le poëte 15. Ce luxe et ce bien-être, répandus plus tard dans la Grèce entière et dont les Ioniens furent les premiers, semble-t-il, à donner l'exemple, n'appartiennent pas à la Grèce des temps homériques. Bien des siècles plus tard, la fréquentation des bains chauds, hormis au gymnase,était considérée comme un signe de mollesse. Les anciennes lois d'Athènes ne permettaient pas d'en établir dans l'enceinte de la ville 1e, tandis que les bains froids et l'exercice de la natation faisaient partie de la première éducation 77. Les Spartiates seuls (pour ne pas parler des pays du Nord, en dehors de l'Hellade 18) demeurèrent fidèles à la rigueur des anciennes moeurs : ils se plongeaient tous les jours dans les eaux de l'Eurotas, et les bains chauds ne leur étaient permis qu'exceptionnellement19. A Athènes, au ve siècle, les défenseurs de l'antique discipline (âpxxfa 7rXISsix) protestaient vainement contre l'amollissement général : leurs recommandations de fuir les bains, d'en user au moins avec modération "0, prouvent à quel point en était poussé l'abus. A la fin de ce siècle, les hommes de vie austère, un Socrate", un Phocion 22, ou ceux que leurs fonctions contraignaient à garder un certain décorum 23, y mettaient seuls quelque retenue. On prit l'habitude de se baigner tous les jours, au moins avant le principal repas (SSï7cvov) 24, qui terminait la journée [CENA] : l'heure de ce bain était donc ordinairement vers le milieu de l'après-midi ; mais il n'y avait pas d'heure pour ceux qui se baignaient deux et trois fois par jour et même davantage25, ou plutôt qui faisaient leur séjour habituel dans les bains, devenus le rendez-vous des hommes oisifs (TpHx),not 2F), et des lieux de plaisir, où l'on soupait quelquefois et où on se livrait, avant et après le souper, aux exercices et aux distractions de toute espèce PI; aussi se plaignait-on qu'ils fussent plus fréquentés par les jeunes gens que les palestres 48, au grand détriment des bonnes moeurs 29.
Il y avait des bains publics (ôill2 1Œ, Sr,uoatuGovva), il y en avait aussi de privés (RSta, 1Stb9Ttxz) dans les riches maisons 30, et d'autres enfin qui étaient des entreprises particulières 31, On y entrait en payant. Une légère redevance (s'7d).ouvpov)11 était certainement due aussi par ceux qui
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diverses manières de prendre le bain chaud, quand l'habitude en fut devenue générale. Ordinairement ce bain précédait le bain froid 50. On se plongeait dans l'eau chaude et on la faisait répandre sur son corps, comme cela était déjà pratiqué au temps d'Homère; ou bien l'on provoquai tla sueur en se tenant dans une étuve sèche, c'està-dire dont l'air était sec et chaud 51, ou artificiellement remplie de vapeur par l'aspersion de cailloux ou de morceaux de fer incandescents ou du pavé du bain lub même ". Hérodote 55 mentionne le bain de vapeur comme une chose connue de tout le monde au y' siècle ; mais Hippocrate 54 dans les passages où il traite ex professo des bains, ne parle que de bains chauds et froids et d'allusions ; et Galien, en le commentant, remarque que les contemporains d'Hippocrate étaient mal montés en fait de bains 55. On peut donc se demander si les Grecs de ce temps avaient un local particulier pour s'étuver. Plutarque raconte 58, dans la Vie de Canon, que Damon fut assassiné pendant qu'on l'oignai t dans une étuve ; ailleurs le vruptarr',ptov paraît se confondre avec l' star+jptov 57 : il est probable que, pour cette partie des bains comme pour toutes les autres, les accroissements successifs, puis la distribution des diverses opérations dans des locaux séparés, se firent non par un progrès régulier, mais inégal, proportionné aux exigences de ceux qui possédaient ou fréquentaient les bains.
Les Grecs paraissent n'avoir connu que tard les dispo
mains. Ces noms mêmes sont latins ; le premier, malgré l'origine qu'il semble indiquer, se rencontre pour la première fois, non en Grèce, mais en Italie o8, vers la fin de la république, et peut-être y avait-il peu de temps que le genre de bainqu'ildésigneyavait étéapporté delaGrèceetdel'Orient. Remarquons toutefois que la forme la plus habituelle des bains à Athènes était celle d'une rotonde ayant un dégagement au centre, fermé par un ombilic de bronze ; que le nom de OéÀoç [THOLUS], qui s'applique â une construction circulaire couverte d'une coupole, était déjà employé comme le plus convenable pour désigner une partie du bain des Grecs, et que ce nom fut ensuite synonyme de laconicum0t.
Les Sybarites avaient eu les premiers, disait-on S0, des baignoires où ils pouvaient se coucher pour transpirer. Sans doute on se servit d'abord des bassins plus ou moins profonds où l'on prenait déjà les bains par immersion ; le nom de ces bassins (-éa),oç) s'est même confondu avec celui de l'étuve (7voia)B4. Les auteurs nomment proprement ^it)oç ou v.éx-rpa 62 une cuve où l'on pouvait entrer, comme dans l'«a«µtvOoç d'Homère, et assez vaste quelquefois pour que plusieurs personnes y pussent trouver place à la fois : c'est l'alveus des Latins ; le nom de ax«edl, que l'on rencontre aussi, devait s'appliquer à ceux qui avaient la forme allongée d'un bateau [sc.4Pnl;]. Une peinture de vase 83, non moins ancienne que la précédente, nous montre (fig. 746) des femmes se baignant à l'intérieur d'un édifice en forme de portique : les colonnes qui sou
tiennent l'entablement plongent dans l'eau, qui jaillit de têtes de sanglier, de lion, de panthère. Les quatre fem
mes s'y tiennent debout, recevant en douche l'eau dont se remplit le bassin et qui leur monte jusqu'à mi-jambe. Leurs vêtements sont suspendus à un long barreau transversal. Les noms de aua)oç ou de u.«xrpa peuvent convenir à ce bassin : ceux de xo)auudaOpa 10, qui signifie une piscine où l'on peut se plonger et nager, ou Saça ttvr 6J, qui est un nom commun à tout grand réservoir d'eau, seront donnés de préférence à un autre bassin représenté sur un vase inédit du musée du Louvre, qui porte la signature du peintre Andokides (fig. 747). On ne peut douter de l'étendue et de la profondeur de l'eau, où l'on voit une femme nager,
une autre prête à se jeter, où des poissons s'agitent, ce qui indique une piscine alimentée par une eau courante ; d'autre part, la colonne qui soutient une voûte, les coiffures qui y sont suspendues prouvent que la scène se passe à l'intérieur d'un édifice. Deux femmes sont sorties du bain; l'une d'elles verse l'huile d'une fiole dans sa main. De semblables représentations ne peuvent laisser de doute
aux miroirs gravés, où l'influence et souvent la main des artistes grecs est manifeste, bien qu'ils aient été trouvés en Italie, comme celui 76 que reproduit la figure 749. 11 vient de Palestrina, l'antique Praeneste, et est remarquable par la grâce du dessin. On y voit près d'un ),oucuip deux femmes, dont l'une verse sur l'autre l'eau contenue dans un vase élégant; à côté est un jeune homme, nu comme elles, tenant un strigile d'une main, de l'autre un vase à parfums [ALABASTRUMj et qui parait être le personnage principal. Est-ce un dieu, est-ce un homme ? Avons nous sous les yeux une scène de la vie réelle, traitée avec la Iiberté que l'art y mettait quelquefois? C'est ce qu'on ne peut décider en l'absence de tout renseignement au sujet des bains des Étrusques et des autres populations de l'Italie avant l'envahissement des habitudes grecques, qui devinrent prédominantes parmi elles et modifièrent aussi, comme on va le voir, les pratiques des Romains.
II. Le mot latin halneunt ou baliueutn vient du mot grec ('.sa).aveî'ov et. comme lui, signifie tantôt bain en général, tantôt maison de bains, et tantôt bain chaud et artificiel par opposition aux bains froids naturels que de tout temps l'on prit dans l'eau de la mer, des sources et des rivières. Ce nom se substitua, quand les moeurs grecques pénétrèrent à Rome, à l'ancien terme lavatrina ou tairina "5, qui n'exprimait pas la même chose. En effet, les Romains des premiers siècles ne faisaient pas, comme leurs descen dants, un usage quotidien et raffiné des bains ; assez tard même ils se contentaient encore de se laver chaque matin les bras et les jambes, le reste du corps tous les huit jours 73
C'est la pièce où l'on faisait dans la maison ces lavages, que l'on appelait lavatrina; elle était placée dans le voie
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sur la question de savoir s'il y avait en Grèce des bains communs pour les femmes, question qui peut paraître incertaine au moins pour les A théniennes, d'après ce (lue l'on sait de leur vie renfermée, mais qui est résolue par les textes comme par les monuments, sauf quelques distinctions à faire peut-être quant aux temps et à la condition de celles qui les fréquentaient 66
Autant sont rares les monuments qui représentent les bassins profonds auxquels s'appliquent les dénominations qui précèdent, autant sont abondants ceux où l'on voit figurées de grandes vasques circulaires (aou a(p, 10unjpi5V), montées sur un pied rond ou sur une colonnette {b7roa-7.ci1741ç Ou û77667.aTov) b7, auprès desquelles se tiennent des baigneurs, hommes ou femmes, nus, debout, plongeant leurs bras dans le bassin, se faisant arroser d'eau ou occupés des soins de leur toilette. Dans une peinture de vase 66 ici reproduite (fig. 748), un homme chargé du service du bain s'apprête à répandre (xa.av.)scîv, aiovav) n l'eau contenue dans un grand vase [ARTBALLOS] sur un personnage placé devant lui, tandis qu'un autre se racle avec un
blable est suspendu à la muraille, ainsi qu'un sac à éponge
ou une fiole d'huile tous ces accessoires se rencontrent habituellement dans les scènes de bain ou de gymnase Le mot Sllü(9~IA, inscrit sur le bassin, ne permet pas de méconnaître ici un bain public; et peut être en doit-on conclure que quelques uns des bains qui sont représentés de la même manière sur les vases 70 ont aussi ce caractère; niais les circonstances du sujet ne donnent pas ordinairement le moyen de les distinguer des scènes de toilette qui se passent à l'intérieur des habitations, ni de celles qui ont une signification religieuse ou mythologique 7t.
C'est dans cette dernière catégorie que l'on range d'ordinaire les images où cette interprétation est justifiée par la présence de l'Amour ou de génies ailés, ou même simplement d'hommes au milieu de femmes, les personnages éfant pris, en ce cas, pour des divinités; et il est vrai que dans les peintures des vases les dieux sont souvent représentés mêlés aux mortels, quelquefois sans attributs bien distincts, dans des scènes familières que leur présence semble destinée à relever et à placer dans une région idéale. Cette
explication, peut-être la meilleure pour des peintures appartenant à un temps où le mésange des sexes dans les bains n'avait pas encore cessé de paraître choquant 72, doit, en ce cas, s'étendre à d'autres oeuvres d'art, notamment
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sinage de la cuisine, afin que l'on eût facilement à portée l'eau chaude et les vases nécessaires pour la verser ". On peut déterminer à peu près l'époque où un changement se fit dans les usages par le rapprochement de deux textes déjà cités : l'un où Caton déclare qu'au temps de son enfance on n'avait pas encore l'habitude de se baigner tous les jours, l'autre où Sénèque décrit le bain de Seipion, le vainqueur d'Annibal, dans son habitation de Liternum, qu'il venait de visiter : a nu, étroit, obscur, éclairé non par des fenêtres, mais par des meurtrières ; l'eau n'y était pas filtrée, et, après des pluies violentes, elle pouvait être quelque peu bourbeuse... n Tout simple et primitif que fût ce bain, voilà cependant, dès la fin du me siècle avant Jésus-Christ, ou le commencement du l'exemple d'une pièce spécialement affectée à cet emploi dans une maison de campagne. Sénèque l'appelle balneum et balneolum.; balneum est aussi le mot dont se sert Caton, appliquant dès lors le nom d'origine grecque qui resta celui des bains plus complets, installés par la suite, soit, comme nous en verrons des exemples, dans les habitations particulières, soit dans des établissements publics (on appelait aussi ces bains balnearia) 77.
Ceux-ci existaient à Rome dès le temps de Caton et de Scipion; ils étaient placés sous la surveillance des édiles u. Nous pouvons nous les figurer commençant par la réunion de deux salles au moins, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes, séparées par un fourneau commun u ; peut-être y en eut-il dès le début un plus grand nombre, mais sans aucune des recherches que le luxe et les inventions nouvelles y introduisirent plus tard. On ne s'y rendait encore que pour s'y laver et on n'y employait que l'eau chaude mêlée de la manière la plus simple à l'eau froide. Les étuves et les bains de vapeur, empruntés aux Grecs, les calorifères placés sous le sol et enveloppant les chambres d'air chaud, sont des inventions du dernier siècle de la république, et qui ne reçurent même qu'un peu plus tard leurs derniers perfectionnements. Nous les expliquerons en décrivant successivement toutes les parties des bains romains. Ces innovations furent introduites vraisemblablement par le goût particulier de quelques personnes avant d'appartenir à tout le monde ; de même que certaines pratiques de toilette, énumérées dans un vers satirique de Lucite 80, qui devinrent les accessoires ordinaires des bains sous l'empire, n'étaient encore, lorsqu'il écrivait, au ne siècle avant Jésus-Christ, que les raffinements d'un petit nombre.
Les habitudes varièrent aussi quant à la fréquentation des bains publics. Dans les derniers siècles de la république,
1 des hommes de toutes les conditions s'y rencontraient ; il y en avait aussi pour les femmes, où se rendaient celles même des plus nobles familles 8'. Il est possible qu'il n'en ait pas été ainsi tout d'abord et que l'on ait eu quelque peine à s'habituer au bain en commun, au temps où l'on était séparé davantage par la différence des conditions et où l'austérité des moeurs ne souffrait pas que les hommes se dépouillassent les uns devant les autres 83. L'usage qui, beaucoup plus tard, ne permettait pas que le fils qui avait atteint l'âge de puberté se baignât avec son père, ni le gendre avec son beau-père 88, est un reste de l'antique sévérité ; mais elle dura peu : les jeunes gens qui se plongeaient 84 dans le Tibre au sortir des exercices du Champde-Mars, ou dans la piscine publique [PISCINA] ne devaient pas faire difficulté de se trouver ensemble dans les maisons de bains. Caton accusait l'influence des moeurs grecques d'avoir habitué les hommes à paraître nus, non-seulement devant d'autres hommes, mais même devant des femmes. Si cela arrivait, c'est sans doute quand ils se baignaient en plein air, par exemple, dans le voisinage des jardins qui bordaient le Tibre 88, car au temps de Caton, les bains des hommes et ceux des femmes étaient rigoureusement séparés ; il n'y en eut de communs aux deux sexes (communia, mixta balnea) que sous l'empire87, ce mélange fut un des symptômes les plus frappants et une des causes les plus actives de la dépravation des moeurs. Hadrien tenta d'arrêter cette licence ; mais s'il y réussit, ce ne fut que pour peu de temps. Les défenses faites par d'autres empereurs après lui n'eurent pas un meilleur succès 88. Même après l'établissement du christianisme, les exhortations des Pères de l'Église et les défenses des conciles montrent combien les efforts pour empêcher cette promiscuité restèrent impuissants es
Des particuliers, le plus souvent des affranchis, quelquefois de nobles personnages, étaient propriétaires90 de bains, affermés à un baigneur (balneator) et ouverts moyennant une faible rétribution (balnea meritoria). Il semble résulter d'assez nombreux passages des auteurs que le prix ordinaire fut longtemps un quadrans, c'est-à-dire le quart d'un As. Le prix devait varier d'ailleurs, comme la qualité des bains eux-mêmes, dont les amateurs savaient fort bien faire la différence, et les propriétaires vanter les avantages 91; les femmes paraissent avoir payé plus cher l'entrée des bains qui leur étaient spécialement destinés 93 ; les enfants seuls ne payaient rien 85. Quand il est question de bains gratuits, cela veut dire sans aucun doute que quelqu'un , par libéralité ou pour capter la faveur du peuple, s'était chargé seul de toute la dépense 94.
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Lorsque le bain fut entré dans les habitudes, au point que l'on ne put plus s'en passer un seul jour, il y eut dans toutes les villes des établissements qui devinrent pour elles une source de revenus [BALNEARE] ; de simples villages mêmes en possédaient, et quelquefois plusieurs". ARome, leur nombre s'accrut sans cesse; Agrippa, pendant son édilité, en ajouta 470 à ceux qui existaient déjà 96 ; Alexandre-Sévère en construisit dans les quartiers qui en étaient encore le moins bien pourvus 97. D'après les anciennes descriptions de Rome, on n'en aurait pas compté finalement, au temps de Constantin, moins de 856 0R. Dans ce nombre ne sont pas compris les immenses thermes bâtis successivement par Agrippa, puis par plusieurs empereurs, constructions qui couvraient de vastes espaces et comprenant, outre les différentes sortes de bains, un grand nombre de salles, de portiques et de cours spacieuses pour les exercices gymnastiques, les jeux, la conversation, la lecture, même pour boire et manger. Ces édifices compliqués, aussi bien que les gymnases des Grecs 99, doivent être étudiés à part [TIIERMAE, GYMNASIUM]. Nous ne parlerons ici que de ce qui constitue les bains à proprement parler. Les vestiges qui en subsistent encore sur tant de points de l'ancien monde romain, permettent de se rendre, avec l'aide des textes, un compte assez exact de leurs dispositions.
Des exemples de l'installation la plus simple se rencontrent dans quelques habitations de Pompéi: c'est l'ancienne lavatrina, consistant en une seule pièce voisine de la cuisine et où est ménagé un écoulement pour l'eau. Nous citerons la maison dite du Faune ou de la Grande Mosaïque 100 Celle du Labyrinthe 101 possède un bain situé de même, mais qui se compose de trois chambres et par son plan et ses dispositions se rapproche des bains plus complets dont nous donnerons plus loin des exemples. Celui de la maison de Livie, à Rome, que les fouilles du Palatin ont fait découvrir il y a peu d'années 1022, se réduit à deux chambres (fig. 750), de cinq mètres environ en carré, dans l'une desquelles est un fourneau. Tels devaient être encore à Rome, à la fin de la république, les bains même d'importantes maisons; on va voir combien le luxe se développa rapidement dans cette partie des habitations. Cela est frappant surtout quand on compare la maison qui vient d'être citée avec celles de Pompéi, qui n'était qu'une fort petite ville et qui fut détruite, comme on sait, en l'an 79 après Jésus-Christ; mais elle était située dans une partie de l'Italie où les habitudes grecques avaient anciennement pénétré. Il n'est pas douteux que les Romains, à mesure que ces moeurs furent adoptées par eux, y accommodèrent partout leurs constructions. Après l'usage
journalier du bain chaud, qui fut de bonne heure général t0', ils prirent successivement aux peuples voisins qui étaient déjà convertis à ces pratiques, les étuves et les bains de vapeur, et toutes les combinaisons de l'eau chaude et de l'eau froide.
Un homme qui resta célèbre par la recherche et les raffinements de sa vie, Sergius Orata, au commencement du dernier siècle de la république, fit élever le bain audessus d'un hypocauste 101 ou souterrain rempli d'air chaud [HYPOCAUSTUM], invention ensuite perfectionnée par celle des conduits de chaleur circulant dans les murs, qui répandaient également la chaleur dans toutes les parties d'une salle 105. Mécène, vers la fin du même siècle, eut, le premier à Rome 106, une de ces vastes piscines d'eau chaude où l'on pouvait nager (xo),up.e. epa, colimbus 101, calida piscina 108). C'est dans le même temps qu'Agrippa construisit les vastes thermes qui portèrent son nom, où toutes les commodités et tous les perfectionnements furent mis au service de tous, et notamment les étuves grecques que l'on voit désormais fréquemment désignées par le nom de laconicuna 108 ; elles étaient certainement déjà connues en Italie 110 Auguste suait devant le feu, et ensuite se faisait arroser d'eau dégourdie ou chauffée au soleil 111 Les uns, après avoir transpiré, se faisaient ainsi répandre l'eau, chaude ou froide, sur la tête et sur le reste du corps 112 ; les autres se plongeaient immédiatement dans un bassin qui contenait l'une ou l'autre 113, ou passaient sans transition de l'étuve dans l'eau glacée 114. La manière de se baigner ne varia pas seulement selon les préférences et la fantaisie de chacun, ou pour obéir à des prescriptions hygiéniques : il y eut aussi des changements qui entraînèrent tout le monde, et il semble que la mode y ait eu quelque part. Ainsi l'eau froide fut mise en grande faveur au temps de Pompée par le médecin Asclépiade 115 ; puis, à la fin du règne d'Auguste, par Antonius Musa 113, qui guérit l'empereur grâce à ce traitement, et encore, sous Néron, par Charmis de Marseille", qui prescrivit à son tour l'eau froide en plein hiver. Des vieillards mêmes se firent un mérite de la supporter aussi froide que possible. Sénèque, qui se vantait d'avoir été un de ces amateurs d'eau froide (psychrolutes) et de s'être plongé au 4e" janvier dans l'eau de Vaqua Virgo, y renonça pour celle du Tibre, un peu moins glacée, et en revint finalement à celle d'une baignoire chauffée au soleil 118. D'autres personnes prenaient le bain chaud à une température que l'on pouvait à peine endurer 118.
Sans nous occuper davantage de ces variations, nous (lirons que le bain normal et complet, à Rome comme en Grèce, jusqu'à la fin des temps anciens, se composait essentiellement de trois actes, à savoir, l'étuve, le bain d'eau chaude et le bain d'eau froide 180 ; à quoi il faut en ajouter un quatrième, qui, pour ne pas faire partie du
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bain à proprement parler, n'en était pas moins jugé indispensable, l'onction d'huile accompagnée de frictions, qui précédait ou suivait les autres opérations 12' [ALIPTA, UNCTIO].
La distribution du bain, même dans les habitations particulières, répondit à cette succession d'actes. Les salles qui paraissaient le plus nécessaires étaient celles en effet que l'on trouve réunies habituellement : l'une pour le bain chaud (cella caldaria, caldarium 12?), une autre pour le bain froid (cella fi'igidaria, friyidariurn 123), et entre ces deux premières 126 une troisième, où l'on entretenait une chaleur tempérée (cella tepidaria, tepidarium '°'), mais où il ne se trouvait d'ordinaire aucune espèce de baignoire ou de réservoir d'eau. Les baigneurs la traversaient une première fois et y demeuraient quelque temps avant d'entrer dans le caldarium 126, afin d'amener graduellement le corps par une transpiration légère à supporter la température élevée de cette dernière pièce ; puis une seconde fois, en sortant du caldarium, avant de passer dans le frigidarium de manière à adoucir encore la transition 129. Cette salle intermédiaire servait aussi quelquefois pour se déshabiller ou pour faire les onctions, quand un local distinct (apodyterlum f08, unctorium 129, destrictarium 130), n'avait pas reçu une de ces affectations spéciales.
On reconnaîtra cette distribution dans le plan (fig. 751) d'un étage de la maison découverte à Pompéi, en 1769, en présence de l'empereur Joseph II ; elle a été depuis ensevelie de nouveau, mais les dispositions nous sont connues par les dessins de Mazois 131. Un étage souterrain de cette maison, qui en avait trois s'élevant par des terrasses successives de la mer vers la ville, renferme toutes les pièces nécessaires au bain des maîtres et des serviteurs. On y arrive par un escalier, 1, suivi d'une pente douce, qui aboutit, 2. à l'officine du bain. Là se trouve, a, le fourneau (fornax "1), où l'on chauffait l'eau, à côté d'une pièce sans jour, 4, dont la destination n'est pas déterminée ; deux baignoires, b, b, pour les esclaves étaient placées dans un des angles. Le bain des maîtres est séparé
de cette partie destinée au service. Une première chambre ou large passage, 5, qui pouvait servir d'apodyterium, conduit à trois pièces placées sur une même ligne, dans les
quelles il est facile de reconnaître les trois pièces essentielles du bain : le tepidarium, 6, placé entre le caldarium, 7, et le frigidarium, 8. Le caldarium est chauffé par un fourneau dont on voit la saillie dans l'officine contiguë, au point marqué 3. Les proportions et la forme de cette salle, plus longue que large, arrondie à l'une de ses extrémités, carrée à l'autre, sont celles que l'on rencontre le plus ordinairement dans cette partie du bain 133 ; nous nous contenterons de les signaler quant à présent, de même que le plan circulaire du frigidarium contenant un bassin autour duquel des niches sont placées symétriquement. La voûte de cette salie s'élève en cône jusqu'à la terrasse de l'étage supérieur, où elle aboutit par une ouverture que l'on fermait à volonté, au moyen d'un tampon de pierre 136.
Dans la belle habitation 135 connue sous le nom de villa de Diomède, qui est située en dehors de l'enceinte de Pompéi, le bain forme un petit quartier à part, En voici
le plan (fig. 7521. L'entrée, 1, donne accès d'abord dans une cour triangulaire, avec galerie couverte, 2, sur deux de ses côtés. Au mur qui forme le troisième côté est adossé un bassin (piscine, baptislerium), mesurant 2'1,17 sur 2",85, revêtu en stuc et pourvu d'un rebord dallé en marbre ; on y descendait par des degrés. L'eau, versée par un masque appliqué au mur élégamment décoré de peintures, s'écoulait au dehors par un conduit. On préférait quelquefois l'eau ainsi recueillie dans une piscine en plein air, moins froide que n'était d'ordinaire celle du frigidarium 138. Un toit, dont on voit encore les attaches, supporté par deux colonnes, abritait le baigneur contre les rayons du soleil. A l'extrémité de la galerie qui se dirige vers la gauche est un dressoir auprès d'un foyer sur lequel on pouvait faire chauffer les boissons ou les mets dont on faisait usage pendant le bain 137. En suivant celle qui faitfaceàl'entrée, on rencontre, à droite, une première pièce, 3, dont tout le tour était garni de tablettes ; c'était vraisemblablement l'endroit où l'on déposait ses vêtements et où l'on gardait peut-être aussi l'huile, les parfums, les strigiles et autres objets nécessaires à la toilette ; de là on passait dans le frigidarium, 6, puis dans le tepidarium, 7, et enfin dans le caldarium, 8, dont une coupe (fig. 753)
rium de la maison du Labyrinthe et comme celui qui est représenté au n° 7 de la figure 751, celui-ci s'arrondit en hémicycle à l'une de ses extrémités et se termine carrément à l'autre, où est placée la baignoire, F, en stuc, et qui était autrefois revêtue de marbre en dehors. Une mosaïque, A, est étendue comme un tapis au milieu de la salle. Au fond, une petite vasque, M, recevait l'eau d'une fontaine alimentée par un conduit, N, venant d'un réservoir voisin. On voit ce réservoir à l'angle supérieur du plan général, dans un espace entièrement clos. Un autre conduit, B, amenait l'eau jusqu'à la chaudière, C, (fornax, hypocausis). Celle-ci était double, c'est-à-dire que deux récipients étaient superposés l'un à l'autre, comme on le voit dans la coupe (fig. 753), l'un placé immédiatement au-dessus du feu, contenant l'eau bouillante, l'autre, plus haut, où elle était seulement tiédie. L'eau tiède n'était introduite dans Je vase inférieur qu'à mesure que celui-ci se vidait, le remplissant ainsi sans le refroidir 189. Il était donc facile, au moyen de robinets correspondant aux deux vases, de se procurer un bain à la température que l'on souhaitait. Tout l'appareil de chauffage, à savoir, le foyer au-dessus duquel étaient suspendues les chaudières, C, un fourneau de cuisine, D, et un autre plus grand, E, est placé en dehors du caldarium, dans la partie marquée 9 sur le plan d'ensemble (fig. 752). On voit sur ce même plan une cuve de forme allongée, B, adossée au mur du frigidarrum. Une table en pierre est appuyée au mur du fond. En 40, était un escalier en bois, qui a été détruit.
mieux comprendre la construction 13s. Comme le calda
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et un plan sur une plus grande échelle (fig. 754) feront La température du caldarium était maintenue à un degré élevé au moyen de l'air chaud qui l'enveloppait de toutes parts. En effet, au-dessous du pavé est un souterrain communiquant avec l'endroit où le feu était allumé (praefursium, propnigeum, fornax, hypocausis 140), de manière que la chaleur y pénétrait, et, pour qu'elle se propageât jusqu'au bout, une légère inclinaison élève l'aire ainsi suspendue vers l'extrémité opposée au foyer. Des tuyaux en terre cuite, percés de trous, servent de supports ; des briques longues sont posées sur ces petits piliers, et par-dessus ces briques un dallage, recouvert lui-même par la mosaïque. On a suivi ici tous les conseils donnés par Vitruve 441 pour la construction des suspensurae. C'est l'invention de ce système de suspension de la chambre de bain au-dessus d'un vide rempli d'air chaud (suspensurae, bainea pend/in), qui était attribué 143 à C. Sergius Orata, et au commencement du i siècle avant Jésus-Christ. Le chauffage des parois latérales au moyen de conduits d'air chaud en fut le complément un peu plus tard'''. Les ruines des maisons romaines en ont fourni d'abondants exemples, aussi bien que des suspensurae. On y reviendra quand il sera question du chauffage des habitations en général [HVPOCAUSIS, n.YPOCAUSTUM]. Les exemples que nous citons ici et plus loin 1°8 suffiront à montrer l'application dans les bains de ces moyens de chauffage. Comme on le voit par le plan, dans l'espace qui sépare le gros mur de son revêtement à l'intérieur de la salle, G, ont été introduites des briques dont un des côtés est garni de tenons (tegulae mammatae 1"), en sorte qu'il reste un isolement entre la brique et le mur, et que l'air chaud venant de l'hypocauste circule par autant de canaux (tubi, alveoli, cuniculi 148)
qu'il y a de rangées de briques.
Le calaaa tum est la seule pièce qui fût ainsi chauffée dans le bain de la villa de Diomède, bain de petites dimensions, où l'eau et la chaleur étaient habilement ménagées et distribuées dans un étroit espace. Le tepidarium, qui en est voisin, n'était chauffé ni par un hypocauste, ni par des conduits latéraux : on se contentait sans doute, pour en élever légèrement la température, d'y apporter un grand réchaud plein de charbons (foculus), et ce moyen était employé même dans de grands établissements, par exemple dans les bains publics de Pompéi, où ont été trouvés 1)7 des réchauds semblables.
Nous nous sommes servi jusqu'à présent du mot caldarium pour désigner l'endroit où on transpirait et où l'on prenait le bain chaud ; c'est le terme le plus général ; mais on en rencontre d'autres, correspondant aux différentes sortes de bains qui tantôt s'y trouvaient réunis, et tantôt, quand on disposait d'un plus grand espace, étaient distribués dans des locaux séparés. Ainsi les mots calda lavatio 1"3 s'appliquent proprement au bain d'eau chaude; sudalio et sudatorium 149 à l'étuve ; laconicum, à une étuve d'une espèce particulière que nous allons expliquer.
La salle qui dans la plupart des bains romains renferme à la fois les étuves et les bains chauds, a généralement la forme de ceux que l'on vient de voir, et les proportions recommandées par Vitruve : sa longueur dé
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passe environ d'un tiers sa largeur ''0 ; elle est, à l'une de ses extrémités, arrondie en forme d'abside, et sous la voûte hémisphérique (hemisphaerium) de cette abside est un bassin rond, peu profond, le labrumm, qui n'est autre chose que le ),ourlip des Grecs, autour desquels les baigneurs se plaçaient pour se laver et s'arroser d'eau chaude ou d'eau froide '" ; à l'autre extrémité est la baignoire où l'on se plongeait : c'est le aSEaoç des Grecs, que désignent les noms très-généraux de calda lavatio ou d'alveus, mais qui recevait encore, selon sa forme ou sa capacité, ceux de descensio 153, si l'on y descendait par des degrés ; de sciions 1", si l'on pouvait s'y asseoir, soit sur les degrés mêmes, soit sur des banquettes disposées à cet effet; de natatio calida piscina 1a5, Oepu i ôE auevr 156
assez grandes pour qu'on pût v nager. On voit ici (fig. 755)
une baignoire en marbre du musée du Louvre, provenant des thermes de Rome tas; plusieurs musées possèdent des cuves de ce genre en marbres de prix, en porphyre, etc. A Pompéi on en a trouvé aussi qui sont en bronze et, par la forme, toutes semblables à celles dont nous nous servons actuellement 159 Plus ordinairement le bassin était creusé et placé plus bas que le niveau du sol.
Une coupe (fig. 756) du caldarium des bains publics de
Pompéi, montrera la construction de cette salle tao elle est placée au-dessus d'un hypocauste ; une voûte cintrée la couvre dans toute sa longueur, d'où le nom donné aussi à cette pièce, de concamerata sudatio; à l'un des bouts est l'alveus : il est de marbre, assez grand pour contenir huit à dix personnes, entouré d'un haut rebord (pluteus), précédé de deux degrés en dehors et garni en dedans d'un gradin sur lequel on pouvait s'asseoir, tandis que l'autre côté offre un dossier incliné (pulvtnus) "1; à l'autre bout on aperçoit l'hémicycle où se trouve le labrunz, avec un espace libre tout autour (schola)16t où pouvaient se tenir ceux qui attendaient le moment
d'approcher du bassin à leur tour ; un second dessin, en perspective (fig. 757), de cette partie du bain en facilitera l'explication. Au milieu de la voûte est percé un jour
(lumen), qui pouvait ê
tre ouvert ou fermé au moyen d'une sorte de bouclier circulaire (clipeus), ou d'une cloche de métal s'adaptant exactement à l'ouverture : en tirant ou
en relâchant les chaînes auxquelles la plaque était suspendue 163 on laissait entrer de l'air froid et échapper l'air chaud et la vapeur amassés sous la coupole, et
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ainsi on réglait à volonté la température. Trois fenêtres carrées sont placées à la voûte près de l'entrée de l'hémicycle de manière à répandre la lumière principalement dans cette partie de la salle. Vitruve voulait qu'elle tombât directement sur le labrum, afin qu'elle ne fût pas obscurcie par les personnes se tenant autour du bassin.
Toutes ces dispositions sont conformes à ce que prescrit Vitruve 784 au sujet des étuves (sudationes, concamerata sudatio) et du laconicum, qui, dans les passages où il en est parlé, ne sont pas séparés. Cependant c'est une question des plus controversées que celle de savoir s'il faut reconnaître le laconicum dans la partie voûtée en cul-defour qui, dâns les plans que nous avons examinés, termine le caldarium, ou s'il faut le chercher dans un local séparé et entièrement clos, comme cela serait nécessaire, dit-on, pour une étuve dont la chaleur était poussée à la limite de ce qu'on pouvait supporter 166. Enfin beaucoup de ceux qui ont écrit sur cette matière ont cru que le laconicum devait être un appareil spécial, sorte de poêle placé sur le sol du caldarium et en communication avec l'hypocauste ; ils ont appliqué à cet appareil le nom d'hemisphaerium qui indique la forme du laconicum à sa partie supérieure, et pour eux le clipeus serait une plaque mobile qui ouvrait et fermait à volonté un passage à la chaleur et même à la flamme. Disons tout de suite que cette dernière opinion ne se fonde que sur une représentation des bains romains qui a pu égarer de très-bons juges tant qu'elle a passé pour antique, mais qui doit être écartée aujourd'hui que l'erreur de cette attribution est démontrée : nous voulons parler de la peinture, souvent reproduite, qui aurait été découverte dans les thermes de Titus, à Rome 16s et qui montre par un dessin en coupe toutes les pièces qui devaient composer un bain romain; ce dessin n'est qu'une restitution imaginée par un architecte du seizième siècle. Nous avons dû n'en tenir aucun compte en étudiant la distribution des différentes parties du bain et nous ne devons pas davantage y chercher une figure du laconicum, aucun texte nouveau, aucune découverte faite dans les restes de bains antiques n'étant venus confirmer cette conjecture.
L'avis de ceux qui voient dans le laconicum une pièce à part s'appuie au contraire sur les observations qu'on a pu faire parmi les ruines de constructions romaines 161 Les exemples que l'on cite appartiennent à des villas construites sous l'empire, dans un temps où beaucoup de personnes faisaient volontiers succéder sans transition le bain froid à l'étuve. Une chambre étroite, fermée, quand elle est enclose dans le caldarium, par un mur de refend, est placée au-dessus de l'hypocausis, ordinairement dans l'endroit le plus rapproché du foyer, par conséquent où la chaleur était le plus intense. Il est vrai emblable que dans les thermes assez vastes pour qu'un local distinct fût affecté à chaque acte du bain, le laconicum devait être lui-même de grandes dimensions. La rotonde de Pise, dont le dessin nous a été conservé 188, en
L
paraît être un exemple (fig. 758) ; elle est couverte d'une coupole, au milieu de laquelle est percée l'ouverture destinée à l'aération ; la lu
mière est versée tout autour par des fenêtres carrées. Des niches ajoutent à l'espace (schola) destiné aux baigneurs, et des siéges y étaient sans doute placés.
Tous les procédés propres à. concentrer la chaleur et à la répandre d'une manière égale se trouvent
ordinairement accumulés dans cette partie du bain, et c'est d'après ces indices qu'on y a reconnu le laconicum : proximité du foyer, chambre souterraine communiquant avec le fourneau, doubles murs où se multiplient les conduits qui font circuler l'air et les gaz chauds : ce sont les moyens que nous avons vus employés dans la villa de Diomède. La figure 759, représentant 189 une coupe d'un laconicum dont
quelques restes subsistent dans une chapelle de l'église de Sainte-Cécile à Rome, fait voir que des tubes horizontaux y étaient placés au-dessus du feu, sans communication directe avec le foyer dont ils formaient la couverture,prenant l'air à l'extérieur et le répartissant dans
la salle par une série d'autres tuyaux horizontaux disposés circulairement le long des parois ; d'autres tuyaux verticaux plongeant dans l'hypocauste servaient à l'évacuation de la fumée, qu'ils conduisaient au dehors. Que l'on suppose maintenant une ouverture permettant de voir, d'une manière quelconque, la flamme entraînée par le tirage et l'on aura une explication des expressions 110 qui se rencontrent dans les auteurs : ad flammam, ad ignena sudare; à moins qu'on ne doive la chercher dans un autre fait très-simple : c'est que l'on apportait dans une des salles, pour exciter la transpiration, un brasier ardent, tel que les grands réchauds que l'on a trouvés dans les bains de Pompéi 111
Le laconicum ainsi construit était une étuve sèche (assa sudatio) 178; il pouvait être aussi un véritable bain de va
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peur. Voici (fig. 760) l'exemple d'une étuve faisant partie de bains découverts à Triguères, dans l'Orléanais 173 : c'est une salle qui a la forme ordinaire du caldarium; elle est suspendue au-dessus d'un hypocauste ayant son fourneau spécial. L'air chaud venant de l'hypocauste passait par douze conduits horizontaux sous le pavé du laconicum et montait ensuite par douze conduits verticaux, qui tapissaient encore la niche au moment de la découverte; de plus, un tuyau de plomb traversait le mur et débouchait sur la plate-forme, y amenant de l'eau du dehors : il était
donc facile de transformer l'étuve sèche en bain de vapeur en répandant l'eau froide sur le pavé brûlant, moyen employé de bonne heure, comme nous l'avons vu 06, et qui resta toujours en usage r16.
Mais la disposition la plus ordinaire dans les habitations particulières et dans les établissements publics de médiocre grandeur devait être celle que nous avons observée d'abord dans les maisons de Pompéi"' et retrouvée ensuite dans les bains publics. Elle concorde avec le texte des deux passages cités de Vitruve. Dans le premier cet auteur place les étuves (laconicum sudationesque) à côté du tepidarium : c'était, nous l'avons dit 177, la règle générale; et dans le second, décrivant la palestre des Grecs, il dit que l'étuve (concamerata sudatio) comprend les mêmes parties qu'il a décrites à propos des bains romains, à savoir le laconicum, à l'une de ses extrémités f78 et à l'autre la calda lavatio; la seule différence est que dans la palestre cette étuve est la pièce la plus proche du bain froid, peut-être parce que dans la palestre il n'y avait pas de salle tempérée servant d'intermédiaire, les exercices étant pour le corps une préparation suffisante. Le plan des bains découverts à Pompéi en 1824, offre (fig. 764, p. 660) un modèle de la première distribution, qui était habituelle chez les Romains. On y voit, àla suite du tepidarium, 19, la concamerata soda lie, 20, avec la loge demi-circulaire où est le labrum, 21, et de l'autre côté l'alveus ou t'aida lavatio, 22. Les bains retrouvés en 1857 et que, pour cette raison, on appelle les Nouveaux bains, sont annexés à une palestre, on en trouvera le plan ailleurs [PALAKSTRA]. Quelques parties y sont à l'usage de ceux qui fréquentaient la palestre ; les autres diffèrent peu de ce qu'on voit dans les bains ici représentés. Les Nouveaux bains renfermaient comme ceux-ci un quartier pour les hommes et un quartier pour les femmes et, dans chacun, entre le bain chaud et le bain froid, se trouve un tepidarium: c'est donc le plan romain qui a été adopté dans les Nouveaux bains, aussi bien que dans les Anciens, lorsqu'ils furent remaniés peu de temps avant la destruction de la ville. Une inscription que l'on y a découverte fait connaître que la palestre et les por
tiques qui l'entouraient avaient été récemment restaurés et qu'un laconicum et un destrictarium venaient d'être construits 179. Nous ne doutons pas que ces deux salles nommées ensemble ne soient l'étuve, que l'on voit dans le plan à la place ordinaire, et le tepidarium qui lui est contigu. Ce nom, destrictarzum, qui indique un endroit où, après avoir transpiré, on enlevait la sueur à. l'aide du strigile et où l'on faisait les onctions, convient bien à la salle placée entre le caldarium et le frigidariun, où l'on sait que se faisaient ces opérations 180 : c'était chez les Grecs l'«).Ettio(gov. Pline le Jeune appelle unctorium une 181 chambre intermédiaire, qui avait dans sa villa la même destination et qui était, comme celle des Nouveaux bains de Pompéi, placée sur un hypocauste. Il n'en était pas de même dans les bains dits Anciens : l'hypocauste qui existe encore sous le caldarium ne s'étend pas jusque sous le tepidarium. Cette dernière pièce était chauffée au moyen d'un grand brasier en bronze semblable à celui dont on voit (fig. 761)
le dessin 151 ; celui-ci fut découvert dans les Nouveaux bains. La petite vache en relief figurée sur la face est une allusion au nom de Nigidius Vaccula, dont le none est inscrit à côté. Ce personnage avait fait don aux deux établissements de ces brasiers en même temps que des bancs de bronze dont les supports sont, pour le même motif, conformés en pieds de vache et ornés de petites têtes de vache 193. On s'asseyait sur ces bancs soit pour se faire oindre et frotter, soit en attendant le moment de passer dans l'étuve ou dans le bain froid ; on sait d'ailleurs que des bancs (scamna) faisaient partie du mobilier ordinaire des bains 184
Nous donnons ici une vue (fig. 762) du tepidarium des Anciens bains de Pompéi 18', dont la décoration est beaucoup plus riche que celle du caldarium représenté plus haut. Dans celui-ci les baigneurs passaient peu de temps et la vapeur d'eau y était une cause constante de détérioration 186 ; les cannelures de la voûte et des pilastres etquelques reliefs en stuc à. la partie supérieure du laconicum en sont les seuls ornements ; mais on séjournait dans le tepidarium et à plusieurs reprises, et cette salle ne renfermait d'ordinaire aucun bassin d'où la vapeur pût s'élever ; toute la voûte est revêtue de bas-reliefs en stuc blanc se détachant sur des fonds rouges et bleus. La corniche très-saillante est soutenue par des atlantes, entre lesquels sont placés des casiers (Zoculi), ce qui a fait penser à quelques personnes 187 que la même salle avait pu servir aussi d'apodyterium et que dans ces casiers étaient déposés les vêtements et les objets à l'usage de chacun.
Le frigidarium ou piscine froide, où l'on se rendait au
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sortir du bain chaud, soit après s'être arrêté quelque temps dans le teint/arum, soit, sans transition, quand on
quittait le laconicum, est construit, dans les deux bains publics de Pompéi, sur le même plan et affecte la même forme que nous avons déjà pu observer (fig. 751) dans un bain privé de la même ville : c'est-à-dire que la chambre est
une rotonde dont le cercle est inscrit dans le carré que les murs dessinent à l'extérieur ; la couverture a la formed'uncône.
-mim,\\\\c _ i Ce type se ren
contre fréquemment 788 ; mais il existe beaucoup d'exemples de salles de forme différente et renfermant un bassin carré, ellipsoïde ou en demilune, quelquefois deux bassins réunis se doublant, ou au contraire situés à quelque distance l'un de l'autre. On voit (fig. 763) une coupe de cette partie des Anciens bains, à
Pompéi 189, qui aidera à en comprendre la construction (voy. aussi le plan, fig. 751, n° 8). Un bassin circulaire, mesurant 4m,50 de diamètre et 1°',17 de profondeur, en occupe la plus grande partie ; deux degrés permettent d'y descendre, et un dernier gradin, qui ne fait pas tout à fait à moitié le tour du bassin, forme un siége sur lequel on pouvait s'asseoir tout en demeurant dans l'eau. L'eau était versée par un large conduit débouchant du côté opposé à l'entrée, et s'écoulait par une ouverture pratiquée au fond, quand on voulait le vider ; un autre émissaire était placé un peu au-dessous du bord supérieur, de sorte que l'eau constamment renouvelée ne pouvait jamais s'élever trop haut. L'espace (sc/éola) laissé libre tout autour pour la circulation est augmenté de quatre niches où des siéges étaient placés. La plinthe du mur, le pavé du pourtour et les marches sont revêtus de marbre blanc. La muraille était décorée de peintures figurant des arbrisseaux se détachant sur un fond de stuc jaune; il en reste aujourd'hui peu de traces. Le fond des niches, bordées d'une moulure de stuc, est bleu et, au-dessus de la corniche, rouge. Des bas-reliefs en stuc blanc sur une bande de couleur rouge, représentant de petits génies qui font courir des chevaux et des chars, forme une frise élégante à la naissance de la voûte, peinte en bleu, qui s'élève en cône au-dessus ; une fenêtre carrée y est ouverte du côté du sud-ouest.
Nous avons expliqué avec quelque développement, enprenant pour exemple ce qui se voit dans les Anciens bains de Pompéi, la disposition des salles où s'accomplissaient les trois actes principaux du bain ; il n'est pas nécessaire d'entrer dans autant de détails au sujet des autres parties que nous avons encore à énumérer : on les reconnaîtra sur le plan (fig. 764), que nous allons prendre polir guide. Ces bains, avec un certain nombre de boutiques, qui les entourent de trois côtés et qui, pour plus de clarté, ont été teintées en gris dans la gravure, remplissent un îlot (insula) tout entier, compris entre quatre rues. Ils forment deux établissements complets, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes, séparés par les fourneaux et les pièces destinées au service. Il y a trois entrées au bain des hommes, ouvrant sur trois rues. Elles sont toutes trois marquées 1 sur le plan. Une à l'ouest (au haut du plan), et une seconde à l'est conduisent, la dernière en passant par un passage, 2, à un préau, 3, bordé sur deux côtés de portique couverts, 4, 4. Ce préau et ces portiques servaient de lieu de promenade et d'exercice, à l'imitation des palestres grecqües190 et des thermes. Une troisième galerie était divisée en cellules, peut-être habitées par les gens de ser
fond du portique du nord et adossé aux murs des bains sont placés des bancs en maçonnerie; dans le milieu, du même côté, s'ouvre une salle couverte (exedra), 5, où l'on pouvait également s'asseoir. La troisième entrée, située au nord, est suivie, comme celle de l'est, d'un passage, 2 ; celui-ci donne accès directement dans la salle, où l'on se déshabillait (apodytereum15t, spoliarium 193 ârodeatç 19''), qu'un couloir, 6, fait communiquer d'autre part avec les portiques. On peut encore voir dans les murs des trous propres à recevoir les chevilles auxquelles les vêtements étaient suspendus et, le long de ces murs, des bancs de pierre
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destinés à ceux qui les gardaient [CAPSARIUS]. En effet, les voleurs dans les bains étaient fort à craindre 195. Des basreliefs en stuc ornent la voûte. Un cabinet est placé à l'un des bouts de la salle, 8: c'était probablement l'elaeothesium, où l'on serrait les parfums pour les onctions 196 à l'autre bout est le frigidarium, 9. Un long passage, 10, conduit jusqu'aux fourneaux ; à côté de la porte ouvrant sur ce passage est celle du tepidarium, 19. Les numéros 20, 21, 22 indiquent les différentes parties du caldarium, sur lesquelles nous n'avons pas à revenir.
Le bain des femmes a son entrée, 23, au nord, sur la rue, dont un vestibule long et étroit, 24, s'avance sur le trottoir. On monte deux degrés pour entrer dans la salle 25, 26, qui servait d'apodyterium et où se trouve aussi la piscine froide, 27, entre trois murs surmontés d'une arcade. De cette pièce on passe dans le tepidarium, 28, qui, à la différence de celui des hommes, est suspendu sur un hypocauste ; et de là, dans le caldarium, 29, chauffé de la même manière et pourvu d'un labrum, 30, et d'un alveus, 31. Tout ce côté des bains est beaucoup moins orné que celui que
nous avons examiné le premier, et sa pauvreté apparente a fait penser à quelques personnes 19' que c'étaient là les restes d'une construction plus ancienne, ayant même eu une destination différente ; mais les dispositions toutes semblables que l'on peut observer dans les bains découverts en 1857 ne permettent pas de s'arrêter à cette supposition. Les Anciens comme les Nouveaux bains de Pompéi ont été construits suivant la règle formulée par Vitruve 198 qui veut que les bains chauds des femmes et des hommes soient réunis et placés dans le même endroit, de telle façon qu'un foyer commun suffise à chauffer tous les deux. On voit en effet sur le plan les fourneaux et les chaudières resserrés entre les deux bains, qu'ils séparent.
Tout l'appareil de chauffage est enfermé dans l'épais massif de maçonnerie qui sépare le bain des hommes de celui des femmes (on le voit teinté en clair sur le plan). Il comprend, 12, un fourneau (hypocausis, fornax199) de 2n',20 de diamètre, envoyant de l'air chaud dans le soussol et les parois du caldarium de l'un et de l'autre bain ; sur ce fourneau, une chaudière (ahenum) placée immédiate
ment au-dessus du feu ; puis une seconae chaudière, 13, un peu plus loin et moins directement en contact avec le foyer, et plus loin encore, une troisième, 14 : la première contenait de l'eau bouillante ; les suivantes, de l'eau chauffée à un degré moins élevé ou seulement tiédie ; enfin un réservoir, 15, était rempli d'eau froide. L'eau passait successivement de ce réservoir dans la première chaudière, puis dans la seconde et dans la troisième, de ma
nière à remplacer sans la refroidir brusquement l'eau chaude ou tiède qui s'écoulait pour le service des bains 200. Les chaudières ont péri, mais elles ont laissé dans le mortier où elles étaient scellées leur empreinte encore visible ; l'une d'elles, la première, placée au-dessus de la bouche du fourneau, est représentée E0' dans la figure 765, qui complétera l'indication fournie par le plan, et fera comprendre aussi le nom de miliarium, quelquefois donné à
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une chaudière 802 à cause de cette forme assez semblable à celle du milliaire qui marquait les distances [MILLIABIuM]. On aperçoit, en perspective, un escalier (46 sur le plan) et une porte introduisant dans un couloir, 17, qui se
bifurque, et par où l'on arrive, d'un
côté, à une plate-forme supérieure ;
de l'autre, à une cour, 18, où l'on
conservait, selon toute apparence,
la provision de bois. Là subsistent
encore les restes de forts piliers indi
quant peut-être que cette cour était
couverte ; il est plus probable que ces
piliers soutenaient un aqueduc par
où l'eau était amenée d'un grand
réservoir dont les bassins carrés
sont situés de l'autre côté de la rue.
En avant du fourneau est une petite cour, 11, ayant une issue sur la rue et, à côté, un escalier par où l'on montait sur les terrasses. Cette cour de service où se tenait le chauffeur (fornacator403), communique par le couloir, 10, avec le bain des hommes.
La disposition des fourneaux et chaudières dont on vient d'avoir un exemple devait être, d'après les auteurs"14, la plus ordinaire. C'est celle qu'on trouve aussi dans les Nouveaux bains à Pompéi"; mais dans ceux-ci, comme dans la maison dont le plan a été donné (fig. 751), comme à Triguères (fig. 760), à Champlieu et ailleurs, un fourneau spécial chauffait en outre le caldarium.
On se servait encore, pour chauffer l'eau dans les bassins, d'appareils en bronze ayant la forme de colonne (miliarium), de serpentin (draco) ou toute autre qui permettait de multiplier les surfaces chauffées mises en contact avec l'eau206. Ce moyen est encore employé de nos jours.
Les diverses parties que nous avons énumérées se retrouvent à peu près dans tous les bains dont les restes ont été explorés ; d'autres y étaient jointes très-souvent, non-seulement dans les établissements que leur étendue et leur distribution font reconnaître pour des bains publics, mais dans de nombreuses villas, dont les ruines attestent le luxe répandu dans les provinces sous l'empire. Les particuliers imitaient dans leurs habitations les thermes somptueux des grandes villes, en réunissant à leurs bains des cours, des portiques, des salles pour la conversation, la promenade, la lecture, le jeu, les exercices de toute espèce207. Pour toutes ces dépendances. qui ne faisaient pas partie du bain proprement dit, nous renvoyons aux explications contenues dans les articles relatifs aux thermes et aux palestres.
Les bains publics eux-mêmes ne les possédaient pas toujours. Ceux d'entre eux qui se réduisaient aux pièces nécessaires, et qui par là peuvent être distingués des thermes, avaient du moins, en général, de spacieuses entrées, de grandes salles communes et quelquefois aussi des chambres particulières de bain ou de repos, pour une seule personne. Plusieurs de ceux dont le plan peut être restitué d'après les ruines présentent la même distribution
répétée dans des constructions parallèles et quelquefois parfaitement symétriques 208. Il est facile d'y reconnaître, comme nous l'avons vu à Pompéi, un établissement pour les femmes placé à côté de celui des hommes. Les bains de Badenweiler, dans la Forêt-Noire'-09, offrent un exemple remarquable d'une pareille ordonnance. Au premier coup
d'oeil jeté sur le plan ici reproduit (fig. 766), on sera frappé de sa division régulière en deux bains, séparés par un mur épais et chauffés par un fourneau commun. Les deux entrées sont sur les côtés, à l'est et à l'ouest, chacune précédée d'une cour assez vaste; devant celle de l'ouest est encore debout un cippe qui portait la statue de Diane
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Abnoba, déesse protectrice de la contrée. A droite et à gauche de la première salle ou vestibule, dans chaque quartier (les mêmes dispositions se répétant dans l'autre), on voit deux autres salles : l'une placée au-dessus d'un hypocauste et qui devait servir àla fois de tepidarium et d'unctorium, peut-être aussi d'apodyterium 210, car, sous un climat froid, l'endroit où l'on se déshabillait devait être chauffé ; l'autre, sous laquelle il n'y a pas de trace d'hypocauste, peut-être l'elaeothesium, sinon l'apodyterium. La porte du vestibule qui fait face à l'entrée introduit dans une salle, laquelle est en même temps en communication avec les deux qui viennent d'être nommées : cette salle, la plus grande de toutes, répond au frigidarium des autres bains; une vaste piscine, où l'on descend par des degrés, la remplit presque entièrement : l'eau y avait la température naturelle des sources qui l'alimentaient, mais ces sources étaient chaudes. On passe ensuite dans une salle de dimensions un peu moins grandes, renfermant de même un bassin entouré de gradins où nous reconnaîtrions la calda lavatio, si nous devions chercher rigoureusement dans une station d'eaux thermales l'équivalent de toutes les parties des bains ordinaires. L'eau recevait là un degré de chaleur plus élevé, avant d'être versée dans le bassin; un miliârium ou chaudière pouvait être placé dans la pièce circulaire qui en est voisine, ou bien au-dessus des fourneaux qui forment un avant-corps de logis du côté du nord; car il est vrai qu'on n'a retrouvé au-dessous des salles circulaires aucune chambre souterraine pour le chauffage ; mais puisque la température naturelle de l'eau était déjà plus ou moins élevée dans les deux piscines, on préférera peut-être voir ici le véritable frigidarium, où l'on pouvait se rendre au sortir des étuves. Celles-ci, quoique très-ruinées, sont facilement reconnaissables : ce sont les trois pièces situées au nord, attenantes aux fourneaux, et qui les séparent des piscines.
Nous n'entrerons pas dans d'autres détails; on remarquera seulement encore autour des piscines de petites salles de bain particulières. On voit quelquefois ailleurs des chambres ainsi destinées à des baigneurs isolés ; il y en a dans les Nouveaux bains à Pompéi. Cette disposition se rencontre notamment dans les bains qui étaient fréquentés à cause de leurs vertus curatives 211. A Baïes, la plus célèbre des stations thermales des Romains, dans un pays tout rempli de sources chaudes, qui alimentaient un grand nombre de piscines et d'étuvesY12, on peut encore voir parmi les ruines une longue suite de chambres basses et profondes, sans communication entre elles. Au fond de l'une des deux chambres dont le plan (fig. 767) est ici en partie reproduit213 (le fond de l'autre a été percé à une époque peu ancienne), une fontaine versait l'eau dans un bassin, d'où elle était conduite par un canal dans les baignoires, qui étaient ainsi remplies toutes à la fois ; le long de chaque paroi, il y a cinq baignoires et, à la suite, un pareil nombre de couchettes où l'on pouvait s'étendre après le bain. Les baignoires et les lits sont
en maçonnerie recouverte de stuc. Il semble que l'architecte qui a construit ces salles ait voulu imiter des grottes naturelles s'enfonçant dans la colline ; leur peu d'élévation etleur profondeur y entretenaient la fraîcheur pendant les chaleurs de l'été et les rendaient plus faciles à défendre contre le froid pendant l'hiver, double condition qui pa
rait avoir été appréciée de tout temps dans ces mêmes bains 214 comme elle devait l'être par les anciens. On sait qu'il y avait dans beaucoup d'endroits des bains distincts pour les deux saisons 215
On prenait aussi, sur toutes les côtes de la 11iléditerranée, des bains de mer, et l'on a retrouvé dans le golfe de Naples, sur les rivages d'Ostie, d'Antium et ailleurs les restes d'établissements destinés à ces bains, mais la part des conjectures est trop grande dans les restitutions que l'on en a proposées 216 pour que nous y insistions.
Quelques bas-reliefs en stuc ornent encore les voûtes des grottes de Baïes. On a vu le même système de décoration employé avec la peinture dans les bains de Pompéi. On a aussi retrouvé dans ceux de beaucoup d'habitations des mosaïques d'une grande élégance. Ces exemples ne peuvent donner toutefois qu'une idée bien imparfaite de la magnificence souvent déployée ailleurs. Il faut lire la lettre 217 où Sénèque poursuit le parallèle entre la simplicité du bain de Scipion et le débordement du luxe dans des bains où tout le monde était admis de son temps, luxe encore dépassé par celui de quelques personnes, parmi lesquelles les affranchis des empereurs se distinguaient entre toutes 218. L'onyx, le porphyre, le jaspe, l'albâtre et les marbres les plus rares étaient incrustés dans les murailles et dans les pavés ; partout s'étalaient les peintures et les mosaïques eet', des statues, des colonnes qui ne faisaient point partie de la construction, mais qui étaient elles-mêmes des objets de prix destinés à en rehausser l'éclat 220. Des baignoires (on en a vu plus haut un exemple), des bassins, des siéges, tel que celui qui est représenté (fig. 768), étaient faits des mêmes matières précieuses 22t ;
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Ies musées en possèdent encore un certain nombre L'eau était versée dans des cuves d'argent par des robinets d'argent 223, ou tombait en larges cascades dans les bassins 224; car l'abondance et aussi le choix des eaux les plus fraîches, les plus limpides, amenées de loin à grands frais [AQUAEDUCTUs], constituaient une des grandes beautés des bains; on y mêlait d'autres fois les plus précieux par
On voulait aussi que la lumière entrât à flots à toutes les heures du jour, et pour cela les bâtiments, tournés, autant qu'il était possible, vers le midi et le couchant 446, étaient pour= vus de fenêtres très-larges, à vitrages, qui laissaient entrer de tous les côtés les rayons du soleil et permettaient de jouir, même en se baignant, de la vue d'un beau paysage 227. Ce sont des fenêtres semblables qui, dans la figure 769, éclairent un édi
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face carré, divisé en deux parties, comme les établissements doubles dont il a été parlé plus haut, et suffisamment désigné comme un bain par l'inscription qui l'accompagne, BAL (NEUM) FAUSTINES. Ce dessin, tiré d'une peinture découverte dans une villa de Rome 228, mais qui a été conservée peu de temps, doit être consulté avec précaution: il ne peut donner, sans doute, de l'extérieur des bains qu'il représente et des bains en général, qu'une idée très-imparfaite ; mais le plan, la distribution des bâtiments autour de deux cours et la manière dont ils reçoivent le jour
sont des traits essentiels, qu'il est intéressant de noter.
La nuit, les bains pouvaient être éclairés au besoin par des lampes. Lorsqu'on fouilla les petits bains de Pompéi 229, on y trouva 1348 lampes à une seule mèche et une lampe à sept mèches ; beaucoup étaient encore noircies par la fumée. Dans le caldarium, on voit au fond de l'hémicycle l'enfoncement carré où l'on plaçait une lampe ou une lanterne quand le jour venait à manquer. On voit dans le caldarium de la villa de Diomède une logette pareille (p. 655, fig. 754 à. côté de la porte i, au point x), s'ouvrant du côté extérieur et fermée du côté du bain par une vitre épaisse L30, de manière à mettre la lumière à l'abri de la vapeur, quand la chambre en était remplie. Cependant les bains de nuit furent longtemps l'exception.
Les établissements publics s'ouvraient, en règle générale, vers la huitième ou la neuvième heure (une heure ou deux après-midi) 431; une cloche ou simplement la vue de l'horloge avertissait les baigneurs 432, et ils étaient fermés à la chute du jour. Il en fut ainsi au moins à Rome (car les provinces paraissent avoir joui d'une plus grande liberté à cet égard 233), jusqu'à une époque avancée de l'empire ; mais depuis le une siècle, il est certain qu'à Rome même on se baigna aussi à la lumière, malgré quelques interdictions momentanées 234.
Ces règles et ces défenses ne s'appliquaient pas, bien entendu, aux bains privés. Il y avait des personnes qui se baignaient dès la cinquième heure (de 9 à t o heures), avant le repas (prandium) 235 ; il y en avait aussi qui restaient au bain après la dixième heure 236, et on en vit enfin pousser l'abus des bains jusqu'à en prendre, comme les empereurs Commode et Gallien 237, six, sept et huit dans un jour, ou, pour mieux dire, y passer une grande partie des jours et des nuits, y mangeant et buvant 233, quittant le bain pour la table, et après tous les excès, revenant chercher dans l'étuve ou dans une eau brûlante P39 un moyen de réagir contre les effets de leur intempérance; mais ce moyen pour beaucoup fut mortel.
Ni les morts subites, ni les effets désastreux que l'abus des bains entraînait, aussi bien pour la moralité que pour la santé", ni les réclamations qui s'élevèrent souvent contre des dangers si manifestes, ne purent empêcher que les bains multipliés et les plaisirs qui en étaient l'accompagnement ne parussent une indispensable nécessité. Les plus sages croyaient faire preuve de modération en se contentant d'un ou deux bains par jour à des heures réglées et selon le mode usité "1; le plus grand nombre étaient indifférents ou d'avance résignés 242 aux suites iné
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vitables des habitudes auxquelles ils étaient désormais incapables de s'arracher.
Pour tout ce qui concerne l'approvisionnement des bains, le service des eaux, le chauffage, l'entretien et l'administration des bains, qui firent partie d'abord des attributions des édiles et furent plus tard confiés à des curateurs spéciaux [cuRATORES THERMARUM], placés à Rome sous l'autorité du préfet de la Ville [PRAEFECTUS URBI] et dans les provinces sous celle des magistrats chargés de la police municipale, nous renvoyons à ce qui est dit à l'article THERMAL et-aux noms qui viennent d'être indiqués. E. SAGLIO.