Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article BATILLUM

BATILLUM ou VATWLUM. Petite pelle à manche court. Quelle que soit la diversité des emplois indiqués par les auteurs pour des objets semblables, ils se rapportent tous à cette définition. Varron 1 donne ce nom à un instrument servant à enlever le fumier dans une volière de paons; d'autres appellent ainsi une pelle à feu, pouvant contenir des charbons et au besoin servir de réchaud pour brûler des matières odoriférantes 3. L'exemple ci-joint (fig. 806) d'après un modèle trouvé à Pompéi' montrera comment le même objet pouvait avoir cette double des BAÜ 083 tination. Pline dit aussi que l'on faisait l'essai des métaux sur des batilla en fer, ce qui peut s'entendre des pelles dont il vient d'être parlé, ou encore d'une éprouvette comme celle qui est représentée (fig. 807) d'après un bas-relief où cet objet se trouve placé à côté d'un sac de monnaie. E. SAGLlo, BAt'BO (Bauêti)), Personnage du mythe éleusinien de Déméter, développé principalement sous l'influence de l'orphisme. Dans l'hymne homérique, quand Cérès est reçue chez Céléus, la servante lambé parvient à la faire rire au milieu de sa tristesse, par des plaisanteries grossières, et la décide à rompre son jeûne en prenant le crccox 1. Le récit d'Apollodore 2 est le même [CERES]. lambé dont le nom est en rapport avec les vers ïambiques, personnifiait l'élément cornique qui se mêlait aux Éleusinies dans l'usage des GEPHYRISï1Ii. Plus tard, on lui substitua le personnage de Baubo, dont le nom est encore usité dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce pour désigner une vieille femme radoteuse 3. Dans cette nouvelle forme du récit, Baubo offre à la déesse le breuvage réparateur, que celle-ci repousse ; prenant son refus pour un acte de mépris, elle relève ses habits avec un geste obscène". On ne peut méconnaître ici un emprunt fait à l'Orient 5. L'action de Baubo avait d'ailleurs une signification symbolique e et n'était autre que l'introduction dans le mythe éleusinien de l'acte sacramentel et emblématique des femmes égyptiennes dans les fêtes nocturnes de Bubastis', C'est aux Orphiques que fut due cette addition à l'ancien fond de la légende d'Éleusis, qui avait un caractère beaucoup plus chaste. En effet, l'histoire de Baubo était racontée pour la première fois dans des vers attribués à Orphée, que cite Clément d'Alexandrie' et qu'Arnobe traduit d'après un texte assez différent. Mais il est positif que sous l'action prédominante de l'orphisme [ELGUSINI t, sect. i orrrmci[ Bauho, dans son attitude caractéristique, finit par trouver place dans les représentations des nuits mystiques d'Éleusis 1° [ELEUSIN1A, sect. vu). Le type de Baubo sur les monuments de l'art a été déterminé par Millingen" d'après une curieuse terre cuite de travail grec (fig. 808), où elle est assise sur le porc sacré de Déméter'. Des représentations analogues, et auxquelles doit être appliqué le même nom, ne montrent pas cet animal 13. o La rareté des publications sur ce sujet, dit e as M. de Longpérier 1", tient à la na-. Fig. bar. Bossa. ture scabreuse de pareilles figures, qui ne manquent cependant pas dans les musées. L'hymne orphique à Hécate, publié par M. Miller 15 d'après un papyrus de la Bibliothèque nationale de Paris, révèle les développements ultérieurs du mythe de Baubo, C'est Hécate elle-même qui y est appelée ia a Bauho, crapaud femelle, » (Bzuèà (i.ptésn). I1 est évident par là que les Orphiques, à cause de l'analogie de son des noms, avaient assimilé à Hécate la déesse égyptienne Ilei;•e-t, dont l'animal sacré est la grenouille, symbole de production 27 et de multiplication indéfinie", et qui est quelquefois représentée sur les monuments avec une tête de grenouille 14 le Baubo, accroupie, avec les genoux relevés, remarque M. de Longpérier, offre une analogie assez frappante avec le crapaud femelle ou la grenouille. I, La part que les éléments égyptiens ont eue à ces combinaisons hybrides explique comment les figurines de Baubo, en terre cuite et en verre, se rencontrent surtout en Egypte, où elles ont été exécutées pendant les périodes grecque et romaine. Le crapaud ou la grenouille, ainsi attribué à Hécate, devint un symbole de la lumière nocturne. C'est pour cela que sur certain nombre de lampes de terre, particulièrement en Égypte, on voit cet animal figuré 4Q. Il existe aussi des candélabres antiques dont les pieds portent sur des figures de grenouilles '1. F. LENORMANT.